- thrasybuleDevin
J'ai lu un article effrayant dans le monde aujourd'hui sur les pratiques de neurochirurgiens mexicains. Ca fait peur.
- eeNiveau 9
Sur l'efficacité thérapeutique : il ne faudrait quand même pas demander à la psychanalyse de guérir l'incurable d'une part, de se substituer à la médecine organique d'autre part. Je ne connais pas de psychanalyste qui ait jamais affirmé pouvoir "guérir" un enfant autiste ou venir à bout d'un cancer parce qu'on lui trouverait des "origines" psychiques. D'ailleurs, les psychanalystes n'hésitent jamais à orienter leurs patients vers un médecin, une institution adaptée quand il en existe etc.
En revanche, beaucoup de personnes en souffrance prêtent ce pouvoir à leur psychanalyste, dans la dynamique du transfert, et cela les amène - à défaut d'une impossible guérison - à des avancées, des évolutions, des bougés heureux dans leur existence.
C'est en ce sens que Lacan peut qualifier la psychanalyse d'escroquerie (et le dire publiquement n'est pas un propos d'escroc, justement!). Le simple fait de s'inscrire dans un dispositif de parole, de confier le plus intime de sa souffrance au psychanalyste, amène à lui prêter un savoir et un pouvoir qu'il ne prétend nullement avoir.
Mais d'ailleurs, qui parmi nous n'a jamais fait l'expérience de se sentir mieux après avoir vu son bon vieux généraliste, avant même d'avoir commencé à prendre les médicaments prescrits? Qui, comme enseignant, n'a jamais été confronté à des parents convaincus que nous étions capables de pronostiquer l'avenir scolaire de leur rejeton au bout de 15 jours de 6eme (remarquez, des fois, hélas, c'est vrai qu'on peut!)?
Le transfert existe à l'état sauvage dans la plupart des relations que nous entretenons avec des professionnels supposés savoir. Nous les supposons en savoir bien plus qu'ils ne nous en disent. Et, à l'occasion, nous leur en voulons de n'être pas à la hauteur de ce que nous imaginions d'eux ;-)
Et puis, le psychanalyste, de toute façon, ne veut nullement "guérir" qui que ce soit. Il veut entendre ce que vous avez à dire de particulier à propos de ce qui vous arrive. Ce qui vous arrive peut être une maladie répertoriée, un chagrin d'amour, une désastreuse répétition de comportements qui vous font souffrir, un franc délire paranoïaque...
Chacun est singulier, et le travail analytique commence lorsque le "symptôme" qui fait souffrir et que l'on habille d'un nom commun (toc, dyslexie, schizophrénie, traumatisé par un viol, déprime, dépression, anorexie, deuil impossible etc etc) devient une question particulière, unique. Et qu'avec l'aide du psychanalyste, on tente de déployer cette question.
Il se trouve que le déploiement de la question - sous des formes diverses, et pas toujours si longues que ça - a souvent des effets d'allégement. QUe pendant qu'on se demande à longueur de séance pourquoi on souffre de migraines récurrentes, les dites migraines s'atténuent et disparaissent.
On peut en déduire quelque chose sur la satisfaction inconsciente que l'on trouvait là, et qui n'a plus lieu d'être.
Un psychanalyste ne "guérit" pas un paranoïaque, c'est certain, mais avec un peu de doigté, il l'aide sacrément à ramener son délire à une petite zone qui évitera de faire exploser son quotidien et celui de ses proches. Il ne guérit pas un enfant autiste, mais contribue parfois à lui redonner une dignité de sujet unique, non réductible à un diagnostic, en soutenant ses inventions qui rendent sa vie plus vivable. Il ne guérit pas du chagrin d'avoir perdu un être aimé, mais participe à la relance de la vie. Et, en règle générale, il soulage drôlement les simples névrosés de toutes ces contraintes, petites douleurs, renoncements et répétitions qui leur minaient l'existence.
Ceci dit, rien n'oblige à rencontrer un psychanalyste!
Nombreux sont ceux qui préfèrent s'identifier à leur symptôme, se présenter comme "dépressif", "boulimique", "atteint de toc" etc, postuler qu'ils n'ont pas d'inconscient mais plutôt un déréglement fonctionnel et espérer une guérison par voie médicamenteuse ou par l'usage de leur seule volonté (éventuellement soutenue par des techniques comportementales). Et c'est leur choix, respect! La psychanalyse n'est pas pour tous, elle n'est que pour ceux qui en veulent!
L'inconscient est un concept efficace, mais il ne se trouve pas plus que l'âme sous un scalpel. Personne n'est obligé d'y croire! Ni de prendre le risque de rencontrer un psychanalyste, profession non réglementée (même si nombeux sont psychologues ou psychiatres par ailleurs) et objet de tant de fantasmes :-)
En revanche, beaucoup de personnes en souffrance prêtent ce pouvoir à leur psychanalyste, dans la dynamique du transfert, et cela les amène - à défaut d'une impossible guérison - à des avancées, des évolutions, des bougés heureux dans leur existence.
C'est en ce sens que Lacan peut qualifier la psychanalyse d'escroquerie (et le dire publiquement n'est pas un propos d'escroc, justement!). Le simple fait de s'inscrire dans un dispositif de parole, de confier le plus intime de sa souffrance au psychanalyste, amène à lui prêter un savoir et un pouvoir qu'il ne prétend nullement avoir.
Mais d'ailleurs, qui parmi nous n'a jamais fait l'expérience de se sentir mieux après avoir vu son bon vieux généraliste, avant même d'avoir commencé à prendre les médicaments prescrits? Qui, comme enseignant, n'a jamais été confronté à des parents convaincus que nous étions capables de pronostiquer l'avenir scolaire de leur rejeton au bout de 15 jours de 6eme (remarquez, des fois, hélas, c'est vrai qu'on peut!)?
