- AsterNiveau 6
Bonjour,
A propos du "Novice en partance et sentimental"...
Pourriez-vous me dire comment vous comprenez les vers suivants ?
- vers 17 - 18 : " Elle donnait la main à manger mon décompte / Et mes avances à manger." >>> Elle m'aidait à dépenser mon argent, et à m'endetter (?)
- vers 112 : " Une autre fois mieux ! "
Merci pour votre aide.
A propos du "Novice en partance et sentimental"...
Pourriez-vous me dire comment vous comprenez les vers suivants ?
- vers 17 - 18 : " Elle donnait la main à manger mon décompte / Et mes avances à manger." >>> Elle m'aidait à dépenser mon argent, et à m'endetter (?)
- vers 112 : " Une autre fois mieux ! "
Merci pour votre aide.
- HélanneNiveau 1
Bonjour Aster,
Pour Bitor, il me semble que ce sont justement les marins, « mateluches », qui maltraitent Bitor, non ? Je n’ai pas le texte sous les yeux, mais, de mémoire, ils l’accusent par exemple de vouloir leur prendre leurs punaises, c’est-à-dire les filles du Cap-Horn. Je relirai le passage tout à l’heure pour vérifier... je me trompe peut-être.
Pour le Novice, j’ai compris les vers comme toi. Et « Une autre fois mieux », il me semble que c’est vers la fin, non ? Au moment de se quitter ? Je crois me souvenir que j’ai lu ça comme une sorte de formule d’Adieu toute faite du marin.
Désolée, je ne suis pas très précise mais je n’ai pas le texte avec moi et je me connecte moins sur Neoprofs en ce moment, alors je te réponds tant que je suis sur le site
Bonne journée et bon courage
Pour Bitor, il me semble que ce sont justement les marins, « mateluches », qui maltraitent Bitor, non ? Je n’ai pas le texte sous les yeux, mais, de mémoire, ils l’accusent par exemple de vouloir leur prendre leurs punaises, c’est-à-dire les filles du Cap-Horn. Je relirai le passage tout à l’heure pour vérifier... je me trompe peut-être.
Pour le Novice, j’ai compris les vers comme toi. Et « Une autre fois mieux », il me semble que c’est vers la fin, non ? Au moment de se quitter ? Je crois me souvenir que j’ai lu ça comme une sorte de formule d’Adieu toute faite du marin.
Désolée, je ne suis pas très précise mais je n’ai pas le texte avec moi et je me connecte moins sur Neoprofs en ce moment, alors je te réponds tant que je suis sur le site
Bonne journée et bon courage
- AsterNiveau 6
Bonjour Hélanne, merci pour ton aide !
Comment as-tu compris les paroles de Mary-Saloppe dans "Le Bossu B..." : "Quelques couteaux pleuvent... Mary-Saloppe / D'un beau mouvement, hèle : - A moi sa place ! " ?
Veut-elle prendre la place de Bitor dans la couverture pour le protéger, tout en feignant de vouloir jouer à son tour à être jetée en l'air ?
Elle n'est pas intervenue plus tôt, a laissé faire : dureté du milieu donc de cette femme, mêlée d'humanité ?
Merci encore et à bientôt d'échanger.
Comment as-tu compris les paroles de Mary-Saloppe dans "Le Bossu B..." : "Quelques couteaux pleuvent... Mary-Saloppe / D'un beau mouvement, hèle : - A moi sa place ! " ?
Veut-elle prendre la place de Bitor dans la couverture pour le protéger, tout en feignant de vouloir jouer à son tour à être jetée en l'air ?
Elle n'est pas intervenue plus tôt, a laissé faire : dureté du milieu donc de cette femme, mêlée d'humanité ?
Merci encore et à bientôt d'échanger.
