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Polémique sur l'enseignement de l'histoire au collège : faut-il étudier le Monomotapa à la place de François Ier ?  - Page 2 Empty Re: Polémique sur l'enseignement de l'histoire au collège : faut-il étudier le Monomotapa à la place de François Ier ?

par Rikki Sam 27 Aoû 2011 - 16:36
Condorcet, ne te justifie pas : tu m'as donné une grande joie en ne connaissant pas le Monomotapa, pendant un court instant, je me suis sentie moins ignorante !

(car, bien entendu, je ne le connaissais pas non plus)
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par Thalia de G Sam 27 Aoû 2011 - 16:39
Rikki a écrit:(car, bien entendu, je ne le connaissais pas non plus)
Je connais depuis aujourd'hui. Vive Wikipédia !

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par Condorcet Sam 27 Aoû 2011 - 16:40
Thalia de G a écrit:
Rikki a écrit:(car, bien entendu, je ne le connaissais pas non plus)
Je connais depuis aujourd'hui. Vive Wikipédia !

D'un autre côté, comme je n'enseigne plus au collège, les dommages seront/seraient limités Rolling Eyes
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Polémique sur l'enseignement de l'histoire au collège : faut-il étudier le Monomotapa à la place de François Ier ?  - Page 2 Empty Re: Polémique sur l'enseignement de l'histoire au collège : faut-il étudier le Monomotapa à la place de François Ier ?

par Abraxas Sam 27 Aoû 2011 - 16:41
Thalia de G a écrit:
'étaient les programmes antérieurs qui étaient réellement grotesques.
Why ?

Les programmes antérieurs procédaient par sauts — sans continuité. Par exemple, on étidiait l'URSS en 2 heures à partir de 1928 — en gros, le stalinisme et le goulag. désormais, on commence en 17 — c'est déjà ça.
Et les programmes actuels ont réintroduit les personnages et les dates.
Par ailleurs, l'étude des royaumes africains permet de réintroduire l'histoire de la traite négrière hors occident — ce n'est pas rien.

Au départ, c'était beaucoup plus fouillé. Mais en commission (j'ai un témoin !), il y a eu des hurlements du SGEN et de l'UNSA (et à un moindre degré du SNES) qui ne voulaient pas entendre parler de la réintroduction de la chronologie. Bref, les programmes actuels sont l'objet d'un compromis, comme toujours — mais l'IG a en gros tenu contre les pédagos — avec des concessions.

Evidemment tout dépend de la façon dont les profs de terrain appliqueront le programme.
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par Abraxas Sam 27 Aoû 2011 - 16:43
Allez, pour le plaisir — plus je travaille sur LA Fontaine, plus je le trouve grand :

Deux vrais amis vivaient au Monomotapa :
L’un ne possédait rien qui n’appartînt à l’autre :
Les amis de ce pays-là
Valent bien dit-on ceux du nôtre.
Une nuit que chacun s’occupait au sommeil,
Et mettait à profit l’absence du Soleil,
Un de nos deux Amis sort du lit en alarme :
Il court chez son intime, éveille les valets :
Morphée avait touché le seuil de ce palais.
L’Ami couché s’étonne, il prend sa bourse, il s’arme ;
Vient trouver l’autre, et dit : Il vous arrive peu
De courir quand on dort ; vous me paraissiez homme
À mieux user du temps destiné pour le somme :
N’auriez-vous point perdu tout votre argent au jeu ?
En voici. S’il vous est venu quelque querelle,
J’ai mon épée, allons. Vous ennuyez-vous point
De coucher toujours seul ? Une esclave assez belle
Était à mes côtés : voulez-vous qu’on l’appelle ?
— Non, dit l’ami, ce n’est ni l’un ni l’autre point :
Je vous rends grâce de ce zèle.
Vous m’êtes en dormant un peu triste apparu ;
J’ai craint qu’il ne fût vrai, je suis vite accouru.
Ce maudit songe en est la cause.
Qui d’eux aimait le mieux, que t’en semble, Lecteur ?
Cette difficulté vaut bien qu’on la propose.
Qu’un ami véritable est une douce chose.
Il cherche vos besoins au fond de votre cœur ;
Il vous épargne la pudeur
De les lui découvrir vous-même.
Un songe, un rien, tout lui fait peur
Quand il s’agit de ce qu’il aime.

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par Condorcet Sam 27 Aoû 2011 - 16:44
Abraxas Polémique sur l'enseignement de l'histoire au collège : faut-il étudier le Monomotapa à la place de François Ier ?  - Page 2 2252222100
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par Thalia de G Sam 27 Aoû 2011 - 16:46
Ceux de 6è me paraissaient cohérents et pas grotesques. (et de plus ils avaient le mérite de "coller" en grande partie avec ma progression et permettait aux élèves d'avoir une double lecture, des textes fondateurs, au moins)

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par Thalia de G Sam 27 Aoû 2011 - 16:48
Abraxas, je ne connaissais pas cette fable, ou peut-être l'ai-je oubliée. Les ans en seraient-ils la cause ? heu

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par Condorcet Sam 27 Aoû 2011 - 16:52
Ce sont des programmes (en histoire) très modernes dans leur intitulé, négligeant probablement l'un des aspects fondamentaux de l'histoire, en l'occurrence son caractère révolu, irréversible et incertain.
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par Thalia de G Sam 27 Aoû 2011 - 16:54
condorcet a écrit:Ce sont des programmes (en histoire) très modernes dans leur intitulé, négligeant probablement l'un des aspects fondamentaux de l'histoire, en l'occurrence son caractère révolu, irréversible et incertain.
A qui dis-tu cela ? Tu peux expliciter ?

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par Condorcet Sam 27 Aoû 2011 - 17:02
La lecture de ces nouveaux programmes d'histoire au collège a fait naître en moi ces quelques remarques liminaires.

Je vais prendre un exemple dans le programme de 4ème :
" thème 4 : les difficultés de la monarchie sous Louis XVI. Connaissances
Trois aspects sont retenus : les aspirations à des réformes politiques
et sociales, l’impact politique de l’indépendance américaine,
l’impossible réforme financière. Connaître et utiliser les repères suivants
− Le règne de Louis XVI : 1774 – 1792
− La Révolution américaine : 1776 – 1783
Décrire et expliquer les principales difficultés de la monarchie française à la veille de la Révolution et quelques unes des aspirations contenues
dans les cahiers de doléances"

J'ai quelquefois l'impression qu'au collège comme dans le Guépard , "il faut que tout change pour que rien ne change" en histoire, qu'il y a des idéaux-types, des problèmes qui se reposent dans les mêmes termes et que ce qui est arrivé devait forcément advenir Razz
L'édifice histoire-géographie-éducation civique semble se justifier par l'idée qu'il existe une morale immanente à tout cela No
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par Thalia de G Sam 27 Aoû 2011 - 17:07
Ok. Je pensais que ta remarque précédente visait les anciens programmes.

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par John Sam 27 Aoû 2011 - 17:17
L'édifice histoire-géographie-éducation civique semble se justifier par l'idée qu'il existe une morale immanente à tout cela
Chercher des causes et des conséquences, ce n'est pas défendre une morale providentielle.

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par Celeborn Sam 27 Aoû 2011 - 17:19
Abraxas a écrit:
Les programmes antérieurs procédaient par sauts — sans continuité.

Les programmes actuels le font davantage encore, tout de même. Le haut Moyen Âge en 6e alors que les débuts du monde musulman sont en 5e ; la Chine et l'Inde en 6e qui ne présentent aucune continuité avec quoi que ce soit, de même que les empires africains en 5e…
La révolution russe était déjà étudiée dans les anciens programmes de 3e, comme conséquence de la 1eGM. Rien n'a changé de ce point de vue dans les nouveaux.

Non, vraiment, je ne vois pas vraiment l'amélioration dont vous parlez.

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par kiwi Sam 27 Aoû 2011 - 17:25
Celeborn a écrit:
Abraxas a écrit:
Les programmes antérieurs procédaient par sauts — sans continuité.

Les programmes actuels le font davantage encore, tout de même. Le haut Moyen Âge en 6e alors que les débuts du monde musulman sont en 5e ; la Chine et l'Inde en 6e qui ne présentent aucune continuité avec quoi que ce soit, de même que les empires africains en 5e…
La révolution russe était déjà étudiée dans les anciens programmes de 3e, comme conséquence de la 1eGM. Rien n'a changé de ce point de vue dans les nouveaux.

Non, vraiment, je ne vois pas vraiment l'amélioration dont vous parlez.

