Méthode des îlots bonifiés de Marie Rivoire

Pour la notation, ça dépend de l'exercice.
- pour la participation, le barème était fixe :
1 point si tout le monde a participé au moins 1 fois
2 points si trois fois chacun
3 points si six fois etc.
Je n'avais pas mis de nombre de points maximum pour ne pas les freiner (du coup certains groupes étaient au taquet !), mais je le ferai cette année (pas plus de 3 points de participation) pour ne pas creuser un trop grand fossé avec les élèves plus discrets. Ces points-là, je les mettais après le cours sur les feuilles où ils avaient fait une barre à chaque fois qu'ils avaient participé et que j'avais fait signe (pouce levé ou "bien !").

- pour certains exercices écrits, j'indique "TG (travail de groupe) + le nombre de points maximum que ça rapporte" (généralement 1 ou 2 sauf si c'est particulièrement long ou difficile). Ils doivent attendre que tous les membres du groupe aient noté la même réponse pour m'appeler afin que je vérifie et donne une partie ou la totalité ou aucun des points suivant la qualité du travail. Je me promène avec le marqueur vert du tableau pour mettre les points d'exercice.

ça marche bien car généralement même ceux qui n'aiment pas écrire font l'effort de noter la réponse pour ne pas pénaliser leurs copains (ils se placent suivant leurs affinités sauf si je mets un veto) et pouvoir participer ensuite.

Du coup entre la participation, le travail fait en classe et éventuellement le test de leçon collectif en début d'heure, ça peut monter vite (4/5 points par cours parfois), mais l'avantage est que ça me permet d'évaluer continuellement leur travail et leur dynamisme, éventuellement de repérer très vite un enfant qui ne va pas bien. En général on atteignait 20 points en 2 à 3 semaines. Au début, les équipes changeaient beaucoup (ça leur permet de faire connaissance sur le plan du travail), après ça se stabilise quand les résultats leurs conviennent. Exceptionnellement, je me permets de refuser une équipe en raison de mauvais résultats récurrents, ils doivent alors en former d'autres.

Pour ne pas m'emmêler les pinceaux entre les feuilles de marque successives, et éventuellement déceler les rares cas de triche, j'ai adopté la présentation suivante : colonne "date" / 3,4 ou 5 colonnes avec le nom de chaque élève (ils y comptent les fois où ils ont participé) / colonne "points" ou je mets les points verts ou rouges. A la fin de chaque cours/ journée, je raye les barres de participation, je mets les points correspondants, et ils tirent un trait et inscrivent la date à chaque début de cours. A la fin de chaque période (20points) je relève toutes les feuilles, je reporte les notes, je les jette, et j'en donne de nouvelles. Ce n'est ni long ni lourd étant donné qu'on n'a guère plus de 6 îlots dans nos classes.

Pour la question à propos des lycéens ça peut passer. Je me souviens avoir fait un système de ceintures (comme au judo, de blanche à noire) pour évaluer la progression de mes secondes dans la maîtrise du commentaire composé. Ils avaient la grille complète des critères à remplir pour obtenir une ceinture (rendre une copie propre, faire des paragraphes, faire une introduction, annoncer son plan et le respecter, citer le texte etc...) sachant qu'il fallait remplir tous les critères d'une ceinture pour prétendre à la suivante. Ils avaient beaucoup apprécié (pourtant c'était un très bon lycée et les élèves n'étaient pas particulièrement gamins) et ça les avait amusés sans les vexer quand ils n'avaient que la ceinture blanche au premier essai. Peut-être qu'en mettant en avant le côté rentable du système (de très bonnes notes assez facilement, un nombre de notes assez conséquent pour remonter sensiblement la moyenne) ça aiderait à le leur faire adopter ?

Je te rejoins, Lux.c, sur ton témoignage.

Je suis aussi en îlot depuis la fin de l'année dernière, après avoir assisté au stage de Marie Rivoire qui m'a complètement convaincue. Après mes mois d'essais, j'ai décidé de poursuivre à la rentrée.

Ce qui me semble important, c'est de bien garder en tête le côté "bonifié". Comme Marie Rivoire le dit dans son bouquin, il ne s'agit pas simplement de mettre les élèves en îlots, mais de mettre en place tout un système autour qui fait que le dispositif fonctionne.

Mes élèves se sont mis à participer de façon beaucoup plus active, ils venaient en classe avec plaisir, même les "décrocheurs" ne sont remis dedans. Bref, outre un niveau sonore effectivement plus difficile à maîtriser (mais c'est vrai qu'ils parlent du cours), je n'ai que du positif. Je ne reviendrais en "autobus" (TGV ou autre !) pour rien au monde pour l'instant.

D'ailleurs, lors d'un sondage de fin d'année, lorsque j'ai demandé aux élèves ce qu'ils en pensaient, ils étaient emballés à 98 %.
Pour info, j'ai des 6°, des 5° et des 3°. Et cela m'a permis de négocier d'avoir ma salle pour l'année qui vient. Top !

Lapluspire a écrit: Et cela m'a permis de négocier d'avoir ma salle pour l'année qui vient. Top !

Au détriment des collègues?

Provence a écrit:
Au détriment des collègues?

Ah ! Non, sinon je n'aurais pas accepté !

A ceux qui se sont lancés dans la méthode des ilôts bonifiés : avez-vous pensé à une sorte de pense-bête de table pour éviter que les élèves parlent français entre eux au moment de la mise en commun de groupe ?

Je pensais qu'une liste toute prête, à garder sous la main, du genre "Can you read your first sentence please ?" / "Can you repeat please ?" / "Can you spell this word ?" pourrait peut-être leur permettre de mettre en commun tout en restant en anglais.

Des remarques / témoignages / idées ???

Merci infiniment Lux.c pour ces précisions !!!
@ Lapluspire : je suis dans la même problématique que toi.

Même expérience pour moi que Lapluspire. Je rajouterai que je distribue aussi des points pour l'entrée en classe (" Si vous voulez avoir un point vert, vous avez 2 mn pour sortir vos affaires et être debout en silence ", pour l'avoir, il faut que tout le groupe soit prêt) et la propreté en sortant. Ça marche bien !

Oui, je fais aussi la propreté en sortant, les leçons écrites nickel... Ponctuellement, ça permet de rappeler les règles de classe de façon "bonifiée" et donc positive.

J'ai aussi le point vert exceptionnel et individuel pour celui qui m'a aidé à ramasser tous les doublons ou des gestes gentils comme ça. Pour les élèves qui sont en difficulté, ça encourage aussi à être au moins "scolaire".

Bon, faut pas en abuser pour qu'ils ne voient pas le point vert comme acquis d'avance.

LE « SYSTÈME DES ÎLOTS BONIFIÉS », DE FAUSSES BONNES SOLUTIONS À DE VRAIS PROBLÈMES (fichier pdf)




(sur le site de l'APLV et celui de Christian Puren, un des auteurs, entre autres)

C'est très intéressant. Pour autant, j'aimerais que ces gens viennent voir ce qu'il se passe dans ma classe aussi. Car l'analyse se base sur les écrits de Marie Rivoire uniquement. On n'y parle pas de ce qui a pu être observé dans les classes...

Et aussi je trouve que c'est pas très sympa pour les profs qui ont choisi de mettre le système en place : en gros nous sommes des gens incapables de gérer nos classes et donc on a choisi ça pour nous "sauver" des problèmes de discipline ou de désintérêt. Ils introduisent l'article en disant que ce n'est pas dans leur discours mais je le ressens quand même un peu comme ça...

Perso, je pense pouvoir dire que je gérais mes classes avant d'adopter la méthode, et que je les gère tout pareil, pas mieux, pas moins bien.

Enfin, je répète, c'est intéressant d'avoir d'autres point de vue et de toujours remettre en cause ce que l'on fait. Donc, merci pour cet article.

Le travail de groupe, ça m'intéresse a priori. j'ai acheté les deux livres conseillés par Presse-purée dans un autre topic. me reste à trouver le temps de les lire un jour! :gratte:

Les îlots Rivoire, ça ne me gène pas plus que ça comme dispositif, même des points d'équipe.

Mais il y a tout de même des modalités d'obtention qui m'ont gêné dès que j'ai lu certaines explications même succinctes et ça se trouve très bien expliqué et critiqué dans l'article cité plus haut, je trouve.

Et puis, vouloir à tout prix que tout le monde participe à chaque cours... Il y a derrière ça, je pense, la volonté de ne pas être dans le frontal, teacher-centered etc. pour lequel on risque toujours de se faire taper sur les doigts, il faut que la prise de parole soit spontanée, volontaire.

Et pourtant la répétition, le questionnement, une tâche de prise de parole en continu (sans que ce soit forcément une évaluation), la vérification de début de cours, tout ça à la demande du professeur (il y a sûrement d'autres possibilités auxquelles je ne pense pas là), ça permet vraiment aux élèves de s'entraîner à s'exprimer à l'oral.

Participer, ce n'est pas forcément s'entraîner à s'exprimer à l'oral.

Un mélange îlots et L, j'aime les 2.

Oui, Kensington, je suis d'accord avec toi.
Le seul truc que je souhaitais, c'était qu'on puisse discuter vraiment. Et l'article semble sans appel.

J'ai toujours l'impression d'être dans la teacher-centered, moi. Et puis j'ai conservé la vérif' de début de cours, les prises de parole en continu, les répétitions, etc...

Bref, y'a moyen de discuter, d'essayer des choses, de garder ce qui nous tient à coeur, quelle que soit la disposition de nos classes.

Travailler en îlots m'intéresserait, il faut que je me renseigne sur la question.
J'ai par contre une aversion tenace pour les tables en L ou U...

Lapluspire a écrit:
Bref, y'a moyen de discuter, d'essayer des choses, de garder ce qui nous tient à coeur, quelle que soit la disposition de nos classes.

Mais bien sûr!

Bonjour à tous,

J'ai lu le livre de Marie Rivoire, et j'ai eu d'excellents échos de sa méthode par une collègue d'anglais...
Toutefois, je ne vois pas vraiment comment mettre ça en place en français... Quel support utilisez-vous ? Sur quel type de travail faîtes-vous le travail en îlots ? Tous les îlots ont-ils les mêmes documents ou l'approche est-elle différente ? Les îlots sont-ils composés par affinités ? Par niveaux ? Par besoins ? Par les élèves ? Par le professeur ? Sont-ils les mêmes pour toute l'année ? Tous vos cours se passent-ils en îlots ? Comment se passe le compte des points verts et des points rouges ?
Comme vous le voyez, j'ai très envie de mettre en place cette pratique, mais je n'ai pas d'idée sur comment m'y prendre. :-(
Merci d'avance pour vos réponses ! ;-)

le livre ne dit pas tout ça ???? mais qu'est ce qu'il raconte, alors ??????

Je pense qu'il faut prendre son temps avant d'utiliser les îlots comme méthode de travail systématique. J'en avais parlé à ma collègue qui a voulu tester hier, elle a détesté.
Parce que c'est vrai que ça peut générer des bavardages. Moi, j'ai aimé les dernières séances que j'ai fait en groupes avec les tables disposées ainsi. Mais ils avaient fiches de travail etc etc.
Il vaut mieux commencer en septembre, je crois, pour quelque chose de suivi: pour avoir le temps de réfléchir au système et pour habituer nos classes.

C'est sûr qu'il faut s'y prendre en début d'année...
Tu t'y prends comment pour les noter ? Ils ont une note à chaque fois qu'ils se mettent en îlot ou la note est mise au bout d'une période plus longue ?
Quel genre de travaux leur fais-tu faire lorsqu'ils sont en îlots ?

Le profil de mes classes de seconde est le suivant: bavard (d'après certains, dans le lycée où je suis, le bavardage n'est pas un problème de comportement, ils se sentent donc particulièrement autorisés à parler haut et fort, mais c'est un autre problème) pour les deux classes, une est très faible, l'autre meilleure.
A force de me casser les dents en organisant le travail en plénière, j'ai décidé de les mettre en groupe dans cette disposition à l'occasion d'une étude sur un film, avec feuille de travail écrite et note à la clé. La première classe a aimé parce que la coopération entre camarades les a rassurés et ils ont pu obtenir des résultats tout en étant "obligés de chercher" (parole d'un élève). La seconde accroche bien parce qu'ils peuvent débattre.
Je pense continuer avec cette même organisation pour le travail sur la langue et le lexique (des fiches de travail sur tel ou tel point et chaque groupe décide de ce qu'il veut travailler pendant la séance), mais il va falloir que je trouve une solution pour le moment de cours magistral qui va être nécessaire. Je suis comme toi en fait, je teste.

Merci pour ces précisions ;-)

Salut,

bouquin sujet à polémique:

http://www.cahiers-pedagogiques.com/Travailler-en-ilots#forum4386

Voir les débats dans les commentaires

et lire:
http://www.meirieu.com/COMPTE-RENDUS_OUVRAGES/reponse_puren.pdf

Sinon, tu as quelques pistes sur ce fil:

https://www.neoprofs.org/t58660-le-travail-en-groupes-et-en-ilots

Bonjour à tous,

Personnellement, j'ai fait mon premier stage en Master 1 avec une enseignante en collège qui utilisait la méthode Rivoire. J'ai été conquise! Vraiment incroyable.
Du coup, j'ai décidé de faire mon mémoire de recherche sur l'influence d'une disposition de salle de classe sur la participation des élèves, et ai mené quelques "expériences" en Master 2 lors de mon deuxième stage. Cela m'a permis d'en arriver (en résumé vite fait bien fait) à la conclusion que les îlots facilitent en effet la prise de parole MAIS pas pour tous les élèves car certains ne se sentent pas du tout à l'aise dans cette disposition. Donc en fait, dans la méthode Rivoire, ce qui fonctionne surtout, c'est le système point qu'il y a derrière, ce n'est pas juste une question de disposition.
Il faut, cependant, faire attention à ne pas tomber dans un système type "faire avancer les élèves avec une carotte". Mais honnêtement, je commence à enseigner à la rentrée prochaine, et j'espère vraiment pouvoir mettre la méthode Rivoire en place dans ma classe. Je vous recommande son livre, que vous soyez pour ou contre, il est très intéressant à lire.

grizzly35 a écrit:
Personnellement, j'ai fait mon premier stage en Master 1 avec une enseignante en collège qui utilisait la méthode Rivoire. J'ai été conquise! Vraiment incroyable.

On dirait de la pub.

Mais honnêtement, je commence à enseigner à la rentrée prochaine, et j'espère vraiment pouvoir mettre la méthode Rivoire en place dans ma classe.

Vérifie d'abord que tu n'enseignes pas dans des salles partagées.

Provence a écrit:

grizzly35 a écrit:
Personnellement, j'ai fait mon premier stage en Master 1 avec une enseignante en collège qui utilisait la méthode Rivoire. J'ai été conquise! Vraiment incroyable.

On dirait de la pub.

Mais honnêtement, je commence à enseigner à la rentrée prochaine, et j'espère vraiment pouvoir mettre la méthode Rivoire en place dans ma classe.

Vérifie d'abord que tu n'enseignes pas dans des salles partagées.

C'était mon premier post, je suis vite mise dans l'ambiance dis donc !! Sacrée réponse !

Je ne sais pas quel est ton problème exactement Provence pour le coup, désolée si ma manière de m'exprimer ne te plaît pas mais c'est vraiment comme ça que je le vois. Ma tutrice m'a juste impressionnée de par la manière dont elle gérait ses classes, et sa façon de procéder est pour moi un réel exemple. Je n'ai pas encore commencé à enseigner, je suis peut-être un peu naïve mais j'ai vraiment envie de tenter l'expérience à mon tour. Comme je disais précédemment, '"j'espère vraiment pouvoir mettre la méthode Rivoire en place dans ma classe", mais bien évidemment, il faudra déjà pour ça que j'ai une classe "à moi", j'en suis consciente, je te remercie !

Bonjour,

Je viens de connaitre la méthode des "ilots bonifiés" mais je n'ai pas très bien compris comment cela fonctionne mis à part que les tables sont disposées en ilots de 4 élèves. Est ce qu'il est possible d'éclairer mes lanternes ?
De plus, je me demande si cette méthode peut être utilisée en cours de mathématiques ?

Merci pour vos réponses.