- DeliaEsprit éclairé
A toutes fins utiles :
Une marie-*** est un chaland destiné à recevoir les vases et sables extraits par dragage. En général, le chargement s'effectue depuis une drague à disque désagrégateur ou depuis une drague à godets, le long de laquelle la marie-*** vient s'amarrer. Lorsque la marie-*** est pleine, elle est emmenée pour être déchargée, soit à quai par le dessus (benne preneuse ou roue à rochets) soit par ouverture du fond par le bas dans une zone de dépotage.
Le mot a vieilli depuis le XIXe siècle au sens de « femme malpropre » ou de « prostituée ».
_________________
Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle.
Amadou Hampaté Ba
- HélanneNiveau 1
Oui, c’est la lecture qu’en proposent Aragon/Bonnin.
Comment travailles-tu pour Corbière ? Tu prends des notes ? Tu fiches ? Comment ? J’ouvre la question à d’autres... Ceux/celles qui ont travaillé Corbière.
J’ai presque fini, il ne me reste plus que « Rondels pour après », mais j’y ai passé un temps fou. J’ai l’impression qu’il m’en reste pas mal de choses mais les premiers poèmes sont, pour certains, déjà un peu oubliés. C’est extrêmement riche, mais j’ai vraiment souffert par moments parce que je ne savais pas quelle méthode suivre pour en garder quelque chose que je puisse ensuite efficacement exploiter...
Comment travailles-tu pour Corbière ? Tu prends des notes ? Tu fiches ? Comment ? J’ouvre la question à d’autres... Ceux/celles qui ont travaillé Corbière.
J’ai presque fini, il ne me reste plus que « Rondels pour après », mais j’y ai passé un temps fou. J’ai l’impression qu’il m’en reste pas mal de choses mais les premiers poèmes sont, pour certains, déjà un peu oubliés. C’est extrêmement riche, mais j’ai vraiment souffert par moments parce que je ne savais pas quelle méthode suivre pour en garder quelque chose que je puisse ensuite efficacement exploiter...
- AsterNiveau 6
Merci beaucoup Hélanne, tu m'encourages,
Je passe moi aussi beaucoup de temps sur cette oeuvre, comme sur les autres d'ailleurs, mais c'est tout à fait normal,
pour l'instant je prends des notes pour chaque poème, essentiellement sur le sens littéral, et écris quelques remarques, sur un cahier. Et puis, les échanges sur le forum !
Je passe moi aussi beaucoup de temps sur cette oeuvre, comme sur les autres d'ailleurs, mais c'est tout à fait normal,
pour l'instant je prends des notes pour chaque poème, essentiellement sur le sens littéral, et écris quelques remarques, sur un cahier. Et puis, les échanges sur le forum !
- AsterNiveau 6
Aster a écrit:A propos de "Femme" :
1. Angelet note que le dernier vers du poème - "_ Une nuit blanche... un jour sali..." - fait entendre la voix de l'homme. Mais je ne vois rien qui indique cela, si ce n'est -je ne suis sûre de rien- une modalité nouvelle de l'énonciation, plus amère ?
2. Je repère le calembour blanc / sale qui redouble l'opposition nuit / jour. Il met à mal, dénonce la parole humaine dans ce qu'elle a d'arbitraire et de stéréotypé -"une nuit blanche"- mais le jeu de mots ne nous éloigne-t-il pas trop d'un sens ?
Il nous est par ailleurs indiqué que le poète a retouché cet ultime vers en "un drap sali", segment qui a le mérite de clarifier le sens du vers, mais l'inconvénient de ne plus exhiber le cliché "nuit blanche"...
Qu'en pensez-vous ?
Je me permets de faire remonter ce message
- AsterNiveau 6
Bonjour,
et à propos du poème intitulé "Male-Fleurette", je voudrais échanger avec vous autour des significations possibles des vers 5 et 6 (surtout du vers 5) : il est écrit à propos de cette fleur : " On crache dessus, on l'imite même, / Pour en effrayer les gens très sensés..."
Que comprendre ?
1. La "male-fleurette" est métaphore de l'amour, présenté dans l'oeuvre sur le mode de la contrariété et de l'ambivalence (cf. "amours jaunes"). Alors le vers 5 peut se paraphraser ainsi : le poète (et les poètes qui lui ressemblent, ceux de la bohème, "on") critique l'amour, violente les représentations idéalisantes de l'amour pour faire peur au lecteur bourgeois ; pire, le poète tout à la fois critique cette idée de l'amour et la mime, ce qui trouble le lecteur, qui n'y comprend plus rien (cf. recherche d'une certaine illisibilité).
2. La "male-fleurette" est métaphore de la poésie rangée sous le patronage de Baudelaire. Mon raisonnement est le même, en remplaçant l'amour par la poésie du maître.
Les deux lectures, qui peuvent s'associer, me semblent mettre en relief l'idée de "pose", de "chic", et nous revenons à l'idée d'une écriture poétique placée sous le signe du jeu de la légèreté, et de la dépendance. Et un hommage à Baudelaire.
J'espère que nous allons frotter nos intelligences ! :lecteur:
et à propos du poème intitulé "Male-Fleurette", je voudrais échanger avec vous autour des significations possibles des vers 5 et 6 (surtout du vers 5) : il est écrit à propos de cette fleur : " On crache dessus, on l'imite même, / Pour en effrayer les gens très sensés..."
Que comprendre ?
1. La "male-fleurette" est métaphore de l'amour, présenté dans l'oeuvre sur le mode de la contrariété et de l'ambivalence (cf. "amours jaunes"). Alors le vers 5 peut se paraphraser ainsi : le poète (et les poètes qui lui ressemblent, ceux de la bohème, "on") critique l'amour, violente les représentations idéalisantes de l'amour pour faire peur au lecteur bourgeois ; pire, le poète tout à la fois critique cette idée de l'amour et la mime, ce qui trouble le lecteur, qui n'y comprend plus rien (cf. recherche d'une certaine illisibilité).
2. La "male-fleurette" est métaphore de la poésie rangée sous le patronage de Baudelaire. Mon raisonnement est le même, en remplaçant l'amour par la poésie du maître.
Les deux lectures, qui peuvent s'associer, me semblent mettre en relief l'idée de "pose", de "chic", et nous revenons à l'idée d'une écriture poétique placée sous le signe du jeu de la légèreté, et de la dépendance. Et un hommage à Baudelaire.
J'espère que nous allons frotter nos intelligences ! :lecteur:
- calistaNiveau 8
Bonsoir Aster,
Plutôt d'accord avec ta proposition 2, pour le v.5 : affiliation baudelairienne et poésie qui ici présente un aspect énigmatique du fait qu’elle ne soit pas perceptible par « les gens très sensés »
Plutôt d'accord avec ta proposition 2, pour le v.5 : affiliation baudelairienne et poésie qui ici présente un aspect énigmatique du fait qu’elle ne soit pas perceptible par « les gens très sensés »
- calistaNiveau 8
Bonsoir,
A mon tour de demander vos lumières sur le poème "Duel aux camélias".
J'ai compris que le narrateur observe un duel pour une femme entre l"officiel" et l'amant. Il y a aussi "des merles" qui observent, c'est à dire les témoins du duel, cf note 3 du livre p.114
Mais je ne suis pas certaine du statut du narrateur: est-il aussi narrateur-personnage, c'est à dire duelliste "V.14 "A moi, plaie ouverte et fleur printanière!"? Est-il le camélia jaune, cocu, face au camélia blanc, l'amant blanc élégant?
Si vous pouviez me dire ce que vous vous avez compris de la scène?
Merci d'avance!
A mon tour de demander vos lumières sur le poème "Duel aux camélias".
J'ai compris que le narrateur observe un duel pour une femme entre l"officiel" et l'amant. Il y a aussi "des merles" qui observent, c'est à dire les témoins du duel, cf note 3 du livre p.114
Mais je ne suis pas certaine du statut du narrateur: est-il aussi narrateur-personnage, c'est à dire duelliste "V.14 "A moi, plaie ouverte et fleur printanière!"? Est-il le camélia jaune, cocu, face au camélia blanc, l'amant blanc élégant?
Si vous pouviez me dire ce que vous vous avez compris de la scène?
Merci d'avance!
- ElodieNiveau 5
calista a écrit:Bonsoir,
A mon tour de demander vos lumières sur le poème "Duel aux camélias".
J'ai compris que le narrateur observe un duel pour une femme entre l"officiel" et l'amant. Il y a aussi "des merles" qui observent, c'est à dire les témoins du duel, cf note 3 du livre p.114
Mais je ne suis pas certaine du statut du narrateur: est-il aussi narrateur-personnage, c'est à dire duelliste "V.14 "A moi, plaie ouverte et fleur printanière!"? Est-il le camélia jaune, cocu, face au camélia blanc, l'amant blanc élégant?
Si vous pouviez me dire ce que vous vous avez compris de la scène?
Merci d'avance!
Effectivement, au début on a l'impression qu'il se détache des personnages et est simple spectateur et à la fin je comprends qu'il était en réalité un des duellistes et qu'il est le perdant. Le mot "panaché" = diverses couleurs, j'y vois donc une indication qui le fait pencher du côté du camélia jaune (à tort peut-être). Je ne sais pas si ça peut t'aider.
- AsterNiveau 6
calista a écrit:Bonsoir,
A mon tour de demander vos lumières sur le poème "Duel aux camélias".
J'ai compris que le narrateur observe un duel pour une femme entre l"officiel" et l'amant. Il y a aussi "des merles" qui observent, c'est à dire les témoins du duel, cf note 3 du livre p.114
Mais je ne suis pas certaine du statut du narrateur: est-il aussi narrateur-personnage, c'est à dire duelliste "V.14 "A moi, plaie ouverte et fleur printanière!"? Est-il le camélia jaune, cocu, face au camélia blanc, l'amant blanc élégant?
Si vous pouviez me dire ce que vous vous avez compris de la scène?
Merci d'avance!
Bonjour,
En ce qui concerne le statut du narrateur, j'ai l'impression que celui-ci est d'abord extérieur puis intérieur à la scène.
- AsterNiveau 6
Il n'y a pas de quoi Calista !
Je reviens sur "Femme" : Angelet note que le dernier vers du poème - " - Une nuit blanche... un jour sali..." - fait entendre la voix de l'homme.
Mais je ne vois rien qui indique cela, si ce n'est -je ne suis sûre de rien- une modalité nouvelle de l'énonciation, plus amère. Qu'en pensez-vous ?
Merci pour l'échange.
Je reviens sur "Femme" : Angelet note que le dernier vers du poème - " - Une nuit blanche... un jour sali..." - fait entendre la voix de l'homme.
Mais je ne vois rien qui indique cela, si ce n'est -je ne suis sûre de rien- une modalité nouvelle de l'énonciation, plus amère. Qu'en pensez-vous ?
Merci pour l'échange.
- calistaNiveau 8
Aster,
Selon Aragon-Bonnin, "ce dernier vers vient comme un bilan et une constatation après la ligne de pointillés- qui reste à remplir par l'imagination du lecteur". J'avoue, j'aime assez leur idée... Ont-ils passé une nuit blanche faite d'amour et aussi de salissure au sens aussi métaphorique puisque c'est l'amour vache qui a l'air de préexister...Un jour sali car rien ne va perdurer, un jour pour rien , après cette (belle?) nuit blanche? Les lendemains qui déchantent?
Selon Aragon-Bonnin, "ce dernier vers vient comme un bilan et une constatation après la ligne de pointillés- qui reste à remplir par l'imagination du lecteur". J'avoue, j'aime assez leur idée... Ont-ils passé une nuit blanche faite d'amour et aussi de salissure au sens aussi métaphorique puisque c'est l'amour vache qui a l'air de préexister...Un jour sali car rien ne va perdurer, un jour pour rien , après cette (belle?) nuit blanche? Les lendemains qui déchantent?
- AsterNiveau 6
Oui Calista, je suis d'accord avec cette remarque sur la ligne de pointillés et l'imagination du lecteur. Mais quelle voix prend en charge ce bilan ? Est-ce que tu penses que la remarque de Bonnin et Aragon vaut aussi pour cette dernière parole ?
Sans doute aussi l'intérêt vient-il aussi de l'ambivalence, voire de l'indécidabilité - après tout nous sommes en littérature et qui plus est en poésie !
Merci pour l'échange en tous cas !
Sans doute aussi l'intérêt vient-il aussi de l'ambivalence, voire de l'indécidabilité - après tout nous sommes en littérature et qui plus est en poésie !
Merci pour l'échange en tous cas !
- calistaNiveau 8
Ils ne disent pas clairement. A priori selon moi c'est le poète qui prend en charge ce constat, qu'on peut compléter par notre imagination. Sans doute "la voix de l'homme" est celle du poète, lui-même personnage, c'est "lui qui est debout sur ma couche" du v.39? La femme a parlé pendant les 11 strophes en monologue, et l'homme a le dernier mot??
- AsterNiveau 6
Je crois que tout est possible, et qu'il peut être intéressant d'envisager, en argumentant bien sûr, les deux possibilités. Merci beaucoup en tous cas pour cet échange.
- reixachNiveau 2
Bonjour à toutes et tous,
Je me sens un peu piteux d'écrire pour demander de l'aide alors que je ne suis, la plupart du temps, qu'un lecteur passif de ce forum mais je suis un peu désemparé : je suis moi aussi en train de travailler Corbière (plaisir âpre) et je bute sur les derniers vers de "Frère et sœur jumeaux".
L'énonciateur, qui se promène avec son amante, se dit "honteux" d'une émotion qu'il ressent. Cette émotion est-elle liée au rire de l'amante, dont il aurait honte parce qu'à l'admiration qu'il a éprouvée lui face à la tendre affection des deux jumeaux, elle a préféré la moquerie ? Ou bien est-ce justement l'admiration qu'il a portée aux jumeaux qui, sur le moment et eu égard à la réaction de l'amante, l'a fait se sentir honteux ? Je ne comprends pas trop ce qu'il a à expier, dans le dernier vers...
Bon courage à toutes celles et tous ceux qui bossent ou s'apprêtent à reprendre !
Je me sens un peu piteux d'écrire pour demander de l'aide alors que je ne suis, la plupart du temps, qu'un lecteur passif de ce forum mais je suis un peu désemparé : je suis moi aussi en train de travailler Corbière (plaisir âpre) et je bute sur les derniers vers de "Frère et sœur jumeaux".
L'énonciateur, qui se promène avec son amante, se dit "honteux" d'une émotion qu'il ressent. Cette émotion est-elle liée au rire de l'amante, dont il aurait honte parce qu'à l'admiration qu'il a éprouvée lui face à la tendre affection des deux jumeaux, elle a préféré la moquerie ? Ou bien est-ce justement l'admiration qu'il a portée aux jumeaux qui, sur le moment et eu égard à la réaction de l'amante, l'a fait se sentir honteux ? Je ne comprends pas trop ce qu'il a à expier, dans le dernier vers...
Bon courage à toutes celles et tous ceux qui bossent ou s'apprêtent à reprendre !
- calistaNiveau 8
Bonsoir,
Faut-il voir dans Tityre l'image de l'amoureux affranchi, bienheureux...ce que n'est pas le poète...? Aragon-Bonin dit simplement que l'apostrophe V.35 est ironique... Alors qu'expie le narrateur? La réponse est ouverte et pas facile je trouve...Expie-t-il cette ironie, son rire jaune ou alors cette incapacité à vivre un amour idéal?
Faut-il voir dans Tityre l'image de l'amoureux affranchi, bienheureux...ce que n'est pas le poète...? Aragon-Bonin dit simplement que l'apostrophe V.35 est ironique... Alors qu'expie le narrateur? La réponse est ouverte et pas facile je trouve...Expie-t-il cette ironie, son rire jaune ou alors cette incapacité à vivre un amour idéal?
- DeliaEsprit éclairé
Tityre est une personnage des Bucoliques (églogue I) :
Couché sous le vaste feuillage de ce hêtre, tu essayes, ô Tityre, un air champêtre sur tes légers pipeaux...
_________________
Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle.
Amadou Hampaté Ba
- reixachNiveau 2
Hugues Laroche, dans Tristan Corbière, ou les voix de la corbière voit dans ce poème un dernier adieu au modèle du couple, qui reparaîtra peu dans la suite du recueil. Je cite :
Même caricature dans Frère et sœur jumeaux où le couple a beaucoup vieilli (« Ils étaient tous deux seuls oubliés là par l’âge ») : l’homme joue comme « un sourd aveugle », tandis que la femme écoute... un grillon ! Le locuteur ne s’y trompe pas : il crie « Tityre », reconnaissant dans le « vieux duo » la tradition lyrique touchée par la limite d’âge. Leur association s’arrête là : le texte suivant est la Litanie du sommeil qui célèbre une autre poétique. La dissolution du « je » dans le collectif signe la fin du couple : il n’en est plus question dans la suite du recueil.
--------
Sa démonstration est assez efficace (elle est en ligne ici : https://books.openedition.org/puv/1033), d'autant plus que dans ce duo amoureux, l'homme est appelé "L'Autre" (et non pas "le Frère") et peut éventuellement figurer comme double de l'énonciateur — un double ayant réussi à construire une union amoureuse, certes fraternelle, mais apaisée (un peu sur le mode de "l'amitié calmée" du poème "À une camarade"). L'énonciateur, quant à lui, n'y parvient pas : l'amante qui l'accompagne est comme à son habitude cruelle et ne peut comprendre cette modalité-là de l'amour. L'expiation finale du poète s'entendrait alors comme un renoncement, une purification, effectivement précédé d'un dernier adieu désespéré au modèle traditionnel du couple ("Tityre !") et suivi, dans "Litanie du sommeil" d'une reconfiguration de son rapport à l'autre et au monde (poétique de la collectivité, selon Hugues Laroche ; mais enfin je dois bien dire que tout cela est un peu abscons !).
Même caricature dans Frère et sœur jumeaux où le couple a beaucoup vieilli (« Ils étaient tous deux seuls oubliés là par l’âge ») : l’homme joue comme « un sourd aveugle », tandis que la femme écoute... un grillon ! Le locuteur ne s’y trompe pas : il crie « Tityre », reconnaissant dans le « vieux duo » la tradition lyrique touchée par la limite d’âge. Leur association s’arrête là : le texte suivant est la Litanie du sommeil qui célèbre une autre poétique. La dissolution du « je » dans le collectif signe la fin du couple : il n’en est plus question dans la suite du recueil.
--------
Sa démonstration est assez efficace (elle est en ligne ici : https://books.openedition.org/puv/1033), d'autant plus que dans ce duo amoureux, l'homme est appelé "L'Autre" (et non pas "le Frère") et peut éventuellement figurer comme double de l'énonciateur — un double ayant réussi à construire une union amoureuse, certes fraternelle, mais apaisée (un peu sur le mode de "l'amitié calmée" du poème "À une camarade"). L'énonciateur, quant à lui, n'y parvient pas : l'amante qui l'accompagne est comme à son habitude cruelle et ne peut comprendre cette modalité-là de l'amour. L'expiation finale du poète s'entendrait alors comme un renoncement, une purification, effectivement précédé d'un dernier adieu désespéré au modèle traditionnel du couple ("Tityre !") et suivi, dans "Litanie du sommeil" d'une reconfiguration de son rapport à l'autre et au monde (poétique de la collectivité, selon Hugues Laroche ; mais enfin je dois bien dire que tout cela est un peu abscons !).
- DeliaEsprit éclairé
Tityre n'est pas un élément d'un couple : il est celui qui joue du pipeau à l'ombre d'un hêtre tandis que son voisin Mélibée part pour l'exil : à la site de la guerre civile ses terres ont été confisqués au bénéfice des vainqueurs.
Le gendarme retraité (aurait-il participé à la répression de la Commune ?) est un Tityre, installé, tandis que le poète est un Mélibée en errance :
Le gendarme retraité (aurait-il participé à la répression de la Commune ?) est un Tityre, installé, tandis que le poète est un Mélibée en errance :
mais nous, nous abandonnons notre patrie et la douce camapagne.
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Amadou Hampaté Ba
- reixachNiveau 2
Je te remercie pour ces précisions ! Cela revient-il à dire que, de la même manière que Mélibée oppose au bonheur de Tityre ses plaintes d'exilé, le poète oppose aux deux jumeaux rayonnants ses plaintes d'amoureux en souffrance ?
- InhumaineNiveau 8
Quelle galère, ce Corbière !
J'ai défriché l'intégralité du recueil, mais je dois dire que cela m'était assez pénible, mes remarques se limitent donc au sens littéral global que j'ai perçu.
Je me suis dit qu'il serait bon de faire au moins une étude linéaire de certains poèmes, afin de se les mettre un peu plus dans la poche. Mais je ne pense pas que je pourrai le faire pour tous d'ici janvier...
D'autres ont-iels pensé à procéder ainsi ?
J'ai défriché l'intégralité du recueil, mais je dois dire que cela m'était assez pénible, mes remarques se limitent donc au sens littéral global que j'ai perçu.
Je me suis dit qu'il serait bon de faire au moins une étude linéaire de certains poèmes, afin de se les mettre un peu plus dans la poche. Mais je ne pense pas que je pourrai le faire pour tous d'ici janvier...
D'autres ont-iels pensé à procéder ainsi ?
- cannelle21Grand Maître
J'ai retrouvé une explication du poème Femme, réalisée par mon professeur lorsque j'étais en prépa. J'avais mis au propre mes notes il y a quelques années. Je ne sais pas si ça peut vous aider.
- Femme:
Remarques en vrac
- rêverie morbide et malsaine d’une femme torturée par ses fantasmes
- violence et crudité de ses propos
- le dernier vers voit apparaître un changement de voix : on passe à celle du poète qui semble projeter sur la scène nocturne un regard extérieur
Un dispositif d’énonciation fictive :
- Tristan Corbière attribue à une personne féminine, non identifiée, une énonciation fictive c'est-à-dire un monologue intérieur qui se caractérise par son expressivité
- Charge émotive que signale la récurrence des points d’exclamation
- Il n’y a pas de destinataire externe. Par contre on notera l’institution d’une forme de dialogue avec soi
- Ce dialogue fictif sert l’expression des tentations, des impulsions du sujet, d’un Eros exacerbé et pervers
Problème du lyrisme du texte
- Comme dans le lyrisme on retrouve des affects et des pulsions.
- Cette expression donne d’ailleurs lieu à un discours ininterrompu et elliptique, perpétuellement brisé. Si bien que l’aveu que le sujet féminin se fait à lui-même des sollicitations et des pulsions qui le travaillent, se traduit sous forme syncopée, comme des éclats de voix.
- Nous avons donc la forme intermittente d’un discours lacunaire qui vient s’extraire d’un fond inconscient, d’une opacité impénétrable.
- La forme rompue qu’affecte la discursivité mime les aléas et difficultés d’une parole qui à tout moment menace de se résorber dans le silence
Donc : le poème se présente sous la forme d’un soliloque nocturne, d’une parole solitaire, exclusive
- on notera la véhémence des assertions comme des refus.
- Intermittence du débit que figurent aussi bien les points de suspension que les tirets : ils marquent une interruption de la parole, la régression vers un stade prélangagier. Dans le même sens on relèvera les juxtapositions.
- Refuse à la discursivité toute forme d’élaboration continue.
- Assertions contradictoires
Donc un discours qui ne progresse pas, qui est condamné à stagner, c'est-à-dire à se débattre dans un écartèlement constant entre des sollicitations contradictoires qui viennent s’annuler.
Désarticulation des vers
- elle est produite par la surabondance des marques de ponctuation, des signes typographiques
- on assiste à une défiguration de la poésie
- le monologue de l’énonciatrice se présente comme la version caricaturale, dégradée et parodique du monologue lyrique
Version caricaturale du monologue lyrique
- Normalement le monologue délibératif traduit l’hésitation du sujet face à un dilemme : lyrisme de la perplexité. Mais il doit également présenter un aspect argumentatif et logique qui conduit à une progressive résolution des contradictions.
- Or ici il ne semble pas y avoir de progression logique : la résolution reste problématique.
Existence d’une progression qui conduirait le sujet à une probable décision
- strophe I à IV : la locutrice définit la situation c'est-à-dire les termes de l’antagonisme face auxquels elle se trouve placée
- dans un deuxième temps : elle fait valoir les objections rationnelles qui s’opposent à la réalisation de son désir : l’énonciatrice réfute un certain nombre d’objections, surmonte les réticences ou tentations d’abandon du projet de séduction.
- Puis on retrouve l’adhésion résolue à son désir, l’obéissance lucide à ce que lui dicte la tyrannie du fantasme auquel elle est assujettie.
Néanmoins cette lecture et progression sont mises à mal par la conclusion du discours : « songe creux… » parce que le jugement que formule l’allocutrice la conduit au terme de son antagonisme initial.
On aboutit donc à une fin suspensive, iconiquement signifiée par la ligne de points et les points de suspension.
Version dégradée du monologue lyrique
- en général l’énonciateur devrait se voir confirmer son statut d’héroïne : mais ici nous avons le monologue d’une hystérique, nymphomane et perverse
- les termes du conflit ne sont même pas l’amour ou la haine, mais l’attirance, la convoitise et la répulsion
- il n’y a aucune référence à une fatalité, à laquelle le sujet serait soumis par un destin impitoyable et transcendant. / On a l’obéissance à un déterminisme psychophysiologique : la volonté du sujet obéit au mouvement irrationnel de la pulsion
- attentat fomenté contre un certain nombre de stéréotypes culturels, notamment
* celui du mythe d’Eve et de la tentation : ici sorte de défiguration du mythe ramené à une histoire de convoitise alimentaire
* celui de galanterie au vers 17 : les feux de l’amour sont réduits à des signaux matériels
* traitement blasphématoire de la référence christique
A travers ce monologue s’effectue le portrait de la locutrice
- la femme est vue comme un être corrompu, dominé par le démon de la luxure, assujettie à la part obscure de son être.
- La femme trouve une jouissance à se définir dans un monologue agressif et cynique
- elle semble aliénée à un fantasme
Donc le monologue lyrique traduit l’avilissement de la créature déchue qui se repaît du spectacle de sa déchéance.
Conclusion : le modèle lyrique est présent dans ce texte mais est subverti de façon paradoxale et provocatrice. Il s’agit d’assumer cet héritage en le soumettant à un traitement corrosif qui le conteste radicalement
_________________
Il y a des gens si bêtes que si une idée apparaissait à la surface de leur cerveau, elle se suiciderait, terrifiée de solitude.
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