- MufabGrand Maître
Bonjour
Avec mes élèves, on écrit parfois collectivement des suites de poèmes, avec une contrainte quant aux nombre de syllabes des vers.
Or j'ai un doute au sujet du "e" en fin de mot.
Par exemple, dans ce vers :
"Les oreilles bien ouvertes",
je ne compte que 6 syllabes (Les/zo/reilles/bien/nou/vertes), quand d'autres en compteraient 7 (Les/zo/rei/lles/bien/nou/vertes), car le "e" est suivi d'une consonne.
Qui a raison ?
Avec mes élèves, on écrit parfois collectivement des suites de poèmes, avec une contrainte quant aux nombre de syllabes des vers.
Or j'ai un doute au sujet du "e" en fin de mot.
Par exemple, dans ce vers :
"Les oreilles bien ouvertes",
je ne compte que 6 syllabes (Les/zo/reilles/bien/nou/vertes), quand d'autres en compteraient 7 (Les/zo/rei/lles/bien/nou/vertes), car le "e" est suivi d'une consonne.
Qui a raison ?
- doctor whoDoyen
Il y a 7 syllabes. On prononce les [e] avant consonne à l'intérieur d'un vers.
_________________
Mon blog sur Tintin (entre autres) : http://popanalyse.over-blog.com/
Blog pédagogique : http://pedagoj.eklablog.com
- RikkiMonarque
En poésie classique, oui, o-reil-les bien ou-vertes. Mais je pense qu'en théâtre et en poésie plus contemporaine, des libertés ont été prises, largement !
A toi de voir où tu mets ton curseur au niveau contraintes...
(Et toujours le droit d'écrire "Les oreil' bien ouvertes", au cas où le lecteur serait pris d'une irrépressible envie de prononcer ce fameux e, )
A toi de voir où tu mets ton curseur au niveau contraintes...
(Et toujours le droit d'écrire "Les oreil' bien ouvertes", au cas où le lecteur serait pris d'une irrépressible envie de prononcer ce fameux e, )
_________________
mon site sur l'écriture : www.ecritureparis.fr
- Hervé HervéFidèle du forum
Sauf s'il s'agit de l'hémistiche d'un alexandrin...
- doctor whoDoyen
Pas qu'en poésie classique. Toute la poésie française est basée sur ce "e" ! Même les vers-libristes ne l'oublient pas. va prononcer un verset de Claudel sans les "e"...
C'est justifié historiquement par le fait que le "e" était beaucoup plus systématiquement prononcé par le passé (ou dans le Sud aujourd'hui). Puis ça a été récupéré dans une sorte de mythe du vers français, équilibré, euphonique, répugnant aux successions de consonnes.
Parenthèse : je lis L'éducation maternelle à l'école, de Kergomard. Elle fait scander le prénom "Marie" ainsi : "ma-ri-e". C'est donc très récemment qu'on considère le "e" comme une quantité négligeable.
C'est justifié historiquement par le fait que le "e" était beaucoup plus systématiquement prononcé par le passé (ou dans le Sud aujourd'hui). Puis ça a été récupéré dans une sorte de mythe du vers français, équilibré, euphonique, répugnant aux successions de consonnes.
Parenthèse : je lis L'éducation maternelle à l'école, de Kergomard. Elle fait scander le prénom "Marie" ainsi : "ma-ri-e". C'est donc très récemment qu'on considère le "e" comme une quantité négligeable.
_________________
Mon blog sur Tintin (entre autres) : http://popanalyse.over-blog.com/
Blog pédagogique : http://pedagoj.eklablog.com
- MufabGrand Maître
(Moi ça me fait drôle avec 7 syllabes : pas naturel.)
- MufabGrand Maître
Mufab a écrit:(Moi ça me fait drôle avec 7 syllabes : pas naturel.)
Ca doit être à cause du glissement de l'accent tonique que cela implique.
- doctor whoDoyen
Mais les accents restent au même endroit : sur "reil" et sur "ver". Ce qui change, c'est la prosodie : on passe d'un vers "symétrique" (3/3) à un vers plus "progressif" (3/4).
Et ce qui pour toi sonne de manière artificielle était auparavant le fondement de la "nature" proprement française du vers.
Il faut prononcer les "e" dans ce vers de Du Bellay :
"Et les Muses de moi comme étrange s'enfuient."
Sinon, ca donne : "Et les Mus' de moi comme étrang' s'enfuient."
D'ailleurs, dans ce cas, si on acceptait de ne pas prononcer les "e" avant consonne, il faudrait recourir à l'allongement artificiel des syllabes sous accent (mu, tran) si on voulait préserver un tant soit peu la prosodie.
Et ce qui pour toi sonne de manière artificielle était auparavant le fondement de la "nature" proprement française du vers.
Il faut prononcer les "e" dans ce vers de Du Bellay :
"Et les Muses de moi comme étrange s'enfuient."
Sinon, ca donne : "Et les Mus' de moi comme étrang' s'enfuient."
D'ailleurs, dans ce cas, si on acceptait de ne pas prononcer les "e" avant consonne, il faudrait recourir à l'allongement artificiel des syllabes sous accent (mu, tran) si on voulait préserver un tant soit peu la prosodie.
