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- CasparProphète
Beaucoup de français sont un peu jaloux du statut international de l'anglais (ils voudraient que le français le remplace bien sûr ), on peut déplorer la position dominante de cette langue mais il y a aussi des raisons de se réjouir: il est bien pratique de savoir que partout dans le monde on trouvera des personnes capables de parler ou au moins baragouiner quelques mots d'anglais.
- Nom d'utilisateurNiveau 10
LadyC a écrit:Sauf que le latin n'était pas la langue d'un pays...
Les variantes de l'anglais (il n'existe pas "une langue anglaise", les anglophones sont très regardants là-dessus, et en souffrent eux-mêmes énormément : pensez à l'Indian English) sont les langues - nationales ou officielles ou seconde - d'un nombre tellement grand d'Etats, qu'on ne peut guère parler en l'occurrence de langue d'une nation, d'un pays etc.
Dilution...
- LédisséEsprit sacré
Pas d'accord. En tant que française, je me ferais comprendre au Québec, même avec quelques demandes d'explication, ou en Suisse française. Rien à voir avec les différences d'une langue (l'ensemble des variantes, si vous voulez) à une autre.
Caspar : je ne suis pas DU TOUT jalouse de l'internationalisation de l'anglais. Oui, je trouve très commode sa diffusion. Non, je ne souhaiterais pas que le français prenne sa place.
Simplement, à une heure où justement l'anglais se diffuse au point que les anglicismes se répandent sans que les locuteurs en aient même conscience (mes collégiens parlent d'une "bande" et non d'un "groupe" de rock, par exemple), oui, je suis inquiète que l'anglais prenne le pas sur le français y compris en France.
Mais je n'ai pas besoin de cette inquiétude pour trouver cette loi nuisible.
Caspar : je ne suis pas DU TOUT jalouse de l'internationalisation de l'anglais. Oui, je trouve très commode sa diffusion. Non, je ne souhaiterais pas que le français prenne sa place.
Simplement, à une heure où justement l'anglais se diffuse au point que les anglicismes se répandent sans que les locuteurs en aient même conscience (mes collégiens parlent d'une "bande" et non d'un "groupe" de rock, par exemple), oui, je suis inquiète que l'anglais prenne le pas sur le français y compris en France.
Mais je n'ai pas besoin de cette inquiétude pour trouver cette loi nuisible.
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Life is what happens to you while you're making other plans. John Lennon
Life is not governed by will or intention. Life is a question of nerves, and fibres, and slowly built-up cells in which thought hides itself and passion has its dreams. Oscar Wilde
Bien que femme, je me suis permis_ / demandé_ / rendu_ compte / fait_ désirer... etc._
- CasparProphète
Je ne parlais pas de toi mais d'une espèce de ressentiment qui est rarement exprimé tel quel, presque inconscient que je perçois parfois.
Comme toi, les anglicismes qui s'ignorent m'agacent au plus haut point ("en charge de"... il y en a des dizaines d'autres) et j'essaie de les éviter autant que possible. Il arrive qu'une langue survive à l'afflux massif de vocables étrangers (mots chinois en japonais et coréen par exemple) et de toute façon, on ne peut pas y faire grand chose.
Comme toi, les anglicismes qui s'ignorent m'agacent au plus haut point ("en charge de"... il y en a des dizaines d'autres) et j'essaie de les éviter autant que possible. Il arrive qu'une langue survive à l'afflux massif de vocables étrangers (mots chinois en japonais et coréen par exemple) et de toute façon, on ne peut pas y faire grand chose.
- Nom d'utilisateurNiveau 10
Un dernier pour la route : les deux tiers des polycopiés distribués aux étudiants d'un de mes groupes de master l'an prochain seront en anglais. Ce n'est pas un cours d'anglais, le volume des textes distribués en anglais était jusqu'à ce jour un tiers seulement en raison... des étudiants étrangers qui ne parlent pas anglais !
- CasparProphète
N'ayons pas trop peur de l'anglais. Il faut surtout promouvoir notre langue dans le monde: Alliances Françaises, lycées français, diffusion du cinéma et de la littérature. Je crois que le français n'est pas si mal placé que cela sur un plan international, c'est une des rares langues avec l'anglais à être enseignée presque partout dans le monde. Je vais souvent sur des forums consacrés aux langues et le français conserve une certaine aura et un certain prestige parmi les apprentis polyglottes.
- LédisséEsprit sacré
Caspar, désolée, je ne voulais pas que tu croies que je le prenais pour moi . J'ai été bien véhémente.
C'est peut-être vrai que les Français ont une certaine jalousie de l'anglais... mais je ne suis même pas sûre. A mon avis, c'est plutôt une attirance, liée à une fascination pour le "Nouveau Monde", à la fois "traditionnelle" si j'ose dire (je veux dire, qui remonte à l'idée que c'était une terre de renouveau, de tous les possibles... un nouvel âge d'or, les ruées, les self-made-men, etc.) et nouvelle liée à la puissance politique et financière des Etats-Unis, qui font que (1) ils impressionnent et font envie, (2) leur "culture" - enfin, ce que nous en voyons par les films et ce que nous nous imaginons... - se répand, et devient une sorte de modèle, parce que c'est le pays des "plus forts", des "plus riches". J'ai bien dit "une sorte de" ! Les Etats-Unis sont le pays des super-héros (et des effets spéciaux qui vont avec). Je trouve d'ailleurs dommage de les réduire à ça.
On ne se donne plus la peine de traduire les titres de films en anglais. Parfois ça a du sens, mais la plupart du temps, c'est une flemme et une abdication. Après tout, le public comprendra (ou croira comprendre).
En effet, par ailleurs, le français garde un certain prestige. Parmi les "intellectuels". Mais pour combien de temps, si l'université française abdique la langue dans laquelle elle pense ? Je ne vois pas ce que cette loi apporte (il est déjà autorisé de donner des cours en anglais, si je ne m'abuse. Les favoriser, c'est autre chose). Je vois, au contraire, ce que l'on risque de perdre. Les étudiants savent déjà à peine parler français...
Enfin, maintenant qu'elle est passée, qui vivra verra...
C'est peut-être vrai que les Français ont une certaine jalousie de l'anglais... mais je ne suis même pas sûre. A mon avis, c'est plutôt une attirance, liée à une fascination pour le "Nouveau Monde", à la fois "traditionnelle" si j'ose dire (je veux dire, qui remonte à l'idée que c'était une terre de renouveau, de tous les possibles... un nouvel âge d'or, les ruées, les self-made-men, etc.) et nouvelle liée à la puissance politique et financière des Etats-Unis, qui font que (1) ils impressionnent et font envie, (2) leur "culture" - enfin, ce que nous en voyons par les films et ce que nous nous imaginons... - se répand, et devient une sorte de modèle, parce que c'est le pays des "plus forts", des "plus riches". J'ai bien dit "une sorte de" ! Les Etats-Unis sont le pays des super-héros (et des effets spéciaux qui vont avec). Je trouve d'ailleurs dommage de les réduire à ça.
On ne se donne plus la peine de traduire les titres de films en anglais. Parfois ça a du sens, mais la plupart du temps, c'est une flemme et une abdication. Après tout, le public comprendra (ou croira comprendre).
En effet, par ailleurs, le français garde un certain prestige. Parmi les "intellectuels". Mais pour combien de temps, si l'université française abdique la langue dans laquelle elle pense ? Je ne vois pas ce que cette loi apporte (il est déjà autorisé de donner des cours en anglais, si je ne m'abuse. Les favoriser, c'est autre chose). Je vois, au contraire, ce que l'on risque de perdre. Les étudiants savent déjà à peine parler français...
Enfin, maintenant qu'elle est passée, qui vivra verra...
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Life is what happens to you while you're making other plans. John Lennon
Life is not governed by will or intention. Life is a question of nerves, and fibres, and slowly built-up cells in which thought hides itself and passion has its dreams. Oscar Wilde
Bien que femme, je me suis permis_ / demandé_ / rendu_ compte / fait_ désirer... etc._
- CasparProphète
Attends parfois c'est pire: on traduit en anglais des titres anglais (The Hangover traduit par Very Bad Trip mais il y a des dizaines d'autres exemples) on on donne des titres anglais à des films coréens ou des séries suédoises: débile!
- LédisséEsprit sacré
Ouiiii ! J'oubliais ça ! Une aberration insensée (si, j'ai droit au pléonasme dans un cas pareil)
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Life is what happens to you while you're making other plans. John Lennon
Life is not governed by will or intention. Life is a question of nerves, and fibres, and slowly built-up cells in which thought hides itself and passion has its dreams. Oscar Wilde
Bien que femme, je me suis permis_ / demandé_ / rendu_ compte / fait_ désirer... etc._
- yphrogEsprit éclairé
Pour ajouter une petite dose de réalisme (du marché) dans la discussion...
http://www.em-lyon.com/en
Bizarre de voir une ancienne stagiaire dans la bannière ...
http://www.em-lyon.com/en
Bizarre de voir une ancienne stagiaire dans la bannière ...
- Palombella RossaNeoprof expérimenté
In : LE MONDE SCIENCE ET TECHNO du 27mai, par Marco Zito (Physicien des particules)
http://www.lemonde.fr/sciences/article/2013/05/27/cours-en-globish-non-merci_3418196_1650684.html
http://www.lemonde.fr/sciences/article/2013/05/27/cours-en-globish-non-merci_3418196_1650684.html
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http://leblogdelapresidente.over-blog.com/
- neoSage
Oui ! Et je suis entièrement d'accord avec cette motion de l'Association des Professeurs de Lettres :Syria Forel a écrit:Honnêtement, trouvez-vous cela si :shock: choquant?
http://www.aplettres.org/motion_Fioraso_article2.htm
Association des Professeurs de Lettres
MOTION sur l'enseignement en anglais dans les universités françaises
Le Comité de l'Association des Professeurs de Lettres condamne avec la plus grande vigueur l'autorisation de dispenser à l'Université des cours en anglais prévue par le projet de loi relatif à l'enseignement supérieur et à la recherche.
L'idée de proposer, en sus des conférences de chercheurs invités, des cours « en langues étrangères » serait acceptable, s'il ne s'agissait sous ce libellé du seul anglais international, du global english. L'exemple de pays voisins où même les cours de sciences humaines sont désormais dispensés en anglais laisse craindre en outre que les quelques limitations imposées à cette autorisation ne soient que provisoires.
C'est la qualité des cours qui attire des étudiants étrangers en France et il ne semble pas scandaleux d'attendre de ces derniers qu'ils apprennent le français ; le gouvernement français devrait d'ailleurs à cette fin promouvoir l'enseignement du français à l'étranger continûment dévasté depuis plusieurs décennies. Tout laisse penser en vérité que la loi Fioraso prépare la commercialisation de notre enseignement supérieur et qu'on veut, au lieu de faciliter la venue d'étudiants des pays francophones et d'organiser, y compris pour les études de commerce, une véritable coopération universitaire entre les pays du monde francophone, vendre des cours à des clients jugés plus lucratifs à court terme. On peut pourtant redouter que cette loi, si elle est définitivement adoptée, ne décourage les étudiants non francophones d'apprendre notre langue et n'incite ceux des pays francophones à préférer l'anglais et à étudier dans les pays anglophones.
C'est enfin la qualité même des travaux universitaires qui risque de pâtir de ces dispositions : on peut en effet constater, dans les disciplines scientifiques où l'anglais domine lors des congrès scientifiques internationaux une imprécision conceptuelle croissante ainsi que la prépondérance des modèles de raisonnement anglo-saxons, notamment inductifs. Il faut au contraire que soit mis un terme aux infractions actuelles et que surtout soit menée une politique linguistique volontariste, telle qu'elle existe par exemple au Québec, où l'on forge systématiquement des concepts en français pour désigner les nouveaux acquis de la recherche dans tous les domaines : une langue qui renonce à tout dire dans tous les domaines du savoir et pour toutes les activités humaines est une langue condamnée.
L'Association des Professeurs de Lettres en appelle donc au président de la République, qui a tant insisté durant sa campagne sur l'importance de la francophonie, pour que ce projet délétère, qui proclame au monde entier le renoncement de notre pays à conserver au français son statut de langue internationale, soit abandonné : avec la pérennité d'une vie intellectuelle en français, il y va de la liberté du monde de penser et de vivre autrement qu'en anglais.
Paris, le samedi 25 mai 2013
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Human... https://www.youtube.com/watch?v=RIZdjT1472Y
- CondorcetOracle
LadyC a écrit:Caspar, désolée, je ne voulais pas que tu croies que je le prenais pour moi . J'ai été bien véhémente.
C'est peut-être vrai que les Français ont une certaine jalousie de l'anglais... mais je ne suis même pas sûre. A mon avis, c'est plutôt une attirance, liée à une fascination pour le "Nouveau Monde", à la fois "traditionnelle" si j'ose dire (je veux dire, qui remonte à l'idée que c'était une terre de renouveau, de tous les possibles... un nouvel âge d'or, les ruées, les self-made-men, etc.) et nouvelle liée à la puissance politique et financière des Etats-Unis, qui font que (1) ils impressionnent et font envie, (2) leur "culture" - enfin, ce que nous en voyons par les films et ce que nous nous imaginons... - se répand, et devient une sorte de modèle, parce que c'est le pays des "plus forts", des "plus riches". J'ai bien dit "une sorte de" ! Les Etats-Unis sont le pays des super-héros (et des effets spéciaux qui vont avec). Je trouve d'ailleurs dommage de les réduire à ça.
On ne se donne plus la peine de traduire les titres de films en anglais. Parfois ça a du sens, mais la plupart du temps, c'est une flemme et une abdication. Après tout, le public comprendra (ou croira comprendre).
En effet, par ailleurs, le français garde un certain prestige. Parmi les "intellectuels". Mais pour combien de temps, si l'université française abdique la langue dans laquelle elle pense ? Je ne vois pas ce que cette loi apporte (il est déjà autorisé de donner des cours en anglais, si je ne m'abuse. Les favoriser, c'est autre chose). Je vois, au contraire, ce que l'on risque de perdre. Les étudiants savent déjà à peine parler français...
Enfin, maintenant qu'elle est passée, qui vivra verra...
Non, tu n'as pas été trop véhémente, LadyC et tes arguments ont été exposés de manière nuancée et pondérée. En réalité, cette polémique (en forme de synecdoque puisque l'essentiel de la loi Fioraso n'a fait l'objet d'aucun débat dans l'espace public) dissimule mal un fait beaucoup plus préoccupant et pourtant lié à la vitalité sinon à la vitalité de la vie académique en France : le retard considérable avec lequel les ouvrages étrangers (en anglais notamment) sont traduits en langue française; Il s'agit là d'un enjeu bien plus considérable que de la prétention absurde d'imposer, avant même leur maturation, la transposition d'un enseignement ou d'une recherche en langue étrangère. Quant à l'argument selon lequel il faudrait s'accommoder de telle ou telle situation (sous couvert d'adaptation ou de l'inéluctabilité), il fait figure de couteau suisse de la pensée.
Depuis de longues années, la diplomatie culturelle française pâtit d'un manque de ressources et d'engagement de l'Etat...
- Jim ThompsonExpert
+1neo a écrit:Oui ! Et je suis entièrement d'accord avec cette motion de l'Association des Professeurs de Lettres :Syria Forel a écrit:Honnêtement, trouvez-vous cela si :shock: choquant?
http://www.aplettres.org/motion_Fioraso_article2.htm
Association des Professeurs de Lettres
MOTION sur l'enseignement en anglais dans les universités françaises
Le Comité de l'Association des Professeurs de Lettres condamne avec la plus grande vigueur l'autorisation de dispenser à l'Université des cours en anglais prévue par le projet de loi relatif à l'enseignement supérieur et à la recherche.
L'idée de proposer, en sus des conférences de chercheurs invités, des cours « en langues étrangères » serait acceptable, s'il ne s'agissait sous ce libellé du seul anglais international, du global english. L'exemple de pays voisins où même les cours de sciences humaines sont désormais dispensés en anglais laisse craindre en outre que les quelques limitations imposées à cette autorisation ne soient que provisoires.
C'est la qualité des cours qui attire des étudiants étrangers en France et il ne semble pas scandaleux d'attendre de ces derniers qu'ils apprennent le français ; le gouvernement français devrait d'ailleurs à cette fin promouvoir l'enseignement du français à l'étranger continûment dévasté depuis plusieurs décennies. Tout laisse penser en vérité que la loi Fioraso prépare la commercialisation de notre enseignement supérieur et qu'on veut, au lieu de faciliter la venue d'étudiants des pays francophones et d'organiser, y compris pour les études de commerce, une véritable coopération universitaire entre les pays du monde francophone, vendre des cours à des clients jugés plus lucratifs à court terme. On peut pourtant redouter que cette loi, si elle est définitivement adoptée, ne décourage les étudiants non francophones d'apprendre notre langue et n'incite ceux des pays francophones à préférer l'anglais et à étudier dans les pays anglophones.
C'est enfin la qualité même des travaux universitaires qui risque de pâtir de ces dispositions : on peut en effet constater, dans les disciplines scientifiques où l'anglais domine lors des congrès scientifiques internationaux une imprécision conceptuelle croissante ainsi que la prépondérance des modèles de raisonnement anglo-saxons, notamment inductifs. Il faut au contraire que soit mis un terme aux infractions actuelles et que surtout soit menée une politique linguistique volontariste, telle qu'elle existe par exemple au Québec, où l'on forge systématiquement des concepts en français pour désigner les nouveaux acquis de la recherche dans tous les domaines : une langue qui renonce à tout dire dans tous les domaines du savoir et pour toutes les activités humaines est une langue condamnée.
L'Association des Professeurs de Lettres en appelle donc au président de la République, qui a tant insisté durant sa campagne sur l'importance de la francophonie, pour que ce projet délétère, qui proclame au monde entier le renoncement de notre pays à conserver au français son statut de langue internationale, soit abandonné : avec la pérennité d'une vie intellectuelle en français, il y va de la liberté du monde de penser et de vivre autrement qu'en anglais.
Paris, le samedi 25 mai 2013
c'est complétement c**comme idée
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