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- DesolationRowEmpereur
Parménide a écrit:DesolationRow a écrit:Parménide a écrit:Est-il possible d'écrire au moins 12 pages sur "Les normes"? C'est la question que je me pose.
Très bien. La réponse est "oui".
A la question : "en serais-je capable", la réponse est "non".
Maintenant tu peux retourner travailler. Ne me remercie pas, je suis ravi d'avoir calmé tes inquiétudes.
Je suis en train de finir de taper Descartes. De cette façon, on va bien voir si ça vaut réellement 11-12...
***
Si je devais traiter ce sujet d'agrégation, ou même ces autres sujets dont j'ai donné les libellés, ce serait déjà un exploit si j'atteins les 6 pages. Je ne comprends pas pourquoi je ne pourrais pas aller au-delà.
Ou il y a trop de négations dans cette phrase, ou c'est très encourageant.
- AspasieNiveau 10
Il sera très intéressant de voir la globalité de ce que tu as produit (autrement plus intéressant que de lire une intro).Parménide a écrit:Je suis en train de finir de taper Descartes. De cette façon, on va bien voir si ça vaut réellement 11-12...
Ceci étant, sans t'engager à lire ce que Marx écrit sur la valeur dans le texte précisément tombé hier (), je te rappelle qu'aucune copie, a fortiori les copies de concours, ne "vaut réellement" ceci ou cela. La note est une note de classement, pas une note de "valeur". Ton correcteur fait simplement le travail que tu lui demandes, à savoir "évaluer" la copie que tu lui donnes, c'est-à-dire tenter d'indiquer quelle note il pourrait être amené à lui attribuer à l'intérieur d'une série de copies dont il ne dispose pas mais dont il se fait une idée, nécessairement artificielle, afin de faire ce pour quoi tu lui donnes cette copie. Son idée de la série de copies aura d'autant plus de chance d'être fiable qu'il aura eu l'occasion de corriger des copies de concours, ou de préparer des étudiants aux concours et de voir le retour des notes obtenues, ou de manière générale, d'être confronté à des copies qui visent le concours. Mais en aucun cas, il ne te dit ce que cela "vaut réellement".
Petit rappel qui ne me semble pas inutile dans un fil consacré aux sujets de concours et aux copies qui en découlent.
PS : @Pauvre Yorick, Question, suggestion : que dirais-tu de rassembler les sujets sur le premier message de ce fil ? Cela ferait une archive aisément lisible ensuite, non ?
- User17706Bon génie
Exact, « valoir réellement » n'a pas grand sens, appliqué à une copie. Dit et répété, ça aussi.
J'ai édité le premier post conformément à ta suggestion ; je mettrai le texte quand on l'obtiendra dans la version exacte donnée au concours.
J'ai édité le premier post conformément à ta suggestion ; je mettrai le texte quand on l'obtiendra dans la version exacte donnée au concours.
- User17706Bon génie
Et j'ai ajouté (toujours au premier post du fil), pour ceux que ça intéresserait, un fichier comprenant un historique sans trop de lacunes des programmes et sujets des concours. (En revanche, il ne comporte pas les textes, hein, j'aurais vraiment eu la flemme de les retrouver et de les reproduire.)
- LeclochardEmpereur
PauvreYorick a écrit:Exact, « valoir réellement » n'a pas grand sens, appliqué à une copie. Dit et répété, ça aussi.
J'ai édité le premier post conformément à ta suggestion ; je mettrai le texte quand on l'obtiendra dans la version exacte donnée au concours.
La valeur, ce n'est pas la note; de même que le prix n'est pas la valeur. Ainsi, la note tient compte du contexte (le paquet de copies, les attentes du jury, l'expérience ou l'humeur du correcteur). Si la valeur correspond à des qualités particulières, elles demeurent alors que la note peut varier. Parménide voudrait sans doute qu'il y a ait un lien automatique entre les deux quand il emploie l'expression "valoir réellement".
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Quelqu'un s'assoit à l'ombre aujourd'hui parce que quelqu'un d'autre a planté un arbre il y a longtemps. (W.B)
- User17706Bon génie
Je fais le même diagnostic.Leclochard a écrit: Parménide voudrait sans doute qu'il y a ait un lien automatique entre les deux quand il emploie l'expression "valoir réellement".
- AspasieNiveau 10
Waouw !!!
Merci Pauvre Yorick pour ce fichier d'archives ô combien riche !
Merci Pauvre Yorick pour ce fichier d'archives ô combien riche !
- LeclochardEmpereur
Aspasie a écrit: Waouw !!!
Merci Pauvre Yorick pour ce fichier d'archives ô combien riche !
C'est super sympa.
:aau:
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Quelqu'un s'assoit à l'ombre aujourd'hui parce que quelqu'un d'autre a planté un arbre il y a longtemps. (W.B)
- AspasieNiveau 10
Voici le texte de Marx (avec en effet, une totale nouvelle traduction) :
"Les hommes ne mettent pas les produits de leur travail en relation les uns avec les autres en tant que valeurs parce que ces choes vaudraient pour eux en tant que simples enveloppes matérielles d'un travail humain indifférencié. C'est l'inverse. Dans la mesure où, dans l'échange, ils posent leurs produits divers comme égaux les uns aux autres en tant que valeurs, ils posent leurs travaux différents comme égaux les uns aux autres en tant que travail humain. Ils ne le savent pas, mais ils le font. la valeur ne porte donc pas écrit sur le front ce qu'elle est. La valeur métamorphose bien plutôt tout produit du travail en un hiéroglyphe social. Plus tard, les hommes cherchent à déchiffrer le sens du hiéroglyphe, à percer le secret de leur propre produit social, car la détermination des objets d'usage en tant que valeurs est leur produit social aussi bien que la langue. La découverte scientifique tardive, selon laquelle les produits du travail, pour autant qu'ils sont des valeurs, sont de simples expressions matérielles du travail humain dépensé à leur production, fait époque dans l'histoire du développement de l'humanité, mais elle ne dissipe en rien l'apparence d'objet des caractères sociaux du travail. Ce qui ne vvaut que pour cette forme particulière de production, la production marchande, à savoir le fait que le caractère spécifiquement social des travaux privés indépendants les uns des autres consiste en leur égalité en tant que travail humain et qu'il prenne la forme du caractère de valeur des produits du travail, apparaît, avant comme après cette découverte, pour ceux qui sont prisonniers des rapports de la production marchande, comme valant de façon indépassable, tout comme la décomposition scientifique de l'air en ses éléments laisse subsister la forme air en tant que forme physique d'un corps."
"Les hommes ne mettent pas les produits de leur travail en relation les uns avec les autres en tant que valeurs parce que ces choes vaudraient pour eux en tant que simples enveloppes matérielles d'un travail humain indifférencié. C'est l'inverse. Dans la mesure où, dans l'échange, ils posent leurs produits divers comme égaux les uns aux autres en tant que valeurs, ils posent leurs travaux différents comme égaux les uns aux autres en tant que travail humain. Ils ne le savent pas, mais ils le font. la valeur ne porte donc pas écrit sur le front ce qu'elle est. La valeur métamorphose bien plutôt tout produit du travail en un hiéroglyphe social. Plus tard, les hommes cherchent à déchiffrer le sens du hiéroglyphe, à percer le secret de leur propre produit social, car la détermination des objets d'usage en tant que valeurs est leur produit social aussi bien que la langue. La découverte scientifique tardive, selon laquelle les produits du travail, pour autant qu'ils sont des valeurs, sont de simples expressions matérielles du travail humain dépensé à leur production, fait époque dans l'histoire du développement de l'humanité, mais elle ne dissipe en rien l'apparence d'objet des caractères sociaux du travail. Ce qui ne vvaut que pour cette forme particulière de production, la production marchande, à savoir le fait que le caractère spécifiquement social des travaux privés indépendants les uns des autres consiste en leur égalité en tant que travail humain et qu'il prenne la forme du caractère de valeur des produits du travail, apparaît, avant comme après cette découverte, pour ceux qui sont prisonniers des rapports de la production marchande, comme valant de façon indépassable, tout comme la décomposition scientifique de l'air en ses éléments laisse subsister la forme air en tant que forme physique d'un corps."
Marx, Le capital, livre premier, section I, chapitre 1
- LevincentNiveau 9
Aspasie a écrit:Voici le texte de Marx (avec en effet, une totale nouvelle traduction) :
"Les hommes ne mettent pas les produits de leur travail en relation les uns avec les autres en tant que valeurs parce que ces choes vaudraient pour eux en tant que simples enveloppes matérielles d'un travail humain indifférencié. C'est l'inverse. Dans la mesure où, dans l'échange, ils posent leurs produits divers comme égaux les uns aux autres en tant que valeurs, ils posent leurs travaux différents comme égaux les uns aux autres en tant que travail humain. Ils ne le savent pas, mais ils le font. la valeur ne porte donc pas écrit sur le front ce qu'elle est. La valeur métamorphose bien plutôt tout produit du travail en un hiéroglyphe social. Plus tard, les hommes cherchent à déchiffrer le sens du hiéroglyphe, à percer le secret de leur propre produit social, car la détermination des objets d'usage en tant que valeurs est leur produit social aussi bien que la langue. La découverte scientifique tardive, selon laquelle les produits du travail, pour autant qu'ils sont des valeurs, sont de simples expressions matérielles du travail humain dépensé à leur production, fait époque dans l'histoire du développement de l'humanité, mais elle ne dissipe en rien l'apparence d'objet des caractères sociaux du travail. Ce qui ne vvaut que pour cette forme particulière de production, la production marchande, à savoir le fait que le caractère spécifiquement social des travaux privés indépendants les uns des autres consiste en leur égalité en tant que travail humain et qu'il prenne la forme du caractère de valeur des produits du travail, apparaît, avant comme après cette découverte, pour ceux qui sont prisonniers des rapports de la production marchande, comme valant de façon indépassable, tout comme la décomposition scientifique de l'air en ses éléments laisse subsister la forme air en tant que forme physique d'un corps."Marx, Le capital, livre premier, section I, chapitre 1
Très intéressant ! Il est clair qu'il est difficile d'expliquer ce texte si on n'a pas lu ce qui précède dans Le Capital, notamment, il me semble, la distinction valeur d'échange/valeur d'usage, et le concept de fétichisme de la marchandise.
- DimkaVénérable
Les sujets ont l’air sympa. Ça donne envie de faire de la philo…
En histoire, quand tu réfléchis à un sujet, c’est juste un exercice intellectuel, assez gratuit, futile (je ne critique pas en soi, j’aime beaucoup cette futilité, que je vois comme une valeur positive), alors qu’en philo, on a l’impression que ça touche directement à des choses qui concernent l’individu, sa façon de vivre, les questions qu’il peut se poser, et les réponses ont un caractère beaucoup plus prenant, quasi-vital.
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En histoire, quand tu réfléchis à un sujet, c’est juste un exercice intellectuel, assez gratuit, futile (je ne critique pas en soi, j’aime beaucoup cette futilité, que je vois comme une valeur positive), alors qu’en philo, on a l’impression que ça touche directement à des choses qui concernent l’individu, sa façon de vivre, les questions qu’il peut se poser, et les réponses ont un caractère beaucoup plus prenant, quasi-vital.
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- Spoiler:
- Dimka, sixième année d’étude, plus deux ans de concours, se rend compte qu’il s’est gouré de voie…
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- Spoiler:
- LevincentNiveau 9
Dimka a écrit:Les sujets ont l’air sympa. Ça donne envie de faire de la philo…
En histoire, quand tu réfléchis à un sujet, c’est juste un exercice intellectuel, assez gratuit, futile (je ne critique pas en soi, j’aime beaucoup cette futilité, que je vois comme une valeur positive), alors qu’en philo, on a l’impression que ça touche directement à des choses qui concernent l’individu, sa façon de vivre, les questions qu’il peut se poser, et les réponses ont un caractère beaucoup plus prenant, quasi-vital.
Tu trouves que "qu'est-ce qui apparaît ?" touche à des choses vitales ?
- DesolationRowEmpereur
Moi j'aurais quand même plutôt dit qu'en philo, quand tu réfléchis à un sujet, c’est juste un exercice intellectuel, assez gratuit, futile, alors qu’en histoire, on a l’impression que ça touche directement à des événements qui se sont déroulés, à des hommes qui ont existé - du coup, les réponses que l'on apporte prennent un caractère bien plus prenant et concret.
- AspasieNiveau 10
Oui, mais d'un autre côté, il n'est pas nécessaire d'avoir lu Le Capital pour savoir distinguer ces deux valeurs ou avoir entendu parlé du fétichisme de la marchandise. On peut en avoir une idée globale qu'on trouve réactivée à l'occasion du texte. La question est donc plutôt de savoir d'une part ce qu'on peut tirer précisément du projet même de l'oeuvre pour éclairer le texte et les concepts en jeu et d'autre part quelles précisions peut apporter la lecture de première main, que les idées générales ne permettraient pas d'apporter.Levincent a écrit:Très intéressant ! Il est clair qu'il est difficile d'expliquer ce texte si on n'a pas lu ce qui précède dans Le Capital, notamment, il me semble, la distinction valeur d'échange/valeur d'usage, et le concept de fétichisme de la marchandise.
:lol: Viendez tous à la philoDimka a écrit:Les sujets ont l’air sympa. Ça donne envie de faire de la philo…
En histoire, quand tu réfléchis à un sujet, c’est juste un exercice intellectuel, assez gratuit, futile (je ne critique pas en soi, j’aime beaucoup cette futilité, que je vois comme une valeur positive), alors qu’en philo, on a l’impression que ça touche directement à des choses qui concernent l’individu, sa façon de vivre, les questions qu’il peut se poser, et les réponses ont un caractère beaucoup plus prenant, quasi-vital.
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- Spoiler:
Dimka, sixième année d’étude, plus deux ans de concours, se rend compte qu’il s’est gouré de voie…
En tout cas, cette manière que tu signales de raccorder le questionnement au réel, à quelque chose qui importe vraiment et de le considérer comme tel, est en effet une exigence souvent formulée par les jury, qui déplorent l'aspect strictement abstrait et gratuitement érudit de certaines copies, leur aspect "vide" à cet égard.
- AspasieNiveau 10
C'est au candidat de le prendre comme tel.Levincent a écrit:Tu trouves que "qu'est-ce qui apparaît ?" touche à des choses vitales ?
C'est bien en ce sens que les exemples ne sont pas de simples ornements, ils sont la manière dont on accroche une question de métaphysique abstraite à du réel.
Et s'il est vrai qu'il s'agit d'un exercice intellectuel (en ce sens, ce que dit DesolationRow n'est pas faux), il n'en reste pas moins que si ce n'est pris que comme un exercice, c'est-à-dire un prétexte à montrer ce qu'on sait, alors on passe à côté du but. Ca ne veut pas dire qu'on ne peut pas briller... mais ça veut dire qu'on n'a pas compris ce qu'est au fond vraiment la philosophie. En tout cas, c'est là ce que je crois profondément.
- DesolationRowEmpereur
Aspasie a écrit:C'est au candidat de le prendre comme tel.Levincent a écrit:Tu trouves que "qu'est-ce qui apparaît ?" touche à des choses vitales ?
C'est bien en ce sens que les exemples ne sont pas de simples ornements, ils sont la manière dont on accroche une question de métaphysique abstraite à du réel.
Et s'il est vrai qu'il s'agit d'un exercice intellectuel (en ce sens, ce que dit DesolationRow n'est pas faux), il n'en reste pas moins que si ce n'est pris que comme un ]exercice, c'est-à-dire un prétexte à montrer ce qu'on sait, alors on passe à côté du but. Ca ne veut pas dire qu'on ne peut pas briller... mais ça veut dire qu'on n'a pas compris ce qu'est au fond vraiment la philosophie. En tout cas, c'est là ce que je crois profondément.
Oui, enfin il ne le disait pas très sérieusement
- AspasieNiveau 10
:lol: Ok.DesolationRow a écrit:Oui, enfin il ne le disait pas très sérieusement
Ceci étant, c'est un argument qu'on ne peut pas simplement ignorer. N'importe quel prof qui a été confronté à des élèves sait, et cela, quasiment toutes matières confondues, que la question de la gratuité de la matière et de l'artifice des exercices vient tôt ou tard sur la table. Et je crois qu'il n'est pas inintéressant, pour quelqu'un qui prépare les concours d'enseignement, de réfléchir aux exercices qu'il pratique, et qu'il va être amené aussi à demander à ses élèves de pratiquer.
- LevincentNiveau 9
Aspasie a écrit:C'est au candidat de le prendre comme tel.Levincent a écrit:Tu trouves que "qu'est-ce qui apparaît ?" touche à des choses vitales ?
C'est bien en ce sens que les exemples ne sont pas de simples ornements, ils sont la manière dont on accroche une question de métaphysique abstraite à du réel.
Et s'il est vrai qu'il s'agit d'un exercice intellectuel (en ce sens, ce que dit DesolationRow n'est pas faux), il n'en reste pas moins que si ce n'est pris que comme un exercice, c'est-à-dire un prétexte à montrer ce qu'on sait, alors on passe à côté du but. Ca ne veut pas dire qu'on ne peut pas briller... mais ça veut dire qu'on n'a pas compris ce qu'est au fond vraiment la philosophie. En tout cas, c'est là ce que je crois profondément.
Je suis bien d'accord, mais ma question avait réellement pour but de demander à Dimka s'il trouvait qu'un sujet comme "qu'est-ce qui apparaît" avait la caractéristique qu'il décrit. Pour la plupart des gens, étrangers à la philo, ce genre de sujets est complètement tiré par les cheveux et n'a aucun sens.
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« Un philosophe moderne qui n'a jamais éprouvé le sentiment d'être un charlatan fait preuve d'une telle légèreté intellectuelle que son oeuvre ne vaut guère la peine d'être lue. »
Leszek Kolakowski
- DimkaVénérable
Je pensais surtout aux normes, et le terme « vital » n’est peut-être pas le plus approprié. Disons qu’il me semble que ce type de sujet amène des réflexions plus fondamentales qu’un sujet comme « L’expérience du départ en Grèce ancienne (bassin méditerranéen, Mer Noire et Égypte incluses, jusqu’à l’Indus) du VIIIe siècle à la fin du IIIe siècle avant J.-C. ».Levincent a écrit:Tu trouves que "qu'est-ce qui apparaît ?" touche à des choses vitales ?
Je veux dire, c’est vraiment cool et intéressant de travailler sur l’expérience du départ en Grèce ancienne, je me suis réellement éclaté à bosser sur la question pendant un an et sur ce sujet pendant sept heures, mais ça n’a eu absolument aucune influence sur ma vision du monde ou de ma personne, ça n’a rien renversé, ça ne m’a jamais retourné les tripes, hormis sur la question précise des diasporas grecques du VIIIe à la fin du IIIe s. av. J.-C..
Même pour moi qui n’y connais pas grand chose en philo, si je prends quelques minutes pour réfléchir à « qu’est-ce qui apparaît », j’arrive très vite à des considérations qui résonnent en moi, ça force à observer son propre monde, sa propre personne de façon différente. Et du coup, c’est frustant de ne pas avoir de pratique philosophique parce que ça donne l’impression de bloquer rapidement, et de louper des éléments. Je ne peux pas réfléchir à cela en gardant le même détachement blasé et purement rationnel que j’ai en histoire : c’est rationnel, il faut du détachement, mais il y a un truc en plus, un peu dans les tripes. Bon, je ne dis pas que ce sujet-là en particulier va me faire prendre conscience que je dois changer de vie et devenir ermite en Sibérie, mais dans une moindre mesure, il y a quelque chose qui approche de ça, l’impression que ça pourrait, à son modeste niveau, contribuer à répondre à des questions qui me touchent, voire à me les faire poser.
En philo, les réflexions et les éventuelles conclusions que tu peux trouver semblent pouvoir apporter directement des réponses concernant ta vie ou le monde qui t’entoure. En histoire, c’est concret, mais c’est du passé, c’est mort, donc ça satisfait essentiellement la curiosité.DesolationRow a écrit:Moi j'aurais quand même plutôt dit qu'en philo, quand tu réfléchis à un sujet, c’est juste un exercice intellectuel, assez gratuit, futile, alors qu’en histoire, on a l’impression que ça touche directement à des événements qui se sont déroulés, à des hommes qui ont existé - du coup, les réponses que l'on apporte prennent un caractère bien plus prenant et concret.
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- Spoiler:
- Sylvain de Saint-SylvainGrand sage
Dimka a écrit:Dimka, sixième année d’étude, plus deux ans de concours, se rend compte qu’il s’est gouré de voie…
Ah ah ! Je me fais la même réflexion parfois, mais à propos... de l'histoire. Car je ne suis pas d'accord avec toi, historien : je trouve, moi, que l'histoire a profondément modelé mon rapport au monde. Elle n'apporte peut-être pas de réponses, mais rompt des évidences, fait naître des questions, offre des modèles, des points de comparaison, je dirais même une sorte d'expérience par procuration de tout un tas de choses, en bon récit qu'elle est, à condition peut-être d'avoir l'esprit métaphorique. Après, je parle en amateur, sans doute l'idée qu'on se fait de l'histoire est-elle tout autre quand on l'étudie vraiment.
- LevincentNiveau 9
Dimka a écrit:En philo, les réflexions et les éventuelles conclusions que tu peux trouver semblent pouvoir apporter directement des réponses concernant ta vie ou le monde qui t’entoure. En histoire, c’est concret, mais c’est du passé, c’est mort, donc ça satisfait essentiellement la curiosité.DesolationRow a écrit:Moi j'aurais quand même plutôt dit qu'en philo, quand tu réfléchis à un sujet, c’est juste un exercice intellectuel, assez gratuit, futile, alors qu’en histoire, on a l’impression que ça touche directement à des événements qui se sont déroulés, à des hommes qui ont existé - du coup, les réponses que l'on apporte prennent un caractère bien plus prenant et concret.
Je ne suis pas forcément d'accord. C'est vrai que si tu étudies la dynastie Han ça peut ne pas avoir beaucoup d'incidence sur ta vision du monde, encore que se plonger dans un monde entièrement différent peut t'aider à relativiser certaines choses à propos du tien. Mais l'histoire récente, est très éclairante par rapport au présent. Le passé n'est pas seulement un temps qui a disparu et qui ne reviendra plus, mais c'est aussi ce qui a produit le présent. Et le passé est traversé de philosophie, puisque, dans les événements il y avait le sens que leurs acteurs y mettaient, leurs conceptions intellectuelles, leurs buts idéologiques, leurs espoirs, et tous ces éléments s'ajoutent aux faits eux-mêmes. Mais j'ai vraiment l'impression que, dans la quête de ce savoir, qui est véritablement la compréhension du monde tel qu'il est, les historiens et les philosophes tiennent chacun un bout de la clé. Les philosophes sont capables de réfléchir sur des concepts qu'ils ont reçus de gens qui vivaient il y a des siècles, mais, Marx ne me contredirait pas là-dessus, ces concepts sont produits dans un cadre historico-social déterminé, qui leur est dans une certaine mesure consubstantiel, mais il est difficile aux philosophes de le connaître à fond. De même, les historiens connaissent des faits, des dates, des usages anciens, mais il leur manque de pouvoir creuser les idées philosophiques qui ont émergé à une époque déterminée, et qui ont ensuite agi dessus. Difficile de satisfaire à l'exigence du savant total, qui connaîtrait tout de la philosophie, de l'histoire, de l'économie, de la sociologie, des sciences physiques et naturelles, etc.
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« Un philosophe moderne qui n'a jamais éprouvé le sentiment d'être un charlatan fait preuve d'une telle légèreté intellectuelle que son oeuvre ne vaut guère la peine d'être lue. »
Leszek Kolakowski
- User17706Bon génie
Merci Aspasie. J'ai intégré le texte au premier post du fil, comme convenu
Et je me suis rendu compte que le texte était en fait beaucoup plus court que je ne l'avais imaginé d'après les indications reçues.
Dimka : rejoins-nous donc, on s'amuse comme des petits fous
Et je me suis rendu compte que le texte était en fait beaucoup plus court que je ne l'avais imaginé d'après les indications reçues.
Certes ; then again, tous les candidats auront lu et relu le livre I du Capital et particulièrement la première section ; ça fait partie des réquisits normaux de l'épreuve, vu que le bouquin était explicitement mis au programme.Aspasie a écrit:Oui, mais d'un autre côté, il n'est pas nécessaire d'avoir lu Le Capital pour savoir distinguer ces deux valeurs ou avoir entendu parler du fétichisme de la marchandise. On peut en avoir une idée globale qu'on trouve réactivée à l'occasion du texte. La question est donc plutôt de savoir d'une part ce qu'on peut tirer précisément du projet même de l'oeuvre pour éclairer le texte et les concepts en jeu et d'autre part quelles précisions peut apporter la lecture de première main, que les idées générales ne permettraient pas d'apporter.Levincent a écrit:Très intéressant ! Il est clair qu'il est difficile d'expliquer ce texte si on n'a pas lu ce qui précède dans Le Capital, notamment, il me semble, la distinction valeur d'échange/valeur d'usage, et le concept de fétichisme de la marchandise.
Dimka : rejoins-nous donc, on s'amuse comme des petits fous
- LevincentNiveau 9
PauvreYorick a écrit:
Dimka : rejoins-nous donc, on s'amuse comme des petits fous
En parlant de s'amuser, j'ai trouvé ce site l'autre jour :
http://existentialcomics.com/
- LeclochardEmpereur
Levincent a écrit:Dimka a écrit:En philo, les réflexions et les éventuelles conclusions que tu peux trouver semblent pouvoir apporter directement des réponses concernant ta vie ou le monde qui t’entoure. En histoire, c’est concret, mais c’est du passé, c’est mort, donc ça satisfait essentiellement la curiosité.DesolationRow a écrit:Moi j'aurais quand même plutôt dit qu'en philo, quand tu réfléchis à un sujet, c’est juste un exercice intellectuel, assez gratuit, futile, alors qu’en histoire, on a l’impression que ça touche directement à des événements qui se sont déroulés, à des hommes qui ont existé - du coup, les réponses que l'on apporte prennent un caractère bien plus prenant et concret.
Je ne suis pas forcément d'accord. C'est vrai que si tu étudies la dynastie Han ça peut ne pas avoir beaucoup d'incidence sur ta vision du monde, encore que se plonger dans un monde entièrement différent peut t'aider à relativiser certaines choses à propos du tien. Mais l'histoire récente, est très éclairante par rapport au présent. Le passé n'est pas seulement un temps qui a disparu et qui ne reviendra plus, mais c'est aussi ce qui a produit le présent. Et le passé est traversé de philosophie, puisque, dans les événements il y avait le sens que leurs acteurs y mettaient, leurs conceptions intellectuelles, leurs buts idéologiques, leurs espoirs, et tous ces éléments s'ajoutent aux faits eux-mêmes. Mais j'ai vraiment l'impression que, dans la quête de ce savoir, qui est véritablement la compréhension du monde tel qu'il est, les historiens et les philosophes tiennent chacun un bout de la clé. Les philosophes sont capables de réfléchir sur des concepts qu'ils ont reçus de gens qui vivaient il y a des siècles, mais, Marx ne me contredirait pas là-dessus, ces concepts sont produits dans un cadre historico-social déterminé, qui leur est dans une certaine mesure consubstantiel, mais il est difficile aux philosophes de le connaître à fond. De même, les historiens connaissent des faits, des dates, des usages anciens, mais il leur manque de pouvoir creuser les idées philosophiques qui ont émergé à une époque déterminée, et qui ont ensuite agi dessus. Difficile de satisfaire à l'exigence du savant total, qui connaîtrait tout de la philosophie, de l'histoire, de l'économie, de la sociologie, des sciences physiques et naturelles, etc.
A ce propos, Marx avait justement réussi à bâtir une pensée (un système ?) en recourant autant à l'histoire qu'à l'économie et à la philosophie.
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Quelqu'un s'assoit à l'ombre aujourd'hui parce que quelqu'un d'autre a planté un arbre il y a longtemps. (W.B)
- LevincentNiveau 9
On est donc en plein dans le sujet.
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« Un philosophe moderne qui n'a jamais éprouvé le sentiment d'être un charlatan fait preuve d'une telle légèreté intellectuelle que son oeuvre ne vaut guère la peine d'être lue. »
Leszek Kolakowski
- ÆnésidèmeNiveau 6
PauvreYorick a écrit:
Je joins du coup un fichier d'archives mis à jour, comportant ce que j'ai pu glaner des programmes et des sujets aux concours de philosophie depuis un certain temps. Il comporte des lacunes, mais pas beaucoup.
Tu t'es inspiré de l'Enseignement philosophique ? Ou des archives de l'ENS ? En tout cas, merci infiniment ! Ce genre d'archivage est très intéressant.
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