De l'avenir des langues anciennes au collège en 2016: sortez vos mouchoirs.

http://www.sauv.net/analatin.htm

Corinne Jésion, professeur de Lettres Classiques ( avec la collaboration de Marie-Hélène Watelle, professeur de Lettres Classiques) a écrit: Dépassées, les langues anciennes ?

On est plutôt en droit de se demander, devant tant de haine ou de fausse indifférence, quelle importance mystérieuse a valu à ces langues irremplaçables un tel acharnement depuis tant d'années ? N'est- ce pas leur formidable capacité à faire distinguer ce qui est important de ce qui ne l'est pas à la faveur de la confrontation entre l'ancien et le nouveau ? Ou le sens tout à la fois de l'analyse logique et de l'abstraction nécessaires à l'esprit critique ? Ou l'examen de la rhétorique et des sophismes si utiles à nos dirigeants et décideurs de tous horizons ?

Non mais c'est pas possible, tout ça n'est qu'un cauchemar!

Je ne suis pas venue à l'enseignement des lettres Modernes pour voir détruites les lettres Classiques! C'est inadmissible, c'est douloureux, c'est injuste!
Je suis obsédée en ce moment par l'enseignement que mes enfants vont recevoir! Là, en CP, ils ne travaillent que le matin, les après-midi sont consacrées aux "enseignements de découvertes", histoire, géographie, anglais (sans aucune leçon écrite pour ces trois derniers que je soupçonne de ne pas être enseignés du coup), danse (enfin, hip hop), sport, chant (pareil, avec 3 chansons par coeur depuis le début de l'année, faudrait pas les épuiser...).

Et en 6eme, ils ne feront rien de plus.

Démission collective et rocambolesque?

ycombe a écrit:http://www.sauv.net/analatin.htm

Corinne Jésion, professeur de Lettres Classiques ( avec la collaboration de Marie-Hélène Watelle, professeur de Lettres Classiques) a écrit: Dépassées, les langues anciennes ?

On est plutôt en droit de se demander, devant tant de haine ou de fausse indifférence, quelle importance mystérieuse a valu à ces langues irremplaçables un tel acharnement depuis tant d'années ? N'est- ce pas leur formidable capacité à faire distinguer ce qui est important de ce qui ne l'est pas à la faveur de la confrontation entre l'ancien et le nouveau ? Ou le sens tout à la fois de l'analyse logique et de l'abstraction nécessaires à l'esprit critique ? Ou l'examen de la rhétorique et des sophismes si utiles à nos dirigeants et décideurs de tous horizons ?

C'est un beau texte.

Iphigénie a écrit:Il faudrait que des gens connus montent au créneau: mais comment les contacter? et....qui?? des idées?
compréhension des enjeux de la citoyenneté, le brassage des racines culturelles , la formation culturelle d'un sentiment d'appartenance commune, c'est vrai que le latin et le grec empêchent tout ça.

Les profs de LC pourraient écrire à leur IPR pour confirmation de ce qui se trame ?

FelixA a écrit:J'avais 14 ans quand j'ai décidé qu'un jour, je passerai l'agrégation de lettres classiques.
Les épreuves commencent dans une semaine jour pour jour.
Ce soir, j'ai envie de pleurer.

Vas-y, bats-toi !

LC en force. :aah:

Clarianz a écrit:Non mais c'est pas possible, tout ça n'est qu'un cauchemar!

Je ne suis pas venue à l'enseignement des lettres Modernes pour voir détruites les lettres Classiques! C'est inadmissible, c'est douloureux, c'est injuste!
Je suis obsédée en ce moment par l'enseignement que mes enfants vont recevoir! Là, en CP, ils ne travaillent que le matin, les après-midi sont consacrées aux "enseignements de découvertes", histoire, géographie, anglais (sans aucune leçon écrite pour ces trois derniers que je soupçonne de ne pas être enseignés du coup), danse (enfin, hip hop), sport, chant (pareil, avec 3 chansons par coeur depuis le début de l'année, faudrait pas les épuiser...).

Et en 6eme, ils ne feront rien de plus.

Démission collective et rocambolesque?

Ben faut être cool et pis, y zont jusqu'au bac pour apprendre...

Je pleure avec vous, mes collègues.
Le Grec et le Latin sont morts.
La grammaire est morte.
La littérature ne survit qu'annexée à des projets ineptes et, surtout, "utiles".

Nous ne sommes plus des professeurs de Lettres. Voici l'ère de la LV Français - enfin, vivante...

Comment lutter ? Que peut-on faire ? J'inonde mon Facebook d'articles sur le sujet, bon. Je vais en parler à mes collègues, bon. Pas moyen d'organiser une grève ? Des pétitions à signer ?

Rappelons que l'élitisme consisterait à sélectionner les élèves en amont, au préalable. Le latin est ouvert à tous, comme le grec, ou le piano, ou le football. Après, bien sûr, il faut y travailler un peu, comme dans toutes les disciplines sérieuses mentionnées supra et qu'on complètera ad lib.

Luigi_B a écrit:Si un tel projet de réforme est annoncé demain mercredi, il sera ensuite difficile de revenir en arrière sans mouvement. Le mieux serait de se manifester avant... c'est à-dire aujourd'hui.

On ne peut se manifester avant demain et la publication du projet sur la base de vagues rumeurs et d'inquiétudes toutes légitimes qu'elles soient..

Rappeler l'importance d'offrir à tous les élèves la possibilité d'un véritables enseignement des langues anciennes est un engagement dans lequel je veux bien me compromettre.

Je n'ai pas trouvé dans ce fil de citations étayant les craintes exprimées (à part la référence au tweet saugrenu du ministre). J'imagine que vous avez des données tangibles. LA citation suivante laisse perplexe (l'accusation de "jargon" ne doit pas devenir une raison de ne pas lire : dès qu'on décrit un système, on emprunte volens nolens ces façons de parler) :

Luigi_B a écrit:Tiens, pour savoir où le ministère trouve ses bonnes idées :

Options au collège : et si on essayait le latin pour tous ?
Article publié le dimanche 28 avril 2013. (...)
Dans ce cadre, l’enseignement des langues et cultures de l’Antiquité peut trouver sa place comme un parcours qui commence en classe de sixième pour tous les élèves.

Le mot "parcours" implique généralement une pluralité : parcours A, parcours B etc. Mais si c'est "pour tous les élèves" on comprend que suivant ce projet, lesdits parcours ne se différencient que progressivement. (est-ce cela qui vous déplaît, qui serait envisagé au Ministère, et qui, donc, serait à combattre au nom de la cause juste des LC ?)

Cet enseignement concernera plusieurs disciplines (principalement de Lettres puis d’Histoire-Géographie) et intègrera [intégrera] des modules d’enseignement assurés par un professeur de lettres classiques. Cet enseignement devra prendre place dans les programmes disciplinaires tout en traçant les pistes de travail interdisciplinaire, les liens avec le parcours artistique et culturel. Les objectifs culturels et linguistiques seront déterminés pour chaque cycle. L’enseignement des langues et cultures de l’Antiquité pourra être poursuivi sous forme optionnelle, selon le principe d’une diversification choisie et partielle des parcours des élèves.

"Option" LC, cela découle du texte, tout de même.

Il s’inscrira dans un panel d’enseignements complémentaires qui eux-mêmes construisent les parcours et compétences des élèves dans le cadre du socle commun.

"Panel" est la variante actuelle du "menu" de naguère. Cela confirme l'existence de divers parcours au choix (d'ailleurs, en-dessous, il est dit : "l’articulation des options (ou enseignements complémentaires) au socle commun"). C'est le "eux-mêmes" qui n'est pas expliqué.

Reste l'alinéa suivant, difficile à interpréter à partir du texte, contradictoire :

Pour le SE-Unsa, les enseignements optionnels ont leur place au collège s’ils s’adressent à tous les élèves, sans allouer plus de moyens aux élèves les plus en réussite, sans créer des classes à profils. Le collège n’est pas le temps de la diversification des parcours des élèves, mais des choix d’enseignement diversifiés doivent profiter à tous les élèves selon des principes équitables.

@Nouvel utilisateur : je n'ai cité cet article que parce qu'il propose de "démocratiser" au collège l'enseignement des langues "et cultures de l'antiquité" tout en critiquant l'enseignement des langues anciennes en tant qu'option ségrégative. L'article est effectivement contradictoire et ses propositions de toute façon ne ressemblent pas, dans leur mise en œuvre, à une intégration dans les programmes de français.

Sur Twitter bonne nouvelle : des journalistes éducation ne confirment pas nos craintes, sans préciser néanmoins ce qui est prévu. Espérons que tout ceci ne sera qu'un cauchemar vite évanoui.

Luigi_B a écrit:@Nouvel utilisateur

Z êtes tignoux, vous :-)

Puisse le revirement de twitter que vous dites se confirmer. Il y aura eu fausse alerte, ou missile-sonde envoyé pour tester les gens (difficile à croire, tout de même).

Désolé. :lol:

Aux professeurs de lettres classiques :
J'ai eu la chance de pouvoir bénéficier d'un enseignement du grec, dans une classe de 6 élèves (collège de campagne). J'ai plus tard fait du latin. Et aujourd'hui , je vois tout cela s'effondrer comme tout ce qui concerne les humanités et plus généralement la culture. Mon fils sera élevé aux tablettes et projets twitter plutôt qu'avec Platon, Aristophane et Pline... Je suis profondément démoralisée...

Je squatte le topic : comment faire pour trouver un prof particulier de latin quand on habite un trou paumé?
Ma petite commence le latin, mais elle a raté les 6 premiers mois de cours, vu qu'elle était en Allemagne. J'aimerais lui donner un coup de pouce. En plus elle a vraiment l'air d'aimer ça, hier, elle ne nous a parlé que de ce cours à table...

Je ne crois pas à une suppression des options latin et grec. Pas une seule seconde !  (Comment ? Qui dit que je suis naïve ? ). Je vois plutôt l'introduction au collège de ce qui existe déjà au lycée. Le programme de français indique qu'on doit traiter des notions de HDA et de LCA avec certains objets d'étude. Cela n'entrave en rien les options.

Ajupouet a écrit:Je squatte le topic : comment faire pour trouver un prof particulier de latin quand on habite un trou paumé?
Ma petite commence le latin, mais elle a raté les 6 premiers mois de cours, vu qu'elle était en Allemagne. J'aimerais lui donner un coup de pouce. En plus elle a vraiment l'air d'aimer ça, hier, elle ne nous a parlé que de ce cours à table...

Son, ou sa, prof de latin ? Le cned ?

Passe ton annonce ici, Ajupouet! Il y aura bien quelqu'un dans le coin pour aider ta puce!

Je me suis rendue compte en parcourant un des manuel que j'ai, qu'il y a une initiation au matin sur un texte d'Ovide.... ils viseraient un truc du genre vous pensez?
De toute façon, je suis actuellement dégoûtée par le sort réservé à notre matière. En 12 ans je n'ai jamais enseigné le grec (la seule fois où j'aurais pu les heures ont été données à une collègue plus jeune, allez savoir pourquoi...). Je suis totalement rouillée. Et je me rends compte que je perds petit à petit toute envie vis à vis du latin. J'ai l'impression de faire de la m*** parce que personne ne semble attiré par l'option. Du coup, je n'ose pas faire "ambitieux" et ça me ronge, ça me ronge...

Bon, s'il n'y a plus que les prières pour nous sauver, je m'y colle :
Proserpina, dea infera, adjuro te ex hac hora ex hoc die ex hoc momento ut istos occidas...

On sort nos tablettes de defixio? ;-)

Ben quoi, Néo c'est pas un lieu profond ?

Ok... qui s'y colle pour la devotio?!!! Me r'gardez pas comme ça, chuis Mamy Tyrell, chuis intouchable!

On devrait être fixé dans quelques jours (mi-mars, semble-t-il):
http://www.cnarela.fr/LinkClick.aspx?fileticket=tUPSzekVCkU%3d&tabid=36&language=fr-FR