Les perles du Capes de Lettres 2014 : "Ronsard songe surtout à la niquer".

 Pour  un  candidat,  "1793  est  l'année  du  coup d'Etat  de  Napoléon",  pour  une  jeune  fille,  "1870,  c'est  la  chute  de Louis XVI. [...] Le tercet est nommé  de  manière  amusante  "tiercé"  dans  trois  prestations [...]
Une candidate a ainsi lu "il aimait le commerce des femmes" qui ouvre La Princesse de Clèves comme une critique de la "vantardise" du roi et de son désir de s'adonner à la prostitution des femmes... [...]
Une   candidate   qui   confond   "luxe"   et   "luxure"   amuse  beaucoup  le  jury [...].
L'exactitude  et  la  rigueur doivent  également  présider  au  choix  du  lexique  employé. [...] Les mots "gai"   et "gay"   n'ont   pas   le   même sens. [...]
Enfin,  le  candidat  doit  toujours  être  attentif  au  niveau  de  langue :  trop  nombreuses  sont   les   expressions   relâchées,   voire   grossières   ou   les   allusions   déplacées   dans   le  contexte.  [...] Un candidat  précise :"  alors,  là,  hein,  on  peut  penser  que  Ronsard songe  surtout  à  la  niquer",  une  autre  tente  une  hypothèse  interprétative:  "allez,  je  me  lance,  on  peut  peut-être  penser  que  cette  référence  intersexuelle  implicite  montre  qu'il veut se la faire"

John a écrit:

Une   candidate   qui   confond   "luxe"   et   "luxure"   amuse  beaucoup  le  jury [...].
L'exactitude  et  la  rigueur doivent  également  présider  au  choix  du  lexique  employé. [...] Les mots "gai"   et "gay"   n'ont   pas   le   même sens. [...]
Enfin,  le  candidat  doit  toujours  être  attentif  au  niveau  de  langue :  trop  nombreuses  sont   les   expressions   relâchées,   voire   grossières   ou   les   allusions   déplacées   dans   le  contexte.  [...] Un candidat  précise :"  alors,  là,  hein,  on  peut  penser  que  Ronsard songe  surtout  à  la  niquer",  une  autre  tente  une  hypothèse  interprétative:  "allez,  je  me  lance,  on  peut  peut-être  penser  que  cette  référence  intersexuelle  implicite  montre  qu'il veut se la faire"

http://cache.media.education.gouv.fr/file/excep/69/0/lettremod22_349690.pdf
(p. 89)

yoaken a écrit:Au CAPES ?!! Sérieux ?! :shock:

J’étais gai et l’église était calme au soleil,
près des jardins où sous la vigne il y a des roses,
près de la route où les oies et les canards causent,
les belles oies qui sont blanches comme du sel.

Sainte-Suzanne est le nom du petit village :
c’est un nom doux ainsi qu’un vieux nom de grand-mère.
L’auberge est pleine de fumée et de gros verres.
Les vieilles femmes n’y ont pas de babillage.

Il y a au soleil des chemins très obscurs,
pleins de feuillages frais, et qui n’ont pas de fin.
On s’y donnerait des baisers longs, doux et durs,
par les après-midi des dimanches beaux et simples.


Je pense à tout cela. Alors une tristesse
me vient d’avoir laissé la femme que j’aimais.
J’avais vu autrement, alors, le mois de mai,
car mon cœur est fait pour aimer, aimer sans cesse.

Je sens que je suis fait pour un amour très pur
comme le soleil blanc qui glisse au bas du mur.
Et j’ai dans mon cœur des amours froids comme ceux
quand je passais ma main à travers mes cheveux.

Le soleil pur, le nom doux du petit village,
les belles oies qui sont blanches comme le sel,
se mêlent à mon amour d’autrefois, pareil
aux chemins obscurs et longs de Sainte-Suzanne.

On ne peut en effet se résoudre à titulariser un candidat pour lequel L'Encyclopédie serait un gros livre écrit du temps des frères Lumières ou bien un autre ne sachant pas où placer Jésus sur une chronologie...

