Page 1 sur 5 • 1, 2, 3, 4, 5
- titeprofExpert
Bonjour,
Le retour de vacances de Toussaint m'a remis dans le bain directement, avec un temps infini à gérer sur la messagerie ENT les messages critiques, accusateurs ou incongrus de parents...
Trois semaines avant les vacances de Toussaint, mes 5e avaient un petit travail à faire : répondre à deux questions d'activité. Il s'agissait donc de rédiger 2 à 3 phrases, et ils avaient une semaine pour le faire.
Je vérifie le travail : sur mes 3 classes de 5e, environ 30 élèves n'ont pas fait le travail demandé. Je donne donc une punition écrite pour travail non fait à chacun de ces 30 élèves, punition à rendre pour le 27 octobre.
Le 27 octobre malheureusement, je suis malade, donc absente. Pas grave, me dis-je, je ramasserai les punitions cette semaine.
Sauf qu'un charmant message arrive avant-hier dans ma messagerie : une maman m'explique que son fils n'a fait qu'un bout de la punition et me rendra le tout lors de la prochaine séance.
Pour résumer : le gamin ne fait pas le travail demandé, ne fait pas la punition (qui était censée être faite pour il y a 3 semaines!), et la maman décide à ma place de quand son minot va éventuellement me rendre quelque chose.
Alors deux possibilités hier : soit je faisais mine d'oublier les punitions, soit je ramassais les punitions, constatais que ça n'avait pas été fait, et doublais la punition ou mettais une heure de retenue, ce qui allait à coup sûr m'attirer plein de messages haineux de parents en retour, sans compter que la réunion parents-profs a lieu la semaine prochaine et que je risque donc de me prendre un coup dans la foulée.
J'ai finalement opté pour une solution me préservant : un simple mot dans le carnet "punition non faite", mot qui ne sera pas signé et de toute façon qui n'entraînera aucune conséquence.
Ça n'a l'air de rien, une anecdote parmi tant d'autres, et pourtant ça m'a fait longuement réfléchir à la façon dont j'ai changé mes pratiques pédagogiques à cause des parents.
Avant je donnais volontiers des devoirs à la maison notés. Depuis que le parent d'un plagiaire m'a "convoquée" pour me hurler dessus pendant une heure devant une chef muette jusqu'à ce que je fonde en larmes, je ne donne plus de devoir maison noté : j'ai peur.
Avant je donnais un peu (très peu) de travail à faire à la maison. Maintenant que le travail n'est jamais fait, et que je dois le constater et faire quelque chose (donner une punition ou autre), je n'en donne presque plus, parce que c'est l'assurance d'avoir à gérer x messages agressifs après, et j'ai peur.
Avant quand un parent venait se plaindre d'une note, j'étais droit dans mes bottes, réexpliquais longuement mon barème, mes attentes, ... Maintenant, quand un parent me hurle dessus pour un résultat, je demande directement combien il veut que je mette. On perd moins de temps, je préserve ma santé mentale, et puis j'ai peur.
Je suis prof depuis 20ans, et depuis une petite dizaine d'années je constate à quel point certaines de mes pratiques ont changé, non pas dans un but pédagogique, mais dans le but de me protéger. Je mets l'intégralité de mon cours (trace écrite, fiches d'activité, vidéo...) sur le cahier de texte en ligne pour ne pas me faire agresser par le parent d'un absent. Je donne des DM facultatifs pour ne pas me faire agresser par le parent d'un fainéant/plagiaire. Je mets en ligne la liste des points précis sur lesquels les élèves seront interrogés avant chaque contrôle (c'est presque l'énonce du contrôle qui est mis en ligne!) pour ne pas me faire agresser par le parent d'un gamin qui jure ses grands dieux qu'il a tout appris et que je m'acharne exprès sur lui. Je ne donne presque plus de punitions : ils ne les font pas et les parents cautionnent. Je ne donne plus d'heure de retenue : ils ne les font pas et les parents les excusent. Je laisse certains gamins irrécupérables passer la séance entière à se colorier les doigts, parce qu'ils ont déjà 50 rapports sans effet aux fesses, au pire ils auront une commission éducative où on va leur dire "c'est pas gentil d'être méchant" et ils reviendront triomphants encore pire qu'avant, avec derrière eux leurs parents me traitant de tous les noms. Malheur à celui dont le rapport déclenche effectivement quelque chose, même une simple commission : les parents attendent à la sortie, et ce n'est pas une façon de parler, certains sont même déjà entrés dans le collège pour régler à coups de poings ce qu'isl considèrent toujours comme une injustice/de l'acharnement/du racisme/de l'incompétence de l'institution...
Alors désormais je laisse couler. Je serre les dents.
Et je me rends peu à peu compte à quel point tout ceci est épuisant. Je suis devenue lâche je crois, ou alors vraiment très fatiguée de toute cette mascarade.
Est-ce aussi votre cas, ou dois je m'inquiéter pour la suite des quelques années qu'il me reste à tirer avant que ma reconversion professionnelle prenne effet?
Le retour de vacances de Toussaint m'a remis dans le bain directement, avec un temps infini à gérer sur la messagerie ENT les messages critiques, accusateurs ou incongrus de parents...
Trois semaines avant les vacances de Toussaint, mes 5e avaient un petit travail à faire : répondre à deux questions d'activité. Il s'agissait donc de rédiger 2 à 3 phrases, et ils avaient une semaine pour le faire.
Je vérifie le travail : sur mes 3 classes de 5e, environ 30 élèves n'ont pas fait le travail demandé. Je donne donc une punition écrite pour travail non fait à chacun de ces 30 élèves, punition à rendre pour le 27 octobre.
Le 27 octobre malheureusement, je suis malade, donc absente. Pas grave, me dis-je, je ramasserai les punitions cette semaine.
Sauf qu'un charmant message arrive avant-hier dans ma messagerie : une maman m'explique que son fils n'a fait qu'un bout de la punition et me rendra le tout lors de la prochaine séance.
Pour résumer : le gamin ne fait pas le travail demandé, ne fait pas la punition (qui était censée être faite pour il y a 3 semaines!), et la maman décide à ma place de quand son minot va éventuellement me rendre quelque chose.
Alors deux possibilités hier : soit je faisais mine d'oublier les punitions, soit je ramassais les punitions, constatais que ça n'avait pas été fait, et doublais la punition ou mettais une heure de retenue, ce qui allait à coup sûr m'attirer plein de messages haineux de parents en retour, sans compter que la réunion parents-profs a lieu la semaine prochaine et que je risque donc de me prendre un coup dans la foulée.
J'ai finalement opté pour une solution me préservant : un simple mot dans le carnet "punition non faite", mot qui ne sera pas signé et de toute façon qui n'entraînera aucune conséquence.
Ça n'a l'air de rien, une anecdote parmi tant d'autres, et pourtant ça m'a fait longuement réfléchir à la façon dont j'ai changé mes pratiques pédagogiques à cause des parents.
Avant je donnais volontiers des devoirs à la maison notés. Depuis que le parent d'un plagiaire m'a "convoquée" pour me hurler dessus pendant une heure devant une chef muette jusqu'à ce que je fonde en larmes, je ne donne plus de devoir maison noté : j'ai peur.
Avant je donnais un peu (très peu) de travail à faire à la maison. Maintenant que le travail n'est jamais fait, et que je dois le constater et faire quelque chose (donner une punition ou autre), je n'en donne presque plus, parce que c'est l'assurance d'avoir à gérer x messages agressifs après, et j'ai peur.
Avant quand un parent venait se plaindre d'une note, j'étais droit dans mes bottes, réexpliquais longuement mon barème, mes attentes, ... Maintenant, quand un parent me hurle dessus pour un résultat, je demande directement combien il veut que je mette. On perd moins de temps, je préserve ma santé mentale, et puis j'ai peur.
Je suis prof depuis 20ans, et depuis une petite dizaine d'années je constate à quel point certaines de mes pratiques ont changé, non pas dans un but pédagogique, mais dans le but de me protéger. Je mets l'intégralité de mon cours (trace écrite, fiches d'activité, vidéo...) sur le cahier de texte en ligne pour ne pas me faire agresser par le parent d'un absent. Je donne des DM facultatifs pour ne pas me faire agresser par le parent d'un fainéant/plagiaire. Je mets en ligne la liste des points précis sur lesquels les élèves seront interrogés avant chaque contrôle (c'est presque l'énonce du contrôle qui est mis en ligne!) pour ne pas me faire agresser par le parent d'un gamin qui jure ses grands dieux qu'il a tout appris et que je m'acharne exprès sur lui. Je ne donne presque plus de punitions : ils ne les font pas et les parents cautionnent. Je ne donne plus d'heure de retenue : ils ne les font pas et les parents les excusent. Je laisse certains gamins irrécupérables passer la séance entière à se colorier les doigts, parce qu'ils ont déjà 50 rapports sans effet aux fesses, au pire ils auront une commission éducative où on va leur dire "c'est pas gentil d'être méchant" et ils reviendront triomphants encore pire qu'avant, avec derrière eux leurs parents me traitant de tous les noms. Malheur à celui dont le rapport déclenche effectivement quelque chose, même une simple commission : les parents attendent à la sortie, et ce n'est pas une façon de parler, certains sont même déjà entrés dans le collège pour régler à coups de poings ce qu'isl considèrent toujours comme une injustice/de l'acharnement/du racisme/de l'incompétence de l'institution...
