Ressentez-vous un sentiment d'imposture quand vous enseignez ?
- LédisséEsprit sacré
Je ne peux que renchérir. Je me remets souvent en question, mais je garde le sentiment que je tiens globalement la route. Dans ton cas, la remise en question est très profonde, et sans lien avec l'enseignement en particulier : je ne pense donc pas que tu puisses trouver de réponse ou de solution ici (tu as bien fait d'en parler, mais même face à une montagne de messages d'encouragement, tu ne retrouveras sans doute pas confiance en toi, puisque comme tu le dis, tu en es venue à retourner même les compliments et les constats positifs incontestables), mais plutôt avec un professionnel. Bon courage en tout cas, notre métier est suffisamment éprouvant sans les difficultés intérieures que tu évoques
- SeiGrand Maître
Merci beaucoup.
En effet, je n'attends pas de ce fil qu'il fasse grimper ma confiance en moi. J'ai parcouru (pas en intégralité) les interventions, et il ne me semble pas avoir lu de témoignages de personnes qui se seraient enfin sorties de ce sentiment d'imposture. Or, j'aimerais bien en lire, même si évidemment la clé est à chercher en soi (je me reconnais d'ailleurs dans le portrait de l'enfant à qui on a confié trop tôt des taches qui n'étaient pas de son âge, cette piste m'a beaucoup interpellée).
Je suis désolée de donner l'impression de quelqu'un dans la détresse. Mais rassurez-vous (ou effrayez-vous !), ce sentiment est tellement intégré que je ne me sens pas spécialement malheureuse. Je pense cependant que j'ai un problème, qu'il me mine régulièrement, et qu'à terme, il va me rendre malheureuse, mais il y a aussi beaucoup de domaines de ma vie où je suis très épanouie et où je n'y pense pas du tout. Heureusement aussi, lorsque je fais classe, je ne ressens pas spécialement ce sentiment. Je n'ai pas le temps d'y penser, en quelque sorte.
En effet, je n'attends pas de ce fil qu'il fasse grimper ma confiance en moi. J'ai parcouru (pas en intégralité) les interventions, et il ne me semble pas avoir lu de témoignages de personnes qui se seraient enfin sorties de ce sentiment d'imposture. Or, j'aimerais bien en lire, même si évidemment la clé est à chercher en soi (je me reconnais d'ailleurs dans le portrait de l'enfant à qui on a confié trop tôt des taches qui n'étaient pas de son âge, cette piste m'a beaucoup interpellée).
Je suis désolée de donner l'impression de quelqu'un dans la détresse. Mais rassurez-vous (ou effrayez-vous !), ce sentiment est tellement intégré que je ne me sens pas spécialement malheureuse. Je pense cependant que j'ai un problème, qu'il me mine régulièrement, et qu'à terme, il va me rendre malheureuse, mais il y a aussi beaucoup de domaines de ma vie où je suis très épanouie et où je n'y pense pas du tout. Heureusement aussi, lorsque je fais classe, je ne ressens pas spécialement ce sentiment. Je n'ai pas le temps d'y penser, en quelque sorte.
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"Humanité, humanité, engeance de crocodile."
- PoupoutchModérateur
Il peut m'arriver de le ressentir, mais plutôt face aux adultes que face aux élèves. En fait, face à une classe, je me sens bien, quand je fais cours, je me sens à ma place. Mais qu'un collègue ou un inspecteur se trouve dans la salle et je me liquéfie. Et, de fait, quand j'ai été inspectée, les élèves m'ont dit ne pas m'avoir reconnue. J'étais certaine que l'inspectrice allait me dire que je n'avais pas ma place au lycée et que j'avais sans doute usurpé mon agrégation.
Je travaille sur ça avec mon psy : de façon générale, j'ai un problème avec l'estime de soi, que je ne sais pas "doser", oscillant de "je suis la meilleure pourquoi les gens ne veulent-ils pas le voir ?" à "je suis nulle et un jour on s'en rendra compte". Il n'y a qu'avec les élèves, dans la classe, que je n'ai pas de problème : je sais qui je suis, je ne suis pas parfaite et je ne cherche pas à l'être et je me sens bien. Cela ne signifie pas que je ne me pose pas de questions, que je ne remets jamais en cause ma pratique, d'ailleurs.
Je travaille sur ça avec mon psy : de façon générale, j'ai un problème avec l'estime de soi, que je ne sais pas "doser", oscillant de "je suis la meilleure pourquoi les gens ne veulent-ils pas le voir ?" à "je suis nulle et un jour on s'en rendra compte". Il n'y a qu'avec les élèves, dans la classe, que je n'ai pas de problème : je sais qui je suis, je ne suis pas parfaite et je ne cherche pas à l'être et je me sens bien. Cela ne signifie pas que je ne me pose pas de questions, que je ne remets jamais en cause ma pratique, d'ailleurs.
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Lapin Émérite, celle qui Nage en Lisant ou Inversement, Dompteuse du fauve affamé et matutinal.
"L'intelligence est une maladie qui peut se transmettre très facilement mais dont on peut guérir très rapidement et sans aucune séquelle"
- Pat BÉrudit
Non, jamais.
En fait, j'ai toujours voulu être professeur de mathématiques (depuis mon année de 6ème). Je me suis un peu égarée en prépa et école d'ingé (formation très instructive cela dit), sans jamais me sentir à ma place en tant que "futur ingénieur", avec un vrai syndrome de l'imposteur. Par contre, quand j'ai fait mon premier remplacement (en préparant le CAPES à côté), ce jour-là, en me dirigeant pour la première fois vers le bureau du prof (d'une classe de sixième), je me suis sentie totalement à ma place.
Par contre, je pense ne jamais être une prof aussi formidable que certains que j'ai pu avoir (notamment ma prof de collège qui m'a donné le goût de la matière et de l'enseignement) : je manque d'autorité naturelle, il y a souvent trop de bruit dans mes cours, l'évolution du métier m'agace, j'ai du mal à m'adapter aux multiples PAI/PPRE/PAP et à l'impossibilité de compenser le manque de base lié à l'interdiction du redoublement... Mais malgré ça, c'est mon métier, je l'ai choisi et je n'ai pas de sentiment d'imposture.
En fait, j'ai toujours voulu être professeur de mathématiques (depuis mon année de 6ème). Je me suis un peu égarée en prépa et école d'ingé (formation très instructive cela dit), sans jamais me sentir à ma place en tant que "futur ingénieur", avec un vrai syndrome de l'imposteur. Par contre, quand j'ai fait mon premier remplacement (en préparant le CAPES à côté), ce jour-là, en me dirigeant pour la première fois vers le bureau du prof (d'une classe de sixième), je me suis sentie totalement à ma place.
Par contre, je pense ne jamais être une prof aussi formidable que certains que j'ai pu avoir (notamment ma prof de collège qui m'a donné le goût de la matière et de l'enseignement) : je manque d'autorité naturelle, il y a souvent trop de bruit dans mes cours, l'évolution du métier m'agace, j'ai du mal à m'adapter aux multiples PAI/PPRE/PAP et à l'impossibilité de compenser le manque de base lié à l'interdiction du redoublement... Mais malgré ça, c'est mon métier, je l'ai choisi et je n'ai pas de sentiment d'imposture.
- abricotedapiExpert spécialisé
J'ai un sentiment d'imposture dans de nombreuses situations personnelles, mais jamais quand j'enseigne. Dès le premier cours je me suis sentie à ma place. Sans me vanter d'être "une vraie pro", loin de là, mais je me sens légitime. Je me sens bien à l'école de manière générale depuis que je suis enfant, ça vient peut-être de ça. Par contre face aux collègues, aux chefs et aux parents, c'est une autre histoire mais au fil des années ce sentiment de légitimité en enseignant rejaillit sur les autres aspects du métier.
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- Spoiler:
- 2024-2025 : en poste fixe !!
2023-2024 (TZR) AFA : 2 classes de 6e (PP 6e)
2022-2023 (TZR) AFA : 1 classe de 5e, 2 classes de 4e, 1 classe de 3e (PP 5e)
2021-2022 (TZR) 2 remplacements : 2 classes de 5e, 1 classe de 6e / 3 classes de 6e
2020-2021 (TZR) AFA 2 collèges dont le RAD : 2 classes de 5e, 1 classe de 4e (PP 5e) + 1 classe de 6e
2019-2020 (TZR) AFA RAD : 2 classes de 6e, 2 classes de 5e (PP 6e)
2018-2019 (TZR) AFA : 4 classes de 6e
2014-2018 : quatre ans en poste fixe (8 classes de 6e, 4 classes de 4e, 3 classes de 5e, 2 classes de 3e et 4 x PP 6e)
2013-2014 (stagiaire) : 2 classes de 5e, 1 classe de 6e
- ZagaraGuide spirituel
Sei a écrit:Merci beaucoup.
En effet, je n'attends pas de ce fil qu'il fasse grimper ma confiance en moi. J'ai parcouru (pas en intégralité) les interventions, et il ne me semble pas avoir lu de témoignages de personnes qui se seraient enfin sorties de ce sentiment d'imposture. Or, j'aimerais bien en lire, même si évidemment la clé est à chercher en soi (je me reconnais d'ailleurs dans le portrait de l'enfant à qui on a confié trop tôt des taches qui n'étaient pas de son âge, cette piste m'a beaucoup interpellée).
Je n'en suis pas encore totalement sortie, mais en grande partie.
A partir de l'hypokhâgne, j'ai ressenti un violent sentiment d'imposture. J'y étais arrivée sans avoir jamais travaillé sérieusement, un peu par hasard, et sans venir d'une famille qui m'avait élevée dans la culture classique. Je me suis retrouvée dans une prépa parisienne bourrée d'enfants de riches qui lisaient l'Odyssée dans le texte ou faisaient des blagues pincées sur Bergson ou l'histoire du XVIe siècle. Ça m'a assez symboliquement bousculée ; à quelques exceptions près, j'avais l'impression de passer pour une plouc, avec mon capital culturel populaire non-valorisable et mes retards théoriques et techniques béants. J'avais vraiment l'impression de ne pas être à ma place. J'ai "surmonté" ça en travaillant (un peu) à combler ce retard, et en faisant l'autruche (beaucoup). La prépa a été une belle période de tournois de jeux de cartes pour moi.
Par la suite, je me sentais bien mieux en master, parce que j'étais seule au monde. Puis j'ai passé l'agreg, et ait été prise en contrat doctoral. A nouveau, je me suis retrouvée en situation de transfuge de classe (même si la population était déjà bien plus diverse que dans ma prépa). Le sentiment d'imposture est revenu, surtout pendant les colloques scientifiques et les discussions entre doctorants/collègues, où j'avais l'impression d'être la dernière des débiles et de faire faux pas sur faux pas.
J'entame ma cinquième année dans le supérieur, et j'ai quasiment perdu ce sentiment d'imposture. Deux ensembles de faits m'y ont aidé :
1. La reconnaissance de mon travail par des pairs (surtout un ami MCF qui m'a beaucoup soutenue et rassurée), et le sentiment, à tort ou à raison (on est toujours le nul d'un autre) que la qualité de ma culture et de mes réflexions ont augmenté ces dernières années. Bref un sentiment d'avoir progressé.
2. Surtout, la répétition volontaire des situations qui me mettaient mal à l'aise. La différence avec l'époque de l'hypokhâgne, c'est que je ne fais plus l'autruche : depuis j'ai adopté la philosophie "si ça bloque, répète jusqu'à ce que ça fonctionne" (laquelle m'a été enseignée par ma fréquentation de starcraft). Une sorte d'amour pour la répétition de l'échec, et de croyance en la vertu de l'habituation et de l'automatisme. Concrètement, ça a voulu dire multiplier les interventions en public jusqu'à ce qu'elles deviennent un peu plus naturelles. Les cours devant des L3 (2 ans) y ont aidé, parce que c'est un public déjà assez affûté et adulte pour "simuler" ce type de situation.
Je ne dirais pas que je suis désormais parfaitement à l'aise dans ce milieu social, mais c'est déjà bien mieux qu'il y a quatre ans. Je ne sais pas non plus si ces points sont transposables à d'autres situations. Mais j'en retirerais : 1. Verbaliser sa progression professionnelle et/ou trouver des gens qui la verbalisent pour soi 2. Se mettre volontairement en difficulté pour s'exercer, jusqu'à ce que ça paie.
- *Ombre*Grand sage
@Sei, ce que tu dis témoigne de beaucoup de souffrance, et le fait que cette souffrance soit intériorisée n'est pas très rassurant. Je te dirais bien d'accepter simplement les retours positifs sur ton travail, mais je me doute que, justement, ce n'est pas si simple. Le choix de te faire aider pour sortir de cette attitude permanente d'auto-dénigrement serait en effet une bonne décision. Je t'adresse, en attendant, tout mon soutien moral.
- SisypheHabitué du forum
Bonsoir Sei,
Je lis ton message et je n'en reviens pas. Je te connais par l'intermédiaire du sujet sur l'agrégation et depuis que je te lis, tu es entrée dans le groupe des personnes que j'admire. Je travaille à combler le gouffre qui me sépare du niveau requis, et je suis loin de penser que cet objectif soit atteignable en cette vie. Pourtant, je ne ressens pas ce sentiment d'imposture de manière générale. Je le ressens quand un cours fonctionne mal mais pas au quotidien. Je crois que je place tout simplement la barre moins haut que toi. J'ai accepté mes limites. Je n'ai pas d'autorité naturelle et mes élèves bavardent dans mes cours. Chaque année ou presque, je suis en conflit avec une classe.
En revanche je me reconnais certaines qualités : je suis quelqu'un de fiable. Je corrige mes copies rapidement. Je suis capable de m'énerver avec un élève tout en restant extrêmement agréable avec le reste de la classe. Je suis capable de présenter des excuses à un élève si j'ai tort. Je n'ai jamais de rancune contre un élève. Chaque heure est une nouvelle chance pour eux.
Alors, je ne suis pas le professeur de l'année et ce que je déplore le plus est mon ignorance mais j'y travaille.
Moi, je suis certaine que j'aimerais t'avoir comme collègue ou comme professeur pour un de mes enfants.
Courage Sei.
Je lis ton message et je n'en reviens pas. Je te connais par l'intermédiaire du sujet sur l'agrégation et depuis que je te lis, tu es entrée dans le groupe des personnes que j'admire. Je travaille à combler le gouffre qui me sépare du niveau requis, et je suis loin de penser que cet objectif soit atteignable en cette vie. Pourtant, je ne ressens pas ce sentiment d'imposture de manière générale. Je le ressens quand un cours fonctionne mal mais pas au quotidien. Je crois que je place tout simplement la barre moins haut que toi. J'ai accepté mes limites. Je n'ai pas d'autorité naturelle et mes élèves bavardent dans mes cours. Chaque année ou presque, je suis en conflit avec une classe.
En revanche je me reconnais certaines qualités : je suis quelqu'un de fiable. Je corrige mes copies rapidement. Je suis capable de m'énerver avec un élève tout en restant extrêmement agréable avec le reste de la classe. Je suis capable de présenter des excuses à un élève si j'ai tort. Je n'ai jamais de rancune contre un élève. Chaque heure est une nouvelle chance pour eux.
Alors, je ne suis pas le professeur de l'année et ce que je déplore le plus est mon ignorance mais j'y travaille.
Moi, je suis certaine que j'aimerais t'avoir comme collègue ou comme professeur pour un de mes enfants.
Courage Sei.
- User20401Vénérable
Comme Poupoutch. Gros sentiment d'imposture face aux adultes, jamais face aux élèves.
Ce sentiment d'imposture était encore plus fort dans le second degré : il portait sur la pédagogie et sur le fond scientifique. Du coup, je me suis toujours mise en retrait de mes collègues : peur d'être démasquée au cours d'une conversation. Pourtant, mon CAPET est très sélectif et j'ai été très bien classée. Mais je reste persuadée que c'est sur un malentendu.
Dans le premier degré, le fond étant moins "pointu", mon sentiment d'imposture a un peu diminué (il ne porte plus que sur la pédagogie). Et l'an dernier, j'étais dans une école avec dispositif ULIS et donc, entre tous les élèves, j'avais toujours une AVS dans ma classe. C'est étrange mais ce regard permanent, très stressant au départ, m'a beaucoup aidée à me sentir un peu plus à ma place (surtout quand les AVS me "piquaient" des trucs pour leurs enfants). Je précise que les AVS n'ont jamais émis le moindre jugement ouvertement, si ce n'est, justement, pour me demander si elles pouvaient utiliser des ressources à moi. Là aussi, classée 3ème en externe au CRPE d'une des académies les plus difficiles en France, mais je reste intimement persuadée qu'ils n'ont pas repéré mon incompétence… Et que ma nullité pédagogique finira par se voir !
Ce sentiment d'imposture est, chez moi, camouflé sous une apparente grande confiance en moi (qui peut même passer pour de l'arrogance parfois, je pense). Quand on me donne un conseil, qu'on me dit quoi modifier, j'ai l'impression d'avoir été démasquée donc je réagis mal. Mon interlocuteur pense alors que j'ai une trop haute estime de moi-même pour me remettre en cause. Mes parents ont découvert quand j'ai eu mon CAPET et qu'on en a discuté, que je n'avais aucune confiance en moi.
Bref, tout ça pour dire que tu n'es pas seule et qu'en effet, dans ce métier, c'est très compliqué à vivre. Je reste ici à l'affut de pistes pour y remédier.
Ce sentiment d'imposture était encore plus fort dans le second degré : il portait sur la pédagogie et sur le fond scientifique. Du coup, je me suis toujours mise en retrait de mes collègues : peur d'être démasquée au cours d'une conversation. Pourtant, mon CAPET est très sélectif et j'ai été très bien classée. Mais je reste persuadée que c'est sur un malentendu.
Dans le premier degré, le fond étant moins "pointu", mon sentiment d'imposture a un peu diminué (il ne porte plus que sur la pédagogie). Et l'an dernier, j'étais dans une école avec dispositif ULIS et donc, entre tous les élèves, j'avais toujours une AVS dans ma classe. C'est étrange mais ce regard permanent, très stressant au départ, m'a beaucoup aidée à me sentir un peu plus à ma place (surtout quand les AVS me "piquaient" des trucs pour leurs enfants). Je précise que les AVS n'ont jamais émis le moindre jugement ouvertement, si ce n'est, justement, pour me demander si elles pouvaient utiliser des ressources à moi. Là aussi, classée 3ème en externe au CRPE d'une des académies les plus difficiles en France, mais je reste intimement persuadée qu'ils n'ont pas repéré mon incompétence… Et que ma nullité pédagogique finira par se voir !
Ce sentiment d'imposture est, chez moi, camouflé sous une apparente grande confiance en moi (qui peut même passer pour de l'arrogance parfois, je pense). Quand on me donne un conseil, qu'on me dit quoi modifier, j'ai l'impression d'avoir été démasquée donc je réagis mal. Mon interlocuteur pense alors que j'ai une trop haute estime de moi-même pour me remettre en cause. Mes parents ont découvert quand j'ai eu mon CAPET et qu'on en a discuté, que je n'avais aucune confiance en moi.
Bref, tout ça pour dire que tu n'es pas seule et qu'en effet, dans ce métier, c'est très compliqué à vivre. Je reste ici à l'affut de pistes pour y remédier.
- PoupoutchModérateur
La piste principale que m'a donnée mon psy rejoint un peu ce que dit Zagara : avoir de l'assurance, ce n'est pas tout réussir, c'est savoir que l'on parviendra à gérer l'échec.
Et en effet, ne pas réussir avec les élèves me pousse juste à chercher comment m'améliorer, et il m'arrive même de le leur dire "bon, comme ça ne marche pas quand je fais ça, je vais essayer ça". C'est également comme ça que je suis parvenue à dompter suffisamment mon mental de tennisman français pour réussir à décrocher l'agreg. (mais je ne suis pas devenue Nadal pour autant...)
Et en effet, ne pas réussir avec les élèves me pousse juste à chercher comment m'améliorer, et il m'arrive même de le leur dire "bon, comme ça ne marche pas quand je fais ça, je vais essayer ça". C'est également comme ça que je suis parvenue à dompter suffisamment mon mental de tennisman français pour réussir à décrocher l'agreg. (mais je ne suis pas devenue Nadal pour autant...)
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Lapin Émérite, celle qui Nage en Lisant ou Inversement, Dompteuse du fauve affamé et matutinal.
"L'intelligence est une maladie qui peut se transmettre très facilement mais dont on peut guérir très rapidement et sans aucune séquelle"
- SeiGrand Maître
Merci à vous.
Rien que d'avoir vidé mon sac m'a fait du bien.
Sisyphe, bah tu vois ! Moi je t'admire d'être si cool et de relativiser !
Le fait d'être TZR sur de courtes durées amplifie le problème. Je n'ai pas de recul sur les résultats, je dois gagner à chaque fois confiance et estime des élèves, ils doivent s'habituer à une autre façon de travailler que l'enseignant référent... Rien que de prendre en charge les élèves en début d'année - comme c'est le cas aujourd'hui - me fait me sentir plus à ma place.
Bref. Je vais consulter parce que ce n'est pas possible de faire les montagnes russes de l'angoisse.
Rien que d'avoir vidé mon sac m'a fait du bien.
Sisyphe, bah tu vois ! Moi je t'admire d'être si cool et de relativiser !
Le fait d'être TZR sur de courtes durées amplifie le problème. Je n'ai pas de recul sur les résultats, je dois gagner à chaque fois confiance et estime des élèves, ils doivent s'habituer à une autre façon de travailler que l'enseignant référent... Rien que de prendre en charge les élèves en début d'année - comme c'est le cas aujourd'hui - me fait me sentir plus à ma place.
Bref. Je vais consulter parce que ce n'est pas possible de faire les montagnes russes de l'angoisse.
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"Humanité, humanité, engeance de crocodile."
- MarounetteHabitué du forum
Cela m'a fait du bien de savoir que je ne suis pas la seule à avoir ce sentiment d'imposture à certains moments. Je pensais être la seule.
C'est exactement ce que je ressens. Par contre, les inspecteurs (lors de mes inspections) m'ont bien fait comprendre que je n'avais pas ma place dans une classe. Ceci mine ma confiance en moi, et renforce ce sentiment d'imposture. J'ai vraiment du mal à voir le côté positif. Quasiment toute l'année dernière, j'ai été dans un déni total de mes "réussites".
Heureusement que j'ai des anciens collègues et des amis (qui sont aussi des anciens collègues) qui me soutiennent. Ma tutrice de l'an passée m'a dit que j'avais ma place dans une classe et je dois persévérer (je suis en renouvellement cette année).
Poupoutch a écrit:Il peut m'arriver de le ressentir, mais plutôt face aux adultes que face aux élèves. En fait, face à une classe, je me sens bien, quand je fais cours, je me sens à ma place. Mais qu'un collègue ou un inspecteur se trouve dans la salle et je me liquéfie. Et, de fait, quand j'ai été inspectée, les élèves m'ont dit ne pas m'avoir reconnue. J'étais certaine que l'inspectrice allait me dire que je n'avais pas ma place au lycée et que j'avais sans doute usurpé mon agrégation.
C'est exactement ce que je ressens. Par contre, les inspecteurs (lors de mes inspections) m'ont bien fait comprendre que je n'avais pas ma place dans une classe. Ceci mine ma confiance en moi, et renforce ce sentiment d'imposture. J'ai vraiment du mal à voir le côté positif. Quasiment toute l'année dernière, j'ai été dans un déni total de mes "réussites".
Heureusement que j'ai des anciens collègues et des amis (qui sont aussi des anciens collègues) qui me soutiennent. Ma tutrice de l'an passée m'a dit que j'avais ma place dans une classe et je dois persévérer (je suis en renouvellement cette année).
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"Je ne sais qu'une chose, c'est que je ne sais rien." Socrate
La recherche est l'un des rares domaines où des personnes volontaires peuvent mesurer leur ignorance. :lol:
[url=laclassedemarou.canalblog.com/]laclassedemarou.canalblog.com/[/url]
- scot69Modérateur
Je n'ai jamais eu beaucoup de mémoire et j'ai toujours eu du mal à comprendre les choses en classe quand j'étais élève. Je n'ai jamais eu un profil vraiment intellectuel. J'étais le genre d'élève à bosser sans cesse pour avoir au final des résultats moyens. Donc oui, j'ai comme un sentiment d'imposture par rapport à ceux pour qui le savoir et la compréhension sont innés et systématiques. Par contre, je garde toujours à l'esprit qu'il y a un facteur chance dans un concours ou un examen. Imposteur ou pas, je pense que j'ai suffisamment bossé pour obtenir mon poste, donc je ne vais pas me remettre en question toute ma vie.
- Monsieur_TeslaNiveau 10
Ce même sentiment depuis 25 ans que j'enseigne, les inspections infantilisantes, remise en question de ma pédagogie par les parents et parfois même la direction.
PC 11ème échelon.
PC 11ème échelon.
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Ce que j'entends je l'oublie.
Ce que le lis je le retiens.
Ce que je fais, je le comprends !
Tchuang Tseu
- CisilHabitué du forum
Poupoutch a écrit:Il peut m'arriver de le ressentir, mais plutôt face aux adultes que face aux élèves. En fait, face à une classe, je me sens bien, quand je fais cours, je me sens à ma place. Mais qu'un collègue ou un inspecteur se trouve dans la salle et je me liquéfie. Et, de fait, quand j'ai été inspectée, les élèves m'ont dit ne pas m'avoir reconnue. J'étais certaine que l'inspectrice allait me dire que je n'avais pas ma place au lycée et que j'avais sans doute usurpé mon agrégation.
Je travaille sur ça avec mon psy : de façon générale, j'ai un problème avec l'estime de soi, que je ne sais pas "doser", oscillant de "je suis la meilleure pourquoi les gens ne veulent-ils pas le voir ?" à "je suis nulle et un jour on s'en rendra compte". Il n'y a qu'avec les élèves, dans la classe, que je n'ai pas de problème : je sais qui je suis, je ne suis pas parfaite et je ne cherche pas à l'être et je me sens bien. Cela ne signifie pas que je ne me pose pas de questions, que je ne remets jamais en cause ma pratique, d'ailleurs.
Comme Poupoutch. Et peu importe l'adulte : inspecteur, collègue, AVS, c'est pareil, même si bien sûr, selon les personnes, le degré du sentiment d'imposture n'est pas le même.
Hormis lors d'inspections, j'ai très fortement ressenti cela dans deux circonstances. Lors des cours de préparation à l'agreg, j'avais le sentiment que je n'étais pas à ma place, que mes collègues en savaient toutes plus que moi, qu'elles étaient bien plus à l'aise (ce qui était vrai !), et que contrairement à moi, elles ne découvraient pas quelque chose de nouveau toutes les cinq minutes.
Et (et c'est encore plus vrai cette année), pour les vacations à la fac. J'ai toujours l'impression que je ne suis pas à ma place, qu'un jour on remerciera la gentille petite certifiée qui a bien voulu rendre service quelques années, mais qu'on a trouvé plus compétent. Ce qui accentue ce sentiment, c'est que bien souvent je suis dans une équipe composée (presque) exclusivement d'hispanophones (cette année par exemple, sur onze intervenants en espagnol en LEA, nous ne sommes que deux francophones, et l'autre est professeur...). Exemple : nous nous partageons des groupes avec un collègue, il est mexicain, donc hispanophone, et lors de la préparation de la brochure du premier semestre, nous échangions par mail ce que nous avions préparé pour le mettre en commun. L'attente des réponses du collègue m'a donné quelques sueurs, et même si je lui suggérais poliment de ne pas hésiter à corriger d'éventuelles coquilles, erreurs de syntaxe, etc..., j'anticipais la honte éprouvée à la correction de plus ou moins grosses fautes de langue. L'an passé, c'était pareil, mais avec une collègue de lycée, agrégée et docteur.
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"Si haut que l’on soit placé, on n’est jamais assis que sur son cul." Montaigne.
"When I went to school, they asked me what I wanted to be when I grew up. I wrote down ‘happy’. They told me I didn’t understand the assignment, and I told them they didn’t understand life.” John Lennon
- SVoroncaNiveau 7
Non, je l'ai sûrement eu quand j'étais stagiaire mais ça n'a pas duré.
Je transmets ce que je sais et j'admets mes limites. En fait, je crois qu'il n'y a pas d'autre endroit où j'ai plus d'assurance qu'au sein de l'espace professionnel. Quand je suis dans une salle de classe je sais que j'y suis à ma place (ou que j'y étais, pour diverses raisons, j'envisage d'arrêter ce métier). L'assurance que j'ai développée grâce à ce métier m'a permis de "grandir" et de m'affirmer dans d'autres domaines.
Je transmets ce que je sais et j'admets mes limites. En fait, je crois qu'il n'y a pas d'autre endroit où j'ai plus d'assurance qu'au sein de l'espace professionnel. Quand je suis dans une salle de classe je sais que j'y suis à ma place (ou que j'y étais, pour diverses raisons, j'envisage d'arrêter ce métier). L'assurance que j'ai développée grâce à ce métier m'a permis de "grandir" et de m'affirmer dans d'autres domaines.
- AsarteLilithEsprit sacré
Je rejoins Poupoutch et Cicyle.
Mon sentiment d'imposture a bien baissé depuis que je me sens "légitime" dans ma classe et mon autorité, mais s'effondre face à un chef ou un IPR, d'où ma détestation des réunions avec les hautes instances et ma fuite de toute "mise en valeur" autre que dans des projets communs.
Par contre, depuis ma fréquentation sur Néo, je me sens complètement nulle et inculte face notamment à beaucoup de Néos LCA.
Mon sentiment d'imposture a bien baissé depuis que je me sens "légitime" dans ma classe et mon autorité, mais s'effondre face à un chef ou un IPR, d'où ma détestation des réunions avec les hautes instances et ma fuite de toute "mise en valeur" autre que dans des projets communs.
Par contre, depuis ma fréquentation sur Néo, je me sens complètement nulle et inculte face notamment à beaucoup de Néos LCA.
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Chuis comme les plantes sans eau : sans grec ni latin, j'me dessèche.
ON DIT CHOCOLATINE, PHILISTINS !
- LefterisEsprit sacré
Je n'ai strictement aucun sentiment d'imposture par rapport aux gens que je fréquente, qu'ils soient élèves ou adultes. Le seul sentiment d'imposture que je ressens, c'est celui de l'administration envers nous, de ses injonctions contradictoires, de ses tentatives de culpabilisation, de ses formations ridicules. J'en aurais sans doute face à des gens de haut vol (mais je ne leur enseigne pas, je les écoute quand j'ai l'occasion). Nous, professeurs, sommes comme Micromégas : minuscules parmi les grands, que nous ne voyons (plus) jamais, englués dans notre quotidien alimentaire, et grands parmi les petits, que nous côtoyons. Les élèves ? Nous sommes par rapport à eux des savants, des abysses nous séparent. Les adultes ? Aucun n'est à notre niveau dans notre matière, ni les parents, ni les CDE , ni même parfois l'IPR, qui était exactement comme nous mais a raccroché, parfois depuis longtemps.
Le sentiment d'imposture est entièrement fabriqué par le système : étudiants puis candidats sans cesse mis sur la sellette, lavage de cerveau à L'IUFM/ ESPE/INSPE, pression managériale permanente une fois en poste. Quand on n'a pas suivi ce cursus, qu'on voit le système tardivement avec du recul, on se dit que l'imposture n’est pas du côté qu'on croit.
Le sentiment d'imposture est entièrement fabriqué par le système : étudiants puis candidats sans cesse mis sur la sellette, lavage de cerveau à L'IUFM/ ESPE/INSPE, pression managériale permanente une fois en poste. Quand on n'a pas suivi ce cursus, qu'on voit le système tardivement avec du recul, on se dit que l'imposture n’est pas du côté qu'on croit.
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- ddalcatelNiveau 9
Même l'année de stage IUFM je n'ai jamais eu de sentiment d'imposture. Je suis entré à l'EN après quelques années ingénieur dans une grande entreprise et par agrégation externe. Je me suis toujours dit que mon IPR ne savait rien de plus que moi, bien au contraire. Ou alors sur des questions pédagogiques, mais comme je n'y crois pas ça ne me pose aucun problème.
Pour moi c'est un peu l'inverse, avec l'effondrement des programmes je me dis que tout le monde est très largement beaucoup trop diplômé. Mes étudiants (tous bac S mention B ou TB) ne savent rien ou presque et même en fin de BTS ils butent sur des questions niveau primaire ou collège en français, maths, sciences...
L'imposture est de nous faire croire qu'il faut travailler, se former, se réunir, changer ses pratiques, imaginer de nouvelles méthodes... pour en faire toujours moins (en prenant toujours plus de temps).
Pour moi c'est un peu l'inverse, avec l'effondrement des programmes je me dis que tout le monde est très largement beaucoup trop diplômé. Mes étudiants (tous bac S mention B ou TB) ne savent rien ou presque et même en fin de BTS ils butent sur des questions niveau primaire ou collège en français, maths, sciences...
L'imposture est de nous faire croire qu'il faut travailler, se former, se réunir, changer ses pratiques, imaginer de nouvelles méthodes... pour en faire toujours moins (en prenant toujours plus de temps).
- marc-jeanNiveau 1
Bonjour
J'avoue, je n'ai pas lu tous les messages, mais j'ai l'impression tout de même d'être un cas à part... Le sentiment d'imposture m'est devenu extrêmement familier, dès qu'il me faut défendre une position en désaccord avec mes opinions, ou endosser un costume d'expert dans un domaine qui m'est largement inconnu. Et ça m'arrive :
- Quand il me faut enseigner à mes élèves des notions jamais vue durant ma (pourtant longue) formation initiale, en tentant de n'en rien laisser paraître...
- Lorsque je me retrouve à enseigner du python en sus de l'algorithmique en sus des mathématiques.... et ce, sur des modèles de calculatrices me parlant chacun une langue inconnue, et laisser croire que cela va de soi
- lorsque les programmes me réclament de faire de l'épistémologie , lorsque mon inspecteur me suggère de faire de la philosophie
- lorsqu'il me faut manipuler un logiciel de géométrie dynamique ou un tableur au milieu d'un exercice de maths, en prétendant sans rire (sauf quand il y a un bug, là l'ambiance de la classe n'est pas triste) que l'apprentissage de ces logiciels a bien dû être fait par quelqu'un précédemment.
- Lorsque l'on m'incite à mettre en oeuvre les dernières pédagogies à la mode (qui passent à la suivante le temps que je commence à les comprendre) en me présentant comme un psychologue, un sofrologue ou un expert en neuro-sciences ...
- Quand je subis des formations auxquelles je ne comprends pas un traître mot, alors que mes collègues sont -ou feignent d'être- dans leur élément. Dernière expérience en date : la formation NSI , que j'ai eu la sagesse d'abandonner à la rentrée
- Ou encore mieux, quand j'anime moi-même des formations à destination des collègues en devant faire l'éloge des derniers trucs auxquels je ne crois guère et que je ne connais que vaguement.
En revanche je n'ai plus du tout ce sentiment lorsque je me retrouve face à mes inspecteurs ou proviseur ; car s'il y a un domaine dans lequel je leur reconnais une réelle supériorité sur moi, c'est bien dans celui de l'imposture...
J'avoue, je n'ai pas lu tous les messages, mais j'ai l'impression tout de même d'être un cas à part... Le sentiment d'imposture m'est devenu extrêmement familier, dès qu'il me faut défendre une position en désaccord avec mes opinions, ou endosser un costume d'expert dans un domaine qui m'est largement inconnu. Et ça m'arrive :
- Quand il me faut enseigner à mes élèves des notions jamais vue durant ma (pourtant longue) formation initiale, en tentant de n'en rien laisser paraître...
- Lorsque je me retrouve à enseigner du python en sus de l'algorithmique en sus des mathématiques.... et ce, sur des modèles de calculatrices me parlant chacun une langue inconnue, et laisser croire que cela va de soi
- lorsque les programmes me réclament de faire de l'épistémologie , lorsque mon inspecteur me suggère de faire de la philosophie
- lorsqu'il me faut manipuler un logiciel de géométrie dynamique ou un tableur au milieu d'un exercice de maths, en prétendant sans rire (sauf quand il y a un bug, là l'ambiance de la classe n'est pas triste) que l'apprentissage de ces logiciels a bien dû être fait par quelqu'un précédemment.
- Lorsque l'on m'incite à mettre en oeuvre les dernières pédagogies à la mode (qui passent à la suivante le temps que je commence à les comprendre) en me présentant comme un psychologue, un sofrologue ou un expert en neuro-sciences ...
- Quand je subis des formations auxquelles je ne comprends pas un traître mot, alors que mes collègues sont -ou feignent d'être- dans leur élément. Dernière expérience en date : la formation NSI , que j'ai eu la sagesse d'abandonner à la rentrée
- Ou encore mieux, quand j'anime moi-même des formations à destination des collègues en devant faire l'éloge des derniers trucs auxquels je ne crois guère et que je ne connais que vaguement.
En revanche je n'ai plus du tout ce sentiment lorsque je me retrouve face à mes inspecteurs ou proviseur ; car s'il y a un domaine dans lequel je leur reconnais une réelle supériorité sur moi, c'est bien dans celui de l'imposture...
- gauvain31Empereur
marc-jean a écrit:Bonjour
En revanche je n'ai plus du tout ce sentiment lorsque je me retrouve face à mes inspecteurs ou proviseur ; car s'il y a un domaine dans lequel je leur reconnais une réelle supériorité sur moi, c'est bien dans celui de l'imposture...
+1000 et il est sûr que depuis juillet dernier ils ont bien dû décomplexer pas mal de collègues
Quant aux domaines que l'on découvre avec le temps , en SVT en tout cas c'est tout à fait normal. La biologie et la géologie font des bonds de géants, on sait dès le début de notre carrière que des notions que nous n'avons jamais vues au cours de nos études se retrouveront dans les programmes.
Quand j'ai débuté j'avais vu à la fac les gènes homéotiques... qui sont passés en classe de Seconde. Beaucoup de mes collègues anciens de l'époque m'ont dit qu'ils étaient obligé de se former car il n'avaient jamais étudié les gènes homéotiques. Mais à ce moment, n'a effleuré l'idée en moi ou en mes collègues d'une imposture.
Il y a quelques temps j'avais même dit sans aucune honte à mes élèves de Terminale S qu'une partie de ce qu'ils voient sur l'immunité innée ne m'a jamais été enseigné (les récepteurs toll par exemple ou les interactions PAMP-PRR) . Et ils ont été tout à fait compréhensifs: le but étant de leur montrer que le sciences et les connaissances évoluent constamment et qu'eux-mêmes verront leur connaissances devenir obsolètes ou en tout insuffisantes
Là où ce n'est pas normal , c'est qu'on a du mal à obtenir un congé de formation professionnel rémunéré car pour un enseignant c'est vital de mettre à jour ses connaissances.
Sinon à titre personnel, je n'ai jamais réellement eu ce sentiment d'imposture : une fois j'ai juste un sentiment d'infériorité intellectuelle lors des oraux d'agreg , mais ce n'était pas un sentiment d'imposture.
Et plus j'avance en âge, plus j'accumule de l'expérience dans plein d'établissements, moins il sera pas facile (pour ne pas dire impossible vu le contexte actuel) pour un CDE ou un IPR d'induire en moi ce sentiment. Mon CV de toute façon les met de fait eux en position d'imposteurs n'ayant pas enseigné sur l'ensemble des cycles (certains d'entre eux n'ayant fait QUE du collège ou QUE du lycée ou QUE des classes prépa). Et à aucune moment ils ne peuvent me dire de me remettre en question puisque mon statut de TZR de fait m'oblige à me remettre en question chaque année
- Bipède sans plumesNiveau 2
Cette année je suis stagiaire et durant les premiers jours au tronc commun de l'ESPE et durant le speach interminable de la rectrice et de ses acolytes, nous avons entendu beaucoup de discours visant à nous persuader que nous sommes nuls, que ça va mal se passer, qu'on va ''déprimer''.
On nous a répété je ne sais pas combien de fois que l'année allait être difficile. Ok, ça parait normal au premier abord. Mais quand chaque intervenant le martèle au moins quatre ou cinq fois dans son discours ça commence à être lourd. On nous a aussi répété qu'il était impossible que nous ne soyons pas en difficulté, et qu'il faut absolument en parler, que l'équipe qui nous entoure est là pour ça. Là encore ça paraîtrait normal et presque sympa, mais quand ils rajoutent immédiatement que si nous ne témoignons pas de nos difficultés c'est que nous les cachons sous le tapis, ça commence à être lourd. Ça signifie quand même qu'il est impossible que ça se passe bien, et que celui qui le prétend ne fait que mentir. C'est limite si on devrait pas avoir mauvaise conscience lorsqu'on dit ''ça se passe bien''. Le comble c'était quand la personne qui gère les affectations s'est mise à nous dire ''cette année, c'est sûr, vous allez déprimer''. On se demande bien d'où elle avait une connaissance du monde de l'enseignement pour nous dire ça, mais c'est pas grave.
Tout cela m'a bien énervé durant les premiers jours, et sous couvert de sympathie et d'écoute ça transmettait un message hyper négatif sur nos capacités à faire notre travail. Mieux encore, y'avait un peu une ambiance de confessionnal : ''vous avez un problème, si si, avouez-le. Si vous ne dites rien vous êtes coupable de ne pas en avoir conscience.''
On nous a répété je ne sais pas combien de fois que l'année allait être difficile. Ok, ça parait normal au premier abord. Mais quand chaque intervenant le martèle au moins quatre ou cinq fois dans son discours ça commence à être lourd. On nous a aussi répété qu'il était impossible que nous ne soyons pas en difficulté, et qu'il faut absolument en parler, que l'équipe qui nous entoure est là pour ça. Là encore ça paraîtrait normal et presque sympa, mais quand ils rajoutent immédiatement que si nous ne témoignons pas de nos difficultés c'est que nous les cachons sous le tapis, ça commence à être lourd. Ça signifie quand même qu'il est impossible que ça se passe bien, et que celui qui le prétend ne fait que mentir. C'est limite si on devrait pas avoir mauvaise conscience lorsqu'on dit ''ça se passe bien''. Le comble c'était quand la personne qui gère les affectations s'est mise à nous dire ''cette année, c'est sûr, vous allez déprimer''. On se demande bien d'où elle avait une connaissance du monde de l'enseignement pour nous dire ça, mais c'est pas grave.
Tout cela m'a bien énervé durant les premiers jours, et sous couvert de sympathie et d'écoute ça transmettait un message hyper négatif sur nos capacités à faire notre travail. Mieux encore, y'avait un peu une ambiance de confessionnal : ''vous avez un problème, si si, avouez-le. Si vous ne dites rien vous êtes coupable de ne pas en avoir conscience.''
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Et surtout pas un coq déplumé !
- LefterisEsprit sacré
Mais tout ce que tu dis est retourné contre toi, on t'en veut de te plaindre, et certains collègues sont les premiers à te faire comprendre que tu n'es pas fait pour ça. J'accompagne (verbe qui n'a pas le même sens que celui, orwellien, de l'administration) régulièrement des jeunes collègues à titre syndical, et plus ils sont francs, croyant ce qu'on leur dit, plus on leur cogne dessus, car ils ont eux-même fourni le motif. Un conseil, ne t'épanche pas trop. Un stage peut très bien se passer, ça m'est arrivé, quoiqu'en REP + . Finalement, je sature bien plus maintenant, et en grande partie à cause des agissements de ceux que tu définis déjà très justement comme des laquais.Bipède sans plumes a écrit:Cette année je suis stagiaire et durant les premiers jours au tronc commun de l'ESPE et durant le speach interminable de la rectrice et de ses laquais, nous avons entendu beaucoup de discours visant à nous persuader que nous sommes nuls, que ça va mal se passer, qu'on va ''déprimer''.
On nous a répété je ne sais pas combien de fois que l'année allait être difficile. Ok, ça parait normal au premier abord. Mais quand chaque intervenant le martèle au moins quatre ou cinq fois dans son discours ça commence à être lourd. On nous a aussi répété qu'il était impossible que nous ne soyons pas en difficulté, et qu'il faut absolument en parler, que l'équipe qui nous entoure est là pour ça. Là encore ça paraîtrait normal et presque sympa, mais quand ils rajoutent immédiatement que si nous ne témoignons pas de nos difficultés c'est que nous les cachons sous le tapis, ça commence à être lourd. Ça signifie quand même qu'il est impossible que ça se passe bien, et que celui qui le prétend ne fait que mentir. C'est limite si on devrait pas avoir mauvaise conscience lorsqu'on dit ''ça se passe bien''. Le comble c'était quand la personne qui gère les affectations s'est mise à nous dire ''cette année, c'est sûr, vous allez déprimer''. On se demande bien d'où elle avait une connaissance du monde de l'enseignement pour nous dire ça, mais c'est pas grave.
Tout cela m'a bien énervé durant les premiers jours, et sous couvert de sympathie et d'écoute ça transmettait un message hyper négatif sur nos capacités à faire notre travail. Mieux encore, y'avait un peu une ambiance de confessionnal : ''vous avez un problème, si si, avouez-le. Si vous ne dites rien vous êtes coupable de ne pas en avoir conscience.''
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
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- zigmag17Guide spirituel
Poupoutch a écrit:Il peut m'arriver de le ressentir, mais plutôt face aux adultes que face aux élèves. En fait, face à une classe, je me sens bien, quand je fais cours, je me sens à ma place. Mais qu'un collègue ou un inspecteur se trouve dans la salle et je me liquéfie. Et, de fait, quand j'ai été inspectée, les élèves m'ont dit ne pas m'avoir reconnue. J'étais certaine que l'inspectrice allait me dire que je n'avais pas ma place au lycée et que j'avais sans doute usurpé mon agrégation.
Je travaille sur ça avec mon psy : de façon générale, j'ai un problème avec l'estime de soi, que je ne sais pas "doser", oscillant de "je suis la meilleure pourquoi les gens ne veulent-ils pas le voir ?" à "je suis nulle et un jour on s'en rendra compte". Il n'y a qu'avec les élèves, dans la classe, que je n'ai pas de problème : je sais qui je suis, je ne suis pas parfaite et je ne cherche pas à l'être et je me sens bien. Cela ne signifie pas que je ne me pose pas de questions, que je ne remets jamais en cause ma pratique, d'ailleurs.
Comme Poupoutch.
Le sentiment d'imposture est né d'une remarque perfide et fausse (me dis-je avec l'expérience) assénée à l'ENNA d'alors (ex- IUFM, ex- ESPE) par un formateur : "Si UN SEUL élève ne s'intéresse pas à votre cours, c'est que votre cours n'EST PAS intéressant". J'ai transporté avec moi cette assertion dans toutes les classes dans lesquelles j'ai officié. Elle me revient systématiquement en mémoire dès lors que pour une raison ou une autre je suis fatiguée, en manque d'énergie... alors je me remets en cause et c'est violent. C'est tout de même de plus en plus rare.
Aujourd'hui ce sentiment d'imposture ne m'atteint éventuellement qu'en présence de tiers adultes, je déteste avoir dans ma classe des gens qui se permettent de juger de leur haut ce que je fais. Depuis que j'ai compris qu'ils ne tiendraient pas une heure à ma place et que beaucoup d'entre eux ont passé des concours pour ne plus connaître le face-à-face avec des élèves, j'ai appris à relativiser un peu.
Je reconnais toutefois que j'ai reçu une formation plutôt de haut vol en histoire-géo à l'époque, avec des "pointures", et si je sais théoriquement comment bâtir un cours varié et intéressant (pour le coup), eh bien je n'y arrive pas, tout simplement, et je travaille comme je peux avec mes compétences -en LP nous sommes bivalents et je suis beaucoup plus littéraire qu'historienne ou encore mieux, géographe. Encore aujourd'hui, ce que je peux expliquer en deux secondes à mes élèves en français avec des anecdotes, des perspectives et une hauteur de vue sur le contenu, je ne sais pas le faire en HG. Cela ne m'empêche pas de les faire travailler et de chercher des stratégies pour les intéresser.
Mais les résultats obtenus par mes élèves aux examens n'ont pas à me faire rougir, aussi je me dis que je peux toujours m'améliorer mais cela ne mérite ni l'opprobe ni l'auto-flagellation, finalement.
L'imposture, c'est le mensonge. Je ne me mens pas à moi-même en reconnaissant mes faiblesses, et ma place n'est pas usurpée.
En dépit de cela je me sens parfois "décalée", et pas au bon endroit: je vieillis, l'usure du métier est là, mes méthodes je le vois bien sont déjà d'un autre temps, et je caresse de plus en plus l'idée de trouver une autre voie, mais c'est une autre histoire...
Dans tous les cas: ne pas écouter les "bien-pensants" idéologues et blablateurs du métier, exercer son métier avec coeur et conscience, et voilà!
- pseudo-intelloSage
Exact. Le juste milieu à trouver, c'est, je pense, de faire comme nos grands-parents lorsqu'ils allaient à confesse : ils ne disaient pas les vraies bêtises, ne voulaient pas se faire taxer d'orgueil, et s'inventaient donc des menus péchés de rien du tout qui leur permettaient de feindre la sincérité.Lefteris a écrit:Mais tout ce que tu dis est retourné contre toi, on t'en veut de te plaindre, et certains collègues sont les premiers à te faire comprendre que tu n'es pas fait pour ça. J'accompagne (verbe qui n'a pas le même sens que celui, orwellien, de l'administration) régulièrement des jeunes collègues à titre syndical, et plus ils sont francs, croyant ce qu'on leur dit, plus on leur cogne dessus, car ils ont eux-même fourni le motif. Un conseil, ne t'épanche pas trop. Un stage peut très bien se passer, ça m'est arrivé, quoiqu'en REP + . Finalement, je sature bien plus maintenant, et en grande partie à cause des agissements de ceux que tu définis déjà très justement comme des laquais.Bipède sans plumes a écrit:Cette année je suis stagiaire et durant les premiers jours au tronc commun de l'ESPE et durant le speach interminable de la rectrice et de ses laquais, nous avons entendu beaucoup de discours visant à nous persuader que nous sommes nuls, que ça va mal se passer, qu'on va ''déprimer''.
On nous a répété je ne sais pas combien de fois que l'année allait être difficile. Ok, ça parait normal au premier abord. Mais quand chaque intervenant le martèle au moins quatre ou cinq fois dans son discours ça commence à être lourd. On nous a aussi répété qu'il était impossible que nous ne soyons pas en difficulté, et qu'il faut absolument en parler, que l'équipe qui nous entoure est là pour ça. Là encore ça paraîtrait normal et presque sympa, mais quand ils rajoutent immédiatement que si nous ne témoignons pas de nos difficultés c'est que nous les cachons sous le tapis, ça commence à être lourd. Ça signifie quand même qu'il est impossible que ça se passe bien, et que celui qui le prétend ne fait que mentir. C'est limite si on devrait pas avoir mauvaise conscience lorsqu'on dit ''ça se passe bien''. Le comble c'était quand la personne qui gère les affectations s'est mise à nous dire ''cette année, c'est sûr, vous allez déprimer''. On se demande bien d'où elle avait une connaissance du monde de l'enseignement pour nous dire ça, mais c'est pas grave.
Tout cela m'a bien énervé durant les premiers jours, et sous couvert de sympathie et d'écoute ça transmettait un message hyper négatif sur nos capacités à faire notre travail. Mieux encore, y'avait un peu une ambiance de confessionnal : ''vous avez un problème, si si, avouez-le. Si vous ne dites rien vous êtes coupable de ne pas en avoir conscience.''
Toi, c'est pareil : tu ne te plains pas de gros problèmes (sauf si tu l'estimes utile), et si besoin, tu t'en inventes des petits que tu narres avec l'air soucieux, parce que clairement, ces gens n'ont pas envie de te sentir satisfaite. :lol:
- Dadoo33Grand sage
SVoronca a écrit:Non, je l'ai sûrement eu quand j'étais stagiaire mais ça n'a pas duré.
Je transmets ce que je sais et j'admets mes limites. En fait, je crois qu'il n'y a pas d'autre endroit où j'ai plus d'assurance qu'au sein de l'espace professionnel. Quand je suis dans une salle de classe je sais que j'y suis à ma place (ou que j'y étais, pour diverses raisons, j'envisage d'arrêter ce métier). L'assurance que j'ai développée grâce à ce métier m'a permis de "grandir" et de m'affirmer dans d'autres domaines.
+ 1
- Prof célibataire (mais pas seulement?)... vous ruminez chez vous quand vous avez une classe pénible?
- Sondage : Quelle est la pire incivilité ou violence que vous ayez subie depuis que vous enseignez ?
- Choisissez-vous les niveaux dans lesquels vous enseignez?
- Pour vous qui ont été les ministres de l'EN les plus désastreux depuis que vous enseignez ?
- Que répondez-vous quand on vous dit que les profs devraient prévenir les élèves quand ils font grève ?
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