- beaverforeverNeoprof expérimenté
Zybulka merci, merci, merci ! Merci pour ton empathie cognitive.Zybulka a écrit:Hihi je réponds quand même à ça parce que déjà je suis incapable de me retirer d'une discussion, et qu'en plus la question titille et amuse : contre l'écriture dite inclusive, je crois n'avoir jamais entendu aucun argument qui me paraisse recevable, en revanche, j'entends pour le point médian l'idée de l'effort à la lecture, du côté perturbant (et d'ailleurs je l'utilise peu moi-même, hors milieux militants, car je sais que ça crispe voire que ça décourage de lire).beaverforever a écrit:Merci pour ta réponse. Si un jour tu devais choisir le meilleur argument contre l'écriture inclusive (ou le point médian ou les pronoms non-binaires), un argument qui ferait changer d'avis ceux qui la défende et qui serait considéré comme acceptable par ceux qui la critique, que mettrais-tu en avant ?
- ZybulkaHabitué du forum
Je crois avoir répondu à pas mal d'arguments, mais si tu penses qu'il y en a que j'ai laissé passer, n'hésite pas à les redonner.epekeina.tes.ousias a écrit:Que tu aies argumenté ton point de vue n'implique nullement que tu aies réfuté les arguments auxquels tu t'opposes. Cela implique encore moins qu'il y ait quelque raison permettant de soutenir que "prendre le temps d'argumenter" (contre) procéderait nécessairement d'une intention anti-féministe. C'est là un sophisme qui postule ce qu'il prétend établir.
Sur le lien entre antiféminisme et croisade contre l'écriture inclusive, il y a eu beaucoup de parutions sur le sujet, que ce soit dans les milieux de la recherche ou les milieux militants, par exemple :
https://politique.uqam.ca/babillard/rhetoriques-reactionnaires-et-antifeminisme-en-france-la-controverse-de-lecriture-inclusive/
En France, en mars 2017, l’éditeur Hatier publiait un manuel scolaire qui utilisait l’écriture inclusive, dont l’objectif était d’éradiquer le sexisme dans la langue et dans les mentalités. Les résistances à son application furent nombreuses: l’Académie française, le groupe parlementaire Les Républicains, des militant·e·s de « La Manif pour tous » et des intellectuel·le·s se sont prononcés publiquement contre cette tentative d’inclusivité dans la langue française. Dans cette étude, j’évalue en quoi les arguments invoqués lors de la controverse de l’écriture inclusive en France s’arriment à des rhétoriques réactionnaires antiféministes.
https://silogora.org/le-langage-est-politique-pratiques-et-contre-mobilisations-autour-du-langage-non-sexiste/
Plus qu’un débat linguistique, la controverse sur l’écriture inclusive a surtout offert à ses opposant·es un terrain d’expression vivace à l’antiféminisme. [...] Le langage non sexiste est particulièrement combattu par des personnes et groupes conservateurs également investis dans la contestation de l’égalité sur d’autres fronts que le langage. Des deux côtés du Rhin, les partis nationalistes d’extrême droite (Rassemblement national, Alternative für Deutschland[11]) sont à l’avant-garde des initiatives parlementaires tentant de freiner la progression du langage non sexiste. Le député français François Jolivet (LREM), auteur d’une proposition de loi contre celui-ci, est aussi signataire d’une autre visant à interdire les « pratiques modifiant l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne ». [...]
Enfin, les discours contre ce langage regorgent d’antiennes antiféministes. Les procès en incompétences faits à ses partisan·es, leur ridiculisation et la sexualisation des débats sont caractéristiques d’un « antiféminisme ordinaire »[12] mobilisé également sur d’autres sujets relatifs aux droits des femmes
Ainsi, si les débats sont virulents, c’est d’abord parce qu’ils offrent, dans un contexte où la contestation publique de l’égalité des sexes et des sexualités devient délicate, un terrain d’expression discret à l’antiféminisme. Même si l’égalité de genre gagne en légitimité, en matière de langage, on peut encore affirmer publiquement qu’elle n’est ni pertinente ni nécessaire. N’attaquant pas directement les groupes discriminés, mais seulement le féminin grammatical et les pronoms dégenrés, les oppositions au langage non sexiste peuvent ne pas être associées au conservatisme et à la discrimination.
https://www.editions-rm.ca/livres/les-antifeminismes/#tab-description
Tant sur le plan des idées que de l’action, l’antiféminisme se déploie suivant une logique réactionnaire, dont la visée, consciente ou pas, serait de revaloriser une condition masculine mise à mal. Pour arriver à leurs fins, les antiféministes usent de stratégies discursives comme la désinformation ou le recours à la nostalgie du «bon vieux temps» et à l’ordre naturel. Ce sont précisément ces discours revanchards, présents sur toutes les scènes, de celle de l’humour à celle du militantisme, que cet ouvrage entend décortiquer.
https://www.puf.com/content/Antif%C3%A9minismes_et_masculinismes_dhier_et_daujourdhui
Aussi ancienne que les luttes féministes, l’opposition à l’émancipation des femmes est loin de n’être que le reliquat d’un passé révolu : l’antiféminisme contemporain reste vivace et pluriel. « Printemps des pères », « Manif pour tous », « célibataires involontaires » et mobilisations contre la « théorie du genre » : il est renouvelé par des masques séducteurs, des emprunts au discours égalitaire, par un répertoire d’action actualisé et par une nouvelle militance, dite masculiniste, dans un climat politique et social propice à son extension.
Pour être compris et combattus, les antiféminismes doivent aujourd’hui être situés dans une perspective historique. Leur ancrage conservateur est souligné, mais aucune famille politique – ni aucune religion – n’est immunisée. Ils ne sont pas, non plus, le monopole des hommes.
En analysant diverses expressions de l’antiféminisme depuis le xixe siècle, les contributions à cet ouvrage démontrent la vitalité historique de ce combat et mettent en évidence ses points de contact avec l’homophobie et le racisme : l’intersectionnalité des haines.
En recherchant les articles, je suis aussi tombée sur la référence suivante (à paraître) que je vais guetter avec intérêt : Loison-Leruste Marie, Perrier Gwenaëlle, 2022, « Un “langage excluant” ? Solidité, sincérité et enjeux des arguments d’opposition à l’écriture inclusive », Travail, Genre et Société, n°47.
- EuphémiaNiveau 10
Bon sang, mais c'est bien sûr ! Merci ô homme sage d'éclairer de ta sagesse infinie la faible et aveugle femme que je suis.neomath a écrit:Euphémia a écrit:Je suis féministe et me suis battue sans doute plus que beaucoup ici contre le patriarcat et je soutiens, moi, que l'écriture inclusive est anti-féministe car, par sa démarche de visibilisation de la femme, elle sous-entend que celle-ci, si on n'imprime pas sa présence de force dans la langue est invisible, donc victime. Victimiser la femme n'a rien, selon moi, d'une lutte féministe.Zybulka a écrit:En revanche, prendre le temps d'argumenter contre l'écriture inclusive (et au passage l'assimiler au point médian), c'est mettre des bâtons dans les roues à une des luttes des féministes, et c'est regrettable.
Fémonationalisme est à mon humble avis un terme plus approprié dans votre cas.
Source : https://www.cairn.info/revue-nouvelles-questions-feministes-2018-1-page-144.html
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L’école est un lieu admirable. J’aime que les bruits extérieurs n’y entrent point. (Alain)
L'esprit critique, c'est, au minimum, un esprit qui n’a pas peur des mots. (Jean-Claude Michéa)
- IphigénieProphète
Je pense qu’à force de créer des catégories parmi les sous-ordre des genres d’espèces en lutte contre le racisme on va finir par redécouvrir que tout individu porte en lui l’humaine condition: mais en combien de temps ?
Individu tiens voilà un mot à l’étymologie intéressante .
Homme aussi remarquez, à ne pas confondre avec le vir
Individu tiens voilà un mot à l’étymologie intéressante .
Homme aussi remarquez, à ne pas confondre avec le vir
- EuphémiaNiveau 10
Et le fait que moi, parce que femme, je ressente comme une agression d'avoir à lire des textes employant l'écriture inclusive (et je sais que je suis loin d'être la seule dans ce cas), comme je l'ai expliqué sur ce même fil, peux-tu l'entendre comme argument ?Zybulka a écrit:Hihi je réponds quand même à ça parce que déjà je suis incapable de me retirer d'une discussion, et qu'en plus la question titille et amuse : contre l'écriture dite inclusive, je crois n'avoir jamais entendu aucun argument qui me paraisse recevable, en revanche, j'entends pour le point médian l'idée de l'effort à la lecture, du côté perturbant (et d'ailleurs je l'utilise peu moi-même, hors milieux militants, car je sais que ça crispe voire que ça décourage de lire).beaverforever a écrit:Merci pour ta réponse. Si un jour tu devais choisir le meilleur argument contre l'écriture inclusive (ou le point médian ou les pronoms non-binaires), un argument qui ferait changer d'avis ceux qui la défende et qui serait considéré comme acceptable par ceux qui la critique, que mettrais-tu en avant ?
