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- Clecle78Bon génie
ExactementPrezbo a écrit:Diclonia a écrit:Dans le privé, nous accueillons tout le monde...
Même les enfants de prof du public
Même des profs du public, qui viennent prendre les postes des profs du privé...
(et est-ce que j'ai le droit de dire que j'en ai marre de lire les collègues (d'ailleurs, sommes nous collègues ?) verser leur hargne sur le privé ?
c'est lassant... il faut vraiment manquer d'assurance pour taper comme ça sur le voisin...
Pas besoin de ministre pour nous étouffer, pas besoin de prof bashing par le premier quidam, nos pairs du public font ça très bien !
Techniquement, la première phrase est fausse : nous avons accueilli à plusieurs reprises dans mon établissement des élèves qui n'avaient pas été conservé dans le privé, soit à cause de problèmes de comportement, soit parce qu'ils supportaient mal le rythme et la pression des établissements les plus sélectifs. Il n'y a même pas besoin d'un CD, il suffit par exemple de ne pas garder l'élève en fin de troisième et de ne pas lui offrir de place dans le lycée général de la même citée scolaire.
Je sais aussi qu'il y a des établissements privés moins sélectifs, et que le lycée peut être une solution pour des élèves qui vivent mal leur scolarité dans le public, y compris des élèves qui n'obtiennent pas dans le public l'orientation souhaitée. Reste que les statistiques sur la situation sociale moyenne des familles d'élèves du public et du privé montrent un écart évident. De toute façon, par principe même, tant que l'inscription dans le privée demandera une démarche volontaire de la famille et une acceptation du dossier dans l'établissement, il y aura un écart entre public et privé, sans qu'il y ait besoin de frais de scolarité exorbitants.
Reconnaître que la concurrence entre public et privée est une concurrence faussée, ou un des deux part avec un handicap, ce n'est s'attaquer aux personnels du privé. D'autant que nous sommes quelques-un à être aussi très critique sur l'enseignement public.
- gemshornNiveau 10
Je crois que ce que Diclona voulait dire c'est que l'Enseignement privé a l'obligation d'accueillir ou plutôt d'accepter tous les élèves que les parents souhaitent inscrire sans distinction d'origine, d'opinion ou de croyance... dans la limite des places disponibles, comme dirait la pub.
Mais cela n'équivaut pas tout à fait à "accueillir tout le monde".
Mais cela n'équivaut pas tout à fait à "accueillir tout le monde".
- PrezboGrand Maître
gemshorn a écrit:Je crois que ce que Diclona voulait dire c'est que l'Enseignement privé a l'obligation d'accueillir ou plutôt d'accepter tous les élèves que les parents souhaitent inscrire sans distinction d'origine, d'opinion ou de croyance... dans la limite des places disponibles, comme dirait la pub.
Mais cela n'équivaut pas tout à fait à "accueillir tout le monde".
Moui...Cela dit, certaines de mes connaissances ont récemment inscrit leurs enfants dans le privé CSP+ (mais pas le plus sélectif scolairement) par crainte (un peu exagérée à mon humble avis) que le public local ne soit pas assez bien, et j'ai été surpris par l'interrogatoire très serré qu'ils ont subi lors de l'entretien préliminaire avec la direction de l'établissement. Mais évidemment il ne s'agissait pas de sélectionner explicitement les parents selon leur origine sociale, leurs opinions et leurs croyances, c'est un peu plus subtil que ça, quelque chose comme une adhésion (ou une promesse d'adhésion) au projet et au fonctionnement de l'établissement j'imagine.
- EsclarmondeNiveau 5
En tout cas, que le privé ne veuille pas appliquer ce projet et demande une "liberté d'application", n'est-ce pas un désaveu cinglant dudit projet ?
Par ailleurs, ne vaut-il pas mieux militer pour un abandon du projet tel quel, plutôt que de revendiquer une "liberté d'application" pro domo ? Cela ne risque-t-il pas de donner l'impression qu'on veut être épargné le plus possible par la bouse mais qu'on se fiche qu'elle tombe sur le voisin ?
Par ailleurs, ne vaut-il pas mieux militer pour un abandon du projet tel quel, plutôt que de revendiquer une "liberté d'application" pro domo ? Cela ne risque-t-il pas de donner l'impression qu'on veut être épargné le plus possible par la bouse mais qu'on se fiche qu'elle tombe sur le voisin ?
- KeaFidèle du forum
Il n’y a aucun établissement privé en REP/REP+ : ces réseaux ne concernent que les établissements publics. Pour autant, il y a des établissements privés installés sur des territoires correspondant aux REP/REP+. Le collège privé de mon lieu d’habitation a un IPS inférieur à 100, tandis que le public (autrefois en éducation prioritaire) dépasse 100.Jenny a écrit:Question de choix, je ne suis pas convaincue par l’argument.
Je ne pense vraiment pas que ça soit la raison.
Nous ne sommes quand même pas dans un pays en développement qui n'a pas les moyens de financer une école pour tous les enfants.
Ensuite, si un élève du privé coûte moins cher, c'est aussi parce que le privé ne prend pas en charge les élèves qui coûtent le plus cher chez nous : combien de classes UP2A et ULIS ? Combien de REP / REP +, d'établissements sensibles ? Combien de dispositifs de raccrochage scolaire ?
Le privé est très implanté dans ma région et les établissements publics ou privés d’un même secteur ont généralement un profil similaire, surtout hors des grandes villes. Beaucoup de familles naviguent entre les deux. C’est sûrement très différent dans d’autres régions, notamment en Ile-de-France.
De plus, l’IPS n’est pas uniquement le reflet de l’aisance financière des familles : le capital culturel est aussi pris en compte (ainsi, un établissement peut voir son IPS tiré vers le haut par des professions artistiques ou de l’enseignement, pas si rémunératrices mais considérées comme étant à fort capital culturel, à fort intérêt des parents dans la scolarité de leurs enfants) : un IPS plus haut que la moyenne ne signifie pas forcément que les familles ont plus de moyens. Un lycée de mon département montre cela : il a un IPS élevé mais un taux de boursiers supérieur à la moyenne académique car il accueille beaucoup d’enfants issus de familles considérées comme "à fort capital culturel", en raison de son projet particulier. C’est un lycée privé sous contrat dans lequel la scolarité est gratuite pour les familles.
J’ignore la proportion d’ULIS dans le public. Par curiosité, j’ai regardé pour les collèges de mon département : 20% des collèges privés ont une ULIS (c’est 30% dans le public).
Il n’y a aucune UP2A dans mon département (ni dans le privé, ni dans le public).
- JennyMédiateur
Les statistiques nationales montrent malgré tout un écart considérable.
Sur les UP2A :
En ULIS :
En SEGPA :
D’autre part, il me semble que les contractuels sont également plus nombreux dans le privé et que les agrégés y sont moins nombreux, ça doit expliquer l’écart. Mais ça ne me semble pas souhaitable de rogner sur les salaires et d’avoir plus de contractuels.
Sur les UP2A :
Selon la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP), il n’y a que 16 collèges privés sous contrat sur 1660 qui proposent une section UPE2A, soit moins de 1%. Le secteur public en compte 1024 sur 5316 collèges publics en France, soit plus de 19%. Alors que dans le privé sous contrat scolarise 21,3% des collégien.nes, il ne scolarise que 1,5% des élèves allophones. est-ce parce qu’il s’agit le plus souvent d’enfants issu.es de milieu défavorisé et présentant des difficultés scolaires? Ce profil n’est pas recherché par le privé.
En ULIS :
Les chiffres de la DEPP indiquent que 90% des collégien.es d’ULIS sont scolarisé.es dans le public. 377 collèges privés accueillent un dispositif ULIS contre 2321 collèges publics.
En SEGPA :
https://www.snes.edu/article/ecole-inclusive-les-colleges-prives-loin-du-compte/Là encore, seulement 94 collèges privés comportent une SEGPA, contre les 1494 du secteur public. Donc, 6 % des SEGPA fonctionnent dans le privé, ce qui correspond à 15 points de moins que la part totale du privé sur l’ensemble des collèges.
D’autre part, il me semble que les contractuels sont également plus nombreux dans le privé et que les agrégés y sont moins nombreux, ça doit expliquer l’écart. Mais ça ne me semble pas souhaitable de rogner sur les salaires et d’avoir plus de contractuels.
- KeaFidèle du forum
Oui, c’est pour cela que j’ai précisé qu’il y avait certainement des différences selon les endroits.
Je souhaitais nuancer les propos mettant en avant un privé qui sélectionne, qui exclut pour des motifs autres que disciplinaires : tous les établissements privés ne sont pas en mesure de le faire (parfois, chaque inscription compte).
Les non-titulaires seraient trois fois plus nombreux dans le privé que dans le public (21% contre 7%) (https://www.marianne.net/societe/education/ecole-pourquoi-le-prive-compte-t-il-trois-fois-plus-de-professeurs-precaires-que-le-public). Il y a effectivement moins d’agrégés, et il y a aussi des enseignants à temps partiel non choisi, payés au pro-rata de leur service.
Pour en revenir au sujet, les DHG sont toujours bloquées ici, en raison du désaccord entre l’EN et l’Enseignement catholique. On aurait dû les recevoir il y a un mois.
Il est impossible d’envisager une répartition (et encore moins d’imaginer des groupes de niveau), donc l’entrée dans le mouvement (indication d’intention de demande de mutation) s’est faite sans savoir qui serait éventuellement en perte d’heures, ce qui empêche de déterminer les priorités...
C’est toute la chaîne qui est bloquée autour de cet enjeu.
Je souhaitais nuancer les propos mettant en avant un privé qui sélectionne, qui exclut pour des motifs autres que disciplinaires : tous les établissements privés ne sont pas en mesure de le faire (parfois, chaque inscription compte).
Les non-titulaires seraient trois fois plus nombreux dans le privé que dans le public (21% contre 7%) (https://www.marianne.net/societe/education/ecole-pourquoi-le-prive-compte-t-il-trois-fois-plus-de-professeurs-precaires-que-le-public). Il y a effectivement moins d’agrégés, et il y a aussi des enseignants à temps partiel non choisi, payés au pro-rata de leur service.
Pour en revenir au sujet, les DHG sont toujours bloquées ici, en raison du désaccord entre l’EN et l’Enseignement catholique. On aurait dû les recevoir il y a un mois.
Il est impossible d’envisager une répartition (et encore moins d’imaginer des groupes de niveau), donc l’entrée dans le mouvement (indication d’intention de demande de mutation) s’est faite sans savoir qui serait éventuellement en perte d’heures, ce qui empêche de déterminer les priorités...
C’est toute la chaîne qui est bloquée autour de cet enjeu.
- epekeina.tes.ousiasModérateur
Jenny a écrit:Les statistiques nationales montrent malgré tout un écart considérable.
Oui. Qui plus est, pour ma part, j'aimerais tout de même bien avoir la certitude que la loi est appliquée (du moins “le plus souvent”, et qu'il y a des sanctions dans les autres cas) : à savoir, hors des rémunérations des enseignants (et seulement des enseignants), pas plus de 10% du montant des ressources et dépenses propres en financement public.
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Si tu vales valeo.
- JennyMédiateur
Kea : Je ne doute pas qu'il y ait des différences locales. Effectivement, dans mon académie, on pourrait dresser un tableau bien différent.
Et si le privé sous contrat n'applique pas la réforme alors que le public est contraint de le faire, cela génèrera un fort ressentiment. Ce sera une inégalité de plus.
Et si le privé sous contrat n'applique pas la réforme alors que le public est contraint de le faire, cela génèrera un fort ressentiment. Ce sera une inégalité de plus.
- Clecle78Bon génie
L'établissement de ma ville faisait passer l'équivalent d'un casting, gamin d'un côté, parents de l'autre, et le caté n'était pas négociable, y compris pour des musulmans, même si c'était en principe interdit.Prezbo a écrit:gemshorn a écrit:Je crois que ce que Diclona voulait dire c'est que l'Enseignement privé a l'obligation d'accueillir ou plutôt d'accepter tous les élèves que les parents souhaitent inscrire sans distinction d'origine, d'opinion ou de croyance... dans la limite des places disponibles, comme dirait la pub.
Mais cela n'équivaut pas tout à fait à "accueillir tout le monde".
Moui...Cela dit, certaines de mes connaissances ont récemment inscrit leurs enfants dans le privé CSP+ (mais pas le plus sélectif scolairement) par crainte (un peu exagérée à mon humble avis) que le public local ne soit pas assez bien, et j'ai été surpris par l'interrogatoire très serré qu'ils ont subi lors de l'entretien préliminaire avec la direction de l'établissement. Mais évidemment il ne s'agissait pas de sélectionner explicitement les parents selon leur origine sociale, leurs opinions et leurs croyances, c'est un peu plus subtil que ça, quelque chose comme une adhésion (ou une promesse d'adhésion) au projet et au fonctionnement de l'établissement j'imagine.
- lene75Prophète
Ganbatte a écrit:Diclonia a écrit:Dans le privé, nous accueillons tout le monde...
Même les enfants de prof du public
Même des profs du public, qui viennent prendre les postes des profs du privé...
(et est-ce que j'ai le droit de dire que j'en ai marre de lire les collègues (d'ailleurs, sommes nous collègues ?) verser leur hargne sur le privé ?
c'est lassant... il faut vraiment manquer d'assurance pour taper comme ça sur le voisin...
Pas besoin de ministre pour nous étouffer, pas besoin de prof bashing par le premier quidam, nos pairs du public font ça très bien !
Tout le monde qui paye, ça fait une différence.
Perso j'aurais moins de hargne à verser si je n'accueillais pas chaque année des élèves en situation de handicap qui ont été refoulés à l'entrée du privé parce que point trop n'en faut, ni des jetés en fin de quatrième parce que moins performants pour les stats.
Donc tout le monde qui paye, et qui passe un certain filtre.
C'est le principe du ping-pong. On ne peut pas dire que les enfants handicapés soient franchement accueillis à bras ouverts dans le public ni qu'ils ne soient pas fortement incités à aller voir dans le privé non plus.
Alors certes, une fois qu'on a essayé de vous dissuader d'inscrire le gamin dans le public en vous expliquant bien que de toute façon il n'y sera pas bien pris en charge, si les parents insistent et si le gamin n'est pas trop lourdement handicapé et qu'on ne peut trouver aucune excuse recevable pour le mettre dehors, il est pris quand même, pas le choix (c'est ce qui nous est arrivé avec l'école élémentaire de secteur)... et mal pris en charge comme promis. Autant dire que c'est très rassurant pour des parents qui n'ont pas de solution de repli de s'entendre dire : "Ça ne m‘arrange pas que vous l'inscriviez dans mon école. Vous êtes sûrs que vous n'avez vraiment aucune possibilité de l'inscrire ailleurs ?". Ce n'est d'ailleurs pas forcément de la faute de la personne en question : c'est un fait que bien souvent l'enfant ne peut pas être scolarisé correctement et qu'il n'y a aucune volonté politique que ce soit le cas. Et que cette hypocrisie pèse sur les agents qui sont en première ligne, les PE en particulier.
Cela dit il y a des gens extraordinaires, comme la directrice de l'école maternelle qui a accepté notre fille contre l'avis du médecin scolaire qui préférait un maintien en crèche... privée, bien sûr, la seule qui l'ait acceptée. Et la scolarité dans cette école maternelle publique s'est finalement très bien passée : si aujourd'hui notre fille peut être scolarisée normalement, c'est en partie grâce au courage de cette directrice qui a regardé l'enfant plutôt que le taux de handicap. Mais tout ce qu'elle a fait, elle l'a fait bénévolement, pas grâce à l'école publique.
Ça n'empêche que des gamins handicapés déscolarisés ou qui vont dans le privé (plus souvent hors contrat) ou encore en Belgique faute d'avoir une place ou un enseignement adapté dans le public en France, il y en a des milliers. Les enfants déscolarisés, ça représente 23% des enfants handicapés si j'en crois les premiers sites qui sortent dans un moteur de recherche, et c'est sans compter tous ceux qui sont très peu scolarisés ou qui sont scolarisés dans des conditions inadaptées à leur handicap et tous ceux qui, justement, ont trouvé une solution privée.
Idem pour les gamins harcelés qu'on incite à partir dans le privé.
Bref, l'école publique non plus n’accepte pas tout le monde, et elle scolarise encore moins tout le monde, parce qu'il ne suffit pas d'être inscrit sur une liste ni même assis dans une classe pour être scolarisé.
- JennyMédiateur
Personne n’a dit que l’école publique fonctionnait parfaitement bien, il me semble.
Juste qu’elle accueille plus largement tous les profils d’élèves que l’enseignement privé.
Juste qu’elle accueille plus largement tous les profils d’élèves que l’enseignement privé.
- henrietteMédiateur
L'accueil des enfants handicapés n'est pas en soi un problème du public ou du privé : c'est un problème de l'État qui ne veut pas mettre en place les structures et les personnels nécessaires.
Cette situation est honteuse et dramatique mais n'a pas de lien avec l'existence ou non d'un privé sous contrat, Lene.
Cette situation est honteuse et dramatique mais n'a pas de lien avec l'existence ou non d'un privé sous contrat, Lene.
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"Il n'y a que ceux qui veulent tromper les peuples et gouverner à leur profit qui peuvent vouloir retenir les hommes dans l'ignorance."
- Clecle78Bon génie
Le privé peut sélectionner davantage les profils d'élèves et se débarrasser plus facilement de ceux qui perturbent trop ou n'ont pas le niveau. Il faut quand même le reconnaitre. On ne donne pas les moyens au public de fonctionner correctement, il ne s'adapte pas toujours bien aux élèves mais il se révèle parfois plus accueillant que le privé, malgré tout. J'ai récupéré beaucoup d'élèves démolis par le fameux lycée élitiste de ma ville, beaucoup plus certainement que le lycée privé de cette même ville n'a accueilli de gamins démolis par le public. Ça dépend aussi des profils d'établissements. Difficile de généraliser. Chaque famille essaie de faire au mieux en jonglant parfois entre les deux.
- lene75Prophète
Par exemple, ici, un petit historique (source : http://dcalin.fr/cerpe/cerpe39.html)
"C’est le XXe siècle qui va voir une vraie montée en puissance progressive de ce mouvement balbutiant. Au cours de la première moitié du siècle, on assiste à une multiplication et à une généralisation sur le territoire national des créations d’établissements médico-éducatifs, essentiellement en direction des handicapés sensoriels. Il s’agit presque toujours d’initiatives privées de familles argentées dont un enfant est touché par le handicap : la famille crée en quelque sorte une institution médico-éducative autour de son enfant, généralement à la campagne. Cette création est parfois accueillie dans la maison familiale elle-même, avec ce que cela implique d’implication forte des parents dans la vie de l’institution(32). On peut considérer qu’à l’aube des années 1950, les besoins d’accueil éducatif adapté sont pour l’essentiel couverts pour les enfants handicapés sensoriels sans déficience intellectuelle. On reste alors très loin du compte pour ce qui est des besoins d’accueil pour les enfants handicapés mentaux, qui demeurent probablement pour une bonne part à la seule charge des familles, même s’il est très difficile de chiffrer ces réalités alors souvent cachées.
Dans la seconde moitié du XXe siècle, en relation avec la création de la Sécurité Sociale, l’État va prendre le relais des initiatives privées. Cela ne se traduit pas par une étatisation des nombreux établissements privés déjà existants, mais par la mise en place d’un cadre autorisant et régulant le financement public des établissements médico-éducatifs existants comme des créations nouvelles d’initiative privée(33). Les textes décisifs en ce domaine sont les décrets du 20 août 1946 puis du 9 mars 1956, qui organisent le conventionnement entre les pouvoirs publics et les établissements médico-éducatifs privés ou leurs associations gestionnaires. Les annexes XXIV du décret de 1956, qui cadrent les différents types d’établissements médico-éducatifs, seront rénovées en 1988 et 1989(34), sans bouleversement majeur. Aujourd’hui encore, la grande majorité des établissements médico-éducatifs sont à statut privé, même s’ils fonctionnent quasi exclusivement sur fonds publics."
Où on voit l'importance que peut revêtir l’existence du privé, et même du privé financé par l'État, dans le progrès de l'enseignement. C'est un beau récit rétrospectif de penser que c'est l'État qui accueille et le privé qui exclut, mais bien souvent c'est dans l'autre sens que les choses apparaissent et le privé vient se placer là où il y a un manque. Il ramasse ceux qui ne trouvent pas leur place ailleurs. Qu'aujourd'hui ce manque soit plus majoritairement pour les bons élèves là où avant on voyait fleurir les "boîtes à bac" pour les "nuls", dont certains appellent de leurs vœux le retour, interroge plus sur les défaillances du public que sur la faute du privé. Qu’on y trouve plus de milieux privilégiés quand d'une part l'État ne finance que partiellement et d'autre part il faut une initiative des parents, c'est une évidence. De même que ce sont des familles très riches qui ont "inventé" la scolarisation des enfants handicapés aujourd'hui partiellement reprise à son compte par l'État.
"C’est le XXe siècle qui va voir une vraie montée en puissance progressive de ce mouvement balbutiant. Au cours de la première moitié du siècle, on assiste à une multiplication et à une généralisation sur le territoire national des créations d’établissements médico-éducatifs, essentiellement en direction des handicapés sensoriels. Il s’agit presque toujours d’initiatives privées de familles argentées dont un enfant est touché par le handicap : la famille crée en quelque sorte une institution médico-éducative autour de son enfant, généralement à la campagne. Cette création est parfois accueillie dans la maison familiale elle-même, avec ce que cela implique d’implication forte des parents dans la vie de l’institution(32). On peut considérer qu’à l’aube des années 1950, les besoins d’accueil éducatif adapté sont pour l’essentiel couverts pour les enfants handicapés sensoriels sans déficience intellectuelle. On reste alors très loin du compte pour ce qui est des besoins d’accueil pour les enfants handicapés mentaux, qui demeurent probablement pour une bonne part à la seule charge des familles, même s’il est très difficile de chiffrer ces réalités alors souvent cachées.
Dans la seconde moitié du XXe siècle, en relation avec la création de la Sécurité Sociale, l’État va prendre le relais des initiatives privées. Cela ne se traduit pas par une étatisation des nombreux établissements privés déjà existants, mais par la mise en place d’un cadre autorisant et régulant le financement public des établissements médico-éducatifs existants comme des créations nouvelles d’initiative privée(33). Les textes décisifs en ce domaine sont les décrets du 20 août 1946 puis du 9 mars 1956, qui organisent le conventionnement entre les pouvoirs publics et les établissements médico-éducatifs privés ou leurs associations gestionnaires. Les annexes XXIV du décret de 1956, qui cadrent les différents types d’établissements médico-éducatifs, seront rénovées en 1988 et 1989(34), sans bouleversement majeur. Aujourd’hui encore, la grande majorité des établissements médico-éducatifs sont à statut privé, même s’ils fonctionnent quasi exclusivement sur fonds publics."
Où on voit l'importance que peut revêtir l’existence du privé, et même du privé financé par l'État, dans le progrès de l'enseignement. C'est un beau récit rétrospectif de penser que c'est l'État qui accueille et le privé qui exclut, mais bien souvent c'est dans l'autre sens que les choses apparaissent et le privé vient se placer là où il y a un manque. Il ramasse ceux qui ne trouvent pas leur place ailleurs. Qu'aujourd'hui ce manque soit plus majoritairement pour les bons élèves là où avant on voyait fleurir les "boîtes à bac" pour les "nuls", dont certains appellent de leurs vœux le retour, interroge plus sur les défaillances du public que sur la faute du privé. Qu’on y trouve plus de milieux privilégiés quand d'une part l'État ne finance que partiellement et d'autre part il faut une initiative des parents, c'est une évidence. De même que ce sont des familles très riches qui ont "inventé" la scolarisation des enfants handicapés aujourd'hui partiellement reprise à son compte par l'État.
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Une classe, c'est comme une boîte de chocolats, on sait jamais sur quoi on va tomber...
- henrietteMédiateur
Ce privé médico-éducatif dont tu retraces l'histoire est tout à fait distinct du privé qu'on appelle l'école libre. Il est à mettre en parallèle avec le public médico-éducatif, comme tu le montres toi-même, et pas avec le public tout court, ne crois-tu pas ?
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"Il n'y a que ceux qui veulent tromper les peuples et gouverner à leur profit qui peuvent vouloir retenir les hommes dans l'ignorance."
- JennyMédiateur
lene75 a écrit:C'est un beau récit rétrospectif de penser que c'est l'État qui accueille et le privé qui exclut, mais bien souvent c'est dans l'autre sens que les choses apparaissent et le privé vient se placer là où il y a un manque. Il ramasse ceux qui ne trouvent pas leur place ailleurs.
L'accès de l'immense majorité de la population à l'éducation, ce sont les lois Jules Ferry.
C'est marrant, moi, je croise souvent des familles qui nous racontent ne pas trouver de place dans le privé ou que l'établissement privé n'a plus voulu de leur enfant... comme quoi, l'expérience individuelle varie, mais les stats sont révélatrices.
Même avis qu'Henriette, c'est très éloigné de l'enseignement.
- lene75Prophète
henriette a écrit:Ce privé médico-éducatif dont tu retraces l'histoire est tout à fait distinct du privé qu'on appelle l'école libre. Il est à mettre en parallèle avec le public médico-éducatif, comme tu le montres toi-même, et pas avec le public tout court, ne crois-tu pas ?
Non pas du tout. Si aujourd'hui l'école publique commence un tout petit peu à se soucier des enfants handicapés, c'est parce qu'il y a eu d'abord des initiatives privées. C'est à mon sens une illusion de croire que l'école publique fonctionnerait mieux si on supprimait le privé. C'est tout le contraire : on casserait le thermomètre.
Jenny résume très bien les choses : l'école publique est faite pour la majorité. Quant aux "nuls", mais aussi aux HPI, aux harcelés, aux "intellos", aux handicapés, aux malades, aux fragiles, etc., bref, à tout ceux qui n'entrent pas dans l'uniforme qu'on veut imposer, ils ne comptent pas. Considérer que la scolarisation des enfants en centres médicaux-sociaux n'a rien à voir avec la question de l'école est très révélateur. Je croyais pourtant que la scolarité était un droit pour tous. Pourquoi donc l'école publique ne devrait-elle pas se préoccuper de ceux-là ? Si on interdit les écoles privées ou qu'on en retire les financements, il me paraît évident que ça concerne tous les lieux de scolarisation. C'est assez révélateur de considérer que le privé ne dérange personne quand il prend en charge ceux dont personne ne veut et qu'il ne pose problème que quand il capte des élèves qu'on aimerait bien récupérer.
- JennyMédiateur
Mais tu penses réellement que le harcèlement est un problème dans le public spécifiquement ?
Personnellement, le privé me dérange quand il n’est pas vraiment privé c’est-à-dire très largement financé par l’Etat et les collectivités locales. C’est un peu différent de ce que tu dis.
Le privé ne semble pas fait pour les pauvres en tout cas… C’est exclure une large partie des élèves.
Personnellement, le privé me dérange quand il n’est pas vraiment privé c’est-à-dire très largement financé par l’Etat et les collectivités locales. C’est un peu différent de ce que tu dis.
Le privé ne semble pas fait pour les pauvres en tout cas… C’est exclure une large partie des élèves.
- henrietteMédiateur
La scolarisation des enfants à besoins particuliers est absolument et honteusement sous-dotée, que ce soit dans le public ou dans l'école libre. Ce n'est pas parce que localement telle école publique réussit des merveilles là où le privé se défausse, et inversement ailleurs, qu'on peut en conclure que l'un réussit là où l'autre échoue.
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- Clecle78Bon génie
Alors ma sœur est directrice d'un collège privé réputé et elle n'en peut plus des problèmes de harcèlement dans son établissement. C'est incessant et je t'assure qu'elle est épuisée moralement par les menaces des familles. La meilleure amie de ma fille a été harcelée dans le privé et c'est allé assez loin. Une jeune fille qui s'est suicidée il y a quelques années était scolarisée au collège Notre dame de la paix à Lille.
S'imaginer que son gamin échappera au harcèlement grâce au privé est illusoire.
S'imaginer que son gamin échappera au harcèlement grâce au privé est illusoire.
- lene75Prophète
Je dis juste que les discours à base de "le public accueille tout le monde" (sous-entendu dans les meilleures conditions, sinon ça n'aurait pas de sens) est mensonger, surtout quand l'exemple pris est celui du privé qui se déchargerait des élèves handicapés sur le public quand on sait quel accueil est fait des enfants handicapés dans le public.
Un établissement public dans lequel on a le droit d'aller, il n'y en a qu'un seul et unique. Or il est complètement impossible qu'un établissement puisse convenir à tous les profils. On fait comment s'il ne convient pas à l'enfant ?
Un élève harcelé dans le privé peut toujours en partir. Dans le public on est prisonnier de la carte scolaire.
Si un directeur d'école privée me dit qu'il ne veut pas de mon enfant et qu'il sera mal accueilli, je mets mon enfant ailleurs. Si ça se passe mal, je peux le retirer. Dans le public ce n'est pas possible.
Effectivement c'est injuste que toutes les familles n'aient pas ce choix parce que beaucoup d'écoles privées sont payantes (mais pas toutes, et souvent il peut y avoir des fonds sociaux, mais je conviens que ça ne soit pas une démarche facile), mais est-ce la faute du privé ? Est-ce que c'est plus juste de déterminer ça en fonction du lieu d'habitation ? Est-ce que vraiment si on supprimait le privé chaque enfant serait accueilli dans des conditions idéales dans le public, alors même que ça générerait un surcoût de devoir financer intégralement la scolarité d'enfants pour lesquels elle n'est actuellement financée que partiellement ?
Un établissement public dans lequel on a le droit d'aller, il n'y en a qu'un seul et unique. Or il est complètement impossible qu'un établissement puisse convenir à tous les profils. On fait comment s'il ne convient pas à l'enfant ?
Un élève harcelé dans le privé peut toujours en partir. Dans le public on est prisonnier de la carte scolaire.
Si un directeur d'école privée me dit qu'il ne veut pas de mon enfant et qu'il sera mal accueilli, je mets mon enfant ailleurs. Si ça se passe mal, je peux le retirer. Dans le public ce n'est pas possible.
Effectivement c'est injuste que toutes les familles n'aient pas ce choix parce que beaucoup d'écoles privées sont payantes (mais pas toutes, et souvent il peut y avoir des fonds sociaux, mais je conviens que ça ne soit pas une démarche facile), mais est-ce la faute du privé ? Est-ce que c'est plus juste de déterminer ça en fonction du lieu d'habitation ? Est-ce que vraiment si on supprimait le privé chaque enfant serait accueilli dans des conditions idéales dans le public, alors même que ça générerait un surcoût de devoir financer intégralement la scolarité d'enfants pour lesquels elle n'est actuellement financée que partiellement ?
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Une classe, c'est comme une boîte de chocolats, on sait jamais sur quoi on va tomber...
- henrietteMédiateur
Mais je crois que personne ici ne dit que le public accueille tout le monde dans les meilleures conditions, Lene, très loin s'en faut.
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"Il n'y a que ceux qui veulent tromper les peuples et gouverner à leur profit qui peuvent vouloir retenir les hommes dans l'ignorance."
- JennyMédiateur
lene75 a écrit:Un établissement public dans lequel on a le droit d'aller, il n'y en a qu'un seul et unique. Or il est complètement impossible qu'un établissement puisse convenir à tous les profils. On fait comment s'il ne convient pas à l'enfant ?
Tu parlais de harcèlement. Dans ce cas, il y a la possibilité de changer d’établissement.
Pour certains profils spécifiques, l’affectation ne se fait pas que sur le domicile. Je suis dans le public, sur certains dispositifs, l’adresse joue peu (hormis si on a des inquiétudes sur le temps de transport en fait).
Qu’on n’ait pas assez de place, qu’il manque de structures spécifiques, qu’il manque de la formation est un autre débat lié au manque de financement dans l’éducation. Qu’il faille souvent batailler pour maintenir ce qui existe et fonctionne est une réalité. Et non, le privé ne prend pas forcément le relais pour tous.
- Clecle78Bon génie
Je n'ai pas vu ces sous entendus dans les échanges. Au contraire tout le monde dit que ce n'est pas satisfaisant dans le public. Par contre le privé ne fait ne fait pas assez d'efforts pour accueillir un public plus hétérogène et les chiffres le démontrent. Le privé doit faire plus d'efforts même si ce n'est pas ce que souhaite sa clientèle ( et on peut comprendre pourquoi).
- lene75Prophète
henriette a écrit:Mais je crois que personne ici ne dit que le public accueille tout le monde dans les meilleures conditions, Lene, très loin s'en faut.
Donc il faudrait accepter de sacrifier son gamin ? Dans quel but ?
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Une classe, c'est comme une boîte de chocolats, on sait jamais sur quoi on va tomber...
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