- User5899Demi-dieu
Wir Kinder vom Bahnhof Zoo... Film bien glauque...
- Sylvain de Saint-SylvainGrand sage
Je ne sais pas si je suis autorisé à répondre à la question, mais j'ai bien envie de raconter comment je fus pour la première fois confronté à Jules Verne à la suite d'un châtiment. J'étais en CP, ma maman m'avait condamné à rester dans ma chambre et il y avait une pile de Jules Verne des éditions Carrefour. J'ai pris Michel Strogoff, et...
... ben non, ce ne fut pas l'initiation à la littérature, c'était quand même trop compliqué pour moi. Mais en CE2 j'ai lu Voyage au centre de la Terre (après avoir épuisé les J'aime lire). Chateaubriand, ce fut aussi en 3e (Les Mémoires d'outre-tombe).
Je garde de ce premier contact avorté la sensation d'être puni quand je dois lire un récit d'aventure.
... ben non, ce ne fut pas l'initiation à la littérature, c'était quand même trop compliqué pour moi. Mais en CE2 j'ai lu Voyage au centre de la Terre (après avoir épuisé les J'aime lire). Chateaubriand, ce fut aussi en 3e (Les Mémoires d'outre-tombe).
Je garde de ce premier contact avorté la sensation d'être puni quand je dois lire un récit d'aventure.
- Elle aimeExpert
En primaire : J'aime Lire, Gripari, Je Bouquine, beaucoup de contes, de bandes dessinées (Astérix, Lucky Luke, Gaston Lagaffe), Alice, La Bible, Contes mythologiques, légendes arthuriennes, mythologie nordique... et Candide (je n'avais rien compris : j'avais pitié de Cunégonde)
Au collège : Molière (j'avais découvert de belles éditions dans le grenier de ma grand-mère), Les Misérables (toujours dans le grenier) La peau de chagrin (mon premier Balzac), Maupassant, Madame Bovary (j'étais loin de comprendre tous les enjeux...), Zola, Shakespeare, tout cela mêlé de BD et des romans Harlequin qui prenaient la poussière (ceci explique peut-être pourquoi je n'avais pas compris tous les enjeux de Madame Bovary)
Au lycée : découverte de Racine gâchée par de l'outillage...
Au collège : Molière (j'avais découvert de belles éditions dans le grenier de ma grand-mère), Les Misérables (toujours dans le grenier) La peau de chagrin (mon premier Balzac), Maupassant, Madame Bovary (j'étais loin de comprendre tous les enjeux...), Zola, Shakespeare, tout cela mêlé de BD et des romans Harlequin qui prenaient la poussière (ceci explique peut-être pourquoi je n'avais pas compris tous les enjeux de Madame Bovary)
Au lycée : découverte de Racine gâchée par de l'outillage...
- User5899Demi-dieu
Vous étiez en lycée agricole et ils vous les ont fait arracher ?Ciara a écrit:Au lycée : découverte de Racine gâchée par de l'outillage...
Blague à part, j'ai beaucoup mieux compris les Harlequin, qu'il m'est arrivé de lire sur le tard, parce que je connaissais Emma.
- Bobby-CowenFidèle du forum
Je souscris entièrement aux propos de charlygp et BlackMail.
J'ai toujours adoré lire, mais j'ai côtoyé à la fac des étudiants qui n'aimaient pas. J'ai trouvé ça un peu dommage, pour des étudiants de lettres - d'autant plus que leurs lectures se bornaient à Twilight, Hunger Games et autres.
Les listes d'ouvrages à lire pour les différents cours m'ont parues bien minces (autant que les livres en eux-mêmes), et c'est en L3 que j'ai vraiment abordé la littérature comparée, grâce notamment à un professeur dont le seul intitulé de cours me donnait envie de m'impliquer à fond. J'ai donc suivi un cours passionnant sur les réécritures de Médée (notamment celle de Sénèque), et j'ai rendu un dossier de recherches sur la "Médée" de Corneille ; j'ai découvert Christa Wolf, relu Sophocle, me suis plongée dans la représentation de Lassalle (avec Isabelle Huppert), ai écouté avec attention l'opéra de Marc-Antoine Charpentier.
Si je voulais partir en Erasmus à Édimbourg l'année suivante, je devais m'inscrire en Master Recherche. Je n'ai jamais eu à le regretter. Là-bas, j'ai grugé et j'ai suivi les cours que je voulais : Histoire ancienne et latin ; littératures écossaise et anglaise ; civilisation celtique ; théâtre européen ; littérature et culture en Europe médiévale... comme pour charlygp, les listes d'ouvrages à Édimbourg sont bien plus fournies, et les exigences en matière de lecture, bien plus élevées. J'ai pris mon pied, j'ai passé des heures dans les rayonnages de la BU de l'université ( ), j'ai découvert plein de choses, et notamment les rapports entre civilisations et littératures anciennes et contemporaines. J'ai basé mon mémoire de M1 sur la légende de Beowulf et ses réécritures (notamment celles du monstre). Je ne savais pas lire l'ancien norrois ; mais je me suis dépatouillée, et j'ai adoré bosser là-dessus.
Bref.
Je lis depuis que je sais le faire. Dans ma jeunesse, j'épluchais les bibliothèques des différentes villes où j'ai pu habiter. Petite, je lisais Blake et Mortimer, Yoko Tsuno, j'ai lu plus tard Bone... J'ai découvert les "classiques" dans la bibliothèque de ma mère : Giono, Corneille, Zola ("Le Rêve" et "Nana")... on m'a prêté des livres sur les mythologies européennes et mondiales, les légendes arthuriennes (Ciara : ), Verne...
Et je vais paraître idiote, idéaliste, naïve (et j'en passe) en disant cela, mais quel que soit le livre que je découvre ou relis, j'arrive toujours à m'émerveiller. Oui, la littérature ("classique" ou moderne) m'enchante. Je me dis que c'est peut-être mon seul atout face à mes élèves. C'est peut-être comme cela que, cette année, j'ai pu faire comprendre à mes midinettes d'élèves, fans de "Vampire Diaries" ou "Twilight", que rien n'avait été inventé, et c'est peut-être comme cela que j'ai pu donner envie à certain(e)s de lire autre chose, de plus "classique" : Bram Stocker, Théophile Gautier, Guy de Maupassant... ! J'ai senti qu'ils appréciaient mieux mes cours, du coup. Quelques-uns sont même venus me voir pour me demander de leur prêter mon exemplaire de "Dracula", parce qu'il n'était plus au CDI... Pareil pour "Harry Potter" ; mes élèves, tous non-latinistes, m'ont dit qu'ils avaient adoré mes explications sur les formules magiques, et qu'ils comprenaient mieux l'intérêt de l'étymologie !
Et je me suis rendue compte que je continuais à apprendre, à relire, à me réapproprier certains auteurs que je pouvais juger rébarbatifs il y a quelques années. Je souhaite que cela continue - quitte à passer pour une truffe chaque fois que mes yeux brillent en lisant Aragon ou Euripide, non mais !
C'est pour tout cela que j'ai voulu passer le Capes... je suis persuadée qu'un enseignant de lettres qui "n'aime pas lire" ne donnera pas envie aux élèves, et qu'un enseignant qui s'obstine à laisser de côté certaines littératures n'a pas compris un des principaux enjeux de son métier.
J'ai toujours adoré lire, mais j'ai côtoyé à la fac des étudiants qui n'aimaient pas. J'ai trouvé ça un peu dommage, pour des étudiants de lettres - d'autant plus que leurs lectures se bornaient à Twilight, Hunger Games et autres.
Les listes d'ouvrages à lire pour les différents cours m'ont parues bien minces (autant que les livres en eux-mêmes), et c'est en L3 que j'ai vraiment abordé la littérature comparée, grâce notamment à un professeur dont le seul intitulé de cours me donnait envie de m'impliquer à fond. J'ai donc suivi un cours passionnant sur les réécritures de Médée (notamment celle de Sénèque), et j'ai rendu un dossier de recherches sur la "Médée" de Corneille ; j'ai découvert Christa Wolf, relu Sophocle, me suis plongée dans la représentation de Lassalle (avec Isabelle Huppert), ai écouté avec attention l'opéra de Marc-Antoine Charpentier.
Si je voulais partir en Erasmus à Édimbourg l'année suivante, je devais m'inscrire en Master Recherche. Je n'ai jamais eu à le regretter. Là-bas, j'ai grugé et j'ai suivi les cours que je voulais : Histoire ancienne et latin ; littératures écossaise et anglaise ; civilisation celtique ; théâtre européen ; littérature et culture en Europe médiévale... comme pour charlygp, les listes d'ouvrages à Édimbourg sont bien plus fournies, et les exigences en matière de lecture, bien plus élevées. J'ai pris mon pied, j'ai passé des heures dans les rayonnages de la BU de l'université ( ), j'ai découvert plein de choses, et notamment les rapports entre civilisations et littératures anciennes et contemporaines. J'ai basé mon mémoire de M1 sur la légende de Beowulf et ses réécritures (notamment celles du monstre). Je ne savais pas lire l'ancien norrois ; mais je me suis dépatouillée, et j'ai adoré bosser là-dessus.
Bref.
Je lis depuis que je sais le faire. Dans ma jeunesse, j'épluchais les bibliothèques des différentes villes où j'ai pu habiter. Petite, je lisais Blake et Mortimer, Yoko Tsuno, j'ai lu plus tard Bone... J'ai découvert les "classiques" dans la bibliothèque de ma mère : Giono, Corneille, Zola ("Le Rêve" et "Nana")... on m'a prêté des livres sur les mythologies européennes et mondiales, les légendes arthuriennes (Ciara : ), Verne...
Et je vais paraître idiote, idéaliste, naïve (et j'en passe) en disant cela, mais quel que soit le livre que je découvre ou relis, j'arrive toujours à m'émerveiller. Oui, la littérature ("classique" ou moderne) m'enchante. Je me dis que c'est peut-être mon seul atout face à mes élèves. C'est peut-être comme cela que, cette année, j'ai pu faire comprendre à mes midinettes d'élèves, fans de "Vampire Diaries" ou "Twilight", que rien n'avait été inventé, et c'est peut-être comme cela que j'ai pu donner envie à certain(e)s de lire autre chose, de plus "classique" : Bram Stocker, Théophile Gautier, Guy de Maupassant... ! J'ai senti qu'ils appréciaient mieux mes cours, du coup. Quelques-uns sont même venus me voir pour me demander de leur prêter mon exemplaire de "Dracula", parce qu'il n'était plus au CDI... Pareil pour "Harry Potter" ; mes élèves, tous non-latinistes, m'ont dit qu'ils avaient adoré mes explications sur les formules magiques, et qu'ils comprenaient mieux l'intérêt de l'étymologie !
Et je me suis rendue compte que je continuais à apprendre, à relire, à me réapproprier certains auteurs que je pouvais juger rébarbatifs il y a quelques années. Je souhaite que cela continue - quitte à passer pour une truffe chaque fois que mes yeux brillent en lisant Aragon ou Euripide, non mais !
C'est pour tout cela que j'ai voulu passer le Capes... je suis persuadée qu'un enseignant de lettres qui "n'aime pas lire" ne donnera pas envie aux élèves, et qu'un enseignant qui s'obstine à laisser de côté certaines littératures n'a pas compris un des principaux enjeux de son métier.
- Elle aimeExpert
Cripure,
Vous savez parfaitement de quoi il s'agit : critique structurale ou plus exactement ses dérives. Ce n'est pas tant en effet la critique structurale que son instrumentalisation pédagogique et les dérives du collège pour tous (et suite logique, du "bac pour tous") qui pose problème.
On s'est mis à parler de "discours". Et on a mêlé tous les discours. On a étendu, ratissé large : des textes littéraires, des classiques au textes non littéraires, à la littérature pour la jeunesse (ouf, disparue des programmes depuis). La littérature au lycée a perdu de son prestige, diluée, abordée comme n'importe quelle autre forme de discours. L'exemple que donne LeBéotien (analyse des "discours" de Maïté en fac) est on ne peut plus parlant. Il fallait "innover" pour le public scolaire, lui rendre "accessibles" les textes littéraires à gros coups d'outillage et mes professeurs ont innové. Il fallait nous intéresser, nous enfants des media, de la télévision, du clip, de la pub. Tout ce qui a été fait, c'est nous dégoûter, nous rendre inaccessible et incompréhensible Racine. Car, dans le même temps, l'histoire littéraire et l'histoire étaient balayées : trop ambitieuse, trop élitiste...
"Vous ne connaissez pas les oeuvres antiques ? Vous ne connaissez rien au XVIIème siècle ? Pas grave, Racine, c'est avant tout un message. Pas besoin du contexte. Rien à la Restauration ? Pas grave, et on n'a pas le temps ... " Et ce repérage incessant de figures de style... Le but initial n'était-il pas d'accéder au sens du texte ? On en était bien loin. Et après, on s'étonne qu'un étudiant ait du mal à faire la différence entre Picsou - bon, je caricature - un bref succès du jour (Twilight...) et un classique ou une grande oeuvre.
Bien entendu, dans certains lieux protégés, réservés à une élite (lycées de centre-ville, Sorbonne, ce n'était pas le cas.
Bravo, merci l'innovation. Jamais les fossés ne sont autant creusés.
Vous savez parfaitement de quoi il s'agit : critique structurale ou plus exactement ses dérives. Ce n'est pas tant en effet la critique structurale que son instrumentalisation pédagogique et les dérives du collège pour tous (et suite logique, du "bac pour tous") qui pose problème.
On s'est mis à parler de "discours". Et on a mêlé tous les discours. On a étendu, ratissé large : des textes littéraires, des classiques au textes non littéraires, à la littérature pour la jeunesse (ouf, disparue des programmes depuis). La littérature au lycée a perdu de son prestige, diluée, abordée comme n'importe quelle autre forme de discours. L'exemple que donne LeBéotien (analyse des "discours" de Maïté en fac) est on ne peut plus parlant. Il fallait "innover" pour le public scolaire, lui rendre "accessibles" les textes littéraires à gros coups d'outillage et mes professeurs ont innové. Il fallait nous intéresser, nous enfants des media, de la télévision, du clip, de la pub. Tout ce qui a été fait, c'est nous dégoûter, nous rendre inaccessible et incompréhensible Racine. Car, dans le même temps, l'histoire littéraire et l'histoire étaient balayées : trop ambitieuse, trop élitiste...
"Vous ne connaissez pas les oeuvres antiques ? Vous ne connaissez rien au XVIIème siècle ? Pas grave, Racine, c'est avant tout un message. Pas besoin du contexte. Rien à la Restauration ? Pas grave, et on n'a pas le temps ... " Et ce repérage incessant de figures de style... Le but initial n'était-il pas d'accéder au sens du texte ? On en était bien loin. Et après, on s'étonne qu'un étudiant ait du mal à faire la différence entre Picsou - bon, je caricature - un bref succès du jour (Twilight...) et un classique ou une grande oeuvre.
Bien entendu, dans certains lieux protégés, réservés à une élite (lycées de centre-ville, Sorbonne, ce n'était pas le cas.
Bravo, merci l'innovation. Jamais les fossés ne sont autant creusés.
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"Moi, je crois que la grammaire, c’est une voie d’accès à la beauté. Quand on parle, quand on lit ou quand on écrit, on sent bien si on a fait une belle phrase ou si on est en train d’en lire une. On est capable de reconnaître une belle tournure ou un beau style. Mais quand on fait de la grammaire, on a accès à une autre dimension de la beauté de la langue. Faire de la grammaire, c’est la décortiquer, regarder comment elle est faite, la voir toute nue, en quelque sorte. Et c’est là que c’est merveilleux : parce qu’on se dit : « Comme c’est bien fait, qu’est-ce que c’est bien fichu ! », « Comme c’est solide, ingénieux, subtil ! ». Moi, rien que savoir qu’il y a plusieurs natures de mots et qu’on doit les connaître pour en conclure à leurs usages et à leurs compatibilités possibles, ça me transporte."
- IphigénieProphète
je suis totalement en accord avec ton analyse, Ciara!Ciara a écrit:Cripure,
Vous savez parfaitement de quoi il s'agit : critique structurale ou plus exactement ses dérives. Ce n'est pas tant en effet la critique structurale que son instrumentalisation pédagogique et les dérives du collège pour tous (et suite logique, du "bac pour tous") qui pose problème.
On s'est mis à parler de "discours". Et on a mêlé tous les discours. On a étendu, ratissé large : des textes littéraires, des classiques au textes non littéraires, à la littérature pour la jeunesse (ouf, disparue des programmes depuis). La littérature au lycée a perdu de son prestige, diluée, abordée comme n'importe quelle autre forme de discours. L'exemple que donne LeBéotien (analyse des "discours" de Maïté en fac) est on ne peut plus parlant. Il fallait "innover" pour le public scolaire, lui rendre "accessibles" les textes littéraires à gros coups d'outillage et mes professeurs ont innové. Il fallait nous intéresser, nous enfants des media, de la télévision, du clip, de la pub. Tout ce qui a été fait, c'est nous dégoûter, nous rendre inaccessible et incompréhensible Racine. Car, dans le même temps, l'histoire littéraire et l'histoire étaient balayées : trop ambitieuse, trop élitiste...
"Vous ne connaissez pas les oeuvres antiques ? Vous ne connaissez rien au XVIIème siècle ? Pas grave, Racine, c'est avant tout un message. Pas besoin du contexte Rien à la Restauration ? Pas grave, et on n'a pas le temps ... " Et ce repérage incessant de figures de style... Le but initial n'était-il pas d'accéder au sens du texte ? On en était bien loin. Et après, on s'étonne qu'un étudiant ait du mal à faire la différence entre Picsou - bon, je caricature - un bref succès du jour (Twilight...) et un classique ou une grande oeuvre.
Bien entendu, dans certains lieux protégés, réservés à une élite (lycées de centre-ville Sorbonne, , ce n'était pas le cas.
Bravo, merci l'innovation. Jamais les fossés ne sont autant creusés.
.
(qui s'applique parfaitement à la lecture, au mieux-!- cette année, de V. Hugo au bac comme "le chef de file" du romantisme (puisqueCromwell pour les plus savants) qui utilise ici(sic) un carpe diem en se servant (resic) tous les outils des romantiques: le champ lexical de l'amour(aime, aimez), de la mort(tombe, sépulcre) et de la nature(étang, forêt) en faisant passer le message inouï qu'il faut aimer tant qu'on est vivant parce qu'après on peut plus.
- Elle aimeExpert
Iphigénie,
Tu peux corriger mon erreur ("était balayée") dans la citation ? Je t'en remercie.
Voilà. Après tout, autant donner du François Valéry au bac.
Tu peux corriger mon erreur ("était balayée") dans la citation ? Je t'en remercie.
Iphigénie a écrit:qui utilise ici(sic) un carpe diem en se servant (resic) tous les outils des romantiques: le champ lexical de l'amour(aime, aimez), de la mort(tombe, sépulcre) et de la nature(étang, forêt) en faisant passer le message inouï qu'il faut aimer tant qu'on est vivant parce qu'après on peut plus.
Voilà. Après tout, autant donner du François Valéry au bac.
- Allez, à vos outils ! De plus, je TICE grave... :
- Comme une envie de dire "je t'aime"
Quand on est au bout de soi-même
Quand il n'y a plus aucune raison de le cacher
Comme une envie de rêver tout haut
Te dire enfin les mots qu'il faut
Les mots faciles qui ont le pouvoir de déranger
Et ce soir
Je veux briser les ponts
Du silence
Franchir le mur du son, le temps d'une chanson
Aimons-nous vivants
N'attendons pas que la mort nous trouve du talent
Aimons-nous vivants
S'il faut danser, je veux danser maintenant
Aimons-nous vivants
Aimons-nous debout
Faisons la paix, faisons l'amour entre nous
Aimons-nous surtout
Pour ne plus jamais, jamais vivre à genoux
Aimons-nous vivants
Combien de larmes et de sourires
De mots qu'on n'a pas osé dire ?
Dieu que le silence est une arme qui fait souffrir
Combien d'amours inavouées ?
Combien de passions condamnées
Au nom de ceux qui ne pourront jamais en mourir ?
Mais ce soir
On va se dépasser
Faire la fête
Au nom de l'amitié, simplement pour chanter
Aimons-nous vivants
N'attendons pas que la mort nous trouve du talent
Aimons-nous vivants
S'il faut danser, je veux danser maintenant
Aimons-nous vivants
C'est vrai, on ne peut pas changer le monde
Je sais, mais c’est bon d’y croire une seconde
Aimons-nous vivants
Vivants
Maintenant
Aimons-nous vivants
N'attendons pas que la mort nous trouve du talent
Aimons-nous vivants
S'il faut danser, je veux danser maintenant
Aimons-nous vivants
Aimons-nous debout
Faisons la paix, faisons l'amour entre nous
Aimons-nous surtout
Pour ne plus jamais, jamais vivre à genoux
Aimons-nous vivants
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"Moi, je crois que la grammaire, c’est une voie d’accès à la beauté. Quand on parle, quand on lit ou quand on écrit, on sent bien si on a fait une belle phrase ou si on est en train d’en lire une. On est capable de reconnaître une belle tournure ou un beau style. Mais quand on fait de la grammaire, on a accès à une autre dimension de la beauté de la langue. Faire de la grammaire, c’est la décortiquer, regarder comment elle est faite, la voir toute nue, en quelque sorte. Et c’est là que c’est merveilleux : parce qu’on se dit : « Comme c’est bien fait, qu’est-ce que c’est bien fichu ! », « Comme c’est solide, ingénieux, subtil ! ». Moi, rien que savoir qu’il y a plusieurs natures de mots et qu’on doit les connaître pour en conclure à leurs usages et à leurs compatibilités possibles, ça me transporte."
- ysabelDevin
Ciara, rien que pour cela, tu mérites un ban !
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« vous qui entrez, laissez toute espérance ». Dante
« Il vaut mieux n’avoir rien promis que promettre sans accomplir » (L’Ecclésiaste)
- Sylvain de Saint-SylvainGrand sage
C'est bizarre, au lycée, je n'ai pas eu droit aux cours teintés de structuralisme, et ce qui a failli me dégoûter de la littérature, ce furent plutôt les commentaires "traditionnels" qui n'avaient d'autre but que de montrer que, vraiment, le texte s'éloigne des règles du genre, et en sus il est très riche. Ou les sujets du type : "Le cheval dans Jacques le Fataliste". A la fac, j'ai eu la chance de tomber sur un professeur qui m'a appris à penser le continu entre le poétique et l'éthique, le politique, le théorique, etc., à penser l'oeuvre dans son historicité (qui ne se réduit pas aux conditions de sa production), et qui m'a initié à Meschonnic, Benveniste, m'a fait lire Saussure autrement. J'ai appris à lire autrement et à remettre en cause les façons de lire en place. C'était de la linguistique, mais à l'époque, je n'aurais jamais cru possible que la linguistique fût synonyme de dessèchement dans le secondaire, tant je voyais s'affiner ma sensibilité, et tant il me semblait qu'on ne fouillait nulle part plus en profondeur, à partir de la littérature, la question de l'homme dans toutes ses dimensions. Bizarrement, ça m'a aussi réconcilié avec le commentaire façon commune, maintenant que je pouvais le voir d'un peu plus loin. J'ai pris un improbable plaisir à préparer l'oral du Capes.
- User5899Demi-dieu
Bah, je suis un thuriféraire du structuralisme, mais je ne l'ai jamais importé dans mes cours. Et je suis fier d'avoir, à la campagne, uniquement fait lire de très grands auteurs, même s'il devait n'en être rien resté (de toutes façons, que reste-t-il de Maïté, à part une flaque de saindoux ?).Ciara a écrit:Cripure,
Vous savez parfaitement de quoi il s'agit : critique structurale ou plus exactement ses dérives. Ce n'est pas tant en effet la critique structurale que son instrumentalisation pédagogique et les dérives du collège pour tous (et suite logique, du "bac pour tous") qui pose problème.
On s'est mis à parler de "discours". Et on a mêlé tous les discours. On a étendu, ratissé large : des textes littéraires, des classiques au textes non littéraires, à la littérature pour la jeunesse (ouf, disparue des programmes depuis). La littérature au lycée a perdu de son prestige, diluée, abordée comme n'importe quelle autre forme de discours. L'exemple que donne LeBéotien (analyse des "discours" de Maïté en fac) est on ne peut plus parlant. Il fallait "innover" pour le public scolaire, lui rendre "accessibles" les textes littéraires à gros coups d'outillage et mes professeurs ont innové. Il fallait nous intéresser, nous enfants des media, de la télévision, du clip, de la pub. Tout ce qui a été fait, c'est nous dégoûter, nous rendre inaccessible et incompréhensible Racine. Car, dans le même temps, l'histoire littéraire et l'histoire étaient balayées : trop ambitieuse, trop élitiste...
"Vous ne connaissez pas les oeuvres antiques ? Vous ne connaissez rien au XVIIème siècle ? Pas grave, Racine, c'est avant tout un message. Pas besoin du contexte. Rien à la Restauration ? Pas grave, et on n'a pas le temps ... " Et ce repérage incessant de figures de style... Le but initial n'était-il pas d'accéder au sens du texte ? On en était bien loin. Et après, on s'étonne qu'un étudiant ait du mal à faire la différence entre Picsou - bon, je caricature - un bref succès du jour (Twilight...) et un classique ou une grande oeuvre.
Bien entendu, dans certains lieux protégés, réservés à une élite (lycées de centre-ville Sorbonne, , ce n'était pas le cas.
Bravo, merci l'innovation. Jamais les fossés ne sont autant creusés.
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- IphigénieProphète
Le plus difficile dans l'enseignement secondaire(collège mais aussi lycée) c'est d'apprendre à être modeste, mais pas trop: je veux dire par là qu'entre l'expérience enrichissante de la fac dont tu parles et ce qui est possible en lycée, il y a trop souvent la place, hélas, de la médiocritas: ni l'un ni l'autre...C'est pourquoi tu as raison de parler de "cours teintés de structuralisme". Je ne comprends pas bien ce que tu appelles "commentaires traditionnels" mais à te lire, c'est pas mieux :lol:Sylvain de Saint-Sylvain a écrit:C'est bizarre, au lycée, je n'ai pas eu droit aux cours teintés de structuralisme, et ce qui a failli me dégoûter de la littérature, ce furent plutôt les commentaires "traditionnels" qui n'avaient d'autre but que de montrer que, vraiment, le texte s'éloigne des règles du genre, et en sus il est très riche. Ou les sujets du type : "Le cheval dans Jacques le Fataliste". A la fac, j'ai eu la chance de tomber sur un professeur qui m'a appris à penser le continu entre le poétique et l'éthique, le politique, le théorique, etc., à penser l'oeuvre dans son historicité (qui ne se réduit pas aux conditions de sa production), et qui m'a initié à Meschonnic, Benveniste, m'a fait lire Saussure autrement. J'ai appris à lire autrement et à remettre en cause les façons de lire en place. C'était de la linguistique, mais à l'époque, je n'aurais jamais cru possible que la linguistique fût synonyme de dessèchement dans le secondaire, tant je voyais s'affiner ma sensibilité, et tant il me semblait qu'on ne fouillait nulle part plus en profondeur, à partir de la littérature, la question de l'homme dans toutes ses dimensions. Bizarrement, ça m'a aussi réconcilié avec le commentaire façon commune, maintenant que je pouvais le voir d'un peu plus loin. J'ai pris un improbable plaisir à préparer l'oral du Capes.
- trompettemarineMonarque
+1
Enseigner, c'est faire des choix.
Enseigner, c'est faire des choix.
- Sylvain de Saint-SylvainGrand sage
Iphigénie a écrit: je veux dire par là qu'entre l'expérience enrichissante de la fac dont tu parles et ce qui est possible en lycée, il y a trop souvent la place, hélas, de la médiocritas: ni l'un ni l'autre...
Et je suis au collège Mais j'ai vite compris que les enjeux n'étaient pas les mêmes. Au collège, il s'agit de poser les premières pierres de la culture littéraire, de travailler la compréhension, d'initier à l'analyse,
- zinzinuleNiveau 8
[A la fac, j'ai eu la chance de tomber sur un professeur qui m'a appris à penser le continu entre le poétique et l'éthique, le politique, le théorique, etc., à penser l'oeuvre dans son historicité (qui ne se réduit pas aux conditions de sa production), et qui m'a initié à Meschonnic, Benveniste, m'a fait lire Saussure autrement. ]
C'est qui ce prof ?
C'est qui ce prof ?
- CathEnchanteur
Lire que des étudiants en lettres, futurs professeurs, puissent déclarer ne pas trop aimer lire, m'emplit d'une tristesse infinie...
Heureusement, je lis aussi ici quelques futurs collègues dont les propos me revigorent !
Heureusement, je lis aussi ici quelques futurs collègues dont les propos me revigorent !
- Isis39Enchanteur
Cath a écrit:Lire que des étudiants en lettres, futurs professeurs, puissent déclarer ne pas trop aimer lire, m'emplit d'une tristesse infinie...
Heureusement, je lis aussi ici quelques futurs collègues dont les propos me revigorent !
Mais comment peut-on envisager de telles études en n'aimant pas trop lire ?
- User17706Bon génie
Isis39 a écrit:Cath a écrit:Lire que des étudiants en lettres, futurs professeurs, puissent déclarer ne pas trop aimer lire, m'emplit d'une tristesse infinie...
Heureusement, je lis aussi ici quelques futurs collègues dont les propos me revigorent !
Mais comment peut-on envisager de telles études en n'aimant pas trop lire ?
Même incompréhension totale par ici.
- IgniatiusGuide spirituel
PauvreYorick a écrit:Isis39 a écrit:Cath a écrit:Lire que des étudiants en lettres, futurs professeurs, puissent déclarer ne pas trop aimer lire, m'emplit d'une tristesse infinie...
Heureusement, je lis aussi ici quelques futurs collègues dont les propos me revigorent !
Mais comment peut-on envisager de telles études en n'aimant pas trop lire ?
Même incompréhension totale par ici.
Peut-être parce qu'à force de passer d'année en année en n'aimant jamais lire et en obtenant malgré tout de bonnes notes en français, jusqu'en série L, ils se sont dit qu'ils étaient des littéraires...
Il y a un moment où les mensonges de l'enseignement ont une conséquence sur les illusions que se font les élèves.
Pour ma part, sur les 4 classes de 1L que j'aie eues depuis 11 ans, seule une contenait quelques élèves qui aimaient lire des bouquins valables.
Les autres étaient rétifs a toute culture.
_________________
"Celui qui se perd dans sa passion est moins perdu que celui qui perd sa passion."
St Augustin
"God only knows what I'd be without you"
Brian Wilson
- Sylvain de Saint-SylvainGrand sage
Isis39 a écrit:Mais comment peut-on envisager de telles études en n'aimant pas trop lire ?
Il fait chaud, il y a de la lumière et du café.
- BlackMailExpert
PauvreYorick a écrit:Isis39 a écrit:Cath a écrit:Lire que des étudiants en lettres, futurs professeurs, puissent déclarer ne pas trop aimer lire, m'emplit d'une tristesse infinie...
Heureusement, je lis aussi ici quelques futurs collègues dont les propos me revigorent !
Mais comment peut-on envisager de telles études en n'aimant pas trop lire ?
Même incompréhension totale par ici.
Surtout que ce ne sont pas des cas isolés. Une de nos profs de master a fait un sondage parmi ses étudiants en L1, leur demandant ce qu'ils avaient lu ou aimaient lire: certains ont répondu qu'ils ne juraient que par Musso et Levy :/.
_________________
- Spoiler:
I'm watching you.
- User17706Bon génie
Oui, ben j'ai aussi vu des CDI qui commandaient de tels ouvrages :·/
- DimkaVénérable
Même pour un chercheur, « nos opinions » doivent être un peu plus que des opinions, il me semble.abricotedapi a écrit:Hé oui, il va falloir t'y faire... Un enseignant du secondaire n'est pas un enseignant chercheur.Lebeotien a écrit:Mais je crois que Cripure a très bien résumé le point qui me fait bondir et qui pourtant doit être la réalité du métier : Nous avons à enseigner des savoirs déjà fondés, et non pas nos opinions ni à vouloir explorer des nouvelles pistes.
Enfin… J’ai fait des études de lettres et d’histoire, j’ai fini par choisir l’histoire parce que je trouvais qu’en général, les historiens étaient plus rigoureux, notamment sur ce principe. Il y a beaucoup de choses sérieuses en lettres, mais quand ça glisse dans le grand n’importe quoi, il n’y a pas beaucoup de barrières.
Dans ma fac, il y avait aussi le fait que les deux premières années de lettres modernes étaient nécessaires pour entrer en L3 linguistique, info-com’ et d’autres licences n’ayant qu’un rapport secondaire avec la littérature. Les étudiants prenaient les options qui correspondaient à leur projet de L3, mais devaient quand même valider les UE fondamentales (donc de littérature, notamment).Sylvain de Saint-Sylvain a écrit:Isis39 a écrit:Mais comment peut-on envisager de telles études en n'aimant pas trop lire ?
Il fait chaud, il y a de la lumière et du café.
La littérature médiévale (pour parler de ce que je connais le mieux) est aussi saturée de passé, et à mon avis, celui-ci est plus difficile à saisir aujourd’hui, parce que l’univers mental des médiévaux, leur conception du passé, leur culture, leurs aspirations… sont complètement différents de ce que nous avons en tête. Et en plus, il y a rapidement la barrière de la langue.Ponocrates a écrit:Les autres collègues me corrigeront peut-être, mais il m'a toujours semblé plus difficile de faire étudier la littérature du XXème siècle, précisément parce qu'elle est saturée de souvenirs du "passé". La difficulté est alors, précisément, de faire en sorte que les allusions, les jeux d'échos, les variations, ne soient pas lettres mortes pour les élèves. S'ils n'ont pas en 6ème travaillé les textes fondateurs - mythologie grecque, ancien et nouveau testaments - et pas par un léger survol- il est vraiment laborieux de leur faire comprendre les enjeux de la littérature occidentale - en tout cas pour une bonne partie - y compris la littérature jeunesse comme les Chroniques de Narnia.
_________________
- Spoiler:
- PhilomèleNiveau 9
Igniatius a écrit:PauvreYorick a écrit:Isis39 a écrit:
Mais comment peut-on envisager de telles études en n'aimant pas trop lire ?
Même incompréhension totale par ici.
Peut-être parce qu'à force de passer d'année en année en n'aimant jamais lire et en obtenant malgré tout de bonnes notes en français, jusqu'en série L, ils se sont dit qu'ils étaient des littéraires...
Il y a un moment où les mensonges de l'enseignement ont une conséquence sur les illusions que se font les élèves.
Pour ma part, sur les 4 classes de 1L que j'aie eues depuis 11 ans, seule une contenait quelques élèves qui aimaient lire des bouquins valables.
Les autres étaient rétifs a toute culture.
Je confirme que j'interroge régulièrement des L1 de Lettres qui finissent par me dire qu'ils n'aiment pas lire. À chaque fois, le sol s'ouvre sous ma chaise. Je ne m'habitue pas.
L'explication d'Ignatius me paraît très plausible. Paradoxalement, ils se sentent "littéraires". J'essaie d'introduire la notion de "lettré", pour rectifier le tir.
Certains étudiants de Licence viennent aussi pour les formations "communication" associées dans le discours sur l'orientation. Peut-être que le mécanisme est en place dès le lycée : pour faire du marketing, de la publicité d'entreprise, ou même du "journalisme" (ah, les étudiantes venues de bac pro qui souhaitent travailler dans le journalisme de mode !), etc., les lycéens se disent qu'il vaut mieux être en Lettres.
Mais lire, et lire des textes anciens, que le dieu du travail nous en préserve !
- PhilomèleNiveau 9
Dimka a écrit:
Dans ma fac, il y avait aussi le fait que les deux premières années de lettres modernes étaient nécessaire pour entrer en L3 linguistique, info-com’ et d’autres licences n’ayant qu’un rapport secondaire avec la littérature. Les étudiants prenaient les options qui correspondaient à leur projet de L3, mais devaient quand même valider les UE fondamentales (donc de littérature, notamment).
Tu dis très bien ce que j'avais en tête et que la fatigue me fait dire très mal.
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