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- epekeina.tes.ousiasModérateur
Zybulka a écrit:
Je crois avoir répondu à pas mal d'arguments, mais si tu penses qu'il y en a que j'ai laissé passer, n'hésite pas à les redonner.
Sur le lien entre antiféminisme et croisade contre l'écriture inclusive, il y a eu beaucoup de parutions sur le sujet, que ce soit dans les milieux de la recherche ou les milieux militants, par exemple :
Tu n'as strictement pas répondu à la critique du caractère sophistique de ton précédent argument.
On le retrouve ici:
- tu donnes des références pour soutenir que certaines critiques de certains usages de la langue sont le fait de certains milieux antiféministes (réactionnaires) ,
- pour conclure qu'ayant ici affaire à certaines critiques, elles sont donc anti-féministes et, peut-être, issues du même milieu (donc réactionnaires).
Ce qui est évidemment faux et relève du même procédé d'imputation d'une faute à l'argument adverse. En d'autres termes, établissant la thèse T par certains arguments (lesquels, à supposer qu'ils établissent T, ne réfutent pas nécessairement tous les autres arguments), tu considères que, puisqu'il arrive que certains opposants soient mal intentionnés (certaines objections sont réactionnaires), tu es fondée à te dispenser d'examiner aucun des arguments faisant objection en les assimilant au couple aveuglement/faute (toute objection serait réactionnaire). Tu serais évidemment bien en peine de démontrer l'appartenance de l'auteur de l'objection au camp réactionnaire, puisque tu refuses de considérer le propos et l'objection pour eux-mêmes afin de le montrer. D'où ton précédent sophisme: "prendre le temps d'argumenter" (=d'objecter) a pour effet, donc pour fondement, un anti féminisme coupable. Comme si argumenter contre un moyen était nécessairement refuser une fin.
C'est évidemment faux car, que certaines objections soient malintentionnées et fausses n'implique pas qu'elles le soient toutes. Et c'est absurde sauf si l'on tient à partir de cette généralisation logiquement fausse pour confondre objection (cas d'argument contradictoire) et opposition (donc l'interlocuteur soutient la thèse contraire).
La première erreur est de conclure du particulier au général, la seconde, de confondre contradictoire (entre des cas particulier) et contraires (entre des thèses générales c'est-à-dire normatives). Il est évident que cette structure de raisonnement est fausse.
Tu crois donc pouvoir ne pas tenir compte de ces arguments ou objections, et soutiens qu'en démontrant la thèse que leurs objections contredisent cela suffit à les réfuter (ce qui est aussi logiquement faux): de là le fait que tu sommes tes interlocuteurs de démontrer en t'autorisant à rejeter a priori leurs objections, ce qui revient au sophisme précédent, que certains appellent procès d'intention). Car et surtout, tu emploies un procédé sophistique d'intimidation et d'inculpation de tes interlocuteurs, duquel tu ne réponds pas non plus, sans bien sûr relever quoi que ce soit dans leurs propos qui irait dans le sens de l'intention que tu leur imputes.
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Si tu vales valeo.
- ZybulkaHabitué du forum
Non. Je ne comprends pas qu'on ne voie pas que la langue est un des outils de domination masculine (largement inconsciente), et à ne percevoir ni l'invisibilisation des femmes dans la langue (qui est pour partie due à une manipulation historique volontaire destinée ouvertement à évincer le féminin au profit du masculin), ni les effets de l'usage en langue sur les inégalités au sein de la société.Euphémia a écrit:Et le fait que moi, parce que femme, je ressente comme une agression d'avoir à lire des textes employant l'écriture inclusive (et je sais que je suis loin d'être la seule dans ce cas), comme je l'ai expliqué sur ce même fil, peux-tu l'entendre comme argument ?
- ZybulkaHabitué du forum
Epekeina.tes.ousias, tu n'as pas compris le sens de mon argument. Je ne reproche pas à quiconque ici (à part à certaines rares personnes qui ont juste posté pour lancer une pique puis sont parties) d'oeuvrer ouvertement pour l'antiféminisme. Mais je souligne que faire le choix de toujours détourner le débat (évincer la revendication féministe sous-jacente pour simplement discutailler d'orthographe) ou de dire que l'écriture inclusive n'est pas une priorité (sans pour autant militer pour les réelles priorités), cela a pour conséquence de mettre des bâtons dans les roues à une des luttes féministes et que c'est dommage (même si c'est inconscient).
Et prendre le temps d'argumenter, je le fais avec plaisir (je l'ai fait sur dix pages). Mais quand ça tourne juste comme ici à une ratiocination de pure forme (et je ne m'exclus pas de la critique), justement il n'y a plus vraiment d'intérêt argumentatif et je préfère utiliser mon temps militant à autre chose où il sera plus utile.
Edit : je cesse donc de répondre sur ce point car justement je n'ai pas envie de laisser ce genre d'échange vain et stérile confisquer le fond du débat.
Et prendre le temps d'argumenter, je le fais avec plaisir (je l'ai fait sur dix pages). Mais quand ça tourne juste comme ici à une ratiocination de pure forme (et je ne m'exclus pas de la critique), justement il n'y a plus vraiment d'intérêt argumentatif et je préfère utiliser mon temps militant à autre chose où il sera plus utile.
Edit : je cesse donc de répondre sur ce point car justement je n'ai pas envie de laisser ce genre d'échange vain et stérile confisquer le fond du débat.
- EuphémiaNiveau 10
Et moi, je ne comprends pas qu'on puisse ne pas voir pas que cette démarche et ce discours de victimisation de la femme l'enferment dans cette identité au lieu de la libérer.Zybulka a écrit:Non. Je ne comprends pas qu'on ne voie pas que la langue est un des outils de domination masculine (largement inconsciente), et à ne percevoir ni l'invisibilisation des femmes dans la langue (qui est pour partie due à une manipulation historique volontaire destinée ouvertement à évincer le féminin au profit du masculin), ni les effets de l'usage en langue sur les inégalités au sein de la société.Euphémia a écrit:Et le fait que moi, parce que femme, je ressente comme une agression d'avoir à lire des textes employant l'écriture inclusive (et je sais que je suis loin d'être la seule dans ce cas), comme je l'ai expliqué sur ce même fil, peux-tu l'entendre comme argument ?
Ton incompréhension est-elle plus légitime que la mienne ?
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L’école est un lieu admirable. J’aime que les bruits extérieurs n’y entrent point. (Alain)
L'esprit critique, c'est, au minimum, un esprit qui n’a pas peur des mots. (Jean-Claude Michéa)
- epekeina.tes.ousiasModérateur
Zybulka a écrit:Epekeina.tes.ousias, tu n'as pas compris le sens de mon argument. Je ne reproche pas à quiconque ici (à part à certaines rares personnes qui ont juste posté pour lancer une pique puis sont parties) d'oeuvrer ouvertement pour l'antiféminisme. Mais je souligne que faire le choix de toujours détourner le débat (évincer la revendication féministe sous-jacente pour simplement discutailler d'orthographe) ou de dire que l'écriture inclusive n'est pas une priorité (sans pour autant militer pour les réelles priorités), cela a pour conséquence de mettre des bâtons dans les roues à une des luttes féministes et que c'est dommage (même si c'est inconscient).
Et prendre le temps d'argumenter, je le fais avec plaisir (je l'ai fait sur dix pages). Mais quand ça tourne juste comme ici à une ratiocination de pure forme (et je ne m'exclus pas de la critique), justement il n'y a plus vraiment d'intérêt argumentatif et je préfère utiliser mon temps militant à autre chose où il sera plus utile.
Autrement dit, tu appelles "ratiocination de pure forme" la démonstration logique (laquelle est une science, en l'occurrence le "carré logique" d'Aristote) du caractère strictement irrationnel de ton raisonnement, et préfères "agir", y compris sur la base d'un sophisme ?
Pour ma part, quand bien même je pense être d'accord avec certaines de tes positions (pas toutes), il m'est strictement impossible de l'être avec ce type de position et d'emploi de raisonnements faux. Je ne le suis pas plus dans la vie concrète que du point vue intellectuel, que tu sembles réduire à de la "ratiocination", car raisonner logiquement est une condition strictement nécessaire pour éviter les absurdités dans la pensée et les fautes graves dans l'action.
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Si tu vales valeo.
