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- JohnMédiateur
Mais il y en a à qui ça convient tout à fait de s'investir à 100%. Il y a bien des moines, des soeurs et des prêtres.Thalia de G a écrit:Elle vit un véritable sacerdoce, alors que, comme plusieurs l'ont dit ici, il faut savoir introduire de la distance.
La similitude son engagement à elle et des vocations ecclésiastiques ou religieuses me semble si flagrant que c'en est vraiment étonnant :shock:
- ClarinetteGrand Maître
Enfin, c'est quand même un article de la Croix.
- Docteur OXGrand sage
Quel témoignage cucul la praline... (oui, il y a des jours où on voudrait se transformer en Terminator ou en Inspecteur Harry pour remettre les pendules à l'heure)
On pourrait peut-être envoyer cette collègue dans les bahuts d'Audrey et de Ketamine ??? Elle y ferait des merveilles et partagerait des "aventures humaines" en mettant en place des "activités innovantes" comme la "Twissertation"
Si Luc Chatel tombe sur ce témoignage et bien il pourra dormir tranquillos le soir en se disant "mais finalement tout va très bien dans l'Educ Nat !"
On pourrait peut-être envoyer cette collègue dans les bahuts d'Audrey et de Ketamine ??? Elle y ferait des merveilles et partagerait des "aventures humaines" en mettant en place des "activités innovantes" comme la "Twissertation"
Si Luc Chatel tombe sur ce témoignage et bien il pourra dormir tranquillos le soir en se disant "mais finalement tout va très bien dans l'Educ Nat !"
- InvitéInvité
Docteur OX a écrit:Si Luc Chatel tombe sur ce témoignage et bien il pourra dormir tranquillos le soir en se disant "mais finalement tout va très bien dans l'Educ Nat !"
bah oui, puisque les profs sont heu-reux!
- doublecasquetteEnchanteur
Allez ! Faites encore des commentaires ! Ça me distrait. J'adore ce fil !
- doublecasquetteEnchanteur
Cripure a écrit:Dans la série "Moi, je suis démocrate, c'est pour ça que mon rêve secret est d'imposer à tous ce qui me plait à moi".milasaintanne a écrit:Une collègue de français du Val de Marne témoigne de ce qu'est l'enseignement pour elle :
http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/France/Pour-Francoise-Cahen-professeur-de-francais-chaque-classe-est-une-aventure-humaine-_EP_-2011-12-09-745571
Extraits :
"[i]Je crois au projet pédagogique monté à plusieurs. C’est un travail collectif avec d’autres professeurs, des partenaires. Être professeur n’est pas un métier solitaire. On ne peut pas être passionné tout seul. Il faut se sentir appartenir à un établissement, à une équipe pour mettre en pratique des activités innovantes.
Seul commentaire de ma part, à propos des actions innovantes. Depuis vingt ans que les errements sgenunsiens en tous sens ont conduit l'enseignement au fond du gouffre où il pourrit aujourd'hui, une action innovante pourrait consister à refaire des cours. Normaux. Avec des contenus. Et à revendre le matériel informatique qui nous obnubile pour s'intéresser à ce qui apporte aux élèves autre chose qu'un préconditionnement à l'entreprise.
Ça, c'est LE truc que j'étais arrivée à "vendre" sur le FDONDPLN avant de me faire bannir. Je l'ai vendu aussi sur le blog du Corse en son temps...
C'est un argument qui passe très bien au niveau des plus jeunes. Ils n'ont jamais rien connu d'autre et croient dur comme fer au caractère innovant des cours normaux avec des contenus. Et alors, vous ne savez pas ce qui les frappe le plus ?
L'égalité des chances et le respect des élèves que cela induit ! Si, si, je vous jure.
Les stagiaires que je reçois dans ma classe me l'ont toutes dit.
- SchéhérazadeNiveau 10
John a écrit:C'est un sujet de dissertation en soi.On ne peut pas être passionné tout seul.
Ce qui m'interroge, c'est la publication de cet article précisément dans La Croix. J'y vois là une définition de l'enseignement tel qu'il est rêvé par les catholiques de toutes obédiences politiques, et très inspiré de l'engagement religieux. Surtout quand je lis : "Il n’y a pas de frontière entre ma vie et mon travail. Mon métier donne un sens à mon existence.", "Dans la passion, il y a une part de souffrance.", "partager leurs bonheurs, leurs larmes, les aider [...] Ce métier appelle une forme de générosité naturelle".
Parmi les enseignants les plus malheureux, et parmi les enseignants les plus méchants que j'ai connus (car il y en a), il y en avait justement beaucoup qui disaient, ou qui auraient voulu dire : "Mon métier donne un sens à mon existence". C'est terrible, comme conception de la vie, non ?
Ca ne veut pas dire que la collègue est méchante ou malheureuse, évidemment ! Mais "Mon métier donne un sens à mon existence", c'est une conception de la profession qui me semble dangereuse, à titre individuel pour l'enseignant, et à titre collectif pour ses collègues et pour ses classes.
Tu ne crois pas que le Monde ou le Nouvel Obs publieraient ce témoignage avec aussi peu de recul critique?
Il ne s'agit que d'un catholicisme franchement dévoyé. La vocation religieuse des prêtres et des religieux les met au service de Dieu, dans le siècle ou selon la règle, c'est ainsi qu' ils sont amenés à servir les hommes (instruire, soigner, etc...) mais leur vocation est un appel de Dieu et, bien comprise, exclut le piège dans lequel sombre notre collègue, celui d'une relation fusionnelle avec les élèves, où les fonctions de chacun sont oubliées, où on s'enferme dans une relation affective et personnelle. Bien des catholiques ne se reconnaissent pas dans le catholicisme dévoyé qui se manifeste dans ce genre d'articles.
J'ajoute que ce qui me semble terrifiant, c'est la cohérence profonde entre la volonté de ne travailler qu'en équipe, ou plutôt l'incapacité à envisager son travail autrement, et le type de relation qu'a la collègue avec les élèves, si on en croit l'article. Je pense à "en Allemagne, plus personne ne sera jamais seul". Il semble qu'on nous propose comme modèles des personnalités très fragiles, qui ont besoin de leur métier, du regard de leurs élèves et de l'équipe pédagogique pour se sentir exister, et encore, du regard de la "passion" commune, ce qui exclut la distance de la critique et de la réflexion. C'est inquiétant.
- Thalia de GMédiateur
Mon terme de sacerdoce n'était ni innocent, ni gratuit. En douterais-tu ?John a écrit:Mais il y en a à qui ça convient tout à fait de s'investir à 100%. Il y a bien des moines, des soeurs et des prêtres.Thalia de G a écrit:Elle vit un véritable sacerdoce, alors que, comme plusieurs l'ont dit ici, il faut savoir introduire de la distance.
La similitude son engagement à elle et des vocations ecclésiastiques ou religieuses me semble si flagrant que c'en est vraiment étonnant :shock:
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Le printemps a le parfum poignant de la nostalgie, et l'été un goût de cendres.
Soleil noir de mes mélancolies.
- JaneMonarque
JPhMM a écrit:Précisément, je ne trouve cela pas beau du tout.
Enseigner demande une distanciation nécessaire à la didactique (plutôt que la pédagogie, d'ailleurs), et nécessaire à la préservation de l'individu qui enseigne et aux individus qui apprennent. Et cette distance me semble difficile à trouver, tout du moins pour les enseignants qui débutent. Je trouve donc les propos de cette dame dangereux, voulant faire croire que l'enseignement est un don de soi, plutôt qu'une transmission de savoirs et de valeurs.
Euh, c'était une antiphrase :lol:
- DhaiphiGrand sage
Sauf que ces "bahuts" ne sont plus des lieux d'enseignement traditionnels.Docteur OX a écrit:On pourrait peut-être envoyer cette collègue dans les bahuts d'Audrey et de Ketamine ???
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De toutes les écoles que j’ai fréquentées, c’est l’école buissonnière qui m’a paru la meilleure.
[Anatole France]
J'aime les regretteurs d'hier qui voudraient changer le sens des rivières et retrouver dans la lumière la beauté d'Ava Gardner.
[Alain Souchon]
- JPhMMDemi-dieu
Oui, je sais.Jane a écrit:Euh, c'était une antiphrase :lol:
Je rebondissais juste sur ton antiphrase.
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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- Presse-puréeGrand sage
Il n’y a pas de frontière entre ma vie et mon travail. Mon métier donne un sens à mon existence.
Pourquoi demande-t-elle un salaire, cette dame? Elle pourrait travailler gratos en fait.
Sinon, je trouve ce propos curieux:
On ne peut pas être passionné tout seul.
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Homines, dum docent, discunt.Sénèque, Epistulae Morales ad Lucilium VII, 8
"La culture est aussi une question de fierté, de rapport de soi à soi, d’esthétique, si l’on veut, en un mot de constitution du sujet humain." (Paul Veyne, La société romaine)
"Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres". La Boétie
"Confondre la culture et son appropriation inégalitaire du fait des conditions sociales : quelle erreur !" H. Pena-Ruiz
"Il vaut mieux qu'un élève sache tenir un balai plutôt qu'il ait été initié à la philosophie: c'est ça le socle commun" un IPR
- verdurinHabitué du forum
Je me pose une question. Pourquoi les «activités innovantes» ?[...] pour mettre en pratique des activités innovantes.[...]
Il me semble que le travail d'un enseignant est de transmettre un savoir.
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Contre la bêtise, les dieux eux mêmes luttent en vain.
Ni centidieux, ni centimètres.
- ZeldaHabitué du forum
verdurin a écrit:Je me pose une question. Pourquoi les «activités innovantes» ?[...] pour mettre en pratique des activités innovantes.[...]
Il me semble que le travail d'un enseignant est de transmettre un savoir.
Meuh non! Pourquoi se fatiguer à créer des cours avec du contenu quand on peut bouiner sur facebook???
Avec les technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement (Tice), je m’emploie à faire travailler la classe par l’intermédiaire de blogs et des réseaux sociaux. Ainsi, j’ai créé des comptes Facebook pour chaque personnage de Bel-Ami
de Maupassant, l’an passé. Les élèves ont conçu des tests de personnalité liés au roman, des jeux de rôle…
- Docteur OXGrand sage
Youpi ! j'ai trouvé la devise de notre charmante collègue idéaliste:
"C'est en faisant n'importe quoi, qu'on devient n'importe qui !"
"C'est en faisant n'importe quoi, qu'on devient n'importe qui !"
- MoonchildSage
Il faut absolument mettre ça en musique :Dans la passion, il y a une part de souffrance.
- ysabelDevin
Presse-purée a écrit:Il n’y a pas de frontière entre ma vie et mon travail. Mon métier donne un sens à mon existence.
Pourquoi demande-t-elle un salaire, cette dame? Elle pourrait travailler gratos en fait.
Sinon, je trouve ce propos curieux:moi aussi je trouvais cela bizarre !On ne peut pas être passionné tout seul.
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« vous qui entrez, laissez toute espérance ». Dante
« Il vaut mieux n’avoir rien promis que promettre sans accomplir » (L’Ecclésiaste)
- User5899Demi-dieu
Je le sais d'autant mieux que je mets beaucoup de soin à faire des cours denses et construits. Et comme j'ai une réputation de terreur, il m'est très facile d'être extrêmement respectueux, équitable et (parfois) souriant en classe, ce qui fait qu'ils préfèrent, et de loin aller dans mes cours (et dans certains autres) que chez les tâcherons du TBI. Phrase fétiche souvent entendue : "Tu vas en quoi, là. T'as cours ? - Non, on va en salle info" :lol:doublecasquette a écrit:Cripure a écrit:Dans la série "Moi, je suis démocrate, c'est pour ça que mon rêve secret est d'imposer à tous ce qui me plait à moi".milasaintanne a écrit:Une collègue de français du Val de Marne témoigne de ce qu'est l'enseignement pour elle :
http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/France/Pour-Francoise-Cahen-professeur-de-francais-chaque-classe-est-une-aventure-humaine-_EP_-2011-12-09-745571
Extraits :
"[i]Je crois au projet pédagogique monté à plusieurs. C’est un travail collectif avec d’autres professeurs, des partenaires. Être professeur n’est pas un métier solitaire. On ne peut pas être passionné tout seul. Il faut se sentir appartenir à un établissement, à une équipe pour mettre en pratique des activités innovantes.
Seul commentaire de ma part, à propos des actions innovantes. Depuis vingt ans que les errements sgenunsiens en tous sens ont conduit l'enseignement au fond du gouffre où il pourrit aujourd'hui, une action innovante pourrait consister à refaire des cours. Normaux. Avec des contenus. Et à revendre le matériel informatique qui nous obnubile pour s'intéresser à ce qui apporte aux élèves autre chose qu'un préconditionnement à l'entreprise.
Ça, c'est LE truc que j'étais arrivée à "vendre" sur le FDONDPLN avant de me faire bannir. Je l'ai vendu aussi sur le blog du Corse en son temps...
C'est un argument qui passe très bien au niveau des plus jeunes. Ils n'ont jamais rien connu d'autre et croient dur comme fer au caractère innovant des cours normaux avec des contenus. Et alors, vous ne savez pas ce qui les frappe le plus ?
L'égalité des chances et le respect des élèves que cela induit ! Si, si, je vous jure.
Les stagiaires que je reçois dans ma classe me l'ont toutes dit.
Allez-y, en salle info, faites des TICE Vous nous facilitez la tâche, finalement, à nous, les profs.
- JohnMédiateur
Cripure, il y a aussi des profs qui vont en salle Info.
C'est un peu facile de reprocher à milasaintanne ou à l'auteur de l'article de vouloir imposer leurs points de vue à tous les collègues du monde, puis d'écrire qu'il y a d'un côté "les profs" et de l'autre "les tâcherons du TBI".
C'est un peu facile de reprocher à milasaintanne ou à l'auteur de l'article de vouloir imposer leurs points de vue à tous les collègues du monde, puis d'écrire qu'il y a d'un côté "les profs" et de l'autre "les tâcherons du TBI".
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"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- CondorcetOracle
D'autant plus qu'en histoire-géo, la maîtrise de l'outil informatique peut se révéler un bel atout pour montrer des cartes, des croquis, des frises chronologiques. L'interactivité n'est pas l'ennemi de la connaissance, loin de là. J'ai appris beaucoup de choses aussi dans Encarta... (le CD-ROM).
- InvitéInvité
Je lis votre discussion, dont je suis l'objet quelque peu malmené, et j'aurais aimé participer plus tôt, mais j'ai eu de petites difficultés pour m'inscrire sur le forum... Au moins, ce qui est bien, c'est que je suis habillée pour l'hiver, avec vous!
Figurez-vous d'abord que je ne suis absolument pas catho, que je n'enseigne pas dans un lycée favorisé, que je ne suis ni folle, ni dépressive, ni dangereuse, ni spécialement fragile, ni vendue à Luc Chatel. Je suis une fille plutôt normale, passe-partout, et ne veux surtout pas me revendiquer comme exemple pour quiconque (ce que je n'ai cessé de répéter à la journaliste). J'ai fait utiliser facebook à mes élèves une heure dans ma carrière, pour m'en servir comme d'un support à un travail de dissertation sur le fait qu'on pouvait dire que Bel-Ami constituait une forme de réseau social. (Voir la fiche correspondante à l'activité sur le site de l'académie de Créteil). Donc rassurez-vous, je ne passe pas mon temps à faire surfer mes élèves sur Facebook, mais ça m'intéresse tout de même de réfléchir à la manière dont, un jour peut-être, les réseaux sociaux pourraient devenir des supports pédagogiques, avec prudence, et en envisageant leurs limites autant que leurs apports.
Je comprends dans une certaine mesure les réactions plutôt saines de plusieurs d'entre vous au paragraphe de l'article qui a été cité. (Si tout l'article avait été cité, cela n'aurait peut-être pas produit le même effet). La journaliste y a compilé les propos les plus idéalistes que j'ai tenus au cours de plusieurs heures, a mis ces phrases bout à bout, ce qui produit un effet étrange d'exaltation excessive un peu ridicule quand on l'isole. (Et le profil idéologique de ce journal n'est pas étranger à l'orientation de ce paragraphe). Je comprends bien que cela puisse paraître "too much", en effet. En fait, j'ai une vie bien remplie en dehors de mon lycée, et mon métier est un des sens que je donne à ma vie, il n'est pas tout. Mais il est important, je ne vois pas pourquoi ce serait mal de le dire.
Je suis aussi pour qu'il y ait une certaine distance avec les élèves (on ne peut pas être leurs parents, je le disais tout de même...) mais après, je trouve que c'est à chacun de trouver sa propre distance, son mode de fonctionnement. J'ai essayé la froideur et franchement, ce n'est pas mon mode de vie pédagogique, mais ça ,c'est à chacun de voir... J'avais dit aussi à la journaliste que j'estimais excellents des profs très différents de moi, qui n'utilisent pas du tout les TICE, ou qui ont une forme d'autorité volontairement forte... Si cela correspond à leur personnalité, c'est très bien. Mais je ne vois pas pourquoi on considérerait a contrario que tous les profs qui se servent des TICE ou qui tutoient leurs élèves sont forcément de mauvais enseignants, fous, dangereux, superficiels... C'est un peu étrange de vous voir tous extrapoler sur mon compte en déduisant de ces quelques phrases que je ne fais rien apprendre à mes élèves, alors que ma passion est précisément de leur faire découvrir la littérature et de leur faire avoir leur bac. Je ne suis pas une prof modèle, mais je ne suis peut-être pas nulle non plus.
Dire absolument non à l'usage des TICE, si certains y tiennent, pourquoi pas, c'est leur liberté pédagogique, mais il ne faut pas exagérer en traitant de fous ceux qui veulent tester certains usages...
J'ai accepté ce témoignage, car il paraît dans le cadre d'une rubrique dans laquelle je me reconnaissais: "mon métier, ma passion", et d'une enquête sur plusieurs semaines intitulée "travailler autrement". Il y avait eu l'an passé un dossier dans ce journal qui s'appelait "enseigner autrement" pour lequel j'avais déjà été sollicitée, et j'avais apprécié l'attention prêtée par ce quotidien à notre métier.
Il est vrai que pour moi, la notion de "vocation" pour qualifier mon rapport à l'enseignement n'est pas inepte, j'avoue que je suis plutôt heureuse d'être professeur même si ce n'est pas tous les jours l'extase, j'essaie d'y savourer des moments magiques. Il y en a apparemment pour penser qu'il faut absolument tenir un discours noir et pessimiste... J'avais aussi précisé qu'il y avait des choses qui me contrariaient dans le système, comme la libéralisation de la carte scolaire, les effectifs trop nombreux, mais tout cela n'a pas été reporté dans l'article: je ne trouve pas que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Rassurez-vous, je ne pleure pas à chaque fois qu'un élève me rend une copie blanche, mais je pense qu'on ne doit pas forcément se montrer imperméable à ce qui se passe dans nos classes. Sans se prendre tous les échecs de nos élèves en pleine figure, sans doute peut-on se sentir concerné par ce qu'ils vivent tout de même. N'est-ce pas un mythe de prétendre qu'on se fiche royalement de ce qui se passe dans nos classes? Faire ce métier comme un rouleau compresseur, cela me semble bien triste comme vision de la pédagogie et de l'existence.
Les phrases de l'article sont très courtes, et vous pouvez constater que quand je m'exprime personnellement, ce n'est pas forcément le cas. La journaliste a simplifié mes propos. Comprenez donc qu'il faut fortement nuancer certaines phrases comme "il n'y a pas de limite entre ma vie et mon métier": j'avais assez longuement expliqué que les professeurs qui m'avaient marquée m'avaient donné la sensation d'être une vraie personne pour eux, de compter, ils montraient que leur métier faisait partie de leur vie. De la même manière, moi aussi, j'ai intégré mon métier à ma vie. Mais c'est une façon de voir l'existence. Je conçois tout à fait que d'autres cloisonnent les choses, si c'est leur mode de fonctionnement...
Bref, je ne suis pas une bonne soeur, je ne suis pas mystique, mais vous pouvez penser ce que vous voulez, après tout. Je trouve qu'un peu d'idéalisme, quand il n'empêche pas d'être lucide, n'a jamais tué personne, il permet même de vivre un peu mieux.
Enfin, je ne comprends pas trop pourquoi vous ne trouvez pas que travailler en équipe soit plutôt une bonne chose. Que peut-on dire contre l'équipe? Vous-même venez discuter sur un forum de profs, c'est déjà une équipe, non?
Bon, il est tard, je vais m'en tenir là. Bon courage à tous, et si vous me répondez, merci d'éviter les jugements hâtifs, les expressions blessantes; je suis un prof ordinaire, je ne prétends pas détenir la vérité, mais seulement un point de vue.
Cordialement,
Françoise Cahen
Figurez-vous d'abord que je ne suis absolument pas catho, que je n'enseigne pas dans un lycée favorisé, que je ne suis ni folle, ni dépressive, ni dangereuse, ni spécialement fragile, ni vendue à Luc Chatel. Je suis une fille plutôt normale, passe-partout, et ne veux surtout pas me revendiquer comme exemple pour quiconque (ce que je n'ai cessé de répéter à la journaliste). J'ai fait utiliser facebook à mes élèves une heure dans ma carrière, pour m'en servir comme d'un support à un travail de dissertation sur le fait qu'on pouvait dire que Bel-Ami constituait une forme de réseau social. (Voir la fiche correspondante à l'activité sur le site de l'académie de Créteil). Donc rassurez-vous, je ne passe pas mon temps à faire surfer mes élèves sur Facebook, mais ça m'intéresse tout de même de réfléchir à la manière dont, un jour peut-être, les réseaux sociaux pourraient devenir des supports pédagogiques, avec prudence, et en envisageant leurs limites autant que leurs apports.
Je comprends dans une certaine mesure les réactions plutôt saines de plusieurs d'entre vous au paragraphe de l'article qui a été cité. (Si tout l'article avait été cité, cela n'aurait peut-être pas produit le même effet). La journaliste y a compilé les propos les plus idéalistes que j'ai tenus au cours de plusieurs heures, a mis ces phrases bout à bout, ce qui produit un effet étrange d'exaltation excessive un peu ridicule quand on l'isole. (Et le profil idéologique de ce journal n'est pas étranger à l'orientation de ce paragraphe). Je comprends bien que cela puisse paraître "too much", en effet. En fait, j'ai une vie bien remplie en dehors de mon lycée, et mon métier est un des sens que je donne à ma vie, il n'est pas tout. Mais il est important, je ne vois pas pourquoi ce serait mal de le dire.
Je suis aussi pour qu'il y ait une certaine distance avec les élèves (on ne peut pas être leurs parents, je le disais tout de même...) mais après, je trouve que c'est à chacun de trouver sa propre distance, son mode de fonctionnement. J'ai essayé la froideur et franchement, ce n'est pas mon mode de vie pédagogique, mais ça ,c'est à chacun de voir... J'avais dit aussi à la journaliste que j'estimais excellents des profs très différents de moi, qui n'utilisent pas du tout les TICE, ou qui ont une forme d'autorité volontairement forte... Si cela correspond à leur personnalité, c'est très bien. Mais je ne vois pas pourquoi on considérerait a contrario que tous les profs qui se servent des TICE ou qui tutoient leurs élèves sont forcément de mauvais enseignants, fous, dangereux, superficiels... C'est un peu étrange de vous voir tous extrapoler sur mon compte en déduisant de ces quelques phrases que je ne fais rien apprendre à mes élèves, alors que ma passion est précisément de leur faire découvrir la littérature et de leur faire avoir leur bac. Je ne suis pas une prof modèle, mais je ne suis peut-être pas nulle non plus.
Dire absolument non à l'usage des TICE, si certains y tiennent, pourquoi pas, c'est leur liberté pédagogique, mais il ne faut pas exagérer en traitant de fous ceux qui veulent tester certains usages...
J'ai accepté ce témoignage, car il paraît dans le cadre d'une rubrique dans laquelle je me reconnaissais: "mon métier, ma passion", et d'une enquête sur plusieurs semaines intitulée "travailler autrement". Il y avait eu l'an passé un dossier dans ce journal qui s'appelait "enseigner autrement" pour lequel j'avais déjà été sollicitée, et j'avais apprécié l'attention prêtée par ce quotidien à notre métier.
Il est vrai que pour moi, la notion de "vocation" pour qualifier mon rapport à l'enseignement n'est pas inepte, j'avoue que je suis plutôt heureuse d'être professeur même si ce n'est pas tous les jours l'extase, j'essaie d'y savourer des moments magiques. Il y en a apparemment pour penser qu'il faut absolument tenir un discours noir et pessimiste... J'avais aussi précisé qu'il y avait des choses qui me contrariaient dans le système, comme la libéralisation de la carte scolaire, les effectifs trop nombreux, mais tout cela n'a pas été reporté dans l'article: je ne trouve pas que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Rassurez-vous, je ne pleure pas à chaque fois qu'un élève me rend une copie blanche, mais je pense qu'on ne doit pas forcément se montrer imperméable à ce qui se passe dans nos classes. Sans se prendre tous les échecs de nos élèves en pleine figure, sans doute peut-on se sentir concerné par ce qu'ils vivent tout de même. N'est-ce pas un mythe de prétendre qu'on se fiche royalement de ce qui se passe dans nos classes? Faire ce métier comme un rouleau compresseur, cela me semble bien triste comme vision de la pédagogie et de l'existence.
Les phrases de l'article sont très courtes, et vous pouvez constater que quand je m'exprime personnellement, ce n'est pas forcément le cas. La journaliste a simplifié mes propos. Comprenez donc qu'il faut fortement nuancer certaines phrases comme "il n'y a pas de limite entre ma vie et mon métier": j'avais assez longuement expliqué que les professeurs qui m'avaient marquée m'avaient donné la sensation d'être une vraie personne pour eux, de compter, ils montraient que leur métier faisait partie de leur vie. De la même manière, moi aussi, j'ai intégré mon métier à ma vie. Mais c'est une façon de voir l'existence. Je conçois tout à fait que d'autres cloisonnent les choses, si c'est leur mode de fonctionnement...
Bref, je ne suis pas une bonne soeur, je ne suis pas mystique, mais vous pouvez penser ce que vous voulez, après tout. Je trouve qu'un peu d'idéalisme, quand il n'empêche pas d'être lucide, n'a jamais tué personne, il permet même de vivre un peu mieux.
Enfin, je ne comprends pas trop pourquoi vous ne trouvez pas que travailler en équipe soit plutôt une bonne chose. Que peut-on dire contre l'équipe? Vous-même venez discuter sur un forum de profs, c'est déjà une équipe, non?
Bon, il est tard, je vais m'en tenir là. Bon courage à tous, et si vous me répondez, merci d'éviter les jugements hâtifs, les expressions blessantes; je suis un prof ordinaire, je ne prétends pas détenir la vérité, mais seulement un point de vue.
Cordialement,
Françoise Cahen
- JohnMédiateur
Je comprends beaucoup mieux, j'approuve, et je te remercie pour les précisions !Je comprends dans une certaine mesure les réactions plutôt saines de plusieurs d'entre vous au paragraphe de l'article qui a été cité. (Si tout l'article avait été cité, cela n'aurait peut-être pas produit le même effet). La journaliste y a compilé les propos les plus idéalistes que j'ai tenus au cours de plusieurs heures, a mis ces phrases bout à bout, ce qui produit un effet étrange d'exaltation excessive un peu ridicule quand on l'isole. (Et le profil idéologique de ce journal n'est pas étranger à l'orientation de ce paragraphe). Je comprends bien que cela puisse paraître "too much", en effet. En fait, j'ai une vie bien remplie en dehors de mon lycée, et mon métier est un des sens que je donne à ma vie, il n'est pas tout. Mais il est important, je ne vois pas pourquoi ce serait mal de le dire.
Ce sont là des paroles de bon sens : on est d'accord !Je suis aussi pour qu'il y ait une certaine distance avec les élèves (on ne peut pas être leurs parents, je le disais tout de même...) mais après, je trouve que c'est à chacun de trouver sa propre distance, son mode de fonctionnement. J'ai essayé la froideur et franchement, ce n'est pas mon mode de vie pédagogique, mais ça ,c'est à chacun de voir... J'avais dit aussi à la journaliste que j'estimais excellents des profs très différents de moi, qui n'utilisent pas du tout les TICE, ou qui ont une forme d'autorité volontairement forte... Si cela correspond à leur personnalité, c'est très bien. Mais je ne vois pas pourquoi on considérerait a contrario que tous les profs qui se servent des TICE ou qui tutoient leurs élèves sont forcément de mauvais enseignants, fous, dangereux, superficiels...
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"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- ProvenceEnchanteur
Merci d'être intervenue. A vous lire, j'ai le sentiment que vos propos ont été complètement transformés précisément parce qu'on leur a ôté toute nuance. C'est beaucoup plus intéressant de vous lire directement.
Bonne nuit!
Bonne nuit!
- MoonchildSage
Travailler en équipe, a priori, pourquoi pas ? Mais déjà ça dépend avec qui et surtout pour quoi faire ; parce que si c'est juste histoire de pouvoir raconter qu'on travaille en groupe... En fait, je crois que ce qui fait l'objet d'un refus massif auprès des intervenants du forum c'est surtout l'injonction à travailler en équipe à laquelle nous sommes de plus en plus soumis sans qu'elle soit appuyée par une véritable réflexion professionnelle.libellule électrique a écrit:Enfin, je ne comprends pas trop pourquoi vous ne trouvez pas que travailler en équipe soit plutôt une bonne chose. Que peut-on dire contre l'équipe ?
Il en est de même pour le rejet des TICE : il se peut que, par hasard, on puisse leur trouver quelques usages pertinents, mais cela ne rend pas moins insupportable le discours qui nous les présente comme une incontournable révolution de l'enseignement, comme la panacée pédagogique. Ce qui se passe actuellement, c'est qu'on nous refile des TNI que souvent nous n'avions pas demandés et on nous demande ensuite de leur trouver des utilisations ; normalement on conçoit un outil pour répondre à un besoin, mais là c'est le contraire, on nous impose l'outil et il faut inventer son usage...
D'ailleurs le titre du dossier dont vous parlez "enseigner autrement" est lui aussi sujet à polémique dans la mesure où "enseigner autrement" semble désormais être devenu un but en soi, un impératif aussi dogmatique qu'absurde. En plus ça fait penser au slogan "présider autrement" de Lionel Jospin en 2002 ; et ça se terminera vraisemblablement de la même manière...
- InvitéInvité
http://twitter.com/#!/MilaSaintAnne/status/145463843001344000
et la réponse de "libellule électrique"
http://twitter.com/#!/FCahen/status/145478794873024512
JDCJDR comme on dit sur Twitter...
et la réponse de "libellule électrique"
http://twitter.com/#!/FCahen/status/145478794873024512
JDCJDR comme on dit sur Twitter...
- Thalia de GMédiateur
Tu peux traduire, stp ?JDCJDR
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Le printemps a le parfum poignant de la nostalgie, et l'été un goût de cendres.
Soleil noir de mes mélancolies.
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