"Le CNED : laboratoire du management néolibéral dans l’Éducation nationale"

Un article intéressant (mais tristement désolant) sur le CNED, qui explore à la fois les dérives managériales subies par les collègues qui y enseignent et la lame de fond numérique de l'EN et son objectif de transformation en profondeur de l'école, où l'ordinateur peut aisément remplacer l'humain (on apprend par exemple que le CNED est en train de préparer un service de RCD).

Je ne sais pas quelle partie de l'article citer tant l'ensemble est riche, je me contente de la conclusion très générale, mais ça vaut vraiment le coup d'aller lire l'intégralité :

Laurence De Cock & Frédéric Grimaud a écrit:Nous assistons à la transformation d’une institution préalablement conçue pour compenser les impossibilités de l’école publique dans des cas très spécifiques et exceptionnels, en une institution soumise aux logiques de rentabilité et mobilisée pour préparer la néolibéralisation de l’école. Un projet qui se fait en silence sur le dos des enseignants les plus fragilisés mais aussi sur celui des élèves et étudiants privés de toute relation humaine et de la sociabilité qu’apporte l’école publique.

A lire ici : http://www.regards.fr/actu/article/le-cned-laboratoire-du-management-neoliberal-dans-l-education-nationale

Merci Zybulka. C'est très intéressant et éclairant ( et flippant).

Je viens de finir de lire cet article. Ça fait peur !!!

Je constate que ne pas être en contact direct avec des élèves est considéré comme une "chance".

Caspar a écrit:Je constate que ne pas être en contact direct avec des élèves est considéré comme une "chance".

Par qui ?

Caspar a écrit:Je constate que ne pas être en contact direct avec des élèves est considéré comme une "chance".

J'ai plutôt interprété cette parole du directeur comme une façon de bien faire comprendre à ces profs qu'ils pouvaient s'estimer heureux d'avoir été recyclés au CNED alors qu'ils étaient bons pour la casse. Et donc qu'en gros il faudrait pas l'ouvrir parce que c'est une grande faveur qu'on leur fait de leur donner un poste au CNED...

Le covid a été une bénédiction pour le management neoliberal. On n'a pas encore fini de payer les dégâts de "l'école ouverte" quoi qu'il en coûte: j'y vois même la principale raison: une expérimentation à grande échelle.

Lowpow29 a écrit:

Caspar a écrit:Je constate que ne pas être en contact direct avec des élèves est considéré comme une "chance".

J'ai plutôt interprété cette parole du directeur comme une façon de bien faire comprendre à ces profs qu'ils pouvaient s'estimer heureux d'avoir été recyclés au CNED alors qu'ils étaient bons pour la casse. Et donc qu'en gros il faudrait pas l'ouvrir parce que c'est une grande faveur qu'on leur fait de leur donner un poste au CNED...

Oui tu as raison, mais la formulation est malheureuse.

Quant au covid, Blanquer avait bien dit il me semble que la crise sanitaire était une "formidable occasion de tester de nouveaux dispositifs", le cynisme de cet homme n'a pas d'égal je crois.

Au CNED la dénomination "professeurs" ou "enseignants" a disparu depuis cette année, nous sommes des "intervenants pédagogiques". Ca veut tout dire :/

Guermantes729 a écrit:Au CNED la dénomination "professeurs" ou "enseignants" a disparu depuis cette année, nous sommes des "intervenants pédagogiques". Ca veut tout dire :/

Guermantes729 a écrit:Au CNED la dénomination "professeurs" ou "enseignants" a disparu depuis cette année, nous sommes des "intervenants pédagogiques". Ca veut tout dire :/

Comme les CO-Psy sont devenus des Psy-ÉN.

Je pense que l’élément le plus marquant de l’article est quand on comprend que JMimi a eu cette idée alors que des Caïmans étaient tentés de le savourer (sans chantilly!). Comme quoi, la vie et les changements, ca tient à rien!

C'est l'occasion de revisionner cette video qui m'a fait tellement de bien pendant le ministère Blanquer (et notamment le passage à 1'08) :
https://www.youtube.com/watch?v=ugqhOD_Fs34

A quand la même avec Ndiaye ? :p (oui ce n'est pas très noble mais on fait ce qu'on peut...)

Cet article donne une image assez correcte de ce qui se passe. Le mot industriel dit à cette réunion de rentrée donnait également le ton. Une grève des contractuels au Futuroscope de Poitiers apparemment pour de meilleurs salaires.
C'est vrai j'ai été, je suis et je serai corvéable à volonté au CNED, car c'est ainsi que je paie loyer et charges. Je n'ai que cela, ma servitude volontaire.
L'OMC a créé l'AGCS en 1994, l'accord général sur le commerce des services. Entré en vigueur en 1995, et depuis ils déroulent, jusqu'à la privatisation de tout (à part le régalien). Je commençais à l'IUFM et les altermondialistes alertaient. Il a fallu être de plus en plus vigilant à l'Educ nat, mais on avait encore les circulaires papiers dans les salles des maitres, pour au moins en parler.
Dans n'importe quelle usine, il ne faut pas être malade et handicapé à son poste, sinon la chute est prévue. Au CNED, en PACD, on ne sait pas quand sera la chute. Qui a un PALD, qui part à la retraite, depuis quelle académie ? Rien n'est partagé, même entre nous. La pauvreté se construit dans l'ombre, dans un silence total, tout le monde la fuyant. Chaque poste occupé est une "chance" de moins pour un autre qui l'espérait...
Je vendrai le peu de force de travail que j'ai encore tant que j'aurai un PACD. Chaque jour me rapprochant du jour où je ne sais pas ce qui se passera après. J'aiderai dans la mesure de mes moyens sans jamais dénoncer un collègue.
Avec une santé quasi nulle et/ou un handicap lourd, il faut espérer tenir pendant une année et surtout au moment des tableaux de suivi. Avoir été "non conforme" à un contrôle qualité en janvier, permet de baisser encore plus la tête jusqu'en juillet, et parfois de ne même plus dormir pour finir.
50 copies arriveront par semaine. Certaines rares prennent 10 minutes à corriger, mais il y a l'amont (télécharger copie, mettre dans l'ordre parfois les pages, rajouter une page manquante...) et l'aval (renvoyer avec un message, envoyer des aides, une fiche de synthèse parfais, rempli le LSU (tableau de suivi), donc le temps peut tripler.
Voilà au CNED, il y a la peur du vendredi soir et les copies s'affichant en rouge (retard). et la peur de l'année suivante. La peur du mail alerte cned avec le nombre de copies restant à faire, la peur de la panne informatique. La peur détruit. Mais qui maintenant va au chagrin sans peur ? Qui sait ce que deviennent les collègues non reconduits qui ne peuvent plus être reclassés ou en présentiel ? Qui a l'énergie, la disponibilité d'esprit de s'en soucier avec fraternité ou sororité ?