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stench
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ecriture inclusive - Le « péril mortel » de l’écriture inclusive  - Page 18 Empty Re: Le « péril mortel » de l’écriture inclusive

par stench Lun 30 Oct 2017 - 20:02
Je suis surpris de voir des gens affirmant qu'il y a bien plus urgent à faire que de promouvoir l'écriture inclusive passer tant de temps ici pour la critiquer : ils n'ont pas plus urgent à faire ? Razz
DesolationRow
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par DesolationRow Lun 30 Oct 2017 - 20:03
Iphigénie a écrit:
archeboc a écrit:
Iphigénie a écrit:Il faudrait, et ce serait intéressant, voir un vrai linguiste, mais je me demande si les noms de métiers qui ne se sont pas feminisés ne sont pas surtout des noms en - eur,  -teur qui correspondent à  des metiers très  anciens, qui d'une part, ont sans doute longtemps été des metiers exclusivement masculins, mais aussi où  le suffixe vient d'un -or, - tor latin .
Et en latin  la finale en -or peut correspondre aux trois genres, elle n'est pas ressentie comme essentiellement masculine: actor, m, /uxor, f, / cor, neutre.

Attention, la finale en -tor a un féminin en -trix. Il s'agit d'un suffixe.
Le suffixe -or, de sens voisin (tonsor) a-t-il un féminin ? Il me semble que c'est -ora, mais je n'en suis pas sûr.

"Cor" est isolé, sauf erreur de ma part. "Uxor" est proche de "soror", mais je ne sais pas s'il faut y voir un suffixe ou un phénomène d'attraction (voire une coïncidence).
C'est vrai mais pas dans le meme sens pour auctor.
Pour le reste, je dis juste que ce n'est pas un suffixe exclusivement marqué au masculin.
Mais mon raisonnement n'est peut-être pas bon, je cherche juste à  comprendre pourquoi professeure  ( ingenieure) n'est pas naturel à  l'oreille alors que enseignante (chercheuse, inspectrice, directrice) oui.


Ps. Loin des points médians, j'ai un pb avec les accents sur ma tablette ainsi que les espaces, mon ordi est en réparation.  Je  vous prie de m'en excuser une fois pour tous.tes... Wink

Rolling Eyes
Iphigénie
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par Iphigénie Lun 30 Oct 2017 - 20:15
stench a écrit:Je suis surpris de voir des gens affirmant qu'il y a bien plus urgent à faire que de promouvoir l'écriture inclusive passer tant de temps ici pour la critiquer : ils n'ont pas plus urgent à faire ? Razz
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Moi suis retraitée,  c'est vous qui avez plus urgent  Razz vous toutes et tous, œuf corse.
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archeboc
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par archeboc Lun 30 Oct 2017 - 21:47
Iphigénie a écrit:
archeboc a écrit:
Attention, la finale en -tor a un féminin en -trix. Il s'agit d'un suffixe.
Le suffixe -or, de sens voisin (tonsor) a-t-il un féminin ? Il me semble que c'est -ora, mais je n'en suis pas sûr. (edit : non pas -ora, mais -rix)

"Cor" est isolé, sauf erreur de ma part. "Uxor" est proche de "soror", mais je ne sais pas s'il faut y voir un suffixe ou un phénomène d'attraction (voire une coïncidence).
C'est vrai mais pas dans le meme sens pour auctor.
Pour le reste, je dis juste que ce n'est pas un suffixe exclusivement marqué au masculin.

En tant que suffixe dérivant d'un verbe un substantif agent, il est masculin, avec le sens donné plus haut.
Cela ne répond pas à ta question.

Dans cor, pas de suffixe : la finale n'est en "or" que parce que le d final est tombé. Wikitionnaire nous dit que marmor est un emprunt au grec, et aequor une formation sur un adjectif.
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par Invité Lun 30 Oct 2017 - 22:11
Delia
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par Delia Lun 30 Oct 2017 - 22:41
Il est bien, ce petit. Qui est-ce ?

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archeboc
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par archeboc Mar 31 Oct 2017 - 3:49
Miettes a écrit:edit : professeur n'est pas épicène puisqu'il se construit sur une forme masculine. Je ne suis pas non plus spécialiste de l'évolution de la langue, mais il y a un écart entre des mots qu'on a arrêté de féminiser à une période donnée, et des mots qui sont construits sur une forme neutre (je dis peut-être n'importe quoi, mes connaissances en latin sont nulles)

Vous confondez synchronie et diachronie. Le caractère épicène d'un terme peut varier en diachronie, mais dans l'état de la langue tel qu'il s'impose à la fin du XXe siècle et au début du XXIe, c'est à dire la langue dans laquelle ont grandi la plupart d'entre nous, professeur est épicène, épicétou.
Il reste d'ailleurs épicène à l'oral, puisque même dans la réforme, professoresse n'est pas promu.
JPhMM
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Demi-dieu

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par JPhMM Mar 31 Oct 2017 - 3:54
Cf p. 23 du document fourni ci-dessus.
Il est plus épicène que "personne", en tout cas Razz

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Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
Iphigénie
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par Iphigénie Mar 31 Oct 2017 - 10:59
archeboc a écrit:
Iphigénie a écrit:
archeboc a écrit:
Attention, la finale en -tor a un féminin en -trix. Il s'agit d'un suffixe.
Le suffixe -or, de sens voisin (tonsor) a-t-il un féminin ? Il me semble que c'est -ora, mais je n'en suis pas sûr. (edit : non pas -ora, mais -rix)

"Cor" est isolé, sauf erreur de ma part. "Uxor" est proche de "soror", mais je ne sais pas s'il faut y voir un suffixe ou un phénomène d'attraction (voire une coïncidence).
C'est vrai mais pas dans le meme sens pour auctor.
Pour le reste, je dis juste que ce n'est pas un suffixe exclusivement marqué au masculin.5


En tant que suffixe dérivant d'un verbe un substantif agent, il est masculin, avec le sens donné plus haut. 
Cela ne répond pas à ta question. 


Dans cor, pas de suffixe : la finale n'est en "or" que parce que le d final est tombé. Wikitionnaire nous dit que marmor est un emprunt au grec, et aequor une formation sur un adjectif. 
Virgile, XIi, 159
 Non lacrumis hoc tempus » ait Saturnia Iuno :
« Adcetera et fratrem, siquis modus, eripe morti,
aut tu bella cie conceptumque excute foedus :
auctor ego audendi. » Sic exhortata reliquit

« Ce n'est pas le moment de pleurer », dit Junon la Saturnienne :
« hâte-toi et, si c'est possible, arrache ton frère à la mort ;
ou provoque toi-même la guerre et réduis à néant l'accord envisagé.
Moi, je me porte garante de ton audace ». Sur ces exhortations,
12, 155
incertam et tristi turbatam uolnere mentis.elle la laissa indécise, l'esprit bouleversé par ce coup douloureux


Ce qui est rare, ce sont les occasions où  une femme est "auctor" de quelque chose à  Rome, mais le mot est épicène, comme on aime le dire aujourd'hui.



Bon, comme j'ai du temps à  perdre  Razz je continue de réfléchir à  la question parce que ça  m'intéresse et m'amuse. Et plus j'y réfléchis  plus j'ai l'impression que, contrairement a ce que dit Linguisticae dans sa video, et à  une idée reçue bien à  la mode, l'idéologie n'a que  peu à  voir avec le genre des noms: 
d'abord parce qu'il est rare que la création du nom précède  la chose...c'est plutôt  par la présence de nombreuses femmes dans une profession qu'on se préoccupe de féminiser le nom, ce n'est pas le nom masculin qui empêche  la féminisation de la profession. Donc en terme de conquête  sociale, c'est inutile en ce sens que ça  vient après.  Exemple" professeure", "auteure".

Admettons qu'il s'agisse donc simplement d'adapter la langue à  la réalité  du temps.

Pour qu'un nom s'implante au féminin,  je pense que c'est surtout une question de phonétique conforme à  nos habitudes, ou pas.

Grevisse dit que l'académie française, ce repaire machiste, a introduit dans les années 30,  en même  temps par exemple qu'"avocate", le mot
 " chauffeuse" ( de voiture) comme féminin de chauffeur; et dieu sait qu'il y a quand même  plus de "chauffeuses" que d'avocates: eh bien, conductrice a pris, chauffeuse non... "Aujourd'hui, c'est moi la chauffeuse Suspect"

Ecrivaine, auteure sont des créations militantes: à  l'oral, je ne vois  pas grand intérêt ( surtout à  Marseille)  à préférer: "c'est une grande auteure"  à  : "c'est un grand auteur" et dans écrivaine, j'entends surtout vaine.... on verra si le mot s'implante vraiment et naturellement, pour l'instant, c'est une affaire d'affirmation militante, pas d'un langage usuel.


EN RÉSUMÉ , comme dirait l'autre,  le genre des noms n'a rien à  voir avec le rôle social de l'un ou l'autre sexe, la langue est plus tolérante et moins bornée que les idéologues de tout poil. Et quand elle résiste, c'est par rapport à  son propre fonctionnement, et non par rapport à une décision politique ( voir reforme de l'orthographe de 90)

Par contre, accuser la langue d'être responsable de l'etat de la société,  c'est soit un moyen commode d'offrir des réformes qui ne coûtent rien et ne changent rien à  rien ( une ministre de l'EN qui célèbre sa bienveillance pour les femmes professeures par exemple, tout en imposant un management de plus en plus arbitraire...) soit un attachement aux symboles, fussent-ils délétères  pour la transmission de la langue elle-même :
 
Dictée futuriste:
l' écrivaine eut  plaisir à  rencontrer ses lectrices- eurs, puis se rendant au marché, elle chercha un.e marchand.e d'onions. Mais il.elle était malade et avait dû se rendre chez  un.e médecin.e!
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archeboc
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par archeboc Mar 31 Oct 2017 - 23:44

Je viens de relire rapidement ce long fil, et plusieurs idées sont venues nourrir les miennes, m'aidant à mettre en forme deux ou trois remarques que je vous livre ici.

1- Langue orale et langue écrite
Dans les arguments des défenseurs de l'écriture féminisée, on trouve souvent un glissement assez remarquable : "la langue était sexiste et patriarcale, bla bla bla, nous inventons une nouvelle écriture". Ce qui frappe d'abord dans l'argument, c'est ce glissement de la langue à l'écriture. Tout ce passe comme si réformer la langue, c'était d'abord réformer l'écriture, comme si l'écrit, et non l'oral, était la matrice de la langue.
S'il fallait réformer la langue, pour l'efficacité de la réforme, il faudrait réformer à la fois langue orale et écrite, de manière coordonnée, et en mettant l'accent sur l'oral qui est le vecteur aujourd'hui le plus utilisé. Ce qu'invente la proposition de réforme, c'est le contraire : un accent mis sur l'écrit, et un décrochage entre l'oral et l'écrit, décrochage dont le point médian est le signe le plus fort.
Il serait naturellement aberrant de proposer une modification de la langue orale. Qui est prêt à abandonner ses habitudes d'oralité pour le bénéfice d'une cause politique ? Et surtout, qui ne ressentirait pas comme tyrannique l'injonction de plier la syntaxe de la langue orale à une cause politique ?

Cet effort sur l'écrit se manifeste dans de multiples aspects, et pas seulement sur la question du point médian. Ainsi, dans la féminisation des noms de métiers et de fonctions, les féminins promus par la réforme sont majoritairement graphiques. Deux exemples sont particulièrement caractéristiques : "auteur", dont les défenseurs de la réforme citent le vieux féminin "autrice", mais promeuvent pourtant l'inaudible "auteure", et "chef", dont les deux féminins historiques, "la chef" et "la cheffesse" sont écrasés au profit de "la cheffe". Dans les deux cas, il semble que la règle de composition du féminin dit inclusif soit d'introduire dans le mot une différence écrite et non orale. Cette règle permet de comprendre même les contre-exemple comme la promotion de "mairesse", qui n'introduit une différence à l'orale que parce que le mot "maire" portant déjà la marque du féminin, il n'était pas possible de le féminiser sans un suffixe.

Mais pour les gens qui "habitent" la langue écrite, demander une modification de la langue écrite est aussi aberrant que de demander une modification de la langue orale. De là viennent la violence de l'académie française et de certains participants de ce forum : ils se sentent attaqués dans leur identité linguistique.
Mais on sait combien cette identité linguistique est aujourd'hui affaiblie. Le choix de concentrer leurs effort sur l'écrit n'est donc pas, de la part des promoteurs de la réforme, un choix propre à réformer durablement la langue.


2- Les marques inclusives comme marqueurs idéologiques
Dans les tracts, on constate que les marques inclusives seront utilisées en début et en fin de texte, ainsi que dans les titres et les slogans. Elles sont moins présentent dans le corps des argumentaires : l'écriture n'est pas ici une orthographe, c'est-à-dire un instrument de normalisation au service d'une communication la plus fluide possible, mais une étiquette, un hors texte, dans une fonction visuelle proche du calligramme.
Le point médian n'a pas été conçu à cette fin, mais une partie de son succès vient de ce qu'il remplit cette fonction : entrant en compétition avec le point de la ponctuation, il segmente le texte en unités bien plus courtes qu'une phrase, et donne au texte un rythme visuel très différent de celui que donne le point de fin de phrase. Et comme le point médian ne se trouve pas dans nos claviers, et qu'il est le plus souvent remplacé par un point classique, la compétition visuelle avec la ponctuation est encore renforcée. Comme nous l'avons dit plus haut, certains reprochent à la technique du point médian de séparer l'écrit de la prononciation, brisant le principe même de l'écriture alphabétique, et renvoyant à l'idéogramme. Mais on peut aller plus loin : la netteté visuelle que crée le point médian et le découplage qu'il introduit entre sens du texte et évidence visuelle le rapprochent du cartouche qui entoure les noms importants dans le système hiéroglyphique.
Pour les habitants de la langue écrite, cette netteté visuelle est décrite comme une laideur, mais cette laideur n'est qu'une conséquence. Ce qui importe, c'est que le système se voit, et de là vient que le point s'est imposé par rapport à d'autres systèmes plus neutres, par exemple les tirets.

La prescription pseudo-inclusive n'est pas là pour inclure, elle est là pour exclure. Sous couvert de manifester l'inclusion des femmes à la sphère du langage, elle sert à manifester l'adhésion du rédacteur à la conformité idéologique. La langue sert ici à marquer un camp.
C'est particulièrement visible dans les tracts syndicaux, où les marques inclusives, généralement sous la forme d'un point médian, seront accordées aux travailleurs, mais refusées aux patrons. C'est ainsi dans les contextes d'affrontement, au service de stratégies de confirmation et de renforcement idéologique, que l'écriture inclusive se trouve majoritairement utilisée.
A rebours, on notera que la plupart des autrices les plus féministes de BD ou de roman évitent d'utiliser la graphie nouvelle, engagées qu'elles sont dans une vraie logique de communication.
Dans l'émission « rue des écoles » du dimanche 29 octobre 2017, émission consacrée aux violences sexistes à l'université, l'une des intervenantes s'est appliquée à dire toujours « les étudiantes et les étudiants », les « femmes et les hommes », « toutes et tous », respectant même la règle de priorité alphabétique (entre un féminin et un masculin vient d'abord le premier dans l'ordre alphabétique). Pourtant, quand il s'est agi de parler de droit et de procès, c'est le juge pénal, sans féminin, qui a été convoqué – sans que personne parmi les autres invitées n'y trouve à redire. Les juges sont pourtant aujourd'hui très souvent des femmes, y compris chez les pénalistes. Mais ce qui était invoqué ici, n'était-ce pas d'abord la figure de l'autorité ?


