- Marcel KhrouchtchevEnchanteur
Moi je suis d'accord avec toi sur le constat. Mais, encore une fois, je pense que l'école n'avait pas grand-chose dans la promotion sociale de ceux que tu cites.doublecasquette a écrit:Alors, parlons des exceptions d'aujourd'hui ? Sont-elles plus, autant ou moins nombreuses que celles d'alors ?
Et en quoi sont-elles exceptionnelles ?
Sur ce, je voudrais vraiment aller m'attaquer à ma priorité du moment, le chapitre XII de mon bouquin sur l'École Maternelle : Du langage oral au langage écrit... :gratte:
J'éteins vite internet parce que, sinon, j'aurai encore ce soir le regret d'avoir perdu mon temps au lieu de l'avoir rendu fécond. Bon après-midi à tous !
Bon courage pour le bouquin en tout cas!
- ElyasEsprit sacré
Des exceptions géniales, des exemples qui ont eu une perception pleine de génie, des gens de talents au milieu de la masse que l'école devrait amener tous ensemble à un haut niveau de savoir.doublecasquette a écrit:Les syndicalistes ouvriers des années glorieuses dont la grande culture historique et politique et la grande facilité d'élocution et d'argumentation firent parfois des membres éminents de leurs partis, des députés reconnus ou des ministres compétents font-ils partie de ces élites méritantes qui avaient suffisamment servi la bourgeoisie pour être admises à leur table d'étude ?Elyas a écrit:Qu'on soit clair, je rejoins totalement la position de cliohist. Pire, dans ce genre de débat, on met toujours en avant les exceptions, ces gens "méritants" en oubliant que le mérite existe dans le regard d'autrui et en conséquence à cette époque dans le regard des élites. Etaient méritants ceux et celles qui montraient pattes blanches, qui prouvaient qu'ils avaient intégré les codes de l'élite et ue surtout rien ne serait bousculé (ma famille en est la preuve, et non, s'ils n'ont pas fait d'étude, ce n'est pas par manque de moyens intellectuels ou d'envie personnelle ET familiale mais bien du fait qu'ils n'en avaient pas les moyens matériels). Bref, c'est un long débat.
Par contre, je rejoins la confusion volontaire qui est faite entre massification et démocratisation avec la chute de la promotion sociale, comme s'il n'était plus nécessaire à notre époque de prouver qu'on eput y arriver par le "mérite" (avec tout ce que j'ai déjà expliqué sur ce que recouvre cette notion).
Mais, doublecasquette, je pense qu'on ne se convaincra ni l'un ni l'autre ;)E Mais un débat, c'est toujours vivifiant (moi je dois relire le chapitre 6 de Didier Cariou sur Ecrire en histoire... que j'ai oublié au collège... évidemment).
- AnaxagoreGuide spirituel
http://www-fourier.ujf-grenoble.fr/~demailly/manuscripts/SavoirsFondamentaux.pdfAnaxagore a écrit:De mémoire, leGryphe a écrit:Si tu as des études précises et solides à ce sujet, je suis preneuse (et vivement intéressée). J'ai cherchéParatge a écrit:Que ce soit les prépas ou les grandes écoles, le pourcentage de gens venant de catégories sociales comme ouvriers, employés ou paysans baisse sans arrêt.
Les enseignants même chose.
Bel exemple de démocratisation. Et depuis 1995 celle-ci stagne au mieux, voir le bac pipeau...
- et trouvé le lien mentionné ci-dessous:
une recherche documentée sur l'accès aux plus grandes écoles en fonction de l'origine sociale :
http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/es361b.pdf (c'est l'étude n°21 ci-dessous.)
En gros, cette étude comme d'autres montrent que, alors que l'école était en train de réussir sa démocratisation, il y a eu un tournant à partir des années 1980, aggravé à partir de 1995, et l'école d'aujourd'hui est davantage injuste socialement que dans les années 1970. La massification a caché une diminution de la démocratisation.
(>Si une étude publiée en 2003 21(*) met en avant une certaine démocratisation, dans la période allant des années 1940 aux années 1970, la probabilité d'intégrer une grande école, pour les générations nées dans les années 1960, reste encore de 20 % pour un fils de professeur ou de profession libérale, alors qu'elle n'est que de 5 % environ pour un élève issu de milieu intermédiaire et de 1 % seulement pour un enfant d'ouvrier qualifié. (L'écart est énorme !)
Cette même étude souligne, par ailleurs, une interruption de la démocratisation de l'accès aux grandes écoles à partir des années 1980, alors que l'université continuait, en parallèle, à se démocratiser.
Ainsi, dans un récent rapport intitulé « Ouvrir les grandes écoles à la diversité », l'Institut Montaigne relève que, « depuis le début des années 1980, les inégalités d'accès aux écoles en charge de la formation des élites de la Nation se creusent de nouveau ».)
Source : http://www.senat.fr/rap/r06-441/r06-44137.html
et je trouve que ce n'est pas très probant, dans la mesure où parallèlement, le % d'ouvriers baisse dans la population générale. Du coup, la comparaison des chiffres est hasardeuse.
Bref, si vous connaissez d'autres études à ce sujet, n'hésitez pas à les signaler !rapportThélot (?).
Page 8 en bas il y a la référence exacte.
- retraitéeDoyen
Dans ma campagne à moi, ce n'était pas du tout le cas, et des fils de paysans alcooliques ou d'ouvriers pauvres ont pu devenir, par exemple, dentiste, chirurgien, enseignants etc. Plus de la moitié de ma classe de CM est allée en 6e!Isis39 a écrit:Ce n'est qu'une vision parcellaire et personnelle mais autour de moi (notamment dans ma famille très nombreuse et issue de l'agriculture), l'école des années 60 a permis d'apprendre de très bonnes bases, mais certainement pas de réussir. Dans les campagnes, très peu accédaient au collège, d'autant plus dans les familles modestes.Gryphe a écrit:
Je me permets d'ajouter que, bien que non spécialiste, je crois savoir qu'il y a sur ce forum des personnes, dont doublecasquette, qui vont t’expliquer preuves à l'appui que l'école des années 1960 n'était pas si "élitiste" que ça et permettait de faire réussir somme toute pas mal de monde. (En gros, la démocratisation aurait précédé la massification, si j'ai bien compris.)
Mais les instituteurs se démenaient pour convaincre les parents de laisser leurs enfants continuer les études, et pour leur obtenir des bourses.
Et Les collèges n'existaient pas. C'était le cours complémentaire (6e/3e) ou le lycée, avec souvent internat, (6e/terminale).
- doctor whoDoyen
Allez, on le remet encore un coup : sur la massification.
http://michel.delord.free.fr/massif.pdf
http://michel.delord.free.fr/massif.pdf
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Mon blog sur Tintin (entre autres) : http://popanalyse.over-blog.com/
Blog pédagogique : http://pedagoj.eklablog.com
- ParatgeNeoprof expérimenté
Cette propagande sur la pseudo-démocratisation est faite par les pédagos pour faire croire qu'ils sont à l'origine d'un « progrès », eux qui se prétendent progressistes.
Or ce serait plutôt le contraire, toutes leurs réformes en trompe-l'œil se payent de mots et les classes populaires en sont les premières victimes.
À qui profite le crime ?
Or ce serait plutôt le contraire, toutes leurs réformes en trompe-l'œil se payent de mots et les classes populaires en sont les premières victimes.
À qui profite le crime ?
- ElyasEsprit sacré
Parler de classe sociale, c'est considérer que la société est comme une échelle et que l'école n'y peut rien, voire pire, qu'elle va sélectionner. Sommes-nous là pour former ou sélectionner ? C'est une vraie question. Sommes-nous là pour donner à chacun une place dans une société stratifiée avec ses codes et règles ou sommes-nous là pour changer le monde de demain ? Sommes-nous là pour faire entrer les élèves dans des moules ou pour créer des hommes libres et conscients de leurs choix ? C'est une question de société et comme personne ne donne plus de vision à notre société, on part un peu en vrille car personne n'ose donner de réponse. Si on dit qu'elle doit sélectionner, on valide le fait que les "héritiers" et les "méritants" sont les seuls à réussir. Si on dit qu'elle doit former, on doit tourner le dos à toute la doxa actuelle sur le coût et le retour sur investissement que coûte chaque élève. Personne n'est prêt (ou assez fou) pour prendre position. Alors, on part en vrille, on se dispute, on invoque un passé idéalisé, on lance des pamphlets mais la vérité est que personne ne veut répondre à cette question : on forme ou on sélectionne nos enfants ?Paratge a écrit:Cette propagande sur la pseudo-démocratisation est faite par les pédagos pour faire croire qu'ils sont à l'origine d'un « progrès », eux qui se prétendent progressistes.
Or ce serait plutôt le contraire, toutes leurs réformes en trompe-l'œil se payent de mots et les classes populaires en sont les premières victimes.
À qui profite le crime ?
On me répondra sans doute les deux. Mais trop souvent, et le système le montre, on met une étiquette sur un gamin (Sarkozy voulait que ce soit dès la maternelle, souvenez-vous) et il a énormément de mal à en sortir. On sélectionne en fait dès le début et on fait semblant de former. Le "on" est pour la société en général, pous pour les enseignants en eux-mêmes.
Si on décidait de former, l'école serait totalement structurée différemment. On s'adapterait au rythme des élèves, on aurait des classes à 40 et d'autres à 10, on aurait des élèves qui font le collège en 3 ans, d'autres en 5 ans... Et quand ils auraient reçu l'enseignement tel que Condorcet le concevait, on les laisserait faire leurs choix en toute responsabilité... et il y aurait une réelle formation et un réel enseignement à tous les âges de la vie. Mais ça, je ne suis pas sûr que ce soit le chemin sur lequel avance notre société.
- JPhMMDemi-dieu
L'enchainement logique est simplement inouï. :shock:Elyas a écrit:Parler de classe sociale, c'est considérer que la société est comme une échelle et que l'école n'y peut rien, voire pire, qu'elle va sélectionner. Sommes-nous là pour former ou sélectionner ? C'est une vraie question.
Si vous en doutez, appliquez exactement le même enchaînement à un objet différent mais "isomorphe".
Parler de maladie, c'est considérer que le corps comme un échelle de morbidité et que la médecine n'y peut rien, voire pire, qu'elle va infecter. Le médecine est-elle là pour soigner ou pour infecter ? C'est une vraie question.
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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- philannDoyen
Elyas a écrit:
Si on décidait de former, l'école serait totalement structurée différemment. On s'adapterait au rythme des élèves, on aurait des classes à 40 et d'autres à 10, on aurait des élèves qui font le collège en 3 ans, d'autres en 5 ans... Et quand ils auraient reçu l'enseignement tel que Condorcet le concevait, on les laisserait faire leurs choix en toute responsabilité... et il y aurait une réelle formation et un réel enseignement à tous les âges de la vie. Mais ça, je ne suis pas sûr que ce soit le chemin sur lequel avance notre société.
Pour l'instant, on dé-forme, et on sélectionne en fonction uniquement des origines sociales ...et parfois je le vis moyennement à titre personnel :| surtout le mensonge que cela entraine.
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2014-2015: poste fixe dans les Hauts de Seine
2013-2014: certifiée stagiaire dans les Hauts de Seine
2011-2013: prof. contractuelle dans l'Essonne
- Isis39Enchanteur
Ah ! DE supers instits !retraitée a écrit:Dans ma campagne à moi, ce n'était pas du tout le cas, et des fils de paysans alcooliques ou d'ouvriers pauvres ont pu devenir, par exemple, dentiste, chirurgien, enseignants etc. Plus de la moitié de ma classe de CM est allée en 6e!Isis39 a écrit:Ce n'est qu'une vision parcellaire et personnelle mais autour de moi (notamment dans ma famille très nombreuse et issue de l'agriculture), l'école des années 60 a permis d'apprendre de très bonnes bases, mais certainement pas de réussir. Dans les campagnes, très peu accédaient au collège, d'autant plus dans les familles modestes.Gryphe a écrit:
Je me permets d'ajouter que, bien que non spécialiste, je crois savoir qu'il y a sur ce forum des personnes, dont doublecasquette, qui vont t’expliquer preuves à l'appui que l'école des années 1960 n'était pas si "élitiste" que ça et permettait de faire réussir somme toute pas mal de monde. (En gros, la démocratisation aurait précédé la massification, si j'ai bien compris.)
Mais les instituteurs se démenaient pour convaincre les parents de laisser leurs enfants continuer les études, et pour leur obtenir des bourses.
Et Les collèges n'existaient pas. C'était le cours complémentaire (6e/3e) ou le lycée, avec souvent internat, (6e/terminale).
Ce n'était malheureusement pas comme ça dans la campagne que je connais où mes tantes les plus âgées ont été placées bonnes à 14 ans. Ma mère a été retirée de l'école pour aider à la ferme. Mes oncles ont bossé à l'usine puis ont "gradé" comme c'était possible à l'époque.
- dandelionVénérable
Mais ce sont encore des cas particuliers. La société industrielle a eu besoin de main d'oeuvre qualifiée et elle l'a formée. Si seuls les enfants d'ingénieurs étaient devenus ingénieurs, et seuls les enfants de médecins étaient devenus médecins, on aurait eu quelques difficultés de recrutement non? Mais certainement ceux qui pouvaient voir à plus long terme ou avaient la chance de rencontrer un instit particulièrement convainquant étaient favorisés.Isis39 a écrit:Ah ! DE supers instits !retraitée a écrit:Dans ma campagne à moi, ce n'était pas du tout le cas, et des fils de paysans alcooliques ou d'ouvriers pauvres ont pu devenir, par exemple, dentiste, chirurgien, enseignants etc. Plus de la moitié de ma classe de CM est allée en 6e!Isis39 a écrit:Ce n'est qu'une vision parcellaire et personnelle mais autour de moi (notamment dans ma famille très nombreuse et issue de l'agriculture), l'école des années 60 a permis d'apprendre de très bonnes bases, mais certainement pas de réussir. Dans les campagnes, très peu accédaient au collège, d'autant plus dans les familles modestes.
Mais les instituteurs se démenaient pour convaincre les parents de laisser leurs enfants continuer les études, et pour leur obtenir des bourses.
Et Les collèges n'existaient pas. C'était le cours complémentaire (6e/3e) ou le lycée, avec souvent internat, (6e/terminale).
Ce n'était malheureusement pas comme ça dans la campagne que je connais où mes tantes les plus âgées ont été placées bonnes à 14 ans. Ma mère a été retirée de l'école pour aider à la ferme. Mes oncles ont bossé à l'usine puis ont "gradé" comme c'était possible à l'époque.
- retraitéeDoyen
C'est bien ce que je disais : plus de la moitié de mon CM est allée en 6e (peu au lycée, les autres au CC ) et il ne faut pas oublier qu'après le certificat d'études, que certains parents voulaient voir obtenir par leurs enfants, des élèves arrivaient au lycée ou au CC en 5e. Il y avait des cours de remise à niveau en LV.
A l'internat, avec moi, de nbx enfants de paysans, ouvriers, employés, instituteurs. Peu d'enfants de professions libérales ou Chefs d'entreprises (ou alors des petites).
En 1957, l'examen d'entrée en 6e, que nous avions préparé, a été remplacé par une admission sur dossier.
A l'internat, avec moi, de nbx enfants de paysans, ouvriers, employés, instituteurs. Peu d'enfants de professions libérales ou Chefs d'entreprises (ou alors des petites).
En 1957, l'examen d'entrée en 6e, que nous avions préparé, a été remplacé par une admission sur dossier.
- Isis39Enchanteur
Oui, sans instit convaincant, pas d'études possibles. Aujourd'hui la possibilité existe.dandelion a écrit:Mais ce sont encore des cas particuliers. La société industrielle a eu besoin de main d'oeuvre qualifiée et elle l'a formée. Si seuls les enfants d'ingénieurs étaient devenus ingénieurs, et seuls les enfants de médecins étaient devenus médecins, on aurait eu quelques difficultés de recrutement non? Mais certainement ceux qui pouvaient voir à plus long terme ou avaient la chance de rencontrer un instit particulièrement convainquant étaient favorisés.Isis39 a écrit:Ah ! DE supers instits !retraitée a écrit:Dans ma campagne à moi, ce n'était pas du tout le cas, et des fils de paysans alcooliques ou d'ouvriers pauvres ont pu devenir, par exemple, dentiste, chirurgien, enseignants etc. Plus de la moitié de ma classe de CM est allée en 6e!
Mais les instituteurs se démenaient pour convaincre les parents de laisser leurs enfants continuer les études, et pour leur obtenir des bourses.
Et Les collèges n'existaient pas. C'était le cours complémentaire (6e/3e) ou le lycée, avec souvent internat, (6e/terminale).
Ce n'était malheureusement pas comme ça dans la campagne que je connais où mes tantes les plus âgées ont été placées bonnes à 14 ans. Ma mère a été retirée de l'école pour aider à la ferme. Mes oncles ont bossé à l'usine puis ont "gradé" comme c'était possible à l'époque.
- retraitéeDoyen
Ce n'était malheureusement pas comme ça dans la campagne que je connais où mes tantes les plus âgées ont été placées bonnes à 14 ans. Ma mère a été retirée de l'école pour aider à la ferme. Mes oncles ont bossé à l'usine puis ont "gradé" comme c'était possible à l'époque.
Ça, c'est la génération de ma mère, née en 1924, qui a dû aller à l'usine après son certificat d'études (à 12 ans!) dès l'âge de 14 ans, et qui aurait pu faire de brillantes études, comme sa soeur aînée .
Mais elle en savait plus que moi en histoire et géographie, maîtrisait très bien le calcul et ne faisait aucune faute.
Et elle n'était pas un cas unique, à en juger par les lettres impeccables envoyées par ses amies d'enfance lors de son décès!
Et c'était dans les Vosges!
Ça, c'est la génération de ma mère, née en 1924, qui a dû aller à l'usine après son certificat d'études (à 12 ans!) dès l'âge de 14 ans, et qui aurait pu faire de brillantes études, comme sa soeur aînée .
Mais elle en savait plus que moi en histoire et géographie, maîtrisait très bien le calcul et ne faisait aucune faute.
Et elle n'était pas un cas unique, à en juger par les lettres impeccables envoyées par ses amies d'enfance lors de son décès!
Et c'était dans les Vosges!
- philannDoyen
de supers instit's ! C'était à la fois le top et le pire du système...et la discussion familiale de la semaine dernière :lol:
Dans ma famille maternelle, hommes et femmes instits dans le même village, le frère et la belle-soeur. L'homme poussait les gamins à aller plus loin, faisait ce qu'il pouvait pour leur obtenir des bourses, allait lui-même aux rdv avec les profs du "grand" lycée de Pau. IL profitait aussi un peu de son statut de maire pour faire pression sur les familles en ce sens. Il n'y avait pas de miracles non plus mais beaucoup sont allés plus loin que prévu.
De l'autre côté, la belle-soeur,...un autre modèle, aucun effort, ne voyant pas du tout pourquoi les filles de sa classe auraient eu une ambition autre que de retourner à la ferme...déjà elles savaient lire...C'était pas si mal
Ma grand-tante a ELLE fait des études, c'était "programmé" familialement, mais elle a vu beaucoup de camarades s'arrêter en cours de route, même avec de bons résultats...simplement parce que l'instit' n'avait pas bougé. 60 ans plus tard elle lui vouait encore une rancoeur tenace et n'en a jamais parlé autrement qu'avec colère!!!
retraitée + 1000 !! J'ai aussi entendu parler de tantes ayant arrêté très tôt l'école mais ayant une écriture impeccable et lisant de la littérature jusqu'à la fin de leur vie (pas de témoignage direct de ma part, génération de mes arrière-grands parents.)
Dans ma famille maternelle, hommes et femmes instits dans le même village, le frère et la belle-soeur. L'homme poussait les gamins à aller plus loin, faisait ce qu'il pouvait pour leur obtenir des bourses, allait lui-même aux rdv avec les profs du "grand" lycée de Pau. IL profitait aussi un peu de son statut de maire pour faire pression sur les familles en ce sens. Il n'y avait pas de miracles non plus mais beaucoup sont allés plus loin que prévu.
- Spoiler:
- dont un certain Bourdieu...mais qui doit beaucoup d'abord à sa propre famille
De l'autre côté, la belle-soeur,...un autre modèle, aucun effort, ne voyant pas du tout pourquoi les filles de sa classe auraient eu une ambition autre que de retourner à la ferme...déjà elles savaient lire...C'était pas si mal
Ma grand-tante a ELLE fait des études, c'était "programmé" familialement, mais elle a vu beaucoup de camarades s'arrêter en cours de route, même avec de bons résultats...simplement parce que l'instit' n'avait pas bougé. 60 ans plus tard elle lui vouait encore une rancoeur tenace et n'en a jamais parlé autrement qu'avec colère!!!
- Spoiler:
- hasard ou non...elle est devenue assistante sociale
retraitée + 1000 !! J'ai aussi entendu parler de tantes ayant arrêté très tôt l'école mais ayant une écriture impeccable et lisant de la littérature jusqu'à la fin de leur vie (pas de témoignage direct de ma part, génération de mes arrière-grands parents.)
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- dandelionVénérable
Pas vraiment davantage. J'ai rencontré des parents qui m'ont dit que leur fils ferait apprenti et j'avais eu la présence d'esprit de leur rétorquer qu'ils devaient savoir que quand on est moins c.. que son patron, ce n'est pas facile tous les jours (un argument qui avait fait mouche). Et beaucoup de jeunes doivent travailler pour aider leur famille. Le déterminisme social était aussi très visible quand j'étais en école d'ingé: des élèves très capables avaient été repérés en fac ou IUT et intégraient l'école, se montrant souvent plus efficaces que les élèves issus de prépa, à une différence près: les élèves d'origine modeste étaient quasiment les seuls à avoir un niveau d'anglais très insuffisant. Et le seul élève fils d'ouvrier dont je me souvienne faisait deux heures de trajet par jour car sa bourse ne pouvait suffire à louer un logement même en colocation. Le choix de la classe européenne par exemple est essentiellement le fait de familles socio-culturellement favorisées.Isis39 a écrit:Oui, sans instit convaincant, pas d'études possibles. Aujourd'hui la possibilité existe.dandelion a écrit:Mais ce sont encore des cas particuliers. La société industrielle a eu besoin de main d'oeuvre qualifiée et elle l'a formée. Si seuls les enfants d'ingénieurs étaient devenus ingénieurs, et seuls les enfants de médecins étaient devenus médecins, on aurait eu quelques difficultés de recrutement non? Mais certainement ceux qui pouvaient voir à plus long terme ou avaient la chance de rencontrer un instit particulièrement convainquant étaient favorisés.Isis39 a écrit:Ah ! DE supers instits !
Ce n'était malheureusement pas comme ça dans la campagne que je connais où mes tantes les plus âgées ont été placées bonnes à 14 ans. Ma mère a été retirée de l'école pour aider à la ferme. Mes oncles ont bossé à l'usine puis ont "gradé" comme c'était possible à l'époque.
- Isis39Enchanteur
La possibilité n'existait pas quand les mômes n'allaient pas au collège et quittaient l'école à 14 ans. Aujourd'hui elle existe.dandelion a écrit:Pas vraiment davantage. J'ai rencontré des parents qui m'ont dit que leur fils ferait apprenti et j'avais eu la présence d'esprit de leur rétorquer qu'ils devaient savoir que quand on est moins c.. que son patron, ce n'est pas facile tous les jours (un argument qui avait fait mouche). Et beaucoup de jeunes doivent travailler pour aider leur famille. Le déterminisme social était aussi très visible quand j'étais en école d'ingé: des élèves très capables avaient été repérés en fac ou IUT et intégraient l'école, se montrant souvent plus efficaces que les élèves issus de prépa, à une différence près: les élèves d'origine modeste étaient quasiment les seuls à avoir un niveau d'anglais très insuffisant. Et le seul élève fils d'ouvrier dont je me souvienne faisait deux heures de trajet par jour car sa bourse ne pouvait suffire à louer un logement même en colocation. Le choix de la classe européenne par exemple est essentiellement le fait de familles socio-culturellement favorisées.Isis39 a écrit:Oui, sans instit convaincant, pas d'études possibles. Aujourd'hui la possibilité existe.dandelion a écrit:Mais ce sont encore des cas particuliers. La société industrielle a eu besoin de main d'oeuvre qualifiée et elle l'a formée. Si seuls les enfants d'ingénieurs étaient devenus ingénieurs, et seuls les enfants de médecins étaient devenus médecins, on aurait eu quelques difficultés de recrutement non? Mais certainement ceux qui pouvaient voir à plus long terme ou avaient la chance de rencontrer un instit particulièrement convainquant étaient favorisés.
- dandelionVénérable
Dans ce cas la possibilité que je gagne au loto ou que je sois élue Miss France existe aussi. C'est possible, mais pas probable.Isis39 a écrit:La possibilité n'existait pas quand les mômes n'allaient pas au collège et quittaient l'école à 14 ans. Aujourd'hui elle existe.dandelion a écrit:Pas vraiment davantage. J'ai rencontré des parents qui m'ont dit que leur fils ferait apprenti et j'avais eu la présence d'esprit de leur rétorquer qu'ils devaient savoir que quand on est moins c.. que son patron, ce n'est pas facile tous les jours (un argument qui avait fait mouche). Et beaucoup de jeunes doivent travailler pour aider leur famille. Le déterminisme social était aussi très visible quand j'étais en école d'ingé: des élèves très capables avaient été repérés en fac ou IUT et intégraient l'école, se montrant souvent plus efficaces que les élèves issus de prépa, à une différence près: les élèves d'origine modeste étaient quasiment les seuls à avoir un niveau d'anglais très insuffisant. Et le seul élève fils d'ouvrier dont je me souvienne faisait deux heures de trajet par jour car sa bourse ne pouvait suffire à louer un logement même en colocation. Le choix de la classe européenne par exemple est essentiellement le fait de familles socio-culturellement favorisées.Isis39 a écrit:Oui, sans instit convaincant, pas d'études possibles. Aujourd'hui la possibilité existe.
Je suis par contre convaincue que les élèves ingénieurs que j'ai rencontrés auraient été dans une position bien plus favorable quelques années plus tôt (trente ans?). Ils n'auraient pas eu le choix d'être 'nuls' en anglais, ils auraient eu accès à un internat leur permettant d'étudier en prépa (ils étaient plusieurs à avoir renoncé pour cela). Et je ne parlerai même pas des élèves apprentis ingénieurs que j'ai également eus et qui eux faisaient état de conditions d'enseignement qui ne leur permettaient tout simplement pas d'étudier (je ne compte même plus le nombre de fois où des jeunes adultes m'ont dit avoir été dans l'incapacité de suivre les cours tant y régnait l'agitation).
Je ne comprends même pas de quelle époque tu parles en fait. Quand je compare l'école que j'ai connue il y a trente ans et celle d'aujourd'hui, je peux certes noter des améliorations (plus grand respect de l'enfant à mon sens notamment) mais également des renoncements graves (peu de grammaire, d'analyse, une baisse évidente du niveau d'exigences en mathématiques - et à quarante ans de distance, ma mère est quasiment paniquée par le peu de complexité des problèmes de maths, le pré-mâchage des difficultés, etc).
- Isis39Enchanteur
SI tu me relis je parle de l'époque où la majorité des mômes n'allait pas en 6e. Pas d'études pour eux.
- philannDoyen
oui mais la question était sociale dans sa globalité ou ne concerne t-elle que la capacité de faire des études plus longues.
J'ai l'impression que plus on renonce d'un point de vue du contenu, plus ce qui permet de réussir sa vie (pas forcément mieux la gagner, mais être plus libre de ses choix) dépend de facteurs extérieurs à l'école...
J'ai l'impression que plus on renonce d'un point de vue du contenu, plus ce qui permet de réussir sa vie (pas forcément mieux la gagner, mais être plus libre de ses choix) dépend de facteurs extérieurs à l'école...
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- JPhMMDemi-dieu
Oui.philann a écrit:J'ai l'impression que plus on renonce d'un point de vue du contenu, plus ce qui permet de réussir sa vie (pas forcément mieux la gagner, mais être plus libre de ses choix) dépend de facteurs extérieurs à l'école...
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Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- doublecasquetteEnchanteur
Moi aussi. D'où la querelle stupide au sujet des enfants Camif dont les parents connaîtraient trop bien les codes, d'ailleurs... Un enfant Camif dans une classe où les contenus seraient enseignés à tous ne serait plus un privilégié...JPhMM a écrit:Oui.philann a écrit:J'ai l'impression que plus on renonce d'un point de vue du contenu, plus ce qui permet de réussir sa vie (pas forcément mieux la gagner, mais être plus libre de ses choix) dépend de facteurs extérieurs à l'école...
- doublecasquetteEnchanteur
Du PC oui, mais pas seulement.Marcel Khrouchtchev a écrit:Et puis ces leaders syndicaux et politiques, c'est surtout l'appareil de socialisation et d'acculturation du PC qui en a fait ce qu'ils sont devenus (et je précise tout de suite que j'admire ledit appareil).Isis39 a écrit:On parle toujours ici d'exceptions.doublecasquette a écrit:
Les syndicalistes ouvriers des années glorieuses dont la grande culture historique et politique et la grande facilité d'élocution et d'argumentation firent parfois des membres éminents de leurs partis, des députés reconnus ou des ministres compétents font-ils partie de ces élites méritantes qui avaient suffisamment servi la bourgeoisie pour être admises à leur table d'étude ?
Les anciens membres des JAC et JOC se sont sûrement retrouvés plus nombreux à la CFDT ou à la FNSEA (était-ce le nom de l'époque, je l'ignore ?) qu'à la CGT ou au MODEF...
Et puis, si on compte tous ces gens-là, les syndicalistes mais aussi les fondateurs, administrateurs, animateurs bénévoles ou même simples membres des mutuelles d'assurance ou de santé, des coopératives (agricoles, ouvrières ou d'achats), des associations d'aide à l'enfance ou d'éducation populaire, des clubs sportifs et des écoles de musique, ainsi qu'une grande majorité des élus locaux ruraux de tous bords politiques et qu'on multiplie ce nombre par 36 000 communes, je ne sais combien de cantons, une centaine de départements, DOM et TOM, et une grosse vingtaine de régions, ça finit par en faire des élites méritantes sélectionnées pour servir le patronat, non ?
- ParatgeNeoprof expérimenté
On peut faire bien des reproches à l'École « d'autrefois » mais ce n'était pas une simple garderie où le brouhaha et l'agitation étaient de règle et où la seule exigence envers les zaprenans aurait été de poser par intermittence leurs culs sur leur chaise pour passer dans la classe supérieure.
Ce qui est devenu pompeusement de nos jours une « promotion sociale » !
Et si tu es trop violent avec tes camarades, ami jeune, un petit sermon, tu signes un « je le referai pas » et ça repart ! Et si la victime se plaint encore, dehors !
Elle bien sûr !
Et si la méchante maîtresse te met de mauvaises notes, papa-maman porteront plainte contre cette créature qui t'interroge sur ce qu'elle n'a « jamé espliker » ! Cette garce ne respectant même pas les droits de l'enfant-citoyen ! :shock:
Effectivement les « contenus » actuels sont différents.
Mais Peillon-nous-de-mots va refonder tout ça !
Ce qui est devenu pompeusement de nos jours une « promotion sociale » !
Et si tu es trop violent avec tes camarades, ami jeune, un petit sermon, tu signes un « je le referai pas » et ça repart ! Et si la victime se plaint encore, dehors !
Elle bien sûr !
Et si la méchante maîtresse te met de mauvaises notes, papa-maman porteront plainte contre cette créature qui t'interroge sur ce qu'elle n'a « jamé espliker » ! Cette garce ne respectant même pas les droits de l'enfant-citoyen ! :shock:
Effectivement les « contenus » actuels sont différents.
Mais Peillon-nous-de-mots va refonder tout ça !
- barègesÉrudit
Je suis toujours un peu gênée par le raisonnement sur les exceptions (les quelques individus qui auraient bénéficié de l'ascenseur républicain) et la règle (des élèves méritants bloqués au certificat, brimés, etc).doublecasquette a écrit:
Et puis, si on compte tous ces gens-là, les syndicalistes mais aussi les fondateurs, administrateurs, animateurs bénévoles ou même simples membres des mutuelles d'assurance ou de santé, des coopératives (agricoles, ouvrières ou d'achats), des associations d'aide à l'enfance ou d'éducation populaire, des clubs sportifs et des écoles de musique, et qu'on multiplie ce nombre par 36 000 communes, je ne sais combien de cantons, une centaine de départements, DOM et TOM, et une grosse vingtaine de régions, ça finit par en faire des élites méritantes sélectionnées pour servir le patronat, non ?
CHB
La beauté peut-être mythique de l'école qu'on connue, en gros, mes parents dans les années 55-65, c'était qu'elle faisait peut-être au moins mal pour à la fois garantir une promotion des élites et faire que tous (ou un vrai maximum) puissent s'intégrer socialement, avoir un bagage culturel commun, pouvoir se débrouiller face à des idéologies, décrypter un discours politique, etc.
Cette génération, je l'ai connue dans des conversations de café (autant en centre-ville qu'en rase campagne ou dans des banlieues), elle a vieilli mais elle y est toujours : quand elle parle société, politique, culture, j'écoute et j'apprends. Celle d'avant (école communale dans les années 1920) parlait, écrivait, comptait sans faute ; en témoignent les cartes postales grands-parents/petits enfants que beaucoup ici ont reçues. J'ai toujours vu mes grands-mères lire, bien après l'arrivée de la télé pourtant.
Et ce qui était vrai pour l'école l'était aussi pour les fameuses "activités" extra-scolaires. Amicales laïques, patronages apprenaient gratuitement la musique, le sport, etc. Alors je ne sais pas si les hommes et les femmes de l'époque étaient naturellement bons ou si un ensemble de société a évolué dans un sens un peu moins sympathique, ou encore si l'école (celle où tous avaient accès : le primaire) arrivait à donner cette culture et cette forme de goût pour l'échange social. Je ne sais pas. Mais Bourdieu qu'on sort à toutes les sauces me paraît bien plus d'actualité aujourd'hui, finalement.
- IphigénieProphète
Oui et non parce que pendant qu'on débat sur la "culture bourgeoise" et ses horreurs, les "héritiers" ont changé de nature: aujourd'hui ce n'est pluss la culture qui assure la promotion sociale. L'héritage prend son vrai sens, pécuniaire.Voyez Jean Sarkosy: pas besoin de passer par Harvard. une simple licence en droit, et hop.Mais Bourdieu qu'on sort à toutes les sauces me paraît bien plus d'actualité aujourd'hui, finalement.
La promotion par l'école aujourd'hui c'est une vaste blague.
Les premiers de classe ne sont pas les premiers dans la société. On peut s'accrocher à notre vision, mais nombre d'ingénieurs aujourd'hui, par exemple, n'ont plus aucune culture générale à proprement parler.
La rupture se fait autour de ceux qui s'accrochent à d'anciennes formes de culture devenues obsolètes et ceux qui cyniquement et sans souci de culture vont vers le lucratif: la finance plutôt que les maths, la communication et la pub plutôt que les lettres, le droit des affaires plutôt que le droit à la Badinter etc etc...
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