- OsmieSage
J'ai 33 ans et j'estime avoir déjà bien subi la sous-instruction au collège et au lycée ; les copines de mon âge également. J'ai dû m'instruire seule (enfin, sans l'école) et je continue. Quand je vois ce que j'ai "appris" au collège et au lycée en Lettres, c'est proche du néant, et je n'exagère pas.Oudemia a écrit:J'avais un mauvais pressentiment, il se confirme maintenant.
Pour moi, stricto sensu, je vais bientôt être hors-jeu, la catastrophe se fera sans moi.
Mais j'ai une flopée de petits-enfants dont la moitié n'est pas encore au collège, ce sont ceux-là qui vont subir... Ceux-là et tous les autres
C'est la continuité de ce système inégalitaire : en fonction de la famille dans laquelle tu nais, ta vie sera plus ou moins facile, mais il ne faut plus compter sur les destins scolaires à la Azouz Begag (je ne parle même pas de Camus...). Le pauvre Azouz serait en ZEP ou en ECLAIR aujourd'hui à étudier du slam en français et des clips de Beyoncé en HDA...super.
Ce qui est fait de l'EN est vraiment dégueulasse.
- OsmieSage
PauvreYorick a écrit:Si les élèves savaient ce qu'est un C.O.D. à la fin de la classe de 1re les moyennes du bac en philosophie seraient très différentes de ce qu'elles sont.MelanieSLB a écrit:plus grave encore, ne sont pas sûrs de savoir ce qu'est un COD.
- User17706Bon génie
Ça aurait de la gueule. À condition qu'une très vaste majorité la signe...Clarianz a écrit:pourquoi ne signerions tous pas une lettre de démission?
- OsmieSage
gauvain31 a écrit:Je pense personnellement que l'un découle de l'autre : je le vois dans ma matière la baisse du nombre d'heure va faire que nous ferons moins d'analyse d'expérience, moins de TP et donc des élèves qui arrivent de moins en moins autonomes, et que nous pourrons pas relever (ou difficilement) à cause du manque d'heures; Des élèves qui ont moins l'occasion d'exercer leur pensée, de raisonner seront oui au final des citoyens peu critiques ... mais n'est-ce pas le but ?? Travailler moins pour penser moins.....Dalilah a écrit:Certes certes. Mais c'était pareil pour nous. Pourtant on n'a pas tout oublié. De deux choses l'une donc : soit cela vient de la manière dont on l'enseigne (à lier entre autre à la réduction du nombre d'heures et aux théories plus ou moins fumeuses de l'ORL), soit nos élèves sont moins intelligents que nous l'étions :-D
"Nos écoles ont été scientifiquement créées pour empêcher que quiconque ne devienne trop éduqué. L'Américain moyen [doit] se contenter de jouer le rôle qui est le sien dans la vie, sans être tenté par un autre."
Wiliam Torrey Harris, philosophe et ministre de l'éducation américain, présentant en quelques mots le rôle de son ministère en 1889.
D'ailleurs, je vous conseille le Manière de voir du Monde diplomatique sur l'école (j'y ai lu cette citation), en kiosque en ce moment. Il est intéressant : des idées pour faire pire que chez nous, d'autres pour faire mieux.
- gauvain31Empereur
Idem en SVT, où l'on demande de formuler des observations à partir de schémas, etc. : Les SVT sont des sciences expérimentales. La première étape de l'analyse scientifique est toujours l'observation (du terrain, de données expérimentales: graphique mais aussi effectivement photographies de microscopie optique ou électronique). Donc oui on les fait travailler plus sur des images qui peuvent constituer une première approche. Mais j'ai déjà dès la 4ème on peut les faire travailler sur des textes de plus de 4 lignes par exemple sur des recueils d'observations scientifique comme celles d'Haroun Tazzief ou de Maurice Krafft en volcanologie. C'est donc très varié..... mais faire observer sur des schémas n'est pas très scientifique comme pratique, car un schéma est déjà une interprétation de la réalité, je préfère les faire travailler sur des photos de la réalité que sur des schémas.V.Marchais a écrit:Tu as raison, Padre, et ce n'est pas le sens de mon propos.
Ce que je veux dire, c'est que, si j'en juge par ce que je vois dans mon collège, les collègues des autres disciplines, quelle que soit leur "orientation pédagogique", et donc leur degré d'harmonie avec le système en place, arrivent tant bien que mal à faire quelques activités gratifiantes avec nos élèves, massivement en grande détresse linguistique, déjà à l'oral, a fortiori à l'écrit. Ils sont nombreux à ne pas comprendre un texte simple de plus de 4 lignes, à ne pas savoir écrire une phrase correcte, encore moins aligner 3 ou4 phrases de façon logique. Malgré cela, les collègues d'Histoire, qui travaillent beaucoup à partir de documents imagés, arrivent à faire parler, voire vaguement écrire, à partir de ces images. Idem en SVT, où l'on demande de formuler des observations à partir de schémas, etc.
Je pense que c'est plus difficile en maths où les lacunes aussi bien en calcul qu'en vocabulaire (mes 6e ignorent le sens des mots centre ou diagonale...) créent vite des blocages énormes.
Mais en Français, on en arrive à un point où l'on ne peut plus se raccrocher à rien. On n'arrive plus à rien faire en rapport avec les attentes du collège. J'ai fait ma première éval de lecture sur la poésie avec un texte de niveau CE, presque une comptine, et plutôt que de me résigner à lire des réponses non rédigées ou rédigées n'importe comment, j'ai imposé des débuts de phrase pour chaque réponse. Mes premières rédactions font 8 lignes (et les élèves, qui n'ont jamais rédigé, suent sang et eau pour répondre à mes exigences redoutables : majuscule, point, verbe conjugué, sens phrase à phrase et sens général), il nous a fallu 2 heures pour accoucher (dans la douleur) de ces huit lignes. Nous faisons de nombreux exercices sur la rédaction de la phrase. Je ne peux pas aller au-delà pour l'instant. Il y a un gouffre entre ce que je suis censée faire et ce que je peux faire. Et je n'ai aucune activité à laquelle me raccrocher pour donner aux élèves ou à moi-même l'impression d'être un peu à l'aise, de réussir.
J'ai une collègue d'HG extra (celle avec qui je conduis le projet d'écriture en commun), elle souffre comme moi des choix délirants de l'EN, elle lutte comme elle le peut. En ce sens, je suis d'accord avec toi. Mais en classe, elle en convient elle-même, elle est moins souvent mise en situation d'impuissance, même si "le passage à l'écrit" est aussi laborieux chez elle que chez moi. Elle a pour elles, sans déroger à son programme, toutes les ressources des docs imagés, les jeux de rôle en EC...
L'écrit, en Français, au collège, nous y sommes confrontés en permanence. On lit, on explique, on écrit, on rédige. Pas moyen de faire autre chose.
Ou alors si, si on cède aux sirènes de l'analyse d'image et du débat oral inepte à tout crin.
J'vais p'têt m'y mettre, finalement.
- gauvain31Empereur
Ensuite concernant l'évolution des programmes il ne faut pas être pessimiste et fataliste. Dans la première mouture des nouveaux programmes de lycée, il était prévu de rendre les SVT facultative.... l'académie des sciences nous a sauvé.... finalement les SVT sont restées, comme les SES d'ailleurs. Il faudra juste rester vigilant et réactif.. et combattif
- PhilomèleNiveau 9
Je réagis à la fois sur les messages de Barèges et de Janne, en digression de ce fil - même si on a raison d'être vigilant et d'observer globalement ce qui se trame en ce moment. Ce que rapporte V. Marchais est effectivement alarmant.Janne a écrit:Le niveau disciplinaire obtenu avec le master MEEF sera bas, insuffisant. Trois ans de disciplinaire, deux ans de machins flous.barèges a écrit:A croiser avec ce qui se fait et se prépare dans les espés, et avec les maquettes des nouveaux CAPES.
Les premières promotions de professeurs formés en espé vont arriver au moment de la mise en oeuvre des nouveaux programmes. On peut voir le processus dans l'autre sens : les nouveaux programmes seront faits pour être enseignés par ces nouvelles promotions de professeurs, dans la couleur idéologique et politique qui est celle des espés et des CAPES 2014 et suivants.
Un seul élément parmi d'autres : la mention de la matière du concours n'apparaît plus au premier chef dans les master enseignement. Les étudiants sont inscrits en master MEEF mention PE, PLC, PLP, CPE. En sous-sous-sous- titre du diplôme qu'ils préparent apparaît (pour l'instant) la matière, lettres, maths, etc.
La monovalence vit ses dernières heures. Les programmes, dans cette hypothèse, seront adaptés à ce principe d'économie. Inter-disciplinarité à tout crin, blocs horaires de deux ou trois matières mixées ("humanités", "sciences-maths"), horaires disciplinaires diminués, ça ne paraîtrait pas absurde ni si irréaliste.
En revanche pour la formation dans le cadre de l'ESPE, d'après celle qui se met en place dans mon établissement, ces craintes ne sont pas fondées en l'état. Ce qui se met réellement en place ne me paraît ni inquiétant ni flou. Je parle en tant que responsable du bidule, mention Lettres, pour l'ESPE et mon UFR, dans mon université Z, et responsable a priori plutôt mouvance sceptique.
Il est bien évident qu'en pratique, chaque U.F.R. "dans le cadre de l'ESPE" continue à assurer sa formation, sur le modèle de la formation au CAPES disciplinaire, telle qu'elle existait précédemment.
Entre nous, c'est d'ailleurs grâce à cette force d'inertie qu'on arrive à mettre en place une formation, parce que tout se fait dans une telle précipitation... Je ne vois aucune amorce de mutualisation contrainte ou de bivalence. En fait, tant que les concours eux-mêmes seront monodisciplinaires, les diplômes MEEF le seront aussi.
Toujours vu depuis ma lorgnette, nous avons même augmenté le volume horaire de la préparation disciplinaire. La maquette de cours est à 500 heures en M1, dont 350 h disciplinaires. Le reste comprend les aspects techniques de l'exercice du métier, effectivement communs à plusieurs disciplines en Lettres et Sciences humaines (conférences de CDE, inspecteurs, etc.), la didactique, le stage filé en établissement.
Je ne vois rien d'alarmant non plus en M2, soit 100 h disciplinaire et 100 h didactique (théorie et pratique, dont stage), après obtention du concours.
Pour couronner l'édifice, les coefficients du bloc disciplinaire sont hypertrophiés par rapport aux autres et les étudiants n'auront pas de faux-fuyants car il n'y a pas de compensation entre éléments. Il faudra donc qu'ils aient un niveau disciplinaire au minimum correct pour valider le diplôme. C'est d'ailleurs bien notre souci : éviter des cohortes d'admis au concours (y paraît qu'on recrute) et dans le même temps collés au master donc non admis en M2.
En l'état, je trouve le M1 est très lourd et il faudra rôder un peu les choses. Ce qui m'inquiète, c'est plutôt le niveau si bas à l'entrée en L1 (cette année encore : il est où le smiley horreur ?) et la difficulté à mettre les étudiants au travail au cours de la licence (cette année encore les L2 : il est où le smiley horreur ?). On sent un réveil en L3 mais c'est tard, après 17 ans de scolarité sabotée, ou presque.
Désolée pour la digression. Je voulais éviter que vous regardiez d'un oeil torve les nouveaux collègues qui arriveront l'année prochaine.
- OsmieSage
Je trouve ton intervention intéressante : d'après ce que tu écris et ce que j'ai entendu par ailleurs, chaque fac met en place son master MEEF avec le contenu qu'elle peut (d'où le manque de disciplinaire ici ou là).Philomèle a écrit:Je réagis à la fois sur les messages de Barèges et de Janne, en digression de ce fil - même si on a raison d'être vigilant et d'observer globalement ce qui se trame en ce moment. Ce que rapporte V. Marchais est effectivement alarmant.Janne a écrit:Le niveau disciplinaire obtenu avec le master MEEF sera bas, insuffisant. Trois ans de disciplinaire, deux ans de machins flous.barèges a écrit:A croiser avec ce qui se fait et se prépare dans les espés, et avec les maquettes des nouveaux CAPES.
Les premières promotions de professeurs formés en espé vont arriver au moment de la mise en oeuvre des nouveaux programmes. On peut voir le processus dans l'autre sens : les nouveaux programmes seront faits pour être enseignés par ces nouvelles promotions de professeurs, dans la couleur idéologique et politique qui est celle des espés et des CAPES 2014 et suivants.
Un seul élément parmi d'autres : la mention de la matière du concours n'apparaît plus au premier chef dans les master enseignement. Les étudiants sont inscrits en master MEEF mention PE, PLC, PLP, CPE. En sous-sous-sous- titre du diplôme qu'ils préparent apparaît (pour l'instant) la matière, lettres, maths, etc.
La monovalence vit ses dernières heures. Les programmes, dans cette hypothèse, seront adaptés à ce principe d'économie. Inter-disciplinarité à tout crin, blocs horaires de deux ou trois matières mixées ("humanités", "sciences-maths"), horaires disciplinaires diminués, ça ne paraîtrait pas absurde ni si irréaliste.
En revanche pour la formation dans le cadre de l'ESPE, d'après celle qui se met en place dans mon établissement, ces craintes ne sont pas fondées en l'état. Ce qui se met réellement en place ne me paraît ni inquiétant ni flou. Je parle en tant que responsable du bidule, mention Lettres, pour l'ESPE et mon UFR, dans mon université Z, et responsable a priori plutôt mouvance sceptique.
Il est bien évident qu'en pratique, chaque U.F.R. "dans le cadre de l'ESPE" continue à assurer sa formation, sur le modèle de la formation au CAPES disciplinaire, telle qu'elle existait précédemment.
Entre nous, c'est d'ailleurs grâce à cette force d'inertie qu'on arrive à mettre en place une formation, parce que tout se fait dans une telle précipitation... Je ne vois aucune amorce de mutualisation contrainte ou de bivalence. En fait, tant que les concours eux-mêmes seront monodisciplinaires, les diplômes MEEF le seront aussi.
Toujours vu depuis ma lorgnette, nous avons même augmenté le volume horaire de la préparation disciplinaire. La maquette de cours est à 500 heures en M1, dont 350 h disciplinaires. Le reste comprend les aspects techniques de l'exercice du métier, effectivement communs à plusieurs disciplines en Lettres et Sciences humaines (conférences de CDE, inspecteurs, etc.), la didactique, le stage filé en établissement.
Je ne vois rien d'alarmant non plus en M2, soit 100 h disciplinaire et 100 h didactique (théorie et pratique, dont stage), après obtention du concours.
Pour couronner l'édifice, les coefficients du bloc disciplinaire sont hypertrophiés par rapport aux autres et les étudiants n'auront pas de faux-fuyants car il n'y a pas de compensation entre éléments. Il faudra donc qu'ils aient un niveau disciplinaire au minimum correct pour valider le diplôme. C'est d'ailleurs bien notre souci : éviter des cohortes d'admis au concours (y paraît qu'on recrute) et dans le même temps collés au master donc non admis en M2.
En l'état, je trouve le M1 est très lourd et il faudra rôder un peu les choses. Ce qui m'inquiète, c'est plutôt le niveau si bas à l'entrée en L1 (cette année encore : il est où le smiley horreur ?) et la difficulté à mettre les étudiants au travail au cours de la licence (cette année encore les L2 : il est où le smiley horreur ?). On sent un réveil en L3 mais c'est tard, après 17 ans de scolarité sabotée, ou presque.
Désolée pour la digression. Je voulais éviter que vous regardiez d'un oeil torve les nouveaux collègues qui arriveront l'année prochaine.
Ensuite, sans regarder les nouveaux collègues d'un œil torve (à 25 ans aujourd'hui, à mon sens, on a subi l'enseignement du secondaire plus qu'on en a bénéficié), on sait que le niveau baisse et que c'est un problème crucial.
Avec les horaires plafonds qu'évoque Véronique, on peut craindre le pire, à moins que le plafond ne soit fixé entre 6h et 9h hebdomadaires pour un 6e !
- barègesÉrudit
Je trouve aussi cette intervention intéressante et rassurante : pour le coup, il y a des mises en oeuvre différentes des cadrages nationaux. Ce n'est pas vraiment une digression, il est bien censé y avoir une forme de continuité entre la formation des enseignants et ce qu'ils enseignent.
Il n'est pas question de regarder qui que ce soit d'un oeil torve ! Simplement, les étudiants des espés seront forcément habitués à raisonner en termes d'apprendre à apprendre, etc, et moins choqués par les éventuels nouveaux programmes plus transversaux que ce que l'on connaît. Ce que tu vois du côté disciplinaire (majoritaire en première année, qui est tout de même celle du concours, et à part égale avec la didactique en seconde année) ne préjuge pas de ce qui est enseigné du côté "iufm" (un tiers de la première année, la moitié de la seconde).
Quand je parlais de bi(pluri-)valence, c'était pour les professeurs en exercice, plus que pour la formation. Et pour des raisons bêtement comptables, entre autres. J'ai déjà entendu dans les médias dire que vu qu'on aurait un cycle cm-sixième, il faudrait aussi réfléchir au fait que les élèves passent d'un maître à dix professeurs, qu'il faudrait lisser tout cela. Donc il faudrait qu'un professeur ait plusieurs casquettes dans les "petites" classes du collège.
Il n'est pas question de regarder qui que ce soit d'un oeil torve ! Simplement, les étudiants des espés seront forcément habitués à raisonner en termes d'apprendre à apprendre, etc, et moins choqués par les éventuels nouveaux programmes plus transversaux que ce que l'on connaît. Ce que tu vois du côté disciplinaire (majoritaire en première année, qui est tout de même celle du concours, et à part égale avec la didactique en seconde année) ne préjuge pas de ce qui est enseigné du côté "iufm" (un tiers de la première année, la moitié de la seconde).
Quand je parlais de bi(pluri-)valence, c'était pour les professeurs en exercice, plus que pour la formation. Et pour des raisons bêtement comptables, entre autres. J'ai déjà entendu dans les médias dire que vu qu'on aurait un cycle cm-sixième, il faudrait aussi réfléchir au fait que les élèves passent d'un maître à dix professeurs, qu'il faudrait lisser tout cela. Donc il faudrait qu'un professeur ait plusieurs casquettes dans les "petites" classes du collège.
- Asha KrakenNeoprof expérimenté
Pareil, si je continue à lire horaires plancher, évaluation par compétences et annualisation, je sors une corde.... Quels pauvres malades voudront devenir profs à ce tarif-là ?Nita a écrit:Je crois que je vais arrêter de lire ce fil, il me déprime trop.
- V.MarchaisEmpereur
D'ailleurs, le plancher qui devient plafond, si c'est pas une preuve qu'ils nous fichent tout sens dessus dessous...
- User5899Demi-dieu
Et quand on voit combien ils sont nuls sur les textes... Feraient mieux de faire de la grammaire, tiens !Dalilah a écrit:J'avais entamé un petit récapitulatif sur la valeur des temps en début d'année avec les secondes. C'était juste avant que je ne m'aperçusse qu'ils n'en maîtrisaient pas la formation. Du coup, après un cours sur la morphologie du passé simple en demi-groupe la semaine dernière, je compte faire bouffer à mes secondes de longues heures d'analyse logique jusqu'à décembre. On va tout réviser. Aux grands maux les grands remèdesPauvreYorick a écrit:Si les élèves savaient ce qu'est un C.O.D. à la fin de la classe de 1re les moyennes du bac en philosophie seraient très différentes de ce qu'elles sont.MelanieSLB a écrit:plus grave encore, ne sont pas sûrs de savoir ce qu'est un COD.
Sinon, rapide sondage en classe entière cette semaine : "que faisiez-vous en grammaire au collège? -On n'en faisait pas m'dame, on faisait que des textes!" Voilà voilà. Je suis sûre qu'ils ont commenté moult images aussi
- User5899Demi-dieu
Vous avez essayé de faire du fromage avec les copies que "donnent" nos élèves ?gauvain31 a écrit:Mais n'est-ce pas déjà le cas ??Hermione0908 a écrit:Ça me donne envie d'aller élever des chèvres...
- CowabungaHabitué du forum
Moi. Je continuerai à faire comme maintenant : dire "oui, oui, bien sûr, vous avez raison" à toute la clique qui me veut simple exécutante, et régner sans partage au sein de ma classe, à coup d'analyse grammaticale quotidienne, exercice d'écriture un jour sur deux, de lecture de textes trop durs pour eux, programmes par-dessus bord.Asha Kraken a écrit:Pareil, si je continue à lire horaires plancher, évaluation par compétences et annualisation, je sors une corde.... Quels pauvres malades voudront devenir profs à ce tarif-là ?Nita a écrit:Je crois que je vais arrêter de lire ce fil, il me déprime trop.
Pas question de baisser les bras, d'abandonner les gamins aux mains d'un illuminé à peine compétent en français (et qui n'a jamais étudié le latin ) qui fera garderie vaguement culturelle au lieu de leur apprendre tout ce qui développera leur pensée, leurs pensées : la langue.
Et donc : je veux connaître mon ennemi.
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"La parole est mon domaine, la parole est mon royaume" Paul Ricoeur
- Asha KrakenNeoprof expérimenté
Votre attitude est rassurante et louable Cowabunga mais quand les CDE zélés nous presseront le citron à grands coups d'horaires aménagés (je vois ce que ça donne pour les copains dans le privé et m'est avis que dans l'EN, notre statut ressemblera davantage à celui d'un chef de rayon chez Bricomarché qu'à celui d'un cadre sup ), de journées banalisées et de réunions sur les couleurs de gommettes à coller sur une feuille , tout cela en plus de nos horaires d'animation (parce que cela ne s'appellera plus enseigner, je suis doc, ma vie c'est le BAFA sans le costume de lapin, je ne vous le souhaite pas ! Désolée les collègues docs , je suis en rogne ce soir) , ce sera merveilleux et même en résistant , l'on ne sera plus maîtres de nos EDT et beaucoup de choses nous échapperont de fait.
Après , l'on nous contraindra à la polyvalence et on aura le même enseignement de la primaire jusqu'à la fac pour faire plaisir à la Cour des Comptes et à ces irresponsables nullissimes pour lesquels j'ai eu la faiblesse de voter. Quand on voit le delirium que sont les TAP et ce à quoi sont confrontés les collègues du primaire, je pense que nous n'avons guère d'illusions à nous faire. Les fondamentaux réduits à la portion congrue pour faire des beaux projets inter-établissements, c'est d'ores et déjà une réalité pour les PE sous pression des inspections (ce matin même je discutais avec une collègue furax de constater qu'une heure de français avait sauté dans la classe de sa môme au profit d'un magnifique projet "chorale" commandité par les mamamouchis du secteur), je vois pas vraiment d'issue...
Après , l'on nous contraindra à la polyvalence et on aura le même enseignement de la primaire jusqu'à la fac pour faire plaisir à la Cour des Comptes et à ces irresponsables nullissimes pour lesquels j'ai eu la faiblesse de voter. Quand on voit le delirium que sont les TAP et ce à quoi sont confrontés les collègues du primaire, je pense que nous n'avons guère d'illusions à nous faire. Les fondamentaux réduits à la portion congrue pour faire des beaux projets inter-établissements, c'est d'ores et déjà une réalité pour les PE sous pression des inspections (ce matin même je discutais avec une collègue furax de constater qu'une heure de français avait sauté dans la classe de sa môme au profit d'un magnifique projet "chorale" commandité par les mamamouchis du secteur), je vois pas vraiment d'issue...
- CowabungaHabitué du forum
Alors là, c'est l'avantage d'être prof LC en ECLAIR : les gommettes, j'ai déjà ; la réunionnite, j'ai déjà ; les horaires aménagés (plafond, quoi), j'ai déjà ; l'EDT délirant, j'ai déjà ; la polyvalence, j'ai déjà ; les illusions, il y a longtemps que je n'en ai plus ; les fondamentaux réduits, j'ai déjà (tu n'as pas idée à quel point) ; les projets à la pelle, j'ai déjà.
Il n'y a pas d'issue, tu ne risques pas de la voir.
Je ne cherche pas une issue, je trouve des moyens détournés. 80% de mon temps de travail consiste à contourner des décisions absurdes, voire nuisibles. Et je laisserais ma place à un ravi de la crèche ? Jamais.
Il n'y a pas d'issue, tu ne risques pas de la voir.
Je ne cherche pas une issue, je trouve des moyens détournés. 80% de mon temps de travail consiste à contourner des décisions absurdes, voire nuisibles. Et je laisserais ma place à un ravi de la crèche ? Jamais.
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- LilypimsGrand sage
Comment ça ?Cowabunga a écrit:Alors là, c'est l'avantage d'être prof LC en ECLAIR : les gommettes, j'ai déjà ; la réunionnite, j'ai déjà ; les horaires aménagés (plafond, quoi), j'ai déjà ; l'EDT délirant, j'ai déjà ; la polyvalence, j'ai déjà ; les illusions, il y a longtemps que je n'en ai plus ; les fondamentaux réduits, j'ai déjà (tu n'as pas idée à quel point) ; les projets à la pelle, j'ai déjà.
Il n'y a pas d'issue, tu ne risques pas de la voir.
Je ne cherches pas une issue, je trouve des moyens détournés. 80% de mon temps de travail consiste à contourner des décisions absurdes, voire nuisibles. Et je laisserais ma place à un ravi de la crèche ? Jamais.
- Asha KrakenNeoprof expérimenté
Ben fallait le dire tout de suite collègue ninja ! Je comprends d'autant mieux le pseudo de super warrior (parce qu'il faut la foi pour bosser dans de telles conditions! Que la force soit avec toi ! ).
- CowabungaHabitué du forum
Horaires aménagés : en français, 4h30 au lieu de 5h en 6e, parce que "les demi-groupes c'est mieux pour la pédagogie différenciée" ; en latin, 2 X 1h30 (devenus 2X 1h) au lieu de 3 X 1h parce que "l'amplitude horaire n'est pas assez large à cause des bus"
Polyvalence : moi = français, latin (ptet bientôt grec, à voir), HA ; mes collègues scientifiques se prennent l'enseignement conjoint sur le coin de la tronche ; il nous reste deux PEGC.
Fondamentaux réduits : "faites des projets pour la liaison cycle 3 étendu", "nous devons initier les élèves à la recherche documentaire, c'est comme du français, alors vous partagerez une heure", " nous avons un partenariat avec tel établissement", "nous avons un jumelage avec tel musée", "il faut organiser plus de sorties pour cultiver nos élèves"... je fais caca aussi ou tout le monde a compris ?
Polyvalence : moi = français, latin (ptet bientôt grec, à voir), HA ; mes collègues scientifiques se prennent l'enseignement conjoint sur le coin de la tronche ; il nous reste deux PEGC.
Fondamentaux réduits : "faites des projets pour la liaison cycle 3 étendu", "nous devons initier les élèves à la recherche documentaire, c'est comme du français, alors vous partagerez une heure", " nous avons un partenariat avec tel établissement", "nous avons un jumelage avec tel musée", "il faut organiser plus de sorties pour cultiver nos élèves"... je fais caca aussi ou tout le monde a compris ?
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"La parole est mon domaine, la parole est mon royaume" Paul Ricoeur
- LilypimsGrand sage
Merci pour la réponse, Cowabunga.
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...il faut continuer, je ne peux pas continuer, il faut continuer, je vais donc continuer...
- Asha KrakenNeoprof expérimenté
Nan nan pitié j'ai déjà passé la serpillière !:lol: Cela dit, évoqué comme cela, ben effectivement on y est déjà (disons que ça va être pire alors... :lol: )! Qu'est-ce qu'on les cultive les élèves ! "La recherche doc c'est comme du français" , ça me défrise rien qu'à le lire !
- LoreleiiNeoprof expérimenté
Si les horaires de français baissent et que je me retrouve avec davantage de classes, alors je ferai moins de contrôles / devoirs et surtout moins de rédactions ! Quand je vois le temps que je mets à corriger ces rédacs, je me dis que je suis incapable d'en faire plus ! Je bosse tous les we pour le collège alors que je suis à temps partiel (15h) ! En fait, je travaille tout le temps. Le collège me mange la vie ... J'aime mon travail, mais il ne faut pas me demander d'en faire encore plus!
C'est sûr que ce sont les élèves qui seront les grands perdants, mais comme l'EN ne fonctionne plus qu'à "toujours plus d'économies", cela ne chagrinera pas nos décideurs...
Quant au classement international de notre école, ben, il sera encore plus mauvais...
Et on accusera les profs de mal faire leur travail !
C'est sûr que ce sont les élèves qui seront les grands perdants, mais comme l'EN ne fonctionne plus qu'à "toujours plus d'économies", cela ne chagrinera pas nos décideurs...
Quant au classement international de notre école, ben, il sera encore plus mauvais...
Et on accusera les profs de mal faire leur travail !
- MarieLNeoprof expérimenté
Tous ces "aménagements" sont "expérimentés" dans le cadre de l'éducation prioritaire. Maintenant, il est question d'étendre ces expérimentations formidables et tellement efficaces à tout le monde, la résistance va devenir extrêmement difficile tout de même.Cowabunga a écrit:Alors là, c'est l'avantage d'être prof LC en ECLAIR : les gommettes, j'ai déjà ; la réunionnite, j'ai déjà ; les horaires aménagés (plafond, quoi), j'ai déjà ; l'EDT délirant, j'ai déjà ; la polyvalence, j'ai déjà ; les illusions, il y a longtemps que je n'en ai plus ; les fondamentaux réduits, j'ai déjà (tu n'as pas idée à quel point) ; les projets à la pelle, j'ai déjà.
Il n'y a pas d'issue, tu ne risques pas de la voir.
Je ne cherche pas une issue, je trouve des moyens détournés. 80% de mon temps de travail consiste à contourner des décisions absurdes, voire nuisibles. Et je laisserais ma place à un ravi de la crèche ? Jamais.
Ceci dit, je suis d'accord avec la dernière interrogation. Quitter le navire revient plus ou moins à accélérer le naufrage.
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Je suis ce que je suis et je suis l'être même, je suis ma volonté en moi-même exaucée - A. Kalda
- Asha KrakenNeoprof expérimenté
Entièrement d'accord, la résistance va même devenir impossible de fait , faire de la grammaire lorsque l'on imposera de faire un super rallye avec les CM2 du secteur sur les horaires par exemple...Axel a écrit:Tous ces "aménagements" sont "expérimentés" dans le cadre de l'éducation prioritaire. Maintenant, il est question d'étendre ces expérimentations formidables et tellement efficaces à tout le monde, la résistance va devenir extrêmement difficile tout de même.Cowabunga a écrit:Alors là, c'est l'avantage d'être prof LC en ECLAIR : les gommettes, j'ai déjà ; la réunionnite, j'ai déjà ; les horaires aménagés (plafond, quoi), j'ai déjà ; l'EDT délirant, j'ai déjà ; la polyvalence, j'ai déjà ; les illusions, il y a longtemps que je n'en ai plus ; les fondamentaux réduits, j'ai déjà (tu n'as pas idée à quel point) ; les projets à la pelle, j'ai déjà.
Il n'y a pas d'issue, tu ne risques pas de la voir.
Je ne cherche pas une issue, je trouve des moyens détournés. 80% de mon temps de travail consiste à contourner des décisions absurdes, voire nuisibles. Et je laisserais ma place à un ravi de la crèche ? Jamais.
Ceci dit, je suis d'accord avec la dernière interrogation. Quitter le navire revient plus ou moins à accélérer le naufrage.
Quitter le navire contribuera à faire couler le bateau malheureusement, mais qui pourra le reprocher en conscience à des profs qui ne feront absolument plus ce pour quoi ils ont voulu exercer cette fonction ?:| (et je n'évoque pas ce qui nous pend au nez avec l'annualisation, j'ai une copine prof en CFA, ça fait pas envie du tout, et bien évidemment, elle n'est pas mieux rémunérée, ce serait pas drôle sinon)
- DinaaaExpert spécialisé
Comme plusieurs sur le fil, c'est malheureux, mais j'ai un réflexe très primaire : je m'inquiète pour mes enfants.
Mon fils a 8 ans, il est en CM1, il a enfin commencé à faire des dictées cette année (3 depuis le début de l'année), n'a jamais fait une rédaction, n'a jamais lu un livre pour l'école.
Il ne sait pas faire une division, peine avec une multiplication, a besoin de poser la moindre addition.
Son enseignement scolaire est une catastrophe, je crains qu'il n'y ait pas d'autre mot.
Pourtant il fait absolument tout ce que ses enseignants lui demandent de faire, apprend tout (pour le peu...) et de l'avis de ses maîtres, est très attentif.
Alors quoi ?
Qu'est-ce qui explique ce niveau aussi faible ?
Heureusement, cette année il fera du roller, du patin à glace et du volley.
Et puis l'année dernière, son maître a consacré beaucoup de temps à la préparation du spectacle de fin d'année : c'était important d'apprendre à taper sur des bidons en rythme...
Pardon pour cette digression personnelle, mais si je m'inquiète pour mes élèves, je suis surtout très angoissée pour mes enfants et leur avenir.
Mon fils a 8 ans, il est en CM1, il a enfin commencé à faire des dictées cette année (3 depuis le début de l'année), n'a jamais fait une rédaction, n'a jamais lu un livre pour l'école.
Il ne sait pas faire une division, peine avec une multiplication, a besoin de poser la moindre addition.
Son enseignement scolaire est une catastrophe, je crains qu'il n'y ait pas d'autre mot.
Pourtant il fait absolument tout ce que ses enseignants lui demandent de faire, apprend tout (pour le peu...) et de l'avis de ses maîtres, est très attentif.
Alors quoi ?
Qu'est-ce qui explique ce niveau aussi faible ?
Heureusement, cette année il fera du roller, du patin à glace et du volley.
Et puis l'année dernière, son maître a consacré beaucoup de temps à la préparation du spectacle de fin d'année : c'était important d'apprendre à taper sur des bidons en rythme...
Pardon pour cette digression personnelle, mais si je m'inquiète pour mes élèves, je suis surtout très angoissée pour mes enfants et leur avenir.
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