Philosophie : préparer ses premiers cours !

..lorsque tu parles de 3 pages avec les caractères énoncés, c'est pour un cours..?

C'est mon cours, enfin mes notes de cours, oui. Pourquoi ?

Je demandais ça juste parce qu'après tu parles aussi de 23 pages mais je suppose que ce n'est pas dans les mêmes caractères...et c'est pour me faire une première petite idée.

Non les 23 pages c'est mon cours entier (qui fait plusieurs heures ! environ 6 là, comme je l'ai écrit ci-dessus). 3 pages c'est le maximum par heure.

Ah par heure, d'accord. Merci !
Euh à plus tard certainement !

Est-ce que l'IPR demande de justifier le passage d'un cours à un autre ? Progression ?

Et au niveau de la gestion de classe, comment peut se manifester la "pénibilité" de certains élèves. Au primaire, je peux me représenter (bavardages, jets d'objets...). Qu'en est-il dans le secondaire ? Ils sont moins puériles, non ? Est-ce qu'ils essaient plus de tester la maîtrise de ton cours...? Pourrais-tu me donner des conseils pour prévenir d'éventuels problèmes de discipline ?

Tout dépend des IPR, chacun a ses exigences...

Pour ma part elle m'a juste posé une question très générale sur ma progression, j'ai répondu rapidement, elle n'en a plus reparlé ensuite...donc je ne sais pas. En même temps ce n'était pas une vraie inspection (donnant lieu à note), c'était une visite de titularisation, donc c'est sans doute beaucoup moins exigeant.

Perso cette année, je n'ai vraiment pas eu le temps de faire une vraie progression: je faisais mes cours de semaine en semaine (voire de jour en jour), c'était dans l'urgence. Bon y'avait un lien entre mes cours, mais bon ce n'était pas travaillé plus que ça...

Je pense mieux réorganiser ça pour les prochaines années, et essayer de penser 4 ou 5 grosses problématiques à l'intérieur desquelles s'inséreront tous mes cours. En gros je pense faire une partie d'épistémo, une de philo politique, une de philo morale, une de philosophie de la culture, + une partie métaphysique (avec pour chacune une grande question, à la Kant peut-être: "Que dois-je faire ?" pour la morale, "Que puis-je connaitre ?" pour l'épistémo, etc.; je ne sais pas encore).

Mais bon c'est juste une question de présentation, je ne suis pas certaine que ce soit archi essentiel; en tout cas j'ai survécu sans cette année !

Pour la discipline, tout dépend dans quel lycée tu tombes, avec quel public et surtout quel soutien tu as de la part de l'administration. J'ai fait mon stage dans 2 lycées, dans l'un je n'ai rencontré aucun problème, dans l'autre c'était galère sur galère, avec une classe notamment à laquelle j'allais faire cours une boule au ventre, et qui m'a fait pleurer (pas devant eux). C'était des insultes, du mépris permanent (je me prenais des remarques du genre "à quoi vous servez ?", "achetez-vous une vie", "vous croyez vraiment que je vais faire ce que vous dites, vous rêvez ma pauvre !", etc.) et c'est allé jusqu'à l'intimidation physique (un élève m'a plaquée contre une porte pendant 10mn). Ça c'était pour les "méchants" (5 élèves dans la classe de 30 quand même), après j'avais les "chiants": j'en avais un qui à chaque cours se donnait en spectacle (vas-y que je me colle du scotch sur tout le visage, vas-y que je me mets un voile intégral, vas-y que je me mette à hurler parce que le bruit du stylo sur la feuille me donne mal aux dents, etc.). Bon ça a duré 5 longs mois, ensuite j'ai été remplacée 3 semaines en janvier-février pour la formation obligatoire, et au retour de février ça s'est mieux passé, j'ai repris le dessus et ils se sont calmés (en fait je virais systématiquement de mon cours ceux qui pourrissaient mon cours, du coup j'ai pu ENFIN faire cours).

Je pense que j'ai eu un des pires contextes d'enseignement possibles (y'a toujours pire, mais là, ça y allait quand même...), donc ce n'est pas du tout représentatif.

Quelques conseils que je m'applique à moi-même pour la prochaine rentrée au cas où je retombe sur des illuminés pareils:

- être à la fois très ferme ET très souriante au début de l'année
- faire un plan de classe (par ordre alphabétique je pense) dès le premier cours (et oui, je sais, ils sont en terminale, mais y'a besoin, vraiment...) tout en leur faisant croire que c'est pour mieux retenir leurs prénoms (car sinon ils se braquent et c'est fichu).
- si on ne peut pas compter sur l'administration, se protéger avant tout soi-même: virer du cours et noter absents ceux qui ont un comportement absolument inadmissible (refus total d'obéir même à des demandes simples comme changer de place, s'asseoir, etc.).

Ah oui quand même...si tu as d'autres conseils pour la gestion de classe, je suis preneuse parce que ça m'interroge... Et sur l'année, tu fais combien de cours ?

Et est-ce qu'à 17 ans il faut encore leur rappeler qu'ils doivent lever la main pour demander la parole...
Est-ce que tu leur donnes des règles et les énonces de façon formelle ?
On ne donne plus de punitions en terminale (genre exercices supplémentaire, mot au parent à faire signer) non ? Sauf bien sûr virer de cours, coller...

Pour le nombre de cours, c'est très aléatoire selon ta manière de construire ta progression. Je connais des profs qui font 4 gros cours pendant l'année (un cours dure donc 2 mois), moi je fais plein de petits cours (2 semaines environ pour 1 cours, donc environ 20 cours).

Les punitions, je pense que c'est trop tard en terminale (ils te rient au nez). Par contre les mots aux parents (ou mieux, coup de fil aux parents ou demande expresse de RDV), ça peut très bien marcher mais pas avec tout le monde (dans mon lycée "pourri", les parents soutenaient leurs enfants contre les profs, ils insultaient même le proviseur alors..). Il faut tester, cela peut être très efficace.

Pour ma part je préfère ne pas rappeler les règles de vie de classe car sinon tout est prétexte à négociation. Sauf pour l'exigence du silence, qui pour pas mal d'élèves (même dans les lycées normaux) est difficilement respectée: le bavardage est devenu la norme. Donc je pense consacrer une partie du premier cours de l'année à expliquer l'enjeu philosophique de cette exigence, et leur dire que je ne tolèrerai aucun écart par rapport à celle-ci. Je ne sais pas si ça marchera...mais je tenterai !

J'ai mes règles (qui me semblent évidentes) et si d'eux-mêmes ils ne les appliquent pas, je me suis fait une échelle: 1 rappel oral avec entretien à la fin de l'heure avec l'élève concerné, et la fois d'après si ça recommence exclusion du cours directement. Je préfère frapper fort au début, plutôt que de me laisser pourrir mon cours. Ca par contre, c'est seulement si le problème vient d'un élève ou deux. Si toute la classe met le bordel, ça ne peut pas marcher...et là franchement je ne vois pas quoi faire....cf. ma classe horrible.

Tes précisions me sont précieuses...! A part les exercices styles bac (dissertation et commentaire), je sais qu'on peut donner des questions de "cours mais quelles modalités : obligatoire pour tous ? pour les volontaires ? Est-ce que tu penses que ça peut être bien aussi de temps en temps de demander à un élève de résumer ce sur quoi l'enseignant a fait cours (avec en prime un point bonus sur sa dernière note) ? Et lorsque tu donnes un exercice (dissert' ou commentaire), est-ce qu'il faut veiller à ce que ce soit quelque chose qui ne soit pas trop traité sur internet (ce qui en fait me semble difficile...) ou on fait avec... Dans ton cours "bonheur, désir", tu ne traites bien les notions qu'à partir d'une question (?) parce que sur internet j'ai pu voir un cours qui s'articulait autour de différentes questions. Et juste pour info, tu pourrais me dire quelle question tu as retenu.

- attention, c'est un détail mais moi aussi je me suis mélangée toute l'année: au bac il n'y a pas de "commentaire" mais une "explication" de texte.

- j'ai testé les interros écrites de cours de 15mn au début de l'année, mais je ne le referai pas: ça fait perdre du temps (on a très peu d'heures, il faut le savoir: 3h en S par exemple, ça passe ultra vite).

- par contre, je vérifie constamment l'apprentissage du cours, mais sans le noter: à chaque début d'heure, les élèves me rappellent 1) quel est le titre du cours et quel problème on se pose, 2) où on en est du traitement du problème. Ca prend 3mn et ça devient un réflexe au fil du temps.

- je donne beaucoup d'occasions d'être noté aux élèves. Je fais 9 exercices type bac obligatoires par an (dans l'idéal les 9 seraient sur table, mais dans mes 2 lycées ce n'était pas possible, ils n'ont eu que le bac blanc sur table...donc les 8 autres à la maison !), je donne 3 sujets type bac facultatifs (1 par trimestre), et les élèves doivent répondre (chez eux) par écrit 2 fois par trimestre aux questions que je mets systématiquement en bas de chaque texte étudié. Ca fait 5 notes obligatoires par élève et par trimestre, et ceux qui sont vraiment motivés peuvent avoir 15 notes par trimestre s'ils le souhaitent (s'ils me rendent leurs réponses aux questions à chaque fois). Pour les devoirs facultatifs, la note est bonus (ne compte pas si fait baisser la moyenne), ça les motive. Quand tu dois remplir les bulletins, tu remarques très vite (au nombre de notes) ceux qui ont des difficultés mais qui ont bossé un max (en rendant des questions facultatives, etc.), et ça tu le valorises dans les appréciations et sur le dossier scolaire. Pour un exemple de questions de bas de texte, cf. par exemple ici sur un texte de Freud: Freud, Introduction à la psychanalyse

- pour le problème d'Internet, tu verras que tu auras un gros souci de triche et de plagiat...tu ne PEUX pas corriger tes copies sans accès à Internet, il faut taper quasi chaque phrase sur Google pour vérifier...l'horreur. Au début je le faisais (perte de temps énorme), au final j'ai arrêté de le mentionner sur les copies, je fais comme si je n'avais rien vu mais je note évidemment en conséquence (copies plagiées = copies nulles en général, car toujours à côté du sujet). Tu peux toujours pondre des sujets qu'on ne trouve pas sur le net, moi je n'ai vu aucune différence: ils plagient quand même, même si ce n'est pas le même sujet (peu leur chaut !). Une solution que j'ai trouvée en cours d'année et qui marche vraiment très bien avec les classes travailleuses: les obliger à se servir de textes précis dans leurs copies. Cf. par exemple ici: Suffit-il d'avoir de bonnes intentions pour agir moralement ? Tu leurs dit qu'ils n'ont pas le droit d'utiliser autre chose que 1) le cours, 2) telles ressources que tu leurs distribue.

- Oui, je n'ai choisi qu'une seule question pour bonheur/désir, mais au final tu traites toujours d'autres problèmes à l'intérieur du cours. En fait il faut trouver un problème suffisamment général, qui serve de titre au cours, et qui permette de traiter de la plupart des gros problèmes afférents à la notion. Pour certaines notions, j'ai fait plusieurs cours car je ne pouvais pas faire toutes les problématiques en même temps (par exemple pour le vivant, j'ai fait une question morale et une question d'épistémo, donc 2 cours distincts).

Dans les 3 sujets types bac facultatifs, il y en a un d'obligatoire, n'est-ce pas ?
Par contre, aucune de ces notes ne compte si elle fait baisser la moyenne, si j'ai bien compris. Est-ce bien ça ?

Et pour "bonheur, désir", tu as une question ou c'est tout à partir de la lettren à Ménécée ? Je te demande ça parce que ma question (la satisfactions de tous nos désirs peut-elle nous conduire au bonheur ?) n'est peut-être pas assez large (aurait bien aimé parler de la liberté et bonheur-savoir)...

Je commence à préparer mon premier cours. C'est à chaque enseignant de le construire. Je pense que non mais pourrais-tu me confirmer qu'il n'existe pas de manuel pédagogique à usage des enseignants pour les aider à traiter telle ou telle notion...

Est-ce quand tu es visité, on peut te demander tes notes de cours ? Quelles rubriques dans ton carnet de bord : emploi du temps, notes, cours, photocopies ?
Pour les notes, il existe des carnets de notes : à acheter ou délivré par l'établissement ?

- je ne comprends pas ta question: les 3 devoirs type bac facultatifs sont facultatifs (sinon ils n'auraient pas ce nom !). Ils se rajoutent aux 9 devoirs type bac obligatoires.
- ma question pour bonheur/désir, c'est "Peut-on atteindre le bonheur ?". Je trouve ta question suffisamment large.
- je ne connais pas de manuel de cours, la majorité sont seulement des recueils de textes. Par contre tu as plein de sites où des profs mettent leurs cours en ligne (un très bon site: eyssette.net ; il y aussi philolog.fr).
- non, on ne te demande pas tes notes de cours (puisque tu as le droit de faire cours sans aucune notes !). On te demande le nombre, la date et l'intitulé des devoirs; ta progression annuelle, les textes que tu as lus avec les élèves. Et ton cahier de texte (condensé de toute l'année).
- la MGEN distribue gratuitement des carnets de notes (aux journées de formation fin aout + dans la salle des profs). Je ne m'en suis jamais servie car je notais tout sur le logiciel en ligne du lycée.

Ok pour les devoirs que tu donnes, j'ai compris...

Merci pour les liens : eyssette, j'ai découvert récemment et philolog je vais regarder..j'avoue que j'aime bien avoir des exemples de ce qu'il est possible de faire, à partir de quoi on peut s'inspirer plus ou moins et construire ensuite son cours selon sa propre réflexion.

Et à tes élèves, ils notent sur le support de leur choix (feuilles mobiles, cahier...). Tu ne leur impose rien, ni conseils ?

Question perso (si tu veux bien) : est-ce que tu enseignes à la Réunion (mais aussi à Rouen..). Si oui, es-tu de là-bas ou autre raison ?

J'espère que je ne t'ennuie pas trop avec toutes mes questions, enfin ça va jusque maintenant tu réponds...! Je vais peut-être t'en poser moins parce que tu as éclairci un certain nombre de choses.

N'hésite pas pour tes questions, si je réponds c'est que j'en ai le temps et que je le souhaite !

- je n'ai rien imposé en début d'année (croyant que les élèves de terminale ne bavardaient jamais, prenaient sérieusement leur cours, participaient efficacement, travaillaient à la maison: bref j'étais victime du mythe !) mais je le regrette, car après c'est trop tard, tu peux difficilement leur demander de prendre un cahier en novembre alors que tu les avais laissés libres en début d'année. Je pense leur imposer un cahier pour la rentrée prochaine, avec un sommaire détaillé au début. Il faut accepter de perdre du temps avec les élèves car ils ne sont pas du tout autonomes: je ne m'y attendais pas du tout (maintenant je sais !), mais certains élèves passent leur temps à te demander "Madame, où on colle la feuille ?", "Madame, je change de page ou pas ?", etc. Surtout, ne pas s'énerver et accepter de perdre 2mn pour leur laisser le temps de coller leur feuille, etc. mais sans les laisser exagérer. Après tu peux aussi leur faire prendre un classeur, mais en général c'est le bordel...ils ne ramènent pas les documents, etc. Au niveau méthodologique je préfère donc pour ma part le cahier. Et pour l'inspection c'est mieux aussi (l'inspecteur prend des cahiers d'élèves, si le jour de l'inspection ils n'ont que des feuilles volantes...).

- j'ai fait mon stage à Rouen (enfin Rouen + une autre ville car j'étais sur 2 lycées) mais je suis mutée à la Réunion (et ma rentrée, c'est le 14 août !). J'ai vécu à la Réunion pendant 20 ans, là j'ai choisi d'y retourner pour quelques années. Je suis TZR cette année, pour l'instant pas de remplacement en vue, du coup j'ai du mal à m'y remettre, pourtant j'ai plein de choses à faire...

""Madame, je change de page ou pas ?"" : ah oui, quand même...............

Peut-on se retrouver à la Réunion sans l'avoir demandée ou c'est une volonté de ta part de voyager et de joindre l'utile à l'agréable ?

Pour ce qui est de la toute première séance : que penses-tu de :

"Bonjour je m'appelle Melle X, et comme vous le savez maintenant je suis votre professeur de philosophie pour cette année. J'ai donc pour tâche à la fois de vous initier à la philosophie (en espérant que vous l'aprécierez comme j'ai pu l'apprécier déjà en terminale) et de vous préparer aux épreuves du baccalauréat.
Pour ce faire, j'aborderai les notions qui sont au programme de votre classe de terminale, programme dont vous devez avoir connaissance. C'est pourquoi je vous invite tout de suite à regarder ce tableau qui présente les notions au programmes : avec 5 grands chapitres notions et des sous-notions. Expliquer qu'une notion renvoie au réel, qu'elle n'est pas un thème (ne sait plus trop pourquoi...). Et faire coller ce programme dans le cahier (!).
Ensuite expliquer mon organisation : 1 cours = 1 question avec des développements plus longs que dans une dissert' normale (notamment avec les textes)."
Indiquer le nombre de devoirs dans l'année, le rappel de la problématique en début de cours etc.
Et peut-être encore d'autres choses pratiques qui me viendront après...ah oui, il y a aussi l'appel des élèves...Tu le fais la première fois, après...?

Puis je commence mon cours.

Qu'en penses-tu ?

Ca risque peut-être aussi d'être un peu long toutes ces remarques formelles...Ou j'attends qu'elles viennent au fur et à mesure...

Non, on ne peut se retrouvé muté à 10 000 km sans l'avoir demandé, rassure-toi ! Par contre tu peux être mutée en extension (en dehors de tes vœux) n'importe où en France métropolitaine. La Réunion est très difficile à avoir en philosophie, je ne l'ai obtenue que parce que je bénéficie de 1000 points de bonus (car la Réunion est mon "centre d'intérêt matériel et moral", y ayant été scolarisée de la maternelle à la khâgne).

Pour ta présentation: personnellement j'éviterais de me faire appeler "mademoiselle", mais c'est toi qui vois. Sache quand même que "mademoiselle" a disparu des termes administratifs (circulaire du 21 février 2012).

Pour le programme, il n'y a pas de "notions" et de "sous-notions", si tu lis les textes officiels il est précisé que toutes les "notions" sont à égalité, qu'on les traite comme on veut, dans l'ordre qu'on veut. A lire ici:

Le programme officiel

Les notions figurant dans l’une et l’autre colonnes ne constituent pas nécessairement, dans l’économie du cours élaboré par le professeur, des têtes de chapitre. L’ordre dans lequel les notions sont abordées et leur articulation avec l’étude des œuvres relèvent de la liberté philosophique et de la responsabilité du professeur, pourvu que toutes soient examinées.

Je pense qu'il n'est pas nécessaire de s’appesantir sur la présentation du programme: le programme, c'est pour le prof, pas pour les élèves. Ce qui les intéresse, c'est surtout la manière dont la maîtrise du programme va être évaluée, c'est-à-dire les modalités d'évaluation (dissertation + explication de texte), que tu ne leur préciseras qu'au moment de leur donner le premier devoir à la maison (donc pas nécessairement au premier cours, plutôt lors de la semaine qui suit).

Je précise que moi aussi j'ai fait comme toi, je leur ai distribué le programme et ai passé un peu de temps à le leur présenter, mais bon, franchement, avec le recul je pense que ce n'est pas utile. Explique-leur plutôt comment toi tu vas fonctionner, c'est-à-dire comment seront structurés tes cours.

Ils sont rassurés (et c'est aussi plus clair) s'il y a des numéros de chapitre, que l'année est structurée. Par exemple j'aime vraiment beaucoup la manière dont C. Eyssette procède:

Progression de Cédric Eyssette

[avec plusieurs grandes séquences, à l'intérieur desquelles sont insérés les différents chapitres]

Moi j'avançais au jour le jour donc il n'y a pas eu tout ce travail de structuration, et ça a manqué (à moi et aux élèves).

N'annonce pas trop de choses non plus au début: car tu vas évoluer au fil du temps, et les élèves vont râler si tu as (légitimement) changé d'avis. Dis-leur le minimum, et précise que ça peut évoluer ! Ils n'ont pas besoin de tout savoir.

L'appel, ça dépend si tu veux en faire un rituel ou pas, et si ça fonctionne ou pas. Ça peut marcher comme rituel (quand j'ai terminé l'appel, ça veut dire qu'on est prêt à se mettre au travail, i.e. que vous avez relu rapidement là où on en est et que vous pouvez me le rappeler), mais ça peut aussi être source de bazar (les élèves croient que le cours n'est pas commencé, donc bavardent/ne sortent pas leurs affaires).

De toute façon au début tu seras obligée de faire l'appel car tu ne connaîtras pas les élèves; et si tu ne le fais pas en début d'heure, tu risques fort d'oublier. Par contre quand tu connaîtras les élèves, tu n'es pas obligée de le faire car tu peux rapidement compter les élèves dans ta tête et noter qui n'est pas là (sauf si l'appel fonctionne comme rituel, auquel cas tu continues à le faire).

Une question que tu n'as pas posée et qui est essentielle: la question de la prise de notes. Il faut que tu te prépares à avoir des élèves qui ne savent pas du tout prendre des notes, et qui attendent que tu dictes tout, et râlent/se révoltent si tu ne le fais pas. Je ne m'y attendais pas (j'étais persuadée qu'en terminale on prenait des notes), du coup ça a été dur pour moi. Il ne faut donc pas se braquer (s'ils ne savent pas, ils ne savent pas...) et trouver des stratégies.

Ok pour le titre de civilité. Et tu vouvoies les élèves ?

Pour la prise de notes : faut-il alors prévoir 2 parties dont une deuxième qui ne fait que reformuler ce qu'on a dit (ça fait quand presque 2 fois plus de travail) ou bien as-tu déjà fait cours en dictant directement ?

J'ai presque honte...c'est quoi alors la différence entre explication et commentaire de texte ?

J'ai vouvoyé cette année, mais je vais peut-être tutoyer l'an prochain...je ne crois pas que ça ait beaucoup d'importance.

Pour la prise de notes, j'ai fait du forcing toute l'année (refus total de dicter, mais par contre je répète plusieurs fois la même idée en reformulant) et si ça marche bien avec les bonnes classes, ce n'est pas le cas avec les autres et je trouve que ça détériore l'ambiance et ça crée des interruptions intempestives (entre ceux qui râlent, ceux qui soupirent, etc.). Donc je vais tester quelque chose cette année, inspiré d'un cours que j'ai dû faire en urgence (oraux d'agreg, du coup j'ai terminé l'année plus tôt que prévu): comme je n'avais que 3h pour faire mon cours sur l'art, j'ai fait un "cours à trous" (qu'on complétait ensemble). L'an prochain je vais donc prévenir qu'ils doivent absolument prendre des notes, et je vais faire mon cours comme d'habitude, mais à chaque fin de cours (donc toutes les 2 semaines environ) je distribuerai une fiche à trous (1 page max) qu'ils devront compléter à l'aide de leur prise de notes (et qu'on corrigera en 5mn ensemble). Comme ça ceux qui ont des difficultés pour la prise de note sauront qu'ils ont en dernier recours la fiche, ce qui les rassurera.

Et as-tu été admise à l'agrégation ?

Je reviens sur le cahier pour noter les cours (pour les élèves) : s'ils y en a qui ne sont pas d'accord, protestent...après c'est un conseil, tu ne les oblige pas ou comment ?

Non, agreg ratée :/

Au tout début d'année, les élèves (en général) ne protestent pas. Par exemple ma classe horrible ne s'est révélée horrible qu'au bout de 3 semaines. Il faut donc profiter de ce temps de latence pour imposer tout ce qui te semble important. Donc moi je pense "imposer" le cahier (en leur expliquant que je suis plus à même qu'eux de juger ce qui est le mieux pour eux, tout simplement parce que j'ai plus d'expérience et donc plus de méthode). Après je ne vais pas faire un caca nerveux si je vois que certains viennent avec des feuilles volantes, je ferai semblant de ne rien voir...Mais en l'imposant au début de l'année, je pense que 80% des élèves vont t'écouter, et ne pas changer de matériel ensuite.

Mince ! Bien essayé quand même (si tu as été à l'oral !!!)..

J'aurais préféré ne pas être admissible et avoir une fin d'année normale...Aller aux oraux et échouer, c'est vraiment dur et stérile (1 mois perdu, pour rien).

Pense à la bi-admissibilité Camille Rien que pour ça, ça valait le coup.