Neo défi lecture 2020 - Ici, on papote !

Pour le défi 44 Un livre dont le titre comporte un nom de membre de la famille, j'ai lu Frère d'âme de David Diop.

Il s'agit d'une plongée dans les tranchées de la Première Guerre mondiale aux côtés d'Alfa Ndiaye qui voit mourir sous ses yeux son plus que frère Mademba. Le roman nous raconte comment ce soldat va vivre avec ce drame.

Mon avis : un roman particulier, qui ne laisse pas indifférent. La construction des phrase l'est, tout d'abord. L'auteur répète sans cesse les mêmes expressions et cela donne un vrai style à l'écriture (mais cela m'a semblé "lourd" par moment). Le roman mêle la violence des combats, l'effroi de la mort mais aussi des souvenirs de l'Afrique avant le départ au front. La fin est particulièrement surprenante.

Je l’ai lu pour un des défis aussi, Malaga, et j’ai eu le même sentiment. D’autres neo en ont parlé plutôt sur le sujet. La fin laissé à discussion effectivement.

Bonjour à tous,
je viens de lire Le cartographe des Indes boréales d'Olivier Truc, qui parle évidemment beaucoup de cartes, de ce qu'elles révèlent de la perception du monde, de ce qu'elles peuvent signifier ou non selon la géographie qu'elles représentent. On n'en trouve cependant qu'une seule au début du roman et sur la couverture. Le récit commence à Stockholm en 1643 le jour de l'inauguration et du naufrage du Vasa dans la baie. Le jeune Izko, basque et catholique, y assiste et sa vie entière est ensuite déterminée par ces quelques instants. Le roman se déroule de 1628 à 1693, de Saint-Jean de Luz à la Laponie en passant par Amsterdam et Stockholm sur fond de guerres de religion, de chasse à la baleine, de repérages cartographiques, de trahisons et de fanatismes religieux (un catholique priant la Vierge et les Saints n'est-il pas finalement pire qu'un sauvage adorateur de divinités païennes ?) Lecture prenante pour amoureux de paysages (et de mentalités) glacés. On retrouve les lieux et thèmes chers à l'auteur et les traits des personnages de ses autres romans.

J'ai enfin fini Dalva de Jim Harrison. Je me suis forcée à aller au bout parce que j'en ai entendu ici même tant de bien. Mais franchement je me suis ennuyée dans cette histoire, j'ai par exemple trouvé que le personnage de Michael prenait bien trop de place alors qu'il m'a semblé complètement dénué d'intérêt. Enfin, bref je suis passée complètement à côté. La seule chose qui m'ait plu, ce sont les carnet de Northridge, l'arrière-grand-père de l'héroïne et sa vie auprès des Sioux. Ça m'a vraiment donné envie d'en savoir plus sur les Indiens (si vous avez des idées de romans à me suggérer!).
Enfin, me voilà soulagée d'avoir réussi à terminer mon défi de titre sans -e!

J'ai lu hors défi Ça raconte Sarah de Pauline Delabroy-Allard que j'ai beaucoup aimé : une jeune femme banale rencontre Sarah et une histoire passionnelle naît entre elles.

J'ai aussi lu La Salle de bal d'Anna Hope que j'ai beaucoup aimé. Le Bal des folles lu en début d'année m'a semblé un peu pâle à côté de ce roman plus développé que j'ai dévoré.

Eloah, Changer l'eau des fleurs est un excellent souvenir de lecture de l'été dernier.

Défi 7, Un livre qui comporte des photographies : Nadja, André Breton

Breton a écrit:

Spoiler:

J'ai vu ses yeux de fougère s'ouvrir le matin sur un monde où les battements d'ailes de l'espoir immense se distinguent à peine des autres bruits qui sont ceux de la terreur et, sur ce monde, je n'avais vu encore que des yeux se fermer.

Si vous voulez un résumé rapide, disons que c'est la rencontre d'André Breton avec une femme mystérieuse et fascinante, Nadja.

Le livre a des airs autobiographiques, il est en tout cas clairement ancré dans la vie réelle de Breton (je n'ai fait aucune recherche avant de rédiger cette critique). J'ai l'impression qu'il l'a écrit d'abord pour lui, pour transcrire ses pensées sous forme de mots, sans vraiment se soucier d'être lu. Le début est très obscur (je le soupçonne un peu de l'avoir fait exprès), mais le reste n'est pas désagréable à lire, même si la sensibilité esthétique de Breton n'est pas la mienne. Je me suis laissé prendre à ces déambulations dans Paris, au gré des rencontres avec Nadja, personnage qui me semble surtout représenter les fantaisies de l'auteur. Quant aux photographies, fréquentes, elles servent à éviter les descriptions et sont bien pratiques quand il est question d'un dessin ou d'un tableau.

Verdict : se laisse lire

Amaliah a écrit:

J'ai aussi lu La Salle de bal d'Anna Hope que j'ai beaucoup aimé. Le Bal des folles lu en début d'année m'a semblé un peu pâle à côté de ce roman plus développé que j'ai dévoré.

Oui, tout à fait ! Moi qui ai lu Hope avant Mas, j'étais vraiment déçue !

Amaliah a écrit:J'ai enfin fini Dalva de Jim Harrison. Je me suis forcée à aller au bout parce que j'en ai entendu ici même tant de bien. Mais franchement je me suis ennuyée dans cette histoire, j'ai par exemple trouvé que le personnage de Michael prenait bien trop de place alors qu'il m'a semblé complètement dénué d'intérêt. Enfin, bref je suis passée complètement à côté. La seule chose qui m'ait plu, ce sont les carnet de Northridge, l'arrière-grand-père de l'héroïne et sa vie auprès des Sioux. Ça m'a vraiment donné envie d'en savoir plus sur les Indiens (si vous avez des idées de romans à me suggérer!).
Enfin, me voilà soulagée d'avoir réussi à terminer mon défi de titre sans -e!

Désolée que ça ne t'ait pas plus, Amaliah. (Dalva est un de mes romans favoris   J'ai apprécié cette esthétique du contrepoint, avec le personnage de Michael, justement, qui rend d'autant plus poignante l'histoire de Northridge.)

Moi aussi, j'ai découvert relativement tard la culture des Indiens d'Amérique, tout à fait par hasard. Je cherchais les discours d'Hugo à l'Assemblée Nationale et, par les mystères d'Internet, je suis tombée sur le discours prononcé par Sitting Bull au Congrès américain. J'ai lu, et j'ai été bouleversée. J'ai voulu en savoir plus sur ce personnage, j'ai lu une bio empruntée à la médiathèque et je suis tombée amoureuse d'un vieil Indien mort. Je pense que c'est un personnage incontournable et que, si tu t'intéresses à l'histoire des Indiens, sa bio peut te plaire.
Parmi les incontournables sur le sujet, il y a aussi le célèbre Enterre mon coeur à Wounded Knee, la version documentée des événements relatés dans Dalva (puisque cette partie t'a intéressée). Mais c'est très dur.
Dans les ouvrages remarqués, il y a aussi La Piste des Larmes, qui raconte la marche forcée des Indiens vers les réserves, mais je ne l'ai pas lu, je sais seulement qu'il est souvent cité.
On trouve aussi plusieurs autobiographies de survivants attachés à transmettre leur culture. J'ai lu celle de Soleil Hopi, de la tribu du même nom. J'ai commandé récemment l'ouvrage d'une descendante des Sioux, Mary Crow Dog, née dans une réserve, qui a participé dans les années 70 au mouvement pour les droits des amérindiens, a connu une jeunesse violente et tourmentée et s'est finalement attachée à préserver et transmettre sa culture. Je te dirai si j'ai trouvé ça intéressant quand je l'aurai lu.

*Ombre* a écrit:

Moi aussi, j'ai découvert relativement tard la culture des Indiens d'Amérique, tout à fait par hasard. Je cherchais les discours d'Hugo à l'Assemblée Nationale et, par les mystères d'Internet, je suis tombée sur le discours prononcé par Sitting Bull au Congrès américain. J'ai lu, et j'ai été bouleversée. J'ai voulu en savoir plus sur ce personnage, j'ai lu une bio empruntée à la médiathèque et je suis tombée amoureuse d'un vieil Indien mort. Je pense que c'est un personnage incontournable et que, si tu t'intéresses à l'histoire des Indiens, sa bio peut te plaire.
Parmi les incontournables sur le sujet, il y a aussi le célèbre Enterre mon coeur à Wounded Knee, la version documentée des événements relatés dans Dalva (puisque cette partie t'a intéressée). Mais c'est très dur.
Dans les ouvrages remarqués, il y a aussi La Piste des Larmes, qui raconte la marche forcée des Indiens vers les réserves, mais je ne l'ai pas lu, je sais seulement qu'il est souvent cité.
On trouve aussi plusieurs autobiographies de survivants attachés à transmettre leur culture. J'ai lu celle de Soleil Hopi, de la tribu du même nom. J'ai commandé récemment l'ouvrage d'une descendante des Sioux, Mary Crow Dog, née dans une réserve, qui a participé dans les années 70 au mouvement pour les droits des amérindiens, a connu une jeunesse violente et tourmentée et s'est finalement attachée à préserver et transmettre sa culture. Je te dirai si j'ai trouvé ça intéressant quand je l'aurai lu.

Que d'idées ! Je ne connaissais pas du tout...
Il faut que tu proposes quelque chose pour le défi de l'an prochain, Ombre, afin d'encourager les participants à découvrir cette culture...

Soleil Hopi de Don C Talayesva je l'ai lu en Terminale pour la philo et j'avais beaucoup aimé: vraie découverte d'une culture et d'une réalité qui m'étaient très lointaines à l'époque.

Deux très belles lectures :
* Imperium de Christian KRACHT (pour le défi 1) , un résumé de l'éditeur

Imperium est l’histoire vraie d’August Engelhardt, qui s’exila au début du XXe siècle en Nouvelle-Guinée allemande et fonda une colonie d’un genre nouveau – entièrement dédiée à la culture de la noix de coco.
Cependant, ce qui commence comme la biographie romancée de l’un des pionniers allemands du nudisme et du végétarisme devient rapidement le rêve éveillé d’une époque et d’une géographie proches et lointaines à la fois.
Véritable roman d’aventure, Imperium est également une réflexion sur l’impérialisme, sur le pouvoir des idées, même les plus délirantes, et un monde européen en pleine décadence

* Itinéraire d'un salaud ordinaire de Didier Daeninckx (défi 39 mais valable pour d'autres), j'ai juste regretté que ce livre se finisse trop vite

Clément Duprest, brillant étudiant en droit, intègre la police nationale en 1942. Contrairement à certains de ses collègues, Duprest ne «fait pas de politique» : il va se contenter de mettre au service de ses patrons son intelligence et son sens de l'observation. Au sein de la «brigade des propos alarmistes», il est chargé de repérer et de neutraliser les individus hostiles à Vichy... à travers les faits et gestes quotidiens d'un salaud tout à fait ordinaire, nous invite à revisiter quarante ans d'histoire française, depuis la rafle du Vél' d'Hiv jusqu'à la candidature de Coluche à l'élection présidentielle de 1981 : Occupation, Libération, décolonisation, affaires politico-mafieuses, mouvements étudiants, grèves ouvrières, répression policière...  

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Merci beaucoup, Ombre, pour ces suggestions de lecture! J'ai noté les titres que tu mentionnes.

Lulu, je comprends tout à fait ta déception, heureusement je les ai lus dans le bon ordre!

Ryuzaki a écrit:Défi 7, Un livre qui comporte des photographies : Nadja, André Breton

Breton a écrit:

Spoiler:

J'ai vu ses yeux de fougère s'ouvrir le matin sur un monde où les battements d'ailes de l'espoir immense se distinguent à peine des autres bruits qui sont ceux de la terreur et, sur ce monde, je n'avais vu encore que des yeux se fermer.

Si vous voulez un résumé rapide, disons que c'est la rencontre d'André Breton avec une femme mystérieuse et fascinante, Nadja.

Le livre a des airs autobiographiques, il est en tout cas clairement ancré dans la vie réelle de Breton (je n'ai fait aucune recherche avant de rédiger cette critique). J'ai l'impression qu'il l'a écrit d'abord pour lui, pour transcrire ses pensées sous forme de mots, sans vraiment se soucier d'être lu. Le début est très obscur (je le soupçonne un peu de l'avoir fait exprès), mais le reste n'est pas désagréable à lire, même si la sensibilité esthétique de Breton n'est pas la mienne. Je me suis laissé prendre à ces déambulations dans Paris, au gré des rencontres avec Nadja, personnage qui me semble surtout représenter les fantaisies de l'auteur. Quant aux photographies, fréquentes, elles servent à éviter les descriptions et sont bien pratiques quand il est question d'un dessin ou d'un tableau.

Verdict : se laisse lire

Travaillé en Tle L pour le bac....pas mon roman préféré tellement il est hermétique...

Asarte, on a sans doute passé le Bac la même année. Je garde un excellent souvenir de mon enseignante de Terminale, que j'avais eue aussi en 2de.
Mais notre classe n'avait pas vraiment travaillé avec elle Nadja, car c'était l'année des très grosses grèves et elle avait été beaucoup absente à ce moment-là.

Ombre, je suis aussi très intéressée par les titres que tu évoques ! Merci.

J'ai lu L'inconscient dans la classe de Francis Imbert, pour le défi "titre intrigant".  
Je crois que le livre n'est plus édité (j'ai dégoté un vieil exemplaire, le prix est encore en francs).
Dommage, car il est passionnant. Il conteste un enseignement qui ne serait que "technique" : ce serait oublier tout l'inconscient à l'œuvre dans une salle de classe, inconscient qui vient sans cesse faire un pied de nez aux méthodes didactiques les plus rationnelles et scientifiques. Francis Imbert offre alors un éclairage sur les inévitables transferts qui s'opèrent entre l'enseignant et l'élève, transferts par définition inconscients, qu'il convient d'interroger pour démêler des situations sans issue.
La première partie, théorique, définit avec soin les phénomènes de transfert, de contre transfert et de déplacement.
La suite propose des monographies (tirées des groupes Balint) offrant des illustrations de ces phénomènes de transfert.
L'auteur croit à la pédagogie institutionnelle, parce que, selon lui, les institutions mises en place permettent dans une certaine mesure (car on ne saurait là non plus y voir une technique miraculeuse sous peine de scléroser encore et toujours les échanges) d'échapper à la relation duelle enseignant/élève, et d'offrir ainsi de nouveaux espaces pour les transferts (ceux des élèves comme ceux des enseignants). Mais nul besoin de pratiquer cette pédagogie pour être touché par le propos de l'ouvrage.

Je recommande vivement à tous ceux qui (comme moi) s'interrogent sur leurs relations avec les élèves et plus généralement sur leur pratique pédagogique.

@Sei, je note la référence de L'inconscient dans la classe de Francis Imbert, pour une relecture d'expériences   .  Il n'est disponible que d'occasion, est-ce que tu vendrais ton exemplaire en sachant que cela peut attendre plusieurs semaines ou mois ?

Intéressant !

Pour le défi 46 Un livre dont l'action se situe en Australie j'ai lu Une vie entre deux océans de M.L. Stedman.

L'histoire : Tom Sherbourne est gardien de phare sur une petite île australienne. Il est marié à Isabel. Nous sommes en 1926. Un bateau s'échoue sur l'île avec, à son bord, le cadavre d'un homme et un bébé vivant. Le couple décide de garder le bébé, pour le meilleur et pour le pire.

Mon avis : un très bon roman. J'ai beaucoup aimé la description de la vie australienne dans les années 1920, du métier de gardien de phare. L'histoire est prenante, le suspense est fort et, je l'avoue, certains moments sont très touchants (et m'ont même fait couler les larmes).

Vos retours donnent envie, merci !

Pour le défi 17 un livre d'un auteur iranien j'ai lu Désorientale de Négar Djavadi pour lequel j'ai eu un grand grand coup de cœur ! C'est l'histoire d'une jeune femme, Kimiâ, iranienne exilée politique en France, qui patiente dans la salle d'attente d'un centre de PMA d'un hôpital parisien. Elle profite de cette attente pour réfléchir à qui elle est, d’où elle vient, ce qui passe par le récit de l'histoire de sa famille sur trois générations, une famille iranienne à la fois traditionnelle et tournée vers l'émancipation. Son père notamment est un opposant au pouvoir corrompu, très actif dans la révolution qui verra la chute du Shah. Le roman retrace donc de manière un peu labyrinthique l'histoire de cette famille mais c’est aussi la quête de Kimiâ pour comprendre qui elle est et assumer sa singularité malgré la famille, les traditions, l'exil, l'incompréhension des siens. C'est passionnant, dépaysant, souvent drôle, émouvant ... J'ai adoré !! merci à ce défi car sans lui je ne serais sans doute jamais tombée sur ce livre ! Ce roman peut aussi convenir pour le défi "la petite histoire dans la grande Histoire" ou "un récit dont les héroïnes sont sœurs".

Pour le défi 5 une histoire de vacances, j'ai lu un court récit de Tchékhov, La Dame au petit chien, une belle histoire d'amour à la Tchekhov entre un homme plus tout jeune, mari infidèle qui craint son épouse et fuit son logement et qui croise à plusieurs reprises une jeune femme avec un chien sur son lieu de villégiature. Le hasard permet leur rencontre et ils ont une brève histoire, pas forcément très heureuse. Et pourtant ... de retour chacun dans sa ville et dans son quotidien ils ne cessent de penser l'un à l'autre ...

J'avais beaucoup aimé Désorientale.

Jenny a écrit:J'avais beaucoup aimé Désorientale.

Ah toi aussi !

Moi aussi

Eloah a écrit:

Jenny a écrit:J'avais beaucoup aimé Désorientale.

Ah toi aussi !

Gros coup de cœur à sa sortie.
J’ai le souvenir d’une jolie rencontre avec l’auteur.

Beaucoup de bonnes idées ici !

De mon côté, je peine à trouver le temps de faire des comptes rendus, il faut dire que je sature de l'ordinateur !

Pour le défi 45.livre avec un jeu de mots ou une figure de style dans le titre, j'ai lu La Maison du sommeil de Jonathan Coe, grâce à deux participantes à ce fil. Merci à elles car ça m'a plu. Deux périodes (les chapitres alternent), un lieu : une maison à flanc de falaise, sur la côte anglaise. En 1984, il s'agit d'une résidence étudiante, en 1996, elle est devenue une clinique consacrée à la résolution de troubles du sommeil. Coïncidence : le docteur à la tête de cette clinique a été étudiant au même endroit douze ans plus tôt. Au fur et à mesure de la narration, les personnages de la première période se croisent dans la seconde et c'est à nous, lecteurs, de reconstituer le puzzle. C'est un roman assez surprenant, qui est parvenu à me happer. Bonus : j'ai souri à de nombreuses reprises. Mention spéciale pour le discours du psy lacanien qui passe à côté de l'énorme trouble de sa patiente, trop occupé à tordre les mots qu'elle a prononcées pour leur donner un sens.

J'ai lu également Le mystère Sherlock de J.M. Erre, dans la catégorie 26. Un livre qui fait rire ou sourire.
Des spécialistes de Sherlock Holmes se réunissent dans un hôtel à la montagne pour un congrès. Ils prétendent tous à la chaire de holmésologie de la Sorbonne (oui, oui). La compétition est féroce est chacun est prêt à tout pour éliminer ses concurrents. Éliminer, oui, mais pas au sens propre, quand même ? Disons que, quand l'hôtel est isolé à cause d'une importance chute de neige, un Cluedo grandeur nature prend forme. On retrouve des cadavres dans la chambre, dans le couloir, dans la salle de sport... Juqu'à ce qu'il ne reste plus personne... plus personne ? On vous l'a déjà faite, n'est-ce pas ? La tâche des policiers sera de comprendre ce qui s'est passé à l'aide des derniers écrits des victimes et de quelques indices matériels. Une vraie enquête, donc. Mais des personnages barrés, une passion immodérée de l'auteur pour le zeugme, beaucoup d'absurde et des mises en abîme. Et en passant, on apprend pas mal de choses sur Sherlock Holmes.

J'ai lu également Croire aux fauves de Nastassja Martin, que je place dans la catégorie 10. Un roman dont l'histoire se déroule sur plusieurs continents. J'ai vu qu'il avait beaucoup plu à Jenny, moi j'ai l'impression d'être passée un peu à côté

La narratrice est une anthropologue qui partage le quotidien des Evènes, un peuple de nomades au Kamtchatka. Au détour d'un chemin, elle se retrouve face à un ours qui l'attaque et lui arrache une partie du visage avant de subitement faire demi-tour. Soignée en Russie puis en France, elle ne peut résister à l'appel sauvage et repart au Kamtchatka. À partir de ce moment de l'histoire, j'ai eu l'impression que toutes les décisions et les réflexions du personnage me paraissaient tout bêtement incompréhensibles. Des belles pages, une nature époustouflante, une héroïne qui force l'admiration par son courage, sa résistance, sa lecture des événements, mais des interprétations auxquelles je suis tout bonnement complètement hermétique, je crois. Ces histoires d'appeler une rencontre ce qui était une attaque, et parler des esprits désormais mêlés, c'est trop ésotérique pour moi. Et pourtant, j'ai essayé et je me suis sentie bête et pas ouverte d'esprit pendant la moitié du livre, à rester au bord de la route alors que j'aurais dû être embarquée avec elle et que j'en avais envie. Mais non.

Tremere, j'avais aussi beaucoup aimé La maison du sommeil, lu il y a bien des années et Le mystère Sherlock pendant le confinement. Série Z du même auteur est tout aussi drôle.

Tremere, tu n'as pas à te sentir bête. Moi non plus, ce mysticisme un peu New Age ne me parle pas du tout, et me ferait même plutôt fuir. C'est pourquoi, malgré les bons retours, j'évite les romans qui empruntent cette direction. Pour en revenir à la discussion sur les Amérindiens, c'est aussi ce qui a longuement retardé ma découverte de leur culture. Certains amis m'en parlaient, insistaient pour que je lise sur le sujet, persuadés que cela m'intéresserait. Mais ce qu'ils me proposaient était plus orienté chamanisme, communion avec la nature, les esprits... Je ne suis pas si en manque de spiritualité que j'aie besoin d'aller la chercher dans une culture que je ne maîtrise pas.  Tout cela m'agaçait profondément. Je leur demandais : Est-ce que j'ai l'air d'une baba cool un peu barrée qui va danser pieds nus sous les arbres en invoquant je ne sais quelle force primitive ? Je suis arrivée aux Indiens par d'autres biais, l'Histoire, les conquêtes, le rapport à la terre, à la nature, à l'altérité, l'organisation sociale, le système de valeurs... Je me suis finalement bien peu intéressée à leur spiritualité. Je pense que, déjà, pour la comprendre, j'aurais besoin d'une bien meilleure connaissance de leur civilisation.

Pour en revenir au défi, j'ai lu, en matière de roman iranien, C'est moi qui éteins les lumières, de Zoyâ Pirzad. L'histoire se passe avant la révolution, dans une ville de province où se développent, comme partout en Iran, la modernité et le féminisme. Clarisse est la mère de trois enfants. Son mari est ingénieur : elle appartient à la bourgeoisie relativement aisée. Elle est femme au foyer, s'occupe de sa famille, sa maison, sa mère, sa soeur qui multiplie les frasques dans l'attente du mariage. Elle est heureuse. Ou presque. On sent les fêlures derrière le quotidien agréable et monotone. Clarisse regarde avec envie une amie qui traduit des livres, ou la secrétaire de son mari qui, tout en travaillant, trouve le temps de militer dans une association féministe. Elle aspire à autre chose qu'à sa vie étriquée. Quand de nouveaux voisins s'installent, un jeune veuf avec sa mère et sa fille, elle perd pied peu à peu.
J'ai beaucoup aimé ce roman. J'ai été un peu étonnée car, finalement, l'histoire pourrait se passer n'importe où. Je n'ai strictement rien appris sur l'Iran  :sourit:. C'est une histoire universelle, celle d'une femme qui, à un moment de sa vie, doute, se remet en cause. Les personnages sont nuancés. Le mari n'a rien d'une brute, il est attachant jusque dans sa maladresse. La vieille mère acariâtre livre les secrets de son âme complexe. On regarde ces personnages se dépêtrer de ce qui n'est que la vie dans sa plus grande banalité. Mais l'ensemble est d'une grande délicatesse.

Nicole, j'aimerais beaucoup te prêter le livre de Francis Imbert ! Est-ce que cela te conviendrait ? Est-ce que ton pseudo donne un indice sur ton lieu de vie ? Qui sait... nous n'habitons peut-être pas très loin l'une de l'autre...?

Tremere, c'est super de lire un avis différent ! C'est réjouissant et tu n'as pas à te sentir bête, au contraire.
J'ai commandé à la librairie Croire aux fauves, et le mystère reste entier : vais-je aimer ? détester ? m'ennuyer ? rester perplexe ?
Bon, moi, j'assume ma part mystique (je suis fan de Terrence Malick, voyez-vous ), mais rien n'est joué.