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- PaddyHabitué du forum
Hermione0908 a écrit:J'ai expérimenté dans mon lycée l'orientation choisie. Résultat des courses, durant près de dix semaines, j'ai eu des transfuges d'une classe à l'autre (6 en tout, dont 4 dans la même classe), principalement de 1reS à 1reSTL. Je me demande sérieusement à quoi ont servi les conseils de classe du troisième trimestre (parce que manifestement, on a accédé à leur demande d'aller en S pour la majorité de mes touristes de filière), si c'est pour les faire changer de classe et de filière au bout de deux mois quand les élèves se disent qu'en fait, ben c'est dur, et que finalement, on va voir ailleurs si l'herbe n'est pas plus verte.
Quand la STL est blindée, le transfert vers cette série depuis la S est alors impossible.
- JacqGuide spirituel
Luigi_B a écrit:Article dans "Le Monde" par Maryline Baumard. Pas piqué des hannetons, comme d'habitude : "Le dernier mot aux familles dans l'orientation des collégiens".
http://www.lemonde.fr/education/article/2014/01/11/le-dernier-mot-aux-familles-dans-l-orientation-des-collegiens_4346471_1473685.html
Je n'ai pas encore lu toutes vos contrib, mais juste l'article (très court) du monde indiqué par Luigi, dont je relève ce petit extrait :
"Le spectre d'une orientation en lycée professionnel dans une filière non choisie plane sur les têtes de ceux que le conseil de classe du 3e trimestre estimera trop « justes » pour préparer un baccalauréat général. Et ce, quel que soit le rêve de leur vie."
Nous savons bien que l'orientation en LP n'est pas toujours une volonté de l'élève... mais apprécions donc le terme de "spectre" comme orientation "non choisie". Enfin il faudrait aussi peut être arrêter et considérer que une orientation en lycée général nécessite un certain niveau, et que du coup l'orientation en LP est une chance pour les élèves qui de toute façon n'ont pas ce niveau.
On prend toujours l'orientation comme cause d'insatisfaction, comme cause... mais la cause n'est pas l'orientation, la cause est le niveau acquis au sortir du collège.
"Quel que soit le rêve de leur vie".... puta-- faut arrêter.
L'école ce n'est pas la distribution des cadeaux le 24 décembre au soir !
Et quel cadeau, d'envoyer un gamin qui n'a pas les capacités en seconde général pour se gauffrer et échouer ! Quel cadeau, pour moi c'est du manque de responsabilité, de la lâcheté de la part du monde éducatif bien pensant.
Et sur les catégories sociales. Oui, l'orientation en LP est plus présente chez les CSP "populaires", pourquoi ? D'abord parce que eux n'ont pas obligatoirement une vision d'études supérieures comme seule réussite.
En plus il y a des gamins qui veulent travailler vite, quitter l'école, bosser, monter leur boite, travailler. C'est plus présent dans ces CSP que dans d'autres.
Mais surtout, là encore, le problème n'est pas celle de l'orientation, elle est celle de la réussite scolaire. Le problème vient de l'inégalité entre ces CSP. De fait, malheureusement, il se trouve que celui qui est "bien né" a plus de chance de réussir.
Mes gamins en LP sont tous issus de milieux populaires. Ce n'est pas l'orientation qui est en cause, mais bien notre capacité à faire réussir ces élèves en primaire, au collège, puis au lycée. L'orientation n'est qu'une conséquence, ce n'est pas une cause.
Enfin et surtout, si je veux être très égoïste : laissons l'orientation à la discrétion unique des parents... on va bien se marrer ! Je réponds indirectement à un gars qui a fait un commentaire sur le site du Café péda (Jeanjeau, c'est marrant, ça me rappelle qq'un ). On va bien se marrer.
Parce que heureusement il y a des gens qui font une orientation intelligente et vont en LP parce qu'ils savent très bien qu'ils ne pourront réussir au GT....
Mais il y a pire : il y a ceux qui n'ont aucune conscience de leur échec à venir en GT et qui vont y aller....
Désolé d'employer ces termes, mais "les plus bêtes", vont aller au GT car ils seront incapables de comprendre qu'ils n'ont pas le niveau requis (bon, le SGEN leur expliquera que si, heureusement, il y a le SGEN et la FCPE)
Poursuivons cette logique : donc en LP on va récupérer avec un peu de chance ceux qui sont capables d'un minimum d'analyse, et qui savent que le GT n'est pas bon pour eux... MDR pour le lycée général !
Avec un peu de chance le niveau va monter en LP puisque les parents les plus bêtes, désolé de dire cela, vont envoyer malgré tout leurs gamins au LGT ! Et puis en fac après !
- JacqGuide spirituel
henriette a écrit:Olympias a écrit:mathmax a écrit:Un commentaire particulièrement savoureux :
C'est vrai ça, on n'apprend trop que des trucs qui servent à rien à l'école ! Rien que pour le plaisir sadique d'éliminer des élèves.
On touche le fond, là... la difficulté ne correspond à rien !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Ah non, là, on creuse...
C'est ce que je disais : super, nous on va augmenter le niveau en LP puisque que les élèves les plus en difficulté et incapables de le constater vont aller chez vous!
- GrypheMédiateur
Jack, je dois avouer que je n'avais pas vu les choses sous cet angle...
- JacqGuide spirituel
Luigi_B a écrit:François Jarraud, Maryline Baumard et d'autres ne cessent d'exprimer, sous couvert d'un progressisme réformateur, un mépris sidérant pour la voie professionnelle.
La logique elle-même est défiée par cette idéologie dès le début de l'article.
Maryline Baumard mélange tout : le problème de l'orientation (voie générale ou professionnelle, décision du conseil de classe) et le problème de l'affectation (des places limitées dans les différentes filières professionnelles et attribuées le plus souvent informatiquement).Patricia Minka adore la couture. Quand elle n'a pas une aiguille entre les doigts, elle conçoit des vêtements : « Devenir styliste est mon horizon. Je ferai tout pour m'orienter dans cette voie. » Elève en 3e, la jeune fille n'imagine pas d'autre futur. Si son projet est mûr, ce n'est pas le cas pour tous ses camarades. Le spectre d'une orientation en lycée professionnel dans une filière non choisie plane sur les têtes de ceux que le conseil de classe du 3e trimestre estimera trop « justes » pour préparer un baccalauréat général.
Ici Patricia veut aller en lycée professionnel et pas dans la voie générale.
Présenter cette dernière voie comme un "spectre" en dit long sur le mépris de Maryline Baumard pour la voie professionnelle et pour la couture qu'adore pourtant Patricia. Enfin présenter systématiquement les élèves comme "trop justes", c'est vouloir faire oublier tous ceux qui ne sont pas du tout prêts à entrer en seconde générale.
Oui. Le gros problème tient au nombre des places chez nous, au LP.
Le collège dit heureusement pour certains : LP.
Et les élèves et parents les plus malins savent que c'est là qu'il faut aller pour obtenir un diplôme à la fin.
Je ne me fais pas de souçi, ces élèves et ces parents, qui ont les pieds sur terre, viendront toujours chez nous.
Le problème, c'est "les autres" ! C'est ceux qui n'ont pas conscience de l'échec à venir au LGT !
L'autre problème de l'orientation, que nous rencontrons, mais qui peut se résoudre d'une autre manière (et c'est comme cela que cela se fera) c'est qu'il est difficile de s'orienter vers un métier en fin de 3e. Moi (moi moi moi) j'ai eu la chance de ne pas avoir à choisir à ce moment. Mais demander à un gamin de se projeter ainsi dans l'avenir, c'est très dur, et nous voyons là les images des enfants sur les métiers. Les filles veulent toutes faire X métier, les garçons Y métier.
Et malheureusement le LP a des places qui sont limitées, et surtout l'apprentissage a des places encore plus limitées puisque tout de suite c'est la réalité du monde de l'emploi : trouver un lieu de stage.
Pour revenir aux classes dites populaires.
L'autre problème que l'on rencontre c'est que les parents travaillant dans l'industrie veulent que leurs enfants quittent le monde industriel. Ils entassent leurs gamins dans les filières tertiaires en pensant que le travail qu'ils imaginent est "de bureau", donc cool, mieux payé, c'est l'avenir... ben désolé, mais le nouveau prolétariat il est dans le tertiaire, et pas dans l'industrie ! Même avec la crise, le chômage, le boulot n'est pas dans le tertiaire pour les "petits" niveaux de qualification. Il y a des filières tertiaires qui fonctionnent très bien, mais les parents entassent leurs gamins dans des filières tertiaires où il y a très peu d'avenir, sauf à faire un BTS ou même plus.
Enfin, laissons les libres, ne soyons pas responsables, après tout.... laissons les "rêver", le problème c'est juste lorsqu'ils se prendront dans la face un truc réel qui s'appelle le marché de l'emploi !
- JacqGuide spirituel
Gryphe a écrit:Jackq, je dois avouer que je n'avais pas vu les choses sous cet angle...
Mais allons-y franchement... libéralisons totalement l'orientation selon l'avis de parents.
Qu'avons nous à y perdre ?
En LP, je vous dis : RIEN !!!!!!!!!!!! Au pire on y gagne ! Parce que les élèves conscients de leurs difficultés, des parents réalistes, il y a en a plein. Laissons les autres aller au LGT ! Laissons leur leur responsabilité ! Nous ne serons que des conseillers, et du coup nous ne serons plus responsables de l'insatisfaction des gens.
Par contre ou après une année il faudra revoir totalement l'orientation ou il faudra faire baisser le niveau à un stade que l'on imagine même pas pour complaire aux pourcentages imposés de la réussite aux examens.
On va bien se marrer (enfin au LP, pas au LGT, là ça va moins rigoler).
- lisette83Érudit
Attention cependant à terme ce qui est prévu est la fermeture de classes en LP voire la suppression de LP faute de demandes.
- Hermione0908Modérateur
On discutait aussi de la réforme des BTS avec les collègues de matières scientifiques et techniques, ils disaient que ce qui est dans les tiroirs, c'est que le BTS devienne le débouché logique de Bac Pro et que les STI2D iraient grossir les rangs des IUT, facs de sciences et écoles d'ingé.
_________________
Certaines rubriques de Neoprofs.org sont en accès restreint.
Pour en savoir plus, c'est par ici : https://www.neoprofs.org/t48247-topics-en-acces-restreint-forum-accessible-uniquement-sur-demande-edition-2021
- Douglas ColvinNeoprof expérimenté
Je me rappelle avec plusieurs collègues d'avoir discuté de la possibilité d'exclure les parents de la décision finale de l'orientation.
Bon ben, c'est raté on dirait bien...
Bon ben, c'est raté on dirait bien...
- OlympiasProphète
C'était pas dans l'intérêt de l'enfantDouglas Colvin a écrit:Je me rappelle avec plusieurs collègues d'avoir discuté de la possibilité d'exclure les parents de la décision finale de l'orientation.
Bon ben, c'est raté on dirait bien...
- MoonchildSage
C'est pourtant parfois vrai :philann a écrit:Cet article est hallucinant:
LP = voie de garage!!
http://www.lpautobejuit.sup.fr/
http://www4b.ac-lille.fr/~lpautogdesynthe/index.php?option=com_content&task=category§ionid=5&id=29&Itemid=43
http://www4.ac-lille.fr/~alfredmongy/
- ZenxyaGrand sage
Hermione0908 a écrit:On discutait aussi de la réforme des BTS avec les collègues de matières scientifiques et techniques, ils disaient que ce qui est dans les tiroirs, c'est que le BTS devienne le débouché logique de Bac Pro et que les STI2D iraient grossir les rangs des IUT, facs de sciences et écoles d'ingé.
C'est avec cet argument que la réforme STI2D a été vendue. Il faut en faire des Bac +5 et réserver les places de BTS aux Bac Pro. J'essaie de retrouver le document où j'avais vu ça.
Edit : j'ai retrouvé le document :
http://www.ac-paris.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2011-09/introduction_pnf_cdt_17_mars_2011.pdf
Page 14 : Il n'est pas dit directement qu'ils ne doivent pas aller en BTS mais il y est bien montré que c'est pour aller plus loin.
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- JacqGuide spirituel
lisette83 a écrit:Attention cependant à terme ce qui est prévu est la fermeture de classes en LP voire la suppression de LP faute de demandes.
Premier point :
- je déconne lorsque je dis qu'il faut se réjouir de cela, parce que envoyer des gamins en LGT alors que pour eux c'est l'échec assuré, c'est pour moi catastrophique
Deuxième point : fermeture des LP, non. Deux choses.
Un : on peut craindre avec la "régionalisation" de l'enseignement pro, sa fusion avec la formation professionnelle (ce qui serait une vraie catastrophe), une généralisation d'un apprentissage qui n'est bon que s'il reste à la marge.
Deux : le risque c'est une orientation tardive après la seconde générale et plus après la troisième (ça nous en avons déjà entendu parler, et l'orientation par les parents mène à cela, retarder finalement l'orientation), alors que les gamins qui sont en difficulté nous les avons identifiés, dès la 6e ou 5e (c'est malheureux mais c'est comme ça). Déjà actuellement en LP nous récupérons des gamins qui ont été orientés en LGT et qui viennent chez nous ou durant la 2GT ou à la fin de la GT, à condition qu'il reste des places chez nous. En plus une orientation qui survient après la seconde GT c'est encore une année de perdue pour ces élèves qui ne comprennent rien depuis déjà deux ou trois ans au collège. Là, si on veut parler économie (moyens, postes), je ne vois pas l'intérêt de laisser des gamins totalement incapables de comprendre dans ce type de formation qui ne leur apporte rien.
Nous n'avons pas de problème pour remplir nos classes (même si cela peut varier selon les filières), nous avons plus de demandes que de places. C'est vrai par contre qu'une orientation totalement libre risquerait de réduire ces demandes. Mais la réalité rattraperait vite les bonnes pensées positives. Le risque que je vois c'est surtout d'envoyer droit dans le mur de l'échec des gamins qui chez nous réussissent à se hausser, des élèves qui sont déjà en échec au collège depuis des années et que l'on conduirait à perdre une année entière en seconde GT. Sans parler de la perte de temps pour les élèves "capables" puisque comme pour la troisième il faudrait faire une seconde GT avec des gamins ingérables car en échec. Nous connaissons déjà cela avec le collège ou les "bons" et les "moins bons" perdent une grande partie de leur temps.
Par contre, pour revenir sur ce qui était dit plus haut : attention à "expérimentation".
En général cela veut dire "généralisation" dans les années qui suivent puisque les rapporteurs de l'expérimentation trouvent toujours merveilleux ce qu'ils sont chargés d'évaluer. Nous avons vu cela avec le bac pro trois ans... expérimentation qui a été négative dans tous les domaines, qualifiée ensuite de positive, et généralisée malgré tous les signaux négatifs allumés.
- User5899Demi-dieu
Breaking news : le Conseil d'Etat a modifié le texteLuigi_B a écrit:A lire dans le "Café pédagogique" du 09/01/14 : "Décrochage : Le décret sur le libre choix de l'orientation est paru".
Le décret : http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000028445239&dateTexte=&categorieLien=id
- Spoiler:
- Si, au terme de ces cinq jours, le cas échéant après une nouvelle rencontre avec le chef d'établissement ou son représentant organisée à la demande de l'élève et ses responsables légaux, ces derniers maintiennent leur choix, le chef d'établissement leur adresse une quenelle. Il en informe l'équipe éducative.
- User17706Bon génie
Enfin un usage constructif du fameux signeCripure a écrit:Breaking news : le Conseil d'Etat a modifié le texteLuigi_B a écrit:A lire dans le "Café pédagogique" du 09/01/14 : "Décrochage : Le décret sur le libre choix de l'orientation est paru".
Le décret : http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000028445239&dateTexte=&categorieLien=id
- Spoiler:
Si, au terme de ces cinq jours, le cas échéant après une nouvelle rencontre avec le chef d'établissement ou son représentant organisée à la demande de l'élève et ses responsables légaux, ces derniers maintiennent leur choix, le chef d'établissement leur adresse une quenelle. Il en informe l'équipe éducative.
- OudemiaBon génie
Cripure, j'ai failli y croire, j'ai dû relire
- MoonchildSage
Ce qui ne marchera pas puisque les élèves qui auraient pu faire une bonne STI2D et réussir en IUT demandent à aller en première S et ils y sont acceptés ; même ceux qui sont déjà un peu justes en seconde sont de plus en plus souvent pris dans la filière "prestigieuse". Résultat, pour le gros des effectifs, on retrouve en STI2D des élèves qui étaient plus ou moins en échec en seconde (et parfois ceux qui sont arrivés en seconde générale mais qui auraient dû être orientés en LP) et sont incapables de poursuivre jusqu'à bac+5.Zenxya a écrit:Hermione0908 a écrit:On discutait aussi de la réforme des BTS avec les collègues de matières scientifiques et techniques, ils disaient que ce qui est dans les tiroirs, c'est que le BTS devienne le débouché logique de Bac Pro et que les STI2D iraient grossir les rangs des IUT, facs de sciences et écoles d'ingé.
C'est avec cet argument que la réforme STI2D a été vendue. Il faut en faire des Bac +5 et réserver les places de BTS aux Bac Pro. J'essaie de retrouver le document où j'avais vu ça.
Edit : j'ai retrouvé le document :
http://www.ac-paris.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2011-09/introduction_pnf_cdt_17_mars_2011.pdf
Page 14 : Il n'est pas dit directement qu'ils ne doivent pas aller en BTS mais il y est bien montré que c'est pour aller plus loin.
- Douglas ColvinNeoprof expérimenté
Olympias a écrit:C'était pas dans l'intérêt de l'enfantDouglas Colvin a écrit:Je me rappelle avec plusieurs collègues d'avoir discuté de la possibilité d'exclure les parents de la décision finale de l'orientation.
Bon ben, c'est raté on dirait bien...
Parce que cette expérimentation qui sera généralisée à coup sûr est dans l'intérêt de l'élève ?
Je veux bien que tu m'expliques.
Je n'ai jamais compris pourquoi on remettait en cause la décision d'un conseil de classe.
- Docteur OXGrand sage
jean-paul-brighelli et l'orientation choisie...
http://www.lepoint.fr/invites-du-point/jean-paul-brighelli/brighelli-la-demagogie-nationale-13-01-2014-1779521_1886.php
http://www.lepoint.fr/invites-du-point/jean-paul-brighelli/brighelli-la-demagogie-nationale-13-01-2014-1779521_1886.php
La FCPE (Fédération des conseils de parents d'élèves - ordinairement classée "à gauche") est une puissante organisation qui représente un peu moins de 2 % des parents (315 000 membres revendiqués, à rapporter aux 13 millions d'élèves, soit, en gros, 20 millions de parents, en tenant compte des familles nombreuses et des familles recomposées...) N'empêche : elle obtient de Vincent Peillon tout ce qu'elle veut.
Elle vient ainsi de lui extorquer une décision peu commentée, parce qu'elle va au fond dans le sens général de la gabegie scolaire, qui n'a pas commencé avec l'arrivée de la gauche au pouvoir : désormais, dans quelques centaines de collèges pour commencer et dans tous les autres dès que la première vague sera passée et digérée, ce seront les parents qui décideront de l'orientation de leurs enfants à la fin de la troisième.
Les métaphores valent ce qu'elles valent, mais imaginez que la décision d'opérer votre gosse de l'appendicite - ou de le renvoyer dans ses foyers - ne dépende plus du chirurgien, mais de la volonté de ses géniteurs. Le fait d'être parent donne-t-il l'absolue compétence, comme le fait d'être pape donne, depuis 1870 - les papes antérieurs avaient droit à l'erreur et ne s'en sont guère privés -, l'infaillibilité ?
Kevin passera donc en seconde générale
Ainsi donc, le décret du 7 janvier 2014 (bonne année à la FCPE, semble dire le ministre...) précise que "lorsque les propositions [du conseil de classe] ne sont pas conformes aux demandes, le chef d'établissement ou son représentant avec le professeur principal de la classe reçoivent l'élève et ses responsables légaux afin de leur expliquer les propositions du conseil de classe, de recueillir leurs observations et de proposer un entretien avec un conseiller d'orientation psychologue dans un délai de cinq jours ouvrables. Si, au terme de ces cinq jours, le cas échéant après une nouvelle rencontre avec le chef d'établissement ou son représentant organisée à la demande de l'élève et ses responsables légaux, ces derniers maintiennent leur choix, le chef d'établissement prononce une décision d'orientation conforme à ce choix. Il en informe l'équipe éducative."
C'est bien le moins. Le petit Kevin, qui se tournait les pouces tout en semant le désordre et la perturbation, auquel on avait suggéré une filière correspondant à ses capacités inexprimées, passera donc en seconde générale. Il aura donc le bac dans un avenir plus ou moins proche, et il ira conséquemment s'écraser contre le mur de la fac - comme 50 % de ses petits camarades.
Comme seul le pire est toujours sûr, le Café pédagogique, l'organe officiel de cette pensée pédagogique qui a inspiré la loi Jospin, les IUFM, Claude Allègre, Jack Lang et Vincent Peillon, s'interroge : ce diktat ministériel "suffit-il à assurer un réel libre choix des familles ? Aujourd'hui, en fin de troisième, 65 % des élèves sont envoyés en seconde générale et technologique (GT) et 32 % en seconde professionnelle ou CAP. Quelques progrès ont été réalisés depuis 1997, le taux de passage en seconde GT étant passé de 59 à 65 %. Le taux de redoublement a reculé, passant de 7 à 3 %. Les appels pour décision d'orientation concernent que très peu de cas et les décisions finales prises contre le gré des familles sont encore plus rares. Voilà qui plaide en faveur du libre choix des familles."
Les bobos parlent aux bobos
Piqûre de rappel : en cinquième et en première, qui ne sont pas des classes d'orientation, ce sont déjà les parents qui ont le dernier mot. Kevin était déjà passé en quatrième bien qu'il ne sût pas lire, ni écrire, ni compter. Désormais, les parents décideront à peu de choses près, tout au long de l'instruction obligatoire.
Effet évident de la confusion, largement répandue désormais, entre instruction et éducation. Les parents ont toute leur place dans la seconde (enfin, on l'espère), mais quelle est leur compétence dans la première ? Les enseignants ne sont-ils pas les meilleurs juges, après neuf mois de fréquentation quotidienne, du niveau effectif de Kevin et de ses capacités à suivre dans tel ou tel niveau ? Ils sont même mieux au courant que les père et mère de l'adolescent de ses aspirations profondes - les parents souvent n'entendent pas les désirs muets de leur rejeton, obsédés qu'ils sont par des modèles extérieurs, quand ils ne voient pas dans leur progéniture l'occasion de réaliser leurs propres rêves, ou de vivre à travers lui une revanche sur des études interrompues.
Passons sur la dictature de la mode, qui amène tant de parents (et apparemment le ministre lui-même) à rejeter l'enseignement professionnel, pourtant riche de possibilités et réalisant à terme des insertions plus réussies qu'une voie générale mal vécue et mal gérée. Passons sur le fait que les parents les mieux informés des diverses filières ne sont pas forcément ceux des élèves qui ont le plus de difficultés : ce ne sont pas les parents des banlieues difficiles qui protestent le plus - d'ailleurs, on ne les voit presque jamais intervenir dans le cadre scolaire. Ce décret favorise encore une fois les géniteurs d'apprenants (comme on dit dans le langage des pédagogues) qui sont au courant des finesses du système : ici, la Rue de Grenelle, les bobos parlent aux bobos. Passons enfin sur le fait que certaines filières professionnelles très demandées, parce que les débouchés sont nombreux (la spécialisation opticien-lunetier, par exemple), ne peuvent pas accueillir tous ceux qui postulent, par manque de places.
Le droit au bac S
Ce qui est le plus remarquable, dans ce décret préélectoral, c'est la façon dont le ministère obtempère aux desiderata d'une organisation fort peu représentative, mais qui truste les sièges réservés aux parents au Conseil supérieur de l'éducation (huit sur neuf) et impose ses lubies au système scolaire. La présente décision était un voeu formulé en septembre 2012 par Jean-Jacques Hazan, alors président de la FCPE, qui demandait instamment au ministre fraîchement débarqué que les parents soient désormais seuls juges de l'orientation. Son organisation déjà interrogeait : "De quel droit l'éducation nationale s'arroge-t-elle le pouvoir d'orienter les enfants ?" Et elle déclarait ne plus accepter "que l'institution impose ses choix aux élèves, alors même qu'ils sont en capacité de décider de leur avenir. Ce droit au choix existe déjà d'une certaine façon en fin de cinquième ou de première et ne pose aucun problème, pourquoi en serait-il autrement pour les autres classes ?" Les parents ont le secret du bisou magique : ils sont donc compétents dans le traitement de la péritonite.
Sur les forums d'enseignants, les profs (dont l'autorité sortira bien entendu renforcée d'une telle décision) ont des réactions découragées, mais ironiques - c'est tout ce qu'il leur reste : "Tous les élèves qui veulent avoir un bac S y ont droit. 100 % des élèves qui demandent à entrer en filière S y vont. Puis 100 % de réussite au bac. Plan réussite à la fac, plan réussite dans les grandes écoles : tous ceux qui veulent devenir médecins y ont droit, tous ceux qui veulent entrer à l'École des ponts et chaussées aussi, et en sortent tous diplômés : pas d'ingérence indue des professeurs dans les projets des apprenants." Et de proposer, non sans perfidie : "Ensuite, on confie la santé des responsables FCPE à des médecins ainsi choisis et formés, et on leur demande de franchir sous les caméras un pont construit par des ingénieurs du même acabit."
Donnant-donnant
Une ironie qui ne fera pas plaisir au nouveau président de la FCPE, Paul Raoult. Mais il s'en fiche : il a le ministre pour lui, et grâce au ministre, une augmentation d'un tiers de la subvention généreusement accordée à son groupe de pression : en 2012, la FCPE a reçu une subvention de 333 000 euros ; en 2013, cette subvention a été portée à 480 000 euros - une augmentation qui, selon le ministre, correspond à un "rattrapage" par rapport au précédent quinquennat. L'idée que ce coup de pouce (et un peu plus) soit pour quelque chose dans l'attitude si positive de la FCPE sur la délicate question des rythmes scolaires a effleuré la tête de quelques journalistes mal pensants et de quelques enseignants rétifs au lobbying de l'Incompétence.
Cette fois, en passant ce décret démagogique, Peillon achète sans doute le vote des représentants des parents dans les diverses instances qui s'occupent de réorganiser l'éducation. Et, à terme, sans doute espère-t-il la reconnaissance des parents, qui sont aussi des électeurs, aux municipales et aux européennes, où il prendra la tête de la liste PS dans le Sud-Est.
Pour ce qui est de l'intérêt des élèves, qui est, faut-il le rappeler, le souci constant des enseignants, on verra plus tard. Aux calendes grecques.
- Douglas ColvinNeoprof expérimenté
Je vois que je ne suis pas le seul à utiliser la comparaison avec le domaine médical !
- Douglas ColvinNeoprof expérimenté
Je cite la fin de l'article du Café Pédagogique.
Combien de parents se soucient de l'orientation de leur enfant une fois face au mur ? Combien voit-on en réunion parents-profs ? en réunions d'orientation ?
Toujours les mêmes, finalement.
Etre parent c'est pas juste (notamment) monter au créneau quand son chéri n'obtient ce qu'il veut. C'est peut-être aussi lui secouer les puces un peu avant...
La conclusion c'est qu'on ne saurait, dans tous les cas, faire l'impasse pour une véritable éducation à l'orientation. Mais celle-ci peut elle avoir lieu si l'élève et sa famille sont convaincus que la décision finale sera prise sans eux ?
Combien de parents se soucient de l'orientation de leur enfant une fois face au mur ? Combien voit-on en réunion parents-profs ? en réunions d'orientation ?
Toujours les mêmes, finalement.
Etre parent c'est pas juste (notamment) monter au créneau quand son chéri n'obtient ce qu'il veut. C'est peut-être aussi lui secouer les puces un peu avant...
- pitchounetteExpert
ça a déjà commencé...On fusionne des bacs pro pour réduire les posteslisette83 a écrit:Attention cependant à terme ce qui est prévu est la fermeture de classes en LP voire la suppression de LP faute de demandes.
mais on va y arriver un jour où l'autre
- Douglas ColvinNeoprof expérimenté
Quand on veut tuer son chien, on dit qu'il a la rage...
- User5899Demi-dieu
C'est sûr que c'est ennuyeux sur bien des plans. Mais le bordel généralisé qui s'annonce, pour ma part, je ne puis m'empêcher de le guetter avec une impatience amusée.
- Hervé HervéFidèle du forum
La fascination du désastre...
_________________
« Et je demande aux économistes politiques, aux moralistes, s’ils ont déjà calculé le nombre d’individus qu’il est nécessaire de condamner à la misère, à un travail disproportionné, au découragement, à l’infantilisation, à une ignorance crapuleuse, à une détresse invincible, à la pénurie absolue, pour produire un riche ? » (Almeida Garrett cité parJosé Saramago).
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- La semaine de 4,5 jours dès septembre 2013 : le décret est paru au JO le 26 janvier
- Sgen-CFDT, 13 février : "Le décret de 1950 a vécu, vive le décret 2014 !"
- La FCPE revendique une orientation "choisie par l'élève et sa famille".
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- 23 août 2014 : Le nouveau décret sur les missions et les services des enseignants est sorti !
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