Philosophie : préparer ses premiers cours !

Prune a écrit:Et les professeurs de lettre peuvent enseigner la philo ou bien tu as demandé à changer de discipline ?

Disons qu'on ne m'a pas vraiment donné le choix : soit je prenais le poste (de mes rêves) avec la philo, soit je refusais et plus jamais je n'aurais eu pareil poste.

Mais en fait, si ce n'est le COLOSSAL travail de préparation que ça représente malgré toute l'aide dont j'ai pu bénéficier ici (colossal, mais aussi, 3 niveaux de philo en term, philo en 1ère, 2 niveaux, bac de français 2 niveaux de 1ère, TPE 1ère, 3e avec prépa brevet et HDA, ça fait 8 niveaux d'examen), j'aime beaucop, finalement... mais j'ai juste très honte de (forcément) mes lacunes. Quand je prépape un cours, je prends des cours de Néos ici ou de manuels ou d'internet, un dictionnaire de philo, le manuel des élèves et je m'ensevelis dans tout ça. Mais en classe, j'ai le sentiment d'arriver à emmener les élèves, une bonne partie d'entre eux, et je les vois progresser.

De là à demander un changement de discipline en rentrant en France, non, clairement, je n'ai pas le niveau.

Pour ce qui est des questions sur un texte en vue d'en faire ensuite son explication, quand peut-on les donner ? En cours ? Combien de temps laisser aux élèves ? Ils se débrouillent tout seul ? A la maison (ça dépend peut-être aussi de où on en est arrivé) ?

Force est de constater que quand on donne des lectures aux élèves, elles sont rarement faites et souvent survolées et non-comprises (à part un extra-terrestre qui a déjà dû lire toutes les références disponibles au CDI, il avait commencé l'ét précédent la Terminale... :shock: )

En cours, sur les textes où je suis à l'aise, j'interroge, les élèves répondent, et ensuite je leur laisse rédiger la synthèse de ce qui a été dit. Quand je ne suis ps à l'aise, je leur donne deux-trois questions par écrit, et je les laisse travailler dessus 10-15 minutes.

Est-ce que, après avoir traité un cours correspondant à une (des) notion et une question, il peut être intéressant de proposer des variantes de sujet autour de la notion abordée. Par exemple, on donnerait des sujets possibles sur la liberté (de façon aussi à ce qu'ils aient conscience de ce qu'ils peuvent avoir au bac) ou on risque de leur faire inutilement peur..

C'est au contraire une très bonne idée. Tu peux même prendre 1h pour prouver aux élèves (en les faisant participer) que ces sujets sont faisables avec le cours.

Pour ce qui est de la méthodologie de la dissertation, je pense leur donner un poly après le premier cours, à coller (pour qu'ils aient bien tous les éléments) et qu'on lirait ensemble..Tu / vous faites comment ?

Ca me fait 4 pages sur la méthodologie de la dissertation à leur faire coller. Est-ce de trop ?


Quels conseils donner pour l'épreuve. J'ai trouvé :
• Le choix du sujet (10 à 15 minutes) :
• Analyse du sujet / compréhension et élaboration du plan (60 mn)
• • Rédaction de l’introduction (10 minutes)
• Rédaction du reste de la copie (2 heures et demie) :
• Relecture (10 minutes)
Mais au total ça fait plus que 4 H...

Il vaut mieux éviter de faire de la méthodo. in abstracto. L'idéal est de la faire avec des exemples et des exercices, surtout en segmentant les étapes et en n'hésitant pas à donner des modèles qu'ils peuvent en partie reproduire.

10 min de rédaction pour l'intro., c'est à mon avis trop court, la note du devoir se joue sur l'intro.

Je suis d'accord pour l'intro. Mais 2H30 ça serait plutôt pour rédiger la dissertation en entieralors.

Ruthven ton masque me fait peur...!

Je reviens sur ma question...Si les sujets de philo sont toujours sous forme d'interrogation en terminale, donner et traiter dans un cours le sujet "La conscience, l'inconscience, le sujet", ce n'est pas conseillé...?

Prune a écrit:Je reviens sur ma question...Si les sujets de philo sont toujours sous forme d'interrogation en terminale, donner et traiter dans un cours le sujet "La conscience, l'inconscience, le sujet", ce n'est pas conseillé...?

Je le fais ponctuellement, mais de moins en moins je crois.

Prune a écrit:
Ruthven ton masque me fait peur...!

Attends de voir des élèves en vrai, c'est pire ... :diable:

Prune a écrit:
Je reviens sur ma question...Si les sujets de philo sont toujours sous forme d'interrogation en terminale, donner et traiter dans un cours le sujet "La conscience, l'inconscience, le sujet", ce n'est pas conseillé...?

Le gros risque avec une telle présentation est de glisser vers le traité et faire un résumé de doctrines ou d'idées, une présentation thématique sans construire une progression logique ou dialectique. Ce n'est certes pas interdit mais se donner des intitulés de sujet sous forme de questions est un moyen de mieux suivre un fil. (Il est vrai toutefois que quand le temps manque, les cours thématique sont toujours bien utiles).

Tu n'es pas obligée de suivre l'ordre des notions du programme ; commencer par la conscience, qui est une notion difficile, me semble ambitieux, il est plus facile de faire rentrer les élèves dans la réflexion par le bonheur, le désir, ou encore la philosophie pratique, mais là encore, ce n'est pas une obligation.

Non, ca ne serait pas un cours thématique mais un cours sur le sjet "L'inconscience....le sujet" avec 3 notions qui se suivent et à problématiser comme on peut en avoir aux concours (capes..) mais bon comme ils ne se présentent pas sous cette forme au bac je crois que je vaisn changer...
Et juste pour info, j'ai bien prévu de commencer par le désir...

Je pense donner sur feuille et lire les textes ci-dessous. Qu'en pensez-vous ? Je peux donner le nom d'un ex-ministre...


Car, Mesdames, Messieurs, jamais sans doute le monde n’a eu autant besoin de philosophie. À l’heure, en effet, d’une mondialisation qui inquiète et incite parfois au repli sur soi et aux préjugés identitaires, nous avons plus que jamais besoin de tisser les liens de l’échange, du partage, de la compréhension, d’ouvrir nos horizons pour dépasser nos préjugés. À l’heure où s’accélèrent les échanges, où nous sommes assaillis d’images, où affluent quotidiennement vers nous des centaines d’informations, souvent sans authenticité, nous avons assurément besoin d’une propédeutique pour être en mesure de décoder ces informations et de les interpréter, d’un regard critique pour nous affranchir du diktat des opinions et des sollicitations du divertissement. À une époque trop souvent réduite au présent immédiat, nous devons certainement prendre de la distance, redonner du sens et de la profondeur à nos vies, à nos sociétés, concevoir les grandes lignes de l’avenir. La puissance de la raison, la richesse de la rencontre, l’humilité du doute peuvent tout cela. Elles peuvent nous aider à lutter contre les préjugés et les discriminations, à rapprocher les peuples, à construire un dialogue apaisé et l’Unesco, dans ses missions, l’a démontré. Elle le démontre encore aujourd’hui avec ce nouveau programme du "Vade-mecum culturel" : la culture et la pensée sont de formidables vecteurs de rapprochement des individus
et des peuples. Elles sont les gages d’un dialogue apaisé, du respect, de la compréhension de l’autre et je veux remercier ici tous les philosophes qui, dans le cadre des dixièmes rencontres sur les nouvelles pratiques philosophiques, assurent, par le croisement des expériences internationales, un enrichissement permanent de l’enseignement de la philosophie.


Discours de Luc Chatel, ministre de l'Éducation nationale,
de la Jeunesse et de la Vie associative, à l'occasion de la
cérémonie d'ouverture de la Journée mondiale de la
philosophie
18/11/2010

D'autre part, au moment où ils vont quitter le lycée pour entrer dans la vie, et, d'abord, se préparer par des études spéciales à des professions diverses, il est bon qu'ils soient armés d'une méthode de réflexion, et de quelques principes généraux de vie intellectuelle et morale qui les soutiennent dans cette existence nouvelle, qui fassent d'eux des hommes de métier capables de voir au-delà du métier, des citoyens capables d'exercer le jugement éclairé et indépendant que requiert une société démocratique." Instructions concernant l'enseignement philosophique" d'Anatole de Monzie (2 septembre 1925)

Hum ... Commencer l'année avec Luc Châtel, grand philosophe s'il en est, il y a peut-être mieux comme initiation !

Je ne suis pas adepte des textes d'éloge ou de définition de la philosophie en début d'année, je préfère qu'on se lance dans un problème déterminé. Pour la séquence d'intro., je préfère qu'il déballe leurs (pires) préjugés sur la philo. et leur montrer en quoi ils ont tort (ou raison). Le travail sur les textes viendra plus tard, quand ils auront un peu pris l'habitude de questionner.

Si tu tiens vraiment à un texte sur l'utilité de la philosophie, pourquoi pas l'extrait célèbre de la lettre-préface des Principes de Descartes ?
"J'aurais ensuite fait considérer l'utilité de cette philosophie, et montré que, puisqu'elle s'étend à tout ce que l'esprit humain peut savoir, on doit croire que c'est elle seule qui nous distingue des plus sauvages et barbares, et que chaque nation est d'autant plus civilisée et polie que les hommes y philosophent mieux; et ainsi que c'est le plus grand bien qui puisse être dans un État que d'avoir de vrais philosophes. Et outre cela que, pour chaque homme en particulier, il n'est pas seulement utile de vivre avec ceux qui s'appliquent à cette étude, mais qu'il est incomparablement meilleur de s'y appliquer soi-même; comme sans doute il vaut beaucoup mieux se servir de ses propres yeux pour se conduire, et jouir par même moyen de la beauté des couleurs et de la lumière, que non pas de les avoir fermés et suivre la conduite d'un autre; mais ce dernier est encore meilleur que les tenir fermés et n'avoir que soi pour se conduire. Or, c'est proprement les veux fermés sans tâcher jamais de les ouvrir, que de vivre sans philosopher; et le plaisir de voir toutes les choses que notre vue découvre n'est point comparable à la satisfaction que donne la connaissance celles qu'on trouve par la philosophie; et, enfin, cette étude est plus nécessaire pour régler nos mœurs et nous conduire en cette vie, que n'est l’usage de nos yeux pour guider nos pas. Les bêtes brutes, qui n'ont que leur corps à conserver, s'occupent continuellement à chercher de quoi le nourrir; mais les hommes, dont la principale partie est l'esprit, devraient employer leurs principaux soins à la recherche de la sagesse, qui en est la vraie nourriture."

(Je ne compte pas les expliquer comme on pourrait expliquer un texte de Descartes...)

Comment vous faites pour préparer un cours...quand vous avez des auteurs en tête... Je m'explique : je veux faire un cours sur les notions de conscience, inconscience, sujet et je vois bien dans une partie Descartes, dans une autre Hume, Nietzsche, Freud et autre chose autour de la construction de soi et être responsable..Je voudrais traiter de certaines référence arguments qui me semblent importants..Mais j'ai bien du mal à me décider pour un sujet.
Suis-je ce que j'ai conscience d'être ?
L'unité du sujet : fonction ou réalité ?
Pouvons-nous parler d'une permanence du sujet ?
La conscience de soi est-elle une connaissance ?
et peut-être d'autres...

Je m'y prend mal...?

J'ai encore fait une faute...désolée pour le s..!

Prune j'ai bien eu ton MP et ton mail mais je suis en plein rush (remplacement en urgence du jour au lendemain, je suis TZR), je ne peux te répondre pour l'instant.

Par contre Ruthven si tu es là: le collègue que je remplace a des STG auxquels je vais donc faire cours; c'est la première fois que j'ai cette section et je m'interroge. Puis-je faire peu ou prou le même cours que dans les séries générales ? Notamment étudier les mêmes textes ? J'ai peur que ce soit trop ardu, mais en même temps je ne vois pas de texte qui ne le soit pas...Mon cours s'intitule "Faire régner la justice, est-ce seulement appliquer le droit ?" (pour traiter le couple de notions "la justice et la loi") et j'ai l'habitude d'y lire du Montaigne (Essais, livre II, chapitre XII: sur la critique du droit naturel), Aristote (Ethique à Nicomaque, V, 14, sur la vertu d'équité du juge), Strauss (Droit naturel et histoire, sur le besoin de droit naturel), Thoreau (La désobéissance civile) et pour finir Rawls (Théorie de la justice, chapitre 3 « La position originelle »). Est-ce faisable avec des STG ?

Camille87 a écrit:Prune j'ai bien eu ton MP et ton mail mais je suis en plein rush (remplacement en urgence du jour au lendemain, je suis TZR), je ne peux te répondre pour l'instant.

Par contre Ruthven si tu es là: le collègue que je remplace a des STG auxquels je vais donc faire cours; c'est la première fois que j'ai cette section et je m'interroge. Puis-je faire peu ou prou le même cours que dans les séries générales ? Notamment étudier les mêmes textes ? J'ai peur que ce soit trop ardu, mais en même temps je ne vois pas de texte qui ne le soit pas...Mon cours s'intitule "Faire régner la justice, est-ce seulement appliquer le droit ?" (pour traiter le couple de notions "la justice et la loi") et j'ai l'habitude d'y lire du Montaigne (Essais, livre II, chapitre XII: sur la critique du droit naturel), Aristote (Ethique à Nicomaque, V, 14, sur la vertu d'équité du juge), Strauss (Droit naturel et histoire, sur le besoin de droit naturel), Thoreau (La désobéissance civile) et pour finir Rawls (Théorie de la justice, chapitre 3 « La position originelle »). Est-ce faisable avec des STG ?

Tout dépend de la STG, mais pour celles que j'ai eues ce type de cours n'est absolument pas possible. La lecture des textes y est très difficile et les élèves perdent très vite l'intérêt pour le questionnement quand ils sont confrontés à des textes où ils sont noyés. En série technique (maintenant j'ai des STI, plus de STG (et je préfère)), je limite au maximum la lecture des textes, et ces derniers doivent être très courts (une quinzaine de lignes). Les classes techniques fonctionnent généralement mieux sur des cours plus axés sur la discussion des thèses construites à partir d'exemples concrets (pour la culture gé. tu peux mobiliser le mythe d'Antigone mais il faut trouver aussi des exemples de procès récents). Il ne faut pas hésiter à dresser avec eux des antinomies qui ferait frémir un jury d'agrég. (la justice est la soumission au droit / la justice est la conformité à un idéal déterminé par la nature ou la raison) afin de leur faire toucher du doigt le problème. Prévois aussi des petits exos (par ex. évaluer plusieurs situations du point de vue la légalité et de la légitimité).

Merci pour ta réponse. Je vais faire quelque chose de simple (et essayer que ce soit aussi "percutant" pour les accrocher) les deux premières heures, et j'aviserai ensuite en fonction de la classe. J'espère quand même pouvoir garder le texte de Thoreau, qui me semble clair et lisible. Cela va être un challenge pour moi: j'ai dû déjà faire de très gros efforts d'adaptation pour mon année de stage (premiers cours trop complexes), mais ce n'est pas terminé !

Ok. Bosse bien alors !

Est-ce qu'il y en a qui ont déjà choisi d'étudier le livre 1 du Contrat social (comme oeuvre étudiée pour l'oral bac philo) ? Et dans ce cas, pourriez-vous me dire comment vous l'avez inséré dans un cours : quel sujet ? Quelles parties ?

Ca y est, je viens de prendre connaissance de mes niveaux : des TS, TES et TMERC : quelqu'un pourrait-il m'expliquer ce que c'est que des TMERC ?!

Lorsque le nombre d'heures par semaine ne fait pas 18 (je crois que c'est ça le nombre d'heures à faire pour les certifiés...), comment ça se passe. J'espère qu'il ne diminue pas le salaire...On fait quoi ? De l'aide aux élèves ? De l'administratif ?

En tant que certifiée tu dois 17h (18h moins l'heure de chaire). Mais en tant que certifiée stagiaire, tu as droit cette année (c'est nouveau) à une décharge de 3h (sauf si tu as été contractuelle plusieurs années auparavant). Donc ça te fait 14h. C'est donc normal que ton service soit en deçà des 18h. Et quand bien même tu ne ferais pas le nombre d'heures requis par le maximum de service, tu ne complètes rien (sauf si c'est inscrit sur ton emploi du temps, mais tu le saurais si tu avais d'autres tâches, comme de l'accompagnement personnalisé ou de l'ECJS: on te donnerait tes classes). Evidemment tu es payée normalement.

Ouf !