Amener les élèves à accepter les différences des autres

Ma question est : auriez-vous des conseils pour ouvrir un peu, beaucoup,
l'esprit de mes élèves de 4e sur l'acceptation des
différences ?

Il y a dans la classe de 4e dont je suis professeur principal un élève qui
souffre de troubles visuels, auditifs et psychomoteurs. Cet élève bénéficie
d'un PAI : une auxiliaire de vie scolaire est présente
12h par semaine, devoirs plus courts, photocopies agrandies...


Or voilà qu'en faisant le bilan du 1er trimestre avec la classe, il est apparu
qu'une grosse majorité de la classe est "jalouse" de ces aménagements ! Ils
pensent qu'Alexandre est favorisé ! Certains prétendent qu'il n'est pas puni
quand il oublie ses affaires ou ne fait pas son travail... mais c'est un élève
très sérieux qui fait toujours son travail sauf quand vraiment il ne comprend
pas ce qu'il faut faire.

Du reste, je pense qu'ils n'en veulent pas à Alexandre mais aux adultes car ils
trouvent que les adultes sont injustes en traitant Alexandre différemment dans
certaines circonstances.

Inutile de vous dire que je suis peinée et attristée de la réaction de ces
élèves.

Et je me dis qu'il faut que je trouve un moyen de faire progresser leur
réflexion et leur ouverture d'esprit.

J'ai pensé demander au médecin scolaire de venir parler à la classe.

Je suis aussi à la recherche d'un film que je pourrais visionner avec cette
classe et faire suivre d'un débat sur cette question. Si vous avez des idées de
titres... ?

Si vous avez des idées d'actions concrètes que je pourrais mener avec cette
classe, je suis intéressée. Mais je pense qu'il faut que ce soit des actions qui ne leur demande pas de travail à la maison car ils en voudraient à Alexandre qui serait tenu pour responsable !

Je ne peux pas t'aider car je suis confronté au même problème et je ne sais vraiment pas quoi faire.

Aie : l'altérité, pas facile...

La première chose pour moi ce serait d'étudier ce qui dans la Loi ( règlement intérieur explicite ? ) définit l'obligation de respect d'autrui comme un préalable incontournable.

L'élève que tu décris a besoin de savoir qu'il fonctionne dans un cadre règlementaire protecteur . Donc pourquoi pas une lecture en soulignant cet aspect ...voire une ré-écriture sous la forme d'une charte de classe ( je sais les chartes de classe ne sont plus trop à la mode mais avec mes classes ça fonctionnait bien en collège )...

Film sur ces différences ? Non je ne vois pas ...Par contre pourquoi ne pas étudier les différents types de troubles visuels : il doit bien exister des sites ...et faire vivre des situations ( jeux ) aux élèves où eux mêmes se retrouvent avec ce handicap ( foulard sur les yeux,etc...) : un travail avec le collègue d'EPS peut être alors très riche

Si vous avez des idées d'actions concrètes que je pourrais mener avec cette
classe, je suis intéressée

les engueuler sérieusement... ce sont des petits c***

tu proposes aux jaloux de leur crever les yeux ou les tympans, couper la main droite/gauche pour ensuite pouvoir leur faire des aménagements puisqu'ils seront handicapés.

Donc, c'est un message qui ne sert vraiment à rien (le mien, je veux dire).

ysabel a écrit:

Si vous avez des idées d'actions concrètes que je pourrais mener avec cette
classe, je suis intéressée

les engueuler sérieusement... ce sont des petits c***
tu proposes aux jaloux de leur crever les yeux ou les tympans, couper la main droite/gauche pour ensuite pouvoir leur faire des aménagements puisqu'ils seront handicapés.

Dans un second temps oui je suis assez d'accord avec ce que dit ysabel de façon abrupte

et encore, ce ne sont que des gamins...

chez nous un couloir du rez de chaussée est interdit d'accès aux élèves sauf les handicapés moteurs et / ou visuels (et il y en a beaucoup). Une maman en conseil de classe a jugé que c'était de la "discrimination envers les élèves normaux"...

J'ai fait il y a 3 ans la même chose que ce que dit Ysabel: un savon d'enfer lorsque mes 5èmes de l'époque ont osé se montrer jaloux de 2 gamines "moi aussi je veux être dyslexique alors" :shock:
Je les ai pris de haut et les ai froidement réduits à moins que rien. Quand ils ont eu bien honte, on a mis les choses à plat et comparé leurs projets professionnels. Ils se sont alors rendu compte qu'entre ce que les filles en question voulaient et ce qu'elles pourraient faire, il y avait un monde infranchissable auquel eux pouvaient accéder. ça les a calmés pour l'année et je ne les ai plus entendus.
Il faut les mettre face aux conséquences. et si ça ne marche pas, c'est qu'ils sont trop crétins pour comprendre.

Il me semble que ce qui est proposé par nateka :
...et faire vivre des situations ( jeux ) aux élèves où eux mêmes se retrouvent avec ce handicap ( foulard sur les yeux,etc...) : un travail avec le collègue d'EPS peut être alors très riche est la meilleure chose à faire ....
et de réfléchir à nos propres réactions devant des handicaps - souvent, nous sommes désarmés !

titeprof a écrit:et encore, ce ne sont que des gamins...

chez nous un couloir du rez de chaussée est interdit d'accès aux élèves sauf les handicapés moteurs et / ou visuels (et il y en a beaucoup). Une maman en conseil de classe a jugé que c'était de la "discrimination envers les élèves normaux"...

Il y a vraiment un travail énorme à faire sur le handicap en France et les mentalités . Dans les pays nordiques il paraît que cette question là est bien prise en compte et on n'y entendrait pas de tels propos; Certains parlent même d'une normalisation du handicap ( après tout c'est un possible pour nous tous de traverser des périodes plus handicapantes : je m'en suis rendue compte en me rompant le tendon d'achille )

Nell a écrit:J'ai fait il y a 3 ans la même chose que ce que dit Ysabel: un savon d'enfer lorsque mes 5èmes de l'époque ont osé se montrer jaloux de 2 gamines "moi aussi je veux être dyslexique alors" :shock:
Je les ai pris de haut et les ai froidement réduits à moins que rien. Quand ils ont eu bien honte, on a mis les choses à plat et comparé leurs projets professionnels. Ils se sont alors rendu compte qu'entre ce que les filles en question voulaient et ce qu'elles pourraient faire, il y avait un monde infranchissable auquel eux pouvaient accéder. ça les a calmés pour l'année et je ne les ai plus entendus.
Il faut les mettre face aux conséquences. et si ça ne marche pas, c'est qu'ils sont trop crétins pour comprendre.

J'aimerais beaucoup leur dire cela mais c'est impossible de le faire en présence d'Alexandre, c'est vraiment trop cruel pour lui je trouve ! Parce que lui n'a pas encore vraiment conscience de cette réalité je crois... Ou alors il faut qu'avec l'accord d'Alexandre cette discussion se fasse sans lui mais je trouve pas ça terrible non plus.

titeprof a écrit:et encore, ce ne sont que des gamins...

chez nous un couloir du rez de chaussée est interdit d'accès aux élèves sauf les handicapés moteurs et / ou visuels (et il y en a beaucoup). Une maman en conseil de classe a jugé que c'était de la "discrimination envers les élèves normaux"...

Discrimination, le mot à la mode... On le met à toutes les sauces...

ysabel a écrit:

les engueuler sérieusement... ce sont des petits c***

tu proposes aux jaloux de leur crever les yeux ou les tympans, couper la main droite/gauche pour ensuite pouvoir leur faire des aménagements puisqu'ils seront handicapés.

C'est exactement la réaction que j'ai eue en lisant le message initial. Etre jaloux d'un jeune garçon qui souffre de handicaps assez sévères, il faut vraiment manquer de jugeote quand même!

JosephineB a écrit:

Nell a écrit:J'ai fait il y a 3 ans la même chose que ce que dit Ysabel: un savon d'enfer lorsque mes 5èmes de l'époque ont osé se montrer jaloux de 2 gamines "moi aussi je veux être dyslexique alors" :shock:
Je les ai pris de haut et les ai froidement réduits à moins que rien. Quand ils ont eu bien honte, on a mis les choses à plat et comparé leurs projets professionnels. Ils se sont alors rendu compte qu'entre ce que les filles en question voulaient et ce qu'elles pourraient faire, il y avait un monde infranchissable auquel eux pouvaient accéder. ça les a calmés pour l'année et je ne les ai plus entendus.
Il faut les mettre face aux conséquences. et si ça ne marche pas, c'est qu'ils sont trop crétins pour comprendre.

J'aimerais beaucoup leur dire cela mais c'est impossible de le faire en présence d'Alexandre, c'est vraiment trop cruel pour lui je trouve ! Parce que lui n'a pas encore vraiment conscience de cette réalité je crois... Ou alors il faut qu'avec l'accord d'Alexandre cette discussion se fasse sans lui mais je trouve pas ça terrible non plus.

Oui, mes gamines m'ont vu montée en grade et je leur ai demandé l'autorisation d'en parler à la classe.
Je crois qu'il est essentiel pour le bien de tous que les choses se disent honnêtement.

En même temps ce n'est pas forcément de la méchanceté de leur part...j'avais une fois un élève dyslexique et donc j'aménageais le travail pour lui. Je me suis vite rendu compte que de nombreux élèves étaient en grandes difficultés, pas aidés par leur famille et certains devant leur échec perpétuel finissaient pas être jaloux de l'élève aidé et réagissaient violemment face à leur échec...
Il faut bien sûr faire comprendre aux élèves qu'être jaloux d'un handicap n'est pas acceptable mais aussi se mettre à leur place ....certains n'ont pas de handicap reconnu mais d'autres difficultés d'ordre familial ou social par exemple.Peut-être faut-il essayer de favoriser le travail de groupe, le partenariat etc...

La dyslexie et les handicaps dont il est question dans le premier post, c'est quand même très différent, même si la réaction de jalousie est stupide.

Disons que pour dire que l'on préfèrerait être handicapé pour bénéficier d'aide, il faut soit être méchant, soit n'avoir vraiment pas réfléchi.

La dyslexie, effectivement, est actuellement "à la mode" et fait bénéficier d'aménagements que je ne trouve pas toujours justifiés. Ca dépend bien sûr du degré, mais j'ai l'impression qu'il y a un manque de cohérence totale à ce niveau-là et je ne suis pas bien sûr que tout soit toujours bien justifié. On va me dire que les orthophonistes font leur boulot... oui... sauf que j'ai eu l'occasion de voir des trucs bizarres, quand même.

Là, on est très loin de ce dont il est ici question.

Oui, il y a encore beaucoup de travail à faire sur l'acceptation du handicap en France (moi, ce qui m'exaspère par-dessus tout, et même me blesse, c'est les gens qui se garent sur les places "handicapé" sans avoir le macaron ; et le regard des gens dans la rue, ce que ça peut être lourd, quelquefois...).
Joséphine, dans tout ce que tu choisiras de faire par rapport à ce problème, fais avant tout attention à ne pas blesser Alexandre : le handicap est quelque chose qui est particulièrement difficile à vivre à cet âge de la vie, où on a au contraire besoin de ressembler aux autres. Mettre en avant ses différences, ça peut être très douloureux pour lui. Maintenant, c'est vrai aussi que j'ai pu constater que souvent, une fois que le handicap est bien expliqué, les élèves deviennent beaucoup plus tolérants ; s'ils sont si "bêtes", c'est aussi qu'ils ne se rendent pas forcément compte de toutes les conséquences...

Je vais aller un peu à contre courant (enfin, pas que) mais...

Il semble justement que les élèves de cette classe acceptent la différence au point de considérer qu'elle n'a pas besoin d'aménagement. Alexandre est si peu différent qu'ils se comparent à lui, et estiment qu'il a des avantages, oubliant son handicap. Ca c'est la version optimiste.

L'autre aspect des choses c'est que, avant un age avancé et au delà de 16 ou 17 ans à coup sur, un enfant reste quand même très auto-centré. C'est normal, ça fait parti de son développement. Évidemment, un gamin de 13 ans est capable de plus d'empathie qu'un bambin de 3 ans, mais on sait bien que les ados peuvent se montrer très régressifs.

Alors les engueuler, ou leur faire honte ? Bof... Mais leur faire prendre conscience que leur agressivité vis à vis d'Alexandre leur montre leurs limites, peut-être. On aide Alexandre à dépasser certaines de ses limites, et ils sont de facto renvoyés aux leurs, sans secours extérieur pensent-ils (eux, on ne les aide pas). Qu'ils utilisent leur énergie à repousser leurs limites, plutôt qu'à reprocher à Alexandre de vivre avec les siennes.

Merci à tous pour vos remarques et suggestions.

Hier soir j'étais en colère et portée à les engueuler.

Aujourd'hui je me dis que cela risque de les braquer contre Alexandre.

Je vais donc tenter de leur faire prendre conscience de ce qu'est un handicap avec des jeux de rôle et aussi leur faire prendre conscience qu'un handicap c'est pour toute la vie, alors que le collège ça ne dure qu'un temps.

J'ai pensé aussi leur demander une petite expression écrite du genre "T'es-tu senti un jour handicapé ? (bras cassé, béquilles pour cause d'entorse ou autre...) Qu'as-tu ressenti ? Comment les autres se sont-ils comportés avec toi ? Qu'as-tu pensé de la réaction des autres ?"

Puis pour que la réflexion se prolonge, après les vacances de Noël nous ferons un défi lecture sur le thème de la différence : racisme (Les larmes de Djamila), handicap (Mon grand petit frère), obésité (La vie en gros) et je cherche d'autres idées de titres...

Joséphine

Puis pour que la réflexion se prolonge, après les vacances de Noël nous ferons un défi lecture sur le thème de la différence : racisme (Les larmes de Djamila), handicap (Mon grand petit frère), obésité (La vie en gros) et je cherche d'autres idées de titres...

Sur l'homosexualité, il y a toute cette liste... Mais j'avoue n'en avoir lu aucun pour l'instant :

http://culture-et-debats.over-blog.com/article-370134.html

C'est une bonne idée le défi lecture.
Je suis assez d'accord avec Pseudo...les ados ne doivent pas vraiment se rendre compte de ce que le mot "handicap' veut dire, ils voient l'immédiat : leur camarade est aidé pour surpasser ses difficultés et pas eux.. Et puis peut-être qu'ils ne se sentent pas à l'aise, ne savent pas trop comment se positionner, culpabilisent peut-être de ne pas aider leur camarade mais s'ils l'aidaient trop ils auraient l'impression de ne pas le considérer comme tout autre élève...c'est un problème très complexe!!
Je ne me sens pas non plus à l'aise avec le handicap: faut-il en parler, faire comme si de rien...?

Sur le handicap physique Yael Hassan : de l'autre côté du mur.
Sur le handicap mental il y a un roman de Brigitte Peskine mais je ne me souviens plus du titre.

sur le handicap mental : mes élèves ont beaucoup aimé Des FLeurs pour Algernon, mais c'est un peu long pour des élèves de collège..

Sur l'autisme, un bouquin super pour des élèves de cet âge (le narrateur est un adolescent autiste) : Le Bizarre Incident du chien pendant la nuit de Mark Haddon.

Nasopi a écrit:Sur l'autisme, un bouquin super pour des élèves de cet âge (le narrateur est un adolescent autiste) : Le Bizarre Incident du chien pendant la nuit de Mark Haddon.

Ah, oui ! Excellent !

Sur le thème de l'homosexualité : Macaron citron de Claire Mazart est très bien.
Hé ! Petite ! de Yaël Hassan (une fille toute petite)
Confession d'une grosse papate de Suzie Morgenstern (obésité)