_________________
Mon blog sur Tintin (entre autres) : http://popanalyse.over-blog.com/
Blog pédagogique : http://pedagoj.eklablog.com
- RikkiMonarque
Oui, mais je vois ce que Mufab veut dire : on cherche la symétrie spontanément.
Ton vers est un alexandrin, donc, il est équilibré.
Si tu avait écrit :
Et les Muses de moi comme très étrange s'enfuient", en dehors du fait que c'est débile, je pense que j'aurais tendance à "zapper" spontanément le "e" de étrange à la lecture, pour rétablir le rythme de l'alexandrin.
Ton vers est un alexandrin, donc, il est équilibré.
Si tu avait écrit :
Et les Muses de moi comme très étrange s'enfuient", en dehors du fait que c'est débile, je pense que j'aurais tendance à "zapper" spontanément le "e" de étrange à la lecture, pour rétablir le rythme de l'alexandrin.
_________________
mon site sur l'écriture : www.ecritureparis.fr
- MufabGrand Maître
Oui, tu as sûrement raison, Doc.
Mais il y a aussi, dans un poème un peu long, une histoire de régularité (qui provoque parfois des diérèses). Par exemple si tu n'as que des alexandrins, en arrivant au 6ème vers, ben tu vas t'arranger pour que ce soit un alexandrin.
Dans mon poème à moi, il y a une sucession de vers de 6 syllabes. Donc quand on arrive à "Les oreilles bien ouvertes", on adapte. Non ?
(S'il y avait eu "le front mi-soucieux", on aurait dit "le front mi -sou/ci/eux".)
Tu vois ce que je veux dire ?
Mais il y a aussi, dans un poème un peu long, une histoire de régularité (qui provoque parfois des diérèses). Par exemple si tu n'as que des alexandrins, en arrivant au 6ème vers, ben tu vas t'arranger pour que ce soit un alexandrin.
Dans mon poème à moi, il y a une sucession de vers de 6 syllabes. Donc quand on arrive à "Les oreilles bien ouvertes", on adapte. Non ?
(S'il y avait eu "le front mi-soucieux", on aurait dit "le front mi -sou/ci/eux".)
Tu vois ce que je veux dire ?
- CelebornEsprit sacré
Hervé Hervé a écrit:Sauf s'il s'agit de l'hémistiche d'un alexandrin...
Même à l'hémistiche, on prononce le "e" de fin de mot suivi de consonne. Les poètes l'évitaient d'ailleurs comme la peste, et je crois que ce sont Verlaine et Rimbaud qui se sont lancés dans cette tentative (et dans bien d'autres d'ailleurs).
7 syllabes donc (8 si on se permet une licence poétique en faisant la diérèse sur "bi/en").
_________________
"On va bien lentement dans ton pays ! Ici, vois-tu, on est obligé de courir tant qu'on peut pour rester au même endroit. Si on veut aller ailleurs, il faut courir au moins deux fois plus vite que ça !" (Lewis Carroll)
Mon Blog
- MufabGrand Maître
On dit la même chose, je crois, Rikki. Je laisse quand même.
- zabriskieÉrudit
Les/o/reil/les/bien/ou/vertes
Je n'ai pas lu toutes vos interventions, mais pour moi, ça fait 7.
Je n'ai pas lu toutes vos interventions, mais pour moi, ça fait 7.
- doctor whoDoyen
Mufab a écrit:Oui, tu as sûrement raison, Doc.
Mais il y a aussi, dans un poème un peu long, une histoire de régularité (qui provoque parfois des diérèses). Par exemple si tu n'as que des alexandrins, en arrivant au 6ème vers, ben tu vas t'arranger pour que ce soit un alexandrin.
Dans mon poème à moi, il y a une sucession de vers de 6 syllabes. Donc quand on arrive à "Les oreilles bien ouvertes", on adapte. Non ?
(S'il y avait eu "le front mi-soucieux", on aurait dit "le front mi -sou/ci/eux".)
Tu vois ce que je veux dire ?
Naturellement, ce qui prime, c'est la régularité du mètre, s'il s'agit d'un poème régulier.
_________________
Mon blog sur Tintin (entre autres) : http://popanalyse.over-blog.com/
Blog pédagogique : http://pedagoj.eklablog.com
- MooreaHabitué du forum
pour moi aussi, 7 syllabes !
- liliepingouinÉrudit
Dans la poésie classique, les diérèses aussi obéissent à des règles bien particulières: sauf quelques exceptions, elle est imposée ou interdite par le mot lui-même, et on ne fait pas ce qui nous arrange.
Après, avec l'évolution des formes poétiques, il y a plus de liberté.
Comme pour l'histoire du -e, effectivement les règles de versification imposeraient de lire 7 syllabes, mais certains poètes contemporains ont jeté ces règles aux orties.
Après, avec l'évolution des formes poétiques, il y a plus de liberté.
Comme pour l'histoire du -e, effectivement les règles de versification imposeraient de lire 7 syllabes, mais certains poètes contemporains ont jeté ces règles aux orties.