Il y a une continuité entre les empires africains (si tu prends le Mali) et l'Islam fait juste avant ; entre ce chapitre et le chapitre de 4ème consacré aux traites occidentales.
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par Condorcet Sam 27 Aoû 2011 - 17:26
John a écrit:
L'édifice histoire-géographie-éducation civique semble se justifier par l'idée qu'il existe une morale immanente à tout cela
Chercher des causes et des conséquences, ce n'est pas défendre une morale providentielle.

A la fin, toujours la République qui gagne, la Révolution française, résultat de siècles d'inquités (cf cahier de doléances) et surtout, au premier rang, le peuple Razz
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par Carabas Sam 27 Aoû 2011 - 17:28
John a écrit:
L'édifice histoire-géographie-éducation civique semble se justifier par l'idée qu'il existe une morale immanente à tout cela
Chercher des causes et des conséquences, ce n'est pas défendre une morale providentielle.
Non, mais on a l'impression que les programmes vont de plus en plus vers ça.


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par Celeborn Sam 27 Aoû 2011 - 17:47
kiwi a écrit:

Il y a une continuité entre les empires africains (si tu prends le Mali) et l'Islam fait juste avant

Eh oui… mais si tu ne le prends pas ? Ça, pour le coup, c'est un vrai problème de ces parties de programmes d'histoire, problème qu'on retrouve au lycée (et puissance 10 en géographie d'ailleurs) : l'histoire à la carte. Moi je fais ça, mon voisin fait autre chose, et à la fin, l'histoire est encore un peu + en miettes.

Maintenant, je suis d'accord pour dire que ces programmes, en collège, ne sont pas catastrophiques (on comparera avec ceux de géo, qui eux le sont, pour s'en convaincre). Mais il y a quand même un vrai problème d'organisation, que ce soit dans l'organisation entre la fin de la 6e et le début de la 5e d'une part, et le fait d'avoir collé Louis XIV au 20 juin d'autre part.

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par kiwi Sam 27 Aoû 2011 - 17:58
John a écrit:Ce que nos enfants n'apprennent plus au collège

Dimitri Casali Mis à jour le 26/08/2011 à 18:42 | publié le 27/08/2011 à 18:41 R

Le saviez-vous ? Clovis, Saint Louis ou François I er , mais aussi Henri IV, Louis XIV ou Napoléon ne sont plus étudiés dans les collèges français ! Rayés des programmes ou relégués en option. Faux. On aborde toujours Henri IV quand on travaille sur les guerres de religion. Napoléon Ier également n'a certainement pas disparu des programmes. Louis XIV fait l'objet d'un chapitre entier. Quant à Clovis et François Ier dans les anciens programmes, ils étaient réduits à la portion congrue et de toute manière, François Ier, je n'ai jamais eu le temps de le traiter...

Clovis, Charles Martel, Hugues Capet, Louis IX, dit Saint Louis, François Ier, Louis XIII ont disparu des instructions officielles de sixième et de cinquième. Le programme de sixième passe sans transition de l'Empire romain au IIIe siècle à l'empire de Charlemagne, soit une impasse de six siècles. Les migrations des IVe et Ve siècles (les fameuses «invasions barbares»), pourtant fondamentales dans l'histoire de l'Europe, ne sont plus évoquées. Louis XIII à ma connaissance n'a jamais été étudié et n'a jamais fait partie des repères dans l'ancien programme. Pas la peine donc de crier au scandale. Pour le reste sur le programme de 6ème, je ne m'étends pas puisque je ne connais pas ce programme.

Ces absences sont incompréhensibles. Comment comprendre la naissance du royaume de France sans évoquer Clovis? Comment mesurer «l'émergence de l'Etat en France » sans appréhender le règne de Louis IX? La Renaissance sans connaître François Ier? «L'affirmation de l'Etat » sans expliquer Louis XIII et Richelieu? Tous les historiens s'accordent sur l'importance de ces personnages et de leur œuvre, non seulement politique, mais aussi économique et culturelle.

Le règne de Louis XIV est quant à lui relégué à la fin d'un programme de cinquième qui s'étend sur plus de mille ans d'Histoire. Faire étudier aux élèves en fin d'année scolaire cette longue période (1643-1715) tient de la mission impossible, sachant que les enseignants peinent à boucler des programmes surchargés. Ce règne est de plus noyé dans un thème «L'émergence du "roi absolu" » qui s'étend du début du XVIe siècle au début du XVIIIe siècle. C'est ainsi tout un pan de l'histoire de France qui risque d'être partiellement ou - au pire - pas du tout traité. Le règne de Louis XIV est pourtant décisif, tant dans l'affirmation du «pouvoir absolu» que dans le rayonnement de la civilisation française, en France et à l'étranger, à la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle. Le Brun, Le Nôtre, Hardouin-Mansart, Lully, La Fontaine, Corneille... Autant d'artistes et d'écrivains qui risquent de n'être jamais évoqués dans les classes. Navrée, mais même si ce programme est chargé, j'ai eu le temps de traiter Louis XIV. Mes élèves savent donc qui était ce personnage, ce qu'est l'absolutisme et connaissent les architectes de Versailles... Ils en connaissent d'ailleurs beaucoup sur Versailles, et pas seulement parce qu'on habite à côté...

A côté des «oubliés» et des «relégués» des programmes, il y a les «optionnels»... L'une des originalités des nouveaux programmes réside en effet dans le système des options, censé permettre à l'enseignant de construire son propre parcours pédagogique. Si cette démarche est intéressante, elle n'en montre pas moins rapidement ses limites... Ainsi, dans le thème 1 («Les bouleversements culturels et intellectuels») de la partie IV («Vers la modernité») du programme de cinquième, les enseignants doivent faire étudier «la vie et l'œuvre d'un artiste ou d'un mécène de la Renaissance ou un lieu et ses œuvres d'art». Ils pourront donc enseigner, par exemple, Léonard de Vinci ou Laurent de Médicis ou la chapelle Sixtine, mais pas les trois. Dans le thème 2 («L'émergence du "roi absolu"») de la partie IV, ils doivent choisir un règne entre le XVIe siècle et 1715. François Ier, Henri IV, Louis XIII ou Louis XIV. Le choix est impossible. Le métier d'enseignant est justement de faire des choix... Le mieux est à mon avis louis XIV évidemment. Quant aux personnages de la Renaissance énumérés ci-dessus, il s'agit d'en faire une étude de cas. Libre à l'enseignant ensuite, dans la contextualisation, d'évoquer les oeuvres d'autres artistes. Ce n'est pas un problème.

Parmi ces périodes optionnelles figure le premier Empire (1804-1815). En classe de quatrième, dans le seul chapitre consacré à la Révolution et l'Empire, «La fondation d'une France moderne», l'étude doit être menée à travers un sujet donné. Il y a cinq propositions, dont trois excluent totalement la période impériale:

- Invention de la vie politique;

- Le peuple dans la Révolution;

- La Révolution et les femmes;

- La Révolution, l'Empire et les religions;

- La Révolution, l'Empire et la guerre.

Bref, le premier Empire ne donnera lieu, au mieux, qu'à un éclairage thématique. Dans trois cas sur cinq, il ne sera pas étudié ! Ajoutons que cette période a disparu du nouveau programme de seconde. Hum... Je conseille vivement à ce monsieur de lire le BO. Napoléon et le 1er empire auront été traités dans le 1er thème consacré aux grandes phases de la période révolutionnaire (qui dans le BO va jusqu'en 1815...). Que personne ne s'inquiète, je doute qu'un seul enseignant puisse traiter ce 1er thème dans le temps imparti par le programme. De ce fait, on parlera comme avant de Napoléon.

A-t-on peur des grands personnages?

Clovis, Louis IX, François Ier, Louis XIII, Louis XIV, Napoléon Ier... La disparition ou l'amenuisement de ces souverains et de leur règne laisseraient-ils penser qu'ils n'ont plus de réalité historique? Leur importance n'est pourtant pas remise en cause par les historiens. Comment expliquer alors «l'optionnalisation» du premier Empire en quatrième et sa disparition en seconde? S'agirait-il de gommer un régime jugé trop autoritaire, trop militariste et trop expansionniste? De même, Clovis et Louis IX, dit Saint Louis, seraient-ils devenus trop politiquement «connotés» pour être cités dans les instructions officielles? La même question peut être posée concernant la relégation du règne de Louis XIV en fin de programme de cinquième. Pourquoi faire disparaître ou réduire des règnes notamment caractérisés par le rayonnement de la France à l'étranger? Il est à craindre que la règle du «politiquement correct» ait été appliquée aux programmes, conception moralisatrice de l'enseignement qui tient de la manipulation de l'Histoire. Il est évident que les programmes scolaires sont (et ont toujours été) corrélés au pouvoir politique en place ainsi qu'aux attentes sociétales.

Faire étudier aux élèves Clovis, François Ier ou Napoléon Ier n'a pourtant rien de réactionnaire en soi. Il ne s'agit bien évidemment pas d'en revenir à une lecture hagiographique, providentielle, épique, patriotique ou dogmatique des «grands personnages», que des générations d'historiens ont bien heureusement remise en cause et déconstruite. Au contraire, il faut présenter aux élèves la complexité de ces hommes, inscrits dans leur époque, sans anachronisme, ni tabou, ni mythologie, et à la lumière des dernières recherches historiques. C'est justement l'étude de leur vie, de leurs actions, de leurs œuvres, de leurs façons de concevoir le monde qui les débarrassera des clichés, des stéréotypes et des images d'Epinal. L'Histoire est toujours la meilleure réponse au mythe. Ces personnages ont aussi une valeur pédagogique car ils permettent d'humaniser une Histoire souvent désincarnée, et sont susceptibles de susciter chez les enfants une véritable émotion, assez proche de celle ressentie lors d'un spectacle. Ces personnages sont moins mis en avant au profit d'autres (ex : Philippe Auguste pour la construction de l'Etat, Léonard de Vinci...). La démarche utilisée dans les nouveaux programme est la même que ce Monsieur préconise.

Ce ne sont pas seulement des personnages historiques, des périodes et des règnes majeurs qui sont écartés, réduits à la portion congrue ou devenus optionnels. Des textes fondateurs, des traités et des lois décisives sont tout simplement passés à la trappe: le serment de Strasbourg (842), l'un des plus anciens textes en langue romane, le lointain ancêtre du français; le partage de Verdun (843), qui dessine une nouvelle carte de l'Europe d'où sont issus les Etats européens; l'ordonnance de Villers-Cotterêts (1539), qui impose l'usage du français dans l'administration à la place du latin, constituant ainsi une étape clé dans l'unification du royaume de France. La relégation du règne de Louis XIV en fin de programme de cinquième rend extrêmement difficile sinon impossible l'étude de la révocation de l'édit de Nantes (1685), qui marque l'interdiction du protestantisme en France et entraîne l'exil de plus de 250.000 protestants. L'histoire des arts n'est pas épargnée. Le précédent programme de quatrième prévoyait l'étude d'extraits du Bourgeois gentilhomme (1670), des Châtiments (1853) et des Misérables (1862), permettant d'inscrire Molière et Victor Hugo dans leur époque, de mesurer l'importance historique de leur œuvre et de faire prendre conscience aux élèves de leur génie littéraire. Or, les deux plus grands auteurs de la littérature française ont disparu des nouveaux programmes... Et ils foutent quoi les élèves en lettres alors? Ils s'astiquent le flageolet? Molière ou Hugo sont archi vus et revus tout au long d'un cursus scolaire en lettres et détrompez-moi, mais il me semble que les oeuvres sont systématiquement replacées dans leur contexte d'écriture avant d'en analyser des extraits. Est-ce utile de voir et revoir ça encore en histoire? Quant aux textes soit-disant fondateurs, non mais là je me marre... J'ignorais jusqu'à l'existence de ces textes jusqu'à mes années fac. En suis-je morte? La question qu'on doit se poser c'est : "qu'est-il indispensable de savoir avant de quitter le collège?" Croyez-vous que de connaître les tenants et les aboutissants du serment de Strasbourg soit fondamental? On a face à nous des collégiens et un horaire hebdo de 3h, pas des étudiants de fac d'histoire... Il faut être réaliste un petit peu.

Le risque du «zapping» historique

Les instructions officielles imposent l'étude de plusieurs civilisations extra-européennes à certaines périodes:

Au choix, «la Chine des Hans à son apogée», c'est-à-dire sous le règne de l'empereur Wu (140-87 avant J.-C.), ou «l'Inde classique aux IVe et Ve siècles», au sein de la partie «Regards sur des mondes lointains» représentant 10 % du temps consacré à l'Histoire de la classe de sixième - Au choix, l'empire du Ghana (VIIIe-XIIe siècles), l'empire du Mali (XIIIe-XIVe siècles), l'empire Songhaï (XIIe-XVIe siècles) ou le Monomotapa (XVe-XVIe siècles), au sein de la partie «Regards sur l'Afrique» représentant 10 % du temps consacré à l'Histoire de la classe de cinquième. Cette partie comprend l'étude de la naissance et du développement des traites négrières (traites orientales et internes à l'Afrique noire).

La connaissance des histoires de la Chine, de l'Inde ou de l'Afrique est importante et passionnante, notamment à l'heure de la mondialisation. Cependant, force est de constater que, mathématiquement, ces nouvelles thématiques s'intègrent dans les programmes aux dépens de parties capitales de l'histoire de France ou de l'Europe. Il ne s'agit pas, bien sûr, d'établir une quelconque hiérarchie aberrante entre les civilisations: le règne de Louis XIV (1643-1715) n'est ni supérieur ni inférieur à celui de Kankou Moussa, roi du Mali de 1312 à 1332. Il faut tout simplement parvenir à un bon équilibre entre l'étude de l'histoire de France et celle des civilisations extra-européennes. Hum... "Un bon équilibre", mais il sait compter le Monsieur?! 10% du temps consacré à l'étude de la Chine ou d'un empire africains dans une année entière...

Le contraste est saisissant avec le nouveau programme de seconde qui est, quant à lui, marqué par un européocentrisme caricatural. Le monde n'y est en effet perçu qu'à l'aune de l'Europe: «Les Européens dans le peuplement de la Terre», «Nouveaux horizons géographiques et culturels des Européens à l'époque moderne»... L'ancienne partie consacrée à «La Méditerranée au XIIe siècle: carrefour de trois civilisations», qui permettait de mesurer les échanges, les contacts (pacifiques et conflictuels) et les influences entre l'Occident chrétien, l'Empire byzantin et le monde musulman a disparu, au profit d'une lecture strictement européenne du Moyen Age. Il aurait bien mieux valu prioriser en collège l'étude de l'histoire du bassin méditerranéen, de la France et de l'Europe pour approfondir au lycée l'étude des civilisations extra-européennes en leur consacrant une vraie place dans les programmes, bien loin du «zapping» proposé en cinquième.

La place des traites négrières dans les programmes de collège soulève un autre questionnement. Elles sont mentionnées cinq fois dans le seul encadré du programme consacré à la partie «Regards sur l'Afrique», avant de donner lieu à un thème du programme de quatrième, «Les traites négrières et l'esclavage», puis à une étude de l'abolition de l'esclavage en France en 1848 dans le thème 2. Il aurait probablement mieux valu resserrer l'étude des différentes traites négrières sans, bien entendu, dénaturer cette réalité historique fondamentale.

L'histoire de France facilite l'intégration

L'argument souvent utilisé selon lequel ces nouveaux programmes ont notamment été conçus pour épouser la diversité culturelle des élèves est contestable. Ce raisonnement risquerait d'aboutir à un éparpillement des thèmes et des champs d'étude, rendant encore plus difficile l'assimilation des connaissances. Pourquoi ne pas considérer que les élèves, quelle que soit leur origine, sont français et, à ce titre, ont droit à l'histoire de France la plus complète? Il serait ainsi particulièrement intéressant d'intégrer dans les programmes des séquences de cours sur l'histoire de l'immigration en France et en Europe, du Moyen Age à nos jours. Pourquoi ne pas proposer des dossiers consacrés à ces immigrés qui ont fait la France, qu'ils soient des anonymes ou des « grands personnages»? Selon une enquête de l'Ined (rapport «Trajectoires et origines», 2010), bien que de nationalité française, 37 % des jeunes d'origine étrangère ne se sentent pas français. Pour épouser la diversité culturelle des élèves, rien ne vaut l'histoire de France... Les parcours de Blaise Diagne, premier ressortissant d'Afrique noire à devenir ministre, ou de Romain Gary (Roman Kacew de son vrai nom) sont, à ce titre, exemplaires. «Je n'ai pas une goutte de sang français dans mes veines mais la France coule dans mes veines», aimait à rappeler ce dernier. En étudiant les Guyanais Félix Eboué et Gaston Monnerville, premier homme noir à devenir président du Sénat, on peut montrer toute l'importance de l'Outre-Mer dans l'histoire de France. La culture est la base de notre société et cette culture est notamment fondée sur la connaissance de l'histoire du pays où l'on vit, quelle que soit son origine géographique. Comme dit l'adage, on ne comprend que ce que l'on connaît. L'Histoire est une garantie d'intégration, car elle est un moyen d'accéder aux modes de compréhension de notre société.

Rétrograde, la chronologie ?

La disparition de dates et de périodes capitales de l'histoire de France ainsi que le système des options aboutissent à une Histoire à trous, lacunaire, atomisée, qui rend beaucoup plus difficile l'assimilation par les élèves de la chronologie, cette juste représentation de la profondeur historique. Le nouveau programme de première est à ce titre édifiant. Il repose sur un système de modules non pas chronologiques mais thématiques, qui peuvent être disposés dans n'importe quel ordre: «La guerre au XXe siècle»; «Le siècle des totalitarismes»; «Les Français et la République»... Avec ce système, il devient beaucoup plus difficile d'expliquer le rôle déterminant de la Première Guerre mondiale dans la genèse des totalitarismes, ou même le rôle du totalitarisme nazi dans le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. La chronologie serait-elle devenue démodée? Un comble, car l'Histoire est comme une langue dont la chronologie est la grammaire. Sans elle, notre connaissance du passé est vouée à l'anachronisme, cette incapacité d'inscrire un événement ou un personnage dans son contexte. Sans elle, nous sommes voués à l'amnésie...»
Les repères sont toujours là, pas plus mais pas moins qu'avant. Mes élèves de 5èmes ont étudié de nombreux repères chronologiques cette année, pas d'inquiétude. Il évoque le programme de 3ème. Je ne l'ai pas étudié pour le moment, je me garderai donc de faire des commentaires.

Bref, j'avais déjà eu vent sur le net il y a quelques temps de cet article... Je vois que Monsieur Casali a au moins lu le BO par rapport à sa première moûture, truffée d'âneries... puisque là il a modifié certaines choses. Loin de moi l'idée de défendre ces nouveaux programmes, très difficiles à mettre en pratique sur le terrain. Mais lire autant de bêtises sur le BO m'exaspère. Ce Monsieur prône un enseignement de l'histoire tel qu'il existait il y a 50ans... Il peut donc largement cracher sur l'ancien programme aussi.
kiwi
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par kiwi Sam 27 Aoû 2011 - 18:02
Celeborn a écrit:
kiwi a écrit:

Il y a une continuité entre les empires africains (si tu prends le Mali) et l'Islam fait juste avant

Eh oui… mais si tu ne le prends pas ? Ça, pour le coup, c'est un vrai problème de ces parties de programmes d'histoire, problème qu'on retrouve au lycée (et puissance 10 en géographie d'ailleurs) : l'histoire à la carte. Moi je fais ça, mon voisin fait autre chose, et à la fin, l'histoire est encore un peu + en miettes.

Maintenant, je suis d'accord pour dire que ces programmes, en collège, ne sont pas catastrophiques (on comparera avec ceux de géo, qui eux le sont, pour s'en convaincre). Mais il y a quand même un vrai problème d'organisation, que ce soit dans l'organisation entre la fin de la 6e et le début de la 5e d'une part, et le fait d'avoir collé Louis XIV au 20 juin d'autre part.

Le Mali, le Songhai étaient des empires musulmans. Donc deux choix sur quatre permettant de faire des ponts. Suffit de réfléchir un peu quand on prépare sa progression. C'est notre job quand même.
Pour les problèmes sur la liaison 6è-5è... On est bien d'accord. Cela avait été soumis, mais non retenu (ah si, l'Islam était remis en 5ème...).
Louis XIV au 20juin... A toi de construire ta progression correctement : je l'ai pour ma part traité fin mai début juin. Et j'ai eu le temps de le finir ce chapitre. Faut voir les priorités dans un programme et clairement, Louis XIV en est une, ne serait-ce que pour assurer la continuité avec les programmes de 4ème. J'ai ensuite fait un chapitre de géo. Et l'EC est passé à la trappe.
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par Celeborn Sam 27 Aoû 2011 - 18:05
kiwi a écrit:A toi de construire ta progression correctement :

Moi j'enseigne le français, alors ça va Smile. Mais je suis de près les programmes d'HG car ma meilleure amie et collègue est prof d'HG dans mon établissement (et on bosse très souvent ensemble). C'est généralement l'EC qui passe à la trappe chez elle aussi, à l'arrivée, d'ailleurs Wink.


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par kiwi Sam 27 Aoû 2011 - 18:16
Celeborn a écrit:
kiwi a écrit:A toi de construire ta progression correctement :

Moi j'enseigne le français, alors ça va Smile. Mais je suis de près les programmes d'HG car ma meilleure amie et collègue est prof d'HG dans mon établissement (et on bosse très souvent ensemble). C'est généralement l'EC qui passe à la trappe chez elle aussi, à l'arrivée, d'ailleurs Wink.


Je ne m'adressais pas à toi directement, c'était un "tu" plus général! A chaque prof de faire une progression cohérente, tenable, avec des choix axés sur les priorités... C'est sur que voilà : entre Louis XIV et un thème d'EC sur la sécurité, j'ai vite fait mon choix!!! Smile
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par Marie Laetitia Sam 27 Aoû 2011 - 19:17
Kiwi, si tu continues comme cela, je vais être dans l'obligation de te demander en mariage... Razz
Spoiler:

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Si tu crois encore qu'il nous faut descendre dans le creux des rues pour monter au pouvoir, si tu crois encore au rêve du grand soir, et que nos ennemis, il faut aller les pendre... Aucun rêve, jamais, ne mérite une guerre. L'avenir dépend des révolutionnaires, mais se moque bien des petits révoltés. L'avenir ne veut ni feu ni sang ni guerre. Ne sois pas de ceux-là qui vont nous les donner (J. Brel, La Bastille)


Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. [...] Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...


Et on ne dit pas "voir(e) même" mais "voire" ou "même".
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par John Sam 27 Aoû 2011 - 19:19
C'est pas grave, ML, tu peux toujours le lui demander : tu sais bien que tu n'en aurais pas le droit (fin de la parenthèse).

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par Condorcet Sam 27 Aoû 2011 - 19:28
Celeborn a écrit:
kiwi a écrit:

Il y a une continuité entre les empires africains (si tu prends le Mali) et l'Islam fait juste avant

Eh oui… mais si tu ne le prends pas ? Ça, pour le coup, c'est un vrai problème de ces parties de programmes d'histoire, problème qu'on retrouve au lycée (et puissance 10 en géographie d'ailleurs) : l'histoire à la carte. Moi je fais ça, mon voisin fait autre chose, et à la fin, l'histoire est encore un peu + en miettes.

Maintenant, je suis d'accord pour dire que ces programmes, en collège, ne sont pas catastrophiques (on comparera avec ceux de géo, qui eux le sont, pour s'en convaincre). Mais il y a quand même un vrai problème d'organisation, que ce soit dans l'organisation entre la fin de la 6e et le début de la 5e d'une part, et le fait d'avoir collé Louis XIV au 20 juin d'autre part.

Celeborn soulève un problème très important. Polémique sur l'enseignement de l'histoire au collège : faut-il étudier le Monomotapa à la place de François Ier ?  - Page 2 2252222100
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par Condorcet Sam 27 Aoû 2011 - 19:30
kiwi a écrit:
Celeborn a écrit:
kiwi a écrit:

Il y a une continuité entre les empires africains (si tu prends le Mali) et l'Islam fait juste avant

Eh oui… mais si tu ne le prends pas ? Ça, pour le coup, c'est un vrai problème de ces parties de programmes d'histoire, problème qu'on retrouve au lycée (et puissance 10 en géographie d'ailleurs) : l'histoire à la carte. Moi je fais ça, mon voisin fait autre chose, et à la fin, l'histoire est encore un peu + en miettes.

Maintenant, je suis d'accord pour dire que ces programmes, en collège, ne sont pas catastrophiques (on comparera avec ceux de géo, qui eux le sont, pour s'en convaincre). Mais il y a quand même un vrai problème d'organisation, que ce soit dans l'organisation entre la fin de la 6e et le début de la 5e d'une part, et le fait d'avoir collé Louis XIV au 20 juin d'autre part.

Le Mali, le Songhai étaient des empires musulmans. Donc deux choix sur quatre permettant de faire des ponts. Suffit de réfléchir un peu quand on prépare sa progression. C'est notre job quand même.
Pour les problèmes sur la liaison 6è-5è... On est bien d'accord. Cela avait été soumis, mais non retenu (ah si, l'Islam était remis en 5ème...).
Louis XIV au 20juin... A toi de construire ta progression correctement : je l'ai pour ma part traité fin mai début juin. Et j'ai eu le temps de le finir ce chapitre. Faut voir les priorités dans un programme et clairement, Louis XIV en est une, ne serait-ce que pour assurer la continuité avec les programmes de 4ème. J'ai ensuite fait un chapitre de géo. Et l'EC est passé à la trappe.

C'est quand même très juste pour les évaluations.
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