Concertations salariales : le calendrier et les pistes annoncés par Pap NDiaye

EdithW a écrit:Quand j'ai commencé à enseigner dans le privé (par hasard, on est venu me chercher) il y a 20 ans, et que j'ai tout de suite eu des activités syndicales, mon mentor dans le syndicat (mort depuis), qui siégeait dans pas mal de commissions au rectorat de Paris, avait ses entrées au ministère etc, m'avait exactement annoncé ce qui se passe aujourd'hui, à la fois pour ma discipline (la documentation) et pour le nivellement du public vers le privé. C'était dans les tuyaux depuis un moment. Et il avait un côté nounours/bonhomme inspirant la confiance qui faisait que les décideurs lui parlaient ouvertement.

Je partage tout à fait le ressenti de Pauline-Agathe. J'ai beau être impliquée syndicalement, c'est totalement impossible de refuser certaines choses, dans une équipe de 10 personnes surtout. Je leur dit que je les aiderai à dire non si elles le souhaitent mais je ne suis pas la mieux placée pour refuser de surveiller la récré ou le quart d'heure lecture puisque c'est sur mon temps de présence au collège. Faire ça ou autre chose, à la limite, ça ne change rien, ça ne réduit pas ma pause, ça ne m'oblige pas à arriver ou partir plus tard comme c'est le cas pour les collègues des autres disciplines, qui, eux, ne veulent pas se révolter.

Le chantage à la perte d'heures ou à la fermeture est réel. Je fais déjà 65 km, et je suis à temps partiel (75%) subi, si mon collège devait fermer, aïe... J'ai bien cru devoir changer de boulot l'an dernier quand ils ont décidé de supprimer des postes et des CDI.

Oui... C'est ça. J'ai vécu les deux, le petit établissement privé en perdition qui ne pouvait se permettre de renvoyer ses élèves (certains terribles, l'établissement était dans une toute petite ville perdue, avec un internat: nous récupérions des élèves renvoyés des établissements REP+ de l'EDF, qui souvent avait au maille à partir avec la justice, pour les mettre "au vert"; ah, souvenir ému de mon année de néotit avec la "quatrième techno" où ils étaient regroupés...) et donc perdait les petits choupinous du cru ; mais aussi le gros collège "huppé" (j'ai eu la surprise de constater que son IPS n'est pas si élevé que cela) de centre-ville blindé, avec des listes d'attente longues comme le bras, où je suis actuellement. Et c'est bien le plus râlant: dans ce dernier, il y a largement les moyens (humains, financiers, conjoncturels) de ménager un peu les personnels. Mais c'est le contraire qui se passe, les méthodes de management sont toujours plus brutales.

Que ce soit dans le public ou dans le public, que cherchent-ils à obtenir de cette manière? Oui, bien entendu, assécher les candidatures aux concours (je n'ai aucun doute maintenant sur le fait que ce soit une manœuvre délibérée et que les jérémiades sur le manque d'attractivité ne soient en réalité que des larmes de crocodile) et le vivier de titulaires, m'enfin il va quand même falloir des enseignants, que ce soient des contractuels pour la garderie nationale ou quelques titulaires pour l'élite: or, même cela va manquer, à vrai dire c'est déjà le cas. Il y a quand même une faille dans leur raisonnement.

Un très bon papier dans Le Monde sur la problématique salariale :

@lemondefr
« Début, milieu ou fin de carrière, tout le monde est concerné par le déclassement salarial, rappelle @SVenetitay. Même en fin de carrière, les enseignants français gagnent - que la moyenne de l’OCDE, et - que les autres cadres de la FP »https://t.co/I7AnlolJau

— Du pognon pour les profs! (@Ithyphallique) November 15, 2022

Discussion en salle des profs aujourd'hui. Les collègues étaient tous persuadés qu'ils allaient toucher 10% de plus. Moyenne d'âge 50 ans ... Je laisse tomber.

Clecle78 a écrit:Discussion en salle des profs aujourd'hui. Les collègues étaient tous persuadés qu'ils allaient toucher 10% de plus. Moyenne d'âge 50 ans ... Je laisse tomber.

Ils sont finalement à l'image d'une bonne partie de la population, par paresse, ils ne s'informent pas.

Ilona a écrit:

Clecle78 a écrit:Discussion en salle des profs aujourd'hui. Les collègues étaient tous persuadés qu'ils allaient toucher 10% de plus. Moyenne d'âge 50 ans ... Je laisse tomber.

Ils sont finalement à l'image d'une bonne partie de la population, par paresse, ils ne s'informent pas.

Désolant, et que dire de leurs cadets qui se réjouissent des 10% de plus, tout compris sur 10 ans, et pavoisent en sdp sur leurs innovations ludiques...

C'est beau.

Euh ... même les "débuts" et "milieux" de carrière n'auront quasiment rien : je n'ai plus l'article sous la main, mais je lisais tout à l'heure que les 10% d'augmentation prenaient en compte les 3,5% de l'augmentation des fonctionnaires obtenue en septembre dernier mais aussi les primes Grenelle ... Sauf que si c'est ça, ben l'augmentation va pas être lourde, et c'est un euphémisme, surtout en période de forte inflation comme la nôtre.
Echelon 5, ma prime Grenelle est de 90euros par mois, soit 4,5% (environ) de mon salaire net sans prime. Donc il n'y a plus besoin que de m'augmenter de 2% pour que le contrat soit rempli. Je peux donc espérer une augmentation de 40euros mensuels à partir de septembre 2023.
HIS-TO-RIQUE ! Effectivement, aussi mal payer ses enseignants, à ce point, ça devient historique.

Edit : c'est dans l'article publié ci-dessus par un collègue : "Le ministre de l’éducation nationale, Pap Ndiaye, assume depuis plusieurs semaines que ce chiffre n’est qu’une « moyenne » et qu’il englobe les mesures décidées sous le précédent quinquennat, ainsi que la hausse de 3,5 % du point d’indice décidée en juillet".

Quelle arnaque !

En plus comme je viens de déménager, je perds 50 euros/mois d'indemnité de résidence ... Ce n'est même plus un jeu à somme nulle ...

Ananké a écrit:Euh ... même les "débuts" et "milieux" de carrière n'auront quasiment rien : je n'ai plus l'article sous la main, mais je lisais tout à l'heure que les 10% d'augmentation prenaient en compte les 3,5% de l'augmentation des fonctionnaires obtenue en septembre dernier mais aussi les primes Grenelle ... Sauf que si c'est ça, ben l'augmentation va pas être lourde, et c'est un euphémisme, surtout en période de forte inflation comme la nôtre.
Echelon 5, ma prime Grenelle est de 90euros par mois, soit 4,5% (environ) de mon salaire net sans prime. Donc il n'y a plus besoin que de m'augmenter de 2% pour que le contrat soit rempli. Je peux donc espérer une augmentation de 40euros mensuels à partir de septembre 2023.
HIS-TO-RIQUE ! Effectivement, aussi mal payer ses enseignants, à ce point, ça devient historique.

Edit : c'est dans l'article publié ci-dessus par un collègue : "Le ministre de l’éducation nationale, Pap Ndiaye, assume depuis plusieurs semaines que ce chiffre n’est qu’une « moyenne » et qu’il englobe les mesures décidées sous le précédent quinquennat, ainsi que la hausse de 3,5 % du point d’indice décidée en juillet".

Quelle arnaque !

En plus comme je viens de déménager, je perds 50 euros/mois d'indemnité de résidence ... Ce n'est même plus un jeu à somme nulle ...

Et si tu ajoutes l'inflation...

Punky a écrit:C'est beau.

Merci ça m'a fait éclater de rire.. juste deux mots, comme ça, au milieu...

Ananké a écrit:Euh ... même les "débuts" et "milieux" de carrière n'auront quasiment rien : je n'ai plus l'article sous la main, mais je lisais tout à l'heure que les 10% d'augmentation prenaient en compte les 3,5% de l'augmentation des fonctionnaires obtenue en septembre dernier mais aussi les primes Grenelle ... Sauf que si c'est ça, ben l'augmentation va pas être lourde, et c'est un euphémisme, surtout en période de forte inflation comme la nôtre.
Echelon 5, ma prime Grenelle est de 90euros par mois, soit 4,5% (environ) de mon salaire net sans prime. Donc il n'y a plus besoin que de m'augmenter de 2% pour que le contrat soit rempli. Je peux donc espérer une augmentation de 40euros mensuels à partir de septembre 2023.
HIS-TO-RIQUE ! Effectivement, aussi mal payer ses enseignants, à ce point, ça devient historique.

Edit : c'est dans l'article publié ci-dessus par un collègue : "Le ministre de l’éducation nationale, Pap Ndiaye, assume depuis plusieurs semaines que ce chiffre n’est qu’une « moyenne » et qu’il englobe les mesures décidées sous le précédent quinquennat, ainsi que la hausse de 3,5 % du point d’indice décidée en juillet".

Quelle arnaque !

En plus comme je viens de déménager, je perds 50 euros/mois d'indemnité de résidence ... Ce n'est même plus un jeu à somme nulle ...

Ça va pas non? D'étaler comme ça vos augmentations historiques? Il y a des vieux ici!

Graisse-Boulons a écrit:
Ça va pas non? D'étaler comme ça vos augmentations historiques? Il y a des vieux ici!

+1
Quelle indécence ! Quel manque de respect ! A l'image de nos dirigeants... Triste époque.

Caspar a écrit:Trous ou pas trous, je refuserai ces remplacements tant que ce se sera possible.  Il y a toujours des choses à faire entre deux cours et sinon je prendrai un bouquin.

Ma réaction c'est de tout faire pour tout faire sur place. J'y arrive presque. Avec un edt bien éclaté on arrive à ne presque rien ramener...par contre ce " presque" est très douloureux : après un 8h/ 18h tous les jours, bosser le samedi pour un salaire de prof ça pique encore plus. On prend conscience par dessus le marché que notre taf ne tient vraiment pas dans une semaine type " 35 heures". Ça fait mal au chicos. Il va falloir réfléchir à comment en faire moins. Baisser la qualité si on regarde bien, il n'y a que nous que ça fait déprimer. Tant qu'on fait du volume horaire occupationnel et qu'on donne des bonnes notes tout le monde est content. Il faut se rendre à l'évidence: tout le monde s'en balance total. Le truc c'est de prendre le recul nécessaire pour éviter la dépression.

et

Pap Ndiaye parle souvent du "faux plat" pour le salaire des professeurs en début de carrière.

De quoi s'agit-il ?
Le début carrière est pratiquement en état de mort cérébrale.
Un professeur expérimenté ne gagnant que quelques dizaines d'euros de plus qu'un débutant. pic.twitter.com/5p6SzP2XGY

— Du pognon pour les profs! (@Ithyphallique) November 16, 2022

C'est peut-être une courbe exponentielle, mais il faudrait atteindre T78 pour commencer à s'en apercevoir

C'est assez étrange cette vision des choses ...
Il y a notre monde (le réel) et le sien ...

Ndiaye a une certaine vision du métier de prof et ne s'interroge pas sur ce qui les fait fuir :

« On entre plus dans le métier enseignant pour que ça se termine par un pot de retraite 40 ans plus tard. Mais on veut pouvoir être enseignant 10 ans, et puis faire autre chose. » pic.twitter.com/8kWUisUTDB

— Du pognon pour les profs! (@Ithyphallique) November 20, 2022

C'est qui ce "on" ? Tous ceux qui ont curieusement envie de quitter le navire parce qu'ils n'en peuvent plus et qu'ils voient que l'herbe est bien plus verte ailleurs ?

chmarmottine a écrit:C'est assez étrange cette vision des choses ...
Il y a notre monde (le réel) et le sien ...

Ndiaye a une certaine vision du métier de prof et ne s'interroge pas sur ce qui les fait fuir :

« On entre plus dans le métier enseignant pour que ça se termine par un pot de retraite 40 ans plus tard. Mais on veut pouvoir être enseignant 10 ans, et puis faire autre chose. » pic.twitter.com/8kWUisUTDB

— Du pognon pour les profs! (@Ithyphallique) November 20, 2022

Mais c'est terrible ce qu'il dit comme ça tranquillement !!! Il sous entend donc vraiment qu'enseigner est un petit job entre deux autres ? Une mission d'intérim donc; faute de mieux, peut-être ?

Moi qui pensais qu'enseigner était un métier ! Pour le coup, le terme vocation a été atomisé. Chaque jour apporte son seau de matières fécales, vraiment.

Prenons les propos tels qu'ils n'ont pas voulu être, mais qu'ils sont dans la réalité :
"On entre plus dans le métier enseignant pour que ça se termine par un pot de retraite 40 ans plus tard."
Donc je suis entré dans le métier pour préparer mon pot de retraite 40 ans plus tard (en plus il faudrait qu'il revoit les annuités) ?

On fait quoi après, on va cueillir des fraises, hein, qui pourrait avoir un telle idée ?!
J'en viens à regretter Blanquer, nous avions au moins de multiples raisons de le détester pour ces politiques détestables mais raisonnées selon son optique, alors que là... je ne sais quoi dire...
Ce n'est pas possible... désolé, mais c'est un clown, un clown ridicule dont les paroles sont tellement méprisantes, sans même qu'il s'en rende compte. Pantin !
Ce n'est pas possible !

Entre l'autre qui disait en ricanant qu'on ne fait pas prof pour l'argent et lui qui nous explique qu'enseigner c'est une passade avant des choses plus sérieuses, on est vraiment représenté par des gens qui nous aident et qui soutiennent notre profession. C'est complètement scandaleux de mépris.

C'est une très belle manière d'annoncer qu'il est totalement inutile de se préoccuper des conditions de travail, ou même de la baisse du recrutement par concours, ou des salaires, puisqu'on ne fait pas prof pour bosser 40 ans dans l'enseignement. On pourra continuer à bosser dans des conditions pourries en préparant tranquillement sa reconversion. C'est d'un cynisme total. (et accessoirement, ça justifie totalement de ne revaloriser que les entrées dans le métier : attirer les gens pour 10 ans, puis, quand le traitement stagne trop ils partiront...)
C'est quand même ignorer le nombre de collègues qui rêvent de faire autre chose mais se heurtent à la réalité de la reconversion, l'absence totale de passerelles ou de prise en compte des compétences pourtant nombreuses qu'on acquiert en tant que prof...
C'est proprement scandaleux.

"faire autre chose"... Ministre?

Si on suit la logique du ministre, autant recruter des contractuels dès le départ pour faciliter les reconversions professionnelles.

Ce Ministre dit juste que notre métier n'en est pas un, c'est juste un job. Il détruit par la parole notre métier parce que, oui, notre métier demande du temps pour être bien fait et que c'est une bonne chose de le faire pendant toute sa carrière. Le mépris est total pour ceux qui sont engagés dans ce métier et qui ne souhaitent pas se reconvertir.

Poupoutch a écrit:C'est une très belle manière d'annoncer qu'il est totalement inutile de se préoccuper des conditions de travail, ou même de la baisse du recrutement par concours, ou des salaires, puisqu'on ne fait pas prof pour bosser 40 ans dans l'enseignement. On pourra continuer à bosser dans des conditions pourries en préparant tranquillement sa reconversion. C'est d'un cynisme total. (et accessoirement, ça justifie totalement de ne revaloriser que les entrées dans le métier : attirer les gens pour 10 ans, puis, quand le traitement stagne trop ils partiront...)
C'est quand même ignorer le nombre de collègues qui rêvent de faire autre chose mais se heurtent à la réalité de la reconversion, l'absence totale de passerelles ou de prise en compte des compétences pourtant nombreuses qu'on acquiert en tant que prof...
C'est proprement scandaleux.

Effectivement.
Pas la peine d'augmenter les vieux puisqu'ils s'en vont avant. Et pas la peine d'aménager les fins de carrières puisque dans l'EN, il n'y a que des jeunes.

Sinon, ses plus expérimentés peuvent travailler plus ... ben y en a pas puisqu'on se barre après 10 ans (moi, perso, c'est là que j'ai commencé à sentir une certaine expérience et que d'ailleurs, j'ai travaillé encore plus pour préparer mes cours, ayant une autre vision de ce qu'il faut faire ...)

Si on suit cette logique, tous ceux d'entre nous qui ont plus de 10 ans de carrière devraient faire le choix de quitter l'EN rapidement ?

Ce serait un naufrage !! Imaginez une seconde si tous ces enseignants se reconvertissaient d'ici 2 ans Il se rend compte de ce qu'il dit ?

(mais de toute façon on sait très bien qu'il est difficile de partir parce que l'EN ne nous laisse pas démissionner)

Il faut écouter l'interview plus largement.

Oui, il évoque les reconversions de personnes venant du privé, et là nous pouvons lire plusieurs choses :
- ce qui a toujours été le cas du LP (reconversions de personnes issues du privé, qui font la richesse d'une bonne partie des enseignants de matières pro, et c'est très bien)
- mais "pour dix ans", donc plus des enseignants qui attendraient leur pot de retraite (merci encore pour le mépris), contractuel et ensuite tu dégages !
- la validation du recrutement de n'importe qui, comme pour cette rentrée puisque le métier n'attire plus, on recrute des contractuels à tout-va dans des conditions elles aussi totalement méprisantes et on flingue le métier et pas seulement pour le LP !
- contrats de missions, merci Sarkozy ! Ligne droite avec Macron !

Une nouvelle gifle dans la gueule, voilà ce que je retiens de tout cela !