_________________
Spheniscida qui se prend pour une Alcida.
"Laissons glouglouter les égouts." (J.Ferrat)
"Est-ce qu'on convainc jamais personne?" (R.Badinter)
Même si c'est un combat perdu d'avance, crier est important.
- doctor whoDoyen
liliepingouin a écrit:Dans la poésie classique, les diérèses aussi obéissent à des règles bien particulières: sauf quelques exceptions, elle est imposée ou interdite par le mot lui-même, et on ne fait pas ce qui nous arrange.
Après, avec l'évolution des formes poétiques, il y a plus de liberté.
Comme pour l'histoire du -e, effectivement les règles de versification imposeraient de lire 7 syllabes, mais certains poètes contemporains ont jeté ces règles aux orties.
Bien sûr. Mais il faut enseigner la prononciation du "e" en primaire. C'est, à mon avis, indispensable. Et ça a de vrai avantages pédagogiques.
_________________
Mon blog sur Tintin (entre autres) : http://popanalyse.over-blog.com/
Blog pédagogique : http://pedagoj.eklablog.com
- RikkiMonarque
Je suis d'accord, Doctor Who.
Mais je pense qu'on peut avoir des exigences qui se modulent en fonction de l'activité (lecture/récitation ou production) et du type de poème.
Et c'est aussi sans doute à moduler en fonction de l'âge des élèves. J'ai surtout insisté sur ce genre de choses en CM2, je l'avoue.
Mais je pense qu'on peut avoir des exigences qui se modulent en fonction de l'activité (lecture/récitation ou production) et du type de poème.
Et c'est aussi sans doute à moduler en fonction de l'âge des élèves. J'ai surtout insisté sur ce genre de choses en CM2, je l'avoue.
_________________
mon site sur l'écriture : www.ecritureparis.fr
- retraitéeDoyen
7 syllabes pour moi. Si tu n'en veux que 6, supprime "bien".
Tu auras " les/zo/reil/les/zou/vert'(es)
Sûr que les deux liaisons en -Z ne sont pas zolies zolies;
Et puis de toutes façons, les oreilles bien ouvertes, ce n'est pas top non plus! :colere:
Tu auras " les/zo/reil/les/zou/vert'(es)
Sûr que les deux liaisons en -Z ne sont pas zolies zolies;
Et puis de toutes façons, les oreilles bien ouvertes, ce n'est pas top non plus! :colere:
- RikkiMonarque
retraitée a écrit:7 syllabes pour moi. Si tu n'en veux que 6, supprime "bien".
Tu auras " les/zo/reil/les/zou/vert'(es)
Sûr que les deux liaisons en -Z ne sont pas zolies zolies;
Et puis de toutes façons, les oreilles bien ouvertes, ce n'est pas top non plus! :colere:
Hé ho, peut-être, mais tout doux, ils sont en CE2 !
Ca ne s'apprend pas en 5 mn non plus, la versification !
_________________
mon site sur l'écriture : www.ecritureparis.fr
- MufabGrand Maître
Et puis de toutes façons, les oreilles bien ouvertes, ce n'est pas top non plus!
Moi je trouvais ça super ce qu'ils avaient fait... (C'est drôlement difficile !)
- RikkiMonarque
C'est peut-être super : tu ne nous a montré qu'un vers, et la question n'était pas là-dessus.
Mais je trouve que c'est bien qu'ils cherchent à trouver un équilibre "à l'oreille", c'est le cas de le dire ! Après, on peut chipoter, bien sûr...
Mais je trouve que c'est bien qu'ils cherchent à trouver un équilibre "à l'oreille", c'est le cas de le dire ! Après, on peut chipoter, bien sûr...
_________________
mon site sur l'écriture : www.ecritureparis.fr
- MufabGrand Maître
Merci à tous pour vos réponses !
(ça penche quand même pour le 7).
(ça penche quand même pour le 7).
- retraitéeDoyen
Rikki a écrit:retraitée a écrit:7 syllabes pour moi. Si tu n'en veux que 6, supprime "bien".
Tu auras " les/zo/reil/les/zou/vert'(es)
Sûr que les deux liaisons en -Z ne sont pas zolies zolies;
Et puis de toutes façons, les oreilles bien ouvertes, ce n'est pas top non plus! :colere:
Hé ho, peut-être, mais tout doux, ils sont en CE2 !
Ca ne s'apprend pas en 5 mn non plus, la versification !
mais je blaguais!
- RikkiMonarque
retraitée a écrit:Rikki a écrit:retraitée a écrit:7 syllabes pour moi. Si tu n'en veux que 6, supprime "bien".
Tu auras " les/zo/reil/les/zou/vert'(es)
Sûr que les deux liaisons en -Z ne sont pas zolies zolies;
Et puis de toutes façons, les oreilles bien ouvertes, ce n'est pas top non plus! :colere:
Hé ho, peut-être, mais tout doux, ils sont en CE2 !
Ca ne s'apprend pas en 5 mn non plus, la versification !
mais je blaguais!
Oups ! Pardon ! D'habitude, je m'en rends compte...
_________________
mon site sur l'écriture : www.ecritureparis.fr
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum