- MaieuHabitué du forum
Quelqu'un pourrait-il m'éclairer sur la notion de cause nécessairement extérieure de la mort (si j'ai bien lu et compris), si l'on considère la fin de vie d'un individu. Disons une mort "naturelle", de vieillesse. J'exclus de ma question ce qui est accidentel, meurtrier etc.
- AspasieNiveau 10
Bonjour,
alors...
je pars de la troisième partie de L'éthique qui contient les éléments mentionnés ci-dessous.
Comme ça, de manière générale, je dirais simplement que dans la mesure où ce qui est essentiel à une chose, c'est l'effort qu'elle ne peut manquer de faire pour "persévérer dans son être" (le conatus, proposition 6), la mort qui interrompt cette persévérance ne peut être considérée que comme inessentielle : elle procède non de l'essence de la chose (l'essence de l'individu) mais d'un simple effet mécanique de réaction à quelque chose qui est extérieur à l'essence de l'individu. Tant que l'individu dit "en fin de vie", vit, il n'en continue pas moins de désirer des choses, il manifeste donc toujours cette persévérance qui le définit. C'est là ce qui lui est intrinsèque, essentiel.
Pourtant on meurt. La vieillesse est le fait précisément que la structure même de l'être se perde -il faut rappeler que le corps n'est pas séparé de l'âme pour Spinoza. Ce qui arrive au corps n'obéit donc pas en soi à une logique autre que celle de l'âme ; cela n'a donc lieu qu'à l'occasion de réaction à des causes extérieures. En ce sens, la mort est aussi "accidentelle" qu'une agression meurtrière, une maladie. Elle est une forme de maladie en quelque sorte. Elle est donc, une cause extérieure à l'individu. L'illusion vient du fait qu'on considère la vieillesse comme amenant à une mort "naturelle". La nature de l'être vivant, c'est la vie et rien d'autre. Le conatus ne se définit pas dans un temps délimité. Il est par définition infini (proposition 8). Il n'y a donc pas un moment où "le temps serait venu" de mourir.
Mais je trouve tout cela bien mieux expliqué que par moi (et pour cause vu l'auteur !! ) sur cette page, dont je ne peux donc que conseiller la lecture
alors...
je pars de la troisième partie de L'éthique qui contient les éléments mentionnés ci-dessous.
Comme ça, de manière générale, je dirais simplement que dans la mesure où ce qui est essentiel à une chose, c'est l'effort qu'elle ne peut manquer de faire pour "persévérer dans son être" (le conatus, proposition 6), la mort qui interrompt cette persévérance ne peut être considérée que comme inessentielle : elle procède non de l'essence de la chose (l'essence de l'individu) mais d'un simple effet mécanique de réaction à quelque chose qui est extérieur à l'essence de l'individu. Tant que l'individu dit "en fin de vie", vit, il n'en continue pas moins de désirer des choses, il manifeste donc toujours cette persévérance qui le définit. C'est là ce qui lui est intrinsèque, essentiel.
Pourtant on meurt. La vieillesse est le fait précisément que la structure même de l'être se perde -il faut rappeler que le corps n'est pas séparé de l'âme pour Spinoza. Ce qui arrive au corps n'obéit donc pas en soi à une logique autre que celle de l'âme ; cela n'a donc lieu qu'à l'occasion de réaction à des causes extérieures. En ce sens, la mort est aussi "accidentelle" qu'une agression meurtrière, une maladie. Elle est une forme de maladie en quelque sorte. Elle est donc, une cause extérieure à l'individu. L'illusion vient du fait qu'on considère la vieillesse comme amenant à une mort "naturelle". La nature de l'être vivant, c'est la vie et rien d'autre. Le conatus ne se définit pas dans un temps délimité. Il est par définition infini (proposition 8). Il n'y a donc pas un moment où "le temps serait venu" de mourir.
Mais je trouve tout cela bien mieux expliqué que par moi (et pour cause vu l'auteur !! ) sur cette page, dont je ne peux donc que conseiller la lecture
- DaphnéDemi-dieu
J'avais lu un peu rapidement : Spinoza est mort.
Bon oui ça on le sait
Bon oui ça on le sait
- AspasieNiveau 10
:lol:Daphné a écrit:J'avais lu un peu rapidement : Spinoza est mort.
Bon oui ça on le sait
Encore que sa pensée se répandant encore dans nos esprits, comme un tout organique, ne peut-on pas dire qu'il persèvère dans son être et donc qu'il vit toujours ?
Ok je sors. :lol:
- CarabasVénérable
Ah, toi aussi?Daphné a écrit:J'avais lu un peu rapidement : Spinoza est mort.
Bon oui ça on le sait
_________________
Les chances uniques sur un million se réalisent neuf fois sur dix.
Terry Pratchett
- MaieuHabitué du forum
Aspasie a écrit:Bonjour,
alors...
je pars de la troisième partie de L'éthique qui contient les éléments mentionnés ci-dessous.
Comme ça, de manière générale, je dirais simplement que dans la mesure où ce qui est essentiel à une chose, c'est l'effort qu'elle ne peut manquer de faire pour "persévérer dans son être" (le conatus, proposition 6), la mort qui interrompt cette persévérance ne peut être considérée que comme inessentielle : elle procède non de l'essence de la chose (l'essence de l'individu) mais d'un simple effet mécanique de réaction à quelque chose qui est extérieur à l'essence de l'individu. Tant que l'individu dit "en fin de vie", vit, il n'en continue pas moins de désirer des choses, il manifeste donc toujours cette persévérance qui le définit. C'est là ce qui lui est intrinsèque, essentiel.
Pourtant on meurt. La vieillesse est le fait précisément que la structure même de l'être se perde -il faut rappeler que le corps n'est pas séparé de l'âme pour Spinoza. Ce qui arrive au corps n'obéit donc pas en soi à une logique autre que celle de l'âme ; cela n'a donc lieu qu'à l'occasion de réaction à des causes extérieures. En ce sens, la mort est aussi "accidentelle" qu'une agression meurtrière, une maladie. Elle est une forme de maladie en quelque sorte. Elle est donc, une cause extérieure à l'individu. L'illusion vient du fait qu'on considère la vieillesse comme amenant à une mort "naturelle". La nature de l'être vivant, c'est la vie et rien d'autre. Le conatus ne se définit pas dans un temps délimité. Il est par définition infini (proposition 8). Il n'y a donc pas un moment où "le temps serait venu" de mourir.
Mais je trouve tout cela bien mieux expliqué que par moi (et pour cause vu l'auteur !! ) sur cette page, dont je ne peux donc que conseiller la lecture
Merci pour cette réponse - L'Ethique est un de mes livres de chevet.
Je me demande - dans la considération du Tout/Natura, donc en-dehors d'une délimitation du temps - pourquoi il y aurait contradiction entre la disparition du sujet et le conatus. Je veux dire que sa disparition n'est pas la fin de la vie mais un simple changement de mode d'existence. J'aime bien ce que dit Diderot : "Vivant j'agis en masse, mort je vis en molécules " J'avais le sentiment que ce n'est pas contraire à la pensée de Spinoza, mais je me trompe peut-être, dans la mesure où l'immanence de celui-ci n'englobe pas le matérialisme de celui-là ?
Ne vous sentez pas obligée de répondre.
Edit. J'ai retrouvé la phrase de Diderot (in Le rêve de D' Alembert) "Vivant, j’agis et je réagis en masse… mort, j’agis et je réagis en molécules… Je ne meurs donc point ? Non, sans doute, je ne meurs donc point en ce sens, ni moi, ni quoi que ce soit… Naître, vivre et passer, c’est changer de formes…"
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum