- CasparProphète
Je l'ai dit sur autre fil, les conseils de discipline ne sont pas une solution miracle, mais ils ont un rôle symbolique essentiel, et ils permettent parfois à une élève de repartir à zéro ailleurs. (J'ai un élève exclu de l'établissement voisin dans une de mes classes: il est loin d'être parfait mais il est content d'être là et il ne pose pas trop de problèmes pour l'instant.)
Quand je donne une punition à un élève, ça ne changera peut-être pas son comportement plus tard mais ça envoie un signal aux autres: on ne peut pas faire n'importe quoi en cours. Idem pour le conseil de discipline.
Quand je donne une punition à un élève, ça ne changera peut-être pas son comportement plus tard mais ça envoie un signal aux autres: on ne peut pas faire n'importe quoi en cours. Idem pour le conseil de discipline.
- DinosauraHabitué du forum
Kiwi, je comprends ton point de vue, et le respecte, mais le mien est que je ne crois pas l'école républicaine puisse (et doive) absorber tous les dysfonctionnements de la société. Déjà qu'on nous fait bien trop porter le chapeau, à nous, enseignants, quand on n'y arrive pas avec des élèves ingérables... Et le fait de laisser se développer les problèmes de comportement (et effectivement, il ne s'agit même pas de cas lourds très souvent), ça envoie un mauvais signal à l'ensemble des classes, parce que nos classes de collèges pourris se sont transformées en classes de petits êtres égocentrés, incapables de réprimer leurs bavardages et de ne pas dire tout ce qui leur passe par la tête, prenant leur opinion pour égale voire supérieure à celles des adultes ou des auteurs qu'on peut leur faire étudier en cours, quand ils ne font pas preuve de mauvais esprit (ma classe de 3e est comme ça, que des sales mômes mal élevés, même si c'est tabou de le dire, ils militent pour la "liberté d'opinion" mais n'ont pas une once de réflexion et de capacité d'écoute, instaurent une dictature du nombre qui pénalise les rares qui voudraient/pourraient bosser... et osent parler de respect et de liberté, surtout quand on les remet à leur place !). Et on en fait quoi de tous ceux-là ? On continue de militer pour le vivre-ensemble et la citoyenneté anti-raciste ? On continue de se voiler la face, et on fait croire que les profs sont des méchants qui envoient au casse-pipe de pauvres gamins qui n'ont pas eu de chance dans la vie (parce que vous comprenez, son père est parti, sa mère est complètement dépassée, son frère un délinquant, y a que l'école pour lui proposer une autre modèle... en attendant on a eu tout le loisir de lui inculquer et rappeler ad nauseam les règles de vie en collectivité, il a eu tout le loisir de pourrir une classe, mais tout va bien madame la marquise...) ?
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"Le plus esclave est celui qui ignore ses chaînes."
- RoninMonarque
kiwi a écrit:Dinosaura a écrit:
Enfin, j'ajouterai, et là encore j'assume même si mes propos peuvent choquer, que je me fous du devenir des gamins complètement désocialisés et qui pourrissent sciemment les classes et les conditions d'étude de ceux qui veulent s'en sortir. Eh oui, quel gâchis de temps, d'énergie et de sous pour la minorité pourrissante ! Les autres ? Eh bien, désolé pour vous, on peut rien faire.
C'est justement là que tu fais erreur. Le devenir de ces enfants nous importe, enseignants comme citoyens :
1 : parce que ces enfants virés sur conseils de discipline, tu en débarrasses la classe, mais tu en récupères. Cela ne solutionne en rien les mauvaises conditions d'apprentissage des autres élèves.
2 : parce que ces enfants exclus mettent souvent plusieurs semaines à retrouver un nouvel établissement et pendant ce temps là, ils versent un peu plus dans le refus de l'école, des apprentissages et la délinquance. Ce qui induit ce qui suit :
3 : parce que ces enfants si rien n'est tenté pour stopper cette spirale, ressortiront du système scolaire sans la moindre qualification et qu'on paiera leur RSA avec nos cotisations et nos impôts. Que ces élèves devenus adultes ne contribueront jamais en revanche à payer nos retraites...
4 : parce que ces enfants qui versent dans la délinquance deviendront des adultes délinquants, augmentant l'insécurité. Je ne parle même pas de certains courants religieux qui récupèrent et instrumentalisent ces gamins... On a assez d'exemples récents...
Personne (autres élèves, enseignants, société) n'a intérêt à laisser les enfants perturbateurs s'embourber dans cette dynamique.
Moi aussi j'ai été très en colère contre un certain nombre d'élèves complètement ingérables. Moi aussi j'applaudissais lorsqu'ils étaient virés (quand ils l'étaient). Mais quand j'ai vu un peu mieux comment ça fonctionnait, franchement, je ne peux pas me satisfaire de ça. Parce que je suis perdante à tous les niveaux.
Il est donc grand temps que l'EN gère ces cas d'élèves perturbateurs et multi-exclus, le plus tôt possible dans la vie de ces enfants. Mais pas en supprimant les conseils de discipline...
Ce que tu dis est juste mais l'EN ne peut prendre en charge l'ensemble de l'éducation d'un jeune. Nous n'avons ni les moyens humains, financiers et juridiques d'encadrer des jeunes qui sont à la dérive depuis longtemps pour des causes multifactorielles. Parce que sinon il faut que l'on puisse agir avec les pleines pouvoirs. A partir du moment u l'on nous supprime tout moyen d'actions, tu peux créer toutes les petites structures que tu veux cela ne changera rien. J'ai en classe à l'hôpital des collégiens déscolarisés. Pour ceux qui en sont là pour des raisons psy ( phobies par ex ) on arrive plutôt bien à régler le problème. Mais pour ceux qui grandissent dans des familles complètement déstructurées, avec une absence totale de limite ( ou au contraire une éducation d'une extrême rigidité ) on ne peut pas faire grand chose. Je suis enseignant spécialisé mais je n'ai pas de baguette magique, s'il n'y a pas un minimum d'alliance des familles et du gamin on ne peut rien faire. Si le gamin est chez lui, dans son lit et refuse d'en sortir je fais quoi ? nous allons le chercher de force ? une clef de bras et en classe ? par ailleurs l'hôpital est surchargé de boulot, les services sociaux et la justice pour mineurs aussi. Donc soit on trouve 10 milliards pour la justice, les services sociaux, l'hôpital et l'EN pour pouvoir vraiment faire qqch mais avec des moyens légaux et un soutien ferme et réel des politiques, soit on protège les élèves tranquilles tant que notre hiérarchie, les politiques et la majorité des familles ne seront pas de notre côté.
- dandelionVénérable
+1000 D'ailleurs les systèmes qui fonctionnent sont coercitifs (avec des expressions différentes, mais il y a toujours un cadre très défini, et une implication très importante du 'système' dans la vie des gens). Après, il faut aussi se poser la question de ce qui arrive à ceux qui ne parviendront pas à s'insérer socialement parce qu'on a de moins en moins besoin de main d'oeuvre non qualifiée (avant on pouvait plus facilement réinsérer les jeunes parce qu'il y avait du travail, sans possibilité d'insertion professionnelle, c'est très difficile).Ronin a écrit:kiwi a écrit:Dinosaura a écrit:
Enfin, j'ajouterai, et là encore j'assume même si mes propos peuvent choquer, que je me fous du devenir des gamins complètement désocialisés et qui pourrissent sciemment les classes et les conditions d'étude de ceux qui veulent s'en sortir. Eh oui, quel gâchis de temps, d'énergie et de sous pour la minorité pourrissante ! Les autres ? Eh bien, désolé pour vous, on peut rien faire.
C'est justement là que tu fais erreur. Le devenir de ces enfants nous importe, enseignants comme citoyens :
1 : parce que ces enfants virés sur conseils de discipline, tu en débarrasses la classe, mais tu en récupères. Cela ne solutionne en rien les mauvaises conditions d'apprentissage des autres élèves.
2 : parce que ces enfants exclus mettent souvent plusieurs semaines à retrouver un nouvel établissement et pendant ce temps là, ils versent un peu plus dans le refus de l'école, des apprentissages et la délinquance. Ce qui induit ce qui suit :
3 : parce que ces enfants si rien n'est tenté pour stopper cette spirale, ressortiront du système scolaire sans la moindre qualification et qu'on paiera leur RSA avec nos cotisations et nos impôts. Que ces élèves devenus adultes ne contribueront jamais en revanche à payer nos retraites...
4 : parce que ces enfants qui versent dans la délinquance deviendront des adultes délinquants, augmentant l'insécurité. Je ne parle même pas de certains courants religieux qui récupèrent et instrumentalisent ces gamins... On a assez d'exemples récents...
Personne (autres élèves, enseignants, société) n'a intérêt à laisser les enfants perturbateurs s'embourber dans cette dynamique.
Moi aussi j'ai été très en colère contre un certain nombre d'élèves complètement ingérables. Moi aussi j'applaudissais lorsqu'ils étaient virés (quand ils l'étaient). Mais quand j'ai vu un peu mieux comment ça fonctionnait, franchement, je ne peux pas me satisfaire de ça. Parce que je suis perdante à tous les niveaux.
Il est donc grand temps que l'EN gère ces cas d'élèves perturbateurs et multi-exclus, le plus tôt possible dans la vie de ces enfants. Mais pas en supprimant les conseils de discipline...
Ce que tu dis est juste mais l'EN ne peut prendre en charge l'ensemble de l'éducation d'un jeune. Nous n'avons ni les moyens humains, financiers et juridiques d'encadrer des jeunes qui sont à la dérive depuis longtemps pour des causes multifactorielles. Parce que sinon il faut que l'on puisse agir avec les pleines pouvoirs. A partir du moment u l'on nous supprime tout moyen d'actions, tu peux créer toutes les petites structures que tu veux cela ne changera rien. J'ai en classe à l'hôpital des collégiens déscolarisés. Pour ceux qui en sont là pour des raisons psy ( phobies par ex ) on arrive plutôt bien à régler le problème. Mais pour ceux qui grandissent dans des familles complètement déstructurées, avec une absence totale de limite ( ou au contraire une éducation d'une extrême rigidité ) on ne peut pas faire grand chose. Je suis enseignant spécialisé mais je n'ai pas de baguette magique, s'il n'y a pas un minimum d'alliance des familles et du gamin on ne peut rien faire. Si le gamin est chez lui, dans son lit et refuse d'en sortir je fais quoi ? nous allons le chercher de force ? une clef de bras et en classe ? par ailleurs l'hôpital est surchargé de boulot, les services sociaux et la justice pour mineurs aussi. Donc soit on trouve 10 milliards pour la justice, les services sociaux, l'hôpital et l'EN pour pouvoir vraiment faire qqch mais avec des moyens légaux et un soutien ferme et réel des politiques, soit on protège les élèves tranquilles tant que notre hiérarchie, les politiques et la majorité des familles ne seront pas de notre côté.
- kiwiGuide spirituel
Dinosaura a écrit:Kiwi, je comprends ton point de vue, et le respecte, mais le mien est que je ne crois pas l'école républicaine puisse (et doive) absorber tous les dysfonctionnements de la société. Déjà qu'on nous fait bien trop porter le chapeau, à nous, enseignants, quand on n'y arrive pas avec des élèves ingérables... Et le fait de laisser se développer les problèmes de comportement (et effectivement, il ne s'agit même pas de cas lourds très souvent), ça envoie un mauvais signal à l'ensemble des classes, parce que nos classes de collèges pourris se sont transformées en classes de petits êtres égocentrés, incapables de réprimer leurs bavardages et de ne pas dire tout ce qui leur passe par la tête, prenant leur opinion pour égale voire supérieure à celles des adultes ou des auteurs qu'on peut leur faire étudier en cours, quand ils ne font pas preuve de mauvais esprit (ma classe de 3e est comme ça, que des sales mômes mal élevés, même si c'est tabou de le dire, ils militent pour la "liberté d'opinion" mais n'ont pas une once de réflexion et de capacité d'écoute, instaurent une dictature du nombre qui pénalise les rares qui voudraient/pourraient bosser... et osent parler de respect et de liberté, surtout quand on les remet à leur place !). Et on en fait quoi de tous ceux-là ? On continue de militer pour le vivre-ensemble et la citoyenneté anti-raciste ? On continue de se voiler la face, et on fait croire que les profs sont des méchants qui envoient au casse-pipe de pauvres gamins qui n'ont pas eu de chance dans la vie (parce que vous comprenez, son père est parti, sa mère est complètement dépassée, son frère un délinquant, y a que l'école pour lui proposer une autre modèle... en attendant on a eu tout le loisir de lui inculquer et rappeler ad nauseam les règles de vie en collectivité, il a eu tout le loisir de pourrir une classe, mais tout va bien madame la marquise...) ?
Mais tu parles là d'autres cas d'élèves (de plus en plus nombreux tu as raison) qui bavardent et croient que tout leur est dû. Moi je te parle des élèves qui sont traduits devant un conseil de discipline pour des faits jugés graves et des manquements plus que réguliers aux règles de vie de l'établissement (autres que des bavardages).
Pour ces élèves, l'institution ne peut vraiment rien proposer? Je ne pense pas. Et l'EN serait dans son rôle, pas seulement en palliant les carences éducatives, mais surtout en relançant l'élève dans les apprentissages. On en conviendra tous je pense que notre rôle, dans l'EN, c'est de faire apprendre. Alors il existe des écoles de la dernière chance, mais plus destinée aux élèves (peu nombreux) qui sont déjà plus mûrs et sont volontaires. Ces élèves là ont déjà réfléchi à leur avenir, et ont amorcé leur auto-critique. Je pense plutôt à une structure qui accueillerait les enfants dès le début du collège. Parce qu'à 15ans, c'est trop tard. La plupart sont irrécupérables. Et tout le monde en pâtit.
- CasparProphète
Le problème de ces structures, c'est qu'elles coûtent cher et dérogent au dogme du collège unique si prisé par nos élus, mais sinon tu as tout à fait raison.
- kiwiGuide spirituel
Caspar Goodwood a écrit: Le problème de ces structures, c'est qu'elles coûtent cher et dérogent au dogme du collège unique si prisé par nos élus, mais sinon tu as tout à fait raison.
Évidemment. D'où les propos de la médiatrice : puisque les conseils de discipline sont inefficaces aujourd'hui, faut plus en faire... Mais pas de vraie solution coûteuse proposée...
- CasparProphète
Moi je pense qu'ils ont une certaine efficacité, au moins sur un plan symbolique, et ils débloquent un peu la situation: garder dans un établissement pendant des mois et des années un élève qui a commis des actes graves dans ce même établissement, je ne trouve pas cela très sain.
- kiwiGuide spirituel
Caspar Goodwood a écrit: Moi je pense qu'ils ont une certaine efficacité, au moins sur un plan symbolique, et ils débloquent un peu la situation: garder dans un établissement pendant des mois et des années un élève qui a commis des actes graves dans ce même établissement, je ne trouve pas cela très sain.
Bien sûr. L'idée serait de convoquer un conseil de discipline pour peut-être renvoyer un élève, qui ensuite serait pris en charge par une structure spécialisée. Mais ce n'est pas le fonctionnement aujourd'hui, ou à la marge (enfants envoyés en HP pour les cas pathologiques par exemple).
- DinosauraHabitué du forum
J'ai extrapolé oui, mais juste pour signifier que les élèves traduits en conseil de discipline dans un collège comme le mien sont des cas extrêmes, et qu'on ne fait en fait que repousser les limites de l'inacceptable. Le genre de comportement que je pointe devrait déjà être sévèrement sanctionné et ça ne l'est pas, parce qu'on se concentre sur les cas lourds (qui ne ressortissent pas de l'école à mon sens) et que le reste en ressort banalisé.
J'aimerais que les solutions que tu préconises soient mises en œuvre, mais j'ai comme un doute... On pourrait ensuite voir si ça marche ou pas.(A voir donc)
Mais je maintiens que ce ne devrait pas être le rôle de l'école classique de prendre en charge ce genre de problème grave, qu'on nous laisse nous dém..der sans nous donner les moyens de nous faire respecter et de garantir l'ordre dans nos cours, tout en nous culpabilisant. On pourrait ainsi mieux se concentrer sur les perturbations ordinaires (mais déjà répréhensibles) mais qui ne relèvent pas du cas lourd, ce qui serait déjà davantage notre rôle.
J'aimerais que les solutions que tu préconises soient mises en œuvre, mais j'ai comme un doute... On pourrait ensuite voir si ça marche ou pas.(A voir donc)
Mais je maintiens que ce ne devrait pas être le rôle de l'école classique de prendre en charge ce genre de problème grave, qu'on nous laisse nous dém..der sans nous donner les moyens de nous faire respecter et de garantir l'ordre dans nos cours, tout en nous culpabilisant. On pourrait ainsi mieux se concentrer sur les perturbations ordinaires (mais déjà répréhensibles) mais qui ne relèvent pas du cas lourd, ce qui serait déjà davantage notre rôle.
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"Le plus esclave est celui qui ignore ses chaînes."
- CasparProphète
Nous sommes d'accord alors! :aav:
EDIT: réponse à kiwi.
EDIT: réponse à kiwi.
- RoninMonarque
kiwi a écrit:Caspar Goodwood a écrit: Moi je pense qu'ils ont une certaine efficacité, au moins sur un plan symbolique, et ils débloquent un peu la situation: garder dans un établissement pendant des mois et des années un élève qui a commis des actes graves dans ce même établissement, je ne trouve pas cela très sain.
Bien sûr. L'idée serait de convoquer un conseil de discipline pour peut-être renvoyer un élève, qui ensuite serait pris en charge par une structure spécialisée. Mais ce n'est pas le fonctionnement aujourd'hui, ou à la marge (enfants envoyés en HP pour les cas pathologiques par exemple).
Mais dans tes gamins perturbateurs, nombreux sont ceux qui posent de gros problèmes sans relever de l'HP, d'ailleurs c'est une constatation que font les psy chez moi, de plus en plus de gamins qui sont envoyés en consultation pour des problèmes de comportement et qui n'ont aucune pathologie psy. Par contre un environnement familial délétère et une absence de cadre éducatif cohérent.
- V.MarchaisEmpereur
C'est ce que me raconte une copine psy.
Elle voit défiler les gamins soi-disant hyper-actifs. Elle les évalue et, 9 fois sur 10, elle doit dire aux parents : votre enfant n'est pas hyper-actif. Il est juste pas éduqué...
Elle voit défiler les gamins soi-disant hyper-actifs. Elle les évalue et, 9 fois sur 10, elle doit dire aux parents : votre enfant n'est pas hyper-actif. Il est juste pas éduqué...
- CasparProphète
Ce qui confirme bien mes intuitions de non-psy.
- Mestelle51Habitué du forum
Et ça continue....
- CasparProphète
Les parents à l'élève évalué par compétences: "Et si tu nous ramènes encore un feu rouge, ça va mal aller!"
- Marie LaetitiaBon génie
kiwi a écrit:philann a écrit:[
Aujourd'hui, en arrière toute, on garde tout le monde au collège, parce qu'on se dit qu'un gamin sera toujours mieux enfermé entre les 4 murs d'un collège qu'à zoner et F.... le bazar en dehors! Et on s'étonne que la transmission de savoir ne soit plus une priorité? Le collège actuel a ceci de commun avec la prison, qu'il récupère tous ceux que la société ne veut pas voir dans ses rues.
D'où la nécessité d'avoir de réelles structures pour prendre en main ces élèves, les réinscrire dans une bonne dynamique, car ils n'ont plus leur place dans les collèges classiques, dans nos classes. On est là pour enseigner, pas être gardiens de zoo, on est tous d'accord là-dessus.
Oui. Mais pour cela, il faudrait pour commencer:
- qu'un élève absent depuis 6 mois, avec dossier de signalement fait depuis belle lurette, ne revienne pas en classe sans que rien n'ait bougé nulle part entre temps
- que les signalements aux services sociaux et aux services juridiques d'aide à l'enfance soient réellement pris en compte
- que les éducateurs ne changent pas tous les quatre matins et que ce ne soit pas des jeunes de 23 ou 25 pleins d'idéaux mais sans avoir forcément le bagage psychologique pour assurer leur mission. Combien, mais combien de nos mômes en dérive, sont avant tout des mômes en souffrance, manquant qui d'un père, qui d'une mère, ou des deux? Et qu'est-ce que nous avons à leur proposer? Des règles sociales que l'on tente vainement de leur inculquer pendant les heures de cours. Des RDV avec un APV, un psy, une fois par semaine, et... ? Et rien.
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Si tu crois encore qu'il nous faut descendre dans le creux des rues pour monter au pouvoir, si tu crois encore au rêve du grand soir, et que nos ennemis, il faut aller les pendre... Aucun rêve, jamais, ne mérite une guerre. L'avenir dépend des révolutionnaires, mais se moque bien des petits révoltés. L'avenir ne veut ni feu ni sang ni guerre. Ne sois pas de ceux-là qui vont nous les donner (J. Brel, La Bastille)
Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. [...] Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...
Et on ne dit pas "voir(e) même" mais "voire" ou "même".
- ErgoDevin
Ca devrait tout de même coûter moins cher que l'échec de dizaines de milliers de gamins.
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"You went to a long-dead octopus for advice, and you're going to blame *me* for your problems?" -- Once Upon a Time
"The gull was your ordinary gull." -- Wittgenstein's Mistress
« Cède, cède, cède, je le veux ! » écrivait Ronin, le samouraï. (Si vous cherchez un stulo-plyme, de l'encre, récap de juillet 2024)
- kiwiGuide spirituel
Ronin a écrit:kiwi a écrit:Caspar Goodwood a écrit: Moi je pense qu'ils ont une certaine efficacité, au moins sur un plan symbolique, et ils débloquent un peu la situation: garder dans un établissement pendant des mois et des années un élève qui a commis des actes graves dans ce même établissement, je ne trouve pas cela très sain.
Bien sûr. L'idée serait de convoquer un conseil de discipline pour peut-être renvoyer un élève, qui ensuite serait pris en charge par une structure spécialisée. Mais ce n'est pas le fonctionnement aujourd'hui, ou à la marge (enfants envoyés en HP pour les cas pathologiques par exemple).
Mais dans tes gamins perturbateurs, nombreux sont ceux qui posent de gros problèmes sans relever de l'HP, d'ailleurs c'est une constatation que font les psy chez moi, de plus en plus de gamins qui sont envoyés en consultation pour des problèmes de comportement et qui n'ont aucune pathologie psy. Par contre un environnement familial délétère et une absence de cadre éducatif cohérent.
Mais c'est justement ce que je dis. Aujourd'hui, rares sont les gamins exclus à relever de troubles psychiatriques et donc à être pris en charge dans une structure adaptée à leurs troubles. Je parle des autres, la majorité, n'ayant rien à faire dans ce type de structure, que l'on se trimballe d'établissement en établissement. Ces gamins non éduqués à l'environnement familial toxique, je pense qu'ils seraient mieux pris en charge dans une structure spécialisée pour réapprendre les normes et se relancer dans les apprentissages scolaires, hors de leurs "familles".
- kiwiGuide spirituel
Ergo a écrit:
Ca devrait tout de même coûter moins cher que l'échec de dizaines de milliers de gamins.
Je pense aussi.
- kiwiGuide spirituel
Marie Laetitia a écrit:kiwi a écrit:philann a écrit:[
Aujourd'hui, en arrière toute, on garde tout le monde au collège, parce qu'on se dit qu'un gamin sera toujours mieux enfermé entre les 4 murs d'un collège qu'à zoner et F.... le bazar en dehors! Et on s'étonne que la transmission de savoir ne soit plus une priorité? Le collège actuel a ceci de commun avec la prison, qu'il récupère tous ceux que la société ne veut pas voir dans ses rues.
D'où la nécessité d'avoir de réelles structures pour prendre en main ces élèves, les réinscrire dans une bonne dynamique, car ils n'ont plus leur place dans les collèges classiques, dans nos classes. On est là pour enseigner, pas être gardiens de zoo, on est tous d'accord là-dessus.
Oui. Mais pour cela, il faudrait pour commencer:
- qu'un élève absent depuis 6 mois, avec dossier de signalement fait depuis belle lurette, ne revienne pas en classe sans que rien n'ait bougé nulle part entre temps
- que les signalements aux services sociaux et aux services juridiques d'aide à l'enfance soient réellement pris en compte
- que les éducateurs ne changent pas tous les quatre matins et que ce ne soit pas des jeunes de 23 ou 25 pleins d'idéaux mais sans avoir forcément le bagage psychologique pour assurer leur mission. Combien, mais combien de nos mômes en dérive, sont avant tout des mômes en souffrance, manquant qui d'un père, qui d'une mère, ou des deux? Et qu'est-ce que nous avons à leur proposer? Des règles sociales que l'on tente vainement de leur inculquer pendant les heures de cours. Des RDV avec un APV, un psy, une fois par semaine, et... ? Et rien.
Les dysfonctionnements sont multiples, c'est certain.
- OlympiasProphète
Vous avez tous raison mais rien ne bouge parce que tout le monde se renvoie la balle, parce que les décideurs ne veulent pas prendre leurs responsabilités, parce qu'ils se voilent la face, parce que ces gosses ne vont pas changer du jour au lendemain par l'opération du Saint Esprit. Certains ont des accès de violence tels que le suivi psy s'impose. On ne peut pas laisser de gros perturbateurs dans les classes et nous laisser derrière la porte en imaginant que tout va bien se passer. C'est une folie dramatique, car ces gosses qui ne sont jamais cadrés seront incapables d'une vie sociale et professionnelle normale. Certaines AEMO avec des éducateurs qu'ils voient irrégulièrement ne servent à rien. Comme on se refuse avec eux à toute manifestation d'autorité et à toute coercition, on ne peut que constater les dégâts...et on multiplie le nombre de cas qui encombreront les cabinets des juges des enfants déjà débordés
- RoninMonarque
Pour les accès de violence, il faut de la coercition et donc de l'éducatif costaud. Les postes d'éduc en CEF sont souvent vacants, peu de candidats... de l'avis des psys, le meilleur endroit pour soigner les psychopathes c'est la prison parce que justement il y a de la coercition.
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- philannDoyen
Olympias a écrit:Vous avez tous raison mais rien ne bouge parce que tout le monde se renvoie la balle, parce que les décideurs ne veulent pas prendre leurs responsabilités, parce qu'ils se voilent la face, parce que ces gosses ne vont pas changer du jour au lendemain par l'opération du Saint Esprit. Certains ont des accès de violence tels que le suivi psy s'impose. On ne peut pas laisser de gros perturbateurs dans les classes et nous laisser derrière la porte en imaginant que tout va bien se passer. C'est une folie dramatique, car ces gosses qui ne sont jamais cadrés seront incapables d'une vie sociale et professionnelle normale. Certaines AEMO avec des éducateurs qu'ils voient irrégulièrement ne servent à rien. Comme on se refuse avec eux à toute manifestation d'autorité et à toute coercition, on ne peut que constater les dégâts...et on multiplie le nombre de cas qui encombreront les cabinets des juges des enfants déjà débordés
Le problème c'est qu'une vraie solution pour ces gamins coûte cher. Il faut de vraies structures, du personnel formé, des méthodes de travail non dogmatiques etc...
Ceci dit cela couterait toujours moins cher qu'une partie d'une génération quasiment sacrifiée, parce que certains de mes troisièmes: illettrés, incultes, mal élevés etc... me font peurs! Je ne vois absolument pas comment ils pourraient s'en sortir et faire quelque chose de leurs vies. à une époque la question était de pousser les élèves vers le général plutôt que le professionnel. Aujourd'hui nombre d'élèves ne sont pas en état de travailler pour qui que ce soit...
_________________
2014-2015: poste fixe dans les Hauts de Seine
2013-2014: certifiée stagiaire dans les Hauts de Seine
2011-2013: prof. contractuelle dans l'Essonne
- OlympiasProphète
Ronin a écrit:Pour les accès de violence, il faut de la coercition et donc de l'éducatif costaud. Les postes d'éduc en CEF sont souvent vacants, peu de candidats... de l'avis des psys, le meilleur endroit pour soigner les psychopathes c'est la prison parce que justement il y a de la coercition.
Quand tu vois qu'au TPE, il faut l'assentiment du gosse délinquant pour un TIG...quand le JLD en expédie un en CEF pour lui donner une dernière chance alors que là, c'est la prison qui l'attend (et qu'il se tire du CEF le soir même....). On n'a pas fini...
Certains de ces gosses doivent être désintoxiqués de l'alcool et du cannabis et ce ne peut se faire qu'en les coupant complètement du milieu familial toxique, dans des structures avec des hommes qui vont les cadrer et les faire obéir. Ensuite, on pourra songer à leur scolarisation
- RoninMonarque
Je suis bien d'accord mais ça ce n'est pas le boulot de l'hôpital où justement il n'y a presque aucun moyen de coercition. Maintenant je m'interroge, si même les magistrats ne peuvent se montrer coercitifs, où allons-nous ?
Je vais me faire traiter de réac mais je m'en cogne : passé une certaine limite ( qui doit-être définie par la loi ) il faut que l'on puisse user de coercition. Sinon rien ne fonctionne. Ou alors pour les gosses à la dérive si aucune institution n'a le droit d'être coercitive, il ne faut pas demander à la "société" de prendre en charge ces gamins.
On est quand même dans l'injonction paradoxale plein pot sur ce sujet depuis plusieurs décennies.
Je vais me faire traiter de réac mais je m'en cogne : passé une certaine limite ( qui doit-être définie par la loi ) il faut que l'on puisse user de coercition. Sinon rien ne fonctionne. Ou alors pour les gosses à la dérive si aucune institution n'a le droit d'être coercitive, il ne faut pas demander à la "société" de prendre en charge ces gamins.
On est quand même dans l'injonction paradoxale plein pot sur ce sujet depuis plusieurs décennies.
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