L'enseignant fait un contrôle sur Oui-Oui

Lord Steven a écrit:
Vous ne pensez pas que ce serait.... comment dire.... barbant pour tout le monde? Un peu comme si en langues on se contentait de faire de la grammaire et du communicationnel?

C'est marrant comme remarque...
Le moment de ma scolarité où j'ai le plus progressé en anglais est en prépa, à 2h par semaine (plus une colle par quinzaine)
C'est sûr qu'on ne faisait pas d'exposés, de sketchs, ni on regardait des vidéos.
C'était thème-version-résumé en boucle, avec des pages de vocabulaire à apprendre chaque semaine.

Mathador a écrit:Je rejoins l'avis de @Ramanujan974. Tout comme les maths sérieuses (celles de la filière C) ne sont pas faites pour tous les lycéens, la littérature sérieuse (dissertation, etc.) n'est pas non plus faite pour tous les lycéens (en tout cas, pas pour moi quand je l'étais) et il me semble que ce serait important de leur permettre de faire des sciences de haut niveau en continuant le français de type collège. Malheureusement, on est parti pour mettre la littérature sérieuse en tronc commun, ce qui relève au final d'autant d'imposture que la filière « scientifique » actuelle.

Quand on voit que de plus en plus d'écoles d'ingénieurs remettent des cours d'orthographe, avec certification Voltaire obligatoire, on se dit qu'il y a un problème dans le secondaire.

Avant de faire des dissertations en français, il faut maîtriser l'orthographe et la grammaire.
Avant de faire des problèmes ouverts en maths, il faut maîtriser le calcul et le raisonnement.

Il y a aussi un problème d'égo chez certains enseignants, qui estiment leur discipline indispensable.
Tel prof de maths ne va pas comprendre qu'on arrive pas (par manque d'intérêt ou incompréhension totale) à résoudre une bête équation du 1er degré, ou tel de prof de français ne va pas comprendre qu'on ne perçoive pas la beauté de tel ou tel poème.

Tu sais, je suis en train de faire Andromaque de Racine en seconde, et notamment avec ma classe "sport" , 36 élèves dont 26 garçons principalement des footeux et quelques basketteurs. Et ben, ils suivent, ils accrochent. Bon, j'accompagne beaucoup, on écoute les vers. Et je commence à entendre "Ah c'est beau quand même!"
Je ne dis pas qu'ils vont tous se précipiter pour lire l'intégrale de Racine, mais au moins ils auront découvert ça. Et ce qui est certain, c'est que si on leur avait laissé le choix, ils n'auraient pas choisi "littérature et tragédie au XVII°". D'ailleurs, comment choisir ce qu'on ne connaît pas?

La critique, du moins pour ma part, ne porte pas sur le fait d'étudier des extraits de classiques (on le fait déjà au collège, après tout), mais sur le type d'exercice de rédaction imposé (trop exigeant pour certains). Il me semble envisageable d'étudier des textes de lycée, et de profiter du gain de maturité des élèves tout en gardant des formats d'exercices accessibles. C'est un peu ce qu'on fait en maths en STI2D, avec un programme poussé sur les notions (au-delà de la filière S sur certaines) mais moins d'exigences rédactionnelles.
Et sur le fait de faire une progression séparée de grammaire/conjugaison/orthographe, j'ai vu que le sujet était déjà nettement abordé dans ce forum, je n'ai rien à rajouter en tant que non spécialiste de la matière (à part que j'aurais apprécié, en tant qu'élève, de faire comme ça tous les ans).

Ah oui je trouve ma discipline indispensable (orgueil ) ! Je ne parle pas du lycée puisque j’ai de « petits » collégiens (6/5), mais je fais beaucoup de grammaire, orthographe, conjugaison et, puisque c’est le sujet ici, je cherche comment développer chez eux le plaisir de la lecture, sachant que certains n’aimeront jamais. Par contre je ne vois pas bien le lien entre l’équation et la beauté d’un poème. Un raisonnement mathématique ce n’est pas la même chose que la sensibilité (je ne parle pas de l’exprimer mais au moins de la ressentir).

madu a écrit:Par contre je ne vois pas bien le lien entre l’équation et la beauté d’un poème. Un raisonnement mathématique ce n’est pas la même chose que la sensibilité (je ne parle pas de l’exprimer mais au moins de la ressentir).

Je suis contre l'acharnement thérapeutique.

A l'école, je suis contre vouloir imposer à un élève de suivre tel enseignement au détriment d'un autre qu'il voudrait suivre plus profondément.

S'il veut faire plus de français et moins de maths, il devrait en avoir la possibilité (voire même beaucoup plus de français et pas de maths).
Ce qui aurait pu être le cas avec cette histoire de modules et mineures/majeures, mais qui ne le sera pas du fait du tronc commun et des couplages.

Ramanujan974 a écrit:

madu a écrit:Par contre je ne vois pas bien le lien entre l’équation et la beauté d’un poème. Un raisonnement mathématique ce n’est pas la même chose que la sensibilité (je ne parle pas de l’exprimer mais au moins de la ressentir).

Je suis contre l'acharnement thérapeutique.

A l'école, je suis contre vouloir imposer à un élève de suivre tel enseignement au détriment d'un autre qu'il voudrait suivre plus profondément.

S'il veut faire plus de français et moins de maths, il devrait en avoir la possibilité (voire même beaucoup plus de français et pas de maths).
Ce qui aurait pu être le cas avec cette histoire de modules et mineures/majeures, mais qui ne le sera pas du fait du tronc commun et des couplages.

Je comprends ton idée mais n’est-ce pas déjà - un peu - le cas quand on choisit sa filière ? Ça remonte mais j’ai fait un bac A2 Les maths y étaient anecdotiques et l’épreuve au bac, une promenade :
L’examinateur : qu’est-ce que vous faites l’année prochaine ?
Moi : Lettres.
L’examinateur : ok, vous n’aurez plus jamais à résoudre une équation, je vous mets 10, bonnes vacances !

(Bien sûr, avant ça, il m’avait interrogée, hein.)

madu a écrit:
Je comprends ton idée mais n’est-ce pas déjà - un peu - le cas quand on choisit sa filière ? Ça remonte mais j’ai fait un bac A2 Les maths y étaient anecdotiques et l’épreuve au bac, une promenade :
L’examinateur : qu’est-ce que vous faites l’année prochaine ?
Moi : Lettres.
L’examinateur : ok, vous n’aurez plus jamais à résoudre une équation, je vous mets 10, bonnes vacances !

(Bien sûr, avant ça, il m’avait interrogée, hein.)

En A2, effectivement, quasi pas de maths, pas de sciences. Lettres, Philo, Langues. Très bien.

Est-ce le cas en 1re S actuellement ?? Non..
Français+HG+LV2 = 9h +0,5 d'AP
Maths+PC+SVT = 10h + 1,5 d'AP (je ne compte pas cette fumisterie de TPE dans l'horaire scientifique)

11,5 / 9,5 c'est ça une filière scientifique ?

Ramanujan974 a écrit:

madu a écrit:
Je comprends ton idée mais n’est-ce pas déjà - un peu - le cas quand on choisit sa filière ? Ça remonte mais j’ai fait un bac A2 Les maths y étaient anecdotiques et l’épreuve au bac, une promenade :
L’examinateur : qu’est-ce que vous faites l’année prochaine ?
Moi : Lettres.
L’examinateur : ok, vous n’aurez plus jamais à résoudre une équation, je vous mets 10, bonnes vacances !

(Bien sûr, avant ça, il m’avait interrogée, hein.)

En A2, effectivement, quasi pas de maths, pas de sciences. Lettres, Philo, Langues. Très bien.

Est-ce le cas en 1re S actuellement ?? Non..
Français+HG+LV2 = 9h +0,5 d'AP
Maths+PC+SVT = 10h + 1,5 d'AP (je ne compte pas cette fumisterie de TPE dans l'horaire scientifique)

11,5 / 9,5 c'est ça une filière scientifique ?

Bien d’accord. (Et mes références sont vraiment dépassées, je l’avoue ; à l’époque le bac était bien plus spécialisé).

Pas tant que ça, les bacs scientifiques étaient en fait généralistes puisqu'on y étudiait l'histoire, le français, les langues, la philo...

Moi j'aime Oui-Oui

Caspar a écrit:Pas tant que ça, les bacs scientifiques étaient en fait généralistes puisqu'on y étudiait l'histoire, le français, les langues, la philo...

De mémoire (et heureusement pour moi) pour le Bac C de 88, la sommes des coefficients de Maths + SVT + SP était égale au reste (incluant Latin + LV2).

Autre fois il y eut la section A' : latin grec philo + sciences comme dans les séries C et M.
Les élève qui pouvaient suivre (ce n'est pas mon cas...) étaient les têtes les mieux faites. Après quoi, on nous dira que le niveau ne baisse pas... Ce qui baisse vertigineusement c'est le niveau d'exigence.

@Mathador: la maîtrise des règles de base en français et en mathématiques, du temps où j'étais élève, c'était à la charge du primaire, pas du secondaire. Et je ne dis pas cela pour accabler nos collègues PE qui font ce qu'ils peuvent avec leurs 30 élèves, les heures en moins dévolues à la prévention routière, macramé ou autre. Si l'on recentrait le primaire sur le fait de savoir lire- et comprendre ce que l'on lit, y compris des textes offrant une ouverture culturelle, artistique, tout comme ceux apprenant des points d'histoire et de géographie- écrire et compter, ce serait déjà bien. Le secondaire pourrait alors peut-être faire son boulot...

Babarette a écrit:Ah oui, c'est édifiant ce que propose eduscol. Ça pourrait être drôle dans un roman.
Mention spéciale pour le mot "challenge", utilisé au moins deux fois, et pour la "création d'un blog", comme s'il y avait besoin d'un enseignant pour en créer un.

Il peut y avoir des surprises.
Pour l'avoir déjà fait, ce n'est pas évident pour tous les élèves loin de là.
Je te donne un exemple qui m'avait fait halluciner : une élève qui s'énerve parce qu'elle n'arrive pas à faire un point et se retrouve avec un truc bizarre (un point virgule). Le reste du groupe ne savait pas non plus taper un point. Alors créer un article puis le taper sans trop de fautes sur le blog, ça a été compliqué.

Jenny a écrit:

Babarette a écrit:Ah oui, c'est édifiant ce que propose eduscol. Ça pourrait être drôle dans un roman.
Mention spéciale pour le mot "challenge", utilisé au moins deux fois, et pour la "création d'un blog", comme s'il y avait besoin d'un enseignant pour en créer un.

Il peut y avoir des surprises.
Pour l'avoir déjà fait, ce n'est pas évident pour tous les élèves loin de là.
Je te donne un exemple qui m'avait fait halluciner : une élève qui s'énerve parce qu'elle n'arrive pas à faire un point et se retrouve avec un truc bizarre (un point virgule). Le reste du groupe ne savait pas non plus taper un point.   Alors créer un article puis le taper sans trop de fautes sur le blog, ça a été compliqué.

Meuh n'importe quoi, puisqu'on te dit qu'ils savent faire d'autres choses, et qu'ils sont nés avec un ordinateur dans les mains

Rendash a écrit:Meuh n'importe quoi, puisqu'on te dit qu'ils savent faire d'autres choses, et qu'ils sont nés avec un ordinateur dans les mains

Avec un téléphone peut être ?

Jenny a écrit::
Pour l'avoir déjà fait, ce n'est pas évident pour tous les élèves loin de là.
Je te donne un exemple qui m'avait fait halluciner : une élève qui s'énerve parce qu'elle n'arrive pas à faire un point et se retrouve avec un truc bizarre (un point virgule). Le reste du groupe ne savait pas non plus taper un point.   Alors créer un article puis le taper sans trop de fautes sur le blog, ça a été compliqué.

Ben oui : c'est la même touche. Position majuscule : . / position minuscule : ; Elle ne s'est pas retrouvée avec un truc bizarre, elle a seulement fait une faute de frappe. AMHA, elle n'avait jamais vu de clavier AZERTY.

Delia a écrit:

Jenny a écrit::
Pour l'avoir déjà fait, ce n'est pas évident pour tous les élèves loin de là.
Je te donne un exemple qui m'avait fait halluciner : une élève qui s'énerve parce qu'elle n'arrive pas à faire un point et se retrouve avec un truc bizarre (un point virgule). Le reste du groupe ne savait pas non plus taper un point.   Alors créer un article puis le taper sans trop de fautes sur le blog, ça a été compliqué.

Ben oui : c'est la même touche. Position majuscule : . / position minuscule : ; Elle ne s'est pas retrouvée avec un truc bizarre, elle a seulement fait une faute de frappe. AMHA, elle n'avait jamais vu de clavier AZERTY.

Je pense Jenny avait été capable d'analyser la similitude de touche.

Evidemment.
Et ce n'était pas une simple faute de frappe, car elle ne savait pas le faire.
L'expression "truc bizarre" venait évidemment de l'élève.

Ça ne m'étonne pas : j'ai des élèves de 3e qui ne savent toujours pas saisir les accents circonflexes...

Jenny a écrit:

Babarette a écrit:Ah oui, c'est édifiant ce que propose eduscol. Ça pourrait être drôle dans un roman.
Mention spéciale pour le mot "challenge", utilisé au moins deux fois, et pour la "création d'un blog", comme s'il y avait besoin d'un enseignant pour en créer un.

Il peut y avoir des surprises.
Pour l'avoir déjà fait, ce n'est pas évident pour tous les élèves loin de là.
Je te donne un exemple qui m'avait fait halluciner : une élève qui s'énerve parce qu'elle n'arrive pas à faire un point et se retrouve avec un truc bizarre (un point virgule). Le reste du groupe ne savait pas non plus taper un point.   Alors créer un article puis le taper sans trop de fautes sur le blog, ça a été compliqué.

Ah, oui, ce sont toujours des grands moments, lors des rédactions de TPE... Les interlignes, les textes justifiés, les concepts de police, les tabulations, les espaces insécables, l'insertion d'images ou de liens hypertextes...

Danska a écrit:l'insertion d'images ou de liens hypertextes...  

Ca, c'est le niveau expert.

Sérieusement, ça dépend du contenu du blog (qui peut être vraiment disciplinaire), mais je ne trouve pas l'exercice inutile et je trouve même les élèves plus appliqués. Certains ont tendance à se relire davantage et à faire moins de fautes "car ce sera en ligne". Au collège, utilisé de manière ponctuelle, je trouve que ça fonctionne pas trop mal.

henriette a écrit:Ça ne m'étonne pas : j'ai des élèves de 3e qui ne savent toujours pas saisir les accents circonflexes...

Non mais si tu leur demandes des trucs qui n'existent pas, aussi. On dit "chapeau chinois", m'enfin !

L'an dernier, j'ai pris mes troisièmes une heure par demi-groupe pour leur expliquer deux trois trucs de base en typographie, utilisation d'un clavier et présentation d'un document. Je leur ai mis tout ce que je leur ai expliqué sur un document que je leur ai mis en ligne, puisque je savais qu'ils n'allaient pas tout retenir, et leur ai indiqué de s'y référer en tapant leur rapport de stage, ou leur tâche finale d'EPI.

Que croyez-vous qu'ils en firent ou qu'ils en retinrent ?

Que pouic.

Pas sûre que je réitère l'expérience cette année.

Excellent. Bravo à cet enseignant !

madu a écrit:L’idée de la « lecture offerte » fait aussi son chemin dans mon collège, je connais certains élèves qui auraient sans doute envie de poursuivre la lecture. Malheureusement nous n’avons pas de séries, mais une petite bibliothèque réservée aux 6e. Je les y emmène sur les heures d’AP, ils font leur choix et commencent à lire en classe. Ça fait trente bonnes minutes de lecture, et là c’est magique, rares sont ceux qui, à la sonnerie, lèvent le nez du livre. Ils sont plongés dans l’histoire et réclament du temps en plus ! (Ce que je ne constate pas quand le temps de lecture est trop court).

Il est clair qu'un quart d'heure c'est beaucoup trop court pour s'installer dans la lecture pour ceux qui n'en ont pas l'habitude. C'est bien de disposer d'une vraie demi-heure.