Le transfert existe à l'état sauvage dans la plupart des relations que nous entretenons avec des professionnels supposés savoir. Nous les supposons en savoir bien plus qu'ils ne nous en disent. Et, à l'occasion, nous leur en voulons de n'être pas à la hauteur de ce que nous imaginions d'eux ;-)
Et puis, le psychanalyste, de toute façon, ne veut nullement "guérir" qui que ce soit. Il veut entendre ce que vous avez à dire de particulier à propos de ce qui vous arrive. Ce qui vous arrive peut être une maladie répertoriée, un chagrin d'amour, une désastreuse répétition de comportements qui vous font souffrir, un franc délire paranoïaque...
Chacun est singulier, et le travail analytique commence lorsque le "symptôme" qui fait souffrir et que l'on habille d'un nom commun (toc, dyslexie, schizophrénie, traumatisé par un viol, déprime, dépression, anorexie, deuil impossible etc etc) devient une question particulière, unique. Et qu'avec l'aide du psychanalyste, on tente de déployer cette question.
Il se trouve que le déploiement de la question - sous des formes diverses, et pas toujours si longues que ça - a souvent des effets d'allégement. QUe pendant qu'on se demande à longueur de séance pourquoi on souffre de migraines récurrentes, les dites migraines s'atténuent et disparaissent.
On peut en déduire quelque chose sur la satisfaction inconsciente que l'on trouvait là, et qui n'a plus lieu d'être.
Un psychanalyste ne "guérit" pas un paranoïaque, c'est certain, mais avec un peu de doigté, il l'aide sacrément à ramener son délire à une petite zone qui évitera de faire exploser son quotidien et celui de ses proches. Il ne guérit pas un enfant autiste, mais contribue parfois à lui redonner une dignité de sujet unique, non réductible à un diagnostic, en soutenant ses inventions qui rendent sa vie plus vivable. Il ne guérit pas du chagrin d'avoir perdu un être aimé, mais participe à la relance de la vie. Et, en règle générale, il soulage drôlement les simples névrosés de toutes ces contraintes, petites douleurs, renoncements et répétitions qui leur minaient l'existence.
Ceci dit, rien n'oblige à rencontrer un psychanalyste!
Nombreux sont ceux qui préfèrent s'identifier à leur symptôme, se présenter comme "dépressif", "boulimique", "atteint de toc" etc, postuler qu'ils n'ont pas d'inconscient mais plutôt un déréglement fonctionnel et espérer une guérison par voie médicamenteuse ou par l'usage de leur seule volonté (éventuellement soutenue par des techniques comportementales). Et c'est leur choix, respect! La psychanalyse n'est pas pour tous, elle n'est que pour ceux qui en veulent!
L'inconscient est un concept efficace, mais il ne se trouve pas plus que l'âme sous un scalpel. Personne n'est obligé d'y croire! Ni de prendre le risque de rencontrer un psychanalyste, profession non réglementée (même si nombeux sont psychologues ou psychiatres par ailleurs) et objet de tant de fantasmes :-)
- ValkovNiveau 1
La psychanalyse est-elle une supercherie ?
Quand elle est présentée comme une science, elle l'est certainement : L'épistémologie nous le disait depuis longtemps déjà (Popper), l'histoire des sciences le confirme depuis une dizaine d'années (Livre noir : "résultats bidonnés").
Quand elle est présentée comme une thérapie, elle l'est également : la psychanalyse ne "soigne" pas, même s'il est indéniable que la verbalisation rendue possible par l'absence d'enjeux entre le patient et le psy soulage en permettant de mettre devant soi la douleur et ses causes. Elle permet de prendre du recul.
La psychanalyse aujourd'hui, devrait être considérée comme une tentative parmi d'autres de constituer en objets des phénomènes psychiques dont ne nous savons pas beaucoup mieux rendre compte aujourd'hui qu'il y a 100 ans. Elles est une activité d'interprétation au même titre que l'astrologie, la cartomancie, la divination. Il n'y a que le support qui change.
Pour ce qui me concerne, je ne suis pas sûr d'évoquer Freud l'année prochaine, ou alors comme point dans une leçon consacrée à la démarche scientifique. Pour l'inconscient, notion au programme, je me débrouillerais avec Liebniz, Shopenhauer et Nietzsche?
Quand elle est présentée comme une science, elle l'est certainement : L'épistémologie nous le disait depuis longtemps déjà (Popper), l'histoire des sciences le confirme depuis une dizaine d'années (Livre noir : "résultats bidonnés").
Quand elle est présentée comme une thérapie, elle l'est également : la psychanalyse ne "soigne" pas, même s'il est indéniable que la verbalisation rendue possible par l'absence d'enjeux entre le patient et le psy soulage en permettant de mettre devant soi la douleur et ses causes. Elle permet de prendre du recul.
La psychanalyse aujourd'hui, devrait être considérée comme une tentative parmi d'autres de constituer en objets des phénomènes psychiques dont ne nous savons pas beaucoup mieux rendre compte aujourd'hui qu'il y a 100 ans. Elles est une activité d'interprétation au même titre que l'astrologie, la cartomancie, la divination. Il n'y a que le support qui change.
Pour ce qui me concerne, je ne suis pas sûr d'évoquer Freud l'année prochaine, ou alors comme point dans une leçon consacrée à la démarche scientifique. Pour l'inconscient, notion au programme, je me débrouillerais avec Liebniz, Shopenhauer et Nietzsche?
- RoninMonarque
Puis-je me permettre de demander à ceux qui affirment que la psychanalyse ne soigne pas, sur quoi ils se basent pour émettre une affirmation aussi définitive ? à part le livre noir de la psychanalyse ? ( ce n'est pas une provocation, j'ai envie de comprendre d'où vient cette unanimité ).
_________________
- Mike92Niveau 10
Justement, Freud c'est la Rolls de l'inconscient !!Pour l'inconscient, notion au programme, je me débrouillerais avec Liebniz, Shopenhauer et Nietzsche?
La théorie, la découverte freudienne a pour nom "métapsychologie", la "psychanalyse" en est l'application à l'analyse du sujet. C'est quand même une mine d'or (de mon seul point de vue), dès que l'on accepte de s'y plonger : Que de choses on découvre, au fil du temps, sur soi et son entourage !
J'ai tenté une analyse à 6 reprises : 5/6 analystes étaient des nuls.
Le nombre d'incompétents qu'il y a dans ces milieux, c'est ahurissant ! (psychiatre ou pas).
Freud a l'avantage (contrairement à Lacan) d'être lisible et compréhensible. Juste 3 points : l'Oedipe n'est pas l'alpha et l'oméga de la théorie, contrairement à ce qu'on dit ou lit ; quand Freud dit : "sexuel" ne pas comprendre d'abord "génital", acte sexuel (ce que n'ont pas compris les anti-mariage homosexuel) de même le "désir" est un terme piégé, il n'est pas forcément sexuel ; Freud s'est en outre laissé aller à émettre une théorie totalement farfelue sur la religion et Moïse.. mais c'est secondaire.
J'ai créé un site de traduction (compréhensible) des principaux termes freudiens : http://freudtraduction.wifeo.com
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Fais bon accueil aux étrangers, car toi aussi, tu seras un étranger. (Roger Ikor)
site : http://allemand-postbac.npage.de
manuels publiés : http://www.decitre.fr/auteur/141431/Michel+Luciani/
- thrasybuleDevin
Je n 'ai pas dit celaRonin a écrit:Puis-je me permettre de demander à ceux qui affirment que la psychanalyse ne soigne pas, sur quoi ils se basent pour émettre une affirmation aussi définitive ? à part le livre noir de la psychanalyse ? ( ce n'est pas une provocation, j'ai envie de comprendre d'où vient cette unanimité ).
- RoninMonarque
Mais je ne te vise pas. Je cherche sincèrement à savoir. Je suis tout à fait d'accord qu'il y a un certain nombre de choses très critiquables dans la psychanalyse et un certain nombre également de poseurs incompétents. De la à jeter le bébé avec l'eau du bain... par ailleurs je suis sincèrement étonné des positions parfois très tranchées et visiblement définitives de certains participants.
J'ai un peu l'impression de lire les pedagos nous expliquant que le cours magistral ne fonctionne pas, point barre. Cela m'étonne c'est tout.
J'ai un peu l'impression de lire les pedagos nous expliquant que le cours magistral ne fonctionne pas, point barre. Cela m'étonne c'est tout.
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- thrasybuleDevin
Tu parlais d unanimité.. Or j ai dit, en donnant des exemples, que la psychanalyse était une thérapie qui pouvait être efficace
- RoninMonarque
Certes, mais je ne fait pas de fixette sur toi hein :lol: je cherche juste à comprendre pourquoi, disons, le plupart des participants, se montrent aussi critiques envers la psychanalyse. Je ne te vise pas et je n'accuse pas, je cherche juste à comprendre d'où ça vient
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- JPhMMDemi-dieu
La psychanalyse freudienne me semble paradigmatiquement suspecte. Je veux dire par là que dans le paradigme que je reconnais, il y a une probabilité nulle pour qu'un individu observe (non-observe en fait, ce qui est pire) un objet aussi complexe que l'esprit et en déduise seul un modèle architecturalement fini et structurellement conforme à l'objet non-observé.
Après, je comprends que certains se situent dans un paradigme qui intègre la modélisation du réel par la Révélation. Ce n'est simplement pas mon cas. La tendance de certains experts à signifier systématiquement que qui n'est pas d'accord avec Freud ne le comprend simplement pas relève à mon sens de la tentation d'exégèse, et me conforte dans ma suspicion.
Après, je comprends que certains se situent dans un paradigme qui intègre la modélisation du réel par la Révélation. Ce n'est simplement pas mon cas. La tendance de certains experts à signifier systématiquement que qui n'est pas d'accord avec Freud ne le comprend simplement pas relève à mon sens de la tentation d'exégèse, et me conforte dans ma suspicion.
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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- yphrogEsprit éclairé
Robin a écrit:(Aldous Huxley, "Une supercherie pour notre siècle", The Forum, 1925, traduction Agnès Fonbonne)
etymologie de super-cherie:
FEW via CNRTL a écrit:1566 « attaque par surprise », [...] Empr. à l'ital.soperchieria « injure grave, affront » (dep. xvies. ds Tomm.-Bell.), dér. de soperchiare « surpasser, opprimer, écraser », dér. de soperchio « excessif », d'un lat. vulg. *superculus, dér. du lat. super « au-dessus » (v. FEW t. 12, p. 439b, DEI, et Hope, p. 224).
le titre en VO est plutôt "Our Contemporary Hocus-Pocus" ici
(Huxley vient d'une famille de zoologues. )
Ronin: moi non plus je n'ai pas d'avis tranché sur la question.
Mike: wow!
ee:
- V.MarchaisEmpereur
Ronin a écrit:Pour ce qui est de l'autisme et de la place prépondérante de la psychanalyse je vous renvoie au fil sur l'enseignement spécialisé, j'ai longuement expliqué le pourquoi du comment.
Que la psychanalyse ne guérisse pas tout nous sommes bien d'accord. Mais il ne faudrait quand même pas commettre d'anachronisme. Qui avait il avant la psychanalyse ? pas grand chose : les salles d'asile, les électrochocs et le bromure. Tout était perçu par le versant biologique et uniquement biologique.
Et vers nous dirigeons nous maintenant que la psychanalyse disparaît à vitesse grand V ? ce qui se passe aux USA avec le DSM-V : des traitements chimiques pour faire disparaître les symptômes et retour à la maison. Je vois au quotidien la différence de prise en charge avec les TCC et le tout neurologique qui est en train de se mettre en place depuis dix ans. Et bien je vous fiche mon billet que la psychanalyse aura quasiment disparu dans vingt maximum et que dans cinquante ans on y reviendra, sous une forme modernisée, devant l'échec du tout chimique.
Enfin, pour ce qui est de l'autisme je vous renvoie à ce que j'ai mis ici :
https://www.neoprofs.org/t59155p80-l-enseignement-specialise-questions-et-debats
Je suis convaincu que pour les psychoses, effectivement, la psychanalyse n'est de presque aucune utilité, en revanche pour les états-limites et les névroses je ne vois rien de mieux.
Un certain nombre de critiques sont justifiées mais pour faire court j'ose un raccourci volontairement provocateur : la psychanalyse c'est l'école des connaissances, les tcc c'est l'école du socle...
Ronin, je reconnais bien volontiers le caractère excessif de mes propres propos et je dois dire que je suis entièrement d'accord avec ce que tu as dit là. C'est pourquoi, malgré mon manque de nuances, je disais aussi qu'il faudrait trouver un juste milieu. Honnêtement, je pense que les neurosciences ont beaucoup à nous apporter, mais si c'est pour ne plus entendre ce qu'a à dire l'homme, qui est tout logos et symboles, ce sera effectivement une belle régression. Un avenir avec tous les gosses sous ritaline, ça ne fait pas rêver.
Étant bien dit que je suis d'accord avec tout cela, je fais confiance à ta bonne foi pour admettre que, oui, un certain nombre de psychanalystes ont prétendu soigner l'autisme et qu'on a culpabilisé des générations de mère en leur expliquant que, si leur enfant était comme il était, c'était parce qu'elles n'étaient pas capables de lui donner de l'amour. Cela, même si je ne suis pas assez connaisseuse du domaine pour te donner des noms, des dates, je ne l'ai pas inventé.
Et il y a bien une situation particulière en France, non, ou est-ce une vue de mon esprit ? Tous les postes de recherche à l'université ont été pris par des psychanalystes qui veillent au respect de la doxa. D'accord pour ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain, mais est-ce réellement si excessif de ma part de penser qu'en France, on a joué, depuis la Guerre, peut-être avant, la carte du tout-psychanalytique, et que ça nous a privés d'accord complémentaires précieux ?
Enfin, il y a tout de même un autre problème, avec la psychanalyse, et non des moindres, qui est à peu près celui-ci :
Mike92 a écrit:
J'ai tenté une analyse à 6 reprises : 5/6 analystes étaient des nuls.
Pour ma part, je reconnais bien volontiers la capacité de la psychanalyse, bien conduite, à guérir de simples névroses.
J'ai vu aussi des personnes entamer une psychanalyse par curiosité intellectuelle et s'inventer peu à peu des problèmes.
J'ai vu pire. La soeur d'une de mes meilleures amies, à la suite d'une analyse, a déclaré un jour avoir été victime d'abus sexuels de la part de son père. Elle était réellement bouleversée, à vif. Mon amie ne savait plus que penser. C'était impensable, mais ne l'est-ce pas toujours, même dans les cas avérés ? Vous imaginez le mal que ça a pu faire à toute la famille. Jusqu'au jour où la soeur a admis qu'elle avait embrassé aveuglément des suggestions de son analyste et que tout ça était sans fondement.
Mauvais analyste, me direz-vous, et un exemple ne fait pas loi. Mais il y en a bien trop qui manipulent de façon hasardeuse les schémas freudiens, "papa, maman, la bonne et moi", et ça peut faire au moins autant de mal que de bien. Exiger une formation sérieuse en psychologie avant de pouvoir se revendiquer psychanalyste, ce serait tout de même la moindre des choses, non ?
- eeNiveau 9
Ronin, qui a une longue expérience institutionnelle, rectifira si je me trompe, mais il y a aussi quelque chose qui dépasse la psychanalyse stricto sensu et concerne l'ensemble de la psychiatrie.
La psychiatrie a longtemps travaillé à partir d'une nosographie largement inspirée de la psychanalyse (celle-ci étant largement inspirée de la psychiatrie de son époque, d'ailleurs) : névrose (hystérie, obsession) et psychose ( paranoïa, schizophrénie).
Les symptômes ne permettent pas, à eux seuls, de diagnostiquer une névrose ou une psychose.
Par exemple, un "agoraphobe" peut présenter une phobie accessible au sens, à la remémoration, qui n'est que le déplacement d'une angoisse infantile que l'actualité a réactivé... ou cette phobie peut n'être que la première étape d'un franc délire, non encore pleinement constitué, où des ennemis sans nombre et sans nom le mencent personnellement.
Une psychiatrie qui se prive du diagnostic différentiel névrose/psychose et prétend attaquer de front le symptôme par le double effet de la molécule adéquate et de 10 séances de thérapie comportementale risque fort de précipiter un déclanchement délirant qu'une approche plus souple aurait laissé contenu. Et, lorsqu'il s'agissait d'un symptôme névrotique, elle prive celui qui en souffrait de la possibilité d'apprendre un bout de vérité sur lui-même.
Cela me parait être un des gros problèmes des attaques contre la psychanalyse. Parce que bon, le dispositif fauteuil/divan, pratique libérale réservée à ceux qui le souhaitent, à mon avis, il survivra fort bien à ces attaques. En revanche, en institution, là où les gens n'ont pas trop le choix, ça peut faire des ravages.
La psychiatrie a longtemps travaillé à partir d'une nosographie largement inspirée de la psychanalyse (celle-ci étant largement inspirée de la psychiatrie de son époque, d'ailleurs) : névrose (hystérie, obsession) et psychose ( paranoïa, schizophrénie).
Les symptômes ne permettent pas, à eux seuls, de diagnostiquer une névrose ou une psychose.
Par exemple, un "agoraphobe" peut présenter une phobie accessible au sens, à la remémoration, qui n'est que le déplacement d'une angoisse infantile que l'actualité a réactivé... ou cette phobie peut n'être que la première étape d'un franc délire, non encore pleinement constitué, où des ennemis sans nombre et sans nom le mencent personnellement.
Une psychiatrie qui se prive du diagnostic différentiel névrose/psychose et prétend attaquer de front le symptôme par le double effet de la molécule adéquate et de 10 séances de thérapie comportementale risque fort de précipiter un déclanchement délirant qu'une approche plus souple aurait laissé contenu. Et, lorsqu'il s'agissait d'un symptôme névrotique, elle prive celui qui en souffrait de la possibilité d'apprendre un bout de vérité sur lui-même.
Cela me parait être un des gros problèmes des attaques contre la psychanalyse. Parce que bon, le dispositif fauteuil/divan, pratique libérale réservée à ceux qui le souhaitent, à mon avis, il survivra fort bien à ces attaques. En revanche, en institution, là où les gens n'ont pas trop le choix, ça peut faire des ravages.
- V.MarchaisEmpereur
ee a écrit: Cela me parait être
un des gros problèmes des attaques contre la psychanalyse. Parce que
bon, le dispositif fauteuil/divan, pratique libérale réservée à ceux qui
le souhaitent, à mon avis, il survivra fort bien à ces attaques. En
revanche, en institution, là où les gens n'ont pas trop le choix, ça
peut faire des ravages.
Mais je suis bien d'accord, ee, c'est d'ailleurs le sens de ce que je disais - sur le mode ironique et lapidaire, il est vrai - ici :
V.Marchais a écrit: Il y a, tout proche de moi, un petit garçon autiste de 3 ans qui attend une prise en charge acceptable, et des soins efficaces. Les structures spécialisées ferment. Les méthodes type ABA restent méconnues. Enfin, il pourra toujours faire une psychanalyse.
Je m'en prends d'abord à ces cabinets qui fleurissent en dehors de tout contrôle.
Mais j'ai aussi envie de poser une vraie question (pardon Thrasy, mais comme j'ai pas mal manié l'ironie sur ce fil, je voudrais préciser qu'il n'y en a là aucune et que je ne présuppose aucune réponse) : les institutions ne payent-elles pas ici le manque "d'intégrativité" de la psychiatrie française ? Si on avait su faire une place plus tôt aux autres méthodes, dans une approche complémentaire, celles-ci auraient-elles besoin de faire table rase de la psychanalyse pour s'imposer ?
Admettons aussi que, si les adeptes de la chimie pure n'ont que mépris pour la "talking cure", les psychanalyste le leur rendent bien, pour un grand nombre. Combien en ai-je entendu condamner sans nuances le recours aux antidépresseurs, qui a pourtant aidé bien des personnes, et n'est pas exclusif d'un travail de fond ?
- thrasybuleDevin
L'opposition caricaturale ntre les tenants de la pharmacologie et les adeptes de la psychanalyse est une spécificité bien française: cf ce qu' en dit Styron dans Face aux ténèbres
- V.MarchaisEmpereur
Je ne connais pas, c'st quoi ? (Je précise que je n'ai pas accès aux liens vidéos car je n'ai toujours pas de son sur mon ordi.)
- Mike92Niveau 10
C'est quoi, des maths, de la philo ? Voilà un discours qui ne fait pas grand cas des laborieuses, longues, difficiles, complexes recherches du neurologue Freud. Il faut quand même en savoir davantage sur la métapsychologie freudienne avant de se lancer dans un paradigme explicatif.. d'un telle généralité qu'il peut être appliqué aussi au paradoxe EPR et à la recette de la bouillabaisse..La psychanalyse freudienne me semble paradigmatiquement suspecte. Je veux dire par là que dans le paradigme que je reconnais, il y a une probabilité nulle pour qu'un individu observe (non-observe en fait, ce qui est pire) un objet aussi complexe que l'esprit et en déduise seul un modèle architecturalement fini et structurellement conforme à l'objet non-observé
_________________
Fais bon accueil aux étrangers, car toi aussi, tu seras un étranger. (Roger Ikor)
site : http://allemand-postbac.npage.de
manuels publiés : http://www.decitre.fr/auteur/141431/Michel+Luciani/
- yphrogEsprit éclairé
Je me répète Mike (j'espère sans faute d'accord) mais merci.
http://freudtraduction.wifeo.com/lexique-des-concepts-freudiens.php#21
(versagen, zielvorstellung, ... )
JPhMM:
ancurious obscure object for you... :lol:
http://freudtraduction.wifeo.com/lexique-des-concepts-freudiens.php#21
(versagen, zielvorstellung, ... )
JPhMM:
an
Lefteris a écrit:
- Mike92Niveau 10
merci, xphrog ! il en manque d'ailleurs une bonne partie, mais c'est beaucoup de travail...
_________________
Fais bon accueil aux étrangers, car toi aussi, tu seras un étranger. (Roger Ikor)
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- Mike92Niveau 10
C'est vrai, et c'est encore vrai en grande partie, mais cette nosographie (classification) tient (à mon avis) au fait que la psychanalyse a ouvert la voie à une étiologie (étude des causes des maladies, pour les paresseux) quand même souvent très éclairante. Auparavant, on avait surtout droit à une étiologie plus ou moins tautologique, descriptive.La psychiatrie a longtemps travaillé à partir d'une nosographie largement inspirée de la psychanalyse (celle-ci étant largement inspirée de la psychiatrie de son époque, d'ailleurs) : névrose (hystérie, obsession) et psychose ( paranoïa, schizophrénie)
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- RoninMonarque
Veronique je suis entièrement d'accord avec toi en ce qui concerne l'autisme qui est le plus grand échec de la psychanalyse. Je ne vais pas reprendre ce que j'ai écris dans le fil sur l'enseignement spécialisé, juste dire que jusqu'à, disons vingt ans, il n'y avait rien d'autre que la psychanalyse pour les autistes car tout le monde, y compris les neurologues estimaient qu'ils relevaient de la psy voire des ime et que l'on ne pouvait rien faire pour eux. Pour faire schématique, les psychanalystes ont été, très mauvais, avec les autistes, mais personne d'autre ne voulait s'en occuper et personne d'autre n'avait de solutions. Mais je ne vais pas reprendre tout ce que j'ai écris.
Pour ce qui est des neuro-sciences je suis entièrement d'accord qu'elles vont beaucoup nous apporter et pour être franc je suis assez excité par les découvertes à venir. Mais malheureusement, le risque est bien réel ( je le vois actuellement avec la formation des internes ) de réduire le patient à un symptôme, symptôme que l'on fait disparaître avec un médicament et pour se couvrir on fait cinq séances ( je n'invente pas c'est ce qui se fait dans un service de bipolaires adultes chez moi ) pour apprendre au patient à prendre son médoc et à éviter les mélanges et au revoir, retour à la maison. Oui, il y a un vrai risque. Par ailleurs, le risque est d'autant plus grand que cette approche coûte deux à trois fois moins cher donc aujourd'hui on se dirige à grand pas vers ce type de prises en charge. L'histoire du patient, sa famille, ses expériences, ses ressentis tout ça c'est compliqué, il faut démêler, c'est long et coûteux donc on ne veut plus s'emmerder avec. Cela ne vous fait pas penser aux réformes de l’École ?
Pour ce qui est des professionnels, c'est vrai que je n'ai pas parlé des formations. Je suis d'accord, sauf cas exceptionnel ( et tant pis si ça fait hurler Roudinesco ), on ne peut-être psychanalyste que si l'on est d'abord psychologue clinicien ou psychiatre. C'est déjà une première chose. Ensuite, cela n'excuse rien mais comme dans tous les métiers il y a des gens incompétents, mais j'ai envie d'aller plus loin. Comme tout métier qui "traite" de l'humain, il est faut être particulièrement sensible et bien formé. Comme les enseignants ( combien d'enseignants nocifs sans le vouloir ? ) et pour faire un petit clin d'oeil à Mike, Freud disait à juste titre " il y a trois métiers impossibles car reposant sur de l'humain : enseignant, parent, psychanalyste" c'est-à-dire qu'aussi bien que l'on fasse on commet forcément des erreurs.
Pour reprendre également ce qu'en dit Jphmm je comprends que l'on soit dubitatif envers la psychanalyse. Pour tout dire avant de bosser à l'hôpital j'avais un a-priori assez négatif, pas assez scientifique, trop de bla-bla etc. Mais j'ai vraiment découvert qqch auprès de bons psys ( genre les autres médecins nous envoient les gamins dont ils ne savent pas quoi faire...)
Maintenant, sans faire un cours d'histoire de la psychanalyse, il faut replacer les choses dans leur contexte. Effectivement Freud est loin d'avoir tout découvert tout seul. Il a pris un certain nombre d'idées à d'autres psychiatres (en particulier français ) et aux philosophes. Effectivement la psychanalyse n'est pas une science, elle ne répond pas à tout, des erreurs ont été commises au nom de la psychanalyse. Mais il faut quand même reconnaître un mérite ou deux à Freud ( il ne mérite à mon sens ni excès d'honneurs ni d'être descendu en flèche ) il n'a pas inventé mais a synthétisé des découvertes ou des intuitions qui lui ont permis d'écrire et de théoriser des observations empiriques que plusieurs avant lui avaient ressenti. Ce qui montre bien en passant que ce n'est pas une science.
Mais Freud a eu le courage et/ou l'inconscience et la témérité de creuser plus loin et de comprendre à une époque ou presque tous expliquaient les troubles mentaux par des dérèglements biologiques et chimiques que l'Homme ne se résumait pas à cela. Et qu'il y a avait des mouvements de la pensée plus complexes et plus secrets. En quelque sorte, même s'il n'était pas le seul à le faire, il a été le premier à écrire que sans une approche "humaniste" le psychiatre ne guérissait rien et que les symptômes disparus par l'action médicamenteuse réapparaissait ensuite, plus violemment. C'est exactement ce vers quoi on se dirige aujourd'hui avec le DSM-IV et cela va empirer avec le DSM-V.
Bien sûr Freud a aussi commis quantité d'erreurs mais franchement, sans être un inventeur aussi génial qu'il a lui-même voulu le faire croire, il a quand même joué un rôle très important et à mon sens positif pour la psychiatrie en général. Maintenant si l'on s'intéresse à la matière même, il y a autant de psychanalystes que de philosophes. Jung a écrit des choses passionnantes sur la religion et les symboles. Ferenczi a été remarquable d'honnêteté et d'objectivité ( ce qui lui a valu de se brouiller, comme Jung, vaec Freud ).
Le problème des approches autres, c'est qu'elles reposent sur la neurologie, qui a beaucoup progressé mais pas encore assez ( les psychiatres américains commencent tout juste à s'interroger sur les conséquences à long terme sur le cerveau des gamins qui auront passé dix ans sous ritaline, ben oui des amphétamines sur un cerveau en développement on ne sait pas ce que ça fait...). Mais je pense que si l'on trouve un jour une solution aux psychoses, elle viendra des neurosciences et de la pharmacologie. Par contre pour les névroses je suis convaincu de la supériorité de la psychanalyse. Je me suis beaucoup interrogé pour les états-limites mais à quelques exceptions près, je pense que la psychanalyse se montre supérieure. Mais je parle de psychanalyse, pas de Freud et de découvertes qui sont à prendre dans le contexte de la fin du 19è-début 20 ème. Par ailleurs, les psychanalystes eux-mêmes ont mis de la distance avec le tout-sexuel de Freud ( ses propres projections en partie ).
Mais de toute façon, nous connaissons dans ce domaine, en France, un mouvement de balancier excessif que j'ai déjà observé dans d'autres domaines ( comme dirait JF Kahn, on lèche, on lâche, on lynche ). On a porté la psychanalyse au pinacle, plus qu'ailleurs, parce que l'on y a mis, en France, des liens avec l'art, la politique etc qui n'étaient pas justifiés ( à mon sens ) et effectivement, la psychanalyse a dominé de manière écrasante et dogmatique. Mais depuis une quinzaine d'année, dix peut-être, on assiste à un retournement complet et on est en train de brûler absolument tout, de tout remettre en cause, y compris ce qui marchait ( tout du moins l'approche "humaniste" du patient, lente, respectueuse, dans sa globalité ) pour tout remplacer par du neurologique et du chimique. La aussi c'est spécifiquement français ( non pas le renversement, mais avec une telle vitesse ). La psychanalyse a eu un "succès" que personne ne prévoyait et qui était excessif mais aujourd'hui entre le lynchage collectif et la recherche d'économies, la psychanalyse disparaît vitesse grand V.
PS : je ne cherche pas à polémiquer, mais les alternatives à la psychanalyse pour la prise en charge de l'autisme il n'y en avait pas. Pas plus en France qu'en GB ou aux USA. Personne ne voulait prendre en charge les autistes à part les psychanalystes. Par contre il est vrai que nous avons pris du retard dans les années 80 quand les américains ont commencé à réfléchir et à structurer des approches comportementalistes et que nous vivions encore ( en tout cas le tout-Paris ) dans la fascination de Lacan. Résultat des méthodes ont pu être diffusées à partir des années 90 et ne sont arrivées chez nous que dix ans après.
Pour ce qui est des neuro-sciences je suis entièrement d'accord qu'elles vont beaucoup nous apporter et pour être franc je suis assez excité par les découvertes à venir. Mais malheureusement, le risque est bien réel ( je le vois actuellement avec la formation des internes ) de réduire le patient à un symptôme, symptôme que l'on fait disparaître avec un médicament et pour se couvrir on fait cinq séances ( je n'invente pas c'est ce qui se fait dans un service de bipolaires adultes chez moi ) pour apprendre au patient à prendre son médoc et à éviter les mélanges et au revoir, retour à la maison. Oui, il y a un vrai risque. Par ailleurs, le risque est d'autant plus grand que cette approche coûte deux à trois fois moins cher donc aujourd'hui on se dirige à grand pas vers ce type de prises en charge. L'histoire du patient, sa famille, ses expériences, ses ressentis tout ça c'est compliqué, il faut démêler, c'est long et coûteux donc on ne veut plus s'emmerder avec. Cela ne vous fait pas penser aux réformes de l’École ?
Pour ce qui est des professionnels, c'est vrai que je n'ai pas parlé des formations. Je suis d'accord, sauf cas exceptionnel ( et tant pis si ça fait hurler Roudinesco ), on ne peut-être psychanalyste que si l'on est d'abord psychologue clinicien ou psychiatre. C'est déjà une première chose. Ensuite, cela n'excuse rien mais comme dans tous les métiers il y a des gens incompétents, mais j'ai envie d'aller plus loin. Comme tout métier qui "traite" de l'humain, il est faut être particulièrement sensible et bien formé. Comme les enseignants ( combien d'enseignants nocifs sans le vouloir ? ) et pour faire un petit clin d'oeil à Mike, Freud disait à juste titre " il y a trois métiers impossibles car reposant sur de l'humain : enseignant, parent, psychanalyste" c'est-à-dire qu'aussi bien que l'on fasse on commet forcément des erreurs.
Pour reprendre également ce qu'en dit Jphmm je comprends que l'on soit dubitatif envers la psychanalyse. Pour tout dire avant de bosser à l'hôpital j'avais un a-priori assez négatif, pas assez scientifique, trop de bla-bla etc. Mais j'ai vraiment découvert qqch auprès de bons psys ( genre les autres médecins nous envoient les gamins dont ils ne savent pas quoi faire...)
Maintenant, sans faire un cours d'histoire de la psychanalyse, il faut replacer les choses dans leur contexte. Effectivement Freud est loin d'avoir tout découvert tout seul. Il a pris un certain nombre d'idées à d'autres psychiatres (en particulier français ) et aux philosophes. Effectivement la psychanalyse n'est pas une science, elle ne répond pas à tout, des erreurs ont été commises au nom de la psychanalyse. Mais il faut quand même reconnaître un mérite ou deux à Freud ( il ne mérite à mon sens ni excès d'honneurs ni d'être descendu en flèche ) il n'a pas inventé mais a synthétisé des découvertes ou des intuitions qui lui ont permis d'écrire et de théoriser des observations empiriques que plusieurs avant lui avaient ressenti. Ce qui montre bien en passant que ce n'est pas une science.
Mais Freud a eu le courage et/ou l'inconscience et la témérité de creuser plus loin et de comprendre à une époque ou presque tous expliquaient les troubles mentaux par des dérèglements biologiques et chimiques que l'Homme ne se résumait pas à cela. Et qu'il y a avait des mouvements de la pensée plus complexes et plus secrets. En quelque sorte, même s'il n'était pas le seul à le faire, il a été le premier à écrire que sans une approche "humaniste" le psychiatre ne guérissait rien et que les symptômes disparus par l'action médicamenteuse réapparaissait ensuite, plus violemment. C'est exactement ce vers quoi on se dirige aujourd'hui avec le DSM-IV et cela va empirer avec le DSM-V.
Bien sûr Freud a aussi commis quantité d'erreurs mais franchement, sans être un inventeur aussi génial qu'il a lui-même voulu le faire croire, il a quand même joué un rôle très important et à mon sens positif pour la psychiatrie en général. Maintenant si l'on s'intéresse à la matière même, il y a autant de psychanalystes que de philosophes. Jung a écrit des choses passionnantes sur la religion et les symboles. Ferenczi a été remarquable d'honnêteté et d'objectivité ( ce qui lui a valu de se brouiller, comme Jung, vaec Freud ).
Le problème des approches autres, c'est qu'elles reposent sur la neurologie, qui a beaucoup progressé mais pas encore assez ( les psychiatres américains commencent tout juste à s'interroger sur les conséquences à long terme sur le cerveau des gamins qui auront passé dix ans sous ritaline, ben oui des amphétamines sur un cerveau en développement on ne sait pas ce que ça fait...). Mais je pense que si l'on trouve un jour une solution aux psychoses, elle viendra des neurosciences et de la pharmacologie. Par contre pour les névroses je suis convaincu de la supériorité de la psychanalyse. Je me suis beaucoup interrogé pour les états-limites mais à quelques exceptions près, je pense que la psychanalyse se montre supérieure. Mais je parle de psychanalyse, pas de Freud et de découvertes qui sont à prendre dans le contexte de la fin du 19è-début 20 ème. Par ailleurs, les psychanalystes eux-mêmes ont mis de la distance avec le tout-sexuel de Freud ( ses propres projections en partie ).
Mais de toute façon, nous connaissons dans ce domaine, en France, un mouvement de balancier excessif que j'ai déjà observé dans d'autres domaines ( comme dirait JF Kahn, on lèche, on lâche, on lynche ). On a porté la psychanalyse au pinacle, plus qu'ailleurs, parce que l'on y a mis, en France, des liens avec l'art, la politique etc qui n'étaient pas justifiés ( à mon sens ) et effectivement, la psychanalyse a dominé de manière écrasante et dogmatique. Mais depuis une quinzaine d'année, dix peut-être, on assiste à un retournement complet et on est en train de brûler absolument tout, de tout remettre en cause, y compris ce qui marchait ( tout du moins l'approche "humaniste" du patient, lente, respectueuse, dans sa globalité ) pour tout remplacer par du neurologique et du chimique. La aussi c'est spécifiquement français ( non pas le renversement, mais avec une telle vitesse ). La psychanalyse a eu un "succès" que personne ne prévoyait et qui était excessif mais aujourd'hui entre le lynchage collectif et la recherche d'économies, la psychanalyse disparaît vitesse grand V.
PS : je ne cherche pas à polémiquer, mais les alternatives à la psychanalyse pour la prise en charge de l'autisme il n'y en avait pas. Pas plus en France qu'en GB ou aux USA. Personne ne voulait prendre en charge les autistes à part les psychanalystes. Par contre il est vrai que nous avons pris du retard dans les années 80 quand les américains ont commencé à réfléchir et à structurer des approches comportementalistes et que nous vivions encore ( en tout cas le tout-Paris ) dans la fascination de Lacan. Résultat des méthodes ont pu être diffusées à partir des années 90 et ne sont arrivées chez nous que dix ans après.
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- V.MarchaisEmpereur
Je ne vois pas de polémique dans ce que tu écris, Ronin. C'est très intéressant, merci pour ce long développement.
C'est ce que je ressens, l'effet de balancier, domination excessive (que je perçois sans pouvoir, comme toi, l'étayer, ne connaissant pas assez le domaine) / retour de bâton. J'espérais naïvement que cela déboucherait vers des positions mesurées mais, manifestement, ça n'en prend pas le chemin, et ta comparaison avec l'école me parle évidemment. Las ! Qu'il faut du temps pour apprendre à lire, tout court, ou en l'homme !
C'est ce que je ressens, l'effet de balancier, domination excessive (que je perçois sans pouvoir, comme toi, l'étayer, ne connaissant pas assez le domaine) / retour de bâton. J'espérais naïvement que cela déboucherait vers des positions mesurées mais, manifestement, ça n'en prend pas le chemin, et ta comparaison avec l'école me parle évidemment. Las ! Qu'il faut du temps pour apprendre à lire, tout court, ou en l'homme !
- RoninMonarque
Juste une dernière idée en passant : la découverte des neurones-miroirs mis à jour il y a peu par l'imagerie médicale. Cela fait cinquante ans que les psychanalystes décrivent des mouvements psychologiques qui correspondent au fonctionnement des neurones-miroirs. Mais ils n'avaient pas de preuves scientifiques de ce qu'ils disaient. Uniquement l'expérience des patients, l'intuition, et l'empirisme. Franchement, quand la "découverte" des neurones-miroirs a été mise à jour ça a bien fait marrer les psychanalystes qui ont pu dire à juste titre " voyez ça fait cinquante ans qu'on en parle, mais comme on avait pas d'irm pour le montrer on nous prenait pour des rigolos".
Une solution pertinente serait, mais ils sont peu nombreux à vouloir le faire, de développer la neuro-psychanalyse, si si ça existe mais c'est très rare.
Pour ce qui est des positions nuancés je suis dubitatif. Nous avons, en France, le goût du dogmatisme et du clivage à un tel point que cela m'échappe.
Une solution pertinente serait, mais ils sont peu nombreux à vouloir le faire, de développer la neuro-psychanalyse, si si ça existe mais c'est très rare.
Pour ce qui est des positions nuancés je suis dubitatif. Nous avons, en France, le goût du dogmatisme et du clivage à un tel point que cela m'échappe.
- yphrogEsprit éclairé
:chien:
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V. Marchais a écrit:Ronin. C'est très intéressant, merci pour ce long développement.
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