- cannelle21Grand Maître
J'ai retrouvé une explication du poème Femme, réalisée par mon professeur lorsque j'étais en prépa. J'avais mis au propre mes notes il y a quelques années. Je ne sais pas si ça peut vous aider.
- Femme:
Remarques en vrac
- rêverie morbide et malsaine d’une femme torturée par ses fantasmes
- violence et crudité de ses propos
- le dernier vers voit apparaître un changement de voix : on passe à celle du poète qui semble projeter sur la scène nocturne un regard extérieur
Un dispositif d’énonciation fictive :
- Tristan Corbière attribue à une personne féminine, non identifiée, une énonciation fictive c'est-à-dire un monologue intérieur qui se caractérise par son expressivité
- Charge émotive que signale la récurrence des points d’exclamation
- Il n’y a pas de destinataire externe. Par contre on notera l’institution d’une forme de dialogue avec soi
- Ce dialogue fictif sert l’expression des tentations, des impulsions du sujet, d’un Eros exacerbé et pervers
Problème du lyrisme du texte
- Comme dans le lyrisme on retrouve des affects et des pulsions.
- Cette expression donne d’ailleurs lieu à un discours ininterrompu et elliptique, perpétuellement brisé. Si bien que l’aveu que le sujet féminin se fait à lui-même des sollicitations et des pulsions qui le travaillent, se traduit sous forme syncopée, comme des éclats de voix.
- Nous avons donc la forme intermittente d’un discours lacunaire qui vient s’extraire d’un fond inconscient, d’une opacité impénétrable.
- La forme rompue qu’affecte la discursivité mime les aléas et difficultés d’une parole qui à tout moment menace de se résorber dans le silence
Donc : le poème se présente sous la forme d’un soliloque nocturne, d’une parole solitaire, exclusive
- on notera la véhémence des assertions comme des refus.
- Intermittence du débit que figurent aussi bien les points de suspension que les tirets : ils marquent une interruption de la parole, la régression vers un stade prélangagier. Dans le même sens on relèvera les juxtapositions.
- Refuse à la discursivité toute forme d’élaboration continue.
- Assertions contradictoires
Donc un discours qui ne progresse pas, qui est condamné à stagner, c'est-à-dire à se débattre dans un écartèlement constant entre des sollicitations contradictoires qui viennent s’annuler.
Désarticulation des vers
- elle est produite par la surabondance des marques de ponctuation, des signes typographiques
- on assiste à une défiguration de la poésie
- le monologue de l’énonciatrice se présente comme la version caricaturale, dégradée et parodique du monologue lyrique
Version caricaturale du monologue lyrique
- Normalement le monologue délibératif traduit l’hésitation du sujet face à un dilemme : lyrisme de la perplexité. Mais il doit également présenter un aspect argumentatif et logique qui conduit à une progressive résolution des contradictions.
- Or ici il ne semble pas y avoir de progression logique : la résolution reste problématique.
Existence d’une progression qui conduirait le sujet à une probable décision
- strophe I à IV : la locutrice définit la situation c'est-à-dire les termes de l’antagonisme face auxquels elle se trouve placée
- dans un deuxième temps : elle fait valoir les objections rationnelles qui s’opposent à la réalisation de son désir : l’énonciatrice réfute un certain nombre d’objections, surmonte les réticences ou tentations d’abandon du projet de séduction.
- Puis on retrouve l’adhésion résolue à son désir, l’obéissance lucide à ce que lui dicte la tyrannie du fantasme auquel elle est assujettie.
Néanmoins cette lecture et progression sont mises à mal par la conclusion du discours : « songe creux… » parce que le jugement que formule l’allocutrice la conduit au terme de son antagonisme initial.
On aboutit donc à une fin suspensive, iconiquement signifiée par la ligne de points et les points de suspension.
