Michel Guillou : supprimer photocopieuses et manuels imprimés pour "rendre le numérique obligatoire"

En tout cas il a à la parfin publié certains commentaires.

J'ai été mauvaise langue... Le Guillou a publié quelques commentaires qui, surprise, ne sont guère élogieux... Mais où sont donc les foules en délire, la larme à l'oeil, acclamant notre guide numérique bien aimé nous conduisant dans la voie lumineuse de l'avenir radieux ?

Thalia de G a écrit:Qu'est-ce que tu leur fais à ces malheureux portables ?

Allumés sept heures par jour branchement debranchement, transport, etc. chutes etc. Ils vivent...
J’achète toujours à vil prix (le dernier il y a trois semaines à 260 euros), je vire windows et vogue la galère.

e-Wanderer a écrit:
Ah non, hein, il faut citer avec exactitude : le guignol a écrit "professeure", pas "professeuse".

Ce qu'il y a de bien, là, c'est que je vais pouvoir lui conseiller aussi d'aller chez le coiffeur (il y a sa photo en bas de l'article, on dirait Pollux !), et cette fois on ne pourra pas m'accuser d'être sexiste !

Ah oui désolé, une malencontreuse faute de frappe, je m'y perds...

Cripure a écrit:

Maria Téguy a écrit:Merci monsieur Guillou, conférencier et consultant, de nous supprimer nos photocopieuses pour nous obliger à nous désintoxiquer ! Merci de nous aider à prendre conscience de nos insuffisances professionnelles ; heureusement que quelques-uns d'entre nous arrivent à remonter la pente, telle cette collègue que vous citez :

"C’est ainsi, avec ces mêmes mots, que s’exprime à juste titre une jeune professeuse de français enthousiaste mais lasse de la paresse et des reculades de ses collègues. Elle s’appelle ******** puisqu’elle m’a autorisé à donner son nom. Les équipes pédagogiques sont ainsi fragilisées, me dit-elle aussi, dans son collège des Yvelines pourtant bien connecté et équipé, par l’attitude froide et et les pratiques pédagogiques particulièrement désuètes d’une partie de leurs membres. Ces derniers continuent à dispenser des cours magistraux lénifiants sans jamais utiliser Internet ou l’espace numérique de travail dont disposent le collège et donc les élèves. Ces derniers, comme leurs parents, s’en trouvent désemparés, ne sachant à quel saint se vouer."

Elle promet, la jeune collègue
Une belle tête à gifles.
Et par parenthèse, comment sait-elle ce que font ses collègues ?

Je hais ce genre d'idéologue. Et pourtant, j'utilise l'informatique à 100% pour mon travail personnel.
Depuis des années, je récupère des élèves venant de mes classes ou formés par des collègues. Les élèves sérieux s'en sortent, les autres échouent, sans rapport évident avec la manière d'enseigner du collègue (pour peu qu'il m'en ait touché un mot vu que c'est le cadet de nos soucis). Seule exception, rarissime, quand on tombe sur un collègue qui ne travaille réellement pas.
Apparemment, ma façon d'enseigner plairait beaucoup à ces illuminés, mais je prétends qu'elle est difficile à exporter.
1° Pour utiliser l'informatique avec les mômes en face, il faut que tout marche. Je le fais avec mes propres deniers, c'est mon plaisir à moi et je comprends que les collègues n'aient pas envie d'investir.
2° Il ne suffit pas d'avoir une maîtrise passable de l'informatique: Il faut être un expert: Le moindre pépin, la moindre erreur doit être rattrapée dans la minute sinon c'est le cirque. Essayez voir de dire aux élèves: "faites moi le silence absolu, ça ne marche pas et j'ai besoin de concentration". Bref, il faut y avoir passé des nuits pendant des années.
3° Il faut une grosse base documentaire constituée pendant des années. Le collègue qui part à la retraite dans moins de dix ans n'a aucun intérêt à s'y coller, sauf cas de masochisme.

Un exemple simple: l'ASSR. Facile me direz vous. Un pauvre fichier avi et une simple feuille à remplir. Sauf qu'une année le fichier avait été fourni avec un format vidéo exotique: aucun ordinateur du collège n'arrivait à le lire. J'ai dû tout convertir. Vous souvenez vous quand l'épreuve était liée à un serveur central (années 2005 ou 2006 de mémoire): des heures de travail pour l'administrateur (java et flash à mettre à jour sur tous les PC et erreurs en cascade) et des erreurs en rafales... Ils ont vite laissé tombé. Ma conclusion est assez cruelle: ces gens ne savent pas vraiment de quoi ils parlent...

Il ne suffit pas d'avoir une maîtrise passable de l'informatique: Il faut être un expert: Le moindre pépin, la moindre erreur doit être rattrapée dans la minute sinon c'est le cirque. Essayez voir de dire aux élèves: "faites moi le silence absolu, ça ne marche pas et j'ai besoin de concentration". Bref, il faut y avoir passé des nuits pendant des années.

Merci ! Je ne cesse de le répéter et ai l'impression de parler aux murs !

coindeparadis a écrit:

Il ne suffit pas d'avoir une maîtrise passable de l'informatique: Il faut être un expert: Le moindre pépin, la moindre erreur doit être rattrapée dans la minute sinon c'est le cirque. Essayez voir de dire aux élèves: "faites moi le silence absolu, ça ne marche pas et j'ai besoin de concentration". Bref, il faut y avoir passé des nuits pendant des années.

Merci ! Je ne cesse de le répéter et ai l'impression de parler aux murs !

Situation vécue: Je suis convoqué à une formation pour serveur windows second niveau. Je ne suis pas à l'aise car je ne connais que les réseaux linux et je n'ai pas suivi le niveau 1. J'arrive à la formation: café, petits gâteaux , bla-bla, ça commence. Au bout d'une minute, une main se lève "Heu... c'est quoi une adresse ip?"

e-Wanderer a écrit:il faut citer avec exactitude : le guignol a écrit "professeure", pas "professeuse".

Mais il ne veut virer que les photocopieurs, pas les photocopieures !
Sexiste !

Rendash a écrit:En tout cas il a à la parfin publié certains commentaires.

Mais le délai montre qu'il n'est occasionné que connectiquement

Il paraît que pour s'inscrire à la formation numérique sur "mimer la fistule de Louis XIV", c'est sur ce fil ? Vive la pédagogie innovante.

Maria Téguy a écrit:Il  paraît que pour s'inscrire à la formation numérique sur "mimer la fistule de Louis XIV", c'est sur ce fil ? Vive la pédagogie innovante.

Je prends les inscriptions. Les cinq premiers auront l'écartèlement de Damiens en prime.

Ce trimestre, pour ma part, aucun conseil classe connecté, tout sur papier pour de multiples raisons (coupure réseau du Rectorat ou du lycée, bug Java, coupure électrique).

Exemple amusant du "numérique obligatoire" à l'université : "Tableau, feutres, draps et clous... 2015 est l’année du numérique à l’université", tribune dans "Rue89".

Extrait :

Cette semaine nous avons appris que la seule salle véritablement équipée (télévision, lecteur de DVD, vidéoprojecteur, écran déroulant, stores occultants) dont disposait notre Unité de formation et de recherche (UFR) universitaire avait été vandalisée. Le lecteur de DVD a disparu, l’écran a été arraché, ainsi que des câbles.

Plus de 150 enseignants-chercheurs se partagent cette salle que, par la force des choses, beaucoup demandent et peu obtiennent. Elle fermait à clef, sa porte était blindée, elle était sous alarme, théoriquement sécurisée. L’UFR avait tenté d’aménager d’autres salles, mais celles-ci ne fermant pas à clef elles ne sont pas restées équipées longtemps.

Au début de l’année universitaire, un vidéoprojecteur installé dans une cage de métal a été volé, puis un autre, et encore un autre. Un écran a été découpé au cutter, un autre entièrement tagué. Dans les autres salles on ne compte pas les stores cassés ou arrachés, l’éclairage défectueux, les prises électriques qui ne marchent plus.

Récemment, un nouveau vidéoprojecteur a été installé dans un caisson renforcé, mais faute de pouvoir baisser les stores (cassés), et faute d’écran, un enseignant a tenté de faire cours en scotchant des couvertures de survie aux fenêtres et en clouant un drap blanc au mur sous le regard médusé de ses 60 étudiants (dans une salle prévue pour 40 personnes).

Aucun technicien n’est chargé du fonctionnement de ce matériel, aucun système sérieux n’a encore été mis en place pour empêcher vols et dégradations.

De même j'ai laissé tombé la voiture quand on m'a volé mon premier véhicule. Mes pieds, personne n me les dérobera jamais (de mon vivant).

T'as été raisonnable, j'en connais qui auraient encore racheté une voiture après le dixième vol et le vingtième acte de vandalisme sans garagiste/pendant les vacances d'Olivier.

C'est vrai qu'on a rarement entendu parler de cambriolages avec comme butin des manuels scolaires...

the educator a écrit:De même j'ai laissé tombé la voiture quand on m'a volé mon premier véhicule. Mes pieds, personne n me les dérobera jamais (de mon vivant).

Oui, enfin à ma connaissance aucun collègue habitant un peu loin de mon collège ne vient à pied ou en char à bœufs. Faire l'impasse sur une technologie parce qu'elle attire les voleurs ou peut tomber en panne n'est pas un argument. Notre société est dépendante des réseaux, c'est un fait. S'il y a une coupure d'électricité, il n'y a plus de chauffage non plus...
D'un autre côté, et on en a largement débattu, croire que le "tout numérique" pour les profs et les élèves est une option obligatoire est très exagéré. Pour qu'une technologie en remplace définitivement une autre, il faut qu'elle la surclasse dans tous les domaines: la photo argentique a été balayée en moins de dix ans mais la machine à écrire et le traitement de texte n'ont pas éliminé le stylo.
Quant à l'enseignement, il dépend de la liberté pédagogique. Pourvu qu'on atteigne le but, chacun utilise les outils qu'il veut. Toutes les imprécations du monde n'empêcheront pas qu'un cours, c'est d'abord un maître face à ses élèves.

bruno09, si j'ai bien compris les propos de the educator, il était ironique, et disait en fait la même chose : laisser tomber à cause d'un acte de vandalisme/vol est idiot, etc. Mais j'ai peut-être mal compris.

D'où ma réflexion : si c'est un seul, OK, mais quand c'est systématique, et qu'on ne donne de toute façon pas les moyens d'entretenir le matos... Je crois que tu es sur la même longueur d'onde sur ce dernier point, en plus : il me semble que c'est toi qui y faisais allusion il y a quelques jours, justement.

Ben le reproche qui est fait à l'université ici, me semble-t-il, ce n'est pas que les équipements sont volés (ça, on s'en douterait, non ?), c'est que l'université n'a même pas moyen d'avoir des portes qui ferment à clé (ou dont les clés ne circulent pas, dans le premier cas, dirait-on...)

Plus de 150 enseignants-chercheurs se partagent cette salle que, par la force des choses, beaucoup demandent et peu obtiennent. Elle fermait à clef, sa porte était blindée, elle était sous alarme, théoriquement sécurisée.

Même alors... =/

Une clé, ça se copie. Un code d'alarme, ça se zyeute quand quelqu'un le tape. Je suis prête à parier que certains donnent les codes aux étudiants ("Machin, pouvez-vous taper le code pour moi svp, c'est le 1234ABCD"), que les serrures n'ont pas été changées depuis vingt ans...

Vous imaginez les pauvres gosses qui vont passer toutes leurs heures de cours le nez dans leurs tablettes ? Et de retour à la maison, ce sera smartphone, ordi, télé...On va les rendre dingues ! :ack: :aa:
Et au fait, ce genre d'études, on n'en tient plus compte ??
http://www.lepoint.fr/sante/faut-il-interdire-les-ecrans-aux-enfants-26-01-2013-1620495_40.php

Les jeunes Français passent 900 heures par an à l'école et... 1 200 heures devant les écrans (télévision, Internet, jeux vidéo, téléphone mobile). Les experts s'accordent pour dire que trop, c'est trop ! Et les conséquences connues pour la santé leur donnent raison : à 6 ans, deux heures d'écran par jour augmentent les risques à venir de maladies cardiaques, d'hypertension artérielle et de diabète, sans compter qu'à l'adolescence le surpoids est directement lié au temps d'écran. Plus inquiétant, la lumière bleue émise par les tablettes affecterait la mélatonine, "l'hormone du sommeil", et donc notre horloge biologique. Deux heures d'exposition la font baisser de 22 % et entraînent des troubles du sommeil, des risques de diabète, d'obésité et même de cancer du sein. Face à cette succession d'alertes, les parents s'interrogent : faut-il interdire ou limiter les écrans, lesquels et comment ? Se basant sur les dernières données, notamment en neurobiologie et en psychologie, l'Académie des sciences vient d'émettre un avis complet, adapté à chaque âge. L'essentiel en sept points.

1. Dialoguer plutôt qu'interdire

Il est important que les parents et éducateurs s'adaptent aux nouvelles technologies pour rester en phase avec les jeunes et dialoguer : "Beaucoup de réactions vis-à-vis de jeunes risquent d'être inappropriées, marquées de laisser-faire indifférent ou résigné, ou d'enthousiasme irréfléchi, ou encore d'incompréhension profonde", indique l'avis. Les logiciels de contrôle parental sont nécessaires, mais ils fonctionnent moyennement et rien ne remplace le dialogue autour des écrans et la confiance - pour éviter notamment d'aller voir en cachette les sites que consulte l'enfant.

2. La règle 3-6-9-12

Ce repérage simple a été proposé par l'Académie américaine de pédiatrie : pas d'écran avant 3 ans, une heure par jour entre 3 et 6 ans, 2 heures entre 6 et 9 ans et 3 heures au-delà. Il s'agit du temps global d'écran : télévision, ordinateur, console, tablette, mobile...

Rendash a écrit:bruno09, si j'ai bien compris les propos de the educator, il était ironique, et disait en fait la même chose : laisser tomber à cause d'un acte de vandalisme/vol est idiot, etc. Mais j'ai peut-être mal compris.

D'où ma réflexion : si c'est un seul, OK, mais quand c'est systématique, et qu'on ne donne de toute façon pas les moyens d'entretenir le matos... Je crois que tu es sur la même longueur d'onde sur ce dernier point, en plus : il me semble que c'est toi qui y faisais allusion il y a quelques jours, justement.

Après relecture, il apparaît que tu as raison. De toute façon, le manque de moyens et de suivi ne touche pas que les TICE, et ne parlons même pas des moyens humains. Quand je suis allé à Ludovia (trois fois), j'ai toujours été frappé par les projets mirifiques et dispendieux mis en avant quand on connaît les difficultés matérielles de tous les jours.

Franchement, est-ce bien la peine de faire tant de place à ce genre de débilité ?
Je dirais : "Au suivant..."