- cavatineNiveau 9
Notre chef nous avait envoyé un message hier soir (pour nous informer aussi qu'une élève avait été blessée... elle est fort heureusement hors de danger maintenant) ; elle était en salle des profs à 7h45, pour nous dire comment s'organiserait la minute de silence à 12h (message au haut-parleur, 3 minutes avant, la minute de silence se faisant dans les classes), nous dire que nous étions libres d'en parler ou pas avec nos classes, et qu'une cellule d'écoute était mise en place. Rien à dire là-dessus, elle a assuré.
J'avais fait le choix, dès hier, d'en parler avec mes classes (j'étais pour deux classes le premier prof qu'ils voyaient depuis vendredi). J'avais parfois la voix chevrotante, pas très assurée, mais je suis contente de l'avoir fait.
(fort heureusement, personne dans l'entourage de mes élèves n'a été touché, apparemment)
Mes 1ere ES ont été impeccables, ça leur a fait du bien je crois de pouvoir en parler (j'utilisais un bâton de parole), et ils ont dit des choses très sensées sur les dessins (j'avais fait un diaporama avec des dessins de presse et diffusés sur Internet). Ils ont bien apprécié également les documentaires de 5 et 7 minutes faits par Le Monde.fr sur la situation en Syrie et l'Etat islamique (après que je leur ai parlé de ce que ce terme impliquait).
Des élèves m'ont remerciée (ainsi qu'une collège qui avait une classe de seconde en début d'aprem, et qui n'a pas eu à revenir sur les événements vu le temps que j'y avais consacré au matin). Un élève en seconde a même dit à la sortie du cours, dans le couloir, qu'"il était bien ce cours" - arf (je précise que c'était en ACPR, ils étaient 8, et n'ont pas souhaité en parler directement, ils l'avaient déjà fait avant) - (j'ai fait un point sur les termes "fanatisme", "terrorisme", "intégrisme", Daech/Etat islamique, les raisons de leurs attaques ; puis l'on a lu et parlé d'un extrait de l'article Fanatisme de Voltaire, avant de commenter les dessins, puis d'écouter / commenter "Un jour, un jour" d'Aragon, chanté par Ferrat).
Une classe de seconde a été plus difficile à canaliser, ça tournait parfois plus au débat qu'à la prise de parole et écoute respective, mais ça ne m'a guère étonnée de cette classe (par contre, la maturité de certains m'a impressionnée).
Bref...
La fille d'une collègue a aussi été blessée et hospitalisée, l'ambiance était assez plombée en salle des profs et à la cantine...
je repars corriger des copies, même si le coeur n'y est pas.
J'avais fait le choix, dès hier, d'en parler avec mes classes (j'étais pour deux classes le premier prof qu'ils voyaient depuis vendredi). J'avais parfois la voix chevrotante, pas très assurée, mais je suis contente de l'avoir fait.
(fort heureusement, personne dans l'entourage de mes élèves n'a été touché, apparemment)
Mes 1ere ES ont été impeccables, ça leur a fait du bien je crois de pouvoir en parler (j'utilisais un bâton de parole), et ils ont dit des choses très sensées sur les dessins (j'avais fait un diaporama avec des dessins de presse et diffusés sur Internet). Ils ont bien apprécié également les documentaires de 5 et 7 minutes faits par Le Monde.fr sur la situation en Syrie et l'Etat islamique (après que je leur ai parlé de ce que ce terme impliquait).
Des élèves m'ont remerciée (ainsi qu'une collège qui avait une classe de seconde en début d'aprem, et qui n'a pas eu à revenir sur les événements vu le temps que j'y avais consacré au matin). Un élève en seconde a même dit à la sortie du cours, dans le couloir, qu'"il était bien ce cours" - arf (je précise que c'était en ACPR, ils étaient 8, et n'ont pas souhaité en parler directement, ils l'avaient déjà fait avant) - (j'ai fait un point sur les termes "fanatisme", "terrorisme", "intégrisme", Daech/Etat islamique, les raisons de leurs attaques ; puis l'on a lu et parlé d'un extrait de l'article Fanatisme de Voltaire, avant de commenter les dessins, puis d'écouter / commenter "Un jour, un jour" d'Aragon, chanté par Ferrat).
Une classe de seconde a été plus difficile à canaliser, ça tournait parfois plus au débat qu'à la prise de parole et écoute respective, mais ça ne m'a guère étonnée de cette classe (par contre, la maturité de certains m'a impressionnée).
Bref...
La fille d'une collègue a aussi été blessée et hospitalisée, l'ambiance était assez plombée en salle des profs et à la cantine...
je repars corriger des copies, même si le coeur n'y est pas.
- CherteaNiveau 9
Sphinx a écrit:Chertea a écrit:
"mettre des mots sur la violence subie par des enfants ce week-end", cela veut dire quoi exactement? Je suis en lycée, les élèves comprennent très bien ce qui s'est passé. En primaire/collège ce serait différent je le conçois. Les élèves sont pour la plupart dans le même cas que nous (pas de proches décédés vendredi) mais pour ceux qui ont perdu un proche (et j'ai une élève dans ce cas), c'est compliqué: qu'est-ce que je peux faire? On n'a pas été formés pour cela. Je n'ai jamais perdu quelqu’un de proche donc je peux difficilement imaginer ce que l'élève ressent exactement. C'est très difficile à gérer.
A vrai dire, on ne te demande pas de savoir gérer, et tu as sur ce fil beaucoup d'exemples de gens qui reconnaissent ne pas savoir. Mais les élèves méritent mieux que d'avoir face à eux des professeurs qui font comme si rien ne s'était passé.
L'élève qui a perdu un proche n'a pas travaillé ni copié de l'heure et je n'ai rien dit, il y avait 3 élèves autour d'elle pendant toute l'heure pour la réconforter et je ne les ai pas empêché... Je ne sais pas quoi faire de plus honnêtement.
- OsmieSage
DesolationRow, je viens de lire ton post précédent.
- SphinxProphète
Leur demander s'ils ont quelque chose à exprimer, tout simplement.
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An education was a bit like a communicable sexual disease. It made you unsuitable for a lot of jobs and then you had the urge to pass it on. - Terry Pratchett, Hogfather
"- Alors, Obélix, l'Helvétie c'est comment ? - Plat."
- DesolationRowEmpereur
Osmie a écrit:DesolationRow, je viens de lire ton post précédent.
- stagnolaNiveau 4
linedeloc a écrit:On n'est pas formés pour ça, et comment pourrait-on l'être? On est des humains, on réagit en tant que tel. Ce n'est pas un mal que les élèves nous voient émus, affectés. Le tout pour moi est qu'ils puissent s'exprimer s'ils en ressentent le besoin, et qu'ils voient que nous sommes là pour eux.
Ce que tu dis est tout à fait juste, perso je ne pensais pas qu'ils auraient tant de questions à me poser, finalement j'ai passé les 3 premières heures de la matinée à tenter d'y répondre le mieux possible, sans langue de bois. A midi nous avions décidé de rassembler tout le monde dans la cours pour la minute de silence et tout s'est déroulé dans le calme. Ce fut émotionnellement difficile pour moi mais j'ai fait ce que je pensais devoir faire...
- lucBNiveau 9
Non, nous n'avons pas été formés pour affronter cela, pas plus toi que moi que quiconque ici et même si cela est difficile, pour tous, il importait et il importe de ne pas faire comme si rien n'était arrivé. Il y a deux ans, une élève est morte, dans ma classe...je n'étais pas formée, j'ai pleuré avec les élèves, car je n'arrivais pas à les ravaler mes larmes, mais nous avons réussi à parler malgré tout. Je ne pense pas avoir été indigne ce jour-là... Non plus que ce matin, en sentant les larmes monter, malgré moi. Je n'ai pas perdu de proche (pas ce weekend ), ce qui ne m'empêche pas de me sentir affreusement mal pour tous ces gens, pour tout ce que ce monde nous renvoie en ce moment. Je suis humaine, faillible, je ne suis que moi.Chertea a écrit:Al-qalam a écrit:Chertea, depuis ce matin, tes propos me laissent sans voix. Tu passes une vidéo avec des armes (factices) qui tirent à des élèves sans comprendre que cela peut les toucher, tu ne vois pas l'intérêt de mettre des mots sur la violence subies par des enfants ce week-end, et tu agresses presque helips quand elle tente de te répondre, en remettant en cause le fait qu'elle puisse être affectée... (pour info, affecter dans le Larousse : Toucher quelqu'un, l'émouvoir, le peiner). Je suis un peu ahurie, là. :shock:Chertea a écrit:Hélips a écrit:
Il ne s'agit pas forcément de débattre. Ils ont besoin d'avoir des gens humains en face d'eux. Des gens affectés. Mais qui vivront quand même.
Ce qui s'est passé est horrible mais si tu n'étais pas présent à Paris à ce moment-là et que tu as aucun proche qui a été tué, est-tu REELLEMENT affecté? Autant affecté qu'un élève qui a perdu son cousin Vendredi? Je ne pense pas. Des gens humains qui vivront quand même? C'est à dire nous tous quoi...
"mettre des mots sur la violence subie par des enfants ce week-end", cela veut dire quoi exactement? Je suis en lycée, les élèves comprennent très bien ce qui s'est passé. En primaire/collège ce serait différent je le conçois. Les élèves sont pour la plupart dans le même cas que nous (pas de proches décédés vendredi) mais pour ceux qui ont perdu un proche (et j'ai une élève dans ce cas), c'est compliqué: qu'est-ce que je peux faire? On n'a pas été formés pour cela. Je n'ai jamais perdu quelqu’un de proche donc je peux difficilement imaginer ce que l'élève ressent exactement. C'est très difficile à gérer.
Quant à la vidéo en question, j'ai reconnu avoir fait une erreur.
- leskhalNiveau 9
*édité*
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- livieFidèle du forum
J'en ai parlé avec 5 de mes 6 classes.
Dans l'ensemble, des 6e effrayés...des 5e curieux et des 4e engagés sur la question.
En 3e, j'ai eu vent d'une collègue qu'ils étaient très très très énervés et, pendant la minute de silence, ils se sont mal tenus.
Je leur ai dit que je ne souhaitais pas en parler aujourd'hui, que nous en parlerions mercredi et que je les chargeais de préparer leurs questions. Sur le coup, je n'étais pas très contente de moi, mais étant donné leur état, je pense qu'il fallait mieux prendre cette décision.
Bon après, j'ai des collègues vraiment à fond pour en parler, faire des choses (affichages, débat ...) et moi je pense qu'il faut vite reprendre les cours. Je trouve ça contr-productif d'en avoir parlé toute la journée à toutes les heures. Cela est anxiogène pour des élèves qui ont été protégés par leurs parents ce weekend.
Et puis pour beaucoup d'élèves, ces échanges sont franchement l'occasion de ne rien faire et de poser des questions sans rapport avec le sujet...
Dans l'ensemble, des 6e effrayés...des 5e curieux et des 4e engagés sur la question.
En 3e, j'ai eu vent d'une collègue qu'ils étaient très très très énervés et, pendant la minute de silence, ils se sont mal tenus.
Je leur ai dit que je ne souhaitais pas en parler aujourd'hui, que nous en parlerions mercredi et que je les chargeais de préparer leurs questions. Sur le coup, je n'étais pas très contente de moi, mais étant donné leur état, je pense qu'il fallait mieux prendre cette décision.
Bon après, j'ai des collègues vraiment à fond pour en parler, faire des choses (affichages, débat ...) et moi je pense qu'il faut vite reprendre les cours. Je trouve ça contr-productif d'en avoir parlé toute la journée à toutes les heures. Cela est anxiogène pour des élèves qui ont été protégés par leurs parents ce weekend.
Et puis pour beaucoup d'élèves, ces échanges sont franchement l'occasion de ne rien faire et de poser des questions sans rapport avec le sujet...
- keroGrand sage
Al a écrit:A nouveau, on leur dicte leur émotion, à nouveau, on leur suggère qu'ils ont forcément envie d'en parler et quelque chose à en dire.
On peut aussi aborder la chose différemment, considérant par exemple qu'ils peuvent avoir des questions à poser.
En ce qui me concerne, je n'ai rien fait de plus qu'accueillir les questions en essayant d'éclaircir ce qui devait l'être.
Comme je le prévoyais, j'ai trouvé les élèves globalement posés sur le sujet (pas de sorties provocatrices), mais très tendus (atmosphère électrique).
Je remarque que le slogan "Je suis Paris" fait davantage l'unanimité que "Je suis Charlie". Que des élèves faisaient des pancartes avec des mots de la Marseillaise.
- Hermione0908Modérateur
La CDE était en salle des profs à 7h45 pour expliquer comment la matinée allait se dérouler.
En première heure, j'avais des 6e, je les ai laissé parler, j'ai tenter de leur apporter des réponses, je leur ai diffusé un diaporama qu'on m'avait transmis.
Après la récréation, les 6e et 5e sont restés dans la cour, et la CDE a fait un discours, elle a été très bien, et nous avons fait la minute de silence. Les élèves ont été impeccables.
Je n'avais pas cours ensuite, je suis partie, la minute de silence avait lieu avant midi pour les 4e et 3e.
Je n'en ai pas parlé avec mes autres classes, consigne était donnée aux professeurs ayant chaque classe pour sa première heure de cours d'en parler avec ses élèves.
Mes élèves avaient beaucoup de questions, beaucoup d'informations en vrac, beaucoup de craintes aussi. Mais je crois que j'ai pu leur apporter quelques éléments pour commencer à comprendre, à ma petite mesure.
@Al : je suis partie de leurs questions, de leurs remarques, pas de mon plan pré-établi. Et une heure a été à peine suffisante pour qu'ils me disent et me demandent tout ce qu'ils voulaient. Il ne s'agit pas de forcer la parole, mais l'école a encore un rôle à jouer. Nous avons une parole différente de celle des parents, avec une autre résonance, quoi qu'on en dise. Les élèves se raccrochent mine de rien à la parole de leurs professeurs. On incarne le savoir, qu'on le veuille ou non, et une certaine parole institutionnelle. Ils ont aussi besoin de ce regard extérieur.
Non, on n'est pas le Père Noël. Plusieurs élèves en 6e m'ont demandé si ça allait recommencer. Je leur ai dit que personne ne pouvait le savoir, que c'était malheureusement très possible, mais que le principe même du terrorisme c'était d'instiller la terreur de ne pas savoir quand, où, comment, si, ça allait se reproduire. Ils sont jeunes, c'est effrayant, mais ils comprennent ça. Si on prend la peine de le leur dire. Je leur ai dit qu'il était normal d'avoir peur, mais qu'il ne fallait pas se laisser submerger par cette peur.
Ce n'est pas leur faire des promesses qu'on sait ne pas pouvoir tenir. C'est leur tenir un discours avec un tant soit peu de sens.
En première heure, j'avais des 6e, je les ai laissé parler, j'ai tenter de leur apporter des réponses, je leur ai diffusé un diaporama qu'on m'avait transmis.
Après la récréation, les 6e et 5e sont restés dans la cour, et la CDE a fait un discours, elle a été très bien, et nous avons fait la minute de silence. Les élèves ont été impeccables.
Je n'avais pas cours ensuite, je suis partie, la minute de silence avait lieu avant midi pour les 4e et 3e.
Je n'en ai pas parlé avec mes autres classes, consigne était donnée aux professeurs ayant chaque classe pour sa première heure de cours d'en parler avec ses élèves.
Mes élèves avaient beaucoup de questions, beaucoup d'informations en vrac, beaucoup de craintes aussi. Mais je crois que j'ai pu leur apporter quelques éléments pour commencer à comprendre, à ma petite mesure.
@Al : je suis partie de leurs questions, de leurs remarques, pas de mon plan pré-établi. Et une heure a été à peine suffisante pour qu'ils me disent et me demandent tout ce qu'ils voulaient. Il ne s'agit pas de forcer la parole, mais l'école a encore un rôle à jouer. Nous avons une parole différente de celle des parents, avec une autre résonance, quoi qu'on en dise. Les élèves se raccrochent mine de rien à la parole de leurs professeurs. On incarne le savoir, qu'on le veuille ou non, et une certaine parole institutionnelle. Ils ont aussi besoin de ce regard extérieur.
Chertea a écrit:Al-qalam a écrit:1) Ils comprennent parfaitement : ça, j'en doute, en tout cas, en voyant le niveau de mes élèves de term il y deux quelques années concernant le proche-orient, et les religions dans leur ensemble.
2) Même s'ils comprennent, il existe un monde entre ces deux "comprendre" et "ressentir". Mais visiblement, tu ne le vois pas. Tu ne vois pas qu'un élève qui a avalé depuis deux jours une dose d'horreurs visuelles ait besoin de les verbaliser, de les partager, et éventuellement d'avoir la parole d'une personne plus mûre que lui pour le rassurer, et remettre de la raison dans l'émotion.
Comment ça le rassurer? Tu peux affirmer que cela ne va pas se reproduire? Qu'il n'y a pas de crainte à avoir?
Non, on n'est pas le Père Noël. Plusieurs élèves en 6e m'ont demandé si ça allait recommencer. Je leur ai dit que personne ne pouvait le savoir, que c'était malheureusement très possible, mais que le principe même du terrorisme c'était d'instiller la terreur de ne pas savoir quand, où, comment, si, ça allait se reproduire. Ils sont jeunes, c'est effrayant, mais ils comprennent ça. Si on prend la peine de le leur dire. Je leur ai dit qu'il était normal d'avoir peur, mais qu'il ne fallait pas se laisser submerger par cette peur.
Ce n'est pas leur faire des promesses qu'on sait ne pas pouvoir tenir. C'est leur tenir un discours avec un tant soit peu de sens.
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Certaines rubriques de Neoprofs.org sont en accès restreint.
Pour en savoir plus, c'est par ici : https://www.neoprofs.org/t48247-topics-en-acces-restreint-forum-accessible-uniquement-sur-demande-edition-2021
- Manon35Habitué du forum
Rien de formel pour nous informer avant 10h30 (par mail) et pourtant un de nos élèves est touché de très près et d'autres de façon moins directe. Nous avons tous été sous le choc de ce manque d'intérêt, ce silence tout au long du week-end. ça grondait dans la salle des profs et là j'approuve (parfois je suis beaucoup plus sur la retenue vis-à-vis des points de vue de certains).
_________________
2014-2015: 2 2ndes, 1 1ère STMG, 1ère euro, AP 2ndes (année de stage)
2015-2016: 1 2nde, 1 1ES,1 1S, 1 1STMG, Term LELE, TES.
2016-2017 : 2 2ndes, 1 1ES, LELE 1ère, 1 TES et 1 TS.
2017-2018: 2 2ndes, 1 1ES, 1TL, 1TS, 1TSTMG, Term LELE et remplacement mater en Khâgne (jusqu'à la toussaint, normalement).
- SowanaNiveau 8
Ici la minute de silence avait lieu à la fin de la récréation de 10h. Tous ensemble, dans la cour. Le CDE a fait un discours, très juste, rappelant les valeurs de la France, l'importance de la laïcité. La minute de silence a été très digne, un vrai réconfort.
J'ai parlé avec mes classes durant les deux premières heures de la matinée, à chaque fois des 5e. Je leur ai laissé le choix et clairement ils étaient en demande. Pas tant sur le plan émotionnel, nous sommes loin, que sur le plan de la compréhension. J'ai fait ce que je pouvais mais j'ai senti que ces deux heures étaient utiles parce qu'ils s'interrogeaient vraiment "pourquoi ils nous font du mal alors qu'on ne leur fait rien ?", "Pourquoi nous et pas les Etats Unis ou l'Allemagne ?", "Pourquoi détestent-ils la France ?", "Comment ça se fait que leur dieu dit de faire ça alors que quand on est catholiques dieu dit qu'il faut s'aimer" et puis cela a permis d'éviter des amalgames, surtout éviter les amalgames. Certes, je n'ai pas fait un cours de français, mais je n'ai vraiment pas eu l'impression de perdre mon temps, les élèves étaient attentifs à mes réponses. Au delà de l'angoisse j'ai vu qu'ils voulaient surtout essayer de comprendre. Et moi, ba, je n'ai sûrement pas les réponses à tout, mais voir que les élèves n'étaient pas dans les jugements à l'emporte-pièce mais dans le désir de comprendre, ça m'a fait un bien fou.
Après, les collègues..., certains ont fait comme moi, à leur manière, d'autres avaient "des choses à faire". Nous avons tous des choses à faire, nous ne sommes pas formés pour faire cela (et ça pose un véritable problème), mais si il faut attendre que les élèves auxquels on enseigne soient directement touchés dans leur chair pour en parler, ça me désole. Il ne s'agit pas d'en parler toute la journée, quand une classe en avait déjà parlé avec un collègue j'ai directement fait cours, mais je crois qu'une heure était nécessaire.
J'ai parlé avec mes classes durant les deux premières heures de la matinée, à chaque fois des 5e. Je leur ai laissé le choix et clairement ils étaient en demande. Pas tant sur le plan émotionnel, nous sommes loin, que sur le plan de la compréhension. J'ai fait ce que je pouvais mais j'ai senti que ces deux heures étaient utiles parce qu'ils s'interrogeaient vraiment "pourquoi ils nous font du mal alors qu'on ne leur fait rien ?", "Pourquoi nous et pas les Etats Unis ou l'Allemagne ?", "Pourquoi détestent-ils la France ?", "Comment ça se fait que leur dieu dit de faire ça alors que quand on est catholiques dieu dit qu'il faut s'aimer" et puis cela a permis d'éviter des amalgames, surtout éviter les amalgames. Certes, je n'ai pas fait un cours de français, mais je n'ai vraiment pas eu l'impression de perdre mon temps, les élèves étaient attentifs à mes réponses. Au delà de l'angoisse j'ai vu qu'ils voulaient surtout essayer de comprendre. Et moi, ba, je n'ai sûrement pas les réponses à tout, mais voir que les élèves n'étaient pas dans les jugements à l'emporte-pièce mais dans le désir de comprendre, ça m'a fait un bien fou.
Après, les collègues..., certains ont fait comme moi, à leur manière, d'autres avaient "des choses à faire". Nous avons tous des choses à faire, nous ne sommes pas formés pour faire cela (et ça pose un véritable problème), mais si il faut attendre que les élèves auxquels on enseigne soient directement touchés dans leur chair pour en parler, ça me désole. Il ne s'agit pas d'en parler toute la journée, quand une classe en avait déjà parlé avec un collègue j'ai directement fait cours, mais je crois qu'une heure était nécessaire.
- gauvain31Empereur
La minute de silence a été organisée chez nous à 12h. Dans la matinée, les élèves du Conseil de la Vie Lycéenne se sont réunis et ont rédigé un joli discours qu'ils ont lu dans chacune des classes entre 11h et 12h. Cela a été très digne; ils ont été très attentifs car sûrement en demande.
- NasopiBon génie
J'en ai parlé pendant une heure avec mes 6e, puis on est descendu dans la cour pour la minute de silence : 800 élèves complètement silencieux pendant une minute, c'est vraiment impressionnant.
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"Donne-moi la sérénité nécessaire pour accepter telles qu’elles sont les choses qu’on ne peut pas changer, donne-moi le courage de changer celles qui doivent l’être ; donne-moi la sagesse qui permet de discerner les unes et les autres." (Marc-Aurèle)
- clemsEsprit éclairé
Nous, nous avions reçu un mail de notre chef hier après-midi, expliquant qu'on aurait la minute de silence en M3, et qu'il souhaitait qu'on explique aux élèves ce qu'il s'était passé l'heure d'avant.
Finalement, la minute de silence a eu lieu en m4, pour s'aligner sur les consignes du recteur.
Mes 3ème étaient tous habillés en noir, ils ont souhaité écrire des textes et faire des dessins ( qui seront affichés dans le collège). Ils étaient choqués et en colère ( le cousin d'un des élève est blessé).
Dans ma 6e, ça a été plus compliqué, mais je le savais à l'avance. 3 élèves prococateurs ( qui ont été signalés), disant que c'était bien fait puisque Hollande avait insulté l'Islam. J'ai donc fermement recadré les choses, en essayant de garder mon calme ( je leur ai cité les différents types de victimes, en leur demandant ce qu'ils avaient fait pour mériter ça...., ça les a calmé... Mais bon, un de nos anciens élèves est mort en Syrie, et plusieurs personnes de cette ville sont sous surveillance....
Dans cette classe là, 3 élèves ont de la famille touchée , et une avait son oncle au stade de France. Je sais qu'il y en a d'autres dans les autres classes.
Finalement, on est à 11 000 km, mais pas mal d'élèves touchés.
Finalement, la minute de silence a eu lieu en m4, pour s'aligner sur les consignes du recteur.
Mes 3ème étaient tous habillés en noir, ils ont souhaité écrire des textes et faire des dessins ( qui seront affichés dans le collège). Ils étaient choqués et en colère ( le cousin d'un des élève est blessé).
Dans ma 6e, ça a été plus compliqué, mais je le savais à l'avance. 3 élèves prococateurs ( qui ont été signalés), disant que c'était bien fait puisque Hollande avait insulté l'Islam. J'ai donc fermement recadré les choses, en essayant de garder mon calme ( je leur ai cité les différents types de victimes, en leur demandant ce qu'ils avaient fait pour mériter ça...., ça les a calmé... Mais bon, un de nos anciens élèves est mort en Syrie, et plusieurs personnes de cette ville sont sous surveillance....
Dans cette classe là, 3 élèves ont de la famille touchée , et une avait son oncle au stade de France. Je sais qu'il y en a d'autres dans les autres classes.
Finalement, on est à 11 000 km, mais pas mal d'élèves touchés.
- Fesseur ProGuide spirituel
Beaucoup d'élèves habillés en noir chez nous aussi.clems a écrit:Mes 3ème étaient tous habillés en noir,
Une "belle" minute de silence bien émouvante.
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Pourvu que ça dure...
- TrinityEsprit éclairé
Dans mon collège, les réunir dans la cour à 11h50 (ça sonne à 12h) a été une erreur. Le CDE a fait un petit discours pas trop mal ficelé mais comme il n'a pas attendu le silence pour commencer... La minute de silence n'a pas duré une minute et n'a pas été complètement silencieuse (quelques ricanements qui m'ont mise en boule) : le CDE s'est lancé au bout de 30 s à peine, tout seul, dans La Marseillaise, des rires ont fusé. Bref.
_________________
"Deux choses sont infinies : l'Univers et la bêtise humaine. Mais en ce qui concerne l'Univers, je n'en ai pas encore acquis la certitude absolue." Albert Einstein
- livieFidèle du forum
Exactement la même chose, sauf que chez nous, ils étaient en place dès 11h40. Ils se sont montés la tête entre eux, c'était vraiment ...difficile.
- RosanetteEsprit éclairé
Un peu sur le cul quant à la ""bourde"" de Chertea je dois dire.
De fait, en me retrouvant devant des étudiants parisiens âgés de 18 à 21 ans, je me dis qu'effectivement la teneur de cette journée a été à géographie variable. A Paris et en banlieue, impossible de regarder ça en "spectateurs" en sachant que des camarades sont morts (on voit bien que directement ou indirectement d'ailleurs, les victimes viennent de tout le territoire).
De fait, en me retrouvant devant des étudiants parisiens âgés de 18 à 21 ans, je me dis qu'effectivement la teneur de cette journée a été à géographie variable. A Paris et en banlieue, impossible de regarder ça en "spectateurs" en sachant que des camarades sont morts (on voit bien que directement ou indirectement d'ailleurs, les victimes viennent de tout le territoire).
- philopoussinNiveau 8
Avec les S, ce soir, une réflexion tout à fait différente de celle de la classe de ce matin qui se souciait du maintien des marchés de Noël.
Nous avons échangé à partir de la première question posée par un élève : "pourquoi?"
Nous avons échangé à partir de la première question posée par un élève : "pourquoi?"
- BalthamosDoyen
A la fin de la minute de silence dans la cour, les élèves ont applaudi, spontanément.
Ca m'a ému.
En classe, avec mes 6e (PP), j'ai un peu parlé.
La discussion a dévié sur les armes. J'ai dit qu'en France, c'était réglementé et interdit d'avoir des armes de guerre. J'ai 3 élèves qui m'ont questionné sur quels types d'armes (car le frère/ cousin/ oncle en ont).... Je ne sais pas quoi dire.
J'ai fui dans un discours sur la légalité, sur le contrôle pour revenir sur les terroristes et l'accès à l'information, histoire d'éviter le sujet.
Ca m'a ému.
En classe, avec mes 6e (PP), j'ai un peu parlé.
La discussion a dévié sur les armes. J'ai dit qu'en France, c'était réglementé et interdit d'avoir des armes de guerre. J'ai 3 élèves qui m'ont questionné sur quels types d'armes (car le frère/ cousin/ oncle en ont).... Je ne sais pas quoi dire.
J'ai fui dans un discours sur la légalité, sur le contrôle pour revenir sur les terroristes et l'accès à l'information, histoire d'éviter le sujet.
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- Spoiler:
- fanetteFidèle du forum
Fesseur Pro, très beau texte de Zebda (je lis tout le fil du jour).
Au collège nous avons été très soutenus par la chef d'établissement. En salle des profs, on n'a parlé que des attentats, en vérifiant que personne n'avait été touché de près (beaucoup de nos amis et familles étaient sur Paris ce jour-là, mais pas de victimes dans l'entourage proche). La CDE a reçu les élèves par niveau, avec le maire, et a fait un petit discours. Bonne attitude des élèves.
En 1ère heure, j'avais des 6èmes. Le fond d'écran de mon TNI représentait Marianne pleurant. Je suis partie de cette image, nous en avons parlé 1/4 h environ. J'ai eu l'impression qu'ils appréciaient d'évoquer les évènements avec moi. Pour les rassurer, en bonne prof de math , je leur ai rappelé qu'ils avaient bien plus de risques de se faire écraser par une voiture que d'être victimes d'un attentat.
En 2ème heure, les 4èmes sont arrivés excités. Un élève (noir) est entré en s'exclamant "la France aux français !" Là aussi, un petit quart d'heure de commentaires, en expliquant que les terroristes détestent notre devise "liberté-égalité-fraternité". Mais des élèves moins réceptifs, cherchant surtout à ne pas travailler.
L'après-midi, les 3èmes n'ont fait aucun commentaire sur mon fond d'écran, j'ai supposé qu'ils en avaient assez que l'on en parle : je n'ai rien dit. Dernière heure : la classe de 4ème dont je suis prof principal. Ils ont souhaité en parler car, à part la CDE, personne n'avait abordé le sujet avec eux. Un bon esprit mais beaucoup de questions pas faciles "Pourquoi Hollande est-il intervenu en Syrie ?", "Pourquoi on ne dégomme pas Daesh, alors qu'on est bien plus nombreux qu'eux ?", "Que pensez-vous qu'il faut faire pour stopper le terrorisme?". Je leur ai parfois dit de se tourner vers leur prof d'histoire-géo, parfois que je n'avais pas de réponse. Cela a duré toute l'heure et je pense que ça n'a pas été inutile. Un maghrébin est intervenu pour dire que les terroristes interprétaient mal le coran, que le djihad, ça n'était pas ça, nous avons conclu qu'il ne fallait pas se diviser, bref, j'ai terminé ma journée sur une note positive
Au collège nous avons été très soutenus par la chef d'établissement. En salle des profs, on n'a parlé que des attentats, en vérifiant que personne n'avait été touché de près (beaucoup de nos amis et familles étaient sur Paris ce jour-là, mais pas de victimes dans l'entourage proche). La CDE a reçu les élèves par niveau, avec le maire, et a fait un petit discours. Bonne attitude des élèves.
En 1ère heure, j'avais des 6èmes. Le fond d'écran de mon TNI représentait Marianne pleurant. Je suis partie de cette image, nous en avons parlé 1/4 h environ. J'ai eu l'impression qu'ils appréciaient d'évoquer les évènements avec moi. Pour les rassurer, en bonne prof de math , je leur ai rappelé qu'ils avaient bien plus de risques de se faire écraser par une voiture que d'être victimes d'un attentat.
En 2ème heure, les 4èmes sont arrivés excités. Un élève (noir) est entré en s'exclamant "la France aux français !" Là aussi, un petit quart d'heure de commentaires, en expliquant que les terroristes détestent notre devise "liberté-égalité-fraternité". Mais des élèves moins réceptifs, cherchant surtout à ne pas travailler.
L'après-midi, les 3èmes n'ont fait aucun commentaire sur mon fond d'écran, j'ai supposé qu'ils en avaient assez que l'on en parle : je n'ai rien dit. Dernière heure : la classe de 4ème dont je suis prof principal. Ils ont souhaité en parler car, à part la CDE, personne n'avait abordé le sujet avec eux. Un bon esprit mais beaucoup de questions pas faciles "Pourquoi Hollande est-il intervenu en Syrie ?", "Pourquoi on ne dégomme pas Daesh, alors qu'on est bien plus nombreux qu'eux ?", "Que pensez-vous qu'il faut faire pour stopper le terrorisme?". Je leur ai parfois dit de se tourner vers leur prof d'histoire-géo, parfois que je n'avais pas de réponse. Cela a duré toute l'heure et je pense que ça n'a pas été inutile. Un maghrébin est intervenu pour dire que les terroristes interprétaient mal le coran, que le djihad, ça n'était pas ça, nous avons conclu qu'il ne fallait pas se diviser, bref, j'ai terminé ma journée sur une note positive
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L'école nuit gravement à l'obscurantisme !
- OudemiaBon génie
Je n'avais pas cours ce matin et suis arrivée un peu en avance pour la minute de silence, impeccable, dans la cour. Des élèves ont entonné ensuite la Marseillaise, spontanément, je suis un peu dubitative sur leurs intentions (chahut, faire les intéressants ?), mais passons.
J'accompagnais une 6e pour passer les évaluations en salle info., et en 2e heure je les ai ramenés, on a travaillé normalement.
C'est avec la 6e suivante, bruyante déjà sur le palier, que cela s'est gâté : un des plus mauvais élèves s'est carré sur sa chaise : "Vous allez nous parler du terrorisme, Madame ?". Visiblement il s'attendait à passer un long moment en parlote. J'ai froidement demandé s'il était encore nécessaire de redire que ce n'était pas bien, que ce qui s'était passé était très triste, j'ai rappelé qu'ils savaient très bien pourquoi ils avaient fait une minute de silence, que le chef d'établissement avait donné pour consigne d'en parler le matin et de travailler normalement ensuite.
Comme l'an dernier, exposition de travaux en Arts plastiques (très réussis déjà pour les premiers).
J'accompagnais une 6e pour passer les évaluations en salle info., et en 2e heure je les ai ramenés, on a travaillé normalement.
C'est avec la 6e suivante, bruyante déjà sur le palier, que cela s'est gâté : un des plus mauvais élèves s'est carré sur sa chaise : "Vous allez nous parler du terrorisme, Madame ?". Visiblement il s'attendait à passer un long moment en parlote. J'ai froidement demandé s'il était encore nécessaire de redire que ce n'était pas bien, que ce qui s'était passé était très triste, j'ai rappelé qu'ils savaient très bien pourquoi ils avaient fait une minute de silence, que le chef d'établissement avait donné pour consigne d'en parler le matin et de travailler normalement ensuite.
Comme l'an dernier, exposition de travaux en Arts plastiques (très réussis déjà pour les premiers).
- SiggyHabitué du forum
Très déçue de ma dernière heure de cours et donc de ma dernière classe. J'avais cours seulement l'après-midi, sachant que les collègues avaient parlé avec leurs élèves j'ai simplement demandé à la classe s'ils avaient d'autres questions ou autres choses à rajouter depuis ce matin. On a parlé plusieurs minutes jusqu'à ce que j'entende un élève chuchoter "Allez trouve des questions comme ça on fera pas cours". Je trouve ça honteux et méprisant (même si, malgré tout, je me doutais bien qu'il y avait quelques redites et que certains élèves voulaient en profiter).
- JaneMonarque
Dans le lycée de ma fille, les attentats n'ont même pas été évoqués :shock:
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"Il n'est pas une vérité qui ne porte avec elle son amertume." (A. Camus)
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