- F.LemoineÉrudit
Je suppose que Véro pense à une apposition à "j'" : je, la terreur dans l'âme, y pense ( = je, terrifié, y pense). Non ?
- Nom d'utilisateurNiveau 10
Pour autant qu'une "apposition" impliquerait / embarquerait une prédication. Prédication qui peut passer par une relation glosable au moyen d'AVOIR ou d'ÊTRE :
J'Y PENSE, LA PEUR DANS L'ÂME (cf. "Je ne discontinuais pas d'AVOIR la peur dans l'âme" - source : internet)
J'Y PENSE, TERRIFIÉ À L'IDÉE QUE (...) (cf. Je SUIS terrifié)
Toutefois, malgré les attestations avec AVOIR que chacun pourra dégoter d'un coup de souris et dont beaucoup appartiennent plutôt à une langue qui n'est plus l'usage contemporain (où y détonnent chouïa), les tournures "la terreur dans l'âme" ou "la mort dans l'âme" semblent spécialisées en fonction de locutions adverbiales spécifiant la relation SUJET-PREDICAT :
- terreur dans l'âme ne dit pas tant l'état de JE en soi, que l'état de JE en tant qu'il Y PENSE ;
- terrifié à l'idée que (...) : itou.
D'où également le rapprochement avec les "compléments circonstanciels".
J'Y PENSE, LA PEUR DANS L'ÂME (cf. "Je ne discontinuais pas d'AVOIR la peur dans l'âme" - source : internet)
J'Y PENSE, TERRIFIÉ À L'IDÉE QUE (...) (cf. Je SUIS terrifié)
- Quoique ce soit plus facile avec un prédicat principal non statique:
- IL EST ARRIVÉ...
...la terreur dans l'âme, la peur au ventre, "la gueule défoncée et les yeux vitreux" (source : internet), "les yeux pleins de brouillard" (Le Forestier), la goule enfarinée, la bouche en cul de poule, les mains dans les poches, la braguette ouverte, etc.
=> AVOIR
terrifié, apeuré, défoncé, tout mielleux, tout prêt à se repentir, débraillé etc.
=> ÊTRE
Toutefois, malgré les attestations avec AVOIR que chacun pourra dégoter d'un coup de souris et dont beaucoup appartiennent plutôt à une langue qui n'est plus l'usage contemporain (où y détonnent chouïa), les tournures "la terreur dans l'âme" ou "la mort dans l'âme" semblent spécialisées en fonction de locutions adverbiales spécifiant la relation SUJET-PREDICAT :
- terreur dans l'âme ne dit pas tant l'état de JE en soi, que l'état de JE en tant qu'il Y PENSE ;
- terrifié à l'idée que (...) : itou.
D'où également le rapprochement avec les "compléments circonstanciels".
- NLM76Grand Maître
Ce qui est en effet aussi intéressant dans cette affaire, c'est :
la peur dans l'âme = ayant la peur dans l'âme = la peur étant dans [mon] âme
C'est-à-dire qu'il y a un lien sémantique de "possession" entre ce "complément" et, en l'occurrence, le sujet de la proposition, qui permet d'en comprendre le sens. Comparer avec l'anacoluthe :
"Le monde en guerre, je pleure"
la peur dans l'âme = ayant la peur dans l'âme = la peur étant dans [mon] âme
C'est-à-dire qu'il y a un lien sémantique de "possession" entre ce "complément" et, en l'occurrence, le sujet de la proposition, qui permet d'en comprendre le sens. Comparer avec l'anacoluthe :
"Le monde en guerre, je pleure"
_________________
Sites du grip :
- http://instruire.fr
- http://grip-editions.fr
Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- V.MarchaisEmpereur
F.Lemoine a écrit:Je suppose que Véro pense à une apposition à "j'" : je, la terreur dans l'âme, y pense ( = je, terrifié, y pense). Non ?
Oui.
- V.MarchaisEmpereur
Nom d'utilisateur a écrit:Pour autant qu'une "apposition" impliquerait / embarquerait une prédication. Prédication qui peut passer par une relation glosable au moyen d'AVOIR ou d'ÊTRE :
J'Y PENSE, LA PEUR DANS L'ÂME (cf. "Je ne discontinuais pas d'AVOIR la peur dans l'âme" - source : internet)
J'Y PENSE, TERRIFIÉ À L'IDÉE QUE (...) (cf. Je SUIS terrifié)
- Quoique ce soit plus facile avec un prédicat principal non statique:
IL EST ARRIVÉ...
...la terreur dans l'âme, la peur au ventre, "la gueule défoncée et les yeux vitreux" (source : internet), "les yeux pleins de brouillard" (Le Forestier), la goule enfarinée, la bouche en cul de poule, les mains dans les poches, la braguette ouverte, etc.
=> AVOIR
terrifié, apeuré, défoncé, tout mielleux, tout prêt à se repentir, débraillé etc.
=> ÊTRE
Merci pour ces précisions, c'est intéressant.
De toute façon, les appositions ont une certaine communauté avec les circonstants, non ?
Epuisé, il est allé se coucher.
Epuisé est une apposition, mais chacun y perçoit spontanément une nuance causale. D'ailleurs, la plupart des élèves, peu familiers de l'apposition, y verront un CC de cause, ce qui ne me paraît pas une faute abominable. Il y a de la logique là-dedans.
Toutefois, malgré les attestations avec AVOIR que chacun pourra dégoter d'un coup de souris et dont beaucoup appartiennent plutôt à une langue qui n'est plus l'usage contemporain (où y détonnent chouïa), les tournures "la terreur dans l'âme" ou "la mort dans l'âme" semblent spécialisées en fonction de locutions adverbiales spécifiant la relation SUJET-PREDICAT :
- terreur dans l'âme ne dit pas tant l'état de JE en soi, que l'état de JE en tant qu'il Y PENSE ;
- terrifié à l'idée que (...) : itou.
D'où également le rapprochement avec les "compléments circonstanciels".
Merci pour ces précisions.
D'ailleurs, toute apposition ne tient-elle pas un peu du CC ?
Epuisé, il est allé se coucher.
Epuisé est une apposition, mais spontanément, chacun y perçoit une nuance de cause. D'ailleurs, les élèves y voient généralement un CC de cause, ce qui ne me paraît pas une erreur monstrueuse.
- NLM76Grand Maître
Je suis assez d'accord. D'ailleurs ce qui est assez intéressant dans les appositions, ce sont leurs valeurs logiques implicites. "La cigale, ayant chanté tout l'été, se trouva fort dépourvue" = pcq elle a chanté, bien qu'elle ait chanté, après qu'elle eut chanté ?
Cette richesse des possibilités interprétatives est souvent cruciale pour lire un texte littéraire.
Il est donc, je pense, intéressant de leur faire dire "apposition à valeur de..."
Cette richesse des possibilités interprétatives est souvent cruciale pour lire un texte littéraire.
Il est donc, je pense, intéressant de leur faire dire "apposition à valeur de..."
_________________
Sites du grip :
- http://instruire.fr
- http://grip-editions.fr
Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- AudreyOracle
Dans "Mme Michu, ma voisine, aime les crêpes." , je ne vois aucune valeur de CC pour l'apposition...à moins que je ne sache plus ce qu'est une apposition...
- V.MarchaisEmpereur
Non, c'est vrai. Ce n'est pas toujours le cas, manifestement, mais souvent.
- AudreyOracle
Ok! J'avoue, pendant un instant, à vous lire, j'ai douté de moi...;-)
- tifannyNiveau 3
Bonjour,
Dans cette phrase nominale " les points de vue ", pourquoi ne met-on pas de "S" au mot vue?
Je ne sais pas comment l'expliquer aux élèves.
Dans cette phrase nominale " les points de vue ", pourquoi ne met-on pas de "S" au mot vue?
Je ne sais pas comment l'expliquer aux élèves.
- LilypimsGrand sage
"Les mille mètres qu'il a couru."
Je ne comprends pas pourquoi ce verbe est considéré comme intransitif dans ce cas précis. Si vraiment "courir" n'est pas transitif, quelle est la fonction du pronom "que" ? Je précise qu'il s'agit d'un exemple tiré d'un manuel.
Je ne comprends pas pourquoi ce verbe est considéré comme intransitif dans ce cas précis. Si vraiment "courir" n'est pas transitif, quelle est la fonction du pronom "que" ? Je précise qu'il s'agit d'un exemple tiré d'un manuel.
_________________
...il faut continuer, je ne peux pas continuer, il faut continuer, je vais donc continuer...
- V.MarchaisEmpereur
Ben si, c'est un COD.
Non ?
Courir un marathon, un cent mètres, mille mètres...
La tournure quelque peu métonymique ne me semble pas remettre cela en cause.
Alors : qu'il a courus.
Non ?
Courir un marathon, un cent mètres, mille mètres...
La tournure quelque peu métonymique ne me semble pas remettre cela en cause.
Alors : qu'il a courus.
- LilypimsGrand sage
V.Marchais a écrit:Ben si, c'est un COD.
Non ?
Courir un marathon, un cent mètres, mille mètres...
La tournure quelque peu métonymique ne me semble pas remettre cela en cause.
Alors : qu'il a courus.
Bon, tu me rassures. Mais ce manuel présente cet exemple sans le "s" au participe passé et justifie cette absence par l'intransitivité du verbe "courir". Il analyse "les mille mètres" comme un CC et n'analyse pas le pronom.
_________________
...il faut continuer, je ne peux pas continuer, il faut continuer, je vais donc continuer...
- V.MarchaisEmpereur
Faudrait voir en contexte. Mais j'imagine que c'est une simple phrase d'exercice et qu'il n'y a pas de contexte ?
En fait, la phrase est un peu bizarre.
Les mille mètres qu'il a parcourus. OK.
Parcourir mille mètres, OK.
Courir UN cent / mille mètres, OK.
Courir mille mètres, c'est un peu bizarre. C'est pour ça que je parlais de métonymie. Du coup, je trouve ça enquiquinant à analyser.
En fait, la phrase est un peu bizarre.
Les mille mètres qu'il a parcourus. OK.
Parcourir mille mètres, OK.
Courir UN cent / mille mètres, OK.
Courir mille mètres, c'est un peu bizarre. C'est pour ça que je parlais de métonymie. Du coup, je trouve ça enquiquinant à analyser.
- LilypimsGrand sage
Pas de contexte en effet. C'est donné en exemple de l'absence d'accord du participe en cas de verbe intransitif.
_________________
...il faut continuer, je ne peux pas continuer, il faut continuer, je vais donc continuer...
- CarabasVénérable
Pour moi, que = pronom relatif, CC mesure reprenant "les mille mètres". Non?
_________________
Les chances uniques sur un million se réalisent neuf fois sur dix.
Terry Pratchett
- Nom d'utilisateurNiveau 10
V.Marchais a écrit:Courir mille mètres, c'est un peu bizarre.
C'est vrai que c'est saugrenu quand on peut prendre son vélo. C'est en tout cas assez fatigant, à moins de le faire en jogging. Quant aux mots, nous sommes au moins quatre à dire qu'il vont très bien ensemble. Voici mes trois compères :
Un trio a écrit: "Venant de Catorive, Paul Naglik passait sous l'arche finale, Grand-Place, après mille mètres courus comme un sprint."
http://www.lavoixdunord.fr/Locales/Bethune/actualite/Secteur_Bethune/2010/06/26/article_le-grand-raid-lance-un-week-end-de-sport.shtml
"Il n'implique pas la vertigineuse monotonie des dix mille mètres courus sous un soleil accablant, tour après tour, sur les pistes d'été."
Le Chasseur Français N°635 Janvier 1950 Page 26
"Favori, Achergui s'est imposé sans trop de difficulté au bout des dix mille mètres courus dans le bois de Lauzelle derrière le complexe sportif "
http://archives.lesoir.be/l-integration-des-jeunes-au-cross-de-lln_t-19960212-Z0ANRA.html
- User17706Bon génie
Rien que pour ça :Nom d'utilisateur a écrit: Le Chasseur Français N°635 Janvier 1950 Page 26
- retraitéeDoyen
Lilypims a écrit:"Les mille mètres qu'il a couru."
Je ne comprends pas pourquoi ce verbe est considéré comme intransitif dans ce cas précis. Si vraiment "courir" n'est pas transitif, quelle est la fonction du pronom "que" ? Je précise qu'il s'agit d'un exemple tiré d'un manuel.
Ce n'est pas un COD, mais un CC de mesure, ou de quantité, peu importe.
- User17706Bon génie
Pure intuition de locuteur natif : les deux lectures sont possibles (et la phrase n'a pas le même sens, et le participe, du coup, pas la même orthographe).
- retraitéeDoyen
Même différence qu'entre "Il pèse 60 kilos" (c'est son poids-) et il pèse 60 kilos de patates.
Premier cas, CC, 2e, COD.
Premier cas, CC, 2e, COD.
- V.MarchaisEmpereur
Nom d'utilisateur a écrit:V.Marchais a écrit:Courir mille mètres, c'est un peu bizarre.
C'est vrai que c'est saugrenu quand on peut prendre son vélo. C'est en tout cas assez fatigant, à moins de le faire en jogging. Quant aux mots, nous sommes au moins quatre à dire qu'il vont très bien ensemble. Voici mes trois compères :Un trio a écrit: "Venant de Catorive, Paul Naglik passait sous l'arche finale, Grand-Place, après mille mètres courus comme un sprint."
http://www.lavoixdunord.fr/Locales/Bethune/actualite/Secteur_Bethune/2010/06/26/article_le-grand-raid-lance-un-week-end-de-sport.shtml
"Il n'implique pas la vertigineuse monotonie des dix mille mètres courus sous un soleil accablant, tour après tour, sur les pistes d'été."
Le Chasseur Français N°635 Janvier 1950 Page 26
"Favori, Achergui s'est imposé sans trop de difficulté au bout des dix mille mètres courus dans le bois de Lauzelle derrière le complexe sportif "
http://archives.lesoir.be/l-integration-des-jeunes-au-cross-de-lln_t-19960212-Z0ANRA.html
Bon, en tout cas, emploi métonymique ou pas, tous semblent d'accord sur le fait qu'il s'agit bien en l'occurrence d'un COD.
(Pour le reste, je confesse mon manque de pratique : je déteste tellement le sport que même pas j'en parle ! :lol: )
- LilypimsGrand sage
Merci à tous.
_________________
...il faut continuer, je ne peux pas continuer, il faut continuer, je vais donc continuer...
- Nom d'utilisateurNiveau 10
V.Marchais a écrit:Bon, en tout cas, emploi métonymique ou pas, tous semblent d'accord sur le fait qu'il s'agit bien en l'occurrence d'un COD.
Zut, mon âme de rebelle en prend un sacré coup : voilà que je suis d'accord avec tout le monde :'-(
Cela dit, si, quand même, nous sommes des révolutionnaires, puisque nous soutenons donc que le label "COD", en l'occurrence cohérent avec l'accord spontané du participe passé, recouvre une grande variété de configurations. Autrement dit : qu'il y a transitivité et transitivité.
Et pour réagir à un message aperçu plus haut, sous forme de point d'orgue : "1000 mètres" n'est pas le même type de "COD" dans "courir 1000 mètres" et "parcourir 1000 mètres". Parcourir 1000 mètres dénote une action qui ne requiert aucun coureur : même un vulgaire coucou genre Concorde sait faire ça avant que de s'abattre lamentablement sur la piste. Alors que "courir 1000 mètres" est affaire de coureur (sauf peut-être dans le second sens que PauvreYorak arrivait quant à lui à déceler) ; allez savoir si celui qui court les fille ne doit pas aussi sa réputation de coureur à ces filles qu'il court ; sans parler de ce qui court les rues (sans nécessairement courir le risque d'y chercher des jupons). Ad libitum.
A partir de ça, chacun décidera : dans "les 1000 mètres courus" et les "mille mètres parcourus", s'agit-il des mêmes mille mètres ? Y a-t-il mesure dans un sens similaire, ou pas ?
Bon, je file.
- AmaliahEmpereur
Spontanément je conjugue le verbe "harceler" comme "peler" : il harcèle.
Or, mon vieux Bescherelle hérité de mes parents et la leçon de la maîtresse de mon fils me disent qu'il se conjugue comme "appeler". Est-ce une réforme qui est passée par là et que j'aurais intégrée sans même le savoir ?
Or, mon vieux Bescherelle hérité de mes parents et la leçon de la maîtresse de mon fils me disent qu'il se conjugue comme "appeler". Est-ce une réforme qui est passée par là et que j'aurais intégrée sans même le savoir ?
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum