- MareuilNeoprof expérimenté
Paratge a écrit:Mareuil a écrit:
Il faut signaler aussi le site de Michel Delord.
Bien sûr !
Et je recommande chaudement L'Horreur pédagogique d'un certain intervenant !
Le livre est depuis longtemps épuisé, en revanche on trouve sur le Net Le Petit vocabulaire de la déroute scolaire en version numérique.
Une anecdote à propos de l'Horreur. Lorsque le livre est sorti, en 1999, en même temps qu'un dizaine d'autres sur divers aspects de la crise scolaire, le Monde de l'éduc a sorti un grand papier de Nicolas Truong à propos de cette salve éditoriale sous le titre L'HORREUR PÉDAGOGIQUE. Super ! Oui, mais dans le corps de l'article, pas un mot sur le livre ! J'ai donc appelé Nicolas Truong pour le remercier chaleureusement de nous avoir mis ainsi en vedette et j'ai eu la surprise de l'entendre se justifier de n'avoir pas pu faire davantage ; il y avait eu des discussions houleuses au sein de la rédaction à propos du livre et il s'en était tiré en titrant sur lui alors qu'il ne pouvait en dire un mot. Amusant, n'est-ce pas ?
- ParatgeNeoprof expérimenté
Mareuil a écrit:
Une anecdote à propos de l'Horreur. Lorsque le livre est sorti, en 1999, en même temps qu'un dizaine d'autres sur divers aspects de la crise scolaire, le Monde de l'éduc a sorti un grand papier de Nicolas Truong à propos de cette salve éditoriale sous le titre L'HORREUR PÉDAGOGIQUE. Super ! Oui, mais dans le corps de l'article, pas un mot sur le livre ! J'ai donc appelé Nicolas Truong pour le remercier chaleureusement de nous avoir mis ainsi en vedette et j'ai eu la surprise de l'entendre se justifier de n'avoir pas pu faire davantage ; il y avait eu des discussions houleuses au sein de la rédaction à propos du livre et il s'en était tiré en titrant sur lui alors qu'il ne pouvait en dire un mot. Amusant, n'est-ce pas ?
Cela semble courant dans le journal de révérence acquis aux thèses pédagos.
Aucun morceau de réalité ne doit perturber la Foi et quand ils rendent compte d'un livre critique, c'est « encore un livre qui donne une image négative, blablabla. » On ne sera pas informé des arguments ou des témoignages avancés qui peuvent être pertinents et SURTOUT s'ils sont pertinents !
Le déni de la réalité, c'est tout un art, il faut se servir d'euphémismes ou de novlangue (voir votre Vocabulaire). Pendant des années ils nous disaient par ex. qu'il n'y avait pas de violences mais de simples « incivilités », guérissables à coup de débats d'ECJS...
- MareuilNeoprof expérimenté
Gardons-nous de simplifier. Truong était sincèrement embarrassé et il nous a invités, Tual et moi, à titre compensatoire, à un débat de Cité-Philo à Lille. Depuis, Le Monde de l'éduc a disparu, et Cédelle - que j'aime bien même si nous ne sommes pas d'accord - a été muté à la rubrique nécrologique du Monde.Paratge a écrit:Mareuil a écrit:
Une anecdote à propos de l'Horreur. Lorsque le livre est sorti, en 1999, en même temps qu'un dizaine d'autres sur divers aspects de la crise scolaire, le Monde de l'éduc a sorti un grand papier de Nicolas Truong à propos de cette salve éditoriale sous le titre L'HORREUR PÉDAGOGIQUE. Super ! Oui, mais dans le corps de l'article, pas un mot sur le livre ! J'ai donc appelé Nicolas Truong pour le remercier chaleureusement de nous avoir mis ainsi en vedette et j'ai eu la surprise de l'entendre se justifier de n'avoir pas pu faire davantage ; il y avait eu des discussions houleuses au sein de la rédaction à propos du livre et il s'en était tiré en titrant sur lui alors qu'il ne pouvait en dire un mot. Amusant, n'est-ce pas ?
Cela semble courant dans le journal de révérence acquis aux thèses pédagos.
Aucun morceau de réalité ne doit perturber la Foi et quand ils rendent compte d'un livre critique, c'est « encore un livre qui donne une image négative, blablabla. » On ne sera pas informé des arguments ou des témoignages avancés qui peuvent être pertinents et SURTOUT s'ils sont pertinents !
Le déni de la réalité, c'est tout un art, il faut se servir d'euphémismes ou de novlangue (voir votre Vocabulaire). Pendant des années ils nous disaient par ex. qu'il n'y avait pas de violences mais de simples « incivilités », guérissables à coup de débats d'ECJS...
- ParatgeNeoprof expérimenté
Gardons-nous de simplifier. Truong était sincèrement embarrassé et il nous a invités, Tual et moi, à titre compensatoire, à un débat de Cité-Philo à Lille. Depuis, Le Monde de l'éduc a disparu, et Cédelle - que j'aime bien même si nous ne sommes pas d'accord - a été muté à la rubrique nécrologique du Monde.[/quote]Mareuil a écrit:
Le Monde de l'éduc était quand même très partisan.
- MareuilNeoprof expérimenté
Paratge a écrit:Gardons-nous de simplifier. Truong était sincèrement embarrassé et il nous a invités, Tual et moi, à titre compensatoire, à un débat de Cité-Philo à Lille. Depuis, Le Monde de l'éduc a disparu, et Cédelle - que j'aime bien même si nous ne sommes pas d'accord - a été muté à la rubrique nécrologique du Monde.Mareuil a écrit:
Le Monde de l'éduc était quand même très partisan.
[/quote]
C'est le moins que l'on puisse dire. Mais pour faire bouger les lignes, il ne faut pas hésiter à parler avec l'autre bord. Sans rien céder, évidemment.
- ParatgeNeoprof expérimenté
Le projet SLECC :
http://www.slecc.fr/
http://www.slecc.fr/
- ParatgeNeoprof expérimenté
Dyslexie, une vraie-fausse épidémie, Colette Ouzilou
Presses de la Renaissance 2001
Depuis une vingtaine d'années surtout, l'orthophoniste se heurte à des pratiques pédagogiques malencontreuses qu'il est amené à redresser. Le lecteur trouve ici les conclusions d'une orthophoniste qui exerce depuis près de trente ans dans des CMPP (centres mécico-psycho-pédagogiques) et en cabinet libéral, et qui a travaillé avec plusieurs générations d'enfants. Son expérience lui a permis de dégager des causes majeures d'échec et de trouver des voies thérapeutiques efficaces qui s'imposent dans la prévention de l'échec scolaire le plus banal et le plus grave, celui de la lecture. L'auteur propose ici de suivre un parcours cohérent et logique, une pédagogie avec des étapes rigoureuses, stables, sécurisantes pour le maître comme pour l'élève, qui redonne à ce dernier le goût de l'effort par la découverte active. Cet ouvrage pédagogique propose un cheminement simple à l'apprentissage de la lecture et de l'écriture. Il s'adresse à tous les parents et enseignants qui veulent lutter contre l'échec scolaire dès les premières années de CP et qui veulent réapprendre aux enfants à apprendre.
Colette Ouzilou est orthophoniste depuis 1973. Elle a travaillé en cabinet libéral et dans plusieurs centres médico-psycho-pédagogiques, notamment au centre Bourgain (Issy-les-Moulineaux), en collaboration avec des médecins psychiatres et psychanalystes, et à celui d'Athis-Mons sous la direction du Dr Tony Lainé.
Presses de la Renaissance 2001
Depuis une vingtaine d'années surtout, l'orthophoniste se heurte à des pratiques pédagogiques malencontreuses qu'il est amené à redresser. Le lecteur trouve ici les conclusions d'une orthophoniste qui exerce depuis près de trente ans dans des CMPP (centres mécico-psycho-pédagogiques) et en cabinet libéral, et qui a travaillé avec plusieurs générations d'enfants. Son expérience lui a permis de dégager des causes majeures d'échec et de trouver des voies thérapeutiques efficaces qui s'imposent dans la prévention de l'échec scolaire le plus banal et le plus grave, celui de la lecture. L'auteur propose ici de suivre un parcours cohérent et logique, une pédagogie avec des étapes rigoureuses, stables, sécurisantes pour le maître comme pour l'élève, qui redonne à ce dernier le goût de l'effort par la découverte active. Cet ouvrage pédagogique propose un cheminement simple à l'apprentissage de la lecture et de l'écriture. Il s'adresse à tous les parents et enseignants qui veulent lutter contre l'échec scolaire dès les premières années de CP et qui veulent réapprendre aux enfants à apprendre.
Colette Ouzilou est orthophoniste depuis 1973. Elle a travaillé en cabinet libéral et dans plusieurs centres médico-psycho-pédagogiques, notamment au centre Bourgain (Issy-les-Moulineaux), en collaboration avec des médecins psychiatres et psychanalystes, et à celui d'Athis-Mons sous la direction du Dr Tony Lainé.
- ParatgeNeoprof expérimenté
La trilogie pleine d’humour de Corinne Bouchard
Agrégée, Corinne Bouchard est professeur de Lettres modernes, « de français comme on dit » en exercice depuis une vingtaine d'années dans divers lycées. Elle écrit des romans policiers avec Pierre Mezinski sous le pseudonyme de Marie et Joseph.
La vie des charançons est assez monotone
Syros jeunesse, 1992
Si vous vous demandez pourquoi, après quelques années de carrière, les professeurs de lycée développent certaines ressemblances avec les charançons, cet ouvrage devrait vous intéresser. Corinne Bouchard est enseignante depuis quinze ans... Le temps de perdre quelques illusions mais pas le sourire. Convaincue que l’on peut parler avec humour des choses importantes, elle évoque ici tout ce qui rythme la vie du lycée : rentrée scolaire, salle des profs, visite de l’inspecteur... Un tableau hilarant et implacablement vrai.
La vie des charançons deviendra poétique
Calmann-Lévy 1994
Si la « rénovation de l’enseignement secondaire » vous intrigue, si vous vous interrogez sur les concepts pédagogiques nouveaux qu’on essaie d’introduire dans les lycées, si vous vous demandez comment il faut s’y prendre pour faire, d’un professeur enthousiaste, un charançon grouillant obscurément sans se poser de questions, alors cet ouvrage devrait vous intéresser. On y voit le fantôme de Jules Ferry entreprendre une enquête pour vérifier si les principes fondateurs de l’école publique sont toujours en vigueur dans les lycées étudiant la valse des instructions officielles, le jargon des didacticiens, « l’évaluation nationale » obligatoire en seconde, le malheureux spectre ne cesse de découvrir les absurdités d’un système qui semble consacrer toute son énergie à s’organiser lui-même ; il lui faudra rencontrer un professeur pour apprendre pourquoi tout ne va pas si mal dans l’univers scolaire, et en quoi la vie des charançons deviendra poétique... Ce second essai de Corinne Bouchard allie à la virulence du pamphlet l’humour caustique qui avait fait le succès de La Vie des charançons est assez monotone.
Scènes de la vie charençonne
Calmann-Lévy 2003
« Je me l’étais pourtant bien juré. Plus jamais les questions pédagogiques. Que faire d’un sujet pareil ? Comme si, professeur, et depuis près de vingt ans exerçant ce beau métier, je ne savais pas que c’est une cause désespérée, que dans ce domaine rien ne sert à rien. Que si pertinente soit l’argumentation, si humbles les suppliques, rien n’y fera. On a affaire à un rouleau compresseur. Ça discute pas, un rouleau compresseur, ça passe. Le rouleau compresseur, c’est le courant de réformes qu’on a subies dans l’Éducation nationale une décennie durant, et dont chacun peut apprécier autour de lui le résultat : si quelqu’un trouve globalement la jeunesse mieux élevée, mieux instruite, plus citoyenne et plus honnête qu’auparavant, qu’il le fasse savoir, cette époque a besoin d’optimisme.
Précisons tout de suite un point important : je n’en ai pas après le monde, qui est ingouvernable ; je n’en ai pas après les « jeunes », ni en général ni en tant qu’élèves. J’en ai après le délire pédagogique organisé, après tout ce qui ajoute à la dureté des temps l’épouvantable fardeau de la sottise et de l’absurdité. » C.B.
Agrégée, Corinne Bouchard est professeur de Lettres modernes, « de français comme on dit » en exercice depuis une vingtaine d'années dans divers lycées. Elle écrit des romans policiers avec Pierre Mezinski sous le pseudonyme de Marie et Joseph.
La vie des charançons est assez monotone
Syros jeunesse, 1992
Si vous vous demandez pourquoi, après quelques années de carrière, les professeurs de lycée développent certaines ressemblances avec les charançons, cet ouvrage devrait vous intéresser. Corinne Bouchard est enseignante depuis quinze ans... Le temps de perdre quelques illusions mais pas le sourire. Convaincue que l’on peut parler avec humour des choses importantes, elle évoque ici tout ce qui rythme la vie du lycée : rentrée scolaire, salle des profs, visite de l’inspecteur... Un tableau hilarant et implacablement vrai.
La vie des charançons deviendra poétique
Calmann-Lévy 1994
Si la « rénovation de l’enseignement secondaire » vous intrigue, si vous vous interrogez sur les concepts pédagogiques nouveaux qu’on essaie d’introduire dans les lycées, si vous vous demandez comment il faut s’y prendre pour faire, d’un professeur enthousiaste, un charançon grouillant obscurément sans se poser de questions, alors cet ouvrage devrait vous intéresser. On y voit le fantôme de Jules Ferry entreprendre une enquête pour vérifier si les principes fondateurs de l’école publique sont toujours en vigueur dans les lycées étudiant la valse des instructions officielles, le jargon des didacticiens, « l’évaluation nationale » obligatoire en seconde, le malheureux spectre ne cesse de découvrir les absurdités d’un système qui semble consacrer toute son énergie à s’organiser lui-même ; il lui faudra rencontrer un professeur pour apprendre pourquoi tout ne va pas si mal dans l’univers scolaire, et en quoi la vie des charançons deviendra poétique... Ce second essai de Corinne Bouchard allie à la virulence du pamphlet l’humour caustique qui avait fait le succès de La Vie des charançons est assez monotone.
Scènes de la vie charençonne
Calmann-Lévy 2003
« Je me l’étais pourtant bien juré. Plus jamais les questions pédagogiques. Que faire d’un sujet pareil ? Comme si, professeur, et depuis près de vingt ans exerçant ce beau métier, je ne savais pas que c’est une cause désespérée, que dans ce domaine rien ne sert à rien. Que si pertinente soit l’argumentation, si humbles les suppliques, rien n’y fera. On a affaire à un rouleau compresseur. Ça discute pas, un rouleau compresseur, ça passe. Le rouleau compresseur, c’est le courant de réformes qu’on a subies dans l’Éducation nationale une décennie durant, et dont chacun peut apprécier autour de lui le résultat : si quelqu’un trouve globalement la jeunesse mieux élevée, mieux instruite, plus citoyenne et plus honnête qu’auparavant, qu’il le fasse savoir, cette époque a besoin d’optimisme.
Précisons tout de suite un point important : je n’en ai pas après le monde, qui est ingouvernable ; je n’en ai pas après les « jeunes », ni en général ni en tant qu’élèves. J’en ai après le délire pédagogique organisé, après tout ce qui ajoute à la dureté des temps l’épouvantable fardeau de la sottise et de l’absurdité. » C.B.
- ParatgeNeoprof expérimenté
Sauver les lettres
Des professeurs accusent
Sauver les lettres, le collectif
Entretien avec Philippe Petit
Éditions Textuel, 2001
Le collectif, composé de jeunes professeurs du secondaire qui se battent tous les jours sur le terrain, refuse des réformes qui font disparaître le développement d’une bonne partie des facultés de réflexion, ainsi que l’étude des lettres comme discipline à part entière. Il combat un projet plus global d’affaiblissement des exigences dans de nombreuses disciplines.
Trente ans de réformes ont fait qu’une dictée du nouveau brevet des collèges ne fait plus que 60 mots et relève d’un niveau de CM2, tandis que la dissertation du baccalauréat est à court terme menacée d’être remplacée par une rédaction.
Quant à l’école primaire (condamnée depuis des décennies à être le champ d’expérimentation des prétendues " sciences de l’éducation " qui ont contribué à la démolition de l’apprentissage de la lecture et de l’écriture) elle ne transmet plus les fondamentaux.
Il faut arrêter ce massacre programmé !
Dénonçant les sophismes et les tartuferies des discours réformateurs, véhicules d’une idéologie bien-pensante et consumériste -qui n’a fait qu’accroître dans les faits les inégalités scolaires-ces professeurs, tenants d’une école vraiment démocratique, défendent l’idée devenue révolutionnaire que le plaisir de l’élève ne consiste pas dans ces divertissements qu’on lui brade mais dans l’acquisition d’une langue, d’une culture et de vraies méthodes de réflexion.
Contre-expertise d’une trahison
La réforme du français au lycée
Agnès Joste, membre du collectif "Sauver les lettres"
Préface d’Henri Mitterand
Éditions Mille et une nuits, 2002.
Promulguée en septembre 1999, la réforme de l’enseignement du français au lycée a déjà connu quatre remaniements.
Hésitations, errements, incohérences théoriques, méthodologie douteuse, et avant tout un superbe mépris du travail de concertation avec les enseignants, auront présidé à cette manière, pour le moins surprenante de la part d’un groupe « d’experts », de procéder à l’accouchement de la réforme...
Qu’en est-il donc de ces programmes ? Une fois dépassé l’obstacle du jargon linguistico-pédagogique, on ne reconnaît plus grand-chose de la discipline - que l’on soit professeur ou parent d’élève, ayant encore en mémoire les cours du lycée. Disparue la notion d’auteur, disparue l’histoire littéraire, disparue l’analyse des œuvres pour en dégager le sens...
Agnès Joste, professeur de lettres, s’est livrée à une lecture méticuleuse et édifiante des textes du ministère; où l’on découvre que la conception de la littérature qui y est véhiculée est une conception techniciste, qui vise avant tout à inculquer aux élèves, non pas une liberté d’esprit, mais des techniques communicationnelles et consensuelles; que le dénigrement de l’étude de la littérature va de pair avec un mépris des professeurs et de leur désir de transmission des savoirs.
Les programmes scolaires au piquet
Un collectif d’enseignants en colère
Éditions Textuel. 2006.
Ce livre, pour la première fois, passe au crible les programmes scolaires officiels, c’est-à-dire les textes de référence qui, communiqués aux enseignants, recensent les méthodes et les contenus de savoir que devront maîtriser nos enfants à la fin de chaque cycle d’étude. À la façon d’un véritable guide, cet ouvrage, section par section, discipline par discipline, se livre à une exégèse rigoureuse et décapante pour nous révéler, par la comparaison avec les programmes antérieurs, combien les savoirs et savoir-faire sont revus à la baisse, rédigés en dépit du bon sens, souvent de manière contradictoire et dans un style qu’un examinateur indulgent qualifierait au minimum de filandreux. Pour quel bilan? Des élèves moins structurés, maîtrisant mal la langue, difficilement capables d’atteindre une réelle autonomie. Il y a quatre ans. Textuel publiait un essai intitulé Sauver les lettres du nom d’un collectif d’enseignants que désespéraient les nouvelles méthodes d’enseignement du français. Cette initiative a fait des émules qui se regroupent. Ce livre est le fruit de cette mobilisation salutaire.
Des professeurs accusent
Sauver les lettres, le collectif
Entretien avec Philippe Petit
Éditions Textuel, 2001
Le collectif, composé de jeunes professeurs du secondaire qui se battent tous les jours sur le terrain, refuse des réformes qui font disparaître le développement d’une bonne partie des facultés de réflexion, ainsi que l’étude des lettres comme discipline à part entière. Il combat un projet plus global d’affaiblissement des exigences dans de nombreuses disciplines.
Trente ans de réformes ont fait qu’une dictée du nouveau brevet des collèges ne fait plus que 60 mots et relève d’un niveau de CM2, tandis que la dissertation du baccalauréat est à court terme menacée d’être remplacée par une rédaction.
Quant à l’école primaire (condamnée depuis des décennies à être le champ d’expérimentation des prétendues " sciences de l’éducation " qui ont contribué à la démolition de l’apprentissage de la lecture et de l’écriture) elle ne transmet plus les fondamentaux.
Il faut arrêter ce massacre programmé !
Dénonçant les sophismes et les tartuferies des discours réformateurs, véhicules d’une idéologie bien-pensante et consumériste -qui n’a fait qu’accroître dans les faits les inégalités scolaires-ces professeurs, tenants d’une école vraiment démocratique, défendent l’idée devenue révolutionnaire que le plaisir de l’élève ne consiste pas dans ces divertissements qu’on lui brade mais dans l’acquisition d’une langue, d’une culture et de vraies méthodes de réflexion.
Contre-expertise d’une trahison
La réforme du français au lycée
Agnès Joste, membre du collectif "Sauver les lettres"
Préface d’Henri Mitterand
Éditions Mille et une nuits, 2002.
Promulguée en septembre 1999, la réforme de l’enseignement du français au lycée a déjà connu quatre remaniements.
Hésitations, errements, incohérences théoriques, méthodologie douteuse, et avant tout un superbe mépris du travail de concertation avec les enseignants, auront présidé à cette manière, pour le moins surprenante de la part d’un groupe « d’experts », de procéder à l’accouchement de la réforme...
Qu’en est-il donc de ces programmes ? Une fois dépassé l’obstacle du jargon linguistico-pédagogique, on ne reconnaît plus grand-chose de la discipline - que l’on soit professeur ou parent d’élève, ayant encore en mémoire les cours du lycée. Disparue la notion d’auteur, disparue l’histoire littéraire, disparue l’analyse des œuvres pour en dégager le sens...
Agnès Joste, professeur de lettres, s’est livrée à une lecture méticuleuse et édifiante des textes du ministère; où l’on découvre que la conception de la littérature qui y est véhiculée est une conception techniciste, qui vise avant tout à inculquer aux élèves, non pas une liberté d’esprit, mais des techniques communicationnelles et consensuelles; que le dénigrement de l’étude de la littérature va de pair avec un mépris des professeurs et de leur désir de transmission des savoirs.
Les programmes scolaires au piquet
Un collectif d’enseignants en colère
Éditions Textuel. 2006.
Ce livre, pour la première fois, passe au crible les programmes scolaires officiels, c’est-à-dire les textes de référence qui, communiqués aux enseignants, recensent les méthodes et les contenus de savoir que devront maîtriser nos enfants à la fin de chaque cycle d’étude. À la façon d’un véritable guide, cet ouvrage, section par section, discipline par discipline, se livre à une exégèse rigoureuse et décapante pour nous révéler, par la comparaison avec les programmes antérieurs, combien les savoirs et savoir-faire sont revus à la baisse, rédigés en dépit du bon sens, souvent de manière contradictoire et dans un style qu’un examinateur indulgent qualifierait au minimum de filandreux. Pour quel bilan? Des élèves moins structurés, maîtrisant mal la langue, difficilement capables d’atteindre une réelle autonomie. Il y a quatre ans. Textuel publiait un essai intitulé Sauver les lettres du nom d’un collectif d’enseignants que désespéraient les nouvelles méthodes d’enseignement du français. Cette initiative a fait des émules qui se regroupent. Ce livre est le fruit de cette mobilisation salutaire.
- Spinoza1670Esprit éclairé
Excellent fil ! Merci Paratge !
_________________
« Let not any one pacify his conscience by the delusion that he can do no harm if he takes no part, and forms no opinion. Bad men need nothing more to compass their ends, than that good men should look on and do nothing. » (John Stuart Mill)
Littérature au primaire - Rédaction au primaire - Manuels anciens - Dessin au primaire - Apprendre à lire et à écrire - Maths au primaire - école : références - Leçons de choses.
- MareuilNeoprof expérimenté
Oui, ça me rajeunit !Spinoza1670 a écrit:Excellent fil ! Merci Paratge !
- ParatgeNeoprof expérimenté
Spinoza1670 a écrit:Excellent fil ! Merci Paratge !
Merci !
Je voudrais bien me mettre à rougir mais je suis très malade ...
- retraitéeDoyen
Il y avait aussi les ouvrages de M. Maschino, dans les années 80 (1983)
Vos enfants ne m'intéressent plus
Voulez-vous vraiment des enfants idiots?
Ils dorment quelque part dans une bibliothèque, je vais les relire!
Cela me rajeunira aussi!
Il y avait des pages savoureuses dans la vie des charançons, si mes souvenirs sont bons, le poème de Baudelaire À une passante, je crois, vu par les élèves.
Vos enfants ne m'intéressent plus
Voulez-vous vraiment des enfants idiots?
Ils dorment quelque part dans une bibliothèque, je vais les relire!
Cela me rajeunira aussi!
Il y avait des pages savoureuses dans la vie des charançons, si mes souvenirs sont bons, le poème de Baudelaire À une passante, je crois, vu par les élèves.
- MareuilNeoprof expérimenté
retraitée a écrit:Il y avait aussi les ouvrages de M. Maschino, dans les années 80 (1983)
Vos enfants ne m'intéressent plus
Voulez-vous vraiment des enfants idiots?
Ils dorment quelque part dans une bibliothèque, je vais les relire!
Cela me rajeunira aussi!
Il y avait des pages savoureuses dans la vie des charançons, si mes souvenirs sont bons, le poème de Baudelaire À une passante, je crois, vu par les élèves.
Oh Maschino, qu'est-ce qu'il est triste ! De quoi foutre la neurasthénie à un régiment de conscrits.
- adelaideaugustaFidèle du forum
retraitée a écrit:Je confirme . ma mère, fille d'ouvriers pauvres, a passé son certificat d'études en 1936, à l'âge de 12 ans. Elle a été ensuite ouvrière d'usine, pour aider sa famille. Son père, qui avait , je crois, quitté l'école à 12 ans, lisait tous les grands auteurs (Zola, Hugo, etc), empruntés à la bibliothèque municipale.philann a écrit:Mike je crois tout le contraire.
D'abord parce que des auteurs classiques ont été enseignés à des classes populaires y compris en primaire et au moment du certificat d'études.
C'est précisément ce que je supporte le moins actuellement l'idée que la culture classique ne serait s'adresser qu'à la bourgeoisie et aux familles culturellement développées. Il n'y a pas d'idée plus violente socialement que celle-là!!
Que voudrais proposer aux élèves de condition modeste??au moins en Rhénanie palatinat, je confirme que la mercedes est la voiture normale d'une famille moyenne. Elle a juste 15 ans d'âge et est toute pourrite Mais plutôt une viellle grosse berline allemande, que petite voiture neuve (même si ça change un peu, standards éco obligent
Ma mère ne faisait pas une seule faute d'orthographe, avait des connaissances en histoire géo qui m'épataient, et avait bien sûr lu elle aussi les grands classiques!
De solides bases au primaire, rien d'autre, ensuite, culture personnelle permise par ces bases;
Retraitée, j'ai retrouvé un petit livre de 60 dictées suivies de questions traitées et notées pour le certificat d'études primaires , 1954, "Les éditions ouvrières".
Les dictées y sont quatre fois plus longues et difficiles que celles du brevet des collèges 2011 ou 2012. Toutes tirées de grands auteurs : Genevoix, Gide, Rolland, Daudet, Balzac, Mérimée, etc.
Je confirme donc ce que tu dis !
- retraitéeDoyen
Pour mémoire, je te copie une dictée trouvée dans mes anciens manuels (j'ai commencé en 69/70) . J'ai fait faire des dictées (celle-ci ou d'autres) à mes élèves de 3e pour les préparer au brevet.
Accroche-toi!
Une vieille servante
Alors on vit s'avancer sur l'estrade une petite vieille femme de maintien craintif, et qui paraissait se ratatiner encore dans ses pauvres vêtements. Elle avait aux pieds de grosses galoches de bois, et le long des hanches un grand tablier bleu. Son visage maigre, entouré d'un béguin sans bordure, était plus plissé de rides qu'une pomme de reinette flétrie, et des manches de sa camisole rouge dépassaient deux longues mains, à articulations noueuses. La poussière des granges, la potasse des lessives et le suint des laines les avaient si bien encroûtées, éraillées, durcies, qu'elles semblaient sales quoiqu'elles fussent rincées d'eau claire; et, à force d'avoir servi, elles restaient entrouvertes, comme pour présenter d'elles-mêmes l'humble témoignage de tant de souffrances subies;
Quelque chose d'une rigidité monacale relevait l'expression de sa figure. Rien de triste ou d'attendri n'amollissait ce regard pâle. Dans la fréquentation des animaux, elle avait pris leur mutisme et leur placidité. C'était la première fois qu'elle se voyait au milieu d'une compagnie si nombreuse; et, intérieurement effarouchée par les drapeaux, par les tambours, par les messieurs en habit noir et par la croix d'honneur du conseiller, elle demeurait tout immobile, ne sachant s'il fallait s'avancer ou s'enfuir, ni pourquoi la foule la poussait et pourquoi les examinateurs lui souriaient.
G. Flaubert ,Madame Bovary
Le vocabulaire du texte est-il encore compris du bachelier moyen?
Accroche-toi!
Une vieille servante
Alors on vit s'avancer sur l'estrade une petite vieille femme de maintien craintif, et qui paraissait se ratatiner encore dans ses pauvres vêtements. Elle avait aux pieds de grosses galoches de bois, et le long des hanches un grand tablier bleu. Son visage maigre, entouré d'un béguin sans bordure, était plus plissé de rides qu'une pomme de reinette flétrie, et des manches de sa camisole rouge dépassaient deux longues mains, à articulations noueuses. La poussière des granges, la potasse des lessives et le suint des laines les avaient si bien encroûtées, éraillées, durcies, qu'elles semblaient sales quoiqu'elles fussent rincées d'eau claire; et, à force d'avoir servi, elles restaient entrouvertes, comme pour présenter d'elles-mêmes l'humble témoignage de tant de souffrances subies;
Quelque chose d'une rigidité monacale relevait l'expression de sa figure. Rien de triste ou d'attendri n'amollissait ce regard pâle. Dans la fréquentation des animaux, elle avait pris leur mutisme et leur placidité. C'était la première fois qu'elle se voyait au milieu d'une compagnie si nombreuse; et, intérieurement effarouchée par les drapeaux, par les tambours, par les messieurs en habit noir et par la croix d'honneur du conseiller, elle demeurait tout immobile, ne sachant s'il fallait s'avancer ou s'enfuir, ni pourquoi la foule la poussait et pourquoi les examinateurs lui souriaient.
G. Flaubert ,Madame Bovary
Le vocabulaire du texte est-il encore compris du bachelier moyen?
- Spinoza1670Esprit éclairé
Non, c'est de l'hébreu. Il n'y a qu'à le donner à entendre (à écrire, n'y pensons pas) dans les classes.
_________________
« Let not any one pacify his conscience by the delusion that he can do no harm if he takes no part, and forms no opinion. Bad men need nothing more to compass their ends, than that good men should look on and do nothing. » (John Stuart Mill)
Littérature au primaire - Rédaction au primaire - Manuels anciens - Dessin au primaire - Apprendre à lire et à écrire - Maths au primaire - école : références - Leçons de choses.
- retraitéeDoyen
Pas d'imparfait du subjonctif de 3e du singulier (ceux sur lesquels on insistait alors afin qu'ils ne soient pas pris pour des passés simples!) dans cette dictée, mais il y en a dans d'autres!
Exemple, du Proust
"Alors, quand je croyais entendre qu'elle était réveillée –pour qu'elle n'attendît pas et pût, tout de suite après, se rendormir– je risquais trois petits coups (...) "
et cela continue avec "elle eût dormi, qu'elle continuât" et d'autres!
Et un festival de participes passés : extraits
Ils restaient muets, ankylosés, aux places qu'ils s'étaient imposées, serrés les uns contre les autres. Leurs visages étaient gonflés par la fatigue, leurs yeux, que le sel avait irrités, pleuraient.
Exemple, du Proust
"Alors, quand je croyais entendre qu'elle était réveillée –pour qu'elle n'attendît pas et pût, tout de suite après, se rendormir– je risquais trois petits coups (...) "
et cela continue avec "elle eût dormi, qu'elle continuât" et d'autres!
Et un festival de participes passés : extraits
Ils restaient muets, ankylosés, aux places qu'ils s'étaient imposées, serrés les uns contre les autres. Leurs visages étaient gonflés par la fatigue, leurs yeux, que le sel avait irrités, pleuraient.
- SaloumHabitué du forum
retraitée a écrit:Ils ne savent plus ce que sont l'attention , la concentration, ils sont dans le zapping permanent. Ils écoutent vaguement, de façon flottante, et donc ne retiennent rien.
Moi, quand je mets la radio en "bruit de fond", je suis incapable de me souvenir clairement de ce qui s'est dit.
Au-delà du débat sur l'élitisme ou le manque d'exigence de l'école, je dirais qu'il y a aussi une évolution des pratiques de vie. Comment valoriser l'écrit ou la lecture (longue ou ardue) dans une société où communiquer passe essentiellement par d'autres formes (la télé, internet, le téléphone : je suis la première à constater que je perds l'habitude d'écrire, de formuler, qu'il me faut lutter contre des langages formatés...) ? Je ne dis pas que c'était mieux avant ni que cette évolution est positive, mais qu'on ne peut pas ne pas la constater. Même si les élèves bénéficiaient d'une école exigeante (et effectivement ce serait toujours ça de gagné), il y aurait toujours ce décalage grandissant entre le discours de l'école et les pratiques réelles. Je crois que nos élèves sont ailleurs. Même dans nos classes, ils sont hors de l'école. Les comportements décrits par Retraitée en sont les signes.
- ParatgeNeoprof expérimenté
Deux romans où la critique de l’Édcunat’ est faite avec humour.
Festins secrets de Pierre Jourde
L’Esprit des Péninsules (25 août 2005)
Prix Renaudot des Lycéens 2005
Par cette fin d’après-midi d’un début de siècle, tout semble en ordre à bord du direct Paris-Logres : sur une banquette de moleskine aussi orange que possible somnole un jeune professeur aussi progressiste que souhaitable, en route vers son premier poste dans « une obscure sous-préfecture d’un département de forêts et de mines désaffectées. » Parvenu à destination, Gilles Saurat se retrouve en plein « cauchemar du mammouth ». Ou comment enseigner les subtilités de la langue et de la littérature françaises à de jeunes brutes tout juste capables d’aligner une cinquantaine de borborygmes. Avec pour seule aide des circulaires de l’Education nationale rédigées dans un esprit que n’auraient pas renié Franz Kafka et le Père Ubu associés. Entre deux mauvais rêves, d’étranges dîners de têtes réunissent des notables adonnés aux ragots, à l’extrémisme politique et aux sciences occultes qui s’efforcent d’initier l’enseignant novice à des plaisirs défendus. La petite ville où Pierre Jourde a dressé son chapiteau est un condensé effrayant et dérisoire des sociétés contemporaines. Aux limites du réalisme et du fantastique, Festins secrets se livre à un décorticage de la sexualité moderne, à une satire cruelle du Léviathan éducatif et du monstre médiatique. Bienvenue à Logres. Bienvenue dans votre monde.
Né à Créteil en 1955, Pierre Jourde enseigne la littérature à Valence (université de Grenoble III). Il a notamment publié à L’Esprit des Péninsules : Pays perdu (Prix Générations du roman), La Littérature sans estomac (Prix de la Critique de l’Académie française).
Mammifères de Pierre Mérot
Prix de Flore 2003
Flammarion 2003
Pierre Mérot étale ses nuits où il enfile quatre litres de bière entrecoupés de gin et de whisky. Un ivrogne « qui à sept heures du matin a déjà bu la moitié de la tristesse du monde et qui a encore soif ». Il décrit ses jobs, de façon très drôle, quand il évoque la maison d’édition Ubu où règne un potentat aussi criblé de dettes que généreux en gros mots. Il enchaîne sur son poste de prof au collège Walt-Disney (sic) d’une banlieue populaire. Il assassine les réformes pédagogiques et les psys donneurs de leçons qui se font cracher dessus par des gamins sans limites. Il y est excessif, idiot de simplisme, mais on n’exige pas d’un écorché qui a des litres d’alcool dans le sang l’objectivité d’un prof d’univ.
Il contient deux chapitres géniaux sur l’EN : l’un sur l’IUFM, l’autre sur son expérience en collège, qui m’ont fait pleurer de rire. « Il (le narrateur) fréquenta les pédagogues de l’IUFM, c’est-à-dire des ratés, des arrivistes, ou les deux à la fois. » Si vous ne l’avez pas encore lu, précipitez-vous : ce qu’il dit sur les CPE, le triangle pédagogique, la triste équipe du collège Walt-Disney... c’est hélas une vision à peine transposée de la réalité.
Description burlesque, avec schémas, d’une journée de formation pédagogique, définition des « pré-requis », « évaluations » intermédiaires et programmation des « séquences pédagogiques ». Le principal inonde les nouveaux de très beaux conseils pédagogiques. Il leur rappelle les bases du métier, lequel consiste à ne pas faire de vagues. Par exemple, si l’on se fait cracher dessus ou voler son portefeuille, délits somme toute modestes et bien compréhensibles, il est inutile de faire un rapport et de demander une sanction.
– « Que cela soit bien clair, chers collègues, conclut le principal, l’administration ne vous soutiendra pas : sachez vous faire respecter ».
Dans son dernier roman L’Irréaliste Mérot se prend un peu trop pour Céline mais il y a encore quelques bons passages notamment sur ce qu’est devenu l’enseignement du français.
« La langue écrite au lycée s’inspire du français. En vertu des libertés fondamentales garanties par la République, son usage est laissé à l’appréciation de chacun. L’accentuation et la ponctuation sont abrogées. Tous les écrivains français sont nés au XVIIIe siècle. Nul n’est tenu de rédiger plus de dix lignes en une heure. Marseille jouxte la frontière belge. Un livre ne doit pas excéder trente pages. Louis XIV a été élu au suffrage universel. L’orthographe est une entrave à la liberté d’expression. Gustave Maulière est l’auteur de Samantha Bovari. On ne saurait exiger plus d’une heure de travail par semaine. Les trois écrivains français sont, par ordre alphabétique, Voltaire, Victor Hugo et Pablo Picasso. Les énoncés présentant une apparence logique sont valorisés, sous réserve que leur nombre ne soit pas inférieur à un par copie. »
Festins secrets de Pierre Jourde
L’Esprit des Péninsules (25 août 2005)
Prix Renaudot des Lycéens 2005
Par cette fin d’après-midi d’un début de siècle, tout semble en ordre à bord du direct Paris-Logres : sur une banquette de moleskine aussi orange que possible somnole un jeune professeur aussi progressiste que souhaitable, en route vers son premier poste dans « une obscure sous-préfecture d’un département de forêts et de mines désaffectées. » Parvenu à destination, Gilles Saurat se retrouve en plein « cauchemar du mammouth ». Ou comment enseigner les subtilités de la langue et de la littérature françaises à de jeunes brutes tout juste capables d’aligner une cinquantaine de borborygmes. Avec pour seule aide des circulaires de l’Education nationale rédigées dans un esprit que n’auraient pas renié Franz Kafka et le Père Ubu associés. Entre deux mauvais rêves, d’étranges dîners de têtes réunissent des notables adonnés aux ragots, à l’extrémisme politique et aux sciences occultes qui s’efforcent d’initier l’enseignant novice à des plaisirs défendus. La petite ville où Pierre Jourde a dressé son chapiteau est un condensé effrayant et dérisoire des sociétés contemporaines. Aux limites du réalisme et du fantastique, Festins secrets se livre à un décorticage de la sexualité moderne, à une satire cruelle du Léviathan éducatif et du monstre médiatique. Bienvenue à Logres. Bienvenue dans votre monde.
Né à Créteil en 1955, Pierre Jourde enseigne la littérature à Valence (université de Grenoble III). Il a notamment publié à L’Esprit des Péninsules : Pays perdu (Prix Générations du roman), La Littérature sans estomac (Prix de la Critique de l’Académie française).
Mammifères de Pierre Mérot
Prix de Flore 2003
Flammarion 2003
Pierre Mérot étale ses nuits où il enfile quatre litres de bière entrecoupés de gin et de whisky. Un ivrogne « qui à sept heures du matin a déjà bu la moitié de la tristesse du monde et qui a encore soif ». Il décrit ses jobs, de façon très drôle, quand il évoque la maison d’édition Ubu où règne un potentat aussi criblé de dettes que généreux en gros mots. Il enchaîne sur son poste de prof au collège Walt-Disney (sic) d’une banlieue populaire. Il assassine les réformes pédagogiques et les psys donneurs de leçons qui se font cracher dessus par des gamins sans limites. Il y est excessif, idiot de simplisme, mais on n’exige pas d’un écorché qui a des litres d’alcool dans le sang l’objectivité d’un prof d’univ.
Il contient deux chapitres géniaux sur l’EN : l’un sur l’IUFM, l’autre sur son expérience en collège, qui m’ont fait pleurer de rire. « Il (le narrateur) fréquenta les pédagogues de l’IUFM, c’est-à-dire des ratés, des arrivistes, ou les deux à la fois. » Si vous ne l’avez pas encore lu, précipitez-vous : ce qu’il dit sur les CPE, le triangle pédagogique, la triste équipe du collège Walt-Disney... c’est hélas une vision à peine transposée de la réalité.
Description burlesque, avec schémas, d’une journée de formation pédagogique, définition des « pré-requis », « évaluations » intermédiaires et programmation des « séquences pédagogiques ». Le principal inonde les nouveaux de très beaux conseils pédagogiques. Il leur rappelle les bases du métier, lequel consiste à ne pas faire de vagues. Par exemple, si l’on se fait cracher dessus ou voler son portefeuille, délits somme toute modestes et bien compréhensibles, il est inutile de faire un rapport et de demander une sanction.
– « Que cela soit bien clair, chers collègues, conclut le principal, l’administration ne vous soutiendra pas : sachez vous faire respecter ».
Dans son dernier roman L’Irréaliste Mérot se prend un peu trop pour Céline mais il y a encore quelques bons passages notamment sur ce qu’est devenu l’enseignement du français.
« La langue écrite au lycée s’inspire du français. En vertu des libertés fondamentales garanties par la République, son usage est laissé à l’appréciation de chacun. L’accentuation et la ponctuation sont abrogées. Tous les écrivains français sont nés au XVIIIe siècle. Nul n’est tenu de rédiger plus de dix lignes en une heure. Marseille jouxte la frontière belge. Un livre ne doit pas excéder trente pages. Louis XIV a été élu au suffrage universel. L’orthographe est une entrave à la liberté d’expression. Gustave Maulière est l’auteur de Samantha Bovari. On ne saurait exiger plus d’une heure de travail par semaine. Les trois écrivains français sont, par ordre alphabétique, Voltaire, Victor Hugo et Pablo Picasso. Les énoncés présentant une apparence logique sont valorisés, sous réserve que leur nombre ne soit pas inférieur à un par copie. »
- JPhMMDemi-dieu
Mon préféré : Propos sur l’Éducation, Alain.
_________________
Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- AnaxagoreGuide spirituel
JPhMM a écrit:Mon préféré : Propos sur l’Éducation, Alain.
Dans mes bras!
- ParatgeNeoprof expérimenté
Anaxagore a écrit:JPhMM a écrit:Mon préféré : Propos sur l’Éducation, Alain.
Dans mes bras!
J'allais le mentionner !
- ParatgeNeoprof expérimenté
La réunion de rentrée vue par Pierre Jourde :
Castans interprète son discours. C’est son grand air, son morceau de bravoure. Le même, paraît-il, à chaque rentrée, compte tenu des légères modifications apportées par la succession annuelle des réformes. Musse, quant à lui, reste imperturbable. Pas un trait de son visage ne se déplace tandis que le ténor gesticule et transpire.
«... Un nouvel AE est affecté cette année au CDI. Il s’agit de Mme Ledru. Bienvenue mademoiselle. Par ailleurs, une nouveauté doit figurer à l’ordre du jour du prochain CE : l’aménagement d’un lieu de vie pour les élèves. C’est une mesure que réclament depuis longtemps la FFPEP et l’UPE. Reste à trouver le local convenable. Vous le savez, la réforme initiée l’année dernière par le ministre a été finalisée. Elle entre cette année dans sa phase de mise en œuvre. Cela impliquera un plus grand investissement de la part de tous les acteurs de la communauté éducative. Les ACE ont travaillé jusqu’au début du mois d’août pour réfléchir aux modalités d’application de ce projet qui doit permettre un suivi supérieur et une réussite accrue des Apprenants. À court terme, l’objectif fixé par le ministre est de 90 % de réussite au TFEG. L’école ne doit pas être une machine à exclure. L’échec scolaire est pour l’essentiel le résultat de méthodes éducatives non adaptées aux possibilités et aux savoirs de l’Apprenant. À nous de savoir travailler ensemble, de créer des interfaces, de mobiliser les énergies pour finaliser ce programme. La démocratisation de l’enseignement en dépend. Compte tenu de l’ambition de la réforme, qui se substitue à la réforme Maudrut et à la réforme Langman, le Ministère a chargé les ACE d’en résumer les grandes lignes le jour de la rentrée, pour compléter les initiatives d’information qui ont été prises l’an dernier. La philosophie de la réforme peut se condenser en une formule simple : l’Apprenant au centre du Système.
La bataille de la réforme sera gagnée lorsque les GIF sauront être à l’écoute des Apprenants. Ils ont beaucoup à nous apprendre. Ils doivent devenir des acteurs à part entière de leur formation, gérer leur Parcours Éducatif, élaborer leur Projet d’Apprentissage Personnalisé. On en aura alors terminé avec l’entassement de savoirs coupés de la vie réelle. Il ne s’agit plus, pour l’enseignant, de se crisper sur des contenus. Il faut oser l’ouverture, oser la liberté... »
Au bout d’un moment, tu ne parviens plus à écouter. Tu tentes de garder un air concerné. Zablanski, lui, s’en fout ostensiblement. Autour de vous, on prend des notes. La voix de stentor résonne entre les murs fatigués, accompagnée par le pizzicato obsédant de la pluie.
« Voici les nouvelles mesures qui vont se mettre en place dès cette rentrée : Évaluation Trimestrielle du GIF par l’Apprenant. Ces ETCIFA se substituent aux EAEA (Évaluations Annuelles de l’Enseignant par l’Apprenant), instituées dans la réforme précédente. Cette fois, le Ministère requiert une effectuation des ETCIFA dès la fin du mois de novembre. Les fiches d’évaluation doivent être transmises au Rectorat début décembre. Dans le cas où un GIF connaîtrait des problèmes d’évaluation, il revient à l’ACE principal, c’est-à-dire à moi, de saisir une Commission Paritaire de Soutien et de Conseil. La CPSC se compose de représentants des Apprenants, des Parents, des GIF et des ACE. Le GIF en situation de sous-évaluation se verra proposer des stages intensifs de recyclage en ISFP au cours desquels il apprendra à mieux questionner sa pratique didactique.
L’un des points essentiels de la nouvelle réforme concerne les évaluations de l’Apprenant. Il s’agit de rompre avec les vieilles épreuves élitistes et traumatisantes. Désormais, l’évaluation reposera sur trois critères : une note trimestrielle, un dossier annuel constitué par un groupe de trois à quatre élèves sur un sujet de leur choix. Il importe d’ouvrir l’école à toutes les formes de culture, sans exclusion, à toute la richesse du monde contemporain : il peut s’agir, d’après les suggestions du ministère, d’un dossier sur le Rap, ou sur l’art du tag, ou encore d’une enquête sur les magazines pour la jeunesse. Enfin, à chaque trimestre, le GIF fera remplir un QCM à ses Apprenants. Sur cette dernière épreuve, je vous renvoie aux trois volumes du Précis d’Evaluation Pédagogique, disponible au GDI. Toute note inférieure à cinq sur vingt devra faire l’objet d’un rapport circonstancié, transmis à l’Inspection Générale et à la CPSC. Après examen, la CPSC pourra suggérer une réévaluation de la note. Enfin, toute sanction devra également faire l’objet d’un rapport, qui sera remis le jour même des faits à l’ACE principal. Je vous rappelle que dans les cas très graves, le recours à la commission de discipline a lui aussi été modifié. Désormais, et pour que l’école ne soit plus le lieu d’une justice d’exception, mais se conforme aux règles de la justice démocratique, l’Apprenant mis en examen, après enquête, sera défendu devant la commission de discipline par deux avocats : un délégué des Apprenants et l’assistante sociale du collège. Il aura toujours la possibilité de faire appel. Au terme de cet appel, il encourt un blâme. Au bout de trois blâmes, il peut, selon la gravité des faits, être placé une semaine dans la Classe d’Aide et de Soutien prévue dans chaque établissement, puis réintégré dans sa classe habituelle. En tout état de cause, le ministère souhaite que ces procédures restent exceptionnelles. Il incombe avant tout au GIF, par la négociation, la compréhension et la parole, de régler les éventuels conflits. Il est prévu de réunir chaque mois les acteurs éducatifs, parents, ACE, GIF, Apprenants, afin qu’ils interrogent leur relation à la situation éducative et qu’ils pointent les éventuels dysfonctionnements. Chacune de ces réunions fera l’objet d’un rapport.
Désormais, une grande place sera accordée, dans le Parcours de Formation, aux sorties éducatives. Cette année, les sorties éducatives suivantes sont programmées : la ferme biologique de Chambray, le champ de bataille des Écargues, la sucrerie Schutz, les locaux de L’Avenir du Logrois, le musée des traditions rurales, l’usine d’emballage de Vermondois. Chacune de ces sorties devra être préparée dans un esprit d’interdisciplinarité par les différents enseignants concernés.
Enfin, autre nouveauté non négligeable, le collège devra élaborer chaque année un Projet Éducatif d’Établissement. Les discussions ont été très enrichissantes au cours des vingt-quatre réunions des commissions consultatives. Au terme de ces réflexions, le thème retenu pour cette année, comme certains d’entre vous le savent déjà, est l’emballage. Je ne peux, personnellement, qu’approuver le choix de ce thème fédérateur. Certains collègues ont d’ores et déjà émis des suggestions d’activité et de recherche autour de remballage : surface d’emballage et géométrie, écologie de l’emballage, décoration de l’emballage en arts plastiques, les matériaux d’emballage en physique, place de l’emballage dans la civilisation américaine en langues. Nous attendons de nouvelles suggestions, notamment en EPS et en français. »
Le directeur et quelques professeurs se lancent dans un débat dont l’enjeu, à en juger par leurs mines sérieuses, compétentes, semble d’une importance extrême. Des termes tels que « projet d’établissement » ou « équipe pédagogique » reviennent à intervalles rapprochés. Tu peux toujours essayer de suivre : tu n’y comprendras rien. Ils semblent trouver de la jouissance dans l’emploi de ce langage codé. Même si tu adoptes inconsciemment, toi aussi, un air concerné, même si tu refuses de te l’avouer, déjà t’écrase un irrépressible et noir ennui.
Castans interprète son discours. C’est son grand air, son morceau de bravoure. Le même, paraît-il, à chaque rentrée, compte tenu des légères modifications apportées par la succession annuelle des réformes. Musse, quant à lui, reste imperturbable. Pas un trait de son visage ne se déplace tandis que le ténor gesticule et transpire.
«... Un nouvel AE est affecté cette année au CDI. Il s’agit de Mme Ledru. Bienvenue mademoiselle. Par ailleurs, une nouveauté doit figurer à l’ordre du jour du prochain CE : l’aménagement d’un lieu de vie pour les élèves. C’est une mesure que réclament depuis longtemps la FFPEP et l’UPE. Reste à trouver le local convenable. Vous le savez, la réforme initiée l’année dernière par le ministre a été finalisée. Elle entre cette année dans sa phase de mise en œuvre. Cela impliquera un plus grand investissement de la part de tous les acteurs de la communauté éducative. Les ACE ont travaillé jusqu’au début du mois d’août pour réfléchir aux modalités d’application de ce projet qui doit permettre un suivi supérieur et une réussite accrue des Apprenants. À court terme, l’objectif fixé par le ministre est de 90 % de réussite au TFEG. L’école ne doit pas être une machine à exclure. L’échec scolaire est pour l’essentiel le résultat de méthodes éducatives non adaptées aux possibilités et aux savoirs de l’Apprenant. À nous de savoir travailler ensemble, de créer des interfaces, de mobiliser les énergies pour finaliser ce programme. La démocratisation de l’enseignement en dépend. Compte tenu de l’ambition de la réforme, qui se substitue à la réforme Maudrut et à la réforme Langman, le Ministère a chargé les ACE d’en résumer les grandes lignes le jour de la rentrée, pour compléter les initiatives d’information qui ont été prises l’an dernier. La philosophie de la réforme peut se condenser en une formule simple : l’Apprenant au centre du Système.
La bataille de la réforme sera gagnée lorsque les GIF sauront être à l’écoute des Apprenants. Ils ont beaucoup à nous apprendre. Ils doivent devenir des acteurs à part entière de leur formation, gérer leur Parcours Éducatif, élaborer leur Projet d’Apprentissage Personnalisé. On en aura alors terminé avec l’entassement de savoirs coupés de la vie réelle. Il ne s’agit plus, pour l’enseignant, de se crisper sur des contenus. Il faut oser l’ouverture, oser la liberté... »
Au bout d’un moment, tu ne parviens plus à écouter. Tu tentes de garder un air concerné. Zablanski, lui, s’en fout ostensiblement. Autour de vous, on prend des notes. La voix de stentor résonne entre les murs fatigués, accompagnée par le pizzicato obsédant de la pluie.
« Voici les nouvelles mesures qui vont se mettre en place dès cette rentrée : Évaluation Trimestrielle du GIF par l’Apprenant. Ces ETCIFA se substituent aux EAEA (Évaluations Annuelles de l’Enseignant par l’Apprenant), instituées dans la réforme précédente. Cette fois, le Ministère requiert une effectuation des ETCIFA dès la fin du mois de novembre. Les fiches d’évaluation doivent être transmises au Rectorat début décembre. Dans le cas où un GIF connaîtrait des problèmes d’évaluation, il revient à l’ACE principal, c’est-à-dire à moi, de saisir une Commission Paritaire de Soutien et de Conseil. La CPSC se compose de représentants des Apprenants, des Parents, des GIF et des ACE. Le GIF en situation de sous-évaluation se verra proposer des stages intensifs de recyclage en ISFP au cours desquels il apprendra à mieux questionner sa pratique didactique.
L’un des points essentiels de la nouvelle réforme concerne les évaluations de l’Apprenant. Il s’agit de rompre avec les vieilles épreuves élitistes et traumatisantes. Désormais, l’évaluation reposera sur trois critères : une note trimestrielle, un dossier annuel constitué par un groupe de trois à quatre élèves sur un sujet de leur choix. Il importe d’ouvrir l’école à toutes les formes de culture, sans exclusion, à toute la richesse du monde contemporain : il peut s’agir, d’après les suggestions du ministère, d’un dossier sur le Rap, ou sur l’art du tag, ou encore d’une enquête sur les magazines pour la jeunesse. Enfin, à chaque trimestre, le GIF fera remplir un QCM à ses Apprenants. Sur cette dernière épreuve, je vous renvoie aux trois volumes du Précis d’Evaluation Pédagogique, disponible au GDI. Toute note inférieure à cinq sur vingt devra faire l’objet d’un rapport circonstancié, transmis à l’Inspection Générale et à la CPSC. Après examen, la CPSC pourra suggérer une réévaluation de la note. Enfin, toute sanction devra également faire l’objet d’un rapport, qui sera remis le jour même des faits à l’ACE principal. Je vous rappelle que dans les cas très graves, le recours à la commission de discipline a lui aussi été modifié. Désormais, et pour que l’école ne soit plus le lieu d’une justice d’exception, mais se conforme aux règles de la justice démocratique, l’Apprenant mis en examen, après enquête, sera défendu devant la commission de discipline par deux avocats : un délégué des Apprenants et l’assistante sociale du collège. Il aura toujours la possibilité de faire appel. Au terme de cet appel, il encourt un blâme. Au bout de trois blâmes, il peut, selon la gravité des faits, être placé une semaine dans la Classe d’Aide et de Soutien prévue dans chaque établissement, puis réintégré dans sa classe habituelle. En tout état de cause, le ministère souhaite que ces procédures restent exceptionnelles. Il incombe avant tout au GIF, par la négociation, la compréhension et la parole, de régler les éventuels conflits. Il est prévu de réunir chaque mois les acteurs éducatifs, parents, ACE, GIF, Apprenants, afin qu’ils interrogent leur relation à la situation éducative et qu’ils pointent les éventuels dysfonctionnements. Chacune de ces réunions fera l’objet d’un rapport.
Désormais, une grande place sera accordée, dans le Parcours de Formation, aux sorties éducatives. Cette année, les sorties éducatives suivantes sont programmées : la ferme biologique de Chambray, le champ de bataille des Écargues, la sucrerie Schutz, les locaux de L’Avenir du Logrois, le musée des traditions rurales, l’usine d’emballage de Vermondois. Chacune de ces sorties devra être préparée dans un esprit d’interdisciplinarité par les différents enseignants concernés.
Enfin, autre nouveauté non négligeable, le collège devra élaborer chaque année un Projet Éducatif d’Établissement. Les discussions ont été très enrichissantes au cours des vingt-quatre réunions des commissions consultatives. Au terme de ces réflexions, le thème retenu pour cette année, comme certains d’entre vous le savent déjà, est l’emballage. Je ne peux, personnellement, qu’approuver le choix de ce thème fédérateur. Certains collègues ont d’ores et déjà émis des suggestions d’activité et de recherche autour de remballage : surface d’emballage et géométrie, écologie de l’emballage, décoration de l’emballage en arts plastiques, les matériaux d’emballage en physique, place de l’emballage dans la civilisation américaine en langues. Nous attendons de nouvelles suggestions, notamment en EPS et en français. »
Le directeur et quelques professeurs se lancent dans un débat dont l’enjeu, à en juger par leurs mines sérieuses, compétentes, semble d’une importance extrême. Des termes tels que « projet d’établissement » ou « équipe pédagogique » reviennent à intervalles rapprochés. Tu peux toujours essayer de suivre : tu n’y comprendras rien. Ils semblent trouver de la jouissance dans l’emploi de ce langage codé. Même si tu adoptes inconsciemment, toi aussi, un air concerné, même si tu refuses de te l’avouer, déjà t’écrase un irrépressible et noir ennui.
- JPhMMDemi-dieu
Je trouve très violente votre opposition famille cultivée/famille modeste. Cela signifie-t-il à vos yeux qu'une famille modeste est aussi famille inculte ? C'est du propre, bravo. Chez moi les livres étaient le seul trésor, il y a des jours où l'on mangeait peu pour pouvoir s'en offrir. Allez au diable.Mike92 a écrit:Mais on sait que l'enfant de famille cultivée peut arriver au primaire en possédant 6000 mots et celui de famille modeste avec 1000, ce qui fait une grande différence.
JPh, fils d'un ouvrier et d'une femme de ménage.
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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- Les parents d'élèves déstabilisés par les nouvelles pédagogies.
- PISA 2012 mis au service... des vieilles nouvelles pédagogies !
- Des nouvelles du congrès des classes inversées et pédagogies actives (28 au 30 juin)
- Programmes : Les Cahiers pédagogiques soutiennent le projet de curriculum aux objectifs transversaux.
- Pédagogies coopératives (type Freinet, PI...).
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