3- Une réforme comme outil de radicalité
La réforme pseudo-inclusive porte plusieurs autres caractères clivants, par lesquels se manifeste encore une radicalité moins féministe que fémininiste :
- une « mise en ordre » de la langue qui projette le sexe sur la fonction. Dans la règle traditionnelle, certains noms de métier ou de fonction étaient exclusivement masculin ou féminin. La mise en ordre de la langue refuse cette vision. Ce faisant, elle essentialise le sexe en lui accordant une place dans un domaine auquel il n'a pas nécessairement de place, ou n'en a que parce que la radicalité a décidé de lui en accorder. Il n'est pas inintéressant de donner à cette remarque une forme concrète : si dans l'état patriarcal de la langue et de la société, un professeur était obligatoirement un homme, l'évolution de la société a fait qu'un professeur pouvait être aussi bien un homme qu'une femme. L'évolution de la langue a fait ensuite qu'un professeur pouvait être aussi bien une professeur. Ce que réclame la réforme, c'est un retour à l'état patriarcal, et qu'un professeur ne puisse être rien qu'un homme. Si la femme est professoresse, rien ne s'oppose à ce que les termes masculins et féminins divergent, et que professoresse subisse une péjoration progressive semblable à celle qu'a connue courtisane issue de courtisan. L'abonnement des hommes et des femmes à une même fonction épicène, de sexe masculin, est aussi une façon d'inscrire dans le langage l'égale dignité et les droits égaux des femmes et des hommes.
- Si la précédente remarque est désormais classique, on a moins souvent noté que la féminisation des masculins ne s'accompagne pas d'une masculinisation des mots féminins. Sentinelle, star, vigie, huile, et grosse légume sont de genre féminin sans qu'on réclame de décliner le genre selon le sexe. Plus nombreux encore sont les mots masculins porteurs de la désinence du féminin dont les réformateurs n'ont pas demandé à ce qu'ils en soient privés. Il y aurait sûrement des implications à tirer de ce fait, parallèles à celle faite jusqu'ici, et je laisse le lecteur sagace remplir les trous.
- La radicalité se révèle surtout dans sa capacité à générer des injonctions contradictoires. En effet, alors que la réforme demande d'utiliser les épicènes, c'est-à-dire les noms qui sous une même graphie admettent aussi bien le masculin que le féminin, c'est la même réforme qui lance une production linguistique visant à réduire le nombre de ces épicènes pour les doter chacun d'un forme féminine différente. On note au passage que cette inflation linguistique consiste systématiquement à chasser le féminin de l'épicène, et donc, encore et toujours, à accorder au masculin le rôle central.

Delia
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ecriture inclusive - Le « péril mortel » de l’écriture inclusive  - Page 18 Empty Re: Le « péril mortel » de l’écriture inclusive

par Delia Mer 1 Nov 2017 - 2:16
On note au passage que cette inflation linguistique consiste systématiquement à chasser le féminin de l'épicène, et donc, encore et toujours, à accorder au masculin le rôle central.

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par Iphigénie Mer 1 Nov 2017 - 10:53
Belle somme, archeboc!
DesolationRow
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par DesolationRow Mer 1 Nov 2017 - 11:54
N'empêche que ce matin je viens de lire un.e imbécile aléatoire écrire très sérieusement : "les gen.t.es". Je retourne me coucher.
Delia
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par Delia Mer 1 Nov 2017 - 15:53
Surféminisation... nous n'avons pas fini de rigoler.

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par InstantKarma Mer 1 Nov 2017 - 16:08
J’ai entendu à la radio une inclusiveuse qui refusait de parler de « bouc émissaire » et qui qui voulait à toute force féminiser et coller une chèvre dans l’expression !
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Bon génie

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par User17706 Jeu 2 Nov 2017 - 0:44
Dalva a écrit:Zut, je me suis laissé déborder.

Tant pis pour la citation de PY.

Je résume :
1) on a tout ce qu'il faut dans la langue pour nous permettre de ne pas en avoir un usage sexiste, on peut même décider de féminiser tous les noms qui doivent l'être ;
2) la création du point médian n'apporte rien de plus et n'était pas nécessaire ;
3) l'utilisation du point médian en lieu et place d'autres solutions rend la lecture plus difficile pour de nombreuses personnes.

Alors pourquoi le point médian ?

Pourquoi donc ne pas supprimer le point médian et s'attacher simplement à rendre l'usage de la langue moins sexiste (et non la langue elle-même) ?
Pourquoi le point médian, avec tous ses désavantages, est-il encore dans la liste de l'article donné en lien par Miettes ?
Pour le (2), première partie (savoir ce que ça apporte éventuellement), je ne crois pas que la discussion ait été réellement lancée, en dépit des éléments de réponse donnés ici et là. Mais je peux me tromper, n'ayant pas encore lu les pages 12 à 18 de ce fil.

Pour les abréviations qui font usage du point médian : sauf erreur de ma part, ces abréviations-là sont nées dans des écrits très brefs (d'une ligne au plus pour certains, de quelques lignes au plus pour les autres) : titres, plaques, pancartes, tracts, communiqués de presse, etc.

C'est l'une des raisons pour lesquelles il est très gênant (en tout cas quand on aime que les questions soient posées un peu exactement et un peu distinguées les unes des autres) que cette idée du point médian, qui relève, je crois, davantage de l'abréviation typographique que de quoi que ce soit d'autre, accapare la réflexion sur l'« inclusif » (quoi qu'on puisse par ailleurs penser des différentes pratiques recommandées par les militants qui proposent d'écrire « inclusif », et quoi qu'on puisse penser en général de l'idée de choisir la langue comme terrain de bataille).
Cath a écrit:Je reste ébahie devant l'agressivité que déclenche cette tentative.
Même sentiment par ici : on peut désapprouver, évidemment, mais j'ai du mal à concevoir qu'on s'enfièvre à ce propos.


Dernière édition par PauvreYorick le Jeu 2 Nov 2017 - 13:07, édité 1 fois (Raison : précision)
Dalva
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par Dalva Jeu 2 Nov 2017 - 2:21
Parce que c'est arrivé jusque dans un manuel de primaire, sans aucun discernement ? Parce qu'on a envie de pouvoir lire les autres sans être torturé, on a déjà assez des copies pour ça ?
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User17706
Bon génie

ecriture inclusive - Le « péril mortel » de l’écriture inclusive  - Page 18 Empty Re: Le « péril mortel » de l’écriture inclusive

par User17706 Jeu 2 Nov 2017 - 13:06
Oui, le coup du manuel de primaire, j'avoue que ça prête effectivement à sourire. Je suppose (peut-être suis-je trop optimiste?) que l'éditeur en sera pour ses frais Smile

Pour la torture, j'avoue que j'ai du mal à imaginer qu'un texte même caricaturalement pointmédianisé puisse approcher du pouvoir de nuisance de certaines copies. On observe chez les correcteurs des combustions spontanées, oui oui, lorsqu'ils s'y frottent.
Caspar
Caspar
Prophète

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par Caspar Jeu 2 Nov 2017 - 15:05
InstantKarma a écrit:J’ai entendu à la radio une inclusiveuse qui refusait de parler de « bouc émissaire » et qui qui voulait à toute force féminiser et coller une chèvre dans l’expression !

Pourra-t-elle dire "vieille ganache", expression qui désigne un homme si je ne me trompe... Very Happy
trompettemarine
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Monarque

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par trompettemarine Jeu 2 Nov 2017 - 18:28
Je viens de m'apercevoir que le site officiel des Lettres d'une académie utilisait l'écriture inclusive... et néologismes en tout genre. (Je n'aborde pas l'image négative du professeur qui s'y trouve décrite) cafe
Comment aiguiser le plaisir de lire et d'écrire de tous les élèves quelles que soient leurs compétences initiales? Assurément miser sur leurs qualités créatrices est une piste productive. Ecrire pour être lu.e et corrigé.e par le seul professeur n'est guère valorisant et n'engage que peu au dépassement aujourd'hui, à l'originalité. Les élèves ne se lisent pratiquement jamais les uns les autres et ne souhaitent d'ailleurs pas que les imperfections de leurs productions soient affichées.
Et pourtant... Mettre les élèves en situation de produire et de s'entrelire anonymement pour participer à une oeuvre commune, voilà qui peut effacer honte et réticences des jeunes scripteurs et initier une dynamique créatrice motivante.
Il est où le smiley qui se pend.
VinZT
VinZT
Doyen

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par VinZT Jeu 2 Nov 2017 - 18:42
Mais alors pourquoi pas plutôt ça, tant qu'a faire ?

Comment aiguiser le plaisir de lire et d'écrire de tous les élèves quelles que soient leurs compétences initiales? Assurément miser sur leurs qualités créatrices est une piste productive. Ecrire pour être lu.e et corrigé.e par le.la seul.e professeur.e n'est guère valorisant et n'engage que peu au dépassement aujourd'hui, à l'originalité. Les élèves ne se lisent pratiquement jamais les un.e.s les autres et ne souhaitent d'ailleurs pas que les imperfections de leurs productions soient affichées.
Et pourtant... Mettre les élèves en situation de produire et de s'entrelire anonymement pour participer à une oeuvre commune, voilà qui peut effacer honte et réticences des jeunes scripteurs.euses et initier une dynamique créatrice motivante.

Par ailleurs les « É », les « œ », les « · », les « … » (différents de ...) et les espaces avant le point d'interrogation ne semblent pas préoccuper le.la rédacteur.rice.
Je ne valide donc pas la compétence TICE de cette personne.

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trompettemarine
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Monarque

ecriture inclusive - Le « péril mortel » de l’écriture inclusive  - Page 18 Empty Re: Le « péril mortel » de l’écriture inclusive

par trompettemarine Jeu 2 Nov 2017 - 18:57
N'est-ce pas ?
trompettemarine
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par trompettemarine Jeu 2 Nov 2017 - 18:58
doublon


Dernière édition par trompettemarine le Jeu 2 Nov 2017 - 19:01, édité 1 fois
Awott
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par Awott Jeu 2 Nov 2017 - 19:01
C'est beau !

L'utilisation est assez légère, l'auteur·e ne distingue pas élève et élève.
Aphrodissia
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ecriture inclusive - Le « péril mortel » de l’écriture inclusive  - Page 18 Empty Re: Le « péril mortel » de l’écriture inclusive

par Aphrodissia Jeu 2 Nov 2017 - 19:06
Awott a écrit:C'est beau !

L'utilisation est assez légère, l'auteur·e ne distingue pas élève et élève.
Il faudrait qu'il précise dans une note de bas de page comme dans les programmes du cycle 3:
programme du cycle 3 a écrit:[1] Dans le texte qui suit, le terme « élève(s) » désigne indifféremment les filles et les garçons scolarisés.
[2] Dans le texte qui suit, le terme « professeur(s) » désigne indifféremment les femmes et les hommes qui exercent cette profession.
Cela faciliterait tellement notre compréhension.

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par bernardo Jeu 2 Nov 2017 - 20:12
Je n'ai pas lu les 18 pages mais le début du fil m'inspire ce rapprochement : certains livres classés dans la littérature dite "de jeunesse" ont été réécrits / simplifiés parce que jugés trop difficiles pour les jeunes lecteurs actuels. Avec l'écriture inclusive on juge que la langue française exclut les femmes, avec la littérature de jeunesse on juge que le passé simple exclut les jeunes. Dans les deux cas, on est dans l'idée que la révolution qui abolit les privilèges doit traquer jusqu'au bout les restes d'inégalité, partout où ils sont, par exemple dans la langue française (qui privilégierait le masculin et où le passé simple serait réservé à une élite intellectuelle). Pendant ce temps, les riches sont toujours riches, les pauvres toujours pauvres. Autrement dit, on amuse le bon peuple avec des débats de détails, on lui donne un os à ronger, alors que la structure reste (et restera) inégalitaire.

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