Fusillades à Paris - Que fait-on lundi avec nos élèves, dans nos établissements ?

Ce fil pour échanger sur la façon de parler de cela avec nos élèves, lundi.

Je ne sais pas. J'ai des élèves de CM et je ne sais pas comment aborder cette horreur.

Je reprends un peu ce que j'ai lu ailleurs et qui me plait sans faire de "chichis" :

Etre au clair avec soi, ses émotions. Etre une des premières sources d'information, avant les copains, les médias ou autres. Etre concret sans etre dur ou entrer dans les détails, des gens sont morts oui et d'autres sont encore blessés.

Laisser parler les enfants,les laisser questionner leur sens. Clarifier tous les mots qu'ils entendent simplement.

Et surtout rassurer. Clarifier c'est rassurer.

Parler du périmètre proche des enfants, la famille, les amis, l'école, les copains. Passer en revu chacun des éléments dont ils parlent et clarifier afin d'éviter les rumeurs.

"Etre au clair avec soi, ses émotions. Etre une des premières sources d'information, avant les copains, les médias ou autres."

Peux-tu développer s'il te plaît ?

Pour ceux qui sont très proches des lieux : envoyez un mail à votre cde pour demander s'il y a une reprise en décalé (début des cours en décalé par rapport à votre heure d'arrivée par exemple, selon possibilités locales et âge des élèves bien sûr, avec prise en charge à définir pour la première heure) ou au moins demander l'organisation de la reprise.
Une reprise en décalé permettrait de vous retrouvez en équipe, avant d’accueillir les élèves.

Sinon : vous faite au mieux en accord avec ce que vous ressentez. Si vous vous lancez dans quelque chose qui vous dépasse, cela sonnera faux.
Dire juste quelques phrases puis faire cours, c'est bien. Les laisser vider leur sac c'est bien également (écriture, dessin). Clarifier des choses, aussi.  Il n'y a pas de réponse toute faite. Je pense que s'ils ont un mélange des trois, c'est bien (ce n'est pas une reprise habituelle, mais c'est aussi une reprise), d'où l'idée qu'idéalement, il faudrait que ça s'organise un peu...

De grandes pensées à vous, à tous les collègues dans les écoles, collèges et lycées.

En janvier, j'avais affiché des textes spécifiques (DDHC) et j'avais passé Imagine.

J'ai cours avec mes secondes Lundi à 8h et je ne sais pas quoi dire. Heureusement, nous nous réunissons avec les autres professeurs entre 11h et 12h pour nous mettre d'accord. Du coup, en attendant cette réunion, je vais (tenter) de faire comme si rien n'était arrivé.

Mes Terminales lundi à 8h...

Trouvé sur le fil des fusillades, je copie-colle l'idée ici, au cas où.

anthinéa a écrit:

Fantômette a écrit:

Sei a écrit:
La dose d'injustice et la dose de honte
Sont vraiment trop amères
Il ne faut pas de tout pour faire un monde il faut
Du bonheur et rien d'autre
Pour être heureux il faut simplement y voir clair
Et lutter sans défaut
Nos ennemis sont fous débiles maladroits
Il faut en profiter
N'attendons pas un seul instant levons la tête
Prenons d'assaut la terre
Nous le savons elle est à nous submergeons-la
Nous sommes invincibles

Paul Eluard

Merci pour ce poème que je ne connaissais pas et que j'afficherai dans ma classe.

Idem

J'appréhende le lundi. Je me savais protégée par rapport à de nombreux collègues, l'année dernière, dans un lycée à Paris intra-muros. Là, je ne sais pas comment réagir. J'aurai notamment une classe avec une élève très, très dure, et, surtout, je sais que j'ai besoin d'abstraction pour penser ces choses-là. J'ai plus de peine avec le concret. Or, mes élèves ont une peine infinie à accéder à l'abstraction.

On debriefe. On écoute et on fait de l'histoire : on explique et on contextualise.

AsarteLilith a écrit:"Etre au clair avec soi, ses émotions. Etre une des premières sources d'information, avant les copains, les médias ou autres."

Peux-tu développer s'il te plaît ?

Etre au clair avec soi par rapport aux événements dramatiques qui viennent de se produire. Notre parole auprès des élèves va être TRES importante, peut être plus que celle de leurs parents ou de copains.

Je pense donc qu'il faut être assez clair et précis dans les mots que 'lon utilisera avec les élèves, quitte à attendre un peu pour aborder le sujet avec eux si Lundi on se sent pas prêt.... Mais il faut en parler, 10 min 1H, 2 H peu importe, mais on ne peut pas faire comme si ce n'était rien.

Notre voix est importante.

@Sei
Mauvaise idée.  Il faut au minimum reconnaître l'existence des faits, puis dire ensuite aux élèves que tu attends cette réunion pour savoir quels  moyens sont mis en oeuvre pour traiter l'événement.  Eventuellement dire que ton devoir est de faire cours et que c'est aussi une forme de résistance à l'horreur,  mais faire semblant de rien ne passera pas auprès des élèves.  J'ai vu des collègues le faire,  j'ai entendu les élèves après.

Merci pour ce fil que je vais suivre avec grand intérêt!...

On se réunit avec les collègues lundi à 10h30 pour "se mettre d'accord", mais j'avoue que j'ai du mal à comprendre...

J'ai peur de la réaction de certains élèves, dans mon petit lycée du 93 d'habitude à peu près calme, qu'il y ait à nouveau des tensions comme en janvier. Je ne sais pas quoi dire aux élèves, je ne suis pas douée pour gérer ce genre de situations! J'attends de voir ce qu'il se dit sur ce fil, voir si j'arrive à trouver "quoi dire/quoi faire" d'ici lundi.

J'ai ma pire classe de 3e lundi matin à 8h (le genre qui passe son temps à te parler des vidéos conspirationnistes dès que tu évoques le moindre événement historique - dans mon cours JFK dernièrement). J'ai un contrôle prévu et un contrôle se sera. J'ai pas les épaules pour affronter cela seule.

Lundi j'ai 6 heures de cours, dont 4 de contrôle. Je suis un peu gênée de cela. Pas le temps d'en parler avant chaque contrôle, en plus ça risque de les perturber. Je pourrais bien sûr repousser les contrôles au lendemain, le problème c'est : qu'est-ce que je dis pendant 1 heure ? Ça prendrait peut-être 1/4 d'heure, après il faudrait meubler. D'un autre côté, si je ne dis absolument rien et que je leur fais faire le contrôle comme si de rien n'était, j'aurai l'impression de ne pas faire mon boulot...

babouchka4 a écrit:

AsarteLilith a écrit:"Etre au clair avec soi, ses émotions. Etre une des premières sources d'information, avant les copains, les médias ou autres."

Peux-tu développer s'il te plaît ?

Etre au clair avec soi par rapport aux événements dramatiques qui viennent de se produire. Notre parole auprès des élèves va être TRES importante, peut être plus que celle de leurs parents ou de copains.

Je pense donc qu'il faut être assez clair et précis dans les mots que 'lon utilisera avec les élèves, quitte à attendre un peu pour aborder le sujet avec eux si Lundi on se sent pas prêt.... Mais il faut en parler, 10 min 1H, 2 H peu importe, mais on ne peut pas faire comme si ce n'était rien.

Notre voix est importante.

J'espère que j'y arriverai. Pour Charlie, j'avais dit qu'il était normal qu'ils soient émus, qu'ils fallait prendre le temps de réfléchir et ne pas faire d'amalgames et on avait discuté un peu

Le doc joint peut être utile...

Edit : Il n'apparaît pas, je retente le chargement.

AsarteLilith a écrit:

babouchka4 a écrit:

AsarteLilith a écrit:"Etre au clair avec soi, ses émotions. Etre une des premières sources d'information, avant les copains, les médias ou autres."

Peux-tu développer s'il te plaît ?

Etre au clair avec soi par rapport aux événements dramatiques qui viennent de se produire. Notre parole auprès des élèves va être TRES importante, peut être plus que celle de leurs parents ou de copains.

Je pense donc qu'il faut être assez clair et précis dans les mots que 'lon utilisera avec les élèves, quitte à attendre un peu pour aborder le sujet avec eux si Lundi on se sent pas prêt.... Mais il faut en parler, 10 min 1H, 2 H peu importe, mais on ne peut pas faire comme si ce n'était rien.

Notre voix est importante.

J'espère que j'y arriverai. Pour Charlie, j'avais dit qu'il était normal qu'ils soient émus, qu'ils fallait prendre le temps de réfléchir et ne pas faire d'amalgames et on avait discuté un peu

Bah c'est top

Tout à l'heure (entre 10h et 11h) une psychologue dont j'ai oublié le nom disait, sur Europe 1, qu'une formation avait été préconisée depuis longtemps pour tous ceux qui forment un public sensible, dont les enseignants, ; or, et elle en était furieuse, rien n'a été fait, or parler aux enfants ne s'improvise pas.

AMIS BIEN AIMES

Ma loulou est partie pour le pays de l’envers du décor … Un homme lui a donné 9 coups de poignard dans sa peau douce. C’est la société qui est malade, il nous faut la remettre d’aplomb et d’équerre par l’amour et l’amitié et la persuasion.
C’est l’histoire de mon amour à moi arrêté sur le seuil de ses 33 ans. Ne perdons pas courage ni vous ni moi. Je vais continuer ma vie et mes voyages avec ce poids lourd à porter, en plus de mes deux chéris qui lui ressemblent.
Sans vous commander, je vous demande d’aimer plus que jamais ceux qui vous sont proches ; le monde est une triste boutique, les cœurs purs doivent se mettre ensemble pour l’embellir, il faut reboiser l’âme humaine. Je resterai sur le pont, je resterai un jardinier, je cultiverai mes plantes de langage. A travers mes dires, vous trouverez ma bien-aimée et il n’est vrai que l’amitié et l’amour. Je suis maintenant très loin au fond du panier des tristesses. On dit manger chacun, dit-on, un sac de charbon pour aller en paradis. Ah comme j’aimerais qu’il y ait un paradis comme ce serait doux les retrouvailles.
En attendant, à vous autres, mes amis de l’ici-bas, face à ce qui m’arrive, je prends la liberté, moi qui ne suis qu’un histrion ou un batteur de planches, qu’un comédien qui ne fait du rêve avec du vent, je prends la liberté de vous écrire pour vous dire ce à quoi je pense aujourd’hui : je pense de toutes mes forces qu’il faut s’aimer à tort et à travers.

Julos,
Nuit du 2 au 3 février 75
(Julos Beaucarne)

Je ne connaissais pas ce texte, trouvé sur le facebook d'une de mes amies, mais je l'ai trouvé superbe.

Écusette de Noireuil a écrit:@Sei
Mauvaise idée.  Il faut au minimum reconnaître l'existence des faits, puis dire ensuite aux élèves que tu attends cette réunion pour savoir quels  moyens sont mis en oeuvre pour traiter l'événement.  Eventuellement dire que ton devoir est de faire cours et que c'est aussi une forme de résistance à l'horreur,  mais faire semblant de rien ne passera pas auprès des élèves.  J'ai vu des collègues le faire,  j'ai entendu les élèves après.

Quelle est la mauvaise idée ? Je n'ai pas l'intention de ne pas reconnaître les faits, bien sûr, ni de faire semblant de rien. Et de quelle réunion parles-tu ? (Pardon, je ne comprends rien). Mais je suis beaucoup plus à l'aise avec un media (la littérature, en l'occurrence, on ne se refait pas). Seulement, le poème d'Eluard, il ne parlera pas à un paquet d'élèves…

Contextualiser, oui, Olympias… Mais voilà, je ne me sens pas à ma place. Je manque de billes, je ne maîtrise pas bien les enjeux. L'année dernière, j'avais expliqué Charlie Hebdo, les origines du journal, ce qu'il était, etc. Là… je ne sais pas.

Que ferez-vous ?

Sei, je pense qu'Ecusette s'adressait en fait à Not a Panda, pas à toi.

Merci babouchka !

Ah oui, merci Sansara. Excusez-moi.