- Employé oxymoriqueNiveau 7
Sauf que les élèves auront plus facilement tendance, par eux-même, une fois chez eux, à lire des bouquins "abordables", c'est-à-dire de la littérature contemporaine (du type de Narnia ou Twilight) ; la culture populaire, ils la côtoient tous les jours dans la rue, dans les transports, chez eux, avec leurs amis... Dans cette optique, le rôle de l’École est aussi de les extraire - en partie - de ces déterminismes en leur donnant la possibilité d'avoir accès à des auteurs et des savoirs qu'ils pourraient ne pas juger intéressants au premier abord. Peut-être suis-je naïf mais je considère l’École comme le lieu où on peut s'extraire, avec une sorte d'égalité entre tous les élèves, pour s'élever un peu ; c'est aussi comme ça qu'on forme une société, en lui faisant partager des valeurs et des connaissances communes.Lebeotien a écrit:Est-ce que le fait de n'enseigner que les auteurs "reconnus" ne serait pas un piège en soi ? Ne risque-t'on pas de laisser croire à nos élèves qu'à telle ou telle époque tout le monde lisait Flaubert, Voltaire, Zola ou Céline ? Au final, on ne leur dépeint qu'un tableau incomplet de la réalité artistique et culturelle des périodes étudiées. Evidemment, on le fait toujours, et il est également très difficile d'accéder à la "culture populaire" du passé, car dans de nombreux cas elle a tout simplement disparu. Mais au moins pour nos siècles pourrions-nous peut-être essayer de brosser le portrait de ce qui se lit réellement, à la fois dans les cercles littéraires et populaires.
- User5899Demi-dieu
Vous continuez à mélanger sans la moindre rigueur ce que doit savoir un professeur et ce qu'il enseignera. Il existe un critère simple : êtes-vous suffisamment cultivé pour pouvoir choisir dans ce que vous savez ce que vous enseignerez. La question de la littérature populaire est hors-sujet : sa valeur, le goût que vous avez ou non pour elle, rien de tout cela n'entre dans le champ du sujet posé. Un professeur doit savoir ce qui a existé. En lettres, c'est impossible d'avoir tout lu, mais les indispensables de chaque époque doivent être connus. Sinon, vous pouvez réussir tel ou tel concours, mais vous finirez un jour par être un imposteur.Lebeotien a écrit:Je plussoie Presse-purée (Plussoyer, oui, voilà une belle occasion de repartir sur un débat )
je trouve très fermé de refuser ou critiquer des ouvrages de culture populaire, sur le simple
fait de leur réputation. Aux débuts d'Harry Potter, c'était également le cas, seulement depuis lors
les thèses, notamment anglo-saxonnes, se multiplient sur l'oeuvre.
Mais l'exemple qui me semble le plus probant reste pour moi celui des Chroniques de Narnia.
C.S. Lewis explique qu'il a choisi délibérément un style et une écriture adaptée à un public jeunesse;
cependant, son oeuvre a été rapidement exclue des bancs de la littérature, et a été clairement sous-évaluée.
Les Chroniques de Narnia, c'est 7 livres qui forment un cycle achevé et unique dans lequel on contemple
un univers fictif de sa création à sa dissolution, qui met en place de nombreux procédés littéraires très intéressants,
notamment en termes d'étude sur la littérature de jeunesse mais également sur le roman initiatique.
Et ce ne sont que quelques-uns des aspects de cette saga très riche, et dont le fait qu'elle fut écrite en même
temps que le seigneur des anneaux, dans le milieu du XXème siècle par un éminent professeur d'Oxford ne fait que
renforcer son intérêt.
Pourtant, si j'annonce sans plus d'explications que j'ai effectué mon mémoire de Master dessus, je ne peux qu'imaginer le fait que nombreux seront sont qui rouleront des yeux où soupireront en se demandant où est passée la vraie littérature. Je trouve ça malheureux.
Un auteur qui choisit délibérément d'écrire dans un style simple n'est pas forcément un auteur inintéressant.
La difficulté vient du fait qu'il est très difficile de savoir si tel ou tel ouvrage est en effet travaillé et riche de sens, ou non. Ne s'occuper que des ouvrages qui ont déjà fait leurs preuves est plus simple et plus sûr, certes, mais à mon sens cela ne signifie pas que la littérature populaire ne produise rien de bon.
Et de surcroît, je ne vois pas comment on peut distinguer littérature populaire de littérature "littéraire". Comme dit précédemment, des auteurs comme Maurice Leblanc ou Arthur Conan Doyle n'étaient pas de leurs temps parmi les "grands auteurs" de leurs époques.
Est-ce que le fait de n'enseigner que les auteurs "reconnus" ne serait pas un piège en soi ? Ne risque-t'on pas de laisser croire à nos élèves qu'à telle ou telle époque tout le monde lisait Flaubert, Voltaire, Zola ou Céline ? Au final, on ne leur dépeint qu'un tableau incomplet de la réalité artistique et culturelle des périodes étudiées. Evidemment, on le fait toujours, et il est également très difficile d'accéder à la "culture populaire" du passé, car dans de nombreux cas elle a tout simplement disparu. Mais au moins pour nos siècles pourrions-nous peut-être essayer de brosser le portrait de ce qui se lit réellement, à la fois dans les cercles littéraires et populaires.
J'ajoute quelque chose, mais là, c'est plus personnel. Je crois que le mot culture fonctionne souvent comme un moyen de flatter, et que ce qu'on appelle cultures populaires, la plupart du temps, est une onction condescendante qu'on octroie à des contenus indigents. Quand on parle de la "culture des quartiers", entre l'homophobie, le racisme, le repli du clan sur soi, le culte du sport comme accès au fric et le fric tout court à travers les marques et autres, j'ai bien plutôt le sentiment qu'on met un joli mot sur des comportements qui sont ceux des clans à l'époque des mammouths. La culture, c'est le développement de ce qu'on ne connaît pas.
- henrietteMédiateur
Cripure a écrit:Vous continuez à mélanger sans la moindre rigueur ce que doit savoir un professeur et ce qu'il enseignera. Il existe un critère simple : êtes-vous suffisamment cultivé pour pouvoir choisir dans ce que vous savez ce que vous enseignerez. La question de la littérature populaire est hors-sujet : sa valeur, le goût que vous avez ou non pour elle, rien de tout cela n'entre dans le champ du sujet posé. Un professeur doit savoir ce qui a existé. En lettres, c'est impossible d'avoir tout lu, mais les indispensables de chaque époque doivent être connus. Sinon, vous pouvez réussir tel ou tel concours, mais vous finirez un jour par être un imposteur.Lebeotien a écrit:Je plussoie Presse-purée (Plussoyer, oui, voilà une belle occasion de repartir sur un débat )
je trouve très fermé de refuser ou critiquer des ouvrages de culture populaire, sur le simple
fait de leur réputation. Aux débuts d'Harry Potter, c'était également le cas, seulement depuis lors
les thèses, notamment anglo-saxonnes, se multiplient sur l'oeuvre.
Mais l'exemple qui me semble le plus probant reste pour moi celui des Chroniques de Narnia.
C.S. Lewis explique qu'il a choisi délibérément un style et une écriture adaptée à un public jeunesse;
cependant, son oeuvre a été rapidement exclue des bancs de la littérature, et a été clairement sous-évaluée.
Les Chroniques de Narnia, c'est 7 livres qui forment un cycle achevé et unique dans lequel on contemple
un univers fictif de sa création à sa dissolution, qui met en place de nombreux procédés littéraires très intéressants,
notamment en termes d'étude sur la littérature de jeunesse mais également sur le roman initiatique.
Et ce ne sont que quelques-uns des aspects de cette saga très riche, et dont le fait qu'elle fut écrite en même
temps que le seigneur des anneaux, dans le milieu du XXème siècle par un éminent professeur d'Oxford ne fait que
renforcer son intérêt.
Pourtant, si j'annonce sans plus d'explications que j'ai effectué mon mémoire de Master dessus, je ne peux qu'imaginer le fait que nombreux seront sont qui rouleront des yeux où soupireront en se demandant où est passée la vraie littérature. Je trouve ça malheureux.
Un auteur qui choisit délibérément d'écrire dans un style simple n'est pas forcément un auteur inintéressant.
La difficulté vient du fait qu'il est très difficile de savoir si tel ou tel ouvrage est en effet travaillé et riche de sens, ou non. Ne s'occuper que des ouvrages qui ont déjà fait leurs preuves est plus simple et plus sûr, certes, mais à mon sens cela ne signifie pas que la littérature populaire ne produise rien de bon.
Et de surcroît, je ne vois pas comment on peut distinguer littérature populaire de littérature "littéraire". Comme dit précédemment, des auteurs comme Maurice Leblanc ou Arthur Conan Doyle n'étaient pas de leurs temps parmi les "grands auteurs" de leurs époques.
Est-ce que le fait de n'enseigner que les auteurs "reconnus" ne serait pas un piège en soi ? Ne risque-t'on pas de laisser croire à nos élèves qu'à telle ou telle époque tout le monde lisait Flaubert, Voltaire, Zola ou Céline ? Au final, on ne leur dépeint qu'un tableau incomplet de la réalité artistique et culturelle des périodes étudiées. Evidemment, on le fait toujours, et il est également très difficile d'accéder à la "culture populaire" du passé, car dans de nombreux cas elle a tout simplement disparu. Mais au moins pour nos siècles pourrions-nous peut-être essayer de brosser le portrait de ce qui se lit réellement, à la fois dans les cercles littéraires et populaires.
Je dirais plutôt : un béotien...
- User5899Demi-dieu
Un titre sans aucun arrière-plan culturelysabel a écrit:j'avais fait lire Le Meilleur des mondes et proposé Les Monades urbaines de Silverberg.
Ca, c'est non écrit, je pense, et je ne me gêne en rien pour étudier Shakespeare, Dostoïevski, Goethe, Wagner, Borges et d'autres.ysabel a écrit:Et il ne faut pas oublier non plus qu'au lycée, les OI étudiées ne doivent pas être des œuvres traduites.
- IgniatiusGuide spirituel
Entièrement d'accord avec Cripure.
_________________
"Celui qui se perd dans sa passion est moins perdu que celui qui perd sa passion."
St Augustin
"God only knows what I'd be without you"
Brian Wilson
- OsmieSage
Lebeotien a écrit:Et pour répondre à retraitée, certes, les programmes ont bien changé, le niveau de difficulté également, mais il faut néanmoins considérer que les étudiants s'intéressent aussi à de nouveaux domaines.Il faut désormais en licence travailler sur le cinéma, maîtriser les outils de l'information et de l'informatique, et étudier également la littérature et la critique contemporaine : vu la vitesse à laquelle la production culturelle et littéraire s'est développée, il y a désormais beaucoup à étudier ! :p
Voici les hochets qui détournent du cœur de la littérature et mieux vaut connaître finement Balzac qu'être capable de faire un powerpoint indigent sur La Comédie humaine ; cela peut toujours faire illusion, c'est certain.
Quant à la littérature contemporaine, j'espère qu'on ne verra jamais un cours sur Anna Gavalda (à moins que le thème ne soit l’insignifiance).
- User17706Bon génie
Cripure a écrit: J'ajoute quelque chose, mais là, c'est plus personnel. Je crois que le mot culture fonctionne souvent comme un moyen de flatter, et que ce qu'on appelle cultures populaires, la plupart du temps, est une onction condescendante qu'on octroie à des contenus indigents. Quand on parle de la "culture des quartiers", entre l'homophobie, le racisme, le repli du clan sur soi, le culte du sport comme accès au fric et le fric tout court à travers les marques et autres, j'ai bien plutôt le sentiment qu'on met un joli mot sur des comportements qui sont ceux des clans à l'époque des mammouths.
Ici, la lexicographie a des choses à dire : la « culture » en ce sens est un concept qui vient de l'ethnographie (surtout de langue anglaise) et se diffuse très lentement durant la première moitié du XXe siècle (dans les années 1930, crois-je me souvenir, mais je ne retrouve pas à l'instant la référence, Aron l'emploie en soulignant son caractère de néologisme dans ce sens), et de façon un peu plus rapide durant la deuxième. Le problème est la suture de ce sens originairement purement descriptif et de l'autre sens du même mot, sens plus ancien et clairement normatif.
Ce qui devrait normalement être un des axes majeurs d'interrogation sur la notion même de « culture » (l'unité problématique du concept entre norme et description) donne à l'occasion des situations cocasses lors de réunions d'entente pour la correction du bac. Par exemple, en terminales technologiques, « la culture » est au programme, mais l'usage (et l'influence des manuels, et l'air du temps, et un sous-bourdieusisme aussi, sporadiquement) fait souvent privilégier le sens ethnographique sur le sens normatif. En 2012, le deuxième sujet de dissertation était : « faut-il être cultivé pour apprécier une œuvre d'art ? », mais ça mettait les correcteurs dans une drôle de position, vu que « cultivé » n'a que le sens normatif, et que les élèves n'avaient, sauf rares exceptions, vu dans le sujet que l'autre sens (originairement ethnographique), c'est-à-dire un sens que le concept, ici, ne pouvait pas avoir. La discussion fut animée.
- User5899Demi-dieu
J'imagine.
Et vous avez bien sûr vu que je suis légèrement provocateur
Mais bon, l'étymologie, le participe futur (actif donc), est intéressante comme point de départ.
Et vous avez bien sûr vu que je suis légèrement provocateur
Mais bon, l'étymologie, le participe futur (actif donc), est intéressante comme point de départ.
- LebeotienNiveau 5
Par curiosité, quels sont les livres qui ont marqué votre enfance, et qui vous ont amené à aimer la littérature ?
Pour ma part il s'agit indéniablement des 1001 nuits, de Picsou, de Chrétien de Troyes, du Seigneur des anneaux, puis plus tard tous les Maurice Leblanc, Agatha Christie, Conan Doyle, et Molière.
Igniatius, je pense qu'une lecture complète et analytique de Narnia permettrait de révéler de nombreux constructions cachées au premier abord par une pseudo simplicité du style. Lire tous les tomes dans la langue originale puis considérer l'oeuvre dans son ensemble, mais également en résonance avec LOTR (je ne suis pas très Sainte-Beuve mais en l'occurence vu la relation entre Tolkien et Lewis cela mérite d'être fait) on peut dégager des idées très intéressantes.
En réalité, même si ça paraît un peu tôt et probablement présomptueux, je pense que la scission entre deux branches de la littérature fantastique s'est faite sur la différence entre les héritiers de Narnia et ceux de LOTR :
D'un côté les auteurs qui ont poursuivi une esthétique héritée du fantastique et qui implique le "voyage" d'un humain dans un monde fictif (cf sans considération chronologique Oz, Harry Potter, Les Royaumes du Nord, etc...) et de l'autre les auteurs qui sont tombés dans la sous-création d'univers détachés du nôtre -malgré le postulat de Tolkien "dans une époque très lointaine"- dans laquelle on retrouvera la majeure partie de la production de fantasy moderne.
L'importance de Narnia est donc essentielle, surtout que l'oeuvre s'inscrivait dans la tradition anglaise de la fin du XIX et perpétuait une littérature du fantastique de plus en plus audacieuse : Peter Pan ou Alice in Wonderland, par exemple.
Bref. Pour le reste, encore une fois, certes je mélange probablement certaines choses, mais lorsque je dis "la culture pop. est intéressante", ça ne veut pas dire "les classiques ne le sont pas". Je pense qu'il pourrait être intéressant d'étudier avec les élèves pourquoi tel ou tel texte ne mérite pas l'étude, justement. Dire "Marc Lévy, ça ne mérite pas sa place dans la littérature", c'est bien. Le prouver et l'expliquer, c'est mieux, et cela permet de faire une transition intéressante pour expliquer ce en quoi les classiques méritent cette place.
Puisque l'exemple de Zola ne plaît pas, prenons Flaubert. Le brave homme qui fut poursuivi en justice pour atteinte aux moeurs après la publication de Mme Bovary, si je ne m'abuse.
Enfin, pour ce qui est de ma réponse à "Retraitée", je n'ai encore une fois pas laissé entendre qu'elle ne maîtrisait pas la liste des compétences évoquées, mais qu’aujourd’hui"hui, dans nos études universitaires de lettres, certes nous lisons probablement moins d'ouvrages canoniques, mais en contrepartie d'autres exercices nous sont demandés...
Pour ma part il s'agit indéniablement des 1001 nuits, de Picsou, de Chrétien de Troyes, du Seigneur des anneaux, puis plus tard tous les Maurice Leblanc, Agatha Christie, Conan Doyle, et Molière.
Igniatius, je pense qu'une lecture complète et analytique de Narnia permettrait de révéler de nombreux constructions cachées au premier abord par une pseudo simplicité du style. Lire tous les tomes dans la langue originale puis considérer l'oeuvre dans son ensemble, mais également en résonance avec LOTR (je ne suis pas très Sainte-Beuve mais en l'occurence vu la relation entre Tolkien et Lewis cela mérite d'être fait) on peut dégager des idées très intéressantes.
En réalité, même si ça paraît un peu tôt et probablement présomptueux, je pense que la scission entre deux branches de la littérature fantastique s'est faite sur la différence entre les héritiers de Narnia et ceux de LOTR :
D'un côté les auteurs qui ont poursuivi une esthétique héritée du fantastique et qui implique le "voyage" d'un humain dans un monde fictif (cf sans considération chronologique Oz, Harry Potter, Les Royaumes du Nord, etc...) et de l'autre les auteurs qui sont tombés dans la sous-création d'univers détachés du nôtre -malgré le postulat de Tolkien "dans une époque très lointaine"- dans laquelle on retrouvera la majeure partie de la production de fantasy moderne.
L'importance de Narnia est donc essentielle, surtout que l'oeuvre s'inscrivait dans la tradition anglaise de la fin du XIX et perpétuait une littérature du fantastique de plus en plus audacieuse : Peter Pan ou Alice in Wonderland, par exemple.
Bref. Pour le reste, encore une fois, certes je mélange probablement certaines choses, mais lorsque je dis "la culture pop. est intéressante", ça ne veut pas dire "les classiques ne le sont pas". Je pense qu'il pourrait être intéressant d'étudier avec les élèves pourquoi tel ou tel texte ne mérite pas l'étude, justement. Dire "Marc Lévy, ça ne mérite pas sa place dans la littérature", c'est bien. Le prouver et l'expliquer, c'est mieux, et cela permet de faire une transition intéressante pour expliquer ce en quoi les classiques méritent cette place.
Puisque l'exemple de Zola ne plaît pas, prenons Flaubert. Le brave homme qui fut poursuivi en justice pour atteinte aux moeurs après la publication de Mme Bovary, si je ne m'abuse.
Enfin, pour ce qui est de ma réponse à "Retraitée", je n'ai encore une fois pas laissé entendre qu'elle ne maîtrisait pas la liste des compétences évoquées, mais qu’aujourd’hui"hui, dans nos études universitaires de lettres, certes nous lisons probablement moins d'ouvrages canoniques, mais en contrepartie d'autres exercices nous sont demandés...
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beati pauperes spiritu quoniam ipsorum est regnum caelorum - Super, me voilà ! Je vous préviens, on va faire tomber les barbes et virer les soutanes.
- User5899Demi-dieu
LeBeotien, je vous soumets ce sujet du Bac de 1979 ou 80, enfin par là : "Le sujet d'un livre est ce à quoi se ramène le mauvais livre". Pour vous dire que les questions que vous posez sont des questions basiques, sur lesquelles je suis surpris que vous vous interrogiez comme si vous veniez de naître. Oui, il y a des critères pour évaluer tel écrivain face à tel autre, non, tout ne se vaut pas et tout n'est pas dans tout. Le critère de la complexité (écart entre ce qui est écrit et le schéma immédiat que nous avons en tête), celui de l'originalité, celui de la tromperie de l'attente immédiate du public, celui de l'évolution d'une forme au lieu de sa simple utilisation, en voilà qui relèvent de nos outils de lecture j'allais dire basiques. Le plaisir qu'on prend à la lecture est personnel, il a peu de valeur en soi.
- User5899Demi-dieu
Rien sur le fait que le fantastique se développe en réaction à la philosophie des Lumières et à l'esprit encyclopédique, et donc place ses histoires dans notre monde pour y installer l'étrange étrangeté ? Vous avez lu, je ne sais pas moi, "Le Chat noir" de Poe ?Lebeotien a écrit:En réalité, même si ça paraît un peu tôt et probablement présomptueux, je pense que la scission entre deux branches de la littérature fantastique s'est faite sur la différence entre les héritiers de Narnia et ceux de LOTR :
D'un côté les auteurs qui ont poursuivi une esthétique héritée du fantastique et qui implique le "voyage" d'un humain dans un monde fictif (cf sans considération chronologique Oz, Harry Potter, Les Royaumes du Nord, etc...) et de l'autre les auteurs qui sont tombés dans la sous-création d'univers détachés du nôtre -malgré le postulat de Tolkien "dans une époque très lointaine"- dans laquelle on retrouvera la majeure partie de la production de fantasy moderne.
- LebeotienNiveau 5
Merci pour ce sujet, mais pour le coup, c'est moi qui suis surpris. Evidemment que j'ai mon avis sur ces questions. Seulement il me semble que débattre de ces questions permet non seulement à tous les participants de faire le point sur leurs connaissances, mais également toujours d'observer d'autres avis, d'autres idées, de remuer un peu la poussière posée sur les étagères de nos opinions déjà conçues, ce qui ne me semble pas une mauvaise chose... :|
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- User5899Demi-dieu
C'est quand même grave de penser que parce qu'aujourd'hui vous savez faire marcher un vidéoprojecteur ou lancer une recherche sur Google, vous êtes professeur de lettres ! Dans ma classe, les exercices qu'on me demande de pratiquer avec mes élèves sont ceux que je pratiquais comme élève en 1980, savez-vous...Lebeotien a écrit:aujourd’hui"hui, dans nos études universitaires de lettres, certes nous lisons probablement moins d'ouvrages canoniques, mais en contrepartie d'autres exercices nous sont demandés...
Quant à ce que vous me dites concernant le sujet par lequel je vous ai répondu, je crois que nous sommes dans le malentendu : tout ne ressortit pas aux opinions, et j'allais dire que nous devons aux élèves un contenu qui ne dépende pas de nos opinions !
- IphigénieProphète
"les programmes ont bien changé": non justement, pas tellement.Lebeotien a écrit
:Et pour répondre à retraitée, certes, les programmes ont bien changé, le niveau de difficulté également, mais il faut néanmoins considérer que les étudiants s'intéressent aussi à de nouveaux domaines. Il faut désormais en licence travailler sur le cinéma, maîtriser les outils de l'information et de l'informatique, et étudier également la littérature et la critique contemporaine : la vitesse à laquelle la production culturelle et littéraire s'est développée, il y a désormais beaucoup à étudier ! :p
"il y a désormais beaucoup à étudier": c'est justement pour cela que la notion de "filtre " est intéressante: mieux vaut miser sur les valeurs sûres (en ce qui concerne ce que nous avons à transmettre d'essentiel) que sur les futurs Donneau de Visé, qui, certainement, n'est pas non plus totalement dénué d'intérêt, mais.
"étudier la littérature et la critique contemporaine": mais ça s'est toujours fait! ( pour le "contemporain... ). Et d'ailleurs comment comprendre la critique si on n'a pas connaissance des oeuvres qui justifient leur relecture critique? Comment lisez-vous Michon sans connaissance de ses multiples sources?
La matière est abondante mais le temps est rare (ce qui n'empêche pas de faire de temps à autre des "ouvertures"). Mais il ne faut pas inverser l'ordre des priorités.
Ce me semble.
(Bon le temps que je réponde, Cripure m'a précédée...)
- AudreyOracle
Lucifer est parmi nous... Louons le Seigneur.
- LebeotienNiveau 5
Pour le fantastique, j'évoquais le moment où le genre s'est divisé en deux branches en Angleterre, et non sa simple naissance. Cela étant, j'ai de sérieux doutes sur le fait que les auteurs britanniques étaient à ce point concernés par l'esprit des lumières français. Il y a une tradition pour le merveilleux et le légendaire, ainsi qu'une considération pour la littérature de jeunesse et le conte que nous n'avons pas en France, en partie à cause de l'Académie.
Shakespeare n'a pas attendu les lumières pour écrire ses pièces imprégnées fortement par le fantastique ! Il en va de même pour tout le patrimoine folklorique du pays de Galles, d'Irlande ou d'Ecosse, très riche, et dont la propension au merveilleux a également beaucoup marqué la littérature.
En France, nous sommes plus frileux pour ce qui touche au Folklore, et la faute à la Christianisation ou autre, nous avons perdu un peu de notre "mythologie". Nos principaux restes sont le Cycle de Charlemagne, et le merveilleux n'y est pas très présent. Ce qui m'amène à penser que le fait que le Royaume-Uni soit plus marqué par la littérature du fantastique n'est probablement pas que du fait d'une "opposition" contre les Lumières.
Shakespeare n'a pas attendu les lumières pour écrire ses pièces imprégnées fortement par le fantastique ! Il en va de même pour tout le patrimoine folklorique du pays de Galles, d'Irlande ou d'Ecosse, très riche, et dont la propension au merveilleux a également beaucoup marqué la littérature.
En France, nous sommes plus frileux pour ce qui touche au Folklore, et la faute à la Christianisation ou autre, nous avons perdu un peu de notre "mythologie". Nos principaux restes sont le Cycle de Charlemagne, et le merveilleux n'y est pas très présent. Ce qui m'amène à penser que le fait que le Royaume-Uni soit plus marqué par la littérature du fantastique n'est probablement pas que du fait d'une "opposition" contre les Lumières.
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- trompettemarineMonarque
Iphigénie !
Cela fait plaisir de pouvoir à nouveau discuter avec toi !
Cela fait plaisir de pouvoir à nouveau discuter avec toi !
- *Fifi*Modérateur
Lebeotien, merci de te présenter comme demandé en MP par la modération dans la rubrique dédiée avant de continuer à poster.
https://www.neoprofs.org/f26-votre-presentation
https://www.neoprofs.org/f26-votre-presentation
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Pour accéder à la banque de données en HG, merci de lire le règlement ici :
https://www.neoprofs.org/t36320-bdd-hg-reglement
- IphigénieProphète
Euh..n'est-ce point plutôt l'esprit des Lumières français qui était très concerné par l'esprit anglais, en fait?...Cela étant, j'ai de sérieux doutes sur le fait que les auteurs britanniques étaient à ce point concernés par l'esprit des lumières français.
- IphigénieProphète
Bonjour à toi! (je sors de ma cure de silence médiatique :lol: :lol: )trompettemarine a écrit:Iphigénie !
Cela fait plaisir de pouvoir à nouveau discuter avec toi !
- LebeotienNiveau 5
Alors pour être très clair quand je parle d'informatique : je ne veux pas dire savoir construire un powerpoint ou faire marcher une photocopieuse, mais savoir trouver des productions littéraires ou artistiques nouvelles sur le web, par exemple, savoir discerner une information et savoir "lire" le web, tout simplement. Qui va apprendre aux élèves à ne pas voir leurs savoirs déconstruits par les TIC, si ce n'est nous ?
Enfin, vous lisez pour la énième fois ce que vous voulez lire.
Je ne dis pas que c'est une bonne chose de devoir étudier cela, seulement que c'est la réalité de ce qu'on nous demande aujourd'hui à l'université, en réaction à ce que "retraitée" disait. Sans compter qu'au final je ne suis même pas sûr que nous ayons eu à lire beaucoup de moins de livres qu'à son époque.
Mais je crois que Cripure a très bien résumé le rôle du professeur, et probablement le point qui me fait bondir et qui pourtant doit être la réalité du métier : Nous avons à enseigner des savoirs déjà fondés, et non pas nos opinions ni à vouloir explorer des nouvelles pistes.
Je conçois ça, même si avant de venir sur ce forum je pensais qu'il en était autrement.
Enfin, vous lisez pour la énième fois ce que vous voulez lire.
Je ne dis pas que c'est une bonne chose de devoir étudier cela, seulement que c'est la réalité de ce qu'on nous demande aujourd'hui à l'université, en réaction à ce que "retraitée" disait. Sans compter qu'au final je ne suis même pas sûr que nous ayons eu à lire beaucoup de moins de livres qu'à son époque.
Mais je crois que Cripure a très bien résumé le rôle du professeur, et probablement le point qui me fait bondir et qui pourtant doit être la réalité du métier : Nous avons à enseigner des savoirs déjà fondés, et non pas nos opinions ni à vouloir explorer des nouvelles pistes.
Je conçois ça, même si avant de venir sur ce forum je pensais qu'il en était autrement.
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beati pauperes spiritu quoniam ipsorum est regnum caelorum - Super, me voilà ! Je vous préviens, on va faire tomber les barbes et virer les soutanes.
- trompettemarineMonarque
Lebeotien a écrit:Pour le fantastique, j'évoquais le moment où le genre s'est divisé en deux branches en Angleterre, et non sa simple naissance. Cela étant, j'ai de sérieux doutes sur le fait que les auteurs britanniques étaient à ce point concernés par l'esprit des lumières français. Il y a une tradition pour le merveilleux et le légendaire, ainsi qu'une considération pour la littérature de jeunesse et le conte que nous n'avons pas en France, en partie à cause de l'Académie.
Shakespeare n'a pas attendu les lumières pour écrire ses pièces imprégnées fortement par le fantastique ! Il en va de même pour tout le patrimoine folklorique du pays de Galles, d'Irlande ou d'Ecosse, très riche, et dont la propension au merveilleux a également beaucoup marqué la littérature.
En France, nous sommes plus frileux pour ce qui touche au Folklore, et la faute à la Christianisation ou autre, nous avons perdu un peu de notre "mythologie". Nos principaux restes sont le Cycle de Charlemagne, et le merveilleux n'y est pas très présent. Ce qui m'amène à penser que le fait que le Royaume-Uni soit plus marqué par la littérature du fantastique n'est probablement pas que du fait d'une "opposition" contre les Lumières.
Oh là là, quelle salade : vous confondez tout : le merveilleux, le fantastique, la mythologie, Shakespeare, les Lumières, tout cela en trois lignes...
En effet, sans vouloir être désobligeante, il va falloir réviser vos classiques !
- User5899Demi-dieu
Mais... Mais... Mais...Iphigénie a écrit:"les programmes ont bien changé": non justement, pas tellement.Lebeotien a écrit
:Et pour répondre à retraitée, certes, les programmes ont bien changé, le niveau de difficulté également, mais il faut néanmoins considérer que les étudiants s'intéressent aussi à de nouveaux domaines. Il faut désormais en licence travailler sur le cinéma, maîtriser les outils de l'information et de l'informatique, et étudier également la littérature et la critique contemporaine : la vitesse à laquelle la production culturelle et littéraire s'est développée, il y a désormais beaucoup à étudier ! :p
"il y a désormais beaucoup à étudier": c'est justement pour cela que la notion de "filtre " est intéressante: mieux vaut miser sur les valeurs sûres (en ce qui concerne ce que nous avons à transmettre d'essentiel) que sur les futurs Donneau de Visé, qui, certainement, n'est pas non plus totalement dénué d'intérêt, mais.
"étudier la littérature et la critique contemporaine": mais ça s'est toujours fait! ( pour le "contemporain... ). Et d'ailleurs comment comprendre la critique si on n'a pas connaissance des oeuvres qui justifient leur relecture critique? Comment lisez-vous Michon sans connaissance de ses multiples sources?
La matière est abondante mais le temps est rare (ce qui n'empêche pas de faire de temps à autre des "ouvertures"). Mais il ne faut pas inverser l'ordre des priorités.
Ce me semble.
(Bon le temps que je réponde, Cripure m'a précédée...)
- Spoiler:
- Mais la soeur d'Oreste est revenue !!
- Spoiler:
- Et la fille d'Agamemnon !!!!
- Spoiler:
- Et l'inspiratrice du meurtre d'Egisthe !!!
- Spoiler:
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- IphigénieProphète
N'enfaites-vous pas un peu trop, là, Cripure?
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- User5899Demi-dieu
Non mais déjà si en deux lignes on passe trois fois du fantastique au merveilleux et vice-versa, on n 'y arrivera pas.Lebeotien a écrit:Pour le fantastique, j'évoquais le moment où le genre s'est divisé en deux branches en Angleterre, et non sa simple naissance. Cela étant, j'ai de sérieux doutes sur le fait que les auteurs britanniques étaient à ce point concernés par l'esprit des lumières français. Il y a une tradition pour le merveilleux et le légendaire, ainsi qu'une considération pour la littérature de jeunesse et le conte que nous n'avons pas en France, en partie à cause de l'Académie.
Shakespeare n'a pas attendu les lumières pour écrire ses pièces imprégnées fortement par le fantastique ! Il en va de même pour tout le patrimoine folklorique du pays de Galles, d'Irlande ou d'Ecosse, très riche, et dont la propension au merveilleux a également beaucoup marqué la littérature.
En France, nous sommes plus frileux pour ce qui touche au Folklore, et la faute à la Christianisation ou autre, nous avons perdu un peu de notre "mythologie". Nos principaux restes sont le Cycle de Charlemagne, et le merveilleux n'y est pas très présent. Ce qui m'amène à penser que le fait que le Royaume-Uni soit plus marqué par la littérature du fantastique n'est probablement pas que du fait d'une "opposition" contre les Lumières.
- IgniatiusGuide spirituel
D'aussi loin que je suis concerné, il me semble que Cripure a souri.
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