Version dégradée du monologue lyrique
- en général l’énonciateur devrait se voir confirmer son statut d’héroïne : mais ici nous avons le monologue d’une hystérique, nymphomane et perverse
- les termes du conflit ne sont même pas l’amour ou la haine, mais l’attirance, la convoitise et la répulsion
- il n’y a aucune référence à une fatalité, à laquelle le sujet serait soumis par un destin impitoyable et transcendant. / On a l’obéissance à un déterminisme psychophysiologique : la volonté du sujet obéit au mouvement irrationnel de la pulsion
- attentat fomenté contre un certain nombre de stéréotypes culturels, notamment
* celui du mythe d’Eve et de la tentation : ici sorte de défiguration du mythe ramené à une histoire de convoitise alimentaire
* celui de galanterie au vers 17 : les feux de l’amour sont réduits à des signaux matériels
* traitement blasphématoire de la référence christique
A travers ce monologue s’effectue le portrait de la locutrice
- la femme est vue comme un être corrompu, dominé par le démon de la luxure, assujettie à la part obscure de son être.
- La femme trouve une jouissance à se définir dans un monologue agressif et cynique
- elle semble aliénée à un fantasme
Donc le monologue lyrique traduit l’avilissement de la créature déchue qui se repaît du spectacle de sa déchéance.
Conclusion : le modèle lyrique est présent dans ce texte mais est subverti de façon paradoxale et provocatrice. Il s’agit d’assumer cet héritage en le soumettant à un traitement corrosif qui le conteste radicalement
- FiatLuxFidèle du forum
Comment faites-vous pour "ficher" Corbière ? Pour tous les autres auteurs, je lis le livre et note le résumé des passages sur une page, ainsi que des citations qui me sautent aux yeux dès la première lecture ou quelques remarques brèves. Pour Corbière, l'entreprise me semble plus difficile étant donné qu'il y a un sacré nombre de poèmes tous plus obscurs les uns que les autres. Pour l'instant je résume chaque poème en une ligne, surligne le titre de ceux qui me paraissent particulièrement intéressants et note des passages. Le rendu est peu satisfaisant.
- SaloumHabitué du forum
Pour ma part, je fais une lecture tabulaire du recueil (conseillée par Sévigné) en renseignant les rubriques suivantes : 1. Section, 2. titre, 3. résumé/thème, 4. enjeux globaux/place dans le recueil, 5. remarques précises/faits de langue/versification, 6. Citations, 7. intertextualité/références/échos.
C'est extrêmement fastidieux, mais ça me permet d'approfondir un peu chaque poème. Je rajoute des éléments au fur et à mesure que je glane des informations ici ou là. Le travail d'autres agrégatifs posté sur la Dropbox m'a bien aidé, soit pour relancer mon intérêt, approfondir certains textes ou en guise de base de travail.
Bon courage !
C'est extrêmement fastidieux, mais ça me permet d'approfondir un peu chaque poème. Je rajoute des éléments au fur et à mesure que je glane des informations ici ou là. Le travail d'autres agrégatifs posté sur la Dropbox m'a bien aidé, soit pour relancer mon intérêt, approfondir certains textes ou en guise de base de travail.
Bon courage !
- Euterpe03Niveau 5
Bonjour,
J’ai fait comme Saloum. C’est long, fastidieux, décourageant et chronophage mais c’est très utile. J’ai mis deux mois à faire ce tableau.... alors que pour les autres auteurs, ça va plus vite.
Courage !
J’ai fait comme Saloum. C’est long, fastidieux, décourageant et chronophage mais c’est très utile. J’ai mis deux mois à faire ce tableau.... alors que pour les autres auteurs, ça va plus vite.
Courage !
- MelennNiveau 1
Pour aider à comprendre ce recueil difficile:
l'édition d'Aragon & Bonnin, nécessaire
la présentation très éclairante de Yann Mortelette dans le recueil Ellipse sur les programmes de litt. 2020 (80 p.)
De Corbière à Tristan, de Pascal Rannou (sur les aspects bretons, comme l'écrit JP Bertrand, mais pas seulement: bcp d'analyse stylistiques)
l'intro de Ch. Angelet, en livre de poche, réédité récemment, outre celle de l'éd. de JP Bertrand (et son livre La poétique de TC)
Le Temps jaune, de Marshall Lindsay, difficile à trouver, mais se lit en bibl.
Bon courage!
l'édition d'Aragon & Bonnin, nécessaire
la présentation très éclairante de Yann Mortelette dans le recueil Ellipse sur les programmes de litt. 2020 (80 p.)
De Corbière à Tristan, de Pascal Rannou (sur les aspects bretons, comme l'écrit JP Bertrand, mais pas seulement: bcp d'analyse stylistiques)
l'intro de Ch. Angelet, en livre de poche, réédité récemment, outre celle de l'éd. de JP Bertrand (et son livre La poétique de TC)
Le Temps jaune, de Marshall Lindsay, difficile à trouver, mais se lit en bibl.
Bon courage!
- calistaNiveau 8
Bonjour,
A propos du poème "Bohème de chic" : quelqu’un a-t-il compris pourquoi le poète est mis en prison? V.47
Merci si vous voyez....
A propos du poème "Bohème de chic" : quelqu’un a-t-il compris pourquoi le poète est mis en prison? V.47
Merci si vous voyez....
- isocèleNiveau 7
Outrage public à la pudeur ? (strophe précédente)
- SaloumHabitué du forum
Je ne sais pas précisément, mais au ton général du poème, je dirais : errance débraillée, provocations, ivresse ou indécence ? Il ne me semble pas y avoir de raison précise évoquée dans le texte.
Et en retour : j'ai lu plusieurs fois que "Duel aux camélias" comportaient des allusions sexuelles, mais j'ai beau relire le texte, je ne vois pas. Voir dans ce duel un duel amoureux, je veux bien, mais je n'y vois pas grand chose de scabreux. Et vous ?
Et en retour : j'ai lu plusieurs fois que "Duel aux camélias" comportaient des allusions sexuelles, mais j'ai beau relire le texte, je ne vois pas. Voir dans ce duel un duel amoureux, je veux bien, mais je n'y vois pas grand chose de scabreux. Et vous ?
- SaloumHabitué du forum
Ah oui, Isocèle, tu dois avoir raison : "Je lève haut la cuisse" = "je fais pipi sur tout ce qui se présente" ?
- AsterNiveau 6
Bonsoir,
en ce qui concerne "Bohème de chic", je pense qu'il faut voir dans le vers "je lève haut la cuisse" une métaphore in absentia associant le poète à un chien, mais nous pouvons aussi le lire comme une allusion à la prostitution, concrète et poétique. En tous les cas, il y a motif à emprisonnement.
en ce qui concerne "Bohème de chic", je pense qu'il faut voir dans le vers "je lève haut la cuisse" une métaphore in absentia associant le poète à un chien, mais nous pouvons aussi le lire comme une allusion à la prostitution, concrète et poétique. En tous les cas, il y a motif à emprisonnement.
- calistaNiveau 8
Merci à tous et toutes, je pensais à ce que vous dites, surtout les vers 42-43: allusion à un acte sexuel avec une prostituée, en pleine rue? Aragon-Bonin disent qu'une "borne " est une fille publique? Il va en prison pour cela, avec peut être l'accusation d'attentat à la pudeur?
- isocèleNiveau 7
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Outrage_public_%C3%A0_la_pudeur
- isocèleNiveau 7
@Saloum
"J'ai vu le soleil dur contre les touffes
Ferrailler
"Rose comme..." Point de suspension allusifs "Et puis un fleuret plia." Fleuret comme dard = impuissance.
Camélias pour sexes, rose pour la dame, blanc pour l'amant "gros camélia"?
"J'ai vu le soleil dur contre les touffes
Ferrailler
"Rose comme..." Point de suspension allusifs "Et puis un fleuret plia." Fleuret comme dard = impuissance.
Camélias pour sexes, rose pour la dame, blanc pour l'amant "gros camélia"?
- SaloumHabitué du forum
Merci Isocèle ! Mais je persiste : ça ne va pas de soi !
- AsterNiveau 6
Ne le prends pas mal Saloum c'est pas méchant. Je suis d'accord avec toi pour dire que le poème est difficile, on dirait un tableau moderne, comme de l'art abstrait.
- isocèleNiveau 7
Mon explication est tout autant scabreuse que le sont ces vers.
- SaloumHabitué du forum
Je ne le prends pas mal du tout, rassure-toi, Aster ! Je trouve simplement que cette métaphore ne s'impose pas (pour moi en tous cas) et le poème m'intéresse beaucoup plus sans (sans être bégueule !). Je suis d'accord avec toi pour le tableau abstrait.
Et puis, si on file la métaphore sur tout le texte, que penser de la fin : "A moi, plaie ouverte et fleur printanière !/Camélia vivant de sang panaché" ? D'autant que j'ai lu quelque part que la mention sous le texte "Veneris Dies" pouvait renvoyer aux maladies vénériennes !
Et puis, si on file la métaphore sur tout le texte, que penser de la fin : "A moi, plaie ouverte et fleur printanière !/Camélia vivant de sang panaché" ? D'autant que j'ai lu quelque part que la mention sous le texte "Veneris Dies" pouvait renvoyer aux maladies vénériennes !
- MelennNiveau 1
Bonjour,
Prq le personnage de Bohême de chic est-il en prison? Il n'y va pas tjr: "Quand un servile estafier au violon me culbute..." Mais il va de tps en tps, sans doute pour simple délit de vagabondage: le poème brosse le portrait d'un marginal, étymologiquement cynique puisqu'il urine, comme un chien, mais ici par mépris sur à peu près tout ce qu'il rencontre... Ce poème me semble être une variation drolatique de Paria, tragique portrait du marginal si svt mis en scène dans les AJ.
Je ne vois pas d'allusion sexuelle dans Duel aux camélias, poème aussi grave et douloureux que l'est Paria. Il y en a bcp dans les AJ, inutile d'en rajouter! "Veneris dies" peut simplement signifier "jour de Vénus", le latin donnant un côté plus hiératique à l'amour, dont la vision est ici plus tragique que grinçante (et c'est un vendredi 13!). "Plaie ouverte" ne me paraît pas être une métaphore: un duel à l'épée provoque des plaies ouvertes, même s'il peut s'agir aussi de la plaie amoureuse...
"Soleil dur" = implacable, témoin d'un duel, et qui accable déjà de sa force la végétation: les "touffes". Le chiasme amène l'autre duel entre les fers" (épées) qui lancent des éclats de lumières en s'entrechoquant ("soleiller"). Cette danse nuptiale est ridicule : "parades bouffes". "Blanc" = livide, et voir les sens symboliques du camélia: jeunesse, passion... "Un camélia blanc - là - comme Sa gorge": le blanc connote à l'époque la beauté féminine, le "camélia jaune" ptê le duelliste vaincu et défait ("mâché"). Les sangs des duellistes se mêlent, se "panachent".
La difficulté de ce txt et la fascin° qu'il provoque viennent du fait que presque tout y est métaphorique/métonymique, sauf "monsieur en linge". Commentaires éclairants chez Angelet, Rannou (p. 333-336), Laroche (p. 233) - mais Aragon/Bonnin me semblent s'égarer en voyant ici "grotesque", "détachement amusé", "vision ironique"... Poème extatique, visionnaire, halluciné,"tableau moderne", oui. L'énonciateur semble pris par une vision qui le fige et qu'il ne comprend pas.
Prq le personnage de Bohême de chic est-il en prison? Il n'y va pas tjr: "Quand un servile estafier au violon me culbute..." Mais il va de tps en tps, sans doute pour simple délit de vagabondage: le poème brosse le portrait d'un marginal, étymologiquement cynique puisqu'il urine, comme un chien, mais ici par mépris sur à peu près tout ce qu'il rencontre... Ce poème me semble être une variation drolatique de Paria, tragique portrait du marginal si svt mis en scène dans les AJ.
Je ne vois pas d'allusion sexuelle dans Duel aux camélias, poème aussi grave et douloureux que l'est Paria. Il y en a bcp dans les AJ, inutile d'en rajouter! "Veneris dies" peut simplement signifier "jour de Vénus", le latin donnant un côté plus hiératique à l'amour, dont la vision est ici plus tragique que grinçante (et c'est un vendredi 13!). "Plaie ouverte" ne me paraît pas être une métaphore: un duel à l'épée provoque des plaies ouvertes, même s'il peut s'agir aussi de la plaie amoureuse...
"Soleil dur" = implacable, témoin d'un duel, et qui accable déjà de sa force la végétation: les "touffes". Le chiasme amène l'autre duel entre les fers" (épées) qui lancent des éclats de lumières en s'entrechoquant ("soleiller"). Cette danse nuptiale est ridicule : "parades bouffes". "Blanc" = livide, et voir les sens symboliques du camélia: jeunesse, passion... "Un camélia blanc - là - comme Sa gorge": le blanc connote à l'époque la beauté féminine, le "camélia jaune" ptê le duelliste vaincu et défait ("mâché"). Les sangs des duellistes se mêlent, se "panachent".
La difficulté de ce txt et la fascin° qu'il provoque viennent du fait que presque tout y est métaphorique/métonymique, sauf "monsieur en linge". Commentaires éclairants chez Angelet, Rannou (p. 333-336), Laroche (p. 233) - mais Aragon/Bonnin me semblent s'égarer en voyant ici "grotesque", "détachement amusé", "vision ironique"... Poème extatique, visionnaire, halluciné,"tableau moderne", oui. L'énonciateur semble pris par une vision qui le fige et qu'il ne comprend pas.
- SaloumHabitué du forum
Melenn, tu confirmes des intuitions que j'avais pour "Duel aux Camélias" et qui se voyaient retoquées par certains critiques (au moins deux, j'essaierai d'en retrouver les références) pour lesquels ce poème serait truffé d'allusions sexuelles, sans qu'ils le démontrent.
Bon, ce n'est pas la première fois que je rencontre des interprétations différentes voire contradictoires des poèmes de Corbière. Cela tient sans doute à la difficulté de sa poésie.
En tout cas merci, tes analyses sont éclairantes. Tu as l'air d'avoir déjà une solide maîtrise de l’œuvre !
Bon, ce n'est pas la première fois que je rencontre des interprétations différentes voire contradictoires des poèmes de Corbière. Cela tient sans doute à la difficulté de sa poésie.
En tout cas merci, tes analyses sont éclairantes. Tu as l'air d'avoir déjà une solide maîtrise de l’œuvre !
- isocèleNiveau 7
Bonsoir,
Ce que je trouve difficile à percevoir ds ce poème "Duel aux camélias", c'est l'énonciation.
On peut toujours capillotracter et trouver effectivement des termes qui renvoient à des allusions érotiques.
Le "je" voit une scène, typique du duel avec ses témoins. A partir du moment où le fleuret plie, le "je" voit rouge et conclut qu'"on" s'égorge. "on" les duellistes ? Le couple dont la relation est métaphorisée en duel ? Qu'en est-il du "je" ?
La femme apparaît ou plutôt "sa gorge", est-elle présente comme le suppose "l'autre fleur sur la branche", bref, la scène est loin d'être limpide.
La référence au "jaune" donne à penser qu'il s'agit de la voix du poète, l'amoureux dans ses désillusions successives.
Et puis l'amour tombe de "sa" boutonnière, il est "mort".
Bon, ce n'est pas simple.
Les premiers qui questionnent leur prof à propos de ce poème sont priés de nous faire part de leur exégèse, merci !
Ce que je trouve difficile à percevoir ds ce poème "Duel aux camélias", c'est l'énonciation.
On peut toujours capillotracter et trouver effectivement des termes qui renvoient à des allusions érotiques.
Le "je" voit une scène, typique du duel avec ses témoins. A partir du moment où le fleuret plie, le "je" voit rouge et conclut qu'"on" s'égorge. "on" les duellistes ? Le couple dont la relation est métaphorisée en duel ? Qu'en est-il du "je" ?
La femme apparaît ou plutôt "sa gorge", est-elle présente comme le suppose "l'autre fleur sur la branche", bref, la scène est loin d'être limpide.
La référence au "jaune" donne à penser qu'il s'agit de la voix du poète, l'amoureux dans ses désillusions successives.
Et puis l'amour tombe de "sa" boutonnière, il est "mort".
Bon, ce n'est pas simple.
Les premiers qui questionnent leur prof à propos de ce poème sont priés de nous faire part de leur exégèse, merci !
- MelennNiveau 1
Bonjour,
L'énonci° me paraît relativement claire: "je" assiste en effet à un duel, ou du moins il le fantasme. En fait, le duel est ptê dès le départ la métaphore de la lutte amoureuse: mais avec qui? Entre deux rivaux, ou entre l’énonciateur et la femme désirée? Isocèle dit: "On" les duellistes ? Le couple dont la relation est métaphorisée en duel ? Qu'en est-il du "je" ? - Les deux: le couple métaphorisé en duellistes, ou un couple et un élément extérieur (comme TC l'était face à Armida/Marcelle et Rodolphe, avec qui il formait une sorte de ménage à trois).
Donc, contrairement à ce je disais hier, "monsieur en linge" serait aussi métaphorique, si on a affaire à un duel comme métaphorisant le combat amoureux...
L'amoureux s'imagine brettant... Pour Hugues Laroche et Aragon/Bonnin, l'énonciateur participe au duel, interprétation contre laquelle Pascal Rannou s'inscrit en faux. Il est vrai qu'on a 3 personnages au moins: "je" voit "deux fers", sans omettre les témoins, les "merles". Mais il ne semble pas participer: le dernier tercet le montre comme s'éveillant d'un rêve.
Les v. 6-7 sont énigmatiques: Rannou écrit qu'on ne peur faire ici qu’une "complication de texte", comme l'écrit Todorov à propos des "Illuminations"... mais il faut qd même essayer d'expliquer (ce qu'il fait, d'ailleurs), car on ne va pas dire ça à l'oral... enfin, on peut, mais le résultat n'est pas garanti. Si un des duellistes est un "camélia blanc", l'autre serait le camélia jaune, "mâché" car battu...
"Une autre fleur rose était sur la branche..." Est-ce un duelliste? Un témoin? Ou la femme, puisqu'elle est "rose comme..." Plus loin , le camélia est blanc "Sa gorge". Rose au départ, puis blanche de peur? Les deux "comme" semblent renvoyer à la femme, témoin et enjeu du duel.
Si l'amoureux échoue, l'amour tombe de sa boutonnière, comme le camélia qui y était fixé... Il souffre d’une plaie amoureuse, métaphorisée en blessure causée par l'épée dans la scène fantasmée. "Je vois rouge": plutôt: je vois le sang couler que "je me mets en colère", car il a l'air complètement anesthésié...
Ce poème s'inscrit bien dans la thématique de la chasse amoureuse, mais bien moins sarcastique que dans "Sérénade des sérénades."
Sa tonalité est celle d'"Heures". Et c'est en plus un pastiche de Baudelaire, plutôt un hommage car pas parodique, comme le sont "La pipe au poète" et "Bonne fortune & fortune".
L'énonci° me paraît relativement claire: "je" assiste en effet à un duel, ou du moins il le fantasme. En fait, le duel est ptê dès le départ la métaphore de la lutte amoureuse: mais avec qui? Entre deux rivaux, ou entre l’énonciateur et la femme désirée? Isocèle dit: "On" les duellistes ? Le couple dont la relation est métaphorisée en duel ? Qu'en est-il du "je" ? - Les deux: le couple métaphorisé en duellistes, ou un couple et un élément extérieur (comme TC l'était face à Armida/Marcelle et Rodolphe, avec qui il formait une sorte de ménage à trois).
Donc, contrairement à ce je disais hier, "monsieur en linge" serait aussi métaphorique, si on a affaire à un duel comme métaphorisant le combat amoureux...
L'amoureux s'imagine brettant... Pour Hugues Laroche et Aragon/Bonnin, l'énonciateur participe au duel, interprétation contre laquelle Pascal Rannou s'inscrit en faux. Il est vrai qu'on a 3 personnages au moins: "je" voit "deux fers", sans omettre les témoins, les "merles". Mais il ne semble pas participer: le dernier tercet le montre comme s'éveillant d'un rêve.
Les v. 6-7 sont énigmatiques: Rannou écrit qu'on ne peur faire ici qu’une "complication de texte", comme l'écrit Todorov à propos des "Illuminations"... mais il faut qd même essayer d'expliquer (ce qu'il fait, d'ailleurs), car on ne va pas dire ça à l'oral... enfin, on peut, mais le résultat n'est pas garanti. Si un des duellistes est un "camélia blanc", l'autre serait le camélia jaune, "mâché" car battu...
"Une autre fleur rose était sur la branche..." Est-ce un duelliste? Un témoin? Ou la femme, puisqu'elle est "rose comme..." Plus loin , le camélia est blanc "Sa gorge". Rose au départ, puis blanche de peur? Les deux "comme" semblent renvoyer à la femme, témoin et enjeu du duel.
Si l'amoureux échoue, l'amour tombe de sa boutonnière, comme le camélia qui y était fixé... Il souffre d’une plaie amoureuse, métaphorisée en blessure causée par l'épée dans la scène fantasmée. "Je vois rouge": plutôt: je vois le sang couler que "je me mets en colère", car il a l'air complètement anesthésié...
Ce poème s'inscrit bien dans la thématique de la chasse amoureuse, mais bien moins sarcastique que dans "Sérénade des sérénades."
Sa tonalité est celle d'"Heures". Et c'est en plus un pastiche de Baudelaire, plutôt un hommage car pas parodique, comme le sont "La pipe au poète" et "Bonne fortune & fortune".
- isocèleNiveau 7
Merci Melenn !
Dans mon édition nrf, il y a une coquille "Un monsieur en ligne", c'est visionnaire !
Sinon, je me demandais ce matin, si au-delà de l'hommage à Baudelaire, il ne fallait pas non plus parler du code couleur dans le roman de Dumas, que le titre convoque, et de la triste fin :
"Sa gorge" d'abord blanche puis jaune maladif puis rouge comme le sang.
Dans mon édition nrf, il y a une coquille "Un monsieur en ligne", c'est visionnaire !
Sinon, je me demandais ce matin, si au-delà de l'hommage à Baudelaire, il ne fallait pas non plus parler du code couleur dans le roman de Dumas, que le titre convoque, et de la triste fin :
"Sa gorge" d'abord blanche puis jaune maladif puis rouge comme le sang.
- MelennNiveau 1
Attention, Isocèle: l'édition Lalanne est à fuir! Il fait des fautes ("ligne" n'est pas mal, en effet!) et "rectifie" ce qu'il croit être des fautes de TC: les géminations ("siffle"/giffle", que TC fait "rimer pour l’œil"; les mots en -ans comme brisans ou faisans, que TC écrit comme son père et que Lalanne réécrit "faisant" et "brisant"...). Il faut vite vous mettre à la version au programme, d'autant plus que vous pouvez référer à sa pagin° dans une copie, d'où l'intérêt de se familiariser avec elle. JP Bertrand synthétise très bien les travaux antérieurs. Aragon/Bonnin reste nécessaire, même si leurs commentaires sont discutables ou qu'ils maltraitent parfois les mouches. Et d'accord pour l'intertextualité de Dumas, bien sûr.
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