Nos dernières lectures (tome 4)

Cela commence par cette illustration de Yamagata Yasuko :



Qui la commente ainsi : « Vers 8 heures du matin, le 7 août, dans la rue en face de l'ancienne station de radio de Hiroshima.
Me trouvant à l'école à Ujina, j'avais été exposée aux radiations séparément de mes parents. Le lendemain matin, à 7 h 30, je partis de l'école en direction des ruines de ma maison à Nobori-cho. Je passai par Hijiyama. Là, on voyait quelques personnes dans un terrain brûlant. Je vis pour la première fois un tas de corps brûlés dans un réservoir à eau près de l'entrée de la station de radio. C'est alors que je fus soudain terrifiée par un épouvantable spectacle dans la rue à 40 ou 50 mètres du jardin Shukkeien. Il y avait là le corps carbonisé d'une femme figée debout dans l'attitude où elle avait couru en tenant son bébé serré dans ses bras. Qui pouvait-elle bien être ? Cette vision cruelle reste puissamment inscrite dans mon esprit. »
La préface de Claude Mouchard, d'une grande sensibilité comme toujours, initie à cette littérature de la bombe, souvent d'une incroyable poésie. Inutile de dire qu'on en sort marqué...

Je lis dans la même collection, tout aussi riche et élégante :



Ces poètes sont Rose Ausländer, Klara Blum, Paul Celan, David Goldfeld, Alfred Gong, Alfred Kittner, Alfred Margul-Sperber, Selma Meerbaum-Eisinger, Moses Rosenkranz, Ilana Shmeli, Immanuel Weissglas et Manfred Winckler. Plus je lis les textes nés de la Catastrophe, plus je m'interroge sur la force insaisissable de la littérature qui les rend beaux malgré tout. Ce n'est évidemment pas (toujours) d'une grande gaieté, mais découvrir ces textes ramène sans cesse à la part d'humanité qui subsiste dans ces traces fragiles et si denses en même temps de par l'épaisseur de l'expression poétique. Je dirais même que j'ai saisi la singularité de la littérature grâce à tous ces textes lus depuis plusieurs années.

JPhMM a écrit:

Je songeais y rencontrer un auteur sage.
Voici l'homme. J'y découvre avec émerveillement un être humain d'exception. Un qu'il est impossible de ne pas aimer avec tendresse, respect et admiration. Avec amour.

Pour le reste, je suspens mon jugement, et savoure l'émotion qui nous prend devant le spectacle de la grandeur.

Peut-être mon auteur préféré, si je devais en choisir un seul ...J'ai tout lu, relu, re-relu , j'en ai trois éditions différentes, plus une sur ma liseuse. Un compagnon ...

Lefteris a écrit:

JPhMM a écrit:

Je songeais y rencontrer un auteur sage.
Voici l'homme. J'y découvre avec émerveillement un être humain d'exception. Un qu'il est impossible de ne pas aimer avec tendresse, respect et admiration. Avec amour.

Pour le reste, je suspens mon jugement, et savoure l'émotion qui nous prend devant le spectacle de la grandeur.

Peut-être mon auteur préféré, si je devais en choisir un seul ...J'ai tout lu, relu, re-relu , j'en ai trois éditions différentes, plus une sur ma liseuse. Un compagnon ...

J'ai dévoré les Essais, mais n'ai lu ni le Journal de voyage ni les quelques Lettres.

Igitur ou la Folie d'Elbehnon.

sinon, quelqu'un connaît le nouveau Nobel, Mo Yan? je commanderais bien "beaux seins, belles fesses" mais j'aimerais des avis.

Nadejda a écrit:

Cela commence par cette illustration de Yamagata Yasuko :



Qui la commente ainsi : « Vers 8 heures du matin, le 7 août, dans la rue en face de l'ancienne station de radio de Hiroshima.
Me trouvant à l'école à Ujina, j'avais été exposée aux radiations séparément de mes parents. Le lendemain matin, à 7 h 30, je partis de l'école en direction des ruines de ma maison à Nobori-cho. Je passai par Hijiyama. Là, on voyait quelques personnes dans un terrain brûlant. Je vis pour la première fois un tas de corps brûlés dans un réservoir à eau près de l'entrée de la station de radio. C'est alors que je fus soudain terrifiée par un épouvantable spectacle dans la rue à 40 ou 50 mètres du jardin Shukkeien. Il y avait là le corps carbonisé d'une femme figée debout dans l'attitude où elle avait couru en tenant son bébé serré dans ses bras. Qui pouvait-elle bien être ? Cette vision cruelle reste puissamment inscrite dans mon esprit. »
La préface de Claude Mouchard, d'une grande sensibilité comme toujours, initie à cette littérature de la bombe, souvent d'une incroyable poésie. Inutile de dire qu'on en sort marqué...

Un poète qui pourrait peut être t'intéresser, Yoshirô Ishihara, un poète marqué par son expérience de l'univers concentrationnaire (goulag) (qui le conduira à devenir aphasique à son retour). Malheureusement il n'y a pas de traduction française à ma connaissance, anglaise peut être.

Merci Patissot.

J'ai fini ...

Je viens de finir Les Affinités électives de Goethe (le programme de l'Agrégation m'est un prétexte pour lire les grands classiques que je ne connais pas) et je me suis ennuyée...terriblement. A part certains passages que j'ai trouvés beaux et justes, l'ensemble m'a semblé décousu, un fourre-tout de tout ce qui occupait Goethe au moment de l'écriture. Suis-je complètement passée à côté de ce roman ?

J'avais 17 ans. Elle était belle à mourir. La beauté délicate et sophistiquée d'une orchidée brune.

Mais son cœur était à un autre.

J'errais dans les couloirs d'ombres blanches quand mon œil fut capturé par son prénom gravé sur un livre. Une œuvre de Nerval. Je ne résistai pas et la dévorai en quelques heures. Son romantisme épais, brumeux, moite, presque lugubre était comme une échographie de mes tourments.

Deux jours plus tard, j'empruntai tout Nerval à la Bibliothèque, et m'en gavai jusqu'à l’écœurement. Malgré mes espoirs, je ne fus pas guéri d'elle, mais bien de lui. De ses mots, plus précisément.

Me guérir de lui est survenu ce soir.
Du temps est passé. Je voulais redécouvrir cet auteur.

Mais l'Album est un échec. Succession presque chirurgicale d'événements, il en oublie d'être chair, ne serait-ce qu'infinitésimalement. Gérard de Nerval, que j'espérais attachant, n'en sort que lointain, pire, peu aimable, comme pourrait l'être un petit bourgeois du XIXe siècle qui fait le tour de quelques orients comme d'autres vont au zoo.

Et ma mine se fait sombre quand je lis quelque anecdote à propos d'une esclave achetée par un ami et qui lui est offerte, pour qu'il la "baise" — c'est le mot qu'il emploie.

La beauté délicate et sophistiquée d'une orchidée brune...

Voilà un bien joli compte-rendu JPh. Merci.

Saloum, j'ai eu exactement la même impression quand j'ai lu ce roman en prépa. Très déçue, car j'en attendais beaucoup.

Je suis dans :


Je l'avais entendu en interview sur France Culture et je m'étais dit, ça peut me plaire. Mais le fait est que ça ne me plaît pas. Je trouve le style plat et le livre bourré de clichés. On me dit que ce Suisse connaît bien les USA; or, on dirait un livre écrit d'après une série américaine, et non d'après nature.

En bref, un roman un peu débutant, de ceux dont on se dit que là, et là , et là, on ferait et fait même bien mieux...

Mais qui écrit bien en français aujourd'hui? Chez les jeunes j'entends.

Reine Margot a écrit:sinon, quelqu'un connaît le nouveau Nobel, Mo Yan? je commanderais bien "beaux seins, belles fesses" mais j'aimerais des avis.

Mon père a bien aimé la dure loi du Karma, je vais le lui emprunter bientôt.

JPhMM a écrit:

Lefteris a écrit:

JPhMM a écrit:

Je songeais y rencontrer un auteur sage.
Voici l'homme. J'y découvre avec émerveillement un être humain d'exception. Un qu'il est impossible de ne pas aimer avec tendresse, respect et admiration. Avec amour.

Pour le reste, je suspens mon jugement, et savoure l'émotion qui nous prend devant le spectacle de la grandeur.

Peut-être mon auteur préféré, si je devais en choisir un seul ...J'ai tout lu, relu, re-relu , j'en ai trois éditions différentes, plus une sur ma liseuse. Un compagnon ...

J'ai dévoré les Essais, mais n'ai lu ni le Journal de voyage ni les quelques Lettres.

Vous aussi êtes fous de Montaigne? Il m'occupe l'esprit sans cesse. Il m'aide à vivre, littéralement.

JphMM: mais tu lis plus vite que ton ombre! Quand tu postes ici, c'est après avoir refermé le livre? C'est impressionnant! Tu ne dors jamais?

Sibérie a écrit:Je suis dans :


Je l'avais entendu en interview sur France Culture et je m'étais dit, ça peut me plaire. Mais le fait est que ça ne me plaît pas. Je trouve le style plat et le livre bourré de clichés. On me dit que ce Suisse connaît bien les USA; or, on dirait un livre écrit d'après une série américaine, et non d'après nature.

En bref, un roman un peu débutant, de ceux dont on se dit que là, et là , et là, on ferait et fait même bien mieux...

Mais qui écrit bien en français aujourd'hui? Chez les jeunes j'entends.

On a du écouter la même émission, sauf qu'à l'issu de l'interview j'étais plutôt convaincu par la chronique de Brice Couturier. :lol:

Ah, je n'ai pas dû écouter jusque là. Il disait quoi Brice?

J'écoute. Je suis d'accord avec lui.

Sibérie a écrit:JphMM: mais tu lis plus vite que ton ombre! Quand tu postes ici, c'est après avoir refermé le livre? C'est impressionnant! Tu ne dors jamais?

J'en lis plusieurs, parallèlement. Il est alors naturel que j'en finisse plusieurs en peu de temps.

C'était fort simple en fait. Merci de ta réponse.
Je lis aussi plusieurs livres en même temps, et n'y avais point songé.

Hé hé !

Clic

Je l'ai vu hier en libraire et je n'ai pas résisté au plaisir d'en lire quelques phrases au hasard. J'ai ri et j'ai reposé le livre.

Pour ma part:

Leil a écrit:

Hé hé !

Clic

j'aimerais bien une petite critique par Abraxas :diable: :malmaisbien:

Reine Margot a écrit:

Leil a écrit:

Hé hé !

Clic

j'aimerais bien une petite critique par Abraxas :diable: :malmaisbien:

Abraxas s’abaisserait-il pas à une telle "littérature"... Pas sûre.

Leil, ta conclusion m'a bien fait rire !!! :lol!:

Super roman d'aventure, écrit par E. A. Poe et traduit par C. Baudelaire, qui a inspiré une super suite par Jules Verne ("Le sphinx des glaces" lu cet été). Ces écrivains du XIXe, quels génies littéraires!

Frisouille a écrit:
Leil, ta conclusion m'a bien fait rire !!! :lol!:

Et moi je m'abaisse à n'importe quoi ?

Fais gaffe, je sors le fouet !

Frisouille a écrit:

Reine Margot a écrit:

Leil a écrit:

Hé hé !

Clic

j'aimerais bien une petite critique par Abraxas :diable: :malmaisbien:

Abraxas s’abaisserait-il pas à une telle "littérature"... Pas sûre.

c'est bien pour ça que l'idée me faisait rire! :lol:

C'est juste.