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Ressentez-vous un sentiment d'imposture quand vous enseignez ?
- BorgesianaNiveau 3
Sei a écrit:Oups, je me suis trompée ! Pardon Elaïna et Borgesiana !
C'est vrai que le message d'Elaïna a beaucoup plus de sens en réponse à ton message, Borgesiana. ; )
Bon, tu te doutes que je n'ai aucun conseil à donner, mais je compatis et suis ravie qu'Elaïna ait pu t'apporter du réconfort !
Aucun souci très chère ! Je partage
- yseultFidèle du forum
Je ne vois pas en quoi ce serait une imposture. Quelle drôle de question... Demande-t-on à une infirmière ou un médecin s'il a un sentiment d'imposture? On a acquis des connaissances qu'on transmet. Le savoir et le savoir-faire sont là. Cette année mes 28 heures de présence dans l'établissement sur 4 jours pour 19 heures de cours me donnent pas du tout envie de me considérer comme un imposteur! En revanche, j'ai bien le sentiment que mon employeur se f*** bien de ma g***.
Désolée pour coup de gueule. :/
Désolée pour coup de gueule. :/
- JaneBNeoprof expérimenté
Si ça se passe bien dans tes classes et que tu es très heureuse avec les élèves, c'est que tout va bien! Ce qui serait l'enfer, c'est que ce ne soit pas le cas, ce qui alimenterait fortement ton sentiment d'imposture ...Sei a écrit:Pfff... mon sentiment revient !
C'est infernal !
Alors qu'objectivement, ça se passe bien dans mes classes depuis la rentrée (enfin, je crois) et que je suis très heureuse avec les élèves. C'est fou cette peur d'être jugée !
Bon, j'ai investigué et on va me donner les contacts de deux psys dans ma ville.
- mamieprofEsprit éclairé
En SES non !
En SNT carrément oui
En SNT carrément oui
- ElaïnaDevin
Mon message partait de celui de borgesiana mais il s'adressait à toutes les deux !
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It took me forty years to realize this. But for guys like us... our lives aren't really our own. There's always someone new to help. Someone we need to protect. These past few years, I fought that fate with all I had. But I'm done fighting. It's time I accept the hand I was dealt. Too many people depend on us. Their dreams depend on us.
Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered
Ma page Facebook https://www.facebook.com/Lire-le-Japon-106902051582639
- LefterisEsprit sacré
Sois pas désolée, je rejoins ce sentiment, et je l'exprime plus haut. L'imposture n'est pas du côté qu’une vieille tradition IUFM/ESPE/INSPE transmet aux stagiaires, par la bouche de planqués, embusqués, papelards, tartuffes, mirliflores, rats de moquettes, stratèges d'antichambre, réseauteurs, gamellards, viandards et cheffaillons de tout genre.yseult a écrit:Je ne vois pas en quoi ce serait une imposture. Quelle drôle de question... Demande-t-on à une infirmière ou un médecin s'il a un sentiment d'imposture? On a acquis des connaissances qu'on transmet. Le savoir et le savoir-faire sont là. Cette année mes 28 heures de présence dans l'établissement sur 4 jours pour 19 heures de cours me donnent pas du tout envie de me considérer comme un imposteur! En revanche, j'ai bien le sentiment que mon employeur se f*** bien de ma g***.
Désolée pour coup de gueule. :/
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- Fires of PompeiiGuide spirituel
Je ne ressens pas la moindre imposture. J'ai acquis par mes études un savoir que bien des gens n'ont pas, et dont je suis fière - même si évidemment je me fais un devoir de l'entretenir et de l'augmenter. Je fais un métier que j'apprécie du moins en ce qui concerne le coeur de métier, c'est-à-dire l'enseignement aux élèves (le reste, qui prend de plus en plus de place, me gonfle), et j'estime que ce métier je le fais de mon mieux, et bien des gens qui critiquent seraient incapables de le faire.
Face à un chef, face à un parent, je suis aussi sûre de moi que face à un élève : ces gens-là ne font pas mon métier et même s'ils l'ont fait ils ne le font plus (je parle des CDE, et encore une partie fut CPE donc ce n'est pas le même métier évidemment), et si ce sont des parents qui sont aussi profs, eh bien ils n'ont pas mes classes, et ne peuvent revendiquer en connaître mieux que moi les besoins. Je me sens protégée par mon concours, ma liberté pédagogique (pas pour longtemps). C'est aussi cette certitude qui m'a fait résister aux pressions subies la première année dans mon collège : je me suis drapée dans ma légitimité, justement. Je me souviens encore de la phrase d'une adjointe, qui contestait mon exigence démesurée (prétendument) : "Mme FoP, nous ne sommes pas d'accord sur la pédagogie". J'ai répondu avec un grand sourire "Ça tombe bien, nous n'avons pas à l'être."
En revanche je sais aussi que dans quelques années je ne serai plus dans l'EN : l'administratif, les réformes qu'on se prend, les luttes que parfois on se sent bien seul à mener, tout ça fait que je partirai (vois-tu, je sais que tu m'attends). Mais la légitimité ? Jamais je n'en ai douté, du premier jour où je me suis trouvée devant une classe.
Face à un chef, face à un parent, je suis aussi sûre de moi que face à un élève : ces gens-là ne font pas mon métier et même s'ils l'ont fait ils ne le font plus (je parle des CDE, et encore une partie fut CPE donc ce n'est pas le même métier évidemment), et si ce sont des parents qui sont aussi profs, eh bien ils n'ont pas mes classes, et ne peuvent revendiquer en connaître mieux que moi les besoins. Je me sens protégée par mon concours, ma liberté pédagogique (pas pour longtemps). C'est aussi cette certitude qui m'a fait résister aux pressions subies la première année dans mon collège : je me suis drapée dans ma légitimité, justement. Je me souviens encore de la phrase d'une adjointe, qui contestait mon exigence démesurée (prétendument) : "Mme FoP, nous ne sommes pas d'accord sur la pédagogie". J'ai répondu avec un grand sourire "Ça tombe bien, nous n'avons pas à l'être."
En revanche je sais aussi que dans quelques années je ne serai plus dans l'EN : l'administratif, les réformes qu'on se prend, les luttes que parfois on se sent bien seul à mener, tout ça fait que je partirai (vois-tu, je sais que tu m'attends). Mais la légitimité ? Jamais je n'en ai douté, du premier jour où je me suis trouvée devant une classe.
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Je ne dirai qu'une chose : stulo plyme.
- MUTISExpert
Tout à fait d'accord avec les deux dernières interventions. Ceci dit quand je regarde du côté de l'administration dans l'EN ou des décideurs de l'EN, je vois pas mal d'imposteurs qui n'ont pas l'air tout à fait lucides sur leurs capacités réelles. Et c'est cela surtout le drame de l'EN.
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"Heureux soient les fêlés car ils laissent passer la lumière" (Audiard)
"Ce n'est pas l'excès d'autorité qui est dangereux, c'est l'excès d'obéissance" (Primo Levi)
"La littérature, quelque passion que nous mettions à le nier, permet de sauver de l'oubli tout ce sur quoi le regard contemporain, de plus en plus immoral, prétend glisser dans l'indifférence absolue" (Enrique Vila-Matas)
" Que les dissemblables soient réunis et de leurs différences jaillira la plus belle harmonie ; rien ne se fait sans lutte." (Héraclite)
"Les hommes sont si nécessairement fous que ce serait être fou par un autre tour de folie, de n'être pas fou" (Pascal).
- gauvain31Empereur
FoP : Sous quelle forme vois-tu la perte de notre liberté pédagogique ?
- Not a PandaHabitué du forum
Oui, quand j'apprends à mes élèves à se servir du mode examen.
- liroxNiveau 6
gauvain31 a écrit:FoP : Sous quelle forme vois-tu la perte de notre liberté pédagogique ?
FoP: Sous la forme des programmes de français en 1ère, par exemple?
- gauvain31Empereur
FoP a écrit:"Mme FoP, nous ne sommes pas d'accord sur la pédagogie".
Elle a été bien gentille ta CDE FoP. Dans les mêmes circonstance à mes débuts , j'ai eu un CDE pervers narcissique qui m'a gueulé dessus en me disant "M.Gauvain , vous évaluez mal, revoyez votre pédagogie" ou "de toute façon les profs de sciences sont exigeants". A un collègue de Français, dans le couloir sans aucun témoin "M.X, vous êtes un mauvais professeur" (c'est à dire un professeur exigeant , qui a osé dire à un IPR : je n'appliquerai pas vos méthodes!)
@lirox : c'est à dire ? Qu'y a-t-il de liberticide dans ces programmes de Français ?
- liroxNiveau 6
gauvain31 a écrit:
@lirox : c'est à dire ? Qu'y a-t-il de liberticide dans ces programmes de Français ?
Œuvres imposées, quel que soit le niveau des classes (alors que jusqu'à présent on avait un cadre qui nous permettait de nous adapter davantage). Nombre fixe de textes à étudier, avec nombre de lignes imposé. Un thème imposé par oeuvre étudiée. Cadre très strict pour les textes hors oeuvre imposée (au niveau des siècles à étudier). Cadre très strict pour les lectures cursives (les œuvres que les élèves doivent lire sans qu'on les étudie de manière détaillée en cours). Grosses contraintes pour l'écrit (l'un des deux sujets au choix en série techno ne peut porter que sur 1/4 du programme).
Sans parler du programme de grammaire quasi infaisable vu le niveau global des élèves...
- gauvain31Empereur
lirox a écrit:gauvain31 a écrit:
@lirox : c'est à dire ? Qu'y a-t-il de liberticide dans ces programmes de Français ?
Œuvres imposées, quel que soit le niveau des classes (alors que jusqu'à présent on avait un cadre qui nous permettait de nous adapter davantage). Nombre fixe de textes à étudier, avec nombre de lignes imposé. Un thème imposé par oeuvre étudiée. Cadres très strict pour les textes hors oeuvre imposée (au niveau des siècles à étudier). Cadre très strict pour les lectures cursives (les œuvres que les élèves doivent lire sans qu'on les étudie de manière détaillée en cours). Grosses contraintes pour l'écrit (l'un des deux sujets au choix en série techno ne peut porter que sur 1/4 du programme).
Sans parler du programme de grammaire quasi infaisable vu le niveau global des élèves...
Ah oui quand même... pourquoi de telles contraintes ? Comment l'inspection de Lettres justifie-t-elle ceci ?
- liroxNiveau 6
Je ne sais pas... J'imagine que l'idée générale c'est de donner une culture commune et très patrimoniale à tous les élèves et éviter certaines dérives, mais c'est un programme irréaliste et qui nous "assèche", alors qu'on est dans une matière où l'on peut traditionnellement pas mal prendre appui sur nos goûts personnels pour mettre en application les programmes.
- epekeina.tes.ousiasModérateur
Lefteris a écrit:Sois pas désolée, je rejoins ce sentiment, et je l'exprime plus haut. L'imposture n'est pas du côté qu’une vieille tradition IUFM/ESPE/INSPE transmet aux stagiaires, par la bouche de planqués, embusqués, papelards, tartuffes, mirliflores, rats de moquettes, stratèges d'antichambre, réseauteurs, gamellards, viandards et cheffaillons de tout genre.
Tu parles de gens qui existent et qui sont un véritable handicap pour ceux qui, dans ce lieu, tentent (d'essayer) de faire correctement un certain métier…… Lequel consiste aussi (pas seulement) à “soutenir” les stagiaires, à leur donner confiance — pas forcément toujours: il y a des “cas” où c'est carrément le contraire (c'est plutôt rare, mais ça existe, et c'est quasiment impossible à faire) — mais en condition nécessaire générale, le type d'attitude que tu décris est à la fois inadmissible (moralement) et totalement aberrante (sur le plan de l'efficacité)… Pour ce que j'en sais, cependant, même si ça existe, ça n'est ni majoritaire, ni massif…
Cdlt
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Si tu vales valeo.
- LefterisEsprit sacré
Je ne m'avancerai pas sur un pourcentage quant à mon inventaire, mais il est en tout cas non marginal et bien suffisant pour mettre les stagiaires dans des situations difficiles, ou à tout le moins pour leur flinguer le moral. Et c'est de toute manière le discours dominant des huiles et autres "assis" qui ont pris les commandes du système. Le nombre de stagiaires que nous sommes amenés à rencontrer ou à assister est en croissance permanente, au point d'être parfois débordés. Et encore nous ne voyons qu'une partie infime de l'iceberg, puisque tout le monde ne vient pas et que nous ne sommes pas majoritaires. Du reste j'ai eu des stagiaires MEEF, et j'ai assisté à des grands messes à l'Espé : le discours de la culpabilisation fait bien partie des éléments de langage les plus prégnants.epekeina.tes.ousias a écrit:Lefteris a écrit:Sois pas désolée, je rejoins ce sentiment, et je l'exprime plus haut. L'imposture n'est pas du côté qu’une vieille tradition IUFM/ESPE/INSPE transmet aux stagiaires, par la bouche de planqués, embusqués, papelards, tartuffes, mirliflores, rats de moquettes, stratèges d'antichambre, réseauteurs, gamellards, viandards et cheffaillons de tout genre.
Tu parles de gens qui existent et qui sont un véritable handicap pour ceux qui, dans ce lieu, tentent (d'essayer) de faire correctement un certain métier…… Lequel consiste aussi (pas seulement) à “soutenir” les stagiaires, à leur donner confiance — pas forcément toujours: il y a des “cas” où c'est carrément le contraire (c'est plutôt rare, mais ça existe, et c'est quasiment impossible à faire) — mais en condition nécessaire générale, le type d'attitude que tu décris est à la fois inadmissible (moralement) et totalement aberrante (sur le plan de l'efficacité)… Pour ce que j'en sais, cependant, même si ça existe, ça n'est ni majoritaire, ni massif…
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
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- Fires of PompeiiGuide spirituel
gauvain31 a écrit:FoP : Sous quelle forme vois-tu la perte de notre liberté pédagogique ?
Je ne sais pas encore, mais je pense que les programmes sont de plus en plus restrictifs surtout avec la réforme du lycée, et que dans un système où on cherche des exécutants mal payés, pas des intellectuels, eh bien on va bien nous pondre des textes qui réduisent cette liberté. L'autonomie grandissante des établissements ne va pas nous aider non plus.
gauvain31 a écrit:FoP a écrit:"Mme FoP, nous ne sommes pas d'accord sur la pédagogie".
Elle a été bien gentille ta CDE FoP. Dans les mêmes circonstance à mes débuts , j'ai eu un CDE pervers narcissique qui m'a gueulé dessus en me disant "M.Gauvain , vous évaluez mal, revoyez votre pédagogie" ou "de toute façon les profs de sciences sont exigeants". A un collègue de Français, dans le couloir sans aucun témoin "M.X, vous êtes un mauvais professeur" (c'est à dire un professeur exigeant , qui a osé dire à un IPR : je n'appliquerai pas vos méthodes!)
@lirox : c'est à dire ? Qu'y a-t-il de liberticide dans ces programmes de Français ?
Je n'ai donné ici qu'une phrase de ma CDE, gauvain, pour ne pas compromettre mon anonymat, mais ç'a n'a été que la conclusion du truc. Je ne vais pas raconter le gros de l'affaire, mais clairement un professeur moins sûr de lui se serait facilement laissé marcher sur les pieds par les parents d'élèves impliqués aussi dans l'affaire (et qu'un CDE normal aurait recadrés). Je ne suis plus du tout embêtée maintenant, j'avais répondu à chaque argument de cette discussion par des éléments légaux. C'est radical. Mon humanitas, je la réserve à mes élèves, qui en valent encore la peine.
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Je ne dirai qu'une chose : stulo plyme.
- epekeina.tes.ousiasModérateur
Lefteris a écrit:Du reste j'ai eu des stagiaires MEEF, et j'ai assisté à des grands messes à l'Espé : le discours de la culpabilisation fait bien partie des éléments de langage les plus prégnants.
Les grands messes où le Rectorat est aux manettes? Pour ma part, je n'y vais pas — et je m'en méfie plus que tout… Quoi qu'il en soit le sabotage en règle des stagiaires est une activité nuisible, que je ne pratique pas et contre laquelle je m'insurge si jamais je la constate. Mais il est vrai que je ne m'occupe pas des PLC/PLP.
Cdlt
- PoupoutchModérateur
Sei a écrit:Merci Elaïna (enfin, si c'est bien à moi que tu t'adressais).
Bon, j'ai des 6e, donc ça va, je sais que j'ai un niveau au-dessus. Il m'est arrivé une fois de vraiment complexer sur mon niveau, quand j'étais stagiaire, mais c'était dans une classe de 1re, tous musiciens parisiens qui me paraissaient avoir un niveau de dingue. En fait, j'ai été "rassurée" dès les premiers devoirs. C'était toute une attitude qui m'impressionnait, parce qu'ils venaient d'un monde que je ne connaissais pas vraiment.
Non, moi, ce qui me terrifie, ce sont plutôt les chefs et parfois les collègues quand je suis amenée à partager mon travail, par exemple. C'est névrotique (j'espère), mais j'ai toujours l'impression qu'on va me virer.
Ça ressemble à ce que je peux ressentir aussi. Mon psy appelle cela de l'anxiété de performance. Ça s'atténue avec le temps, j'ai l'impression, pour moi, je ne l'ai plus que rarement en présence des inspecteurs, ou aux oraux de l'agreg. (par contre, cette anxiété peut ressurgir dans plein d'autres domaines que le boulot).
Le théâtre m'aide beaucoup à la gérer : je sais très bien cacher mes émotions et prendre un air assuré, ce qui permet de ne pas montrer que je suis déstabilisée !
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Lapin Émérite, celle qui Nage en Lisant ou Inversement, Dompteuse du fauve affamé et matutinal.
"L'intelligence est une maladie qui peut se transmettre très facilement mais dont on peut guérir très rapidement et sans aucune séquelle"
- DesolationRowEmpereur
Je trouve que le sentiment de ne pas être tout à fait au niveau n'est pas forcément malsain. Il m'est arrivé plusieurs fois d'enseigner à des publics et à des niveaux face auxquels j'étais à ma limite. La première année où j'ai dû corriger des paquets de trente thèmes d'agrégation, je faisais vraiment pas le malin (il me semble que dans la première copie que j'ai corrigée, j'ai généreusement laissé passer une première phrase qui commençait par Fortuna, qui... le coupable m'en reparle en plaisantant des années plus tard ). Idem pour des cours d'agrégation sur auteur.
Mais bon, d'une part il n'est jamais dramatique d'avoir à avouer son ignorance sur un point de détail (et les étudiants les plus exigeants comprennent très bien que l'on ne sache pas tout, et préfèrent toujours que l'on reconnaisse que là, bon, il va falloir faire une petite vérification et que la réponse arrivera la semaine prochaine à une prétention mensongère à avoir réponse à tout), et d'autre part en forgeant on devient forgeron et on élimine petit à petit les trous. D'un autre côté, il est vrai aussi que plus je comble des trous plus je me rends compte qu'il y en a de plus énormes qui se tenaient tapis dans l'ombre.
En somme, je me rends compte chaque semaine que je ne sais pas la moitié de ce que je devrais savoir pour être impeccable. D'un autre côté, quand je regarde autour je ne vois pas tant que ça de gens qui, eux, seraient impeccablement au point à ma place. Donc bon.
Mais bon, d'une part il n'est jamais dramatique d'avoir à avouer son ignorance sur un point de détail (et les étudiants les plus exigeants comprennent très bien que l'on ne sache pas tout, et préfèrent toujours que l'on reconnaisse que là, bon, il va falloir faire une petite vérification et que la réponse arrivera la semaine prochaine à une prétention mensongère à avoir réponse à tout), et d'autre part en forgeant on devient forgeron et on élimine petit à petit les trous. D'un autre côté, il est vrai aussi que plus je comble des trous plus je me rends compte qu'il y en a de plus énormes qui se tenaient tapis dans l'ombre.
En somme, je me rends compte chaque semaine que je ne sais pas la moitié de ce que je devrais savoir pour être impeccable. D'un autre côté, quand je regarde autour je ne vois pas tant que ça de gens qui, eux, seraient impeccablement au point à ma place. Donc bon.
- ZagaraGuide spirituel
Hashtag on peut pas tout savoir.
Petit à petit on devient moins petit.
Petit à petit on devient moins petit.
- DesolationRowEmpereur
Zagara a écrit:Hashtag on peut pas tout savoir.
Petit à petit on devient moins petit.
Je me trompe où tu essaies de sous-entendre que ce que j'ai écrit n'est pas si profond que ça ?
Edit : bien sûr.
- ZagaraGuide spirituel
Tu te trompes, je suis au premier degré. Ce que tu dis est juste et important pour relativiser ce sentiment d'imposture.
"Petit à petit on devient moins petit" est une de mes devises de vie (avec "si tu frappes le mur cent fois il finira par tomber"). Il faut accepter qu'on est nul pour pouvoir progresser. Et qu'on restera nul toute sa vie, parce qu'il n'y a pas de plafond. D'un côté, c'est sympa : on peut toujours progresser (devenir moins petit). De l'autre, parfois, c'est déprimant (on sera toujours petits).
"Petit à petit on devient moins petit" est une de mes devises de vie (avec "si tu frappes le mur cent fois il finira par tomber"). Il faut accepter qu'on est nul pour pouvoir progresser. Et qu'on restera nul toute sa vie, parce qu'il n'y a pas de plafond. D'un côté, c'est sympa : on peut toujours progresser (devenir moins petit). De l'autre, parfois, c'est déprimant (on sera toujours petits).
- IphigénieProphète
Tout à fait d'accord avec ton propos.DesolationRow a écrit:Je trouve que le sentiment de ne pas être tout à fait au niveau n'est pas forcément malsain. Il m'est arrivé plusieurs fois d'enseigner à des publics et à des niveaux face auxquels j'étais à ma limite. La première année où j'ai dû corriger des paquets de trente thèmes d'agrégation, je faisais vraiment pas le malin (il me semble que dans la première copie que j'ai corrigée, j'ai généreusement laissé passer une première phrase qui commençait par Fortuna, qui... le coupable m'en reparle en plaisantant des années plus tard ). Idem pour des cours d'agrégation sur auteur.
Mais bon, d'une part il n'est jamais dramatique d'avoir à avouer son ignorance sur un point de détail (et les étudiants les plus exigeants comprennent très bien que l'on ne sache pas tout, et préfèrent toujours que l'on reconnaisse que là, bon, il va falloir faire une petite vérification et que la réponse arrivera la semaine prochaine à une prétention mensongère à avoir réponse à tout), et d'autre part en forgeant on devient forgeron et on élimine petit à petit les trous. D'un autre côté, il est vrai aussi que plus je comble des trous plus je me rends compte qu'il y en a de plus énormes qui se tenaient tapis dans l'ombre.
En somme, je me rends compte chaque semaine que je ne sais pas la moitié de ce que je devrais savoir pour être impeccable. D'un autre côté, quand je regarde autour je ne vois pas tant que ça de gens qui, eux, seraient impeccablement au point à ma place. Donc bon.
Mais d'un autre côté, pour le reconnaître, il faut dans une certaine mesure être tout à fait sûr de soi, et certain de ne pas par là ouvrir la porte au petit malin (au cheffaillon inspiré) pour une remise en cause, parce qu'on sait qu'on l'enverrait du revers dans les cordes ...
Ce qui me frappe dans les nouvelles générations c'est un "mental" très anxiogène sur ce point: un formatage peut-être par l'institution pour convaincre (voir IPR, CDE, discours officiels... et tout le système de contrôle) qu'on doit se ranger, et être très modeste face aux apprenants, beaucoup préparer ses cours parce que sinon on n'est pas au niveau, bref une remise en cause incessante qui va aussi avec l'affaiblissement su statut du fonctionnaire inamovible et jadis assez difficilement "recadrable' par la hiérarchie, du moins dans l'EN.
En résumé, je n'ai pas lu tout le fil, mais sa présence et la question qu'il pose sont révélateurs: je ne me suis jamais à vrai dire posée cette question, même si évidemment, j'ai toujours su que je ne savais pas tout (!) et souvent dit très naturellement aux élèves, lorsque le cas se présentait, que je devais le vérifier parce que je ne le savais pas,ou tout simplement,que je ne m'en souvenais pas.
Bien d’accord avec FOP et Lefteris( ce qui n’est guère étonnant!)
- epekeina.tes.ousiasModérateur
@DesolationRow je suis d'accord avec toi — à 99%. À part que je suis sans doute plus radical que toi: non seulement je ne sais pas tout, mais je suis intimement persuadé que j'en sais très très peu, ça me paraît un fait totalement établi. Du coup, je n'ai même pas besoin d'avouer mon ignorance, seulement de la rappeler. Qui plus est, même si je peux encore apprendre certaines choses, par ex. à lire des auteurs importants dans mon domaine dont j'ignorais encore tout ou presque il y a quelques mois, je sais qu'il y a des choses que je ne pourrai pas apprendre (parce que je n'en suis pas capable). Et même ce que je “sais” (dans ma discipline) relève de toute façon de l'interprétation… Reste que je considère que ça fait partie de la finitude humaine (bon, OK, j'ai eu vite fini d'être fini!), donc ça ne me paraît pas un malheur.
Je continue à penser que l'anxiété de performance que signale Poupoutch et dont parle le psy en question est un mal avivé, voire engendré par l'idéologie sociale actuelle — qui, justement, pratique à l'excès le culte de la performance (j'en avais trouvé l'idée chez Ehrenberg, dans son livre sur Le Culte de la performance vers 90 — ainsi que ceux sur L'Individu incertain et La Fatigue d'être soi)…
Cdlt
Je continue à penser que l'anxiété de performance que signale Poupoutch et dont parle le psy en question est un mal avivé, voire engendré par l'idéologie sociale actuelle — qui, justement, pratique à l'excès le culte de la performance (j'en avais trouvé l'idée chez Ehrenberg, dans son livre sur Le Culte de la performance vers 90 — ainsi que ceux sur L'Individu incertain et La Fatigue d'être soi)…
Cdlt
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Si tu vales valeo.
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- Prof célibataire (mais pas seulement?)... vous ruminez chez vous quand vous avez une classe pénible?
- Sondage : Quelle est la pire incivilité ou violence que vous ayez subie depuis que vous enseignez ?
- Choisissez-vous les niveaux dans lesquels vous enseignez?
- Pour vous qui ont été les ministres de l'EN les plus désastreux depuis que vous enseignez ?
- Que répondez-vous quand on vous dit que les profs devraient prévenir les élèves quand ils font grève ?
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