Alors désormais je laisse couler. Je serre les dents.
Et je me rends peu à peu compte à quel point tout ceci est épuisant. Je suis devenue lâche je crois, ou alors vraiment très fatiguée de toute cette mascarade.
Est-ce aussi votre cas, ou dois je m'inquiéter pour la suite des quelques années qu'il me reste à tirer avant que ma reconversion professionnelle prenne effet?
_________________
[center]Je suis comme le ciel, rien ne s'accroche à moi (mantra)
- JennyMédiateur
Plus d'agressivité des élèves et des parents sur le contrôle continu, et encore, ce n'est pas partout. Pour le reste, pas de changement depuis que je suis prof, les contestations restent minoritaires hormis en Tle où ça peut être compliqué.
Pour le reste, tout est question de direction aussi. D'un établissement à un autre, ça peut être le jour et la nuit. Pour ce que tu décris, les parents seraient, ici, reçus par la direction. Il est également inenvisageable qu'un élève ne fasse pas sa retenue, ça arrive, mais ils finissent par la faire ou écoper d'une sanction.
Pour le reste, tout est question de direction aussi. D'un établissement à un autre, ça peut être le jour et la nuit. Pour ce que tu décris, les parents seraient, ici, reçus par la direction. Il est également inenvisageable qu'un élève ne fasse pas sa retenue, ça arrive, mais ils finissent par la faire ou écoper d'une sanction.
- Clecle78Bon génie
Tu te protèges et si tu le fais c'est effectivement que tu sembles épuisée émotionnellement et professionnellement. Sans soutien ferme de ton chef, tu te battrais contre des moulins à vent. C'est triste mais dis toi que tu ne peux pas sacrifier ta santé à ton boulot. J'ai rarement eu affaire à des parents pénibles mais à chaque fois c'était très dur et je ruminais beaucoup. Tu envisages quel type de reconversion ?
- titeprofExpert
Clecle78 : je reprends mes études actuellement, depuis la licence, donc la reconversion effective n'aura lieu que dans 4 ans environ si tout se passe bien. Il s'agit d'études de théologie protestante : j'ai (enfin) eu le cran de me lancer dans une passion et quelque chose qui occupe une grand place dans ma vie. Si tout va bien, dans 4 ou 5 ans, je suis... pasteure
_________________
[center]Je suis comme le ciel, rien ne s'accroche à moi (mantra)
- Clecle78Bon génie
C'est chouette d'avoir un projet et je pense que si c'est ce que tu souhaites tu seras bien plus heureuse. Et tu auras encore l'occasion de faire de la pédagogie, finalement !
- TivinouDoyen
pour toutes les fois où tu as écrit "j’ai peur". C’est tellement anormal ! Ton message mériterait de figurer tel quel dans le registre santé et sécurité au travail.
Je te souhaite une belle reconversion.
Je te souhaite une belle reconversion.
- DalvarNiveau 6
Tu fais bien de te préserver, et il n'y a aucune lâcheté à ça, ce n'est pas normal cette agressivité des parents. Dans les conditions présentes plus tu t'investiras et plus tu te feras du mal de toute façon. Soutien.
- lene75Prophète
Pour les DM, dans ma matière, nous sommes une majorité, nationalement, à avoir laissé tomber. Il n'y a pas que les enseignants qui s'adaptent aux parents : à l'époque où nous en faisions encore, notre direction nous avait clairement indiqué craindre de perdre la face au TA face aux parents vindicatifs. Nous sommes aussi nombreux à donner des fiches méthode tout en sachant qu'elles ne servent à rien (et sont même désapprouvées par l'inspection) pour qu'on nous lâche. Dans certaines matières les progressions communes et contrôles commun ont été mis en place pour faire taire les récriminations des parents, c'est donc tout le cours de l'année qui est impacté pour leur faire plaisir (et je constate que ça exacerbe au contraire les récriminations en rendant les comparaisons plus faciles : les parents ne supportant pas qu'un groupe ait une moins bonne moyenne qu'un autre ou un peu de retard et refusant d'entendre qu'il peut y avoir des différences de niveau entre les groupes sans que ce soit de la faute du prof du groupe moins bon). Le PLE relève de ça et a le même effet : c'est donner le bâton pour se faire battre. Et il est bien présenté aux parents en CA, de même que le protocole de RCD : c'est pour eux que cette mascarade est mise en place. Il faut "communiquer à destination des parents". Faire semblant au lieu de faire vraiment. Le mot "parents" revient quand même très souvent en conseil pédagogique et très souvent aussi face à une remarque de parents, la personne qui préside le conseil de classe répond qu'elle en parlera au prof en laissant entendre qu'on va lui demander de changer sa manière de faire.
Oui les pratiques pédagogiques changent à cause des parents. C'est plus ou moins explicite selon les établissements, mais c'est le cas partout parce que c'est aussi ce qui dirige (après les gros sous) les décisions nationales et les déclarations à l'emporte pièce dans les médias avec engagement que ceci ou cela sera mis en place dans les écoles pour faire plaisir aux parents.
C'est génial ton projet, titeprof ! Mais, on peut être pasteur comme métier ? Je croyais que contrairement aux prêtres catholiques, ils exerçaient une profession "civile".
Oui les pratiques pédagogiques changent à cause des parents. C'est plus ou moins explicite selon les établissements, mais c'est le cas partout parce que c'est aussi ce qui dirige (après les gros sous) les décisions nationales et les déclarations à l'emporte pièce dans les médias avec engagement que ceci ou cela sera mis en place dans les écoles pour faire plaisir aux parents.
C'est génial ton projet, titeprof ! Mais, on peut être pasteur comme métier ? Je croyais que contrairement aux prêtres catholiques, ils exerçaient une profession "civile".
- JennyMédiateur
Je crois que je m'en fiche des plaintes de parents... et que globalement, ça ne change pas grand chose.
Je ne donne pas de fiche méthode, je dis aux élèves et à leurs parents que ça ne sert à rien et qu'il y en a dans le manuel. Je note comme je note. Je veux bien expliquer ce qui ne va pas, mais pas revenir sur la note et je m'en fiche royalement d'avoir un point ou 5 de moins que M. Bidule. En général, je suis plutôt alignée d'ailleurs avec les notes de SVT, comme souvent en HG.
Quand à la direction, de toute façon, l'année suivante, je suis ailleurs. Et la plupart des perdirs sont contents de mon travail.
Je ne donne pas de fiche méthode, je dis aux élèves et à leurs parents que ça ne sert à rien et qu'il y en a dans le manuel. Je note comme je note. Je veux bien expliquer ce qui ne va pas, mais pas revenir sur la note et je m'en fiche royalement d'avoir un point ou 5 de moins que M. Bidule. En général, je suis plutôt alignée d'ailleurs avec les notes de SVT, comme souvent en HG.
Quand à la direction, de toute façon, l'année suivante, je suis ailleurs. Et la plupart des perdirs sont contents de mon travail.
- lene75Prophète
En général ce sont plutôt les collègues qui ont des moyennes plus basses qui sont embêtés, et plus particulièrement les collègues de maths et de français, matières considérées comme plus importantes, mais aussi les collègues qui notent moins haut dans des équipes qui notent très haut (on a souvent le problème en anglais, notamment). C'est sûr qu'en alignant sa notation sur les SVT ou les langues, on ne prête pas trop le flan aux récriminations. Mais justement, cette inflation des notes est une façon, collectivement, de céder aux parents. Et j'y participe, hein, même si en philo on reste toujours plus proche du français que des SVT.
- JennyMédiateur
J'ai fréquemment 8 de moyenne avec certains classes, Lene, voire moins certaines années. Je peux avoir beaucoup plus avec de bonnes classes. Là, je tourne autour de 10-11 dans mes classes, mais je n'ai pas fini de taper ma série de z.
- roxanneOracle
Je ne sais pas si c'est lié mais dans le collège de mon fils, la moyenne de classe des évaluations n'apparait pas. Et des professeurs m'ont dit que c'était pareil sur les bulletins (je ne sais pas si c'est légal).
- lene75Prophète
Jenny a écrit:J'ai fréquemment 8 de moyenne avec certains classes, Lene, voire moins certaines années. Je peux avoir beaucoup plus avec de bonnes classes. Là, je tourne autour de 10-11 dans mes classes, mais je n'ai pas fini de taper ma série de z.
Tu es dans des établissements avec des parents revendicateurs avec des équipes qui ont de telles moyennes ? Il faut que je retrouve les moyennes de bac de SVT des années passées, qu'on nous avait communiquées, mais c'était pas dans ces eaux-là. À moins que Paris note plus dur : c'étaient des moyennes académiques (mais Versailles est plutôt en dessous du national en général). Ça ressemble plus à des élèves en difficulté, dont les parents sont souvent moins casse-bonbons sur les notes. Clairement les sondages de satisfaction concernant un collègue de Lettres présentés par les délégués de parents en conseil de classe (pour dire que la majorité des parents n'est pas satisfaite de son cours), c'est pas dans n'importe quelle classe.
Roxanne, je ne sais pas si c'est lié : les parents arrivent en conseil de classe avec leurs propres moyennes, qu'ils ont donc calculées avant d'avoir les bulletins (mais ça apparaît peut-être déjà sur les relevés de notes : je ne sais pas où ils se procurent ces moyennes).
_________________
Une classe, c'est comme une boîte de chocolats, on sait jamais sur quoi on va tomber...
- JennyMédiateur
Je bouge beaucoup donc oui, ça arrive.
Il ne faut pas laisser passer un "sondage de satisfaction". Le chef ou l'adjoint n'ont rien dit ? Les collègues non plus ? Et ils sont restés ?
Il ne faut pas laisser passer un "sondage de satisfaction". Le chef ou l'adjoint n'ont rien dit ? Les collègues non plus ? Et ils sont restés ?
- M le MauditNiveau 9
titeprof a écrit:Bonjour,
Le retour de vacances de Toussaint m'a remis dans le bain directement, avec un temps infini à gérer sur la messagerie ENT les messages critiques, accusateurs ou incongrus de parents...
Trois semaines avant les vacances de Toussaint, mes 5e avaient un petit travail à faire : répondre à deux questions d'activité. Il s'agissait donc de rédiger 2 à 3 phrases, et ils avaient une semaine pour le faire.
Je vérifie le travail : sur mes 3 classes de 5e, environ 30 élèves n'ont pas fait le travail demandé. Je donne donc une punition écrite pour travail non fait à chacun de ces 30 élèves, punition à rendre pour le 27 octobre.
Le 27 octobre malheureusement, je suis malade, donc absente. Pas grave, me dis-je, je ramasserai les punitions cette semaine.
Sauf qu'un charmant message arrive avant-hier dans ma messagerie : une maman m'explique que son fils n'a fait qu'un bout de la punition et me rendra le tout lors de la prochaine séance.
Pour résumer : le gamin ne fait pas le travail demandé, ne fait pas la punition (qui était censée être faite pour il y a 3 semaines!), et la maman décide à ma place de quand son minot va éventuellement me rendre quelque chose.
Alors deux possibilités hier : soit je faisais mine d'oublier les punitions, soit je ramassais les punitions, constatais que ça n'avait pas été fait, et doublais la punition ou mettais une heure de retenue, ce qui allait à coup sûr m'attirer plein de messages haineux de parents en retour, sans compter que la réunion parents-profs a lieu la semaine prochaine et que je risque donc de me prendre un coup dans la foulée.
J'ai finalement opté pour une solution me préservant : un simple mot dans le carnet "punition non faite", mot qui ne sera pas signé et de toute façon qui n'entraînera aucune conséquence.
Ça n'a l'air de rien, une anecdote parmi tant d'autres, et pourtant ça m'a fait longuement réfléchir à la façon dont j'ai changé mes pratiques pédagogiques à cause des parents.
Avant je donnais volontiers des devoirs à la maison notés. Depuis que le parent d'un plagiaire m'a "convoquée" pour me hurler dessus pendant une heure devant une chef muette jusqu'à ce que je fonde en larmes, je ne donne plus de devoir maison noté : j'ai peur.
Avant je donnais un peu (très peu) de travail à faire à la maison. Maintenant que le travail n'est jamais fait, et que je dois le constater et faire quelque chose (donner une punition ou autre), je n'en donne presque plus, parce que c'est l'assurance d'avoir à gérer x messages agressifs après, et j'ai peur.
Avant quand un parent venait se plaindre d'une note, j'étais droit dans mes bottes, réexpliquais longuement mon barème, mes attentes, ... Maintenant, quand un parent me hurle dessus pour un résultat, je demande directement combien il veut que je mette. On perd moins de temps, je préserve ma santé mentale, et puis j'ai peur.
Je suis prof depuis 20ans, et depuis une petite dizaine d'années je constate à quel point certaines de mes pratiques ont changé, non pas dans un but pédagogique, mais dans le but de me protéger. Je mets l'intégralité de mon cours (trace écrite, fiches d'activité, vidéo...) sur le cahier de texte en ligne pour ne pas me faire agresser par le parent d'un absent. Je donne des DM facultatifs pour ne pas me faire agresser par le parent d'un fainéant/plagiaire. Je mets en ligne la liste des points précis sur lesquels les élèves seront interrogés avant chaque contrôle (c'est presque l'énonce du contrôle qui est mis en ligne!) pour ne pas me faire agresser par le parent d'un gamin qui jure ses grands dieux qu'il a tout appris et que je m'acharne exprès sur lui. Je ne donne presque plus de punitions : ils ne les font pas et les parents cautionnent. Je ne donne plus d'heure de retenue : ils ne les font pas et les parents les excusent. Je laisse certains gamins irrécupérables passer la séance entière à se colorier les doigts, parce qu'ils ont déjà 50 rapports sans effet aux fesses, au pire ils auront une commission éducative où on va leur dire "c'est pas gentil d'être méchant" et ils reviendront triomphants encore pire qu'avant, avec derrière eux leurs parents me traitant de tous les noms. Malheur à celui dont le rapport déclenche effectivement quelque chose, même une simple commission : les parents attendent à la sortie, et ce n'est pas une façon de parler, certains sont même déjà entrés dans le collège pour régler à coups de poings ce qu'isl considèrent toujours comme une injustice/de l'acharnement/du racisme/de l'incompétence de l'institution...
Alors désormais je laisse couler. Je serre les dents.
Et je me rends peu à peu compte à quel point tout ceci est épuisant. Je suis devenue lâche je crois, ou alors vraiment très fatiguée de toute cette mascarade.
Est-ce aussi votre cas, ou dois je m'inquiéter pour la suite des quelques années qu'il me reste à tirer avant que ma reconversion professionnelle prenne effet?
J'enseigne depuis 30 ans et je ressens la même chose. De mon côté c'est très clair aujourd'hui : les élèves travaillent pour eux, ni pour ns ni pour leurs parents. Ils bossent tant mieux, ils ne bossent pas tant pis !! Ca me fait gagner du temps et pas de pb avec les parents ! Je ne vois pas du tt ça comme une lâcheté mais comme une adaptation nécessaire si je veux rester en bon état physique et mental...
- titeprofExpert
lene75 : eh non, pasteur est un métier à part entière, et contrairement aux curés, c'est un poste universitaire avant tout (5 ans d'études obligatoires). Et...quel plaisir de me replonger dans les études, qui plus est pour quelque chose qui me passionne !
M le Maudit : ça me rassure (ou m'affole) de te lire : ainsi cette évolution devient commune, banale presque.
M le Maudit : ça me rassure (ou m'affole) de te lire : ainsi cette évolution devient commune, banale presque.
_________________
[center]Je suis comme le ciel, rien ne s'accroche à moi (mantra)
- scot69Modérateur
Alors pour les DM: terminé pour moi, ils se font désormais en classe, sans le téléphone.
- lagoulueNiveau 8
titeprof a écrit:Bonjour,
Le retour de vacances de Toussaint m'a remis dans le bain directement, avec un temps infini à gérer sur la messagerie ENT les messages critiques, accusateurs ou incongrus de parents...
Trois semaines avant les vacances de Toussaint, mes 5e avaient un petit travail à faire : répondre à deux questions d'activité. Il s'agissait donc de rédiger 2 à 3 phrases, et ils avaient une semaine pour le faire.
Je vérifie le travail : sur mes 3 classes de 5e, environ 30 élèves n'ont pas fait le travail demandé. Je donne donc une punition écrite pour travail non fait à chacun de ces 30 élèves, punition à rendre pour le 27 octobre.
Le 27 octobre malheureusement, je suis malade, donc absente. Pas grave, me dis-je, je ramasserai les punitions cette semaine.
Sauf qu'un charmant message arrive avant-hier dans ma messagerie : une maman m'explique que son fils n'a fait qu'un bout de la punition et me rendra le tout lors de la prochaine séance.
Pour résumer : le gamin ne fait pas le travail demandé, ne fait pas la punition (qui était censée être faite pour il y a 3 semaines!), et la maman décide à ma place de quand son minot va éventuellement me rendre quelque chose.
Alors deux possibilités hier : soit je faisais mine d'oublier les punitions, soit je ramassais les punitions, constatais que ça n'avait pas été fait, et doublais la punition ou mettais une heure de retenue, ce qui allait à coup sûr m'attirer plein de messages haineux de parents en retour, sans compter que la réunion parents-profs a lieu la semaine prochaine et que je risque donc de me prendre un coup dans la foulée.
J'ai finalement opté pour une solution me préservant : un simple mot dans le carnet "punition non faite", mot qui ne sera pas signé et de toute façon qui n'entraînera aucune conséquence.
Ça n'a l'air de rien, une anecdote parmi tant d'autres, et pourtant ça m'a fait longuement réfléchir à la façon dont j'ai changé mes pratiques pédagogiques à cause des parents.
Avant je donnais volontiers des devoirs à la maison notés. Depuis que le parent d'un plagiaire m'a "convoquée" pour me hurler dessus pendant une heure devant une chef muette jusqu'à ce que je fonde en larmes, je ne donne plus de devoir maison noté : j'ai peur.
Avant je donnais un peu (très peu) de travail à faire à la maison. Maintenant que le travail n'est jamais fait, et que je dois le constater et faire quelque chose (donner une punition ou autre), je n'en donne presque plus, parce que c'est l'assurance d'avoir à gérer x messages agressifs après, et j'ai peur.
Avant quand un parent venait se plaindre d'une note, j'étais droit dans mes bottes, réexpliquais longuement mon barème, mes attentes, ... Maintenant, quand un parent me hurle dessus pour un résultat, je demande directement combien il veut que je mette. On perd moins de temps, je préserve ma santé mentale, et puis j'ai peur.
Je suis prof depuis 20ans, et depuis une petite dizaine d'années je constate à quel point certaines de mes pratiques ont changé, non pas dans un but pédagogique, mais dans le but de me protéger. Je mets l'intégralité de mon cours (trace écrite, fiches d'activité, vidéo...) sur le cahier de texte en ligne pour ne pas me faire agresser par le parent d'un absent. Je donne des DM facultatifs pour ne pas me faire agresser par le parent d'un fainéant/plagiaire. Je mets en ligne la liste des points précis sur lesquels les élèves seront interrogés avant chaque contrôle (c'est presque l'énonce du contrôle qui est mis en ligne!) pour ne pas me faire agresser par le parent d'un gamin qui jure ses grands dieux qu'il a tout appris et que je m'acharne exprès sur lui. Je ne donne presque plus de punitions : ils ne les font pas et les parents cautionnent. Je ne donne plus d'heure de retenue : ils ne les font pas et les parents les excusent. Je laisse certains gamins irrécupérables passer la séance entière à se colorier les doigts, parce qu'ils ont déjà 50 rapports sans effet aux fesses, au pire ils auront une commission éducative où on va leur dire "c'est pas gentil d'être méchant" et ils reviendront triomphants encore pire qu'avant, avec derrière eux leurs parents me traitant de tous les noms. Malheur à celui dont le rapport déclenche effectivement quelque chose, même une simple commission : les parents attendent à la sortie, et ce n'est pas une façon de parler, certains sont même déjà entrés dans le collège pour régler à coups de poings ce qu'isl considèrent toujours comme une injustice/de l'acharnement/du racisme/de l'incompétence de l'institution...
Alors désormais je laisse couler. Je serre les dents.
Et je me rends peu à peu compte à quel point tout ceci est épuisant. Je suis devenue lâche je crois, ou alors vraiment très fatiguée de toute cette mascarade.
Est-ce aussi votre cas, ou dois je m'inquiéter pour la suite des quelques années qu'il me reste à tirer avant que ma reconversion professionnelle prenne effet?
Eh bien moi de même, et par conséquent je ne te jugerai pas, je comprends. Je sais que j'ai également développé peu à peu des stratégies de protection (efficaces ma foi). Cela me rend infiniment triste, mais on ne peut pas faire face à ce raz-de-marée contre nous. Pas moi en tout cas. J'admire ceux qui ont la force d'y parvenir, mais moi non. C'était ça ou il fallait que je renonce à ce métier dont certains aspects me plaisaient encore.
Ton projet et tes études reprises me paraissent formidables.
- roxanneOracle
Je parlais des moyennes de classe. Je trouve que ça& permet de se situer. La moyenne de l'enfant apparait au fur et à mesure.lene75 a écrit:Jenny a écrit:J'ai fréquemment 8 de moyenne avec certains classes, Lene, voire moins certaines années. Je peux avoir beaucoup plus avec de bonnes classes. Là, je tourne autour de 10-11 dans mes classes, mais je n'ai pas fini de taper ma série de z.
Tu es dans des établissements avec des parents revendicateurs avec des équipes qui ont de telles moyennes ? Il faut que je retrouve les moyennes de bac de SVT des années passées, qu'on nous avait communiquées, mais c'était pas dans ces eaux-là. À moins que Paris note plus dur : c'étaient des moyennes académiques (mais Versailles est plutôt en dessous du national en général). Ça ressemble plus à des élèves en difficulté, dont les parents sont souvent moins casse-bonbons sur les notes. Clairement les sondages de satisfaction concernant un collègue de Lettres présentés par les délégués de parents en conseil de classe (pour dire que la majorité des parents n'est pas satisfaite de son cours), c'est pas dans n'importe quelle classe.
Roxanne, je ne sais pas si c'est lié : les parents arrivent en conseil de classe avec leurs propres moyennes, qu'ils ont donc calculées avant d'avoir les bulletins (mais ça apparaît peut-être déjà sur les relevés de notes : je ne sais pas où ils se procurent ces moyennes).
- beaverforeverNeoprof expérimenté
Il y aurait un article du code de l'éducation qui impose de mettre les moyennes de classe sur les bulletins ? Genre, comment aurait-on pu faire il y a vingt ans quand les bulletins étaient remplis à la main ?roxanne a écrit:Je ne sais pas si c'est lié mais dans le collège de mon fils, la moyenne de classe des évaluations n'apparait pas. Et des professeurs m'ont dit que c'était pareil sur les bulletins (je ne sais pas si c'est légal).
- epekeina.tes.ousiasModérateur
beaverforever a écrit:Il y aurait un article du code de l'éducation qui impose de mettre les moyennes de classe sur les bulletins ? Genre, comment aurait-on pu faire il y a vingt ans quand les bulletins étaient remplis à la main ?roxanne a écrit:Je ne sais pas si c'est lié mais dans le collège de mon fils, la moyenne de classe des évaluations n'apparait pas. Et des professeurs m'ont dit que c'était pareil sur les bulletins (je ne sais pas si c'est légal).
N.B. il y a vingt ans, je ne sais pas, mais il y a 30 ans : on calculait les moyennes pour chaque classe, puis on reportait les moyennes de classe et les moyennes de chaque élève dans le Kalamazoo (au stylo bille pour avoir les doubles bien lisibles)…
_________________
Si tu vales valeo.
- beaverforeverNeoprof expérimenté
Aucun souvenir pour ma part.
Mais je doute qu'un article de loi le spécifie. Une circulaire, peut-être ?
(Ce que je veux dire, c'est que le fétichisme de la note est une déviance que l'institution devrait combattre et non encourager, mais comme c'est son outil majeur de légitimation pour les décisions d'orientation...)
Mais je doute qu'un article de loi le spécifie. Une circulaire, peut-être ?
(Ce que je veux dire, c'est que le fétichisme de la note est une déviance que l'institution devrait combattre et non encourager, mais comme c'est son outil majeur de légitimation pour les décisions d'orientation...)
- CleroliDoyen
Il y a 20 ans, on faisait exactement la même chose.epekeina.tes.ousias a écrit:beaverforever a écrit:Il y aurait un article du code de l'éducation qui impose de mettre les moyennes de classe sur les bulletins ? Genre, comment aurait-on pu faire il y a vingt ans quand les bulletins étaient remplis à la main ?roxanne a écrit:Je ne sais pas si c'est lié mais dans le collège de mon fils, la moyenne de classe des évaluations n'apparait pas. Et des professeurs m'ont dit que c'était pareil sur les bulletins (je ne sais pas si c'est légal).
N.B. il y a vingt ans, je ne sais pas, mais il y a 30 ans : on calculait les moyennes pour chaque classe, puis on reportait les moyennes de classe et les moyennes de chaque élève dans le Kalamazoo (au stylo bille pour avoir les doubles bien lisibles)…
- roxanneOracle
Et bien moi qui ai été élève dans les années 80, il y avait la moyenne de classe sur tous les bulletins. Et, comme prof il y a 25 ans, je prenais ma..calculette.beaverforever a écrit:Il y aurait un article du code de l'éducation qui impose de mettre les moyennes de classe sur les bulletins ? Genre, comment aurait-on pu faire il y a vingt ans quand les bulletins étaient remplis à la main ?roxanne a écrit:Je ne sais pas si c'est lié mais dans le collège de mon fils, la moyenne de classe des évaluations n'apparait pas. Et des professeurs m'ont dit que c'était pareil sur les bulletins (je ne sais pas si c'est légal).
- beaverforeverNeoprof expérimenté
Vous devez avoir raison, c'est juste que je n'en ai aucun souvenir.
En tout cas, en élémentaire et au collège, il n'y a pas de mention d'une moyenne de classe par matière, ou de moyenne générale, ou de moyenne coefficientés selon les épreuves du brevet.
En tout cas, en élémentaire et au collège, il n'y a pas de mention d'une moyenne de classe par matière, ou de moyenne générale, ou de moyenne coefficientés selon les épreuves du brevet.
Page 1 sur 5 • 1, 2, 3, 4, 5
- Stratégies d'insctruction pour les élèves en difficulté et les élèves de l'éducation spécialisée.
- partage de pratiques pedagogiques
- Classes du CP - Pratiques pédagogiques (Vidéos)
- [HG] De l'utilisation du numérique dans les pratiques pédagogiques
- Questionnaire pour un mémoire sur les pratiques pédagogiques
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum