- AudreyOracle
Moi aussi, Cripure, j'ai de plus en plus la larme à l'oeil en lisant les textes en classe.
Pour répondre à ta question...
Sans doute ne suis-je pas une vraie littéraire, au fond... Mama doit avoir raison... je n'arrive pas à me gargariser de mots, à trouver satisfaction dans des textes où tous les mouvements de l'âme et de la pensée sont exprimés avec des mots forcément imparfaits, impropres, glacés et glaçants dans ce qu'ils ont d'extérieurs à l'émotion elle-même, à la sensation elle-même...et quand ces élans sont étriqués par des considérations pragmatiques du genre "J'ai acheté du pain", ou des déclarations héroïques enfilées comme sur un collier avec des "Je tombe avant de toucher au but , mais toi tu verras la victoire." à la pelle, c'est le summum de l'intolérable pour moi.
J'aime le silence. J'aime le non-dit. J'aime les marges. Les contours vagues. Les zones à investir de ce qui est commun à l'humain sans considération d'époque, d'origine, de condition...ces forces viscérales, impulsives, irréductibles aux mots... Plus on m'en dit, moins le texte vit en moi.
Je n'y peux rien.
Parfois, je me dis que la forme ultime de la perfection littéraire pour moi serait l'absence de mots, aussi paradoxal que ce soit. J'ai eu un grand débat là-dessus il y a quelques temps avec des collègues... le seul qui m'a comprise était un collègue de sciences physiques. Etrange.
Pour répondre à ta question...
Sans doute ne suis-je pas une vraie littéraire, au fond... Mama doit avoir raison... je n'arrive pas à me gargariser de mots, à trouver satisfaction dans des textes où tous les mouvements de l'âme et de la pensée sont exprimés avec des mots forcément imparfaits, impropres, glacés et glaçants dans ce qu'ils ont d'extérieurs à l'émotion elle-même, à la sensation elle-même...et quand ces élans sont étriqués par des considérations pragmatiques du genre "J'ai acheté du pain", ou des déclarations héroïques enfilées comme sur un collier avec des "Je tombe avant de toucher au but , mais toi tu verras la victoire." à la pelle, c'est le summum de l'intolérable pour moi.
J'aime le silence. J'aime le non-dit. J'aime les marges. Les contours vagues. Les zones à investir de ce qui est commun à l'humain sans considération d'époque, d'origine, de condition...ces forces viscérales, impulsives, irréductibles aux mots... Plus on m'en dit, moins le texte vit en moi.
Je n'y peux rien.
Parfois, je me dis que la forme ultime de la perfection littéraire pour moi serait l'absence de mots, aussi paradoxal que ce soit. J'ai eu un grand débat là-dessus il y a quelques temps avec des collègues... le seul qui m'a comprise était un collègue de sciences physiques. Etrange.
- AudreyOracle
Cripure a écrit:Si quelqu'un a le livre chez lui, pourrait-il vérifier qu'il y a bien "Ô Paul", et que ce n'est pas une erreur pour le plus attendu ici "Oh Paul" ?
D'après d'autres citations de la même pièce que je trouve sur le net, c'est bien "O Paul"...
- AudreyOracle
Pour ajouter au débat... voici mon poème préféré, d'Aragon:
Je traîne après moi trop d'échecs et de mécomptes
J'ai la méchanceté d'un homme qui se noie
Toute l'amertume de la mer me remonte
Il me faut me prouver toujours je ne sais quoi
Et tant pis qui j'écrase et tant pis qui je broie
Il me faut prendre ma revanche sur la honte
Ne puis-je donner de la douleur Tourmenter
N'ai-je pas à mon tour le droit d'être féroce
N'ai-je pas à mon tour droit à la cruauté
Ah faire un mal pareil aux brisures de l'os
Ne puis-je avoir sur autrui ce pouvoir atroce
N'ai-je pas assez souffert assez sangloté
Je suis le prisonnier des choses interdites
Le fait qu'elles le soient me jette à leurs marais
Toute ma liberté quand je vois ses limites
Tient à ce pas de plus qui la démontrerait
Et c'est comme à la guerre il faut que je sois prêt
D'aller où le défi de l'ennemi m'invite
Toute idée a besoin pour moi d'un contre-pied
Je ne puis supporter les vérités admises
Je remets l'évidence elle-même en chantier
Je refuse midi quand il sonne à l'église
Et si j'entends en lui des paroles apprises
Je déchire mon cœur de mes mains sans pitié
Je ne sais plus dormir lorsque les autres dorment
Et tout ce que je pense est dans mon insomnie
Une ombre gigantesque au mur où se déforme
Le monde tel qu'il est que follement je nie
Mes rêves éveillés semblent des Saints Denis
Qui la tête à la main marchent contre la norme
Inexorablement je porte mon passé
Ce que je fus demeure à jamais mon partage
C'est comme si les mots pensés ou prononcés
Exerçaient pour toujours un pouvoir de chantage
Qui leur donne sur moi ce terrible avantage
Que je ne puisse pas de la main les chasser
Cette cage des mots il faudra que j'en sorte
Et j'ai le cœur en sang d'en chercher la sortie
Ce monde blanc et noir où donc en est la porte
Je brûle à ses barreaux mes doigts comme aux orties
Je bats avec mes poings ces murs qui m'ont menti
Des mots des mots autour de ma jeunesse morte
A chaque fois que je dis ce texte, je finis en larmes. Y a sans nul doute matière à analyse, là-dedans...
Je traîne après moi trop d'échecs et de mécomptes
J'ai la méchanceté d'un homme qui se noie
Toute l'amertume de la mer me remonte
Il me faut me prouver toujours je ne sais quoi
Et tant pis qui j'écrase et tant pis qui je broie
Il me faut prendre ma revanche sur la honte
Ne puis-je donner de la douleur Tourmenter
N'ai-je pas à mon tour le droit d'être féroce
N'ai-je pas à mon tour droit à la cruauté
Ah faire un mal pareil aux brisures de l'os
Ne puis-je avoir sur autrui ce pouvoir atroce
N'ai-je pas assez souffert assez sangloté
Je suis le prisonnier des choses interdites
Le fait qu'elles le soient me jette à leurs marais
Toute ma liberté quand je vois ses limites
Tient à ce pas de plus qui la démontrerait
Et c'est comme à la guerre il faut que je sois prêt
D'aller où le défi de l'ennemi m'invite
Toute idée a besoin pour moi d'un contre-pied
Je ne puis supporter les vérités admises
Je remets l'évidence elle-même en chantier
Je refuse midi quand il sonne à l'église
Et si j'entends en lui des paroles apprises
Je déchire mon cœur de mes mains sans pitié
Je ne sais plus dormir lorsque les autres dorment
Et tout ce que je pense est dans mon insomnie
Une ombre gigantesque au mur où se déforme
Le monde tel qu'il est que follement je nie
Mes rêves éveillés semblent des Saints Denis
Qui la tête à la main marchent contre la norme
Inexorablement je porte mon passé
Ce que je fus demeure à jamais mon partage
C'est comme si les mots pensés ou prononcés
Exerçaient pour toujours un pouvoir de chantage
Qui leur donne sur moi ce terrible avantage
Que je ne puisse pas de la main les chasser
Cette cage des mots il faudra que j'en sorte
Et j'ai le cœur en sang d'en chercher la sortie
Ce monde blanc et noir où donc en est la porte
Je brûle à ses barreaux mes doigts comme aux orties
Je bats avec mes poings ces murs qui m'ont menti
Des mots des mots autour de ma jeunesse morte
A chaque fois que je dis ce texte, je finis en larmes. Y a sans nul doute matière à analyse, là-dedans...
- User5899Demi-dieu
"Hé les mioch', on doit enkorun coq à la Sclépios, faudra pas oublier"Dinaaa a écrit:Audrey a écrit:Raté... je suis hypersensible et souvent fleur bleue... mais une fleur bleue délicate, qui aime la subtilité... ;-)
Alors ton cœur va saigner quand tu vas corriger les rédactions sujet 1
Plus tarte que ce que j'ai lu ce matin, on ne fait guère : "mes pov zenfants, je vais mourir, mais bon, bah c'est la guerre alors c'est comme ça, fô pas pleurer, hein, fô aider vot' mère la Françoise à faire la vaisselle..."
Audrey, je t'ai lue avec attention. Comme je ne te connais pas, je n'en dis pas davantage sur ton témoignage personnel. En revanche, paradoxe encore : tu dis aimer le silence et le contour flou, mais pour le coup, c'est un sacré contre-exemple que le poème que tu aimes le plus, je trouve
Nous sommes beaux dans nos contradictions.
- AudreyOracle
Cripure a écrit:"Hé les mioch', on doit enkorun coq à la Sclépios, faudra pas oublier"Dinaaa a écrit:Audrey a écrit:Raté... je suis hypersensible et souvent fleur bleue... mais une fleur bleue délicate, qui aime la subtilité... ;-)
Alors ton cœur va saigner quand tu vas corriger les rédactions sujet 1
Plus tarte que ce que j'ai lu ce matin, on ne fait guère : "mes pov zenfants, je vais mourir, mais bon, bah c'est la guerre alors c'est comme ça, fô pas pleurer, hein, fô aider vot' mère la Françoise à faire la vaisselle..."
Audrey, je t'ai lue avec attention. Comme je ne te connais pas, je n'en dis pas davantage sur ton témoignage personnel. En revanche, paradoxe encore : tu dis aimer le silence et le contour flou, mais pour le coup, c'est un sacré contre-exemple que le poème que tu aimes le plus, je trouve
Nous sommes beaux dans nos contradictions.
Beh oui, je sais, mais la question de la limite, de l'emprisonnement, de la liberté.... tout ça... ça me met le coeur à l'envers. Cette cage des mots... je rêve d'en sortir...
- AudreyOracle
Après, il y a aussi la différence entre récit, poésie, qui joue...
- User5899Demi-dieu
"Eh bien ! Régnez, Seigneur ! Contentez votre gloire !Audrey a écrit:Tu parlerais autant, toi, au moment où tu vois pour la dernière fois l'homme que tu aimes
Je ne dispute plus..." etc.
Racine n'est jamais mièvre. Par bonheur.
Bon, en même temps, je ne suis devenu littéraire que par la grammaire, moi, principalement latine, et les moteurs et la mécanique m'ont toujours fait vibrer...
- AudreyOracle
Je n'y peux rien, moi, Titus et Bérénice, ça n'a rien à voir avec Paul et Françoise... ;-)
- AudreyOracle
Mais bon, ptêt finalement que c'est une tragédie du 20e s., ce texte de Charlotte Delbo... ptêt qu'il a une valeur cathartique que je n'ai pas perçue... satané manque de subtilité, va!
Allez, sur ce, je vais dodotter...
Allez, sur ce, je vais dodotter...
- OsmieSage
Audrey a écrit:Une bouse d'anthologie, ce sujet.
En vrac: un texte qui enfile les perles avec autant de régularité que Marc Lévy, au ton grandiloquent, une réécriture où la précision du féminin n'a aucune incidence, une seule question de langue, qui porte sur un point suscitant une vive polémique dans l'enseignement du français, seulement deux questions portant sur le genre théâtral, dont la seconde finalement n'est qu'une question relevant de l'argumentation et de l'imagination, sans réponse type attendue, et qui à mon sens empiète sur ce que l'on évalue dans la partie "rédaction" du brevet. Faire des élèves des metteurs en scène, voilà un objectif essentiel de notre enseignement, et un point crucial dans l'évaluation du cursus au collège...
Quant aux sujets de rédaction....
Un travail d'une banalité effarante pour l'écriture d'invention, qui après un sujet pareil pour les questions n'a mené qu'à une cascade de guimauve sur feuilles quadrillées...
Un sujet d'argumentation hyper vague ("apporter quelque chose", on a rarement vu moins précis comme expression pour amener quelqu'un à réfléchir, surtout un élève de 3e), très mal formulé donc, et surtout, relevant davantage d'un niveau lycée que d'un niveau de 3è. En dehors des oeuvres étudiées pour l'HDA, et encore, bien peu d'élèves auront d'autres références dans tous ces domaines artistiques pour étayer leur réflexion. Bien peu auront les mots pour réfléchir, la maturité, la culture générale pour s'interroger. Ce sujet me met hors de moi.
- Quand j'ai passé mon épreuve de français au bac D...:
Pour exemple, voici le sujet que j'ai eu en français au bac (oui, j'ai choisi la dissertation): " “Je suis reconnaissant à quiconque me fait peur” déclarait Jonathan Demme, auteur du film “Le Silence des Agneaux”. Les oeuvres littéraires et cinématographiques qui s’efforcent de susciter l’angoisse ou la terreur vous attirent-elles ou non ? Comment expliquez-vous cet attrait ?"
Ce sujet de brevet de 2014 me semble du même acabit.
Gros point noir, qui me met en rage depuis quelques temps dans les sujets de français du brevet, et particulièrement cette année: de plus en plus, on amène dans cette épreuve les élèves à utiliser leurs connaissances dans d'autres matières, et très souvent en histoire. L'an dernier, il fallait connaître un peu l'histoire des migrants vers les Etats-unis, cette année, il faut deviner à travers les lignes qu'on évoque un résistant (j'imagine que c'est la réponse attendue à la première question, alors qu'aucun élément objectif et surtout explicite ne donne cet élément dans le texte), et utiliser sa culture artistique pour raisonner sur les "événements du passé".
Qu'un élève puisse mobiliser quelques éléments de culture générale pour enrichir son travail, c'est souhaitable, c'est très bien, mais exiger cela comme attendu dans l'épreuve de français, non! C'est comme si l'on demandait en maths de maîtriser des éléments de physique chimie pour valider par les connaissances un ordre de grandeur, ou si l'on demandait en histoire quel implicite contient telle expression utilisée par un personnage historique quand on aurait pu en utiliser une autre en apparence similaire... je ne sais pas si je suis claire, mais je trouve ce mélange des genres de plus en plus flagrant, fréquent et extrêmement dommageable.
Il y a suffisamment à dire sur de nombreux textes de qualité, y compris parmi des oeuvres contemporaines, et tant sur le fond que sur la forme, pour ne pas avoir à obliger les élèves à plancher sur un gloubiboulga de bons sentiments ne pouvant mener à rien d'autre qu'à de la paraphrase ou une devinette historique.
Bref, je suis énervée.
Et je sens que je ne vais pas mâcher mes mots lundi quand on va aborder la question des liaisons de la dictée, que j'imagine prononcées correctement par les enseignants de lettres et donc exemptes de toute ambiguité grammaticale et orthographique. Mais comme mon collègue de ce matin m'a dit lui-même ne pas les avoir correctement prononcées, je sais bien que je vais encore passer pour une dangereuse rigoriste avec un balai dans le cul et que mon discours se heurtera à l'incompétence désormais établie de nombre de mes collègues.
Fait ch* .
J'ai plaisir à lire ce message ce matin ; moi aussi, je suis atterrée. Mais bon, je commence à avoir l'habitude avec le DNB. Le texte est consternant d'insignifiance.
- roxanneOracle
Bon, moi dans une heure je commence les corrections, je vous fais un point vers midi.
- OsmieSage
musa a écrit:Audrey a écrit:"Je sais que tu es brave, je sais que tu sauras vivre sans moi. Il faut que tu vives, toi."
Rien que là, je soupirais déjà, pensant m'être perdue dans un épisode des feux de l'amour.
"Chérie, sois forte comme tu l'as toujours été.
-Je le suis, Paul. Je le serai."
Je n'ai pas résisté. J'ai fait une lecture très orientée, je l'avoue. Et avec deux trois cafouillis. Que voulez-vous, tant d'émotions, moi, ça me chamboule complètement.
On dirait une dramatique radiophonique. Quel talent! :vvv:
C'est bien dommage de ne pas avoir choisi un texte de Barbara Cartland.
- albertine02Expert spécialisé
roxanne a écrit:Bon, moi dans une heure je commence les corrections, je vous fais un point vers midi.
Roxannne, surtout, sois BIENVEILLANTE !!!!
- OsmieSage
Audrey a écrit:"Je sais que tu es brave, je sais que tu sauras vivre sans moi. Il faut que tu vives, toi."
Rien que là, je soupirais déjà, pensant m'être perdue dans un épisode des feux de l'amour.
"Chérie, sois forte comme tu l'as toujours été.
-Je le suis, Paul. Je le serai."
Je n'ai pas résisté. J'ai fait une lecture très orientée, je l'avoue. Et avec deux trois cafouillis. Que voulez-vous, tant d'émotions, moi, ça me chamboule complètement.
Orientée ? Même pas ! Tu as mis le ton voulu par l'auteur, j'en suis sûre ! Tu m'as bien fait rire ; moi aussi je suis toute bouleversée maintenant, alors qu’hier, non. Comme quoi, une lecture peut vous faire accéder à l'essence d'un texte.
- Luigi_BGrand Maître
:shock:
Un texte simple parce que refusant toute rhétorique ? Ce serait plutôt le contraire : il s'agit bien d'une théâtralisation grandiloquente, extrêmement écrite et compassée ("Si, je sais que tu es brave. Françoise, nous avons lutté de tout notre cœur. Je tombe avant de toucher au but, mais toi tu verras la victoire." [...] "Ô Paul. Dire et savoir, quelle différence !").
Quant à interdire de juger tout ce qui est (supposément) authentique: ce n'est (heureusement) pas l'authenticité qui fait la littérature.
Un texte simple parce que refusant toute rhétorique ? Ce serait plutôt le contraire : il s'agit bien d'une théâtralisation grandiloquente, extrêmement écrite et compassée ("Si, je sais que tu es brave. Françoise, nous avons lutté de tout notre cœur. Je tombe avant de toucher au but, mais toi tu verras la victoire." [...] "Ô Paul. Dire et savoir, quelle différence !").
Quant à interdire de juger tout ce qui est (supposément) authentique: ce n'est (heureusement) pas l'authenticité qui fait la littérature.
_________________
LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- IlseÉrudit
une proposition de corrigé :
http://www.letudiant.fr/examen/brevet/corriges-et-sujets-0001/corrige-du-diplome-national-du-brevet-serie-college-le-sujet-de-francais.html#noroutage
http://www.letudiant.fr/examen/brevet/corriges-et-sujets-0001/corrige-du-diplome-national-du-brevet-serie-college-le-sujet-de-francais.html#noroutage
- ChocolatGuide spirituel
Cripure a écrit:Tu m'étonnes, Mamie !Chocolat a écrit:Bon, j'ai lu vite fait mais plusieurs choses m'interpellent.Non, il ne faut pas vous taire. Il est clair que dans ce texte, comme pratiquement à chaque fois qu'on rencontre ce mode dans ce prétendu emploi temporel, il y a ambiguïté, et que cette ambiguïté n'est pas grammaticale stricto sensu.Chocolat a écrit:D'abord, la question sur le conditionnel, mais je vais me taire.
Regardons.
"J’avais toujours pensé que nous tomberions ensemble, si nous tombions."
1. On peut penser que le conditionnel transpose mécaniquement un futur simple de discours direct.
"Nous tomberons ensemble, si nous tombons, voilà ce que je pense depuis toujours."
2. Mais les paroles exactes pourraient (hi hi hi ! quel temps il fait ! :lol! également être celles-ci :
"Nous tomberions ensemble, si nous tombions, c'est ce que je pense en tout cas". Et là, le français donne même la possibilité de comprendre de deux façons :
A. une action possible, envisagée non comme la certitude de l'indicatif de la proposition 1 ;
B. le constat que ce qui est envisagé comme possible n'est pas ce qui est en train de se passer.
A est un potentiel (ou un souhait), B, un irréel du présent (ou un regret). Le latin trancherait, lui. Le français ne tranche pas.
Donc, l'ahuri qui a cru jouer un bon tour en donnant comme question "quelle est la valeur de ce temps?" prouve, par cette question-même, 1°) qu'il ne comprend pas sa langue en général (il ne peut pas n'y avoir qu'une seule valeur) ; 2°) qu'il n'a pas compris ce passage du texte (parce qu'il demande une réponse tranchée là où, précisément, il y a une forte ambiguïté).
En gros, ceux qui sautent sur leur chaise comme des cabris en piaillant "conditionnel-temps !", "conditionnel-temps !" répètent, mais risquent de passer à côté de ce qui semble si limpide... La grammaire aide à lire. Encore faut-il ne pas la rendre fausse et inopérante.
Le problème est que la grammaire n'est plus enseignée correctement à la fac, parce que tous les profs qui étaient capables de l'enseigner avec logique et clarté sont partis à la retraite. Du coup, les étudiants, donc futurs profs n'ont même plus le réflexe de s'insurger lorsque ce qu'on leur sert ne fait pas sens car les contre-arguments nourri de références solides et confirmés par le fonctionnement logique des mécanismes de la langue française, ils ne les ont plus...
Cripure a écrit:C'est le moins qu'on puisse dire, en effet. Une petite note n'aurait probablement pas été inutile. Ici...Chocolat a écrit:Ensuite, l'utilisation du terme "aparté" qui me paraît discutable.
Oui, elle n'est pas seulement discutable, elle est carrément erronée si l'on considère ce terme dans son acception classique.
Je pense qu'il très intéressant de s'interroger sur la mise en scène de ce texte et sur l'évolution des spécificités du texte théâtral, de plus en plus difficilement modélisable.
Je dois être très vieille école mais je l'assume : le "mélange des genres" qui n'est pas justifié par la primauté donnée à l'expression d'une singularité artistique significative, c'est tout simplement le résultat d'une absence de maîtrise des exigences formelles classiques.
Cripure a écrit:C'est probable. Je me demande si je ne vais pas m'arranger pour commencer en seconde avec ce texte, tiens...Chocolat a écrit:Enfin, je crois que les gamins vont se planter en beauté au sujet des deux temporalités, aidés par la question sur la mémoire.
Bonne idée !
Ce texte peut en effet constituer un support de cours qui mette les élèves en réflexion, mais il ne peut en aucun cas être choisi comme sujet d'examen national, parce que les véritables questions à poser, on ne peut pas les poser à l'élève lambda en conditions d'examen.
Bref, il s'agit, encore une fois, d'un sujet révélateur de la schizophrénie qui règne à l'EN : on veut oser mais on se ravise en cours de route, on veut proposer un sujet commun mais le public est tellement en mode "grand écart" (au stade actuel, parler hétérogénéité serait indécent, mais on refuse de le reconnaître) qu'il devient de plus en plus compliqué de proposer quelque chose qui satisfasse tout le monde...
_________________
- roxanneOracle
Je reviens de la correction, j'ai fini les questions-réécriture-dictée, j'y retourne pour la suite tout à l'hure. Ce n'est pas terrible, loin de là, j'ai une petite moitié à la moyenne, ma meilleure note est 21 sur 25 là où chaque année j'ai des 24, et mon collègue dans ma salle est dans la même fourchette. La réécriture arrange un peu les ballons mais pas dans toutes les copies, apparemment même ça c'était trop dur. Sinon, ce n'était pas la peine de vous écharper pour le conditionnel, j'ai eu 3 copies qui l'ont reconnu, la plupart n'ont rien mis sur cette question. Je ferai un petit bêtisier tout à l'heure mais déjà avec la question de la mise en scène il y a du lourd.
- CasparProphète
J'ai lu le sujet attentivement puisque je surveillais hier et j'ai effectivement trouvé ce texte très pauvre littérairement et gnangnan, mais je ne suis pas un spécialiste.
- roxanneOracle
Allez, j'y retourne, c'est parti pour une fournée de pathos.
- leyadeEsprit sacré
Courage! Bientôt les vacances! :flower:
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Maggi is my way, Melfor is my church and Picon is my soutien. Oui bon je sais pas dire soutien en anglais.
LSU AP ENT HDA PAI PAP PPMS PPRE ULIS TICE PAF
- littlemaryDoyen
Pourquoi on ne commence qu'à corriger lundi ici ?
- NasopiBon génie
Ici c'est pareil, on ne commence à corriger que mardi !
_________________
"Donne-moi la sérénité nécessaire pour accepter telles qu’elles sont les choses qu’on ne peut pas changer, donne-moi le courage de changer celles qui doivent l’être ; donne-moi la sagesse qui permet de discerner les unes et les autres." (Marc-Aurèle)
- roxanneOracle
J'ai fini !!! Je me pose et je poste le bêtisier.
- DwarfVénérable
Fini à 15H. Le texte ,n'était absolument pas approprié pour des troisièmes. Et dieu sait que je suis exigeant, pourtant! Mais là, n'importe quoi... Heureusement, les questions contre-balançaient, mais absolument pas de grammaire, cela devient ridicule...
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