- BaldredSage
Marie Laetitia a écrit:Baldred a écrit:Darcos est peut-être le pire de tous, de tous ces méfaits celui que je retiens est la disparition pure et simple de la formation initiale, il est vrai dans l'indifférence quasi générale.
Parce que, franchement, elle avait un intérêt, la formation initiale du début des années 2000? Je n'y ai entendu qu'un tas d'inepties dans une atmosphère dictatoriale
- Spoiler:
"si vous ne faites pas comme on vous dit, vous ne serez pas validés" lancé à la promo entière là où j'étais. Au bilan de l'année, nos formateurs avaient conclu, devant le nombre de bilans négatifs "vaut mieux une mauvaise formation que pas de formation du tout". Ah bon. Pensez ça les gars, si ça vous soulage.
Je suis d'accord avec *Ombre* à propos de Darcos, on peut porter la réforme du programme de Français à son crédit et c'est déjà beaucoup.
Au moins proposait-elle au stagiaire une seule classe et le temps de travailler avec le tuteur. Nous confondons souvent 2 choses : la nécessité d'une formation professionnelle initiale, et le cadre institutionnel, pour ne pas dire idéologique imposé à cette formation. C'est aussi de cette manière que notre métier nous a échappé. Par rejet légitime des instituts de formation, nous avons fini par rejeter la formation elle-même en prétendant que ce métier ne s'apprenait pas. C'est je pense une erreur.
- KrilinXV3Neoprof expérimenté
Au final, plus que des ministres, pour moi ce qui a tué le métier de professeur de l'école publique (il est déjà cliniquement mort), c'est l'instrumentalisation du prof bashing à des fins économiques. Une vision court termiste en somme.
Les propos de NVB sur l'opinion publique dans l'article me paraissent incroyablement hypocrites. Une "opinion" ça se façonne. Non, la majorité des français ne nous méprise pas et ne nous envie pas. La question, c'est d'où viennent les prof bashers ? D'où parlent-ils et pourquoi ? Faire raisonner leur propos en l'enduisant du vernis du bon sens populaire (en gros une triangulation: IFRAP / BFM / un citoyen lambda de mauvaise humeur), ça profite à qui et à quoi ?
Quand les concours ont commencé à ne plus trop faire le plein, il y a une dizaine d'années (conséquences logiques d'une précarisation salariale, d'une difficulté croissante du métier et d'une déconsidération -artificielle mais organisée), et qu'on a commencé à donner l'alerte, même autour de nous, comment avons-nous été perçus ? Moi je vous le dis -dans un entourage pourtant très favorable au milieu enseignant-, j'ai eu au mieux de la perplexité. On ne me croyait pas. Personne n'est imperméable à la propagande. Quelle que soit ton orientation politique, la petite ritournelle médiatique faisant des enseignants des ultra-privilégiés a fait son chemin.
Au point qu'une séquence historique, très courte mais très intense d'héroïsation des enseignants pendant le confinement (quoiqu'on pense de sa légitimité, hein) a rapidement subi un backlash 1000 fois plus intense.
Donc non, dire que les concours ne feraient pas le plein, ce n'était audible pour personne, ça paraissait incroyable.
Mais il faut qu'on cesse de ne regarder que notre nombril. Tout ça n'est qu'une partie du problème. Le problème c'est de sciemment assimiler un régime spécial de retraite, un emploi à vie, ou des vacances comme des privilèges indus. Sauf que sans ces avantages légitimes, certaines professions ne recruteront plus. C'est vrai pour nous, pour les égoutiers, pour les artificiers qui creusent les tunnels, pour les policiers (pas en danger sur ce point, mais ils sont bien seuls et tant mieux pour eux).
Moi le jour où tous ces gens s'en rendront compte, je rirai de leurs pleurs. Navré. C'est tout l'effet que me fait cet article.
Et cette séquence:
https://www.dailymotion.com/video/x8hnbfa
Les propos de NVB sur l'opinion publique dans l'article me paraissent incroyablement hypocrites. Une "opinion" ça se façonne. Non, la majorité des français ne nous méprise pas et ne nous envie pas. La question, c'est d'où viennent les prof bashers ? D'où parlent-ils et pourquoi ? Faire raisonner leur propos en l'enduisant du vernis du bon sens populaire (en gros une triangulation: IFRAP / BFM / un citoyen lambda de mauvaise humeur), ça profite à qui et à quoi ?
Quand les concours ont commencé à ne plus trop faire le plein, il y a une dizaine d'années (conséquences logiques d'une précarisation salariale, d'une difficulté croissante du métier et d'une déconsidération -artificielle mais organisée), et qu'on a commencé à donner l'alerte, même autour de nous, comment avons-nous été perçus ? Moi je vous le dis -dans un entourage pourtant très favorable au milieu enseignant-, j'ai eu au mieux de la perplexité. On ne me croyait pas. Personne n'est imperméable à la propagande. Quelle que soit ton orientation politique, la petite ritournelle médiatique faisant des enseignants des ultra-privilégiés a fait son chemin.
Au point qu'une séquence historique, très courte mais très intense d'héroïsation des enseignants pendant le confinement (quoiqu'on pense de sa légitimité, hein) a rapidement subi un backlash 1000 fois plus intense.
Donc non, dire que les concours ne feraient pas le plein, ce n'était audible pour personne, ça paraissait incroyable.
Mais il faut qu'on cesse de ne regarder que notre nombril. Tout ça n'est qu'une partie du problème. Le problème c'est de sciemment assimiler un régime spécial de retraite, un emploi à vie, ou des vacances comme des privilèges indus. Sauf que sans ces avantages légitimes, certaines professions ne recruteront plus. C'est vrai pour nous, pour les égoutiers, pour les artificiers qui creusent les tunnels, pour les policiers (pas en danger sur ce point, mais ils sont bien seuls et tant mieux pour eux).
Moi le jour où tous ces gens s'en rendront compte, je rirai de leurs pleurs. Navré. C'est tout l'effet que me fait cet article.
Et cette séquence:
https://www.dailymotion.com/video/x8hnbfa
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Asinus asinum fricat
- A TuinVénérable
Marie Laetitia a écrit:Baldred a écrit:Darcos est peut-être le pire de tous, de tous ces méfaits celui que je retiens est la disparition pure et simple de la formation initiale, il est vrai dans l'indifférence quasi générale.
Parce que, franchement, elle avait un intérêt, la formation initiale du début des années 2000? Je n'y ai entendu qu'un tas d'inepties dans une atmosphère dictatoriale
- Spoiler:
"si vous ne faites pas comme on vous dit, vous ne serez pas validés" lancé à la promo entière là où j'étais. Au bilan de l'année, nos formateurs avaient conclu, devant le nombre de bilans négatifs "vaut mieux une mauvaise formation que pas de formation du tout". Ah bon. Pensez ça les gars, si ça vous soulage.
Je suis d'accord avec *Ombre* à propos de Darcos, on peut porter la réforme du programme de Français à son crédit et c'est déjà beaucoup.
Parmi les formateurs de l'année de stage, il y en a des bien,mais aussi quelques uns qui ne sont pas là ni par passion ni envie d'améliorer les choses, mais pour varier leurs compétences et être moins devant les élèves, voire faire uniquement de la formation.
D'après mes souvenirs, ce n'était pas utile ces formations, parce qu'elles n'ont strictement rien apporté sur ce qui est désormais une part importante de nos métiers : la communication positive avec les élèves, les codes à avoir en établissement avec les pairs, les façons concrètes de désamorcer des conflits ou des tensions en classe, le positionnement de la voix, et j'en passe.
Dans ces conditions, il est difficile de trouver un quelconque intérêt hormis le fait que ce fut très chronophage en fait.
Chronophage, inutile, humiliant pour les stagiaires autant que faire se peut et dès qu'il y avait une occasion ou fenêtre de tir de la part des formateurs. Rien de positif. L'année de stage m'a appris la malveillance de certains pairs, à l'heure où on nous bassine avec l'éducation bienveillante, la bienveillance. Jamais je n'ai côtoyé autant de malveillance venant de pairs dans ce métier que les premières années et notamment l'année de stage.
Si l’État espère parvenir à retenir des nouveaux personnels avec ce genre de creuset, cela ne va pas aller de soi.
- Marie LaetitiaBon génie
Baldred a écrit:Marie Laetitia a écrit:Baldred a écrit:Darcos est peut-être le pire de tous, de tous ces méfaits celui que je retiens est la disparition pure et simple de la formation initiale, il est vrai dans l'indifférence quasi générale.
Parce que, franchement, elle avait un intérêt, la formation initiale du début des années 2000? Je n'y ai entendu qu'un tas d'inepties dans une atmosphère dictatoriale
- Spoiler:
"si vous ne faites pas comme on vous dit, vous ne serez pas validés" lancé à la promo entière là où j'étais. Au bilan de l'année, nos formateurs avaient conclu, devant le nombre de bilans négatifs "vaut mieux une mauvaise formation que pas de formation du tout". Ah bon. Pensez ça les gars, si ça vous soulage.
Je suis d'accord avec *Ombre* à propos de Darcos, on peut porter la réforme du programme de Français à son crédit et c'est déjà beaucoup.
Au moins proposait-elle au stagiaire une seule classe et le temps de travailler avec le tuteur. Nous confondons souvent 2 choses : la nécessité d'une formation professionnelle initiale, et le cadre institutionnel, pour ne pas dire idéologique imposé à cette formation. C'est aussi de cette manière que notre métier nous a échappé. Par rejet légitime des instituts de formation, nous avons fini par rejeter la formation elle-même en prétendant que ce métier ne s'apprenait pas. C'est je pense une erreur.
Même là, tu te trompes. Le tuteur, c'était le titulaire de l'IUFM. Je n'ai jamais travaillé avec lui (et coup de chance, celui-là n'était pas le pire). Ma conseillère pédagogique n'avait à peu près jamais le temps de travailler avec moi (peut-être deux trois séances en un an) et m'a démolie quand j'ai eu des problèmes de gestion de classe. Je n'ai RIEN appris en gestion de classe. Même pas à quoi ressemblait une fiche de retenue.
_________________
Si tu crois encore qu'il nous faut descendre dans le creux des rues pour monter au pouvoir, si tu crois encore au rêve du grand soir, et que nos ennemis, il faut aller les pendre... Aucun rêve, jamais, ne mérite une guerre. L'avenir dépend des révolutionnaires, mais se moque bien des petits révoltés. L'avenir ne veut ni feu ni sang ni guerre. Ne sois pas de ceux-là qui vont nous les donner (J. Brel, La Bastille)
Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. [...] Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...
Et on ne dit pas "voir(e) même" mais "voire" ou "même".
- IphigénieProphète
De toute façon réduire le pire au moins pire, est-ce bien une vision?
- BaldredSage
Marie Laetitia a écrit:Baldred a écrit:Marie Laetitia a écrit:Baldred a écrit:Darcos est peut-être le pire de tous, de tous ces méfaits celui que je retiens est la disparition pure et simple de la formation initiale, il est vrai dans l'indifférence quasi générale.
Parce que, franchement, elle avait un intérêt, la formation initiale du début des années 2000? Je n'y ai entendu qu'un tas d'inepties dans une atmosphère dictatoriale
- Spoiler:
"si vous ne faites pas comme on vous dit, vous ne serez pas validés" lancé à la promo entière là où j'étais. Au bilan de l'année, nos formateurs avaient conclu, devant le nombre de bilans négatifs "vaut mieux une mauvaise formation que pas de formation du tout". Ah bon. Pensez ça les gars, si ça vous soulage.
Je suis d'accord avec *Ombre* à propos de Darcos, on peut porter la réforme du programme de Français à son crédit et c'est déjà beaucoup.
Au moins proposait-elle au stagiaire une seule classe et le temps de travailler avec le tuteur. Nous confondons souvent 2 choses : la nécessité d'une formation professionnelle initiale, et le cadre institutionnel, pour ne pas dire idéologique imposé à cette formation. C'est aussi de cette manière que notre métier nous a échappé. Par rejet légitime des instituts de formation, nous avons fini par rejeter la formation elle-même en prétendant que ce métier ne s'apprenait pas. C'est je pense une erreur.
Même là, tu te trompes. Le tuteur, c'était le titulaire de l'IUFM. Je n'ai jamais travaillé avec lui (et coup de chance, celui-là n'était pas le pire). Ma conseillère pédagogique n'avait à peu près jamais le temps de travailler avec moi (peut-être deux trois séances en un an) et m'a démolie quand j'ai eu des problèmes de gestion de classe. Je n'ai RIEN appris en gestion de classe. Même pas à quoi ressemblait une fiche de retenue.
Pardon, je suis tuteur, et je n'ai jamais travaillé dans un institut de formation, j'accompagne un stagiaire en situation avec une moyenne d'une visite par semaine et m'occupe de la partie pratique de la formation. Je ne doute pas qu'il existe des tuteurs qui fassent mal leur travail et je suis le premier à le regretter parce que c'est c'est à mon avis le coeur de la formation.
- Marie LaetitiaBon génie
Iphigénie a écrit:De toute façon réduire le pire au moins pire, est-ce bien une vision?
Certes non. Mais courir après un idéal, c'est ce qui a amené les enseignants à voter massivement à gauche depuis des décennies. Avec les résultats que l'on sait.
Boh, la droite n'aurait pas fait bien mieux. Elle aurait sans doute attaqué l'école publique au profit du privé. Mais au point où j'en suis, je me demande si ça aurait forcément été pire.
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Si tu crois encore qu'il nous faut descendre dans le creux des rues pour monter au pouvoir, si tu crois encore au rêve du grand soir, et que nos ennemis, il faut aller les pendre... Aucun rêve, jamais, ne mérite une guerre. L'avenir dépend des révolutionnaires, mais se moque bien des petits révoltés. L'avenir ne veut ni feu ni sang ni guerre. Ne sois pas de ceux-là qui vont nous les donner (J. Brel, La Bastille)
Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. [...] Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...
Et on ne dit pas "voir(e) même" mais "voire" ou "même".
- Marie LaetitiaBon génie
Baldred a écrit:Marie Laetitia a écrit:
Même là, tu te trompes. Le tuteur, c'était le titulaire de l'IUFM. Je n'ai jamais travaillé avec lui (et coup de chance, celui-là n'était pas le pire). Ma conseillère pédagogique n'avait à peu près jamais le temps de travailler avec moi (peut-être deux trois séances en un an) et m'a démolie quand j'ai eu des problèmes de gestion de classe. Je n'ai RIEN appris en gestion de classe. Même pas à quoi ressemblait une fiche de retenue.
Pardon, je suis tuteur, et je n'ai jamais travaillé dans un institut de formation, j'accompagne un stagiaire en situation avec une moyenne d'une visite par semaine et m'occupe de la partie pratique de la formation. Je ne doute pas qu'il existe des tuteurs qui fassent mal leur travail et je suis le premier à le regretter parce que c'est c'est à mon avis le coeur de la formation.
Parce que "tuteur" est une dénomination qui a changé entre les années 2000 et aujourd'hui. Je te garantis que "tuteur" avant 2008, c'était bien en ce qui me concernait le titulaire de l'IUFM. Et que celle qui était censée me suivre et qui travaillait dans mon établissement était une "conseillère pédagogique".
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Si tu crois encore qu'il nous faut descendre dans le creux des rues pour monter au pouvoir, si tu crois encore au rêve du grand soir, et que nos ennemis, il faut aller les pendre... Aucun rêve, jamais, ne mérite une guerre. L'avenir dépend des révolutionnaires, mais se moque bien des petits révoltés. L'avenir ne veut ni feu ni sang ni guerre. Ne sois pas de ceux-là qui vont nous les donner (J. Brel, La Bastille)
Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. [...] Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...
Et on ne dit pas "voir(e) même" mais "voire" ou "même".
- BaldredSage
Je te crois, j'ai eu plusieurs noms.... Je retiens celui de tuteur parce qu'il me paraît correspondre le mieux à ce que je fais : tenir à distance les modes pédagogiques et travailler le fond du métier sans coincer le stagiaire.
- LaotziSage
J'ai été à l'IUFM en 2007 (je n'y ai pas appris grand chose comme beaucoup) mais le tuteur (en l’occurrence la tutrice), c'est bien la collègue qui enseignait dans mon établissement. A l'IUFM, je n'avais que des"formateurs" que je voyais une ou deux fois par semaine.
Le principal intérêt du stage à l'époque, c'était le fait d'être à mi-temps. Mettre les stagiaires à temps plein devant les classes, c'était vraiment criminel.
Le principal intérêt du stage à l'époque, c'était le fait d'être à mi-temps. Mettre les stagiaires à temps plein devant les classes, c'était vraiment criminel.
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"Trouvez donc bon qu'au lieu de vous dire aussi, adieu comme autrefois, je vous dise, adieu comme à présent."
- Isis39Enchanteur
Le système actuel est à revoir mais il a une qualité : être en stage sur des périodes longues chez un enseignant, prendre en charge des classes sous sa supervision. C'est pas mal pour débuter. A mon époque (débuts de l'IUFM) on se retrouvait avec des classes sans jamais avoir enseigné. Juste fait des observations.
J'aurais bien vu un "compagnonnage" : mettre un débutant et un enseignant aguerri en fin de carrière à 2 sur un poste : l'enseignant à la porte de la retraite peut souffler, le débutant commence calmement, avec de l'aide. Mais bien sûr cela coûte cher...
J'aurais bien vu un "compagnonnage" : mettre un débutant et un enseignant aguerri en fin de carrière à 2 sur un poste : l'enseignant à la porte de la retraite peut souffler, le débutant commence calmement, avec de l'aide. Mais bien sûr cela coûte cher...
- Marie LaetitiaBon génie
Laotzi a écrit:J'ai été à l'IUFM en 2007 (je n'y ai pas appris grand chose comme beaucoup) mais le tuteur (en l’occurrence la tutrice), c'est bien la collègue qui enseignait dans mon établissement. A l'IUFM, je n'avais que des"formateurs" que je voyais une ou deux fois par semaine.
Le principal intérêt du stage à l'époque, c'était le fait d'être à mi-temps. Mettre les stagiaires à temps plein devant les classes, c'était vraiment criminel.
On était moins qu'à mi-temps, on avait, de mémoire, même moins qu'un tiers temps (j'avais une classe et je bricolais le reste horaire avec un IDD). Et pouvoir répéter le même cours à une classe, c'est ce qui m'aurait semblé le plus formateur. Donc 12h aurait été très bien (trois fois le même niveau) par exemple. 18 c'est un non-sens. Enfin, je l'ai fait avec à peine plus d'expérience quand j'ai été titulaire. Mais c'était la course perpétuelle et des cours forcément moins bons.
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Si tu crois encore qu'il nous faut descendre dans le creux des rues pour monter au pouvoir, si tu crois encore au rêve du grand soir, et que nos ennemis, il faut aller les pendre... Aucun rêve, jamais, ne mérite une guerre. L'avenir dépend des révolutionnaires, mais se moque bien des petits révoltés. L'avenir ne veut ni feu ni sang ni guerre. Ne sois pas de ceux-là qui vont nous les donner (J. Brel, La Bastille)
Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. [...] Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...
Et on ne dit pas "voir(e) même" mais "voire" ou "même".
- MatteoNiveau 10
A mon sens c'est beaucoup plus proche de la réalité du métier d'être lâché face à des classes que de devoir être encadré par un "tuteur" qui est content de pouvoir donner des ordres à un adulte. Le mien était un petit capo, et de ce que je vois dans mes établissements actuels, c'est quand même assez souvent le cas. Les pédagogues nous disent qu'on apprend en faisant ce qui sera au contrôle, on ne peut pas apprendre à être un enseignant autonome et indépendant en étant fliqué.
Ce qui est précieux, c'est le mi-temps devant élèves, pour ne pas être directement assommé.
Ce qui est précieux, c'est le mi-temps devant élèves, pour ne pas être directement assommé.
- Isis39Enchanteur
Matteo a écrit:A mon sens c'est beaucoup plus proche de la réalité du métier d'être lâché face à des classes que de devoir être encadré par un "tuteur" qui est content de pouvoir donner des ordres à un adulte. Le mien était un petit capo, et de ce que je vois dans mes établissements actuels, c'est quand même assez souvent le cas. Les pédagogues nous disent qu'on apprend en faisant ce qui sera au contrôle, on ne peut pas apprendre à être un enseignant autonome et indépendant en étant fliqué.
Ce qui est précieux, c'est le mi-temps devant élèves, pour ne pas être directement assommé.
Ce n'est pas forcément le cas.
- *Ombre*Grand sage
Sans doute les tuteurs sont-ils en partie façonnés par l'institution qui les nomme. Si cette dernière était plus humaine, ouverte et bienveillante, les tuteurs comprendraient que c'est cela qui est attendu de formateurs, et non pas la mise au pas par tous les moyens nécessaires.
- TailleventFidèle du forum
Là où j'ai été formé, les deux systèmes existent : l'accompagnement d'un enseignant ou avoir ses propres classes (avec supervision d'un formateur, qui travaille souvent, mais pas toujours, dans le même établissement). Dans les deux cas, c'est en principe à un petit pourcentage (entre 20 et 40% pour aller vite). Les deux versions ont leurs adeptes avec leurs avantages et leurs inconvénients. Pas mal de stagiaires préfèrent une version et n'aurait absolument pas voulu l'autre.Matteo a écrit:A mon sens c'est beaucoup plus proche de la réalité du métier d'être lâché face à des classes que de devoir être encadré par un "tuteur" qui est content de pouvoir donner des ordres à un adulte. Le mien était un petit capo, et de ce que je vois dans mes établissements actuels, c'est quand même assez souvent le cas. Les pédagogues nous disent qu'on apprend en faisant ce qui sera au contrôle, on ne peut pas apprendre à être un enseignant autonome et indépendant en étant fliqué.
Ce qui est précieux, c'est le mi-temps devant élèves, pour ne pas être directement assommé.
Pour ce qui est l'attitude de ces enseignants formateurs, elle est très variable, allant de la collaboration presque d'égal à égal à la mise au pas pure et simple en passant par des pédagogies très constructives ou l'exploitation par un formateur qui laisse le stagiaire faire tout son boulot. J'ai l'impression que ça dépend beaucoup de leur caractère et que la formation qu'ils reçoivent n'y change souvent pas grand chose.
- lene75Prophète
C'est en effet le mi-temps qui faisait tout, et la possibilité de se retrouver entre pairs + avoir le temps d'échanger avec les collègues.
J'avais 8h, 2 classes de profils différents mais aux programmes proches. Et déjà entre ça et les 2 jours de formation, nous croulions sous le boulot, bien au-delà des 60h par semaine. Je n'arrive même pas à me représenter comment un stagiaire qui a son cours à concevoir depuis 0, ce représente un travail titanesque, peut assumer un plein temps + la formation à côté.
La formation disciplinaire a été un peu utile mais très anxiogène et aurait pu se résumer à quelques heures. 6h par semaine c'était beaucoup trop. La formation interdisciplinaire était une pure perte de temps. De toute l'année, il n'y a rien eu d'utile, à raison de 6h par semaine pendant toute l'année, c'est une prouesse. La réelle utilité de cette formation de 2 jours par semaine était de pouvoir nous retrouver le midi entre pairs pour échanger de façon informelle hors du regard de nos formateurs. Ça oui, ça nous a été très utile.
Quant à l'encadrement, même s'il y a eu quelques aspects utiles, je partage le constat selon lequel c'était plutôt un poids. Nous nous sommes sentis libérés et libres de bien faire notre travail et d'acquérir les gestes professionnels quand nous avons été titularisés, et je sais que dans ma discipline nous étions pourtant assez privilégiés de ce point de vue et que certains tuteurs / formateurs peuvent être bien plus nuisibles à leurs stagiaires. Le simple fait d'être sans cesse épié et évalué et de risquer sa titularisation empêche de bien faire son travail.
J'avais 8h, 2 classes de profils différents mais aux programmes proches. Et déjà entre ça et les 2 jours de formation, nous croulions sous le boulot, bien au-delà des 60h par semaine. Je n'arrive même pas à me représenter comment un stagiaire qui a son cours à concevoir depuis 0, ce représente un travail titanesque, peut assumer un plein temps + la formation à côté.
La formation disciplinaire a été un peu utile mais très anxiogène et aurait pu se résumer à quelques heures. 6h par semaine c'était beaucoup trop. La formation interdisciplinaire était une pure perte de temps. De toute l'année, il n'y a rien eu d'utile, à raison de 6h par semaine pendant toute l'année, c'est une prouesse. La réelle utilité de cette formation de 2 jours par semaine était de pouvoir nous retrouver le midi entre pairs pour échanger de façon informelle hors du regard de nos formateurs. Ça oui, ça nous a été très utile.
Quant à l'encadrement, même s'il y a eu quelques aspects utiles, je partage le constat selon lequel c'était plutôt un poids. Nous nous sommes sentis libérés et libres de bien faire notre travail et d'acquérir les gestes professionnels quand nous avons été titularisés, et je sais que dans ma discipline nous étions pourtant assez privilégiés de ce point de vue et que certains tuteurs / formateurs peuvent être bien plus nuisibles à leurs stagiaires. Le simple fait d'être sans cesse épié et évalué et de risquer sa titularisation empêche de bien faire son travail.
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Une classe, c'est comme une boîte de chocolats, on sait jamais sur quoi on va tomber...
- BaldredSage
*Ombre* a écrit:Sans doute les tuteurs sont-ils en partie façonnés par l'institution qui les nomme. Si cette dernière était plus humaine, ouverte et bienveillante, les tuteurs comprendraient que c'est cela qui est attendu de formateurs, et non pas la mise au pas par tous les moyens nécessaires.
Tu l'écris toi-même, nous sommes nommés ( dans mon cas, nouvel arrivant dans l'académie de Versailles, sans avoir jamais vu un inspecteur) et certainement pas façonnés. Les tuteurs sont des profs, ils seront bons ou mauvais comme tuteurs et/ou comme profs, parce qu'il n'y a pas de formation pour devenir tuteur (une seule séance quand j'ai passé le Caffa). La plus grande intrusion de l'inspection dans mon travail de tuteur a été de passer du "rapport" à une grille d'évaluation débile C'est un mauvais procès de dire qu'ils sont par définition nuisibles. Ceux que j'ai pu fréquenter ne l'étaient pas, ce qui ne veut pas dire que certains ne sont pas dangereux. Attention à ne pas faire de l'auto "prof bashing" nous sommes si fort pour cela.
- MatteoNiveau 10
*Ombre* a écrit:Sans doute les tuteurs sont-ils en partie façonnés par l'institution qui les nomme. Si cette dernière était plus humaine, ouverte et bienveillante, les tuteurs comprendraient que c'est cela qui est attendu de formateurs, et non pas la mise au pas par tous les moyens nécessaires.
Bien sur. C'est exactement le même mécanisme que lors des premières études sur la dissonance cognitive. Si on paie bien quelqu'un pour faire une tache, il se sent reconnu, autonome et peut donc la mener avec hauteur de vue. C'est parce que l'argent justifie déjà la tâche et donc l'agent est libre par la suite. Si on donne peu ou pas d'argent, on ne peut pas "justifier" son action par l'argent et donc dans le cas d'une mission donnée l'agent va complètement une version caricaturale de la perspective du donneur d'ordre.
Dans ces premières expériences, on avait fait écrire à des étudiants des articles sur la répression violente des manifestations étudiantes. Ceux qui étaient bien payés défendaient un point de vue mesuré. Ceux qui étaient mal payés voulaient réprimer le plus fortement possible. Ce qui est intéressant c'est que c'est une "anticipation", dans le monde réel l’État est moins violent que les mal payés parce qu'il prend plus de variables en compte.
De te fabula narratur, la revalorisation est au coeur de tout.
- BaldredSage
Matteo a écrit:*Ombre* a écrit:Sans doute les tuteurs sont-ils en partie façonnés par l'institution qui les nomme. Si cette dernière était plus humaine, ouverte et bienveillante, les tuteurs comprendraient que c'est cela qui est attendu de formateurs, et non pas la mise au pas par tous les moyens nécessaires.
Bien sur. C'est exactement le même mécanisme que lors des premières études sur la dissonance cognitive. Si on paie bien quelqu'un pour faire une tache, il se sent reconnu, autonome et peut donc la mener avec hauteur de vue. C'est parce que l'argent justifie déjà la tâche et donc l'agent est libre par la suite. Si on donne peu ou pas d'argent, on ne peut pas "justifier" son action par l'argent et donc dans le cas d'une mission donnée l'agent va complètement une version caricaturale de la perspective du donneur d'ordre.
Dans ces premières expériences, on avait fait écrire à des étudiants des articles sur la répression violente des manifestations étudiantes. Ceux qui étaient bien payés défendaient un point de vue mesuré. Ceux qui étaient mal payés voulaient réprimer le plus fortement possible. Ce qui est intéressant c'est que c'est une "anticipation", dans le monde réel l’État est moins violent que les mal payés parce qu'il prend plus de variables en compte.
De te fabula narratur, la revalorisation est au coeur de tout.
Je ne doute pas de ta démonstration (mais pas compris comment les étudiants étaient bien ou mal payés ? Fais tu référence à l'expérience de Stanford de Zimbardo ? ). Je nuancerai cependant : d'abord parce que la rétribution n'est pas forcément monétaire et peut tout aussi bien être symbolique : "honneurs", avantages divers, reconnaissance... mais cela n'invalide pas ce que tu dis. L'autre point se place plutôt du côté de l'individu et son système moral, il peut bien sûr le mettre au service de l'institution, ou au contraire limiter ou contrarier ses effets pervers. C'est un agent plus puissant que l'on ne pense et qui nous fait "rectifier" ce qui nous paraît illégitime, c'est à dire de manière assez constante dans notre métier.
- zigmag17Guide spirituel
J'ai été stagiaire la dernière année de l'E.N.N.A., spécifique à l'enseignement pro. Nous intégrions cette formation, ancêtre de l'IUFM, après avoir obtenu le concours, et devions assurer pendant un an 6h de cours hebdomadaires dans des LP dits d"application" sous la houlette d'un tuteur ( j'avais 2 classes à chaque bout du spectre : 4e techno et Term bac pro). Le reste du temps était consacré à la rédaction d'un support qui n'était pas un mémoire, plutôt une séquence pédagogique mâtinée de connaissances universitaires ( donc inappliquables in situ en raison du niveau de nos élèves mais tant pis), et de cours théoriques dont certains parfaitement inutiles mais d'autres, très enrichissants.
J'en relève plusieurs aspects, négatifs et positifs : déjà la culpabilisation ( la petite phrase " Si UN SEUL de vos élèves ne s'intéresse pas à votre cours, c'est que votre cours n'est pas intéressant", qui a marqué au fer rouge un bon tiers de ma pratique d'ailleurs j'y pense encore, et au vu de notre quotidien professionnel je trouve cela honteux de nous avoir asséné cette contre-vérité mais bref), et l'incapacité parfois clairement affichée de certains formateurs de gérer une classe, raison pour laquelle ils avaient choisi de ne plus se trouver en face d'élèves.
Les aspects positifs tenaient au fait que l'on travaillait nos cours avec un réel soutien des formateurs investis, des tuteurs présents, et surtout surtout, avec le temps nécessaire à la maturation des contenus: 6h à préparer quand on a tout à apprendre c'est déjà le bout du monde ( en plus, avec la bivalence...), mais ce tremplin était nécessaire avant de se jeter l'année suivante dans le grand bain avec le 1er poste en tant que titulaire.
De plus , comme cette année de stage se déroulait après l'obtention du concours, nous étions répartis en 3 groupes selon notre expérience du métier ( c'était l'époque des M.A , certains avaient pas mal enseigné avant d'avoir passé ou réussi le concours): grands débutants, débutants ayant enseigné un an ou deux, lauréats déjà aguerris... De ce fait les contenus n'étaient pas les mêmes et les redondances absentes.
Je me suis sévèrement ennuyée dans certains cours magistraux, mais ai beaucoup appris par ailleurs.
Ensuite, sur le terrain, au cours de ma carrière, j'ai pu observer à la fois les tutorats mis en place, et la situation des stagiaires.
La situation s'est dégradée vitesse V. Je ne parle pas des tuteurs, il y a de tout, de celui qui souhaite transmettre à celui qui cherche la reconnaissance de la hiérarchie en passant par celui qui joue au mentor en démolissant ses stagiaires.
Et pour ces derniers c'est devenu l'enfer. Je ne parle là que des conditions de travail: la mise en situation avec tout ce qu'on leur demande de mener de front sans jamais souffler relève à mon avis de la maltraitance.
J'en relève plusieurs aspects, négatifs et positifs : déjà la culpabilisation ( la petite phrase " Si UN SEUL de vos élèves ne s'intéresse pas à votre cours, c'est que votre cours n'est pas intéressant", qui a marqué au fer rouge un bon tiers de ma pratique d'ailleurs j'y pense encore, et au vu de notre quotidien professionnel je trouve cela honteux de nous avoir asséné cette contre-vérité mais bref), et l'incapacité parfois clairement affichée de certains formateurs de gérer une classe, raison pour laquelle ils avaient choisi de ne plus se trouver en face d'élèves.
Les aspects positifs tenaient au fait que l'on travaillait nos cours avec un réel soutien des formateurs investis, des tuteurs présents, et surtout surtout, avec le temps nécessaire à la maturation des contenus: 6h à préparer quand on a tout à apprendre c'est déjà le bout du monde ( en plus, avec la bivalence...), mais ce tremplin était nécessaire avant de se jeter l'année suivante dans le grand bain avec le 1er poste en tant que titulaire.
De plus , comme cette année de stage se déroulait après l'obtention du concours, nous étions répartis en 3 groupes selon notre expérience du métier ( c'était l'époque des M.A , certains avaient pas mal enseigné avant d'avoir passé ou réussi le concours): grands débutants, débutants ayant enseigné un an ou deux, lauréats déjà aguerris... De ce fait les contenus n'étaient pas les mêmes et les redondances absentes.
Je me suis sévèrement ennuyée dans certains cours magistraux, mais ai beaucoup appris par ailleurs.
Ensuite, sur le terrain, au cours de ma carrière, j'ai pu observer à la fois les tutorats mis en place, et la situation des stagiaires.
La situation s'est dégradée vitesse V. Je ne parle pas des tuteurs, il y a de tout, de celui qui souhaite transmettre à celui qui cherche la reconnaissance de la hiérarchie en passant par celui qui joue au mentor en démolissant ses stagiaires.
Et pour ces derniers c'est devenu l'enfer. Je ne parle là que des conditions de travail: la mise en situation avec tout ce qu'on leur demande de mener de front sans jamais souffler relève à mon avis de la maltraitance.
- BalthazaardVénérable
Isis39 a écrit:Le système actuel est à revoir mais il a une qualité : être en stage sur des périodes longues chez un enseignant, prendre en charge des classes sous sa supervision. C'est pas mal pour débuter. A mon époque (débuts de l'IUFM) on se retrouvait avec des classes sans jamais avoir enseigné. Juste fait des observations.
J'aurais bien vu un "compagnonnage" : mettre un débutant et un enseignant aguerri en fin de carrière à 2 sur un poste : l'enseignant à la porte de la retraite peut souffler, le débutant commence calmement, avec de l'aide. Mais bien sûr cela coûte cher...
Tout à fait d'accord avec toi, c'est trop évident (et cher) pour être adopté. Cher...quoiqu'en économisant sur les iufm/insp/espe et en replaçant les "formateurs" devant des classes, ce n'est même pas sûr.
- Charles-MauriceNiveau 10
Entièrement d' accord
- JennyMédiateur
Baldred a écrit:*Ombre* a écrit:Sans doute les tuteurs sont-ils en partie façonnés par l'institution qui les nomme. Si cette dernière était plus humaine, ouverte et bienveillante, les tuteurs comprendraient que c'est cela qui est attendu de formateurs, et non pas la mise au pas par tous les moyens nécessaires.
Tu l'écris toi-même, nous sommes nommés ( dans mon cas, nouvel arrivant dans l'académie de Versailles, sans avoir jamais vu un inspecteur) et certainement pas façonnés. Les tuteurs sont des profs, ils seront bons ou mauvais comme tuteurs et/ou comme profs, parce qu'il n'y a pas de formation pour devenir tuteur (une seule séance quand j'ai passé le Caffa). La plus grande intrusion de l'inspection dans mon travail de tuteur a été de passer du "rapport" à une grille d'évaluation débile C'est un mauvais procès de dire qu'ils sont par définition nuisibles. Ceux que j'ai pu fréquenter ne l'étaient pas, ce qui ne veut pas dire que certains ne sont pas dangereux. Attention à ne pas faire de l'auto "prof bashing" nous sommes si fort pour cela.
Moi, j'ai bien une formation de néo-tutrice, mais on nous invite au contraire à être très bienveillants. Les deux IPR qui gèrent la formation initiale sont bienveillants aussi (et je pense que mon parcours un peu cabossé la première année a plutôt été perçu comme un atout, c'est sûr que je n'ai pas envie de reproduire ce que j'ai eu comme "accompagnement").
Il y a certes des tuteurs problématiques, mais je ne pense pas qu'on soit "façonnés".
- *Ombre*Grand sage
Je ne veux pas dire que les tuteurs seraient manipulés directement. C'est plus insidieux que cela.
Mais en Lettres (je ne veux pas généraliser, je ne peux parler que de ce que je connais), il y a une doxa, contestable et contestée (pendant longtemps : il faut travailler en séquences, sinon point de titularisation, faire peu de grammaire, aujourd'hui, on est un peu revenu de ces excès, mais pas partout, et on continue de prôner une démarche grammaticale aberrante), et les tuteurs sont choisis pour leur respect de cette doxa. (Je suis connue pour ne pas la respecter, et la seule fois où j'ai accepté, par défaut, parce que personne d'autre ne le voulait, d'encadrer un stagiaire, l'Inspection, qui avait énormément insisté auprès de mes collègues, a préféré aller chercher un tuteur dans un autre établissement que de confier un innocent à un esprit pervers comme le mien. En tout cas, je l'ai vraiment vécu comme ça.) De là à se sentir fondé à imposer cette doxa, il n'y a qu'un pas, que certains franchissent d'autant plus allègrement qu'ils y voient une forme de reconnaissance (d'une supposée maîtrise de leur discipline, je suppose). Cela peut suffire à rendre la vie fort difficile à un stagiaire.
Mais en Lettres (je ne veux pas généraliser, je ne peux parler que de ce que je connais), il y a une doxa, contestable et contestée (pendant longtemps : il faut travailler en séquences, sinon point de titularisation, faire peu de grammaire, aujourd'hui, on est un peu revenu de ces excès, mais pas partout, et on continue de prôner une démarche grammaticale aberrante), et les tuteurs sont choisis pour leur respect de cette doxa. (Je suis connue pour ne pas la respecter, et la seule fois où j'ai accepté, par défaut, parce que personne d'autre ne le voulait, d'encadrer un stagiaire, l'Inspection, qui avait énormément insisté auprès de mes collègues, a préféré aller chercher un tuteur dans un autre établissement que de confier un innocent à un esprit pervers comme le mien. En tout cas, je l'ai vraiment vécu comme ça.) De là à se sentir fondé à imposer cette doxa, il n'y a qu'un pas, que certains franchissent d'autant plus allègrement qu'ils y voient une forme de reconnaissance (d'une supposée maîtrise de leur discipline, je suppose). Cela peut suffire à rendre la vie fort difficile à un stagiaire.
- SisypheHabitué du forum
Je suis entièrement d'accord avec Ombre. Les tuteurs, en lettres, sont choisis pour leur respect de la vision des inspecteurs. Ce qui n'est pas forcément un mal pour le stagiaire. Pour ma part, je n'ai jamais eu de stagiaire mais je ne sais pas si je serais capable de conseiller à quelqu'un des pratiques auxquelles je n'adhère pas. Et mon stagiaire serait probablement en difficulté à cause de moi.
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