- User5899Demi-dieu
Bon, je reconnais que je connais surtout le personnage médiatique, n'ayant guère lu que l'ancien Cynismes, l'Anti-manuel de philosophie, et plus récemment, L'Ordre libertaire sur Camus. Je pense commencer Cosmos avant la rentrée. C'est un homme dont le discours me semble séduisant, argumenté, politiquement intéressant. Or, je lis, ici et ailleurs, assez régulièrement, un étrillement et de l'homme et de l’œuvre. Et ça ne laisse pas de m'étonner.
Donc, si vous vous sentez de m'expliquer précisément pourquoi vous le détestez, amis philosophes qui le détestez, je vous lirai avec plaisir
Donc, si vous vous sentez de m'expliquer précisément pourquoi vous le détestez, amis philosophes qui le détestez, je vous lirai avec plaisir
- CarnyxNeoprof expérimenté
Peut-être parce qu'il y a plus de professeurs de philo que de philosophes ?
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Of all tyrannies, a tyranny sincerely exercised for the good of its victims may be the most oppressive. It would be better to live under robber barons than under omnipotent moral busybodies. The robber baron’s cruelty may sometimes sleep, his cupidity may at some point be satiated; but those who torment us for our own good will torment us without end for they do so with the approval of their own conscience.
- User17706Bon génie
Et après, on fait la même pour Guillaume Musso et Marc Lévy ? Puis pour l'historien Lorànt Deutsch ?
(Sérieusement, j'ai du mal à répondre autrement que par ce type de comparaison: la vulgarisation peut être bien menée et gagnerait à être davantage prise au sérieux dans notre pays, mais quand quelqu'un ne fait que cela, et le fait mal, et le fait sans le dire, que voulez-vous dire pour sa défense?)
(Sérieusement, j'ai du mal à répondre autrement que par ce type de comparaison: la vulgarisation peut être bien menée et gagnerait à être davantage prise au sérieux dans notre pays, mais quand quelqu'un ne fait que cela, et le fait mal, et le fait sans le dire, que voulez-vous dire pour sa défense?)
- User5899Demi-dieu
Je ne demande rien pour sa défense, notez bien
Mon problème, c'est, disons, "vulgarisation" et "le fait mal".
Mon problème, c'est, disons, "vulgarisation" et "le fait mal".
- User17706Bon génie
Un bon exemple est son bouquin sur Freud. Son propos se divise assez nettement entre arguments importants non/peu/mal sourcés (il y a une bibliographie considérable de critiques de Freud, évidemment moins connue du public, un peu mieux connue d'Onfray mais cependant pas comme il le faudrait pour écrire un bouquin) et pseudo-arguments originaux (sur le modèle de «comment voulez-vous faire confiance sur le plan scientifique à un type qui trompe sa femme/a un gros nez?»).
- ÆnésidèmeNiveau 6
Mais personne ne déteste Onfray. Ce qui est (un peu) détestable, c'est qu'on s'adresse à toi en te disant : Tu es prof de philo, que penses-tu d'Onfray ? Sachant que le bonhomme fustige, un peu comme Francis Lalanne, les ronds de cuirs dans son domaine, la question apparaît comme l'n-ième plantage de ce qui est malheureusement devenu une tarte à la crème bien fade : la vraie philosophie se moque de la philosophie.
- Pierre-HenriHabitué du forum
Je ne suis pas philosophe. Cependant, je me rappelle avoir entendu, il y a déjà quelques années, ses conférences sur France Culture. Il interprétait toute l'histoire intellectuelle des deux derniers millénaires comme une sorte de grand complot mental ourdi depuis le Vatican. On aurait dit Dan Brown. Depuis, je ne comprends pas qu'on puisse le prendre trois minutes au sérieux.
En outre, il a la fâcheuse tendance à poser en chevalier blanc, seul détenteur de la Vérité, face à la masse imbécile des obscurantistes médiocres qui peuplent l'université. Lui seul sait. Les autres sont endormis dans les ténèbres, dans l'attente de la révélation qu'il apporte mais qu'ils refusent, jaloux qu'ils sont de sa splendeur.
En outre, il a la fâcheuse tendance à poser en chevalier blanc, seul détenteur de la Vérité, face à la masse imbécile des obscurantistes médiocres qui peuplent l'université. Lui seul sait. Les autres sont endormis dans les ténèbres, dans l'attente de la révélation qu'il apporte mais qu'ils refusent, jaloux qu'ils sont de sa splendeur.
- ÆnésidèmeNiveau 6
Idem : jamais acheté un livre du bonhomme, parce que trop entendu ses "leçons" à la radio... La vie est courte !
- El-vacatorNiveau 7
Je ne donne pas (plus) de cours en philosophie, mais ayant étudié longtemps la discipline, je me sens autorisé à donner un - modeste - avis. De plus, je l'ai beaucoup lu il y a quelques années.
Il agace (aujourd'hui) les professionnels de la profession, pour suivre un peu Carnyx, parce qu'il fait simple (simpliste ?) quand certains en savent plus que lui sur pas mal de sujets. Depuis quelques temps, par exemple, il se pique d'histoire et balance quelques banalités, ou exemples "proverbiaux" comme aurait dit Hegel, qui sont hors de propos. Sa critique de Robespierre et de son influence lors de la Terreur est trop facile, par exemple.
Il agace parce qu'il est médiatique, mais c'est la loi du genre. Dans le même ordre d'idée, il agace parce qu'il vend bien. Cela vaut pour d'autres - tous ? C'est parfois un peu irritant, il est vrai : sa critique radicale de Freud (à laquelle je souscris, en grande partie) s'appuie sur un livre plus confidentiel, mais beaucoup plus solide, "le livre noir de la psychanalyse", sorti deux années auparavant (de mémoire).
Il agace également par la méthode choisie : l'anecdote chez lui possède une valeur performative quant à la pensée déployée. Il s'inscrit toutefois, ce me semble, dans une grande tradition qui va de Diogène à Nietzsche, en passant par Voltaire : la critique de l'arrière-monde (ou de la transcendance, etc.) implique une unité entre la pensée et le faire, entre le corps et l'esprit. De fait, il n'entre pas dans des débats techniques (les micro-lectures) et préfère embrasser l'ensemble. Cripture, vous qui êtes un littéraire très compétent (et savant), cette comparaison peut vous parler : on reproche à Onfray d'être un Voltaire qui écrit son "Traité de métaphysique" quand les philosophes cherchent de nouvelles "Méditations métaphysiques", par exemple.
Il agace parce que c'est un ogre d'écriture. Il s'expose, de fait, à la critique de spécialistes qui dédient leurs vies à la connaissance d'un sujet ou d'un auteur quand il règle le cas dudit auteur en un an de travail. Et, à trop écrire, il prend le risque de se répéter, il prend le risque de dire plus de bêtises ou de platitudes. Sa méthode de travail est excellente : mais il donne la sensation d'être le seul à la pratiquer (lecture de l'oeuvre complète, des correspondances, etc.). C'est faux - et il le sait.
Il agace aussi, soyons honnête, parce qu'il possède un talent de vulgarisateur hors-pair (le mot est compris dans son acception noble). Il existe encore pas mal de sorbonnicoteurs qui n'aiment pas cela !
Il agace parce qu'il agit, aussi. Combien de professeurs démissionnent et agissent en créant une structure à part, ici son "Université populaire" ? Pourtant, beaucoup en rêvent.
Il agace parce qu'il démolit avec une facilité déconcertante un BHL, par exemple. Mais ceci le rend assez aimable aux yeux de la profession, il faut l'avouer
Je suis certain que des gens plus compétents que moi, ici, sauront trouver d'autres raisons, plus profondes, pour vous expliciter la détestation qu'il suscite. Je vous conseille la "contre-histoire de la philosophie", en plus des oeuvres que vous avez citées - je gage que certains passages vous plairont.
Cordialement,
El-Vacator.
Il agace (aujourd'hui) les professionnels de la profession, pour suivre un peu Carnyx, parce qu'il fait simple (simpliste ?) quand certains en savent plus que lui sur pas mal de sujets. Depuis quelques temps, par exemple, il se pique d'histoire et balance quelques banalités, ou exemples "proverbiaux" comme aurait dit Hegel, qui sont hors de propos. Sa critique de Robespierre et de son influence lors de la Terreur est trop facile, par exemple.
Il agace parce qu'il est médiatique, mais c'est la loi du genre. Dans le même ordre d'idée, il agace parce qu'il vend bien. Cela vaut pour d'autres - tous ? C'est parfois un peu irritant, il est vrai : sa critique radicale de Freud (à laquelle je souscris, en grande partie) s'appuie sur un livre plus confidentiel, mais beaucoup plus solide, "le livre noir de la psychanalyse", sorti deux années auparavant (de mémoire).
Il agace également par la méthode choisie : l'anecdote chez lui possède une valeur performative quant à la pensée déployée. Il s'inscrit toutefois, ce me semble, dans une grande tradition qui va de Diogène à Nietzsche, en passant par Voltaire : la critique de l'arrière-monde (ou de la transcendance, etc.) implique une unité entre la pensée et le faire, entre le corps et l'esprit. De fait, il n'entre pas dans des débats techniques (les micro-lectures) et préfère embrasser l'ensemble. Cripture, vous qui êtes un littéraire très compétent (et savant), cette comparaison peut vous parler : on reproche à Onfray d'être un Voltaire qui écrit son "Traité de métaphysique" quand les philosophes cherchent de nouvelles "Méditations métaphysiques", par exemple.
Il agace parce que c'est un ogre d'écriture. Il s'expose, de fait, à la critique de spécialistes qui dédient leurs vies à la connaissance d'un sujet ou d'un auteur quand il règle le cas dudit auteur en un an de travail. Et, à trop écrire, il prend le risque de se répéter, il prend le risque de dire plus de bêtises ou de platitudes. Sa méthode de travail est excellente : mais il donne la sensation d'être le seul à la pratiquer (lecture de l'oeuvre complète, des correspondances, etc.). C'est faux - et il le sait.
Il agace aussi, soyons honnête, parce qu'il possède un talent de vulgarisateur hors-pair (le mot est compris dans son acception noble). Il existe encore pas mal de sorbonnicoteurs qui n'aiment pas cela !
Il agace parce qu'il agit, aussi. Combien de professeurs démissionnent et agissent en créant une structure à part, ici son "Université populaire" ? Pourtant, beaucoup en rêvent.
Il agace parce qu'il démolit avec une facilité déconcertante un BHL, par exemple. Mais ceci le rend assez aimable aux yeux de la profession, il faut l'avouer
Je suis certain que des gens plus compétents que moi, ici, sauront trouver d'autres raisons, plus profondes, pour vous expliciter la détestation qu'il suscite. Je vous conseille la "contre-histoire de la philosophie", en plus des oeuvres que vous avez citées - je gage que certains passages vous plairont.
Cordialement,
El-Vacator.
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Victoriae mundis et mundis lacrima
- El-vacatorNiveau 7
Pierre-Henri a écrit:Je ne suis pas philosophe. Cependant, je me rappelle avoir entendu, il y a déjà quelques années, ses conférences sur France Culture. Il interprétait toute l'histoire intellectuelle des deux derniers millénaires comme une sorte de grand complot mental ourdi depuis le Vatican. On aurait Dan Brown. Depuis, je ne comprends pas qu'on puisse le prendre trois minutes au sérieux.
En outre, il a la fâcheuse tendance à poser en chevalier blanc, seul détenteur de la Vérité, face à la masse imbécile des obscurantistes médiocres qui peuplent l'université. Lui seul sait. Les autres sont endormis dans les ténèbres, dans l'attente de la révélation qu'il apporte mais qu'ils refusent, jaloux qu'ils sont de sa splendeur.
je sus d'accord avec la dernière partie de votre remarque. Il est assez énervant de ce point de vue.
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Victoriae mundis et mundis lacrima
- User17706Bon génie
Il y a une tradition française de détestation de l'Université. Voir par exemple toutes les remarques d'Alain sur la Sorbonne et ses habitants
... mais c'est Alain
De la même façon, si Lorànt Deutsch donnait des leçons d'histoire sur France-Q toutes les semaines, fustigeant le travail terne des chercheurs, leur religion démodée de l'archive et leur manque de fantaisie, il y aurait peu de professeurs d'histoire pour le prendre au sérieux. Je ne vois aucune différence entre ces deux cas; si ce n'est peut-être que, la philosophie étant une discipline où tout un chacun se pense parfaitement compétent (et d'autant plus qu'il l'a moins étudiée), comme le remarquait déjà Hegel en 1821 («à aucune autre science il n'est fait montre de cet ultime mépris: croire qu'on la possède d'emblée»), chacun estime pouvoir juger plus ou moins bon ce que fait Onfray, alors qu'on défère plus facilement au jugement de l'homme de l'art quand il s'agit, par exemple, d'histoire. Pour ne rien dire de la géologie ou de la physique des particules.
... mais c'est Alain
De la même façon, si Lorànt Deutsch donnait des leçons d'histoire sur France-Q toutes les semaines, fustigeant le travail terne des chercheurs, leur religion démodée de l'archive et leur manque de fantaisie, il y aurait peu de professeurs d'histoire pour le prendre au sérieux. Je ne vois aucune différence entre ces deux cas; si ce n'est peut-être que, la philosophie étant une discipline où tout un chacun se pense parfaitement compétent (et d'autant plus qu'il l'a moins étudiée), comme le remarquait déjà Hegel en 1821 («à aucune autre science il n'est fait montre de cet ultime mépris: croire qu'on la possède d'emblée»), chacun estime pouvoir juger plus ou moins bon ce que fait Onfray, alors qu'on défère plus facilement au jugement de l'homme de l'art quand il s'agit, par exemple, d'histoire. Pour ne rien dire de la géologie ou de la physique des particules.
- RuthvenGuide spirituel
Je n'apprécie pas le travail d'Onfray car je trouve qu'il fait de la doxographie moralisante. Il a longtemps tenu un discours de façade anti-institution avec une posture presque adolescente (pourtant son contre-manuel de philosophie est un manuel comme les autres avec un petit cours et une anthologie !). Ce qui me gêne le plus dans ses lectures, c'est l'absence totale de principe de charité, qui le conduit à des approximations. Juste un exemple, dans la dernière émission sur laquelle je suis tombé sur FC, il s'en prend à Foucault qui, selon M. Onfray, change d'avis sur la question de la subjectivité et ne reconnaît pas qu'il s'est trompé ; mais il n'essaie en rien de comprendre comment la thématique du sujet revient à la fin de la vie de Foucault, comment elle est liée à la généalogie du pouvoir ... Il y a quand même chez lui un goût pour la critique biographique.
- ÆnésidèmeNiveau 6
Ruthven a écrit:Ce qui me gêne le plus dans ses lectures, c'est l'absence totale de principe de charité, qui le conduit à des approximations.
Tout à fait d'accord. Il faudrait d'ailleurs poser la question en sens inverse : Pourquoi Onfray déteste tout le monde ? Mais je ne suis pas sûr que, plus pertinente, elle en soit pour autant plus intéressante, étant donné que la réponse risque d'être plus psychologique que théorique.
- User17706Bon génie
... ah, et les propositions politiques révolutionnaires: se rendre à la Fête des Voisins pour trinquer avec ses semblables. Ça, c'est un horizon qui vaut le coup. (Et on ose dire que la gauche manque de penseurs...)
- DimkaVénérable
Si : moi. Mais je ne suis pas philosophe.Ænésidème a écrit:Mais personne ne déteste Onfray.
D’abord, il y a un flagrant manque de rigueur dans ses travaux, ça a déjà été dit, ici. Ce n’est pas détestable en soi, mais…
Je trouve qu’Onfray se pose en critique des mandarins, et que finalement, ce n’est que pour saborder les points positifs des mandarins (une certaine rigueur dans la pratique scientifique), tout en s’appropriant les points négatifs (en particulier la position sociale, la revendication d’une fonction médiatique, où on lui donne la parole non pour ce qu’il dit, mais pour la place qu’il a acquise). Et donc, de plus en plus, il devient un « éditocrate », qui contribue à maintenir l’ordre social. En se présentant comme un rebelle et un philosophe, j’ai l’impression qu’il vide la rébellion et la philosophie de leur substance réellement subversive et critique.
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- Spoiler:
- Salammb0Expert
J'ai déjà croisé Onfray rue Vaugirard. J'ai presque défailli (l'émotion).
- InvitéPPPNiveau 8
Oui, voilà.
De manière générale, tous ces débats intellectuello-médiatiques m'apparaissent comme assez fades, factice, de peu d'intérêt. Onfray, je ne m'y suis pas intéressé du tout pendant longtemps, et lorsque je l'ai entendu sur France Culture j'ai trouvé que tout ce qu'il disait était éminemment contestable voir faux ou au moins superficiel.
Après, qu'il remette Camus en vogue et démolisse Sartre ou Freud, tant mieux, ça remet un peu d'air frais dans une histoire de la philosophie "officielle" qui sent le renfermé.
Et qu'il qualifie un certain homme politique de "crétin" me console un peu de certaines choses.
De manière générale, tous ces débats intellectuello-médiatiques m'apparaissent comme assez fades, factice, de peu d'intérêt. Onfray, je ne m'y suis pas intéressé du tout pendant longtemps, et lorsque je l'ai entendu sur France Culture j'ai trouvé que tout ce qu'il disait était éminemment contestable voir faux ou au moins superficiel.
Après, qu'il remette Camus en vogue et démolisse Sartre ou Freud, tant mieux, ça remet un peu d'air frais dans une histoire de la philosophie "officielle" qui sent le renfermé.
Et qu'il qualifie un certain homme politique de "crétin" me console un peu de certaines choses.
- User5899Demi-dieu
C'est bien intéressant, tout ça, merci, vous tous, de prendre la peine de vous coller à mon petit pensum
- El-vacatorNiveau 7
PauvreYorick a écrit:Il y a une tradition française de détestation de l'Université. Voir par exemple toutes les remarques d'Alain sur la Sorbonne et ses habitants
... mais c'est Alain
De la même façon, si Lorànt Deutsch donnait des leçons d'histoire sur France-Q toutes les semaines, fustigeant le travail terne des chercheurs, leur religion démodée de l'archive et leur manque de fantaisie, il y aurait peu de professeurs d'histoire pour le prendre au sérieux. Je ne vois aucune différence entre ces deux cas; si ce n'est peut-être que, la philosophie étant une discipline où tout un chacun se pense parfaitement compétent (et d'autant plus qu'il l'a moins étudiée), comme le remarquait déjà Hegel en 1821 («à aucune autre science il n'est fait montre de cet ultime mépris: croire qu'on la possède d'emblée»), chacun estime pouvoir juger plus ou moins bon ce que fait Onfray, alors qu'on défère plus facilement au jugement de l'homme de l'art quand il s'agit, par exemple, d'histoire. Pour ne rien dire de la géologie ou de la physique des particules.
Ce que vous écrivez sonne juste (j'ai employé à cet égard "sorbonnicoteurs", il me semble que cela vient de Voltaire). Toutefois, je ne souscris pas à la comparaison avec L. Deutsch (d'ailleurs, s'il ne donne pas de conférence sur France Culture, il doit bien y avoir une raison...). Onfray possède des références universitaires (de mémoire, il est docteur en philosophie, et il a enseigné de longues années), Deutsch non. Ce dernier est un âne bâté, le cas Onfray est plus complexe. Mais c'est un détail sur l'ensemble du propos.
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Victoriae mundis et mundis lacrima
- Reine MargotDemi-dieu
Je ne suis pas philosophe et je ne déteste pas Onfray, mais j'avoue avoir été perplexe dans son traité d'athéologie par exemple devant sa simplification abusive des choses. N'ayant moi-même aucune sympathie pour la religion, lire que la foi et l'histoire de l'Eglise Catholique se résument à l'Inquisition me met mal à l'aise.
J'ai bien aimé son Manuel d'Anti-Philosophie (que j'ai plutôt lu comme une petite chronologie assez sympa mais sans rien de subversif).
Je n'ai pas lu son lire sur Freud mais il semble selon les extraits que j'en ai trouvés que de la même façon, il prétend démonter la psychanalyse par des arguments biographiques (il trompait sa femme, hahaha, vous voyez bien que ça ne peut pas marcher), ce qui paraît assez léger.
Mais bon, j'ai bien aimé le voir s'énerver contre le gouvernement et ses propos sur l'éducation, et aussi son action avec son Université Populaire.
J'ai bien aimé son Manuel d'Anti-Philosophie (que j'ai plutôt lu comme une petite chronologie assez sympa mais sans rien de subversif).
Je n'ai pas lu son lire sur Freud mais il semble selon les extraits que j'en ai trouvés que de la même façon, il prétend démonter la psychanalyse par des arguments biographiques (il trompait sa femme, hahaha, vous voyez bien que ça ne peut pas marcher), ce qui paraît assez léger.
Mais bon, j'ai bien aimé le voir s'énerver contre le gouvernement et ses propos sur l'éducation, et aussi son action avec son Université Populaire.
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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- ParménideNeoprof expérimenté
PauvreYorick a écrit:Et après, on fait la même pour Guillaume Musso et Marc Lévy ? Puis pour l'historien Lorànt Deutsch ?
(Sérieusement, j'ai du mal à répondre autrement que par ce type de comparaison: la vulgarisation peut être bien menée et gagnerait à être davantage prise au sérieux dans notre pays, mais quand quelqu'un ne fait que cela, et le fait mal, et le fait sans le dire, que voulez-vous dire pour sa défense?)
Autant pour Musso et Lévy le débat n'a pas vraiment lieu d'être. Pareil pour Deutsch.
Mais pour Onfray, cela parait plus compliqué car il a quand même derrière lui une longue carrière d'enseignant. Je n'ai rien lu mais je l'ai beaucoup écouté, et je ne me rappelle pas avoir entendu des énormités ou des erreurs dans ses cours. Après, qu'il simplifie trop les choses et qu'il reste superficiel, ça , je pense que personne n'en disconviendra.
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"Les paroles essentielles sont des actions qui se produisent en ces instants décisifs où l'éclair d'une illumination splendide traverse la totalité d'un monde", Martin Heidegger, "Schelling", (semestre d'été 1936)
"Et d'une brûlure d'ail naitra peut-être un soir l'étincelle du génie", Saint-John Perse, "Sécheresse" (1974)
"Il avait dit cela d'un air fatigué et royal", Franz-Olivier Giesbert, "Le vieil homme et la mort" (1996)
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https://www.babelio.com/monprofil.php
- Fesseur ProGuide spirituel
Parfois, on ferait mieux de se taire...
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Pourvu que ça dure...
- InvitéPPPNiveau 8
On ferait mieux de se taire, en effet, plutôt que de faire courageusement allusion à on ne sait qui sur le forum.
- CarnyxNeoprof expérimenté
Ce dont on ne peut parler, il faut le taire.
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Of all tyrannies, a tyranny sincerely exercised for the good of its victims may be the most oppressive. It would be better to live under robber barons than under omnipotent moral busybodies. The robber baron’s cruelty may sometimes sleep, his cupidity may at some point be satiated; but those who torment us for our own good will torment us without end for they do so with the approval of their own conscience.
- User17706Bon génie
Merci pour ce satisfecit, mais bon, je suis beaucoup, beaucoup moins indulgent que vous. Effectivement il a un doctorat de 3e cycle, mais enfin cela ne prouve pas grand'chose (je pourrais vous en citer, des gens qui ont un doctorat...), pas plus d'ailleurs que l'agreg n'offrirait une garantie du sérieux de ses travaux : BHL, qui, entre autres hauts faits, a donné à Onfray une existence éditoriale quelques années avant que Raël ne le nomme prêtre honoraire de son Mouvement, n'est-il pas lui-même agrégé en plus d'être normalien ?El-vacator a écrit:PauvreYorick a écrit:Il y a une tradition française de détestation de l'Université. Voir par exemple toutes les remarques d'Alain sur la Sorbonne et ses habitants
... mais c'est Alain
De la même façon, si Lorànt Deutsch donnait des leçons d'histoire sur France-Q toutes les semaines, fustigeant le travail terne des chercheurs, leur religion démodée de l'archive et leur manque de fantaisie, il y aurait peu de professeurs d'histoire pour le prendre au sérieux. Je ne vois aucune différence entre ces deux cas ; si ce n'est peut-être que, la philosophie étant une discipline où tout un chacun se pense parfaitement compétent (et d'autant plus qu'il l'a moins étudiée), comme le remarquait déjà Hegel en 1821 (« à aucune autre science il n'est fait montre de cet ultime mépris : croire qu'on la possède d'emblée »), chacun estime pouvoir juger plus ou moins bon ce que fait Onfray, alors qu'on défère plus facilement au jugement de l'homme de l'art quand il s'agit, par exemple, d'histoire. Pour ne rien dire de la géologie ou de la physique des particules.
Ce que vous écrivez sonne juste (j'ai employé à cet égard "sorbonnicoteurs", il me semble que cela vient de Voltaire). Toutefois, je ne souscris pas à la comparaison avec L. Deutsch (d'ailleurs, s'il ne donne pas de conférence sur France Culture, il doit bien y avoir une raison...). Onfray possède des références universitaires (de mémoire, il est docteur en philosophie, et il a enseigné de longues années), Deutsch non. Ce dernier est un âne bâté, le cas Onfray est plus complexe. Mais c'est un détail sur l'ensemble du propos.
Mais bon, c'est aussi que globalement nous ne le jugeons pas avec la même sévérité. (Par exemple, sur Freud, si le problème se limitait au Livre noir, ce serait absolument bénin, d'autant que la bibliographie [écrite à la première personne] placée à la fin du Crépuscule d'une Idole mentionne au moins son existence ; par exemple, généralement, je n'arrive pas à lui trouver de talent pour la vulgarisation, mais alors pas du tout ; etc.)
Pour quelques autres mérites (avoir fondé une Université populaire par exemple), on peut discuter, certes. Je trouve aussi excessivement indulgent de le créditer de sortir de l'« histoire officielle » : jouer Camus contre Sartre, ça aurait peut-être été méritoire dans les années 1970-80, et critiquer radicalement Freud, ça l'aurait peut-être été, en France, dans les années 1960-70 (et encore). Jouer cette petite comédie dans les années 1990 ou 2000 voire 2010 (!), c'est un peu comme rejoindre la Résistance le 26 août 1944 ou quelques semaines encore après (on n'est jamais trop prudent). Je ne pense pas non plus qu'on puisse beaucoup louer une méthode qui consiste essentiellement à avoir lu ceux dont on parle (ça me paraîtrait plutôt un minimum qu'un gage d'excellence), surtout quand elle consiste à les lire si vite.
Mais bon, après, chacun évidemment fait ce qu'il veut. Je pense que plusieurs collègues ont mieux que moi expliqué pourquoi il n'y a guère de chances qu'un professionnel de la profession trouve une raison, outre éventuellement une curiosité lassée, de lire un de ses livres.
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