Ed is Dead a écrit:Et personne bien sur n'imagine que les propos les plus grossies ne relèvent que de la blague potache? Je ne nie pas que le niveau des étudiants en lettres n'est plus ce qu'il était, en revanche, le choix de ces mots, à cet endroit, n'est ni plus ni moins qu'une provocation d'étudiant! En tout cas le jury aurait au moins pu en émettre l'hypothèse...

Iphigénie a écrit:
Je suis hors sujet, mais je n'aime pas personnellement ces postures des rapports de jury: les bétisiers aussi, c'est l'esprit TF1, autant que le langage grossier.
Et ce faisant, ça ne porte pas une vraie réflexion sur les causes de l'arrivée au niveau du capes de tels étudiants: on ne peut pas à la fois défendre l'institution et les réformes qui l'ont mise dans cet état.
Si les étudiants du capes de lettres sont aussi faibles, c'est que l'enseignement des lettres est malade: est-ce la faute des malades ou des médecins? Il faudrait quand même que le jury nous éclaire sur la question.

Pierre-Henri a écrit:

Iphigénie a écrit:
Je suis hors sujet, mais je n'aime pas personnellement ces postures des rapports de jury: les bétisiers aussi, c'est l'esprit TF1, autant que le langage grossier.
Et ce faisant, ça ne porte pas une vraie réflexion sur les causes de l'arrivée au niveau du capes de tels étudiants: on ne peut pas à la fois défendre l'institution et les réformes qui l'ont mise dans cet état.
Si les étudiants du capes de lettres sont aussi faibles, c'est que l'enseignement des lettres est malade: est-ce la faute des malades ou des médecins? Il faudrait quand même que le jury nous éclaire sur la question.

Le jury n'écrit pas dans cet état d'esprit. En outre, casser le thermomètre ne fait pas baisser la température. Des rapports de jury mensongers et remplis de jolies gommettes vertes "compétence acquise" ne rendraient pas les candidats meilleurs. Dans l'ambiance actuelle, il faudrait plutôt féliciter le jury d'avoir eu le cran de dire la vérité. M'est avis qu'il le paiera de sa tête.

Pour l'autre question, elle ne tombe pas dans les prérogatives d'un jury de concours, dont la fonction est de sélectionner les futurs professeurs. Son travail est de constater le niveau des candidats, pas de rédiger des propositions de politique générale.

Ed is Dead a écrit:Et personne bien sur n'imagine que les propos les plus grossies ne relèvent que de la blague potache? Je ne nie pas que le niveau des étudiants en lettres n'est plus ce qu'il était, en revanche, le choix de ces mots, à cet endroit, n'est ni plus ni moins qu'une provocation d'étudiant! En tout cas le jury aurait au moins pu en émettre l'hypothèse...

Iphigénie a écrit:

Pierre-Henri a écrit:

Iphigénie a écrit:
Je suis hors sujet, mais je n'aime pas personnellement ces postures des rapports de jury: les bétisiers aussi, c'est l'esprit TF1, autant que le langage grossier.
Et ce faisant, ça ne porte pas une vraie réflexion sur les causes de l'arrivée au niveau du capes de tels étudiants: on ne peut pas à la fois défendre l'institution et les réformes qui l'ont mise dans cet état.
Si les étudiants du capes de lettres sont aussi faibles, c'est que l'enseignement des lettres est malade: est-ce la faute des malades ou des médecins? Il faudrait quand même que le jury nous éclaire sur la question.

Le jury n'écrit pas dans cet état d'esprit. En outre, casser le thermomètre ne fait pas baisser la température. Des rapports de jury mensongers et remplis de jolies gommettes vertes "compétence acquise" ne rendraient pas les candidats meilleurs. Dans l'ambiance actuelle, il faudrait plutôt féliciter le jury d'avoir eu le cran de dire la vérité. M'est avis qu'il le paiera de sa tête.

Pour l'autre question, elle ne tombe pas dans les prérogatives d'un jury de concours, dont la fonction est de sélectionner les futurs professeurs. Son travail est de constater le niveau des candidats, pas de rédiger des propositions de politique générale.

Loin de moi de vouloir des compétences ou du langage de bois.
Mais le relevé des bêtises est facile et ne sert à pas grand chose: c'est une tradition académique depuis toujours de se moquer des impétrants qui dans la faillite de l'école d'aujourd'hui n'a plus aucun sens. De mon temps on se gaussait des étudiants qui ignoraient chez La Bruyère le sens des "PTS": à chaque époque ses "bêtises".
Et les jurys sont des professeurs de lycée ou d'université, pas des dieux hors sol: le niveau des élèves à la fac est notre responsabilité collective.
Tomber sur le malheureux à qui on a donné le droit de passer le capes parce que ça permet de sauver un poste par ci et une carrière par là, c'est juste un moyen de  noyer le poisson et de transférer les responsabilités.

yoaken a écrit:Au CAPES ?!! Sérieux ?! :shock:

Cath a écrit:

Non, Iphigénie, je ne suis pas d'accord : les rapports de jurys que je lisais dans les années 80 foudroyaient le malheureux qui avait mal placé une virgule dans sa phrase lors de sa prestation orale...Là il s'agit de candidats qui ont passé la barrière de l'écrit, une première sélection, quand même, et qui disent des grossièretés qu'ils ne sortiraient pas devant leur mère !

Iphigénie a écrit:

Pierre-Henri a écrit:

Iphigénie a écrit:
Je suis hors sujet, mais je n'aime pas personnellement ces postures des rapports de jury: les bétisiers aussi, c'est l'esprit TF1, autant que le langage grossier.
Et ce faisant, ça ne porte pas une vraie réflexion sur les causes de l'arrivée au niveau du capes de tels étudiants: on ne peut pas à la fois défendre l'institution et les réformes qui l'ont mise dans cet état.
Si les étudiants du capes de lettres sont aussi faibles, c'est que l'enseignement des lettres est malade: est-ce la faute des malades ou des médecins? Il faudrait quand même que le jury nous éclaire sur la question.

Le jury n'écrit pas dans cet état d'esprit. En outre, casser le thermomètre ne fait pas baisser la température. Des rapports de jury mensongers et remplis de jolies gommettes vertes "compétence acquise" ne rendraient pas les candidats meilleurs. Dans l'ambiance actuelle, il faudrait plutôt féliciter le jury d'avoir eu le cran de dire la vérité. M'est avis qu'il le paiera de sa tête.

Pour l'autre question, elle ne tombe pas dans les prérogatives d'un jury de concours, dont la fonction est de sélectionner les futurs professeurs. Son travail est de constater le niveau des candidats, pas de rédiger des propositions de politique générale.

Loin de moi de vouloir des compétences ou du langage de bois.
Mais le relevé des bêtises est facile et ne sert à pas grand chose: c'est une tradition académique depuis toujours de se moquer des impétrants qui dans la faillite de l'école d'aujourd'hui n'a plus aucun sens. De mon temps on se gaussait des étudiants qui ignoraient chez La Bruyère le sens des "PTS": à chaque époque ses "bêtises".
Et les jurys sont des professeurs de lycée ou d'université, pas des dieux hors sol: le niveau des élèves à la fac est notre responsabilité collective.
Tomber sur le malheureux à qui on a donné le droit de passer le capes parce que ça permet de sauver un poste par ci et une carrière par là, c'est juste un moyen de  noyer le poisson et de transférer les responsabilités.

Leclochard a écrit:

yoaken a écrit:Au CAPES ?!! Sérieux ?! :shock:

Si tu savais...

Un collègue m'a raconté qu'il avait corrigé des copies de candidats qui se destinent à devenir professeurs des écoles. Les grosses erreurs étaient d'autant plus terrifiantes qu'elles n'excluaient pas la réussite (ne pas savoir placer Marseille sur une carte par ex).

Spoiler: