Faire entrer l'école dans l'ère numérique : une envie partagée ?
- CondorcetOracle
kiwi a écrit:Cripure a écrit:
Mais encore une fois, tant mieux !! Pensez-vous que je vise un brevet ? Si vous ne m'avez pas attendu, si vos attentes ne sont pas satisfaites par le programmes actuels, je m'interroge seulement sur cette volonté de corriger les propos de ceux qui de l'extérieur voient que ça ne va pas. Si nous sommes d'accord, de quoi discutez-vous ?
de toutes façons, si l'histoire s'écarte 1) de la chronologie 2) des grandes figures qui marquent, se posera à plus ou moins court terme la question de sa suppression. Je ne la souhaite pas, mais vous verrez. Ca glissera vers une sorte de catéchisme laïc à base d'ECJS, ce truc censé fonctionner sur la base de dossiers et de travaux de recherche, et qui n'apporte rien aux élèves si ce n'est une propension au bavardage oiseux.
Les programmes d'histoire qui s'écartent des grandes figures? Et du récit?! Voilà une idée bien saugrenue quand on sait que maintenant, on entre dans un thème via une étude de cas sur les acteurs... Je ne dis pas que c'est bien, ou mal. Je dirai plutôt que parfois ça marche, d'autres non. Mais prétendre que les programmes n'enseignent plus les repères ni les grandes figures de l'histoire (française?!), c'est faire preuve d'une grande ignorance sur les pratiques actuelles en HG.
En fait, la plupart de toutes vos critiques étaient fondées concernant l'enseignement de l'histoire au collège (et en partie les programmes) disons entre 1995 et 2007. Avec les nouveaux programmes de collège, ça n'est plus vraiment le cas. Nos programmes prônent le retour au récit et à l'écriture autonome (je pense qu'en tant que professeur de lettres, vous ne pouvez pas désapprouver cela n'est-ce pas?), aux propos du professeur comme détenteur d'un savoir à transmettre et non un animateur, à la réflexion et l'argumentation, aux acteurs, à la maîtrise des repères (avec du sens). Oui, il y a l'introduction de l'étude de cas en géographie et en histoire qui est très discutée pédagogiquement et épistémologiquement. Sur le plan pédagogique, je dois dire que ça peut être très efficace comme totalement absurde (ex : sur l'Islam, ou l'étude de la vassalité et de la féodalité, des notions ultra complexes à faire passer à des élèves de cet âge via l'étude de cas sur Philippe Auguste ou pire, Jeanne d'Arc...). Nos programmes sont extrêmement chargés, trop sur certains niveaux (4ème et 3ème surtout) avec des aberrations pédagogiques. La chronologie n'est plus respectée totalement en 3ème et amène à de grosses difficultés de compréhension. Voyez, personne n'applique béatement ces nouveaux programmes, pas plus Isis que les autres. A titre personnel, ces programmes, je les trouve plutôt bons. Il faudrait en revanche apporter quelques allègements, laisser le professeur plus libre de ses démarches pédagogiques sans imposer obligatoirement l'edc, et conserver l'esprit du programme d'histoire de 3è comme dans la version de 1996.
Les doutes qui me saisissent devant les programmes d'H-G : https://www.neoprofs.org/t56038p240-il-n-y-a-officiellement-pas-de-pedagogie-officielle#1772222
- bruno09Niveau 10
JPhMM a écrit:
Donner quelques caractéristiques conséquentes d'un objet n'est pas l'identifier distinctement des autres. Ma question reste donc ouverte.
Or il nous est demandé d'enseigner le numérique. Mais quel est ce numérique ? Ma question vous est trop lointaine ? Très bien... dans ces expressions, le numérique désigne-t-il les sites propriétaires et éphémères tels que Twitter ? l'usage de logiciels ? mais lesquels ? pourquoi ceux-là ? la connaissance de l'architecture d'un ordinateur ? la connaissance d'un langage informatique ? la capacité à démonter et remonter tout ordinateur ? les propriétés physiques des fibres optiques ? quelques connaissances en programmation orientée objet ? en réseaux neuronaux ? la capacité de construire un réseau domestique ? la connaissance des enjeux socioéconomiques d'internet ? la connaissance de l'histoire d'internet ? des notions de cryptographie ? du code RSA ? la capacité à traduire en binaire ? en hexadécimal ? la connaissance des enjeux épistémologiques d'une globalisation des écrits ? l'histoire des logiciels d'écriture automatique de fictions littéraires ? la connaissance de la démonstration automatique ? l'histoire des mouvements littéraires cyberpunks ? la capacité à écrire en HTML ? la compétence à écrire des macros sous Word ? sous tous les traitements de textes en vigueur actuellement ? l'usage avancé de RedShift ? etc. (dois-je en rajouter, ou ma question commence à devenir plus claire ?)
Tout ça en même temps ?
Enfin on entre dans le vif du sujet.
Si on part de l'idée que le numérique est d'une grande importance historique, il faudrait l'enseigner ... dans dix ans? En fait leur parler des années 80, disons, oblige en creux à exprimer ce que signifiait vivre sans le numérique, un peu comme quand on fait un cours sur la vie au Moyen-age et que l'on rappelle l’absence de lumière artificielle, d'horloge, de réfrigérateur, etc.
En ce qui concerne les compétences en informatique pure (pardon... :boulet: ), il me semble qu'il faudrait préparer les élèves aux logiciels de demain: math, français, etc. Certains pays font de l'initiation à la programmation . Le moins que l'on puisse dire est que nous n'avons guère de recul.
Et tu as raison, faire du numérique, ça ne veut rien dire.
Plus prosaïquement, l'usage du clavier (tactile ou réel, il en restera bien quelque chose) me parait important.
_________________
Pour les Italophiles et les Italolâtres: http://www.viaggio-italia.fr
- yphrogEsprit éclairé
bruno09 a écrit:JPhMM a écrit:
Donner quelques caractéristiques conséquentes d'un objet n'est pas l'identifier distinctement des autres. Ma question reste donc ouverte.
Or il nous est demandé d'enseigner le numérique. Mais quel est ce numérique ? Ma question vous est trop lointaine ? Très bien... dans ces expressions, le numérique désigne-t-il les sites propriétaires et éphémères tels que Twitter ? l'usage de logiciels ? mais lesquels ? pourquoi ceux-là ? la connaissance de l'architecture d'un ordinateur ? la connaissance d'un langage informatique ? la capacité à démonter et remonter tout ordinateur ? les propriétés physiques des fibres optiques ? quelques connaissances en programmation orientée objet ? en réseaux neuronaux ? la capacité de construire un réseau domestique ? la connaissance des enjeux socioéconomiques d'internet ? la connaissance de l'histoire d'internet ? des notions de cryptographie ? du code RSA ? la capacité à traduire en binaire ? en hexadécimal ? la connaissance des enjeux épistémologiques d'une globalisation des écrits ? l'histoire des logiciels d'écriture automatique de fictions littéraires ? la connaissance de la démonstration automatique ? l'histoire des mouvements littéraires cyberpunks ? la capacité à écrire en HTML ? la compétence à écrire des macros sous Word ? sous tous les traitements de textes en vigueur actuellement ? l'usage avancé de RedShift ? etc. (dois-je en rajouter, ou ma question commence à devenir plus claire ?)
Tout ça en même temps ?
Enfin on entre dans le vif du sujet.
+1
J'ai hâte d'avoir le temps de revenir relire et décortiquer cela, mais un jeu de loup m'attend, qui va être tout aussi passionnant. Merci JPhMM, Bruno09...
- krungthepNiveau 9
kiwi a écrit:Ce qui m'éclate moi, c'est que c'est une personne prétendant avoir une tablette, une liseuse, un smartphone et qui surfe sur internet régulièrement, qui dit que le numérique, c'est de la merde et qui donne des leçons aux professeurs utilisant des outils relevant du numérique pour faire cours.
Finalement, je constate que je suis moins intoxiquée que vous : je n'ai pas de tablette, ni de liseuse au moins...
Oui tu as raison, sauf sur le point fondamental. L'imprimerie est largement antérieure au numérique. Et c'est bien pour cette raison que je maintiens que le numérique n'apporte aucune avancée majeure à l'humanité.
Tout comme l'imprimerie est postérieure à l'invention de l'écriture. C'est quoi alors la vraie innovation : l'écriture ou l'imprimerie qui dépend de l'écriture pour exister? N'importe quoi.
Oui, je suis une "geek". Et alors? Ca n'a rien à voir avec le fait que le numérique ne bouleverse pas la vie de l'humanité au point qu'on essaie de nous le faire croire.
Je suis amère de constater que vous ne comprenez pas au fond, ce qu'est une innovation, ce qui constitue une avancée majeure pour l'humanité, ce qui peut bouleverser un destin.
- User5899Demi-dieu
Vos informations sont excellentesCeleborn a écrit:D'après mes informations, ça n'a pas paru absurde à deux syndicats de l'EN qui avaient voté pour les nouveaux programmes de lycée.groyer a écrit:Il est bien évidemment absurde de traiter les deux guerres comme un paquet pour ensuite étudier les totamitarismes...
Mais quelles peuvent donc bien être ces deux organisations syndicales aux choix catastrophiques ?
- User5899Demi-dieu
Voui voui vouikiwi a écrit:Cripure a écrit:
Mais encore une fois, tant mieux !! Pensez-vous que je vise un brevet ? Si vous ne m'avez pas attendu, si vos attentes ne sont pas satisfaites par le programmes actuels, je m'interroge seulement sur cette volonté de corriger les propos de ceux qui de l'extérieur voient que ça ne va pas. Si nous sommes d'accord, de quoi discutez-vous ?
de toutes façons, si l'histoire s'écarte 1) de la chronologie 2) des grandes figures qui marquent, se posera à plus ou moins court terme la question de sa suppression. Je ne la souhaite pas, mais vous verrez. Ca glissera vers une sorte de catéchisme laïc à base d'ECJS, ce truc censé fonctionner sur la base de dossiers et de travaux de recherche, et qui n'apporte rien aux élèves si ce n'est une propension au bavardage oiseux.
Les programmes d'histoire qui s'écartent des grandes figures? Et du récit?! Voilà une idée bien saugrenue quand on sait que maintenant, on entre dans un thème via une étude de cas sur les acteurs... Je ne dis pas que c'est bien, ou mal. Je dirai plutôt que parfois ça marche, d'autres non. Mais prétendre que les programmes n'enseignent plus les repères ni les grandes figures de l'histoire (française?!), c'est faire preuve d'une grande ignorance sur les pratiques actuelles en HG.
- User5899Demi-dieu
Mais enfin, d'où sortez-vous ce genre de généralisation ? D'abord, on choisit d'avoir ou non un GPS. Moi qui, comme nombre de profs de lycée, ai à fréquenter de nombreux établissements inconnus chaque année (stages, examens, etc.), je m'en suis toujours remis à des cartes, parce que je ne supporte pas qu'une voix de dinde me dise de tourner à gauche et que j’estime, à juste titre, pouvoir m'en passer. Mais la carte ne sert pas qu'à trouver sa route. Le GPS ne m'aide absolument pas à repérer un ancien tracé ferroviaire, ni à en comprendre l'élaboration, alors que la carte, avec les limites des champs, les courbes de niveaux et les chemins vicinaux m'est un outil indispensable. Après, bien sûr, il y a Google earth, mais enfin, c'est surtout une banque de photos prises du ciel, beau travail, certes, mais qui n'a d'intérêt que quand on sait ce qu'on cherche.bruno09 a écrit:krungthep a écrit:Encore cette discussion?
Le numérique a changé très peu dans notre vie. Beaucoup moins que l'arrivée de la voiture, de l'avion ou du téléphone.
Alors arrêtons d'en parler sans arrêt.
Le numérique a presque tout changé:
L'industrie, les médias, la médecine, la défense, l'information, la communication, les arts (photo, cinéma...), le commerce, etc. ont eu un avant et un après le numérique.
Un simple exemple: On ne consulte plus une carte pour savoir où on est, mais avec un GPS on cherche où on va.
- User5899Demi-dieu
Les injonctions totalitaires m'ont toujours et fait rire et poussé au rejet complet. Si je ne veux pas travailler avec du numérique, je ne travaillerai pas avec. C'est tout simple. Voir ces profs des Bouches-du-Rhône, par exemple, qui ont refusé que soient mis en marche les portables que le conseil général avait distribué à chaque élève en 2004, je crois. Les portables restaient dans les sacs. Pourquoi ? Sans doute parce que devant le scientisme à marche forcée, c'est un plaisir simple que de dire "non" tranquillement.bruno09 a écrit:Nous allons travailler avec le numérique, nous travaillons déjà avec. Il faudrait peut-être se poser la question du comment.
- User5899Demi-dieu
Il est d'ailleurs "amusant" de constater que parallèlement au développement de technologies épatantes pour le technicien, nos sociétés glissent à un obscurantisme religieux tout à fait effrayant...iphigénie a écrit:l'homme n'a pas été modifié en profondeur par les technologies: il y a trouvé du confort et l'amélioration de ses conditions de vie.
Par contre ce qui bouleverse l'humanité ce sont les informations et croyances qui circulent: et de ce point de vue, le rôle des technologies numériques risque d'être assez néfaste: assez pour qu'il me paraisse plus important d'apprendre à s'en écarter qu'à s'y noyer.
Les airbus sont conduits par des gens qui ne sont pas nés avec le numérique:ils s'y sont adaptés. Par contre je craindrais beaucoup de la part de générations de professeurs, de médecins, de politiques ou de juristes qui n'auraient pas eu accès à la réflexion philosophique et aux sciences humaines. Il n'a pas été nécessaire d'apprendre l'imprimerie pour écrire les livres. On a l'impression qu'avec le numérique, c'est la technique qui prend le pas sur le contenu: d'ailleurs on ne parle que de cela: utiliser word ou les logiciels libres, par exemple. Le problème n'est plus, semble-t-il:"pour en faire quoi"....
- CondorcetOracle
Cripure a écrit:Mais enfin, d'où sortez-vous ce genre de généralisation ? D'abord, on choisit d'avoir ou non un GPS. Moi qui, comme nombre de profs de lycée, ai à fréquenter de nombreux établissements inconnus chaque année (stages, examens, etc.), je m'en suis toujours remis à des cartes, parce que je ne supporte pas qu'une voix de dinde me dise de tourner à gauche et que j’estime, à juste titre, pouvoir m'en passer. Mais la carte ne sert pas qu'à trouver sa route. Le GPS ne m'aide absolument pas à repérer un ancien tracé ferroviaire, ni à en comprendre l'élaboration, alors que la carte, avec les limites des champs, les courbes de niveaux et les chemins vicinaux m'est un outil indispensable. Après, bien sûr, il y a Google earth, mais enfin, c'est surtout une banque de photos prises du ciel, beau travail, certes, mais qui n'a d'intérêt que quand on sait ce qu'on cherche.bruno09 a écrit:krungthep a écrit:Encore cette discussion?
Le numérique a changé très peu dans notre vie. Beaucoup moins que l'arrivée de la voiture, de l'avion ou du téléphone.
Alors arrêtons d'en parler sans arrêt.
Le numérique a presque tout changé:
L'industrie, les médias, la médecine, la défense, l'information, la communication, les arts (photo, cinéma...), le commerce, etc. ont eu un avant et un après le numérique.
Un simple exemple: On ne consulte plus une carte pour savoir où on est, mais avec un GPS on cherche où on va.
Je me rappelle avoir appris à lire une carte routière en classe de CM1 (nomenclature comprise) et avoir mémorisé une cinquantaine de cartes pour le CAPES d'histoire-géo : le support papier m'est familier et doux alors que le GPS ne me suggère rien (en revanche Geoportail m'est utile).
- User5899Demi-dieu
Et puis on ne connaît bien une région qu'après en avoir étudié des cartes et être allé voir sur le terrain comment s'organise le territoire. C'est bien joli, la géographie en partant des hommes, mais on a du mal à comprendre les choix de ces derniers quand on ne connaît pas la topographie. Moi qui ne suis pas géographe de formation, c'est là une de mes activités de loisirs que j'aurais beaucoup de mal à abandonner tant elle se révèle riche en enseignements de toutes sortes.condorcet a écrit:Cripure a écrit:Mais enfin, d'où sortez-vous ce genre de généralisation ? D'abord, on choisit d'avoir ou non un GPS. Moi qui, comme nombre de profs de lycée, ai à fréquenter de nombreux établissements inconnus chaque année (stages, examens, etc.), je m'en suis toujours remis à des cartes, parce que je ne supporte pas qu'une voix de dinde me dise de tourner à gauche et que j’estime, à juste titre, pouvoir m'en passer. Mais la carte ne sert pas qu'à trouver sa route. Le GPS ne m'aide absolument pas à repérer un ancien tracé ferroviaire, ni à en comprendre l'élaboration, alors que la carte, avec les limites des champs, les courbes de niveaux et les chemins vicinaux m'est un outil indispensable. Après, bien sûr, il y a Google earth, mais enfin, c'est surtout une banque de photos prises du ciel, beau travail, certes, mais qui n'a d'intérêt que quand on sait ce qu'on cherche.bruno09 a écrit:krungthep a écrit:Encore cette discussion?
Le numérique a changé très peu dans notre vie. Beaucoup moins que l'arrivée de la voiture, de l'avion ou du téléphone.
Alors arrêtons d'en parler sans arrêt.
Le numérique a presque tout changé:
L'industrie, les médias, la médecine, la défense, l'information, la communication, les arts (photo, cinéma...), le commerce, etc. ont eu un avant et un après le numérique.
Un simple exemple: On ne consulte plus une carte pour savoir où on est, mais avec un GPS on cherche où on va.
Je me rappelle avoir appris à lire une carte routière en classe de CM1 (nomenclature comprise) et avoir mémorisé une cinquantaine de cartes pour le CAPES d'histoire-géo : le support papier m'est familier et doux alors que le GPS ne me suggère rien (en revanche Geoportail m'est utile).
- CondorcetOracle
A cet égard, j'ai la curieuse impression que la géographie physique (parfois ingrate à apprendre, il est vrai) a déserté (au moins en partie) les programmes.
- Marcel KhrouchtchevEnchanteur
condorcet a écrit:A cet égard, j'ai la curieuse impression que la géographie physique (parfois ingrate à apprendre, il est vrai) a déserté (au moins en partie) les programmes.
N'a-t-elle pas été intégrée aux SVT en 1999? Je me souviens avoir fait de la géographie physique au collège et au lycée, j'en garde un excellent souvenir!
Par contre, à l'Université, il y a encore de très nombreux géographes physiciens, ce qui explique d'ailleurs qu'ils ne veulent pas préparer au CAPES et que s'il n'y avait pas les historiens pour enseigner dans le secondaire, la géographie y aurait disparu...
- Luigi_BGrand Maître
Initier à des logiciels ou à la programmation sont des choses aussi différentes que la conduite et la mécanique.bruno09 a écrit:En ce qui concerne les compétences en informatique pure (pardon... :boulet: ), il me semble qu'il faudrait préparer les élèves aux logiciels de demain: math, français, etc. Certains pays font de l'initiation à la programmation.
"Initier aux logiciels de demain" résume assez bien l'aporie où nous sommes.
Un enseignement se réfléchit, se théorise, se met en pratique, se diffuse : le temps de l'enseignement est un temps long. Le temps du numérique est un temps court, très court même : les versions d'Android se succèdent tous les six mois, les nouveaux modèles de tablettes tous les ans. Même les matériels et les logiciels d'aujourd'hui, il ne sert pas à grand chose d'y initier les élèves puisque, quand il seront adultes, ces logiciels n'existeront plus. Il n'y a qu'à voir les ENT qui équipent nos établissements : ils ressemblent davantage à des logiciels des années 1990 que des années 2010...
Alors les "logiciels de demain" dont personne ne sait à quoi ils ressembleront...
_________________
LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- JPhMMDemi-dieu
Et pour cause.Luigi_B a écrit:Alors les "logiciels de demain" dont personne ne sait à quoi ils ressembleront...
D'ailleurs si un enseignant savait à quoi ressembleront les logiciels de demain, il pourrait démissionner et mettre toute sa famille à l'abri du besoin pour plusieurs générations. :lol:
_________________
Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- IgniatiusGuide spirituel
Luigi_B a écrit:Initier à des logiciels ou à la programmation sont des choses aussi différents que la conduite et la mécanique.bruno09 a écrit:En ce qui concerne les compétences en informatique pure (pardon... :boulet: ), il me semble qu'il faudrait préparer les élèves aux logiciels de demain: math, français, etc. Certains pays font de l'initiation à la programmation.
"Initier aux logiciels de demain" résume assez bien l'aporie où nous sommes.
Un enseignement se réfléchit, se théorise, se met en pratique, se diffuse : le temps de l'enseignement est un temps long. Le temps du numérique est un temps court, très court même : les versions d'Android se succèdent tous les six mois, les nouveaux modèles de tablettes tous les ans. Même les matériels et les logiciels d'aujourd'hui, il ne sert pas à grand chose d'y initier les élèves puisque, quand il seront adultes, ces logiciels n'existeront plus. Il n'y a qu'à voir les ENT qui équipent nos établissements : ils ressemblent davantage à des logiciels des années 1990 que des années 2010...
Alors les logiciels de demain dont personne ne sait à quoi ils ressembleront...
Les pbs soulevés par les derniers posts sont en effet ceux qui montrent le plus l'absurdité, à mon avis, de vouloir faire rentrer le numérique à toute force à l'école.
D'abord, le numérique, ça ne veut en effet rien dire : des environnements ludiques sur tablette ou smartphone aux langages de programmation, il y a un univers intellectuel. Au passage, geek ne signifie pas compétent en informatique: la plupart des informaticiens sont geeks, mais la réciproque est très loin d'être vraie, bcp des enfants/ados/jeunes adultes étant baignés dans l'univers techno sans posséder de compétence autre que manipulatrice.
Je crois donc, comme d'autres, que les bouleversements que nous vivons actuellement ne sont pas des révolutions humaines, mais seulement des modifications notables de notre fonctionnement quotidien, qui demeure malgré tout le même qu'il y a des décennies.
Par suite, si nous voulons préparer les enfants au monde de demain (cela reste l'objectif premier de l'école à mon sens) il faut leur permettre l'adaptabilité, et non pas la capacité à utiliser : cela a aussi été dit, mais il nous faut remarquer que nos générations (avant 50 ans disons) ne sont pas nées avec le numérique mais se l'approprient très (trop ? ) bien. Il semble donc que l'utilisation précoce de ces outils ne soient pas une condition nécessaire pour les maîtriser plus tard. Je note pour ma part, qu'entre le 1er PC que mon père a acheté qd je suis rentré en seconde et l'iphone que j'utilise aujourd'hui, j'ai réussi à m'adapter à des changements permanents et importants des outils, et des OS entre autres: je crois que c'est le cas de tout le monde, même si ces modifications continuelles sont un peu casse-bonbons.
L'adaptabilité, c'est quoi ? C'est, à mon sens, tenter de comprendre les modèles théoriques qui fondent ces nouvelles technologies et nouveaux media (programmation, théorie de l'information, réseaux etc.) et très moyennement la manipulation des outils.
J'en veux quand même pour preuve que l'informatique théorique s'enseigne essentiellement sur papier, et que c'est souvent un principe de base revendiqué haut et fort par les informaticiens.
Du coup, je pense, toujours, que nous formerons mieux les élèves au monde de demain en leur donnant les supports théoriques et plus ou moins universels/atemporels en logique, maths etc. qu'en tentant de supplanter le fond (connaissances) par la forme (TICE, obsolètes à la fin de la scolarité des élèves). Que les outils numériques puissent être formidables dans certaines disciplines (HG pour les cartes, les films, etc.) cela me paraît une évidence, mais ils ne révolutionneront pas la matière, ni même son enseignement à mon avis : je ne crois pas que l'on comprenne mieux l'histoire aujourd'hui qu'il y a 50 ans.
_________________
"Celui qui se perd dans sa passion est moins perdu que celui qui perd sa passion."
St Augustin
"God only knows what I'd be without you"
Brian Wilson
- CassandraNiveau 6
Luigi_B a écrit:
Initier à des logiciels ou à la programmation sont des choses aussi différentes que la conduite et la mécanique.
Cette analogie me plaît bien.
- IphigénieProphète
C'est curieux, mais la découverte de l'imprimerie et du Nouveau Monde ont entraîné la nécessité de revenir aux textes antiques aussi, soit dit en passant. Comme si pour intégrer la nouveauté, il fallait le détour par les fondements.
L'imprimerie a ouvert l'appétit du savoir; le problème avec l'informatique, c'est qu'elle semble à l'inverse proclamer l'inutilité d'apprendre, puisqu'il y a la technologie. C'est une différence majeure. Technologie pour répandre le savoir ou pour éviter l'effort d'apprendre? C'est une croisée des chemins.
L'imprimerie a ouvert l'appétit du savoir; le problème avec l'informatique, c'est qu'elle semble à l'inverse proclamer l'inutilité d'apprendre, puisqu'il y a la technologie. C'est une différence majeure. Technologie pour répandre le savoir ou pour éviter l'effort d'apprendre? C'est une croisée des chemins.
- CassandraNiveau 6
@Igniatus et @iphigénie : je vous rejoins complétement.
- Collier de BarbeNeoprof expérimenté
Je ne vois pas forcément d'opposition entre les deux. Pourquoi le numérique (ou certains de ces aspects) ne serait pas un outil supplémentaire pour conduire les élèves à s'approprier cette culture?
_________________
CdB
@AbbeCordillere
- Isis39Enchanteur
Igniatius a écrit:
Par suite, si nous voulons préparer les enfants au monde de demain (cela reste l'objectif premier de l'école à mon sens) il faut leur permettre l'adaptabilité, et non pas la capacité à utiliser : cela a aussi été dit, mais il nous faut remarquer que nos générations (avant 50 ans disons) ne sont pas nées avec le numérique mais se l'approprient très (trop ? ) bien. Il semble donc que l'utilisation précoce de ces outils ne soient pas une condition nécessaire pour les maîtriser plus tard.
Il est vrai que nous maîtrisons très bien ces outils, mais nous ne sommes pas nés avec. Nous les avons abordé justement avec une solide formation humaniste.
C'est la différence avec les jeunes qui naissent et grandissent avec et n'ont donc pas le recul que nous avons.
- Isis39Enchanteur
Collier de Barbe a écrit:Je ne vois pas forcément d'opposition entre les deux. Pourquoi le numérique (ou certains de ces aspects) ne serait pas un outil supplémentaire pour conduire les élèves à s'approprier cette culture?
Pareil !
- IgniatiusGuide spirituel
Isis39 a écrit:Collier de Barbe a écrit:Je ne vois pas forcément d'opposition entre les deux. Pourquoi le numérique (ou certains de ces aspects) ne serait pas un outil supplémentaire pour conduire les élèves à s'approprier cette culture?
Pareil !
JE ne crois pas que quiconque dise le contraire : un outil, pas une solution.
Et donc, que le ministère souhaite forcer son utilisation (c'est le cas dans bcp de disciplines) est surtout dans le but de "faire moderne", mais a une incidence réelle sur la qualité de notre travail (incidence négative à mon sens car le numérique est présenté comme une fin, non comme un moyen).
_________________
"Celui qui se perd dans sa passion est moins perdu que celui qui perd sa passion."
St Augustin
"God only knows what I'd be without you"
Brian Wilson
- cliohistHabitué du forum
Les débats sur le numérique, les débats sur l'école
échappent difficilement aux invectives
et au choc des opinions ou des préjugés.
Sur internet comme dans les médias.
Il y aurait beaucoup à dire sur l'inflation des attentes,
et sur les exigences contradictoires imposées à l'école.
Lire également Meirieu (oui...) sur la pédagogie des préalables
(que donnerait une version scolaire de l'apprentissage de la marche ??)
Un détour cependant, entre 2 réveillons :
La BNF présente en ce moment
L'Age d'or des cartes marines - Quand l’Europe découvrait le monde
L'expo se termine le 27 janvier 2013.
Les parisiens, et notamment les lycéens de Chaptal,
peuvent y aller, sur leur temps familial ou sur le temps scolaire.
Pour tous ceux qui n'iront pas à Paris en janvier,
plusieurs pistes qui ne devraient pas s'exclure :
- Le catalogue est vendu 39 euros.
(en vente également chez Autrement, Artistes de la carte, de la Renaissance au XXIe)
- Le web permet d'écouter en différé
la visite de l'expo par Sylvain Kahn pour Planète Terre
(un exemple où la TV serait davantage adaptée,
si la course au spot publicitaire laissait un peu de temps)
- Le site de la BNF propose de très nombreuses reproductions,
des présentations en vidéo,
des parcours thématiques à télécharger ...
Chaque prof peut ainsi faire sa sélection,
et choisir le type de travail à donner aux lycéens
(par ex en géo dans l'option de Terminale S)
Il faut juste espérer que la gestion des droits ait été prévue pour l'éducation.
un choix d'adresses web :
http://clioweb.canalblog.com/tag/portulans
Y ajouter le site http://bigthink.com/blogs/strange-maps
En bibliothèque ou sur Google Books,
consulter Cartes et Figures de la Terre
le catalogue de l'expo de 1980 à Beaubourg
et La carte mode d'emploi
l'ouvrage de Roger Brunet (1987)
Meilleurs voeux à toutes et à tous pour 2013
échappent difficilement aux invectives
et au choc des opinions ou des préjugés.
Sur internet comme dans les médias.
Il y aurait beaucoup à dire sur l'inflation des attentes,
et sur les exigences contradictoires imposées à l'école.
Lire également Meirieu (oui...) sur la pédagogie des préalables
(que donnerait une version scolaire de l'apprentissage de la marche ??)
Un détour cependant, entre 2 réveillons :
La BNF présente en ce moment
L'Age d'or des cartes marines - Quand l’Europe découvrait le monde
L'expo se termine le 27 janvier 2013.
Les parisiens, et notamment les lycéens de Chaptal,
peuvent y aller, sur leur temps familial ou sur le temps scolaire.
Pour tous ceux qui n'iront pas à Paris en janvier,
plusieurs pistes qui ne devraient pas s'exclure :
- Le catalogue est vendu 39 euros.
(en vente également chez Autrement, Artistes de la carte, de la Renaissance au XXIe)
- Le web permet d'écouter en différé
la visite de l'expo par Sylvain Kahn pour Planète Terre
(un exemple où la TV serait davantage adaptée,
si la course au spot publicitaire laissait un peu de temps)
- Le site de la BNF propose de très nombreuses reproductions,
des présentations en vidéo,
des parcours thématiques à télécharger ...
Chaque prof peut ainsi faire sa sélection,
et choisir le type de travail à donner aux lycéens
(par ex en géo dans l'option de Terminale S)
Il faut juste espérer que la gestion des droits ait été prévue pour l'éducation.
un choix d'adresses web :
http://clioweb.canalblog.com/tag/portulans
Y ajouter le site http://bigthink.com/blogs/strange-maps
En bibliothèque ou sur Google Books,
consulter Cartes et Figures de la Terre
le catalogue de l'expo de 1980 à Beaubourg
et La carte mode d'emploi
l'ouvrage de Roger Brunet (1987)
Meilleurs voeux à toutes et à tous pour 2013
- JPhMMDemi-dieu
Vous avez bien de la chance...Isis39 a écrit:Igniatius a écrit:
Par suite, si nous voulons préparer les enfants au monde de demain (cela reste l'objectif premier de l'école à mon sens) il faut leur permettre l'adaptabilité, et non pas la capacité à utiliser : cela a aussi été dit, mais il nous faut remarquer que nos générations (avant 50 ans disons) ne sont pas nées avec le numérique mais se l'approprient très (trop ? ) bien. Il semble donc que l'utilisation précoce de ces outils ne soient pas une condition nécessaire pour les maîtriser plus tard.
Il est vrai que nous maîtrisons très bien ces outils
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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- CassandraNiveau 6
@CdB : il n'y a pas d'opposition. C'est un outil dont il est nécessaire de savoir se servir.
- Faire entrer les élèves (pas forcément bons) en douceur et avec plaisir dans la littérature étrangère (LELE)
- Stanislas Dehaene : "dans cette maternelle ZEP, tous les enfants savent lire et faire des calculs à 4 chiffres avant d'entrer en CP".
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