- SergeMédiateur
Je vois cela aussi comme une sorte de "déterminant" du nom, mais grammaticalement le mot "de" semble uniquement classé comme préposition (ou déterminant indéfini, mais uniquement pluriel et à la forme négative, ce qui n'est pas le cas ici). Il doit donc y avoir une autre explication ou analyse, puisque aucune des deux ne semble coller.
- NLM76Grand Maître
Depuis quelque temps, les grammairiens ont tendance à appeler ce de "béquille de l'infinitif".
"Il fait rien que de m'embêter"
"Ce n'est rien de le dire"
L'analyse "article" me paraît intéressante !
"Il fait rien que de m'embêter"
"Ce n'est rien de le dire"
L'analyse "article" me paraît intéressante !
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Sites du grip :
- http://instruire.fr
- http://grip-editions.fr
Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- SergeMédiateur
Oui, mais en classification grammaticale, ils ne lui ont pas donné de nom ?
De quel type d'articles s'agirait-il par exemple ?
De quel type d'articles s'agirait-il par exemple ?
- Theriakos96Habitué du forum
Le de plutôt que préposition est considéré comme morphème neutre marqueur de l’infinitif qui permet seulement un lien de transitivité entre les deux éléments qui subordonne l’un à l’autre.
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Dicebat Bernardus Carnotensis nos esse quasi nanos, gigantium humeris insidentes, ut possimus plura eis et remotiora videre, non utique proprii visus acumine, aut eminentia corporis, sed quia in altum subvenimur et extollimur magnitudine gigantea.
– Jean de Salisbury, Metalogicon, III, 4
- IphigénieProphète
Pour moi c'est une préposition, avec un emploi très extensible: on le trouve devant le COD mais aussi possiblement devant le sujet: "de l'entendre me désole" ou d'autres compléments: il aime mieux mentir que de se taire.
Je me demande si ce n'est pas un héritage du vague de latin au sens de "au sujet de, pour ce qui est de" qui découpe au fond l'action comme objet ( sujet) qui nous intéresse? (sans garantie!)
bon le temps que je tape, plein d'autres propositions que "préposition": why not !
Je me demande si ce n'est pas un héritage du vague de latin au sens de "au sujet de, pour ce qui est de" qui découpe au fond l'action comme objet ( sujet) qui nous intéresse? (sans garantie!)
bon le temps que je tape, plein d'autres propositions que "préposition": why not !
- Theriakos96Habitué du forum
En tout cas aux concours aujourd’hui une telle analyse serait rejetée, ils veulent qu’on l’analyse comme marqueur neutre de l’infinitif (je crois que Le Goffic en parle).
- NLM76Grand Maître
Oui, bien sûr... mais la formulation est singulièrement obscure ! Sans doute parce qu'elle se contente de décrire le fonctionnement de ce "de" de façon isolée, sans le relier au reste du système de la langue : comment se fait-il qu'il s'agisse du "même" mot que la préposition ? Comment se fait-il qu'il s'agisse du "même" mot que l'article indéfini "de" = "des", qu'on retrouve dans le partitif ?Theriakos96 a écrit:Le de plutôt que préposition est considéré comme morphème neutre marqueur de l’infinitif qui permet seulement un lien de transitivité entre les deux éléments qui subordonne l’un à l’autre.
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- NLM76Grand Maître
Je peux vous dire en connaissance de cause qu'aux concours, il y a des correcteurs qui ne sont pas dogmatiques, et qui veulent surtout qu'on réfléchisse.Theriakos96 a écrit:En tout cas aux concours aujourd’hui une telle analyse serait rejetée, ils veulent qu’on l’analyse comme marqueur neutre de l’infinitif (je crois que Le Goffic en parle).
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«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- Theriakos96Habitué du forum
Je crois qu’elle s’applique aussi à des tournures du genre « je l’envoie à mourir » où le morphème à est analysé comme neutre, introduisant un infinitif (mais je ne suis plus sûr, je devrais regarder).
P. S. Excusez-moi pour les réponses télégraphiques mais je n’ai à disposition que mon portable.
@NLM76 oui ce n’est pas ce que je voulais dire, mais en tout cas on nous a dit cela pendant la préparation...
P. S. Excusez-moi pour les réponses télégraphiques mais je n’ai à disposition que mon portable.
@NLM76 oui ce n’est pas ce que je voulais dire, mais en tout cas on nous a dit cela pendant la préparation...
- DhatturaHabitué du forum
J'ai trouvé un article à ce sujet: https://gerflint.fr/Base/Paysscandinaves3/kalmbach.pdf
(pour des professeurs de Français Langue Étrangère -FLE- mais cela peut être éclairant)
(pour des professeurs de Français Langue Étrangère -FLE- mais cela peut être éclairant)
- *Ombre*Grand sage
Pour ma part, davantage qu'un article (je comprends l'intérêt du sémantisme, mot qui "articule" d'autres mots dans le discours, mais la forme plurielle resterait inexplicable, même en admettant des tours comme "je permets le boire, le manger, le sortir"), je pense comme Iphigénie qu'il s'agit d'une préposition, tout simplement parce que, même dans cet emploi de "béquille de l'infinitif", "de" est concurrencé par "à" qui, à ma connaissance, n'a pas d'autre analyse grammaticale que préposition.
Ex : apprendre qcch : apprendre la natation (COD) = apprendre à nager (COD aussi).
Pour aller plus loin, cette discussion nous ramène à la précédente et à la proximité de certaines préposition, dont le rôle est aussi d'articuler entre eux les termes de la proposition, et certains articles.
Ex : apprendre qcch : apprendre la natation (COD) = apprendre à nager (COD aussi).
Pour aller plus loin, cette discussion nous ramène à la précédente et à la proximité de certaines préposition, dont le rôle est aussi d'articuler entre eux les termes de la proposition, et certains articles.
- Theriakos96Habitué du forum
Oui, mais dans la phrase "je viens d'entrer" (d'accord elle est lexicalisée, mais quand même) l'analyse par COD est impossible je crois, comment fait-on? (C'est une véritable question).
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Dicebat Bernardus Carnotensis nos esse quasi nanos, gigantium humeris insidentes, ut possimus plura eis et remotiora videre, non utique proprii visus acumine, aut eminentia corporis, sed quia in altum subvenimur et extollimur magnitudine gigantea.
– Jean de Salisbury, Metalogicon, III, 4
- *Ombre*Grand sage
Ici, venir n'est pas considéré comme un verbe régissant un complément (le sujet ne fais pas l'action de venir, ce n'est pas comme dans "Je viendrai chercher les enfants à quatre heures") mais comme un simple semi-auxiliaire servant à former le passé immédiat (on retrouve un équivalent dans le futur périphrastique).
- Theriakos96Habitué du forum
*Ombre* a écrit:Ici, venir n'est pas considéré comme un verbe régissant un complément (le sujet ne fais pas l'action de venir, ce n'est pas comme dans "Je viendrai chercher les enfants à quatre heures") mais comme un simple semi-auxiliaire servant à former le passé immédiat (on retrouve un équivalent dans le futur périphrastique).
Je suis bien d'accord, mais le de que l'on retrouve ici n'est autre chose, à mon sens et pour ce que je comprends, qu'un marqueur d'infinitif : bien que venir soit un semi-auxiliaire ici, il faut bien analyser ce de, absent dans le futur proche exprimé par la forme périphrastique, non? C'est l'analyse de celui-ci qui me pose problème, si on ne le considère pas comme un marqueur d'infinitif qui n'est là que pour signaler la dépendance de l'infinitif.
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– Jean de Salisbury, Metalogicon, III, 4
- *Ombre*Grand sage
Oui, la préposition articule l'auxiliaire et l'infinitif qui en dépend.
- Theriakos96Habitué du forum
Mais s'il y a préposition il y a complément, ici de quel complément s'agit-il? J'ai vraiment du mal à saisir ton analyse, mais je veux vraiment comprendre et m'améliorer!
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– Jean de Salisbury, Metalogicon, III, 4
- IphigénieProphète
on peut y trouver un sens d'origine, non? (enfin, en cherchant bien )
- *Ombre*Grand sage
Non, je ne pense pas malgré tout qu'on puisse analyser d'entrer comme un complément. C'est le verbe entrer qui est conjugué. Je viens d'entrer est une variante de je suis entré. On a une particularité dans la construction du semi-auxiliaire qui appelle une préposition, mais le verbe en entier, avec son sens, son temps et son aspect, est constitué de l'ensemble.
- Theriakos96Habitué du forum
Merci @Ombre et @Iphigénie de vos explications et, sans vouloir vous manquer du respect qui vous est dû, l'analyse par le marqueur de l'infinitif me convainc davantage. Mais ce fut éclairant !
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Dicebat Bernardus Carnotensis nos esse quasi nanos, gigantium humeris insidentes, ut possimus plura eis et remotiora videre, non utique proprii visus acumine, aut eminentia corporis, sed quia in altum subvenimur et extollimur magnitudine gigantea.
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- *Ombre*Grand sage
J'ajoute qu'il y a d'autres cas où "de" se glisse entre un mot et ce qui n'est pas son complément au sens strict du terme.
Par exemple, si je dis : Je n'ai rien de noir à me mettre, "de" se glisse entre le nom et l'épithète.
Par exemple, si je dis : Je n'ai rien de noir à me mettre, "de" se glisse entre le nom et l'épithète.
- Theriakos96Habitué du forum
*Ombre* a écrit:J'ajoute qu'il y a d'autres cas où "de" se glisse entre un mot et ce qui n'est pas son complément au sens strict du terme.
Par exemple, si je dis : Je n'ai rien de noir à me mettre, "de" se glisse entre le nom et l'épithète.
Mais en ce cas il n'est pas article partitif, "rien de", du type nihil noui?
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– Jean de Salisbury, Metalogicon, III, 4
- *Ombre*Grand sage
Theriakos96 a écrit:Merci @Ombre et @Iphigénie de vos explications et, sans vouloir vous manquer du respect qui vous est dû, l'analyse par le marqueur de l'infinitif me convainc davantage. Mais ce fut éclairant !
Mais l'un n'empêche pas l'autre.
Je souscris à l'analyse en tant que "marqueur de l'infinitif". Mais on peut se demander d'où vient ce marquer. Et l'alternance à/de me fait pencher pour une origine du côté de la préposition.
- *Ombre*Grand sage
Theriakos96 a écrit:*Ombre* a écrit:J'ajoute qu'il y a d'autres cas où "de" se glisse entre un mot et ce qui n'est pas son complément au sens strict du terme.
Par exemple, si je dis : Je n'ai rien de noir à me mettre, "de" se glisse entre le nom et l'épithète.
Mais en ce cas il n'est pas article partitif, "rien de", du type nihil noui?
On peut en discuter. En général, le génitif est traduit par la préposition de, en français.
J'ai dit plus haut à quel point le partitif me semblait proche de la préposition.
- SergeMédiateur
Si on analyse ce "de" comme une préposition, il faut pouvoir dire que des COD peuvent être introduits par des prépositions ? Si oui, ça fout un peu par terre la distinction canonique qui est faite partout comme un dogme clair et absolu : COD = complétement direct car sans préposition / COI complément indirect car avec préposition. C'était plus simple en latin avec l'idée Accusatif = objectif / Datif = complément d'attribution. Malheureusement, le COI français englobe bien plus que l'idée d'attribution, donc il ne peut se définir ainsi. Comme on peut apparemment laisser tomber le critère canonique (préposition/absence de préposition) pour la définition française d'un COD/COI, sur quels critères plus objectifs peut-on les définir ?
- *Ombre*Grand sage
Serge a écrit:Si on analyse ce "de" comme une préposition, il faut pouvoir dire que des COD peuvent être introduits par des prépositions ? Si oui, ça fout un peu par terre la distinction canonique qui est faite partout comme un dogme clair et absolu : COD = complétement direct car sans préposition / COI complément indirect car avec préposition.
J'explique aux élèves de bien partir de la construction du verbe, en le mettant à l'infinitif.
Même si je dis J'apprends à conduire, on dit apprendre qqch.
Même si Je dis : Ils continuent de fermer des lits d'hôpitaux alors que... on dit continuer qqch.
L'inverse se produit aussi : la préposition du COI peut disparaître quand ce COI est une conjonctive ou un pronom (bon, pour ce dernier, il y a bien la forme qui marque le cas, mais c'est peu évident pour les élèves). Dans Souviens-toi que le temps est un joueur avide, "que le temps..." est COI, même s'il n'y a pas "de", parce qu'on dit "se souvenir de qqch". Une fois que les élèves ont appris à raisonner ainsi, cela ne leur pose plus problème (même si j'évite de présenter de tels cas dans les petites classes).
- Theriakos96Habitué du forum
Serge a écrit:Si on analyse ce "de" comme une préposition, il faut pouvoir dire que des COD peuvent être introduits par des prépositions ? Si oui, ça fout un peu par terre la distinction canonique qui est faite partout comme un dogme clair et absolu : COD = complétement direct car sans préposition / COI complément indirect car avec préposition. C'était plus simple en latin avec l'idée Accusatif = objectif / Datif = complément d'attribution. Malheureusement, le COI français englobe bien plus que l'idée d'attribution, donc il ne peut se définir ainsi. Comme on doit laissait tomber apparemment le critère canonique (préposition/absence de préposition) pour la définition française d'un COD/COI, sur quels critères plus objectifs (peut-être sémantiques) peut-on les définir ?
Je pense que la notion de COD est en liée à la construction directe (bien que toute construction directe ne soit pas COD, cfr. "j'ai payé cet objet dix euros" où le complément de prix est construit directement et est pourtant CC). De toute façon la transitivité directe et indirecte est plus opérante pour décrire ce type de compliments essentiels à la valence du verbe (que ce soit CI ou COD) et cela permet de les distinguer aisément du CC ; en latin un datif peut être CC, par exemple, donc ce n'est pas forcément plus clair (haec tibi scribo, j'écris cela pour toi, où le datif n'est pas CI mais CC d'intérêt). Je trouve l'opposition COD/CI moins intéressante que Complément Essentiel vs. CC, c'est ce que j'entends.
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