- neomathÉrudit
Sauf qu'à la différence de l'I.P.R. le proviseur est en contact permanent avec les profs, et que ses décisions et arbitrages, il doit au moins leur en rendre compte. Ce n'est vraiment pas la pression possible qui me paraît à craindre dans cette réforme, mais plutôt, au contraire, que le proviseur note tout le monde de la même manière pour ne pas s'attirer d'ennuis inutiles.
Cela n'arrivera pas. Rappelons que dans toutes les entreprises où ce modèle est déjà en place la règle est que le chef doit obligatoirement désigner un quota d'incapables. Sous peine de faire partie de la prochaine charrette. Puisqu'il est soumis au même traitement par ses propre chefs.
Donc pour avoir la paix, justement, un chef doit tous les ans trouver des victimes. C'est le côté pervers de ce système qui conduit au harcèlement, à la dépression et au suicide des plus faibles.
- Presse-puréeGrand sage
héhé, la constante macabre appliquée aux profs... Alors, dans 50 ans environ, vous pensez qu'on supprimera la notation des enseignants?
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Homines, dum docent, discunt.Sénèque, Epistulae Morales ad Lucilium VII, 8
"La culture est aussi une question de fierté, de rapport de soi à soi, d’esthétique, si l’on veut, en un mot de constitution du sujet humain." (Paul Veyne, La société romaine)
"Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres". La Boétie
"Confondre la culture et son appropriation inégalitaire du fait des conditions sociales : quelle erreur !" H. Pena-Ruiz
"Il vaut mieux qu'un élève sache tenir un balai plutôt qu'il ait été initié à la philosophie: c'est ça le socle commun" un IPR
- MoonchildSage
Ouaip, il est sans doute là le problème majeur de l'éduc' nat', dans les caprices mal dissimulés des profs qui ne mettent pas assez d'entrain à soutenir leurs apprenants en difficulté...Hannibal a écrit:Ou qu'il arrive parfois que des caprices se trouvent présentés à peu près comme si la transmission du savoir en dépendait.Moonchild a écrit:Il faut donc comprendre que demander des conditions propices à une transmission du savoir n'est qu'un caprice de profs trop gâtés ?
En pratique, c'est à quel moment et sous quelle forme qu'il rend compte de ses décisions ? Et que se passe-t-il s'il ne le fait pas ? Il se retrouve avec trois ou quatre profs faisant le gros dos ? c'est sûr que ca doit lui flanquer les chocottes...Sauf qu'à la différence de l'I.P.R. le proviseur est en contact permanent avec les profs, et que ses décisions et arbitrages, il doit au moins leur en rendre compte. Ce n'est vraiment pas la pression possible qui me paraît à craindre dans cette réforme, mais plutôt, au contraire, que le proviseur note tout le monde de la même manière pour ne pas s'attirer d'ennuis inutiles.
- HannibalHabitué du forum
Aurore a écrit:Des gagne-petit, disais-je...Presse-purée a écrit:Les profs sont les premiers responsables de ce qui leur arrive...
Quand on voit les collègues se battre pour les heures de remplacement...
Je me disais bien que vous étiez assez grande pour vous défendre.
Cela dit, comme je n'idéalise pas les profs plus que vous, je ne trouve toujours pas que ce soit une bonne idée de leur soumettre leur proviseur. Mais passons.
Je doute surtout que maîtriser entièrement la discipline soit aussi fondamental que ça pour juger du travail d'un prof, parce que le problème est rarement qu'un prof connaît mal la sienne, pour laquelle il a déjà été évalué par concours. Une fois qu'on s'est assuré que le prof de maths fait bien des maths, il s'agit surtout de juger d'autres choses, dont un IPR ne peut pas forcément se rendre compte en une visite ponctuelle sur un cours transformé en cérémonie, mais qu'un proviseur est bien mieux placé pour savoir.
Et de surcroît, je ne vois pas davantage en quoi un ipr serait forcément plus compétent que vous ou moi dans sa discipline. Je peux même vous dire que ce n'est pas exactement l'impression que m'a faite le dernier que j'ai vu.
Quant à l'alignement sur les Etats-Unis, je ne crois pas que la réforme en question crée une situation si comparable que cela à celle qui vous effraie là-bas.
Ce que je sais, c'est que l'évaluation actuelle est assez insatisfaisante pour que ce changement-là ne m'apparaisse pas d'avance comme un empirement, voire ait quelque chance d'être mieux. J'entends bien ce qu'on peut y objecter, mais j'ai beau réfléchir, je ne vois de toutes façons pas de manière indiscutable d'évaluer les enseignants, tout en voyant pourtant très bien la nécessité de les évaluer.
- Presse-puréeGrand sage
Le principal problème reste le changement des grilles d'avancement...
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Homines, dum docent, discunt.Sénèque, Epistulae Morales ad Lucilium VII, 8
"La culture est aussi une question de fierté, de rapport de soi à soi, d’esthétique, si l’on veut, en un mot de constitution du sujet humain." (Paul Veyne, La société romaine)
"Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres". La Boétie
"Confondre la culture et son appropriation inégalitaire du fait des conditions sociales : quelle erreur !" H. Pena-Ruiz
"Il vaut mieux qu'un élève sache tenir un balai plutôt qu'il ait été initié à la philosophie: c'est ça le socle commun" un IPR
- AuroreEsprit éclairé
Hannibal a écrit:
Cela dit, comme je n'idéalise pas les profs plus que vous, je ne trouve toujours pas que ce soit une bonne idée de leur soumettre leur proviseur. Ce n'est pas non plus ce que je préconise (ce n'était qu'une boutade). Pour moi, le rôle d'un CDE doit se limiter à l'administratif : il n'a ni compétence ni légitimité d'évaluer du pédagogique.
Je doute surtout que maîtriser entièrement la discipline soit aussi fondamental que ça pour juger du travail d'un prof, parce que le problème est rarement qu'un prof connaît mal la sienne je n'en suis pas si certaine ... , pour laquelle il a déjà été évalué par concours de moins en moins sélectif, comme on le sait. Une fois qu'on s'est assuré que le prof de maths fait bien des maths, il s'agit surtout de juger d'autres choses lesquelles ? , dont un IPR ne peut pas forcément se rendre compte en une visite ponctuelle sur un cours transformé en cérémonie, mais qu'un proviseur est bien mieux placé pour savoir. Non. un CDE n'étant pas présent pendant les cours, et ne connaissant rien de la discipline concernée, il ne peut donc se baser que sur des "on dit". Un peu léger tout de même pour décider de l'avancement d'un prof... D'autre part, je n'ai jamais affirmé qu'une seule visite de l'IPR suffisait !
Et de surcroît, je ne vois pas davantage en quoi un ipr serait forcément plus compétent que vous ou moi dans sa discipline. Je peux même vous dire que ce n'est pas exactement l'impression que m'a faite le dernier que j'ai vu. Certes, mais il devrait l'être, faute de quoi il perd toute légitimité. Cela relève du bon sens.
Quant à l'alignement sur les Etats-Unis, je ne crois pas que la réforme en question crée une situation si comparable que cela à celle qui vous effraie là-bas. Ben si. il s'agit ni plus ni moins de démanteler l'EN.
- DaphnéDemi-dieu
Hannibal a écrit:Ou qu'il arrive parfois que des caprices se trouvent présentés à peu près comme si la transmission du savoir en dépendait.Moonchild a écrit:Il faut donc comprendre que demander des conditions propices à une transmission du savoir n'est qu'un caprice de profs trop gâtés ?Moonchild a écrit:Sinon, c'est effectivement le CDE qui est le garant de la cohérence de son établissement, et pour que ça fonctionne il est nécessaire qu'il appuie ses professeurs, pas qu'il fasse pression sur eux.
Sauf qu'à la différence de l'I.P.R. le proviseur est en contact permanent avec les profs, et que ses décisions et arbitrages, il doit au moins leur en rendre compte. Ce n'est vraiment pas la pression possible qui me paraît à craindre dans cette réforme, mais plutôt, au contraire, que le proviseur note tout le monde de la même manière pour ne pas s'attirer d'ennuis inutiles.
Trop facile !! il aura des quotas à respecter
- BotentoushNiveau 10
Voila la pétition pour le retrait des textes:
http://retraitduprojetevaluation.net/
http://retraitduprojetevaluation.net/
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Faites gaffe au bottage en touche!!
docco est toujours en moi!
- HannibalHabitué du forum
Cela dit, comme je n'idéalise pas les profs plus que vous, je ne trouve toujours pas que ce soit une bonne idée de leur soumettre leur proviseur. Ce n'est pas non plus ce que je préconise (ce n'était qu'une boutade).
Il me semblait bien que ce n'était pas du même niveau que vos autres interventions.
Il paraît que je ne la prenais pas assez au sérieux tout de même, mais je crois que la courtoisie eût plutôt voulu que je m'aperçusse que boutade il devait y avoir.
Pour moi, le rôle d'un CDE doit se limiter à l'administratif : il n'a ni compétence ni légitimité d'évaluer du pédagogique.
Il a mieux que ça, il en a les moyens, alors qu'au fond l'IPR ne les a pas réellement, du moins dans l'état actuel des choses.
Je doute surtout que maîtriser entièrement la discipline soit aussi fondamental que ça pour juger du travail d'un prof, parce que le problème est rarement qu'un prof connaît mal la sienne je n'en suis pas si certaine ... , pour laquelle il a déjà été évalué par concours de moins en moins sélectif, comme on le sait. Une fois qu'on s'est assuré que le prof de maths fait bien des maths, il s'agit surtout de juger d'autres choses lesquelles ? , dont un IPR ne peut pas forcément se rendre compte en une visite ponctuelle sur un cours transformé en cérémonie, mais qu'un proviseur est bien mieux placé pour savoir. Non. un CDE n'étant pas présent pendant les cours, et ne connaissant rien de la discipline concernée, il ne peut donc se baser que sur des "on dit". Un peu léger tout de même pour décider de l'avancement d'un prof... D'autre part, je n'ai jamais affirmé qu'une seule visite de l'IPR suffisait !
Et de surcroît, je ne vois pas davantage en quoi un ipr serait forcément plus compétent que vous ou moi dans sa discipline. Je peux même vous dire que ce n'est pas exactement l'impression que m'a faite le dernier que j'ai vu. Certes, mais il devrait l'être, faute de quoi il perd toute légitimité. Cela relève du bon sens.
Ce qui me surprend tout de même, c'est que pour vous l'inspecteur est quasiment un jury de concours de niveau universitaire, voire qu'il a pour fonction de sanctionner a posteriori les défaillances disciplinaires que la dégradation des concours peut amener.
Dans ce cas, ce sont bien les concours qu'il faut revoir, non ? Surtout que dans le même temps, j'entends de toutes parts des gens m'assurer que le concours reste la garantie ultime de la légitimité, de l'autorité et de la compétence professionnelle de l'enseignant...
Et puis, d'autre part, il est évident je crois qu'on ne peut pas mettre en valeur sa virtuosité disciplinaire de la même manière face à des classes faibles, avec lesquelles on est bien obligé de simplifier, et face à des classes de niveau normal ou élevé.
Quant à l'alignement sur les Etats-Unis, je ne crois pas que la réforme en question crée une situation si comparable que cela à celle qui vous effraie là-bas. Ben si. il s'agit ni plus ni moins de démanteler l'EN.
Puis-je vous objecter respectueusement, en vous assurant ne point perdre de vue que cela se discute et que mon jugement ne demande qu'à être corrigé s'il extravague, que vous me paraissez ici céder à la tentation de dramatiser un brin ?
- AuroreEsprit éclairé
Hannibal,Hannibal a écrit:Cela dit, comme je n'idéalise pas les profs plus que vous, je ne trouve toujours pas que ce soit une bonne idée de leur soumettre leur proviseur. Ce n'est pas non plus ce que je préconise (ce n'était qu'une boutade).
Il me semblait bien que ce n'était pas du même niveau que vos autres interventions.
Il paraît que je ne la prenais pas assez au sérieux tout de même, mais je crois que la courtoisie eût plutôt voulu que je m'aperçusse que boutade il devait y avoir.
Pour moi, le rôle d'un CDE doit se limiter à l'administratif : il n'a ni compétence ni légitimité d'évaluer du pédagogique.
Il a mieux que ça, il en a les moyens, alors qu'au fond l'IPR ne les a pas réellement, du moins dans l'état actuel des choses.
Je doute surtout que maîtriser entièrement la discipline soit aussi fondamental que ça pour juger du travail d'un prof, parce que le problème est rarement qu'un prof connaît mal la sienne je n'en suis pas si certaine ... , pour laquelle il a déjà été évalué par concours de moins en moins sélectif, comme on le sait. Une fois qu'on s'est assuré que le prof de maths fait bien des maths, il s'agit surtout de juger d'autres choses lesquelles ? , dont un IPR ne peut pas forcément se rendre compte en une visite ponctuelle sur un cours transformé en cérémonie, mais qu'un proviseur est bien mieux placé pour savoir. Non. un CDE n'étant pas présent pendant les cours, et ne connaissant rien de la discipline concernée, il ne peut donc se baser que sur des "on dit". Un peu léger tout de même pour décider de l'avancement d'un prof... D'autre part, je n'ai jamais affirmé qu'une seule visite de l'IPR suffisait !
Et de surcroît, je ne vois pas davantage en quoi un ipr serait forcément plus compétent que vous ou moi dans sa discipline. Je peux même vous dire que ce n'est pas exactement l'impression que m'a faite le dernier que j'ai vu. Certes, mais il devrait l'être, faute de quoi il perd toute légitimité. Cela relève du bon sens.
Ce qui me surprend tout de même, c'est que pour vous l'inspecteur est quasiment un jury de concours de niveau universitaire, voire qu'il a pour fonction de sanctionner a posteriori les défaillances disciplinaires que la dégradation des concours peut amener.
Dans ce cas, ce sont bien les concours qu'il faut revoir, non ? Surtout que dans le même temps, j'entends de toutes parts des gens m'assurer que le concours reste la garantie ultime de la légitimité, de l'autorité et de la compétence professionnelle de l'enseignant...
Et puis, d'autre part, il est évident je crois qu'on ne peut pas mettre en valeur sa virtuosité disciplinaire de la même manière face à des classes faibles, avec lesquelles on est bien obligé de simplifier, et face à des classes de niveau normal ou élevé.
Quant à l'alignement sur les Etats-Unis, je ne crois pas que la réforme en question crée une situation si comparable que cela à celle qui vous effraie là-bas. Ben si. il s'agit ni plus ni moins de démanteler l'EN.
Puis-je vous objecter respectueusement, en vous assurant ne point perdre de vue que cela se discute et que mon jugement ne demande qu'à être corrigé s'il extravague, que vous me paraissez ici céder à la tentation de dramatiser un brin ?
- sur l'évaluation du/par le proviseur : cette fois en dehors de toute boutade, et pour recentrer le débat, je pense qu'il serait sain de maintenir une séparation des pouvoirs (comme dans le cas d'un système politique) et de ne pas les concentrer aux mains d'un CDE tout puissant. Sachant que les CDE sont et seront de plus en plus inféodés aux politiques, il est aisé d'en anticiper les dérives à venir.
- je ne peux concevoir comment un CDE peut évaluer la pertinence de contenus pédagogiques alors même qu'il ne connaît rien à la matière enseignée et manque donc de crédibilité. Cela ne me semble guère sérieux et constitue la porte ouverte au piston et au fayotage. Quant aux IPR, il convient effectivement de revoir leur rythme de visite afin qu'ils puissent juger de la progression effective des classes sur une durée donnée : nous sommes parfaitement d'accord là-dessus. Que cela réclame des moyens est un autre problème - mais on pourrait très bien dégraisser l'administration de l'EN de ses multiples parasites et supprimer tous les gadgets, remédiations, TPE et autres interdisciplinarités aussi chronophages que budgétivores, si l'on voulait vraiment dégager un budget pour cela !
- Si l'on veut que l'inspecteur juge réellement de la qualité de la transmission des connaissances et non pas de "savoirs-être" contestables car émanant d'une normalisation idéologique au sens soviétique du terme, il faut effectivement revoir l'exigence des concours à la hausse (alors qu'avec la masterisation on a fait précisément le contraire...) ET disposer d'inspecteurs à la fois de très haut niveau disciplinaire et disposant d'une grande expérience de l'enseignement.
- concernant la simplification face à des petits niveaux et/ou des classes faibles, je pense tout au contraire que la "virtuosité disciplinaire" - belle image ! - doit être encore plus poussée que face à des classes de niveau standard.
- enfin, j'attends avec intérêt vos arguments me démontrant que le fait de parler d'une baisse de la qualité de l'enseignement, d'un démantèlement en cours de l'EN et de l'alignement récurrent sur le modèle anglo-saxon relève de l'exagération et de la dramatisation.
- HannibalHabitué du forum
Aurore a écrit:
Hannibal,
- sur l'évaluation du/par le proviseur : cette fois en dehors de toute boutade, et pour recentrer le débat, je pense qu'il serait sain de maintenir une séparation des pouvoirs (comme dans le cas d'un système politique) et de ne pas les concentrer aux mains d'un CDE tout puissant. Sachant que les CDE sont et seront de plus en plus inféodés aux politiques, il est aisé d'en anticiper les dérives à venir.
Je n'en disconviens pas. Mais certains ipr sont aussi inféodés aux politiques, et encouragent tout autant le fayotage en promouvant les "savoir-être" et autres lubies pédagogiques qui nous hérissent. Je veux bien convenir des défauts que l'on trouve à la réforme, mais j'ai le sentiment que ce sont en bonne partie les mêmes que ceux du système précédent qui ne semblait pourtant pas déplaire autant que ça - ce qui m'étonne.
Les dérives mises à part, l'ipr a pour lui la compétence disciplinaire, le proviseur a pour lui le suivi dans la durée et la connaissance concrète des classes et des élèves, ce qui ne me paraît pas complètement sans intérêt. Idéalement, il faudrait sans doute les deux, mais je ne sais qui serait en position d'associer tous ces paramètres.
(...) Quant aux IPR, il convient effectivement de revoir leur rythme de visite afin qu'ils puissent juger de la progression effective des classes sur une durée donnée : nous sommes parfaitement d'accord là-dessus. Que cela réclame des moyens est un autre problème - mais on pourrait très bien dégraisser l'administration de l'EN de ses multiples parasites et supprimer tous les gadgets, remédiations, TPE et autres interdisciplinarités aussi chronophages que budgétivores, si l'on voulait vraiment dégager un budget pour cela !
Je vous approuve ici sans réserve.
- Si l'on veut que l'inspecteur juge réellement de la qualité de la transmission des connaissances et non pas de "savoirs-être" contestables car émanant d'une normalisation idéologique au sens soviétique du terme, il faut effectivement revoir l'exigence des concours à la hausse (alors qu'avec la masterisation on a fait précisément le contraire...) ET disposer d'inspecteurs à la fois de très haut niveau disciplinaire et disposant d'une grande expérience de l'enseignement.
Je suis bien d'accord aussi. Mais les gens qui seraient ainsi éligibles à la fonction d'ipr préfèreront souvent, je crois, se consacrer à leurs activités en prépa ou à la fac, plutôt que de faire la tournée de leurs collègues du secondaire, qu'ils ont déjà évalués lors des concours.
- concernant la simplification face à des petits niveaux et/ou des classes faibles, je pense tout au contraire que la "virtuosité disciplinaire" - belle image ! - doit être encore plus poussée que face à des classes de niveau standard.
Je n'en suis pas si sûr, mais la question est un peu polémique. Avouons tout de même qu'en une heure, on ne fait pas autant de choses et on n'approfondit pas autant avec une classe faible qu'avec une classe forte, et qu'on est du coup évalué sur une palette de compétences nécessairement moins riche.
Et puis, décidément, si l'inspection n'observe que du pur disciplinaire, à quoi sert-elle ? Autant s'en tenir au rang obtenu lors du concours, qui sur ce plan précis reste après tout un meilleur indicateur.
- enfin, j'attends avec intérêt vos arguments me démontrant que le fait de parler d'une baisse de la qualité de l'enseignement, d'un démantèlement en cours de l'EN et de l'alignement récurrent sur le modèle anglo-saxon relève de l'exagération et de la dramatisation.
Disons que démantèlement me paraît un peu fort tout de même : la structure tient bon et on n'en viendra pas à bout si facilement. Je m'inquiète moins pour l'écorce que pour la sève, si je peux me permettre une image - ou bien je dirais comme l'autre pour me rassurer sans optimisme : " Tout ce qui branle ne tombe pas. La contexture d'un si grand corps tient à plus d'un clou. Il tient même par son antiquité: comme les vieux bâtiments, auxquels l'âge a dérobé le pied, sans croûte et sans ciment, qui pourtant vivent et se soutiennent en leur propre poids "
Quant au modèle - ou plutôt au repoussoir - anglo-saxon, je crois qu'il n'a au fond aucune chance de se substituer réellement au nôtre, parce que traditions et mentalités s'y opposent profondément. On peut bien en faire un idéal chez les ultralibéraux ou un épouvantail chez les autres, cela reste un peu rhétorique, car les différences sont je crois beaucoup plus significatives et beaucoup plus profondes que les éventuels points communs, et me paraissent structurellement irréductibles. Je n'ai aucune inquiétude à ce niveau. On passe certainement d'un bon système français à un médiocre, mais on n'en fera jamais un système à l'anglo-saxonne pour autant, même si on le voulait - comme c'est peut-être le cas - si vous y tenez.
- AuroreEsprit éclairé
Hannibal a écrit:Aurore a écrit:
Hannibal,
- sur l'évaluation du/par le proviseur : cette fois en dehors de toute boutade, et pour recentrer le débat, je pense qu'il serait sain de maintenir une séparation des pouvoirs (comme dans le cas d'un système politique) et de ne pas les concentrer aux mains d'un CDE tout puissant. Sachant que les CDE sont et seront de plus en plus inféodés aux politiques, il est aisé d'en anticiper les dérives à venir.
Je n'en disconviens pas. Mais certains ipr sont aussi inféodés aux politiques, et encouragent tout autant le fayotage en promouvant les "savoir-être" et autres lubies pédagogiques qui nous hérissent c'est pour cela qu'il faut au préalable faire le ménage dans leurs rangs.. Je veux bien convenir des défauts que l'on trouve à la réforme, mais j'ai le sentiment que ce sont en bonne partie les mêmes que ceux du système précédent qui ne semblait pourtant pas déplaire autant que ça - ce qui m'étonne. On n'a pas fait fonctionner correctement le système actuel, et on s'empresse d'en trouver un autre que l'on sait pire
- Si l'on veut que l'inspecteur juge réellement de la qualité de la transmission des connaissances et non pas de "savoirs-être" contestables car émanant d'une normalisation idéologique au sens soviétique du terme, il faut effectivement revoir l'exigence des concours à la hausse (alors qu'avec la masterisation on a fait précisément le contraire...) ET disposer d'inspecteurs à la fois de très haut niveau disciplinaire et disposant d'une grande expérience de l'enseignement.
Je suis bien d'accord aussi. Mais les gens qui seraient ainsi éligibles à la fonction d'ipr préfèreront souvent, je crois, se consacrer à leurs activités en prépa ou à la fac, plutôt que de faire la tournée de leurs collègues du secondaire, qu'ils ont déjà évalués lors des concours. Il convient de rendre la fonction plus attractive (elle l'était d'ailleurs il y a quelques décennies, quand il y avait des grandes pointures parmi les inspecteurs)
- concernant la simplification face à des petits niveaux et/ou des classes faibles, je pense tout au contraire que la "virtuosité disciplinaire" - belle image ! - doit être encore plus poussée que face à des classes de niveau standard.
Je n'en suis pas si sûr, mais la question est un peu polémique. Avouons tout de même qu'en une heure, on ne fait pas autant de choses et on n'approfondit pas autant avec une classe faible qu'avec une classe forte, et qu'on est du coup évalué sur une palette de compétences nécessairement moins riche. Oui, mais les compétences du prof peuvent-elles être moins étendues pour autant ?
Et puis, décidément, si l'inspection n'observe que du pur disciplinaire, à quoi sert-elle ? Autant s'en tenir au rang obtenu lors du concours, qui sur ce plan précis reste après tout un meilleur indicateur. La formation personnelle de l'enseignant s'arrête-t-elle une fois le concours obtenu ?
- enfin, j'attends avec intérêt vos arguments me démontrant que le fait de parler d'une baisse de la qualité de l'enseignement, d'un démantèlement en cours de l'EN et de l'alignement récurrent sur le modèle anglo-saxon relève de l'exagération et de la dramatisation.
Disons que démantèlement me paraît un peu fort tout de même : la structure tient bon et on n'en viendra pas à bout si facilement. Je m'inquiète moins pour l'écorce que pour la sève, justement, j'ai le sentiment qu'on s'attaque désormais au squelette : au statut, aux missions fondamentales et à l'égalité territoriale (par le biais de l'autonomie que le PS comme l'UMP s'empressent de louer). Ce n'est pas rien...
Quant au modèle - ou plutôt au repoussoir - anglo-saxon, je crois qu'il n'a au fond aucune chance de se substituer réellement au nôtre, parce que traditions et mentalités s'y opposent profondément. On peut bien en faire un idéal chez les ultralibéraux ou un épouvantail chez les autres, cela reste un peu rhétorique, car les différences sont je crois beaucoup plus significatives et beaucoup plus profondes que les éventuels points communs, et me paraissent structurellement irréductibles. Je n'ai aucune inquiétude à ce niveau. Relisez la Crise de la Culture de H. Arendt... Ce n'est qu'une affaire de temps : l'Amérique nous a bien précédés sur ce chemin...
- Spinoza1670Esprit éclairé
Je ne fais que passer pendant la mi-temps du match Aurore-Hannibal.
Sur le modèle dit anglo-saxon, cf. un texte dont j'ai déjà maintes fois conseillé la lecture ici, je le mets en spoiler. Il concerne les USA. Il faudrait voir comment ça se passe en GB...
Sur le modèle dit anglo-saxon, cf. un texte dont j'ai déjà maintes fois conseillé la lecture ici, je le mets en spoiler. Il concerne les USA. Il faudrait voir comment ça se passe en GB...
- Spoiler:
- Volte-face d’une ministre américaine
par Diane Ravitch, octobre 2010
Lorsque je suis entrée dans l’administration de M. George H. W. Bush, en 1991, en tant que vice-ministre de l’éducation, je n’avais aucune idée arrêtée sur la question du « libre choix » en matière d’éducation ou sur celle de la responsabilisation des enseignants. Mais, lorsque j’ai quitté le gouvernement deux ans plus tard, je défendais le principe de la rémunération au mérite : j’estimais que les enseignants dont les élèves obtenaient les meilleurs résultats devaient être mieux payés que les autres. Je soutenais aussi la généralisation des tests d’évaluation, qui me semblaient utiles pour déterminer avec précision quelles écoles avaient besoin d’une aide supplémentaire. J’applaudis donc des deux mains quand, en 2001, le Congrès vota un texte allant en ce sens, la loi NCLB (« No Child Left Behind », pas d’enfant laissé sur le bord du chemin), et de nouveau lorsque, en 2002, le président George W. Bush signa son entrée en vigueur.
Aujourd’hui, en observant les effets concrets de ces politiques, j’ai changé d’avis : je considère désormais que la qualité de l’enseignement que reçoivent les enfants prime sur les problèmes de gestion, d’organisation ou d’évaluation des établissements.
La loi NCLB exige que chaque Etat évalue les capacités de lecture et de calcul de tous les élèves, de l’équivalent du CE2 à celui de la quatrième. Les résultats de chaque établissement sont ensuite ventilés en fonction de l’origine ethnique, du niveau de maîtrise de l’anglais, de l’existence éventuelle de handicaps et du revenu parental. Dans chacun des groupes ainsi constitués, un résultat de 100 % de réussite aux tests doit être atteint avant 2014. Si, dans une école, un seul de ces groupes n’affiche pas de progrès constants vers cet objectif, l’établissement est soumis à des sanctions dont la sévérité va croissant. La première année, l’école reçoit un avertissement. Puis tous les élèves (même ceux qui ont de bons résultats) se voient offrir la possibilité de changer d’établissement. La troisième année, les élèves les plus pauvres peuvent bénéficier de cours supplémentaires gratuits. Si l’école ne parvient pas à atteindre ses objectifs dans une période de cinq ans, elle s’expose à une privatisation, à une conversion en charter school (voir plus loin), à une restructuration complète ou, tout simplement, à une fermeture. Les employés peuvent alors être licenciés. Actuellement, environ un tiers des écoles publiques du pays (soit plus de trente mille) ont été cataloguées comme n’accomplissant pas de « progrès annuels satisfaisant s ».
Point crucial, la loi NCLB a laissé les Etats définir leurs propres modes d’évaluation. Ce qui a conduit certains d’entre eux à abaisser leur niveau d’exigence… de façon à permettre aux élèves d’atteindre plus facilement les objectifs. En conséquence, les améliorations du niveau scolaire affichées localement ne se traduisent pas toujours dans les tests fédéraux.
Le Congrès oblige les écoles à soumettre aléatoirement certains de leurs élèves à une évaluation nationale, le National Assessment of Educational Progress (NAEP), de manière à pouvoir comparer les résultats obtenus avec ceux fournis par les Etats. Ainsi, au Texas, où l’on se félicite d’un véritable miracle pédagogique, les scores en lecture stagnent depuis dix ans. De la même façon, alors que le Tennessee chiffrait à 90 % la part de ses élèves ayant atteint les objectifs de l’année 2007, l’estimation du NAEP — 26 % — s’avéra moins flatteuse.
Des milliards de dollars ont donc été dépensés pour mettre au point — puis faire passer — les batteries de tests nécessaires à ces différents systèmes d’évaluation. Dans nombre d’écoles, les enseignements ordinaires s’interrompent plusieurs mois avant la tenue des examens pour céder la place à la préparation intensive qui leur est consacrée. De nombreux spécialistes ont établi que tout ce travail ne bénéficie pas aux enfants, lesquels apprennent davantage à maîtriser les tests que les matières concernées.
Malgré le temps et l’argent investis, les scores au NAEP n’ont guère augmenté. Parfois, ils ont tout simplement stagné. En mathématiques, les progrès étaient même plus importants avant l’adoption de la loi NCLB qu’après. En lecture, le niveau se serait amélioré pour l’équivalent du CM1. Pour l’équivalent de la quatrième, les scores de 2009 sont les mêmes que ceux de 1998.
Cependant, le problème principal, ce ne sont pas les résultats eux-mêmes ni la manière dont les Etats et les villes manipulent les tests. La véritable victime de cet acharnement, c’est la qualité de l’enseignement. La lecture et le calcul étant devenus prioritaires, les enseignants, conscients que ces deux matières décideront de l’avenir de leur école et… de leur emploi, négligent les autres. L’histoire, la littérature, la géographie, les sciences, l’art, les langues étrangères et l’éducation civique sont relégués au rang de matières secondaires.
Depuis une quinzaine d’années, une autre proposition a piqué l’imagination de puissantes fondations et d’opulents représentants du secteur patronal : le « libre choix », qui s’incarne notamment dans les charter schools dont l’idée a germé à la fin des années 1980. Ces établissements ont depuis formé un vaste mouvement, qui regroupe un million et demi d’élèves et plus de cinq mille écoles. Financées par de l’argent public mais gérées comme des institutions privées, elles peuvent se soustraire à la plupart des réglementations en vigueur dans le système public. Ainsi, plus de 95 % d’entre elles refusent d’engager des enseignants syndiqués. Et, lorsque l’administration de l’Etat de New York a voulu auditer les charter schools qu’il avait autorisées, celles-ci sont allées en justice pour l’en empêcher : l’Etat devait leur faire confiance et les laisser procéder elles-mêmes à cet audit.
Le niveau de ces écoles est très inégal. Certaines sont excellentes, d’autres, catastrophiques. La plupart se situent entre les deux. Une seule évaluation en a été faite à l’échelle nationale, celle de Margaret Raymond, économiste à l’université de Stanford (1). Pourtant financée par la Walton Family Foundation, farouche partisane des charter schools, elle révèle que seuls 17 % de ces établissements affichent un niveau supérieur à celui d’une école publique comparable. Les 83 % restants obtiennent des résultats similaires ou inférieurs. Aux examens du NAEP en lecture et en mathématiques, les enfants fréquentant des charter schools obtiennent les mêmes scores que les autres, que l’on s’intéresse aux Noirs, aux Hispaniques, aux pauvres ou aux élèves habitant dans les grandes villes. Nonobstant, le modèle fait figure de remède miracle à tous les problèmes du système éducatif américain. Pour la droite bien sûr, mais aussi pour bon nombre de démocrates. Ces derniers ont même formé un groupe de pression, les Démocrates pour la réforme de l’éducation.
Certaines charter schools sont dirigées par des intérêts privés, d’autres par des associations à but non lucratif. Leur modèle de fonctionnement repose sur un fort taux de renouvellement du personnel, car les enseignants doivent travailler énormément (parfois soixante ou soixante-dix heures par semaine) et laisser leur téléphone portable allumé afin que les élèves puissent les joindre à tout moment. L’absence de syndicats facilite de telles conditions de travail.
Lorsque les médias s’intéressent au sujet, ils se focalisent très souvent sur des établissements exceptionnels. Intentionnellement ou non, ils donnent alors l’image de véritables « paradis » peuplés d’enseignants jeunes et dynamiques et d’élèves en uniforme, aux manières impeccables et tous capables d’entrer à l’université. Mais ces reportages négligent certains facteurs déterminants. Tout d’abord, les établissements de bon niveau recrutent leurs élèves dans les familles les plus mobilisées scolairement. Ensuite, ils acceptent moins d’élèves de langue maternelle étrangère, handicapés ou sans domicile fixe, ce qui leur donne un avantage par rapport aux écoles publiques. Enfin, ils ont le droit de renvoyer dans le public les éléments qui « font tache ».
Quand le mouvement en faveur des charter schools a pris son essor, il reposait sur la certitude que ces établissements seraient fondés et animés par des enseignants courageux et désintéressés, qui iraient à la rencontre des élèves les plus en difficulté. Libres d’innover, ils pourraient apprendre à mieux aider ces élèves et feraient bénéficier l’ensemble de la communauté des connaissances acquises lorsqu’ils réintégreraient le système public. Mais aujourd’hui ces établissements rivalisent ouvertement avec les écoles publiques. A Harlem, les établissements publics doivent lancer des campagnes de communication auprès des parents. Les budgets de 500 dollars (ou moins) qu’elles consacrent aux plaquettes et aux brochures promotionnelles font pâle figure à côté des 325 000 dollars alignés par le puissant groupe qui tente de les chasser du secteur.
En janvier 2009, lorsque l’administration de M. Barack Obama parvint au pouvoir, j’étais persuadée qu’elle annulerait la loi NCLB et repartirait sur des bases saines. C’est le contraire qui s’est produit : elle a épousé les idées et les choix les plus dangereux de l’ère George W. Bush. Baptisé « Race to the Top » (Course vers le sommet), son programme fait miroiter des subventions de 4,3 milliards de dollars à des Etats pris à la gorge par la crise économique. Pour bénéficier de cette manne, ces derniers doivent supprimer toute limite légale à l’implantation des charter schools. Ainsi, leur expansion vient réaliser le vieux rêve des businessmen de l’éducation et des partisans du tout-marché, qui aspirent à démanteler le système public.
Or, il est absurde d’évaluer les enseignants selon les résultats des élèves, car ceux-ci dépendent bien sûr de ce qui se passe en classe, mais aussi de facteurs extérieurs tels que les ressources, la motivation des élèves ou le soutien que peuvent leur apporter les parents. Pourtant, seuls les enseignants sont tenus pour responsables. Quant à la « transformation » des écoles en difficulté, il s’agit d’un euphémisme destiné à masquer le même type de mesures que celles imposées par la loi NCLB. Si les résultats ne s’améliorent pas rapidement, les établissements sont transférés à l’Etat concerné, fermés, privatisés ou transformés en charter schools. Lorsque les autorités de l’Etat de Rhode Island ont annoncé leur intention de licencier tout le personnel enseignant du seul lycée de la ville de Central Falls, leur décision a été applaudie par le secrétaire d’Etat à l’éducation, M. Arne Duncan, et par le président démocrate lui-même. Récemment, le personnel a été réembauché, à condition d’accepter de faire de plus longues journées et de fournir davantage d’aide personnalisée aux élèves.
L’accent mis par l’administration Obama sur l’évaluation a poussé les Etats à modifier leur législation dans l’espoir d’obtenir les fonds fédéraux dont ils ont cruellement besoin. La Floride vient de voter une loi qui interdit le recrutement d’enseignants débutants, fait dépendre la moitié de leur salaire des résultats de leurs élèves, supprime les budgets alloués à la formation continue et finance l’évaluation des élèves en prélevant 5 % sur le budget scolaire de chaque circonscription. Parents et enseignants ont uni leurs forces et sont parvenus à convaincre le gouverneur, M. Charlie Crist, de ne pas signer la loi, ce qui a probablement mis fin à sa carrière au sein du Parti républicain. Mais des mesures semblables sont prises un peu partout dans le pays.
Diane Ravitch
Chercheuse en sciences de l’éducation à l’université de New York. Elle a notamment publié The Death and Life of the Great American School System : How testing and Choice Are Undermining Education, Basic Books, New York, 2010.
Ce texte a été initialement publié dans The Nation (New York) du 14 juin 2010, sous le titre « Why I changed my mind ».
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« Let not any one pacify his conscience by the delusion that he can do no harm if he takes no part, and forms no opinion. Bad men need nothing more to compass their ends, than that good men should look on and do nothing. » (John Stuart Mill)
Littérature au primaire - Rédaction au primaire - Manuels anciens - Dessin au primaire - Apprendre à lire et à écrire - Maths au primaire - école : références - Leçons de choses.
- DurrutiNiveau 6
Yes Spinoza. Cet article est limpide. Le "jamais" n'existe pas en histoire.
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"Le péché de pratiquement tous les gens de gauche à partir de 1933 est d'avoir voulu être antifasciste sans être antitotalitaire"
Georges Orwell
- Karine B.Guide spirituel
quelques tracts : http://www.lille.snes.edu/spip.php?article2184
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Le SNES, what else ?
Stagiaire agrégée à la rentrée 2015
Blog Maison Avant / Après Mise à jour en août 2013
- DaphnéDemi-dieu
Aurore a écrit:
Je ne vois pas pourquoi je devrais accepter qu'une personne moins compétente que moi dans ma discipline soit chargée de me noter. Prenez-le comme un caprice.
Le problème c'est que les compétences disciplinaires et la transmission des savoirs n'entrent quasiment plus dans les critères d'évéluation
On sera noté sur le vent qu'on fait dans le cadre du projet d'établissement, la plurisdisciplinarité / transversalité des enseignements et notre aptitude à tenir une classe et "l'occupationner"
Ceci dit je vais me marrer, j'exigerai que l'entretien se déroule dans ma discipline à savoir la langue de Shakespeare et si le CDE n'est pas capable de converser "fluently" je m'en vais ! :malmaisbien:
- HannibalHabitué du forum
Aurore a écrit:Hannibal a écrit:Certains ipr sont aussi inféodés aux politiques, et encouragent tout autant le fayotage en promouvant les "savoir-être" et autres lubies pédagogiques qui nous hérissent c'est pour cela qu'il faut au préalable faire le ménage dans leurs rangs..
> Il y a deux choses : les orientations pédagogiques absurdes, dont on pourrait sans doute sortir si on le voulait bien, et les dérives possibles de part et d'autre, qui restent difficilement évitables au vu des positions respectives de l'enseignant et de l'inspecteur : un ipr hostile au pédagogisme n'aura pas forcément toutes les vertus non plus.
Je veux bien convenir des défauts que l'on trouve à la réforme, mais j'ai le sentiment que ce sont en bonne partie les mêmes que ceux du système précédent qui ne semblait pourtant pas déplaire autant que ça - ce qui m'étonne. On n'a pas fait fonctionner correctement le système actuel, et on s'empresse d'en trouver un autre que l'on sait pire
> Je crains que le système actuel ne puisse pas tant que cela fonctionner autrement que comme il le fait. Mais je veux bien regretter avec vous que l'on n'ait même pas essayé de le rendre moins contestable, parce qu'après tout, je ne demande pas mieux que de me tromper. J'ai en fait l'impression que l'on n'osait pas trop le critiquer de peur d'avoir pire - mais apparemment, cette prudence-là aura juste servi à sauter la case "amélioration".
(...) Les gens qui seraient ainsi éligibles à la fonction d'ipr préfèreront souvent, je crois, se consacrer à leurs activités en prépa ou à la fac, plutôt que de faire la tournée de leurs collègues du secondaire, qu'ils ont déjà évalués lors des concours. Il convient de rendre la fonction plus attractive (elle l'était d'ailleurs il y a quelques décennies, quand il y avait des grandes pointures parmi les inspecteurs)
> J'aurais aimé connaître cet heureux temps.
(...) Avouons tout de même qu'en une heure, on ne fait pas autant de choses et on n'approfondit pas autant avec une classe faible qu'avec une classe forte, et qu'on est du coup évalué sur une palette de compétences nécessairement moins riche. Oui, mais les compétences du prof peuvent-elles être moins étendues pour autant ?
> Je vais encore faire hurler, mais en ce qui concerne les compétences purement disciplinaires, je crois que oui - étant entendu que je n'oppose pas compétence et incompétence, mais compétence disciplinaire approfondie et compétence disciplinaire tout court.
Et puis, décidément, si l'inspection n'observe que du pur disciplinaire, à quoi sert-elle ? Autant s'en tenir au rang obtenu lors du concours, qui sur ce plan précis reste après tout un meilleur indicateur. La formation personnelle de l'enseignant s'arrête-t-elle une fois le concours obtenu ?
> Elle reste tout de même assez facultative, ce qui ne veut pas dire qu'elle s'arrête forcément. Mais on pourrait m'objecter qu'il arrive aussi qu'on régresse, disciplinairement parlant - même si on n'en enseigne pas forcément moins bien pour autant : simplement, on a changé de référentiel en quittant celui du supérieur pour celui du secondaire, les exigences n'y étant pas exactement les mêmes. Bref, je vous donne raison sur le fait que le niveau disciplinaire vérifié par le concours n'est pas définitif, dans un sens comme dans un autre. Mais je peine tout de même à admettre qu'il doive rester le seul objet de l'inspection (autant n'évaluer que la préparation du cours dans ce cas, ou se contenter d'un entretien individuel).
Il me semble aussi qu'il faut tout de même accepter de le rapporter aux niveaux auxquels on enseigne, plutôt que de le considérer uniquement en lui-même.
Disons que démantèlement me paraît un peu fort tout de même : la structure tient bon et on n'en viendra pas à bout si facilement. Je m'inquiète moins pour l'écorce que pour la sève, justement, j'ai le sentiment qu'on s'attaque désormais au squelette : au statut, aux missions fondamentales et à l'égalité territoriale (par le biais de l'autonomie que le PS comme l'UMP s'empressent de louer). Ce n'est pas rien...
> L'égalité territoriale et les missions fondamentales, ça fait bien plus longtemps que ça qu'elles sont compromises, et qu'elles ne sont plus qu'une sorte de voeu pieux sans grande réalité. Mais qu'on aille jusqu'à en abandonner l'idée ne me réjouit pas non plus, même si je me refuse à me payer uniquement de mots.
Quant au modèle - ou plutôt au repoussoir - anglo-saxon, je crois qu'il n'a au fond aucune chance de se substituer réellement au nôtre, parce que traditions et mentalités s'y opposent profondément. On peut bien en faire un idéal chez les ultralibéraux ou un épouvantail chez les autres, cela reste un peu rhétorique, car les différences sont je crois beaucoup plus significatives et beaucoup plus profondes que les éventuels points communs, et me paraissent structurellement irréductibles. Je n'ai aucune inquiétude à ce niveau. Relisez la Crise de la Culture de H. Arendt... Ce n'est qu'une affaire de temps : l'Amérique nous a bien précédés sur ce chemin...
> Je veux juste dire qu'on peut connaître des crises ou des évolutions comparables à celles de l'Amérique, dont je ne nie pas qu'elle nous influence, mais que les contextes restent tout de même différents, de sorte que ces crises ou ces évolutions n'ont pas tout à fait le même sens ici et là-bas.
Je tiens à saluer votre patience, pour finir.
Je me reconnais suffisamment dans la plupart de vos interventions sur ces sujets pour apprécier de pouvoir approfondir quelques points sur lesquels je ne vous rejoins pas à 100%.
- MalagaModérateur
Collier de Barbe a écrit:Moi la question qui me taraude sur cette réforme absurde (mon établissement est dirigée par un cuistre de premier ordre et un fainéant qui dit lui même que ce serait "trop de boulot" d'évaluer les profs?!) c'est
Les IPR vont-ils accepter d'être supprimés sans une protestation? Eux qui ont tant oeuvré pour noyer notre colère, notamment lors de la mise en place désastreuse de la "formation sans formation" depuis 2ans (ainsi ils ont dit aux stagiaires d'histoire géo: les récits de stagiaires qui dépriment ont été sollicités par les journalistes, sinon ça allait bien) eux qui prêchent généralement une servilité institutionnelle sans faille vont ils accepter d'être effacés et placardisés? Connaissant notamment un grand couillon du nord est de la région parisienne, j'attends cela avec plaisir.
Mais je ferai grève le 15, faut pas déconner non plus.
Un certain .
- IphigénieProphète
si vous voulez vous faire peur, lisez au BO la lettre de mission des personnels de direction et en particulier les exemples donnés pour un bon "pilotage".... Rien de très nouveau, mais tout est très clairement écrit: on change de métier.
http://www.education.gouv.fr/pid25535/bulletin_officiel.html?cid_bo=58334
http://www.education.gouv.fr/pid25535/bulletin_officiel.html?cid_bo=58334
- Thalia de GMédiateur
Moi, y un point qui me plaît beaucoupExemples d'axes de progrès
(liste, ni exhaustive ni limitative, donnée à titre indicatif)
Pilotage de l'établissement, notamment l'aspect management et aussi par exemple :
- gestion efficiente des moyens mis à disposition ;
- etc.
Politique pédagogique et éducative,
notamment la mise en œuvre des réformes (socle commun, accompagnement éducatif, réforme des lycées), la réussite des élèves (orientation, examens, poursuite d'études, insertion, etc.), la prévention de la violence (en particulier lutte contre le harcèlement) et le climat scolaire (bien-être des personnels, épanouissement des élèves, etc.)
- Spoiler:
- Je rappelle : Timeo Danaos et dona ferentes...
_________________
Le printemps a le parfum poignant de la nostalgie, et l'été un goût de cendres.
Soleil noir de mes mélancolies.
- IphigénieProphète
id est
- Spoiler:
- Poweo Danone et Loreal amantes?
- HéliandreExpert
Promouvoir le travail en équipe, l'individualisation, la différenciation pédagogique, l'accompagnement éducatif... Mais comment peut-on faire tout cela quand on n'a pas de temps ? Quand on a nos cours à préparer et de plus en plus de copies à corriger (car des classes de plus en plus chargées) ? Car, bon sang, il faut bien le faire, ce travail là !
Ou si "les compétences disciplinaires et la transmission des savoirs n'entrent quasiment plus dans les critères d'évaluation", on ne fait plus ce boulot ? On supprime les programmes, les notes ? Soyons clair, à un moment on ne peut pas tout faire non plus.
Ou si "les compétences disciplinaires et la transmission des savoirs n'entrent quasiment plus dans les critères d'évaluation", on ne fait plus ce boulot ? On supprime les programmes, les notes ? Soyons clair, à un moment on ne peut pas tout faire non plus.
- AuroreEsprit éclairé
Héliandre a écrit:Promouvoir le travail en équipe, l'individualisation, la différenciation pédagogique, l'accompagnement éducatif... Mais comment peut-on faire tout cela quand on n'a pas de temps ? Quand on a nos cours à préparer et de plus en plus de copies à corriger (car des classes de plus en plus chargées) ? Car, bon sang, il faut bien le faire, ce travail là !
Ou si "les compétences disciplinaires et la transmission des savoirs n'entrent quasiment plus dans les critères d'évaluation", on ne fait plus ce boulot ? On supprime les programmes, les notes ? Soyons clair, à un moment on ne peut pas tout faire non plus.
Et pourquoi à votre avis le PS et l'UMP veulent revoir les statuts de 1950 ?
- BotentoushNiveau 10
EVALUATION DES PERSONNELS D’ENSEIGNEMENT, D’EDUCATION ET D’ORIENTATION
Le ministère vient de communiquer aux organisations syndicales un nouveau projet de décret portant sur les modifications de l'évaluation des personnels d'enseignement, d'éducation et d'orientation.
Ces modifications ne touchent en rien le fond du conflit qui porte sur la place du chef d’établissement comme unique évaluateur de l’ensemble des activités des enseignants, ce qui de fait aboutit à ne pas reconnaître l’activité centrale de travail avec les élèves. Mais elles prouvent que la mobilisation traduite aujourd’hui par le nombre de signatures enregistrées pour la pétition et l’appel très unitaire à la grève commencent à porter leurs fruits
Ce nouveau projet contient deux modifications.
Sur les promotions dans la période transitoire
Contrairement à ce qui était prévu pour la période 2012 - 2015, les promotions se feront sur le même modèle qu'actuellement (ancienneté, petit choix, grand choix). De même pour la première année qui suivrait l'entretien professionnel (2015). Ce ne serait donc qu'à partir du 1er janvier 2016 que le processus serait mis en place pour une période exceptionnellement limitée à deux ans.
Sur l'évaluation elle-même
Les missions des corps d'inspection sont maintenus (inspection des personnels dans leur discipline) par suppression des article 73 et 74 de l'ancien projet.
Sur l'arrêté deux modifications sont intervenus :
Dans l'article 5 a été rajouté le mot "didactique": "les compétences notamment didactiques dans sa discipline ou ses domaines d'apprentissage"
Toujours dans l'article 5, il est rajouté concernant la pratique professionnelles : "Elle [la pratique professionnelle] s'inscrit dans le cadre des programmes scolaires officiels et de la mise en œuvre des réformes."
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Si le bougé sur la période transitoire est important, rien ne bouge sur ce qui est le cœur du dossier c'est à dire l'évaluation des enseignants par le seul chef d'établissement et la mise entre ses mains de nos évolutions de carrière.
Donc les raisons fondamentales de notre action demeurent.
Mais ce premier recul met en évidence que le rapport de force construit commence à avoir des effets et que le ministre prend conscience que c’est bien l’ensemble de nos professions qui, aujourd’hui, est en train de combattre son projet
Premier recul, faut accentuer la pression!!
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Faites gaffe au bottage en touche!!
docco est toujours en moi!
- HéliandreExpert
Oui, oui, je sais bien que c'est ce qui est prévu, Aurore. Et ce n'est pas ce que je souhaite. Pourtant je tenais à souligner qu'actuellement on est dans l'absurdité totale, avec l'accumulation des tâches jusqu'à l'écœurement et le pétage de plomb pour certains. C'est comme pour le socle, je me rappelle qu'en stage sur l'évaluation par compétence, il y a deux ou trois ans, nous avions demandé si la notation chiffrée serait maintenue. Les formateurs nous avaient rit au nez, expliquant que c'était impossible, que cela ferait beaucoup trop de travail... Résultat ça ne semble choquer personne qu'on ait l'obligation de mener les deux de front désormais.
Je ne cherche pas à dire par ce message que j'espère la suppression des programmes ou des notes, et j'ai bien lu que ça s'expérimente à droite et à gauche, sans doute avant extension, mais simplement à ce moment M qu'on ne peut pas tout faire (moi je n'y arrive pas, en tous cas). C'est pourtant ce qu'on nous demande actuellement.
Je ne cherche pas à dire par ce message que j'espère la suppression des programmes ou des notes, et j'ai bien lu que ça s'expérimente à droite et à gauche, sans doute avant extension, mais simplement à ce moment M qu'on ne peut pas tout faire (moi je n'y arrive pas, en tous cas). C'est pourtant ce qu'on nous demande actuellement.
- JPhMMDemi-dieu
docco a écrit:
EVALUATION DES PERSONNELS D’ENSEIGNEMENT, D’EDUCATION ET D’ORIENTATION
Le ministère vient de communiquer aux organisations syndicales un nouveau projet de décret portant sur les modifications de l'évaluation des personnels d'enseignement, d'éducation et d'orientation.
Ces modifications ne touchent en rien le fond du conflit qui porte sur la place du chef d’établissement comme unique évaluateur de l’ensemble des activités des enseignants, ce qui de fait aboutit à ne pas reconnaître l’activité centrale de travail avec les élèves. Mais elles prouvent que la mobilisation traduite aujourd’hui par le nombre de signatures enregistrées pour la pétition et l’appel très unitaire à la grève commencent à porter leurs fruits
Ce nouveau projet contient deux modifications.
Sur les promotions dans la période transitoire
Contrairement à ce qui était prévu pour la période 2012 - 2015, les promotions se feront sur le même modèle qu'actuellement (ancienneté, petit choix, grand choix). De même pour la première année qui suivrait l'entretien professionnel (2015). Ce ne serait donc qu'à partir du 1er janvier 2016 que le processus serait mis en place pour une période exceptionnellement limitée à deux ans.
Sur l'évaluation elle-même
Les missions des corps d'inspection sont maintenus (inspection des personnels dans leur discipline) par suppression des article 73 et 74 de l'ancien projet.
Sur l'arrêté deux modifications sont intervenus :
Dans l'article 5 a été rajouté le mot "didactique": "les compétences notamment didactiques dans sa discipline ou ses domaines d'apprentissage"
Toujours dans l'article 5, il est rajouté concernant la pratique professionnelles : "Elle [la pratique professionnelle] s'inscrit dans le cadre des programmes scolaires officiels et de la mise en œuvre des réformes."
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Si le bougé sur la période transitoire est important, rien ne bouge sur ce qui est le cœur du dossier c'est à dire l'évaluation des enseignants par le seul chef d'établissement et la mise entre ses mains de nos évolutions de carrière.
Donc les raisons fondamentales de notre action demeurent.
Mais ce premier recul met en évidence que le rapport de force construit commence à avoir des effets et que le ministre prend conscience que c’est bien l’ensemble de nos professions qui, aujourd’hui, est en train de combattre son projet
Premier recul, faut accentuer la pression!!
http://www.snes.edu/Le-nouveautes-du-projet-au-22.html
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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- Belgique : polémique autour de l'appel à la grève du 15 décembre 2014.
- Grève le 13 et 15 décembre 2011, vers un mouvement qui s'inscrira dans la durée ?
- Décembre 2013 : Mail de Vincent Peillon à tous les enseignants sur la refondation de l'école.
- La FSU appelle tous les agents de la fonction publique à la grève le 18 mars + appel commun CGT, FO, FSU, Solidaires
- Le très officiel C.A.S. se penche sur l'évaluation des enseignants et propose l'évaluation par les élèves + le coaching
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