Re: Pensez-vous exercer ce métier jusqu'à la retraite ?

Dalva a écrit:

AsarteLilith a écrit:

Et on fait alors comme métier avec ça ? La culture, il paraît que c'est bouché. En ce qui me concerne, si je me reconvertis un jour, ça sera pas dans un domaine qui touche la jeunesse, je pense. J'en aurai soupé !

Leclochard a écrit:
Ce sont des compétences importantes. Mais quels métiers penses-tu exercer sans formation ou diplôme complémentaires ?

Sérieusement, vous connaissez le nombre faramineux de patrons, PDGs, cadres, directeurs, qui recherchent désespérément des assistants managers et secrétaires de direction compétents, sérieux et sachant écrire ?

Si une bonne lettre de motivation ne suffit pas, une formation courte de type CNED sera sans doute bienvenue sur un CV.
Et encore.
Quelques mois d'intérim, à mon avis, suffisent. Quand on est apte au travail.

Encore faut-il pouvoir obtenir une première expérience. On exigence souvent déjà une expérience -même pour un poste en intérim.
Réussir sa reconversion, c'est parvenir à surmonter une multitude de difficultés (pb de connaissances, d'âge, de famille, d'argent, de mutation dans le cas d'un concours..).

CarmenLR a écrit:

Leclochard a écrit:

fifi51 a écrit:Je ne dis pas que vous n'avez pas raison, mais lire ce fil est assez déprimant .

Cette question se pose pour beaucoup de métiers.

42 ans de vie professionnelle, et demain, combien ?
L'envie (voire la nécessité) de faire plusieurs métiers me semble normale, et saine...
J'aime beaucoup le regard des gens qui ont eu une carrière à tranches, plusieurs vies dans une vie, y compris parce qu'ils savent remettre le travail à sa place.
Lefteris avait expliqué qu'il ne comprenait pas que ses collègues puissent faire toute une histoire de quelque chose alors que lui ne voyait pas le problème, non pas parce qu'il n'existait pas, mais parce qu'il avait d'autres lunettes. J'espère ne pas déformer, mais ce post m'a marquée.

Je suis d'accord: c'est stimulant de changer. Malheureusement, notre ministère fait tout pour qu'on ne puisse pas partir.
Sans aller chercher très loin, il y a bien des gens qui font toute leur carrière dans le même bahut. :shock:

"Je te rejoins, plus la précarité quand tu commences dans ce métier, tu cherches tes repères, tu développes une confiance et une assurance qu'il te faut pour tenir dans cette jungle, comment tenir avec toutes ces histoires, ces conflits, ces visions divergentes,"

bé voilà!, nous y sommes...alors pourquoi? puisque nous sommes sur le même navire?

Moi je vais exercer jusqu'à la retraite car je suis pleine d'entrain !
Normal, après 25 années en entreprises j'ai décidé de faire autre chose et je suis ravie d'enseigner depuis peu.
Mes collègues me disent souvent que j'ai un œil neuf et que c'est rafraîchissant.

Par contre je comprends le ras le bol de collègue de mon age en exercice depuis près de 30 ans, ce doit être vraiment difficile toute une carrière à l EN...

Non, qu'on m'explique! je ne comprends réellement pas.

Lucrezia a écrit:En ce qui me concerne, je suis rentrée dans le métier en ayant en tête que j'opérerai une reconversion, disons à partir de la quarantaine, si j'en ai la possibilité (j'ai bien conscience qu'il faut en avoir le temps, l'énergie, les moyens financiers, etc.).
J'en parlais avec des collègues, et ils m'ont dit qu'il valait mieux faire l'inverse, à savoir choisir le métier d'enseignant comme reconversion et non comme métier de départ, parce que débarquer dans le monde du travail à 45 ans avec pour seule expérience pro 20 ans dans l'enseignement, ça ne vaut rien. (Et, accessoirement, avec la tournure que prend ce métier (réforme & cie), il vaudrait mieux attendre 10/15/20 ans pour voir si la profession correspond toujours aux attentes).
Etes-vous convaincu par cette "planification" (envisager l'enseignement comme reconversion et non comme métier de départ)? Vous parait-elle stratégiquement intéressante ou sans réel intérêt?

Edit: En lisant le message de leyade, je me dis que ce métier en reconversion doit être difficile non pour y entrer mais pour y tenir, car il demande en effet beaucoup d'énergie...

Une de mes amies enseignante de langue, la quarantaine, assez compétente en droit (je ne sais pas quel diplôme elle possède) est allée jusqu'au bilan de compétence tant elle était motivée par une reconversion: on lui a très clairement mais très officieusement dit que les enseignants en reconversion n'intéressaient ni les entreprises privées, ni les administrations (elle pensait devenir greffière).
Il y a dix ans , j'ai demandé à mes collègues âgés d'environ 25 à 30 ans (20 personnes) s'ils comptaient un jour se reconvertir: tous sauf une pensaient le faire un jour, depuis, un est devenu CDE, un autre inspecteur, un troisième travaille au rectorat et une collègue est devenue naturopathe, donc 4 ont changé de fonctions sur les 19 initialement convaincus qu'ils changeraient de métier.

Bé oui : Amour! il en faut entres-nous

Personnellement, même si je trouve que les conditions d'enseignement sont difficiles, je resterai dans l'EN (comme je le disais plus haut, je passerai l'agrégation et peut-être ensuite le concours de CDE.)

Je tiens trop:

1) à mes congés (j'ai une perception presque communiste du travail que je vois comme une aliénation : moins je bosse, mieux je me porte)

2) à ma sécurité de l'emploi. Mine de rien, le professeur passe au travers de la déferlante du chômage. L'obtention d'un concours de l'EN garanti l'emploi à vie.

3) de ma liberté (finalement, en classe, on est le seul maître à bord et même si l'équipage se mutine un peu, il n'y a pas de petit chef viscelard pour nous emmerder)

Tatane78 a écrit:je passerai [...] peut-être ensuite le concours de CDE.

Tatane78 a écrit:Je tiens trop:

1) à mes congés (j'ai une perception presque communiste du travail que je vois comme une aliénation : moins je bosse, mieux je me porte)
[...]

3) de ma liberté ([...]il n'y a pas de petit chef viscelard pour nous emmerder)

Eh bien soit, vous ne pouvez rien faire d'autre que prof, parce qu'ailleurs on n'aime pas les prof, et qu'en plus vous pourriez être au chômage.

Je tiens quand même à vous dire que dans votre bahut non plus, on n'aime pas trop les profs, et qu'on ne peut pas dire qu'en règle générale vous bénéficiez de la reconnaissance et de l'estime de ceux qui vous entourent, CdE compris.
Quant au chômage, ben oui : comme tout le monde. Ni plus ni moins.

Tant pis hein.

PS : prétendre qu'on ne peut pas réussir les concours FP parce qu'on y fait barrage aux profs, et que personne ne veut des enseignants en reconversion, est un mensonge éhonté.

Mais il n'est pas étonnant qu'on tienne ce discours aux profs lors des bilans de compétence made in EN. Personne n'a intérêt à une démission massive du corps enseignant, à part lui-même.

Si tu souhaites partir, Dalva, quelle stratégie comptes-tu mettre en oeuvre en ce qui te concerne ?

Démissionner et bosser davantage là où j'ai commencé à bosser en à côté. Mais je n'en dirai pas plus ici.

Plus clairement : je n'ai pas de stratégie. Un jour, la coupe sera pleine, je ne pourrai plus pénétrer dans l'établissement et faire semblant. Ce jour-là, je déposerai ma démission (ou, si ça vous rassure, une demande disponibilité pour projet personnel qui ne sera sans doute pas acceptée). Et ensuite, je n'aurai pas le choix. Donc je bosserai.

Dalva a écrit:PS : prétendre qu'on ne peut pas réussir les concours FP parce qu'on y fait barrage aux profs, et que personne ne veut des enseignants en reconversion, est un mensonge éhonté.

Mais il n'est pas étonnant qu'on tienne ce discours aux profs lors des bilans de compétence made in EN. Personne n'a intérêt à une démission massive du corps enseignant, à part lui-même.

Je suis d'accord avec toi Dalva sur ce point. En revanche les 24 mois d'indemnité de chômage qui pourraient servir aux enseignants comme temps pour se reconvertir, nous n'y avons pas accès.

Dalva a écrit:Eh bien soit, vous ne pouvez rien faire d'autre que prof, parce qu'ailleurs on n'aime pas les prof, et qu'en plus vous pourriez être au chômage.

Je tiens quand même à vous dire que dans votre bahut non plus, on n'aime pas trop les profs, et qu'on ne peut pas dire qu'en règle générale vous bénéficiez de la reconnaissance et de l'estime de ceux qui vous entourent, CdE compris.
Quant au chômage, ben oui : comme tout le monde. Ni plus ni moins.

Tant pis hein.

Je trouve sympathique ton enthousiasme. C'est juste que la réalité du marché de l'emploi reste difficile.

Dalva a écrit:Démissionner et bosser davantage là où j'ai commencé à bosser en à côté. Mais je n'en dirai pas plus ici.

C'est chouette, si tu as la certitude de retrouver un job. Ce n'est pas courant.

Leclochard a écrit:

Dalva a écrit:Eh bien soit, vous ne pouvez rien faire d'autre que prof, parce qu'ailleurs on n'aime pas les prof, et qu'en plus vous pourriez être au chômage.

Je tiens quand même à vous dire que dans votre bahut non plus, on n'aime pas trop les profs, et qu'on ne peut pas dire qu'en règle générale vous bénéficiez de la reconnaissance et de l'estime de ceux qui vous entourent, CdE compris.
Quant au chômage, ben oui : comme tout le monde. Ni plus ni moins.

Tant pis hein.

Je trouve sympathique ton enthousiasme. C'est juste que la réalité du marché de l'emploi reste difficile.

Oui, je pense qu'il est de toute façon très difficile de se reconvertir après 40 ans, pour tout le monde et en particulier pour les professeurs. Il reste la solution de créer sa propre activité ou entreprise, mais c'est risqué.

Mais je le sais bien, Leclochard !

Mais tout de même, si nous partons persuadés que nous avons moins de chance que les autres, c'est gravissime. Cela revient à dire que nous sommes des inadaptés juste bons à être profs.

Non, le marché de l'emploi n'est pas facile, c'est la galère. Mais si on ne supporte plus d'être prof, si ce métier nous fait souffrir, jusqu'à la dépression pour certains, ne vaut-il pas mieux essayer la difficulté ?

Leclochard a écrit:

Dalva a écrit:Démissionner et bosser davantage là où j'ai commencé à bosser en à côté. Mais je n'en dirai pas plus ici.

C'est chouette, si tu as la certitude de retrouver un job. Ce n'est pas courant.

Je me crée mon boulot. Si je ne bosse pas assez, je ne gagne pas d'argent.

En vérité, la seule chose qui me retient, c'est l'enseignement lui-même : j'ai peur qu'en vrai, la relation d'enseignement, aux élèves, ne me manque, et que je ne regrette d'avoir baissé les bras.

C'est mon dernier frein.

Dalva a écrit:Mais je le sais bien, Leclochard !

Mais tout de même, si nous partons persuadés que nous avons moins de chance que les autres, c'est gravissime. Cela revient à dire que nous sommes des inadaptés juste bons à être profs.

Non, le marché de l'emploi n'est pas facile, c'est la galère. Mais si on ne supporte plus d'être prof, si ce métier nous fait souffrir, jusqu'à la dépression pour certains, ne vaut-il pas mieux essayer la difficulté ?

+1

Ma soeur a toujours travaillé dans le privé; elle a changé trois fois d'emploi, est revenue à ses premières amours, et si elle a fait jouer ses compétences professionnelles, ce qui est plutôt bien vu (elle est en Angleterre), il lui a fallu une bonne dose de courage. Professeur ou pas, il faut avoir la volonté de changer; sinon, cela restera des voeux pieux. Pour ma part, je n'en suis d'ailleurs qu'aux voeux Embarassed

Dalva a écrit:Mais je le sais bien, Leclochard !

Mais tout de même, si nous partons persuadés que nous avons moins de chance que les autres, c'est gravissime. Cela revient à dire que nous sommes des inadaptés juste bons à être profs.

Non, le marché de l'emploi n'est pas facile, c'est la galère. Mais si on ne supporte plus d'être prof, si ce métier nous fait souffrir, jusqu'à la dépression pour certains, ne vaut-il pas mieux essayer la difficulté ?

Tu s totalement raison sur le fond, et je pense que c'est le point de départ de la réflexion de tout enseignant qui pense à exercer un autre métier, mais si l'équation est: déprime, mais enfants qui mangent correctement et traites pour la maison payées et puis petite escapade pendant le mois et demi de congé estival ou déprime sans tous ces bons côtés mais hypothétique épanouissement plus tard, le choix n'en est plus vraiment un...c'est un peu comme un divorce beaucoup ne peuvent l'envisager sans en avoir les moyens.

elpenor08 a écrit:

Dalva a écrit:Mais je le sais bien, Leclochard !

Mais tout de même, si nous partons persuadés que nous avons moins de chance que les autres, c'est gravissime. Cela revient à dire que nous sommes des inadaptés juste bons à être profs.

Non, le marché de l'emploi n'est pas facile, c'est la galère. Mais si on ne supporte plus d'être prof, si ce métier nous fait souffrir, jusqu'à la dépression pour certains, ne vaut-il pas mieux essayer la difficulté ?

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Ma soeur a toujours travaillé dans le privé; elle a changé trois fois d'emploi, est revenue à ses premières amours, et si elle a fait jouer ses compétences professionnelles, ce qui est plutôt bien vu (elle est en Angleterre), il lui a fallu une bonne dose de courage. Professeur ou pas, il faut avoir la volonté de changer; sinon, cela restera des voeux pieux. Pour ma part, je n'en suis d'ailleurs qu'aux voeux

Je pense que c'est beaucoup plus facile en Angleterre qu'en France.

Ce n'est PAS facile, ni ici, ni ailleurs.

Je crois qu'avec un peu d'école et de travail, on peut passer dans la magistrature apparemment

amour a écrit:

Dalva a écrit:Mais je le sais bien, Leclochard !

Mais tout de même, si nous partons persuadés que nous avons moins de chance que les autres, c'est gravissime. Cela revient à dire que nous sommes des inadaptés juste bons à être profs.

Non, le marché de l'emploi n'est pas facile, c'est la galère. Mais si on ne supporte plus d'être prof, si ce métier nous fait souffrir, jusqu'à la dépression pour certains, ne vaut-il pas mieux essayer la difficulté ?

Tu s totalement raison sur le fond, et je pense que c'est le point de départ de la réflexion de tout enseignant qui pense à exercer un autre métier, mais si l'équation est: déprime, mais enfants qui mangent correctement et traites pour la maison payées et puis petite escapade pendant le mois et demi de congé estival ou déprime sans tous ces bons côtés mais hypothétique épanouissement plus tard, le choix n'en est plus vraiment un...c'est un peu comme un divorce beaucoup ne peuvent l'envisager sans en avoir les moyens.

En tant que prof, avec un mari qui travaille dans le privé et gagne donc plus que moi, je ne peux pas me payer d'escapade à moins que mes parents ne me la financent.
Je changerai mes dépenses si je gagne moins, je l'ai déjà fait dans la mesure où monsieur, avant de gagner plus que moi, a gagné beaucoup moins, voire rien du tout certains mois.
Effectivement, il faut nourrir les enfants et payer la maison. Bon. Une grande partie de la population non prof y parvient, tout de même. L'ensemble de mes voisins, par exemple, dont strictement aucun n'est prof.