- IphigénieProphète
C’est sûr qu’à ce compte de hiérarchie il faut obtempérer: y a pas de choix possibleMais je souligne que faire le choix de toujours détourner le débat (évincer la revendication féministe sous-jacente pour simplement discutailler d'orthographe) ou de dire que l'écriture inclusive n'est pas une priorité (sans pour autant militer pour les réelles priorités), cela a pour conséquence de mettre des bâtons dans les roues à une des luttes féministes
- ZybulkaHabitué du forum
C'est un des fondements du féminisme de prendre conscience des oppressions pour pouvoir ensuite se donner les moyens de les supprimer.Euphémia a écrit:Et moi, je ne comprends pas qu'on puisse ne pas voir pas que cette démarche et ce discours de victimisation de la femme l'enferment dans cette identité au lieu de la libérer.
Ton incompréhension est-elle plus légitime que la mienne ?
- epekeina.tes.ousiasModérateur
Ce devrait aussi être l'un de ses fondements, de ne pas utiliser des moyens rhétoriques sophistiques pour accuser des interlocuteurs d'anti-féminisme au prétexte de dénoncer leurs arguments et en employant le procédé anti-intellectualuste de base de l'accusation de ratiocination et d'urgence de l'action pour n'avoir pas besoin d'admettre l'irrationalité de son propre raisonnement. Faute de quoi, on tombe dans les procédés d'intimidation et de procès d'intention.
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Si tu vales valeo.
- EuphémiaNiveau 10
Donc, tu admets implicitement que celui qui m'écrit en écriture inclusive le fait pour m'expliquer que je suis une victime qui s'ignore et qu'heureusement il est là pour me le dire. De quel droit se permet-on de penser mieux savoir que moi ce que je suis ? Je le répète, ce n'est rien d'autre que du paternalisme. Teinté d'arrogance.Zybulka a écrit:C'est un des fondements du féminisme de prendre conscience des oppressions pour pouvoir ensuite se donner les moyens de les supprimer.Euphémia a écrit:Et moi, je ne comprends pas qu'on puisse ne pas voir pas que cette démarche et ce discours de victimisation de la femme l'enferment dans cette identité au lieu de la libérer.
Ton incompréhension est-elle plus légitime que la mienne ?
Ce n'est certainement pas en enfermant les gens dans un statut de victime qu'on les aide à se libérer. En revanche, cela donne du pouvoir à celui qui décrète qui est victime et qui ne l'est pas.
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- ElaïnaDevin
C'est vrai ça, c'est comme le racisme. En parler ça enferme les gens dans leur identité de noir/d'Arabe/etc. Si on en parlait moins y aurait moins de problèmes.
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It took me forty years to realize this. But for guys like us... our lives aren't really our own. There's always someone new to help. Someone we need to protect. These past few years, I fought that fate with all I had. But I'm done fighting. It's time I accept the hand I was dealt. Too many people depend on us. Their dreams depend on us.
Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered
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- ysabelDevin
Euphémia a écrit:Je suis féministe et me suis battue sans doute plus que beaucoup ici contre le patriarcat et je soutiens, moi, que l'écriture inclusive est anti-féministe car, par sa démarche de visibilisation de la femme, elle sous-entend que celle-ci, si on n'imprime pas sa présence de force dans la langue est invisible, donc victime. Victimiser la femme n'a rien, selon moi, d'une lutte féministe.Zybulka a écrit:En revanche, prendre le temps d'argumenter contre l'écriture inclusive (et au passage l'assimiler au point médian), c'est mettre des bâtons dans les roues à une des luttes des féministes, et c'est regrettable.
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« vous qui entrez, laissez toute espérance ». Dante
« Il vaut mieux n’avoir rien promis que promettre sans accomplir » (L’Ecclésiaste)
- EuphémiaNiveau 10
Ou alors on peut aussi admettre qu'il y a une différence entre dénoncer le racisme et répéter à longueur de temps à des personnes qu'elles sont des victimes du racisme. Non ?Elaïna a écrit:C'est vrai ça, c'est comme le racisme. En parler ça enferme les gens dans leur identité de noir/d'Arabe/etc. Si on en parlait moins y aurait moins de problèmes.
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- ElaïnaDevin
Certes mais reste à prouver que l'écriture inclusive soit un infâme rappel de notre statut de victime.
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- Nina68Niveau 9
Euphémia a écrit:Ou alors on peut aussi admettre qu'il y a une différence entre dénoncer le racisme et répéter à longueur de temps à des personnes qu'elles sont des victimes du racisme. Non ?Elaïna a écrit:C'est vrai ça, c'est comme le racisme. En parler ça enferme les gens dans leur identité de noir/d'Arabe/etc. Si on en parlait moins y aurait moins de problèmes.
Il y a quelque chose dans ta réflexion qui m'interpelle et je pense que je vais prendre le temps d'y penser.
A mon niveau, modeste, de petite prof de collège, je veille, par exemple, à alterner (en gros, bien sûr) garçon-fille pour les prises de parole et les passages au tableau, mais sans le dire. Les jeunes filles ayant tendance à se faire plus discrètes au sein d'un groupe mixte, petit à petit elles participent davantage, ce que je trouve chouette.
C'est que pour moi, les choses doivent aller de pair : redonner une place dans le groupe, plus le reste.
Récemment, en conjugaison j'ai imposé "je-tu-il-nous-vous-elles", sans commentaire autre que "on ne va pas mettre tous les pronoms" et c'est passé comme ça.
Ce sont des petites choses, et si le point médian m'agace pour sa non-lisibilité, je vais employer couramment des formules comme "celles et ceux".
Bon, c'est très modeste, j'en conviens ;-).
- IllianeExpert
Zybulka a écrit:Non. Je ne comprends pas qu'on ne voie pas que la langue est un des outils de domination masculine (largement inconsciente), et à ne percevoir ni l'invisibilisation des femmes dans la langue (qui est pour partie due à une manipulation historique volontaire destinée ouvertement à évincer le féminin au profit du masculin), ni les effets de l'usage en langue sur les inégalités au sein de la société.Euphémia a écrit:Et le fait que moi, parce que femme, je ressente comme une agression d'avoir à lire des textes employant l'écriture inclusive (et je sais que je suis loin d'être la seule dans ce cas), comme je l'ai expliqué sur ce même fil, peux-tu l'entendre comme argument ?
On va sans doute me dire que je pinaille (mais bon, je suis prof de lettres, le sujet m'intéresse) mais peut-on vraiment parler d'une “manipulation historique volontaire destinée ouvertement à évincer le féminin au profit du masculin” ? Par exemple, il m'a semblé lire/entendre que le masculin était devenu une sorte de genre neutre du fait de la proximité de ces deux genres en latin (en effet, la flexion de templum est plus proche de celle de dominus que de celle de rosa). Qu’en est-il vraiment ? Y a-t-il des latinistes plus confirmés que moi sur le fil pour confirmer ou infirmer ?
- ZybulkaHabitué du forum
Ce n'est pas vraiment pinailler (et puis tfaçon moi aussi j'aime pinailler ), ça paraît important dans l'histoire de notre langue, parce qu'on a parfois l'impression que son état actuel résulte d'une sorte d'évolution naturelle et spontanée (et d'ailleurs c'est souvent un argument qui est apporté contre l'écriture inclusive et consorts), alors qu'en fait, il y a bien eu, notamment au 17e, une volonté d'exclure le féminin là où il se logeait dans la langue. Il y a par exemple un petit résumé ici :Illiane a écrit:On va sans doute me dire que je pinaille (mais bon, je suis prof de lettres, le sujet m'intéresse) mais peut-on vraiment parler d'une “manipulation historique volontaire destinée ouvertement à évincer le féminin au profit du masculin” ? Par exemple, il m'a semblé lire/entendre que le masculin était devenu une sorte de genre neutre du fait de la proximité de ces deux genres en latin (en effet, la flexion de templum est plus proche de celle de dominus que de celle de rosa). Qu’en est-il vraiment ? Y a-t-il des latinistes plus confirmés que moi sur le fil pour confirmer ou infirmer ?
https://www.elianeviennot.fr/Querelle/QuerL-langue.pdf
- EuphémiaNiveau 10
La seule voyelle latine finale qui s'est conservée, sous forme du "e" muet, est le "a" qui marquait le féminin. Les autres voyelles finales, qui marquaient le masculin et le neutre, se sont amuïes. Ce qui fait qu'au fil du temps, le masculin et le neutre latin se sont confondus. Le féminin se retrouvant seul genre marqué, il n'est donc pas besoin d'une volonté patriarcale pour que le masculin devienne, aussi, le genre neutre du français. Cette neutralité est particulièrement évidente dans l'emploi du pronom "il" comme sujet des verbes impersonnels ou encore pour la pronominalisation des infinitifs et il est donc assez logique de l'utiliser pour le pluriel incluant les deux genres.Illiane a écrit:
On va sans doute me dire que je pinaille (mais bon, je suis prof de lettres, le sujet m'intéresse) mais peut-on vraiment parler d'une “manipulation historique volontaire destinée ouvertement à évincer le féminin au profit du masculin” ? Par exemple, il m'a semblé lire/entendre que le masculin était devenu une sorte de genre neutre du fait de la proximité de ces deux genres en latin (en effet, la flexion de templum est plus proche de celle de dominus que de celle de rosa). Qu’en est-il vraiment ? Y a-t-il des latinistes plus confirmés que moi sur le fil pour confirmer ou infirmer ?
Après, cela ne remet pas en cause le fait qu'il y ait eu des crétins comme Vaugelas pour en profiter pour qualifier de noble le genre masculin. Pour autant, il me semble difficile de parler de "manipulation historique" de la langue pour évincer les femmes car, si tel avait été le cas, je ne pense pas que ces manipulateurs dominants auraient accepté que soient féminins les titres honorifiques de ceux qui les dirigeaient. Or, de ce que je sais, il n'y a jamais eu de tentative de masculinisation de ces titres : éminence, majesté, sainteté...
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- IphigénieProphète
sinon, bis repetita placent.
j'ajoute au surplus qu'un petit détour par le littré vous expliquerait aussi l'usage particulier du mot noble en grammaire:
On peut contester cet ordre sans y vois un complot de phallocrates.
C’est par cet ordre aussi qu’il faut dire
« Nous les femmes, on est belles et non « on est beau »
e-Wanderer a écrit:Cath a écrit:Euphémia a écrit:Et l'on peut en conclure que Louis XIV, Mazarin et le pape de l'époque étaient les plus grands féministes qui soit, eux qui se faisaient appeler respectivement Sa Majesté, Son Éminence et Sa Sainteté.Zybulka a écrit:
Sachant que par ailleurs, l'état de notre langue dans sa version actuelle reflète bien sûr des évolutions lentes de l'usage, mais aussi des choix politiques prescriptifs qui ont été faits antérieurement (notamment au 17e siècle), allant vers moins d'équilibre dans la représentation entre les femmes et les hommes dans notre langue pour asseoir la domination du masculin, par exemple via la suppression de versions féminines de certains mots ou de l'accord de proximité ("Lorsque les deux genres se rencontrent, il faut que le plus noble l’emporte", défend Bouhours) ou de la modification du genre des mots (l'Académie décidant que "erreur" deviendrait féminin parce que naturellement se tromper, ça ne peut pas être masculin).
Bien sûr d'accord avec @Zybulka : Vaugelas, "Le masculin est le genre le plus noble", etc.
@Euphemia, il ne t'aura pas échappé qu'il aurait fallu changer le genre de ces mots. Je trouve ta remarque pour le moins...surprenante.
Avant de faire de Vaugelas un horrible phallocrate, il serait tout de même bon de le relire de près, sans extraire un bout de citation de son contexte pour en faire une sorte de slogan : car dans le passage incriminé, il recommande précisément l'accord au féminin ! Il s'agit des remarques 82 et suivantes, que je cite d'après l'édition critique de Sygmunt Marzys, Genève, Droz, 2009, p. 255-56 :L'éditeur note (à la suite de Pellat) que Vaugelas se trompe à propos de la syntaxe latine, qui en pareil cas fait habituellement l'accord avec le terme le plus proche - ce qui vaut aussi de l'accord au singulier lorsque le sujet est constitué de plusieurs termes, comme on peut le trouver chez Racine, Iphigénie, III, 5, "Mais le fer, le bandeau, la flamme est toute prête".Vaugelas a écrit:[R 82] Un adjectif avec deux substantifs de different genre.[CH I,163] Exemple, Ce peuple a le cœur et la bouche ouverte à vos loüanges. On demande s'il faut dire ouverte, ou ouverts. M. de Malherbe [R 83] disoit, qu'il falloit eviter cela comme un escueil, et ce conseil est si sage, qu'il semble qu'on ne s'en sçauroit mal trouver ; Mais il n'est pas question pourtant de gauchir tousjours aux difficultez, il les faut vaincre, et establir une reigle certaine pour la perfection de nostre langue. Outre que bien souvent voulant éviter cette mauvaise rencontre, on perd la grace de l'expression, et l'on prend un destour qui n'est pas naturel. Les Maistres du mestier reconnoissent aisément cela. Comment dirons-nous donc ? Il faudroit dire, ouverts, selon la Grammaire latine, qui en use ainsi, pour une raison qui semble estre commune à toutes les langues, que le genre masculin estant le plus noble, doit predominer toutes les fois que le masculin et le feminin se trouvent ensemble ; mais l'oreille a de la peine à s'y accommoder, parce qu'elle n'a point accoustumé de l'ouir dire de cette façon, et rien ne plaist à l'oreille, pour ce qui est de la phrase et de la diction, que ce qu'elle a accoustumé d'oüir. Je voudrois donc dire, ouverte, qui est beaucoup plus doux, tant à cause que cét adjectif se trouve joint au mesme genre avec le substantif qui le touche, que parce que ordinairement on parle ainsi, [CH I, 164] qui est la raison decisive, et que par consequent l'oreille y est accoustumée. Or qu'il soit vray que l'on parle ainsi [R 84] d'ordinaire dans la Cour, je l'asseure comme y ayant pris garde souvent, et comme l'ayant fait dire de cette sorte à tous ceux à qui je l'ay demandé, par une certaine voye qu'il faut tousjours tenir, quand on veut sçavoir asseurément si une chose se dit, ou si elle ne se dit pas. Mais qu'on ne s'en fie point à moy, et que chacun se donne la peine de l'observer en son particulier.
À côté de la clarté, il ne faut pas sous-estimer le grand fantasme esthétique qui fait de la douceur un véritable idéal de la langue française, dès la Renaissance. Or cette douceur – qui devient progressivement une façon de célébrer le génie français contre le "clinquant du Tasse" et les "faux brillants" italiens (pour citer Boileau) – s'associe volontiers au monde féminisé des salons, à la douceur des mœurs ou à celle du climat tempéré. Chez Vaugelas en particulier, il me semble que la langue doit réaliser une forme d'équilibre entre différents pôles, éventuellement contradictoires : la clarté, la gravité, la douceur, la grâce…
j'ajoute au surplus qu'un petit détour par le littré vous expliquerait aussi l'usage particulier du mot noble en grammaire:
id est noble= non valeur morale mais désignation d’un ordre d’accord : je+ tu = nous et non vous, par ex)4 Terme de grammaire. La personne la plus noble, celle dont la relation est plus proche avec celui qui parle. La 1re personne est plus noble que la 2e, et la 2e plus noble que la 3e.
Le genre le plus noble, se dit du masculin comparé au féminin, et du féminin comparé au neutre.
On peut contester cet ordre sans y vois un complot de phallocrates.
C’est par cet ordre aussi qu’il faut dire
« Nous les femmes, on est belles et non « on est beau »
- ElyasEsprit sacré
Je m'étonne de lire que l'écriture inclusive est une démarche victimaire. On en est là, apparemment. Cela me surprend (encore une fois, je suis d'accord avec Elaïna).
- ElaïnaDevin
Mais Elyas est-ce étonnant ? La loi sur la parité a donné lieu au même genre de discours, "c'est une démarche humiliante pour les femmes car elles ne seront choisies que parce que ce sont des femmes" (j'ai cru un temps à ce discours moi même...).
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Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered
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- ElyasEsprit sacré
Elaïna a écrit:Mais Elyas est-ce étonnant ? La loi sur la parité a donné lieu au même genre de discours, "c'est une démarche humiliante pour les femmes car elles ne seront choisies que parce que ce sont des femmes" (j'ai cru un temps à ce discours moi même...).
Ah bah ça alors. Personnellement, je ne pense pas que le iel passe hormis, sans doute, pour désigner les non-binaires. L'écriture inclusive n'est pas que pour les femmes, c'est aussi pour décrire le monde et donner des mots sur ce qui existe mais n'en a pas encore (ou plus), c'est un dévoilement, une visibilisation. Les sociétés jouent avec leur langue comme la marée joue avec la plage, elle change sans changer jusqu'à être différente. Je ne vois pas en quoi dire la Présidente de la République si un jour une femme accédait à cette fonction serait un amoindrissement, un avilissement du mandat. Il faudrait dire Madame le Président, donc. Là, pardon, mais pour moi, cela montre justement qu'une femme accédant à cette fonction serait, par le langage, une anomalie, un truc bizarre. Madame le... mais bon, je sais, je vis au wokistan (c'est très joli mon coin).
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