Fusillades à Paris - Que fait-on lundi avec nos élèves, dans nos établissements ?

Alex.B a écrit:J'ai eu la "chance" d'être en réunion dans mon établissement ce matin. Nous en avons discuter longuement, et des pistes d'action ont été proposées. Notre principale a notamment évoquer la possibilité d'évoquer le ressenti des élèves par rapport à ce qui vient de se passer. A l'heure actuelle, nous ne sommes peut-être pas en mesure (ou bien je parle pour moi personnellement) de prendre le recul nécessaire pour découdre tout ce qu'impliquent ces attentats. En revanche, nous sommes à même de parler de nos sentiments, d'exprimer notre colère ou notre chagrin, de la décrire, et par ce biais, de faire comprendre l'idée de deuil national.

Je ne sais pas encore comment je vais en parler avec mes élèves. Je ne sais pas ce que je vais faire. J'ai peur de ne pas gérer mes propres émotions, j'ai peur qu'un élève déborde. Mais il me semble de mon devoir de faire quelque chose. Ne serait-ce que pour introduire la minute de silence, je ferais quelque chose. Quoi ? Je ne sais pas.
Merci pour ce fil qui est d'une grande aide et d'un grand soutien.

Coucou Alex.B... Je pense qu'on est dans le même collège, hi hi...

Personnellement je n'aborderai pas le sujet s'ils ne l'abordent pas, idem pour la minute de silence, uniquement s'ils en font la demande.

En outre je pense aussi qu'une minute de silence sans temps d'échange (avant de préférence) n'a pas grand sens.

Après pour l'échange, quelques pistes :
- prévoir un "bâton de parole" pour cadrer plus facilement les échanges (testé l'an dernier, ça marche bien)
- cadrer dès le départ (une durée maximale...)
- des propositions intéressantes faites ce matin (j'aurai aimé qu'on partage plus sur cela mais...) : passage par l'écrit, chaque élève écrit seulement un mot, par exemple.
- je rejoins Mutis sur la nécssité du rappel à la loi (sur le délit d'apologie de crime : http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=E32A0F18B041E0A2AF04558D0CA3FB17.tpdila08v_2?cidTexte=JORFTEXT000000877119&dateTexte=20151114 )
- l'an dernier j'avais fait remarquer aux élèves qu'un salarié de notre restaurateur avait été tué dans l'attaque de Carlie Hebdo, tout de suite cela avait facilité l'empathie.

J'en oublie sûrement.

Une question des élèves à prévoir est : pourquoi on fait pas une minute de silence pour .... (les enfants de Gaza, la famine en Afrique, etc). C'est une question tout à fait légitime, en outre.

Prévoir l'éventualité d'exclure un élève qui va trop loin en l'envoyant directement par la case CE (consigne pertinente de notre CE).

Je ne sais pas... Je ne veux pas revivre la journée vécue en janvier dernier.
L'absence totale d'échange entre collègues en SDP mais discussions "normales" sur le week-end et le train-train : non.
L'isolement en classe lors de la minute de silence avec des élèves qui ne comprennent pas, ne veulent pas, parlent pendant (et zéro sanction derrière).
Je ne veux pas.
J'ai les 4e dont je suis PP en 1re heure. Je pense que je vais faire une boîte à messages : je vais distribuer une feuille blanche à chaque élève. Chacun pourra y écrire ou y dessiner ce que lui inspirent les événements. Il pourra signer ou pas. Et ensuite, en tirer quelques uns au sort et partir de là pour engager une discussion. Et ensuite... envoyer la boîte à la mairie de Paris ?
Bon, c'est encore très vague comme idée et à peaufiner. Mais voilà ce à quoi je pense, là, maintenant, tout e suite.
J'ai aussi envoyé un mail à mon CDE pour lui demander une demi-heure entre nous avant de prendre les élèves ainsi qu'une minute de silence ensemble (en janvier, chacun l'a faite dans sa salle parce que, ds mon etb, le midi les cours finissent à 12:25 et ça faisait trop de "bazar" pour la vie sco et pour la cantine...). On verra.

Mais enfin, il n'y a aucune obligation de faire une minute de silence. Je rappelle que l'enseignant a l'obligation de traiter un programme d'enseignement. Et jouit pour cela de la liberté pédagogique.

C'est à chacun de nous de décider de l'éventuelle digression que nous ferons ou ne ferons pas lundi.

miss terious a écrit:Je ne sais pas... Je ne veux pas revivre la journée vécue en janvier dernier.
L'absence totale d'échange entre collègues en SDP mais discussions "normales" sur le week-end et le train-train : non.
L'isolement en classe lors de la minute de silence avec des élèves qui ne comprennent pas, ne veulent pas, parlent pendant (et zéro sanction derrière).
Je ne veux pas.
J'ai les 4e dont je suis PP en 1re heure. Je pense que je vais faire une boîte à messages : je vais distribuer une feuille blanche à chaque élève. Chacun pourra y écrire ou y dessiner ce que lui inspirent les événements. Il pourra signer ou pas. Et ensuite, en tirer quelques uns au sort et partir de là pour engager une discussion. Et ensuite... envoyer la boîte à la mairie de Paris ?
Bon, c'est encore très vague comme idée et à peaufiner. Mais voilà ce à quoi je pense, là, maintenant, tout e suite.
J'ai aussi envoyé un mail à mon CDE pour lui demander une demi-heure entre nous avant de prendre les élèves ainsi qu'une minute de silence ensemble (en janvier, chacun l'a faite dans sa salle parce que, ds mon etb, le midi les cours finissent à 12:25 et ça faisait trop de "bazar" pour la vie sco et pour la cantine...). On verra.

La prise en charge des élèves est un problème mais ça me paraîtrait tellement utile et nécessaire que les enseignants aient un temps de concertation...

Je pense bien à vous. Sincèrement. Et d'expérience.
Je n'ai pas d'étudiants à midi lundi, je ne sais pas du tout comment les choses peuvent se passer à la fac (si ça se passe) mais je penserai vraiment à vous tous, devant les élèves.

Je n'ai pas cours le lundi et j'avoue que j'en suis bien aise.

Tangleding a écrit:Mais enfin, il n'y a aucune obligation de faire une minute de silence. Je rappelle que l'enseignant a l'obligation de traiter un programme d'enseignement. Et jouit pour cela de la liberté pédagogique.

C'est à chacun de nous de décider de l'éventuelle digression que nous ferons ou ne ferons pas lundi.

Oui et je pense que ce doit surtout être fonction des besoins ou réactions de la classe lundi matin... mais pour ma part, si ma classe disait ne pas du tout vouloir en parler, je dois dire que j'aurais quand même énormément de mal à faire as usual. Pour moi, deuil national oblige ce sera brassard noir et la minute de silence ne sera pas une option, mais c'est plus simple je ne serai plus en cours, juste dans le hall.

En fait à la fin du débat je fais le lien avec le fait que l'école doit assurer la sécurité des élèves pour qu'ils puissent étudier. Donc s'ils ne veulent pas en parler ce serait quelque chose de ce style :

"Vous avez sans doute comme moi appris par les médias qu'un attaque terroriste a fait de nombreux morts à Paris et en RP vendredi soir. Aujourd'hui nous sommes lundi et nous sommes au collège, en sécurité, c'est une des responsabilités de l'école de garantir la sécurité des enfants scolarisés, pour que vous puissiez apprendre. Apprenons."

Tangleding a écrit:Mais enfin, il n'y a aucune obligation de faire une minute de silence. Je rappelle que l'enseignant a l'obligation de traiter un programme d'enseignement. Et jouit pour cela de la liberté pédagogique.

C'est à chacun de nous de décider de l'éventuelle digression que nous ferons ou ne ferons pas lundi.

Mes élèves en janvier dernier n'avaient pas observé la minute de silence, parce qu'ils étaient en cours avec un collègue qui voulait faire son cours d'EPS et ils l'avaient beaucoup regretté, des parents avaient appelé le CDE pour s'en plaindre.

Communiqué du jour :

http://www.education.gouv.fr/cid95375/communique-de-presse-de-najat-vallaud-belkacem-a-la-suite-des-attentats-terroristes-qui-ont-frappe-paris-et-la-seine-saint-denis.html

On peut le leur proposer, pas les contraindre.

La minute de silence est une cérémonie, je ne suis pas curé de la république mais enseignant.

Botchan a écrit:Je n'ai pas cours le lundi et j'avoue que j'en suis bien aise.

Pareil !

Courage aux collègues...

elpenor08 a écrit:
Mais je suis un peu étonné: ici (dans la campagne profonde), personne n'a l'air de parler des attentats, sur le marché, dans les clubs sportifs des enfants, je n'ai rien entendu... :shock:

Dans ma campagne profonde, même impression de surface : le sujet n'est abordé que lorsqu'on croise des gens qu'on connait bien, autour de nous ça parle d'autre chose.
Mais notre cafetier préféré nous a dit que si, on en parlait, et qu'il a entendu sa dose de conversations racistes ce matin pendant le marché, ça l'a horripilé (trop fort taux FN par chez moi).

Foulquart a écrit:Communiqué du jour :

http://www.education.gouv.fr/cid95375/communique-de-presse-de-najat-vallaud-belkacem-a-la-suite-des-attentats-terroristes-qui-ont-frappe-paris-et-la-seine-saint-denis.html

Ils ne se sont pas foulé un neurone au ministère avec ce communiqué...

Whypee a écrit:

Foulquart a écrit:Communiqué du jour :

http://www.education.gouv.fr/cid95375/communique-de-presse-de-najat-vallaud-belkacem-a-la-suite-des-attentats-terroristes-qui-ont-frappe-paris-et-la-seine-saint-denis.html

Ils ne se sont pas foulé un neurone au ministère avec ce communiqué...

Mon académie, plus qu'à côté de la plaque, à mis sur son profil FB la page de ressources pour le 7 janvier...
Vive l'EN !

Chez nous la sonnerie retentit à 11h55, et à 11h55:01 commence la ruée globale vers la cantine. Pour la minute de silence à midi pile, j'imagine qu'il faudra retenir les élèves cinq minutes dans la salle ? c'est la première fois que je fais face à une situation de ce genre...

Tangleding a écrit:On peut le leur proposer, pas les contraindre.

La minute de silence est une cérémonie, je ne suis pas curé de la république mais enseignant.

Il est bien dit "une minute de silence sera respectée".
Il ne s'agit pas de proposition, non. Et tu es fonctionnaire.

Mary Parapluies a écrit:Chez nous la sonnerie retentit à 11h55, et à 11h55:01 commence la ruée globale vers la cantine. Pour la minute de silence à midi pile, j'imagine qu'il faudra retenir les élèves cinq minutes dans la salle ? c'est la première fois que je fais face à une situation de ce genre...

Les élèves seront peut-être regroupés dans la cours à midi. C'est ce qui s'est passé dans mon lycée l'année dernière.

Tangleding a écrit:On peut le leur proposer, pas les contraindre.

La minute de silence est une cérémonie, je ne suis pas curé de la république mais enseignant.

nous sommes fonctionnaires et ça me parait évident de la faire respecter cette minute.
si je n'étais pas devant les élèves à ce moment-là je la respecterais évidemment... avec ce que le mot implique "respect", recueillement pour les décès, pour l'horreur qu'ont vécu ces gens et que je ne veux même pas imaginer...

avec toute la difficulté que ça va peut-être engendrer bien sur que je vais la respecter et la faire respecter.

De même: c'est un deuil national.
La minute de silence n'est pas une grand messe, c'est une marque de respect envers nos morts, car ils sont devenus nôtres, ces innocents simplement attablés à une terrasse de café un vendredi soir, ces jeunes venus écouter un concert .
Ils sont nous, nous sommes eux '

miss terious a écrit:Je ne sais pas... Je ne veux pas revivre la journée vécue en janvier dernier.
L'absence totale d'échange entre collègues en SDP mais discussions "normales" sur le week-end et le train-train : non.
L'isolement en classe lors de la minute de silence avec des élèves qui ne comprennent pas, ne veulent pas, parlent pendant (et zéro sanction derrière).
Je ne veux pas.
J'ai les 4e dont je suis PP en 1re heure. Je pense que je vais faire une boîte à messages : je vais distribuer une feuille blanche à chaque élève. Chacun pourra y écrire ou y dessiner ce que lui inspirent les événements. Il pourra signer ou pas. Et ensuite, en tirer quelques uns au sort et partir de là pour engager une discussion. Et ensuite... envoyer la boîte à la mairie de Paris ?
Bon, c'est encore très vague comme idée et à peaufiner. Mais voilà ce à quoi je pense, là, maintenant, tout e suite.
J'ai aussi envoyé un mail à mon CDE pour lui demander une demi-heure entre nous avant de prendre les élèves ainsi qu'une minute de silence ensemble (en janvier, chacun l'a faite dans sa salle parce que, ds mon etb, le midi les cours finissent à 12:25 et ça faisait trop de "bazar" pour la vie sco et pour la cantine...). On verra.

Je m'auto-cite. Voici la boîte que j'ai "fabriquée" :




Je veux bien vos avis sur mon idée. Merci d'avance.

Tangleding a écrit:Une question des élèves à prévoir est : pourquoi on fait pas une minute de silence pour .... (les enfants de Gaza, la famine en Afrique, etc). C'est une question tout à fait légitime, en outre.

Des pistes pour répondre à ces questions ?

En janvier, j'avais répondu que l'événement avait eu lieu sur le territoire national.

(Mais l'argument ne tient pas face aux minutes de silence pour les attentats de Madrid ou le 11 septembre.)

Rabelais a écrit:De même: c'est un deuil national.
La minute de silence n'est pas une grand messe, c'est une marque de respect envers nos morts, car ils sont devenus nôtres, ces innocents simplement attablés à une terrasse de café un vendredi soir, ces jeunes venus écouter un concert .
Ils sont nous, nous sommes eux '

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En janvier, les usagers du métro avaient respecté la minute de silence... C'est une manière d'être tous ensemble, solidaires dans une douleur commune, c'est un symbole qui comme tout symbole est un peu vide, mais c'est déjà ça. Envisager de ne pas la faire respecter me sidère. Avoir peur des dérapages, je le comprends, c'est autre chose.

Cléopatra2 a écrit:

Tangleding a écrit:On peut le leur proposer, pas les contraindre.

La minute de silence est une cérémonie, je ne suis pas curé de la république mais enseignant.

Il est bien dit "une minute de silence sera respectée".
Il ne s'agit pas de proposition, non. Et tu es fonctionnaire.

Contraire à ma liberté pédagogique. Si je reçois un ordre nominatif du recteur m'enjoignant à le faire. Sinon que dalle.

Ensuite je vais être clair, je ne suis pas là pour assister les RG. Ils font leur boulot, moi je fais le mien.

Je crois que la circulaire émanant de la ministre remplace ton "ordre nominatif".

Et faut m'expliquer en quoi une minute de silence est contraire à ta liberté pédagogique.