Neo défi lecture 2023 - Ici, on papote!

Caspar a écrit:

Oui, en revanche j'adore Lumière pâle sur les collines, je crois que c'est mon préféré. 

Oui, c'est un beau roman, lacunaire, délicat... Rien que le titre, de toute façon...

Pour le défi 42. Un livre dont le titre contient 2 fois la lettre O, j'ai lu Zola Jackson de Gilles Leroy.

Nous sommes à la Nouvelle-Orléans, en 2005. L'ouragan Katrina s'est abattu sur la ville et les rues autour de la maison de Zola Jackson sont inondées. Cette femme à la retraite, qui vit seule avec sa chienne Lady, va devoir survivre, réfugiée dans son grenier. Elle raconte ces quelques jours mais aussi les souvenirs de son vie, de son fils unique Caryl.

Mon avis : un roman assez particulier, où l'on passe sans cesse du présent (2005) au passé, aux souvenirs de Zola Jackson. On découvre petit à petit l'histoire de son fils et c'est très émouvant, juste et sans concession. Cette femme, Zola Jackson, est un personnage très attachant. La fin du roman est très réussie, assez tendre et finalement inattendue. Bref, un joli roman à découvrir.

Pour l'item Une histoire qui se passe dans les Balkans, j'ai lu Qui a ramené Doruntine, d'Ismaïl Kadaré, un auteur que j'aime énormément. Et je n'ai pas été déçue. En quelques lignes, on est plongé dans une histoire hors du temps, aux accents fantastiques. Doruntine Vranaj, mariée loin de son village d'Albanie, revient chez elle après trois années d'absence : fidèle à la promesse qu'il lui avait faite lors de son mariage de la ramener chez eux pour chaque événement important, heureux ou malheureux, son frère aîné, Constantin est venu la chercher jusque sa lointaine province de Bohème et l'a ramenée à cheval, durant des jours et des nuits, afin qu'elle assiste sa mère frappée de deuil. Or, quand Doruntine s'annonce et explique comment elle est arrivée jusque là, elle apprend que Constantin, ainsi que tous ses autres frères, ont péri lors d'une épidémie de peste, et que la mère, folle de douleur (elle était opposée au mariage si lointain de sa seule fille), a maudit son fils aîné pour n'avoir pas tenu sa promesse. Dès lors, la rumeur enfle : le fantôme de Constantin, sous l'effet de la malédiction maternelle, serait sorti du tombeau et allé chercher sa soeur pour accomplir enfin sa promesse et trouver la paix. L'Église, alertée, exige une enquête sur une affaire qui prend des proportions inattendues. Et voilà le commandant Stres lancé dans des investigations difficiles, où se mêlent réticences et superstitions, et qui semblent le ramener inexorablement à un insondable mystère.
J'ai adoré ce roman plein d'une atmosphère et d'une poésie formidables. On se croirait dans Le Roi des Aulnes. L'enquête avance, et on redoute aussi bien une banale explication logique qu'une issue fantastique trop grossière. Je me demandais comment l'auteur allait s'en sortir : la fin est souvent ce qui pèche dans des récits qui entretiennent ainsi une perpétuelle ambiguïté entre réalisme et fantastique. Mais cette fin-ci est particulièrement réussie, ce qui fait de ce roman un sans fautes, de la première à la dernière page.

J'ai prévu de lire Kadare aussi pour cet item, j'avais acheté Avril brisé il y a quelques mois.

Bonjour à tous,
pour le défi n°45 "effacement, disparition" j'ai lu La Disparition de Perek d'Hervé Le Tellier. Si titre et auteur sentaient bon l'oulipo, c'est surtout une des aventures de Gabriel Lecouvreur, dit Le Poulpe. La première parution date de 1997 et le roman a été réédité en 2022, vraisemblablement pour profiter du Goncourt de son auteur. 1997, c'est déjà le charme un peu désuet des cabines téléphoniques et des concierges à bigoudis. Sinon, l'enquête, assez banale comme il se doit. Le pauvre Perek disparaît bel et bien, un corps calciné est retrouvé avec juste ce qu'il faut de restes pour permettre d'assurer que c'est le sien. Aidé du médecin légiste qui a pratiqué l'autopsie, Le Poulpe est sur une piste. Le roman fait le job, à savoir occuper une soirée, et va lui aussi, libérer une place dans la pile. Double bénéf !
Je vais me plonger dans Un monde sans fin que quelqu'un a gentiment proposé pour la montée des périls.
A bientôt.

Hasard, je viens moi aussi de finir mon livre pour le défi 45: Effacement, disparition.

J'ai cherché sur un moteur de recherches "livres sur des disparitions" et ce titre m'a attiré l'œil car il s'agit d'un sujet qui m'intéresse depuis longtemps: les disparus, desaparecidos, pendant la dictature militaire en Argentine (1975-1983), un pays dans un état de quasi-guerre civile des années 30 aux années 80.

Des opposants au régime étaient régulièrement enlevés, torturés et assassinés, souvent sans laisser de trace. Parfois les victimes étaient droguées puis jetées dans la mer depuis un avion, les corps étaient parfois brûlés. Pour certains, on ne sait toujours pas ce qui leur est arrivé. Des hommes en noir arrivaient dans des voitures sans immatriculation, enlevaient la personne et on ne la revoyait pas. Il arrivait que des personnes soient enlevées par erreur, parce qu'elles ressemblaient physiquement à quelqu'un d'autre, parce qu'elles avaient été "dénoncées" sous la torture...

Une lecture éprouvante, on peut s'en douter car c'est une litanie de tragédies personnelles et familiales, la description d'une dictature particulièrement hypocrite et insidieuse dont on ne comprend pas exactement le fonctionnement exact dans le livre car ce n'est pas tout à fait le sujet: David Cox, journaliste, y raconte la carrière de son père Robert, éditeur du quotidien anglophone le Buenos Aires Herald, qui était un des rares organes de presse à parler des desaparecidos et de leurs familles, il a contribué à sauver beaucoup de personnes grâce à ses enquêtes et ses articles. Marié à une Argentine, père de cinq enfants dont l'auteur du livre, il a dû fuir le pays suite à de graves menaces envoyées sous forme de lettre à un des ses fils. Lui aussi risquait d'être enlevé et de disparaître sans laisser de traces.

Bizarrement, David Cox parle à plusieurs reprises du "broken Spanish" de son père. Je ne comprends pas bien comment un journaliste ayant vécu en Argentine pendant presque 30 ans, marié à une Argentine et enquêtant sans cesse sur des Argentins puisse parler un "broken Spanish" mais ce n'est pas expliqué plus avant par son fils.

En route pour le prochain item...

Cette lecture semble très intéressante Caspar. Sais-tu si le livre existe en français ? Je pourrais chercher moi-même, c'est vrai.
Ombre, ton résumé fait bien envie aussi. Je pensais lire Soixante-neuf tiroirs pour ce défi dont quelqu'un a déjà parlé. Je trancherai le dilemme en fonction de ce que je trouve à la médiathèque.

Adren a écrit:Cette lecture semble très intéressante Caspar. Sais-tu si le livre existe en français ? Je pourrais chercher moi-même, c'est vrai.
Ombre, ton résumé fait bien envie aussi. Je pensais lire Soixante-neuf tiroirs pour ce défi dont quelqu'un a déjà parlé. Je trancherai le dilemme en fonction de ce que je trouve à la médiathèque.

Je ne pense pas que le livre soit traduit en français. C'est écrit de façon assez simple mais je ne connais pas ton niveau en anglais. Le livre est épuisé je crois également. On peut le trouver d'occasion à plus de 50 euros (sur le site que j'ai consulté) mais je l'ai lu sur liseuse: la version numérique ne coûte que trois ou quatre euros donc le choix a été vite fait.

Caspar a écrit:


Hasard, je viens moi aussi de finir mon livre pour le défi 45: Effacement, disparition.

J'ai cherché sur un moteur de recherches "livres sur des disparitions" et ce titre m'a attiré l'œil car il s'agit d'un sujet qui m'intéresse depuis longtemps: les disparus, desaparecidos, pendant la dictature militaire en Argentine (1975-183), un pays dans un état de quasi-guerre civile des années 30 aux années 80.

Des opposants au régime étaient régulièrement enlevés, torturés et assassinés, souvent sans laisser de trace. Parfois les victimes étaient droguées puis jetées dans la mer depuis un avion, les corps étaient parfois brûlés. Pour certains, on ne sait toujours pas ce qui leur est arrivé. Des hommes en noir arrivaient dans des voitures sans immatriculation, enlevaient la personne et on ne la revoyait pas. Il arrivait que des personnes soient enlevées par erreur, parce qu'elles ressemblaient physiquement à quelqu'un d'autre, parce qu'elles avaient été "dénoncées" sous la torture...

Une lecture éprouvante, on peut s'en douter car c'est une litanie de tragédies personnelles et familiales, la description d'une dictature particulièrement hypocrite et insidieuse dont on ne comprend pas exactement le fonctionnement exact dans le livre car ce n'est pas tout à fait le sujet: David Cox, journaliste, y raconte la carrière de son père Robert, éditeur du quotidien anglophone le Buenos Aires Herald, qui était un des rares organes de presse à parler des desaparecidos et de leurs familles, il a contribué à sauver beaucoup de personnes grâce à ses enquêtes et ses articles. Marié à une Argentine, père de cinq enfants dont l'auteur du livre, il a dû fuir le pays suite à de graves menaces envoyées sous forme de lettre à un des ses fils. Lui aussi risquait d'être enlevé et de disparaître sans laisser de traces.

Bizarrement, David Cox parle à plusieurs reprises du "broken Spanish" de son père. Je ne comprends pas bien comment un journaliste ayant vécu en Argentine pendant presque 30 ans, marié à une Argentine et enquêtant sans cesse sur des Argentins puisse parler un "broken Spanish" mais ce n'est pas expliqué plus avant par son fils.

En route pour le prochain item...

Je vous épargne la chronique de mes souvenirs latino-américains sur le sujet, mais je me permets de te suggérer une mini playlist pour sortir de ta lecture en beauté :
https://www.youtube.com/watch?v=Q9ruwBiZ2bA&list=RD9uQTV5_dins&index=4
https://www.youtube.com/watch?v=9uQTV5_dins

Ah ben avec Luz Casal, ça ne peut que me plaire.

*Ombre* a écrit:Pour l'item Une histoire qui se passe dans les Balkans, j'ai lu Qui a ramené Doruntine, d'Ismaïl Kadaré, un auteur que j'aime énormément. Et je n'ai pas été déçue. En quelques lignes, on est plongé dans une histoire hors du temps, aux accents fantastiques. Doruntine Vranaj, mariée loin de son village d'Albanie, revient chez elle après trois années d'absence : fidèle à la promesse qu'il lui avait faite lors de son mariage de la ramener chez eux pour chaque événement important, heureux ou malheureux, son frère aîné, Constantin est venu la chercher jusque sa lointaine province de Bohème et l'a ramenée à cheval, durant des jours et des nuits, afin qu'elle assiste sa mère frappée de deuil. Or, quand Doruntine s'annonce et explique comment elle est arrivée jusque là, elle apprend que Constantin, ainsi que tous ses autres frères, ont péri lors d'une épidémie de peste, et que la mère, folle de douleur (elle était opposée au mariage si lointain de sa seule fille), a maudit son fils aîné pour n'avoir pas tenu sa promesse. Dès lors, la rumeur enfle : le fantôme de Constantin, sous l'effet de la malédiction maternelle, serait sorti du tombeau et allé chercher sa soeur pour accomplir enfin sa promesse et trouver la paix. L'Église, alertée, exige une enquête sur une affaire qui prend des proportions inattendues. Et voilà le commandant Stres lancé dans des investigations difficiles, où se mêlent réticences et superstitions, et qui semblent le ramener inexorablement à un insondable mystère.
J'ai adoré ce roman plein d'une atmosphère et d'une poésie formidables. On se croirait dans Le Roi des Aulnes. L'enquête avance, et on redoute aussi bien une banale explication logique qu'une issue fantastique trop grossière. Je me demandais comment l'auteur allait s'en sortir : la fin est souvent ce qui pèche dans des récits qui entretiennent ainsi une perpétuelle ambiguïté entre réalisme et fantastique. Mais cette fin-ci est particulièrement réussie, ce qui fait de ce roman un sans fautes, de la première à la dernière page.

Je ne connaissais pas cet auteur, mais ton résumé est tentant. J'ai également La jeune fille sous l'olivier en réserve sinon (on considère que la Grèce fait partie des Balkans, je ne me trompe pas ?).


Petite déception sinon pour le défi "un titre de moins de 5 lettres" avec Sauf, de Hervé Commère, choisi sur conseil d'un Néo lors du défi de l'année dernière. Une intrigue originale et qui tient la route, des personnes qui sortent des sentiers battus, un début accrocheur, ça se lit bien ; mais aucun personnage ne m'a paru particulièrement sympathique, ils restent trop peu développés pour retenir l'attention. Au final j'ai trouvé l'ensemble plutôt attristant, avec trop de morts et de séparations à mon goût, et pas vraiment mémorable.

Item 18 Money money money: j'ai lu Insoupçonnable de Tanguy Viel, auteur que je ne connaissais que de nom et dont j'ai acheté récemment 3 titres à l'occasion d'une visite chez Gibert. Sans idée préconçue, je voulais d'abord le choisir pour le roman comportant au moins 3 personnages, mais en le lisant, il m'a semblé évident que l'argent était quasiment un personnage du récit: le mobile en réalité de cette histoire de faux kidnapping. C'est un roman très resserré, prenant, que j'ai lu d'une traite (sa brièveté aidant). Il y a à la fois une intrigue vaguement policière et une "histoire" d'amour, le tout se déroulant dans une atmosphère tendue et un sentiment d'urgence. La fin est assez désarçonnante (pour le lecteur, pour le personnage-narrateur aussi visiblement).

Défi 6, Un livre dont la couverture est essentiellement jaune : Les origines animales de la culture, Dominique Lestel

Lestel a écrit:Une troisième thèse, plus réaliste à mes yeux, défend l’idée que cultures animales et cultures humaines ont une origine commune, mais qu’elles sont séparées par des différences intrinsèques de même nature que celles qui séparent une société de fourmis et une société de chimpanzés.  Les différences entre les deux types de culture appartiennent à une même logique évolutionniste, mais elles ont des caractéristiques radicalement différentes les unes des autres. Rien ne justifie d’attribuer aux cultures humaines un statut spécial, alors qu’un statut particulier est largement suffisant.

Existe-t-il des cultures animales ? Oui, selon cet essai d’éthologie, qui étudie ce qui forme une culture en abordant différents sujets (l’utilisation des outils, le langage et la communication, la conscience de l’animal et son rapport au monde…) et en confrontant différentes thèses.
Très honnêtement, sans le défi lecture je ne l’aurais pas fini. C’est très bien en soi, mais c’est très technique et assez fastidieux à lire, même si ce qu’il dit est instructif. C’est un livre qui nécessite pas mal de concentration, à lire par petits bouts sans doute.

Verdict : difficile

Pour le défi 6. Un livre dont la couverture est essentiellement jaune, j'ai lu A boire et à manger de Guillaume Long.

Cette bande dessinée, sur le thème de la nourriture, explore les obsessions de l'auteur pour certains ustensiles de cuisine (le moulin à ail par exemple), sur certaines recettes, sur certains produits... Il raconte aussi quelques voyages : à Venise, en Hongrie...

Mon avis : une excellente bande dessinée, très drôle et instructive. L'auteur se dépeint avec beaucoup d'humour, les scènes de covoiturage avec un passager cuisinier sont très réussites. Les recettes présentées donnent l'eau à la bouche. Bref, je conseille vivement !

Bonjour à tous,
pour le défi "Montée des périls", quelqu'un avait suggéré Un monde sans fin de Jancovici et Blain. Je l'avais demandé au père Noël et je l'ai lu ce week end. Autant le dire tout de suite, cette lecture donne d'abord envie de se réfugier dans une grotte. Ensuite, on peut commencer un peu à réfléchir, mais les annonces de l'auteur sont tellement désespérantes qu'on se doute bien que les préconisations sont intenables. Blain fait ici figure d' "ami naïf" de Jancovici qui doit tout lui expliquer et que le dessinateur met ensuite en images à grand renfort de métaphores. Les énergies fossiles sont ainsi "la bibine et les croquettes" dont Iron Man a besoin. Iron Man représentant tout ce qui consomme de l'énergie dans notre quotidien, c'est-à-dire l'ensemble de notre mode de vie. Une grande partie de l'ouvrage met en relation la consommation de l'énergie depuis 1850 et tous les efforts déployés depuis pour passer d'une énergie renouvelable (essentiellement à base de travail humain et animal) à une énergie fossile dont nous sommes entièrement dépendants. Le constat n'est pas rose, il est même noir pétrole. On pourrait imaginer que le chapitre sur les énergies renouvelables redonne un peu d'espoir, mais ce n'est pas le cas. Le seul sauveur entrevu par l'auteur est la centrale nucléaire. Pour lui, cette énergie fait injustement peur. Il prend le temps de montrer que les accidents de Tchernobyl et Fukushima ne seraient pas possibles en France et que c'est la seule énergie qui pourraient continuer à subvenir à nos besoins. Soit. Pourtant, l'ensemble du livre montre bien que c'est à l'échelle mondiale qu'une solution doit être envisagée. Nos réacteurs nucléaires français ne changeraient pas grand chose. Il semble aussi de parti pris quand il évacue bien vite la question des déchets nucléaires et de leur nocivité. Les habitants de Bure ne doivent pas le porter dans leur coeur. Les choix à faire pour l'avenir, à l'échelle individuelle, sont de renoncer aux déplacements en avion et en voiture, de diviser par deux la consommation de viande et par trois celle de laitages. Sinon, un covid annuel peut aussi faire l'affaire pour sauver la planète. Vous voyez qu'on est mal barrés.
Après cette lecture, il va m'en falloir une d'un autre genre pour digérer.

A bon entendeur...
La montée des périls et un des tomes des Hommes de bonne volonté de Jules Romain.

Pour le défi "épidémies, pandémies", sur les conseils de plusieurs Néos, je viens de finir En un monde parfait de Laura Kasischke. Bilan : bof... Autant Esprit d'hiver du même auteur m'a paru être une merveille d'ingéniosité et de subtilité, autant En un monde parfait me laisse franchement mal à l'aise. Il décrit un peu trop bien ce qui pourrait nous arriver aussi, et je n'ai pas trop apprécié l'absence d'informations sur ce qui se passe en dehors de la maison des femmes qui sont les personnages principaux de ce livre. On y retrouve d'ailleurs beaucoup d'éléments d'Esprit d'hiver : une sorte de huis-clos, des relations avec le monde extérieur qui se distendent et s'effilochent, une femme avec un ou des enfants, le père évacué de l'histoire en très peu de mots, un récit qui se place du point de vue du personnage principal uniquement et laisse le lecteur dans le flou quant au sort des autres personnes.

Mais contrairement à Esprit d'hiver j'ai eu du mal à accrocher et plus encore à apprécier ce livre, qui décrit une longue descente aux enfers sans retournement ni explications, avec une petite note d'espoir à la fin tout de même (mais bon, ça ne fait guère rêver comme espoir !).



Je comptais enchaîner sur Le monde après nous de Rumaan Alam pour "effacement, disparition", mais comme Adren je vais avoir besoin d'une lecture plus légère pour digérer avant d'attaquer celui-ci.

Bon...moi j'adore En un monde parfait que j'ai lu deux fois: la deuxième fois pendant le premier confinement et c'était assez saisissant. Le fait que la famille n'ait plus trop d'informations sur le monde extérieur me semble réaliste, mais la fin est sans doute un peu trop abrupte en effet, on a l'impression que la romancière ne sait pas comment finir donc elle s'arrête...nous laissant un peu sur notre faim.

Pour l'item livre que vous avez depuis plus de 6 mois, j'ai lu Manuella de Philippe Labro. En fait j'ai déjà dû le lire, mais je n'en avais aucun souvenir. Je l'ai depuis sûrement plus de 15 ans d'ailleurs .
Manuella a 18 ans, vient de passer son bac et attend les résultats. Puis, le précieux sésame en poche, elle part en vacances en Corse où elle tombe amoureuse.
Ce roman n'a pas vraiment d'intérêt. Ca se lit, on va dire. On a un peu l'impression d'un exercice de style de la part de l'auteur. Les personnages secondaires sont juste esquissés, parfois abandonnés. Bref, pas un grand roman, pas un souvenir impérissable.

Caspar a écrit:Bon...moi j'adore En un monde parfait que j'ai lu deux fois: la deuxième fois pendant le premier confinement et c'était assez saisissant. Le fait que la famille n'ait plus trop d'informations sur le monde extérieur me semble réaliste, mais la fin est sans doute un peu trop abrupte en effet, on a l'impression que la romancière ne sait pas comment finir donc elle s'arrête...nous laissant un peu sur notre faim.

Un peu trop saisissant et un peu trop réaliste à mon goût, justement J'en ai même rêvé cette nuit, de ce bouquin...

Mais je comprends très bien qu'on puisse l'apprécier, il est bien écrit et impressionnant. S'il avait porté sur un autre thème que la fin du monde je l'aurais beaucoup aimé moi aussi

Pour rebondir sur le message précédent (Danska qui a rêvé du livre de Kasischke), j'ai de mon côté lu pendant le week-end (et le côté immersif a certainement beaucoup joué dans l'effet qu'il m'a fait) Né d'aucune femme de Franck Bouysse, que je place pour le défi roman qui se passe dans une forêt ou un lieu isolé.
Lecture remuante s'il en est, et reprendre contact avec la réalité ne s'est pas fait sans mal tant ce récit m'a sonnée.

Bonjour à tous,
Placer Le monde sans fin dans l'item "montée des périls ne me satisfait pas. Cela m'a permis de constater que j'avais une définition erronée de cette période. En revanche, la lecture de L'Oreille de Kiev d'Andreï Kourkov que je ne pensais pas pouvoir faire entrer dans le défi convient beaucoup mieux pour cet item.
Kourkov est un auteur que j'aime beaucoup, pour son réalisme qu'il sait tempérer de petites touches fantastiques et pour sa manière de raconter la petit histoire dans la grande. Kiev, 1919. Un coup de sabre cosaque emporte le père de Samson, et un autre, son oreille droite. Les bolcheviks prennent le pouvoir aux tsaristes et s'installent dans la ville. C'est peu de dire que les temps sont troublés. La recherche de bois de chauffage et de nourriture est une préoccupation importante pour tous et Samson doit absolument trouver un travail. Par un concours de circonstances, ils entre dans la toute jeune police bolchevique et s'attèle à une première enquête sur les traces de voleurs d'argenterie. Bien conservée dans une boîte, son oreille coupée devient même un moyen de lui sauver la vie. J'ai bien aimée cette lecture, fidèle aux autres romans de l'auteur. Je lui ai cependant trouvé un goût d'inachevé, sans doute parce qu'une suite est d'ores et déjà prévue. J'aurais aimé voir plus de consistance aux personnages secondaires par exemple.

Une de mes dernières lectures me permet aussi de valider le défi n°5 "une femme qui a reçu le prix Nobel de littérature avant Annie Ernaux". J'avais oublié cet item et ma mère m'a justement prêté Récitatif de Toni Morrison que je voulais lui rendre cette semaine. Récitatif est la seule nouvelle de cette autrice, prix Nobel de littérature en 1993. Les deux personnages principales de ce récit sont Roberta et Twyla. L'une est blanche et l'autre noire, sans que le lecteur ne connaisse jamais la couleur de l'une et de l'autre. Élevées ensemble dans un orphelinat elles se croisent ensuite à plusieurs reprises de leur vie d'adultes et mesurent tout ce qui les sépare. La narration alterne, chacune devenant à son tour narratrice d'un épisode. D'après la post-face détaillée de Zadie Smith, l'enjeu principal pour les lecteurs de cette nouvelle serait de savoir qui est noire et qui est blanche. Elle cite d'ailleurs une critique qui affirme que "la plupart des lecteurs blancs estiment que Twila est blanche, tandis que la plupart des lecteurs noirs la voient noire". C'est effectivement mon cas. Mais bien plus que la question de la couleur de peau de ses protagonistes, je trouve que c'est surtout une vision crue et sans artifice de la pauvreté qui nous est donnée à voir à travers les différentes rencontres de Twyla et Roberta, que ce soit dans le regard qu'elles posent sur leur mère, la cruauté de leurs souvenirs d'enfance, leurs rêves d'ascension sociale et l'avenir qu'elles souhaitent pour leurs enfants.

Satellite a écrit:Pour rebondir sur le message précédent (Danska qui a rêvé du livre de Kasischke), j'ai de mon côté lu pendant le week-end (et le côté immersif a certainement beaucoup joué dans l'effet qu'il m'a fait) Né d'aucune femme de Franck Bouysse, que je place pour le défi roman qui se passe dans une forêt ou un lieu isolé.
Lecture remuante s'il en est, et reprendre contact avec la réalité ne s'est pas fait sans mal tant ce récit m'a sonnée.

C'était la prochaine lecture que j'envisageais. Je vais peut-être y réfléchir à deux fois.

Adren a écrit:

Satellite a écrit:Pour rebondir sur le message précédent (Danska qui a rêvé du livre de Kasischke), j'ai de mon côté lu pendant le week-end (et le côté immersif a certainement beaucoup joué dans l'effet qu'il m'a fait) Né d'aucune femme de Franck Bouysse, que je place pour le défi roman qui se passe dans une forêt ou un lieu isolé.
Lecture remuante s'il en est, et reprendre contact avec la réalité ne s'est pas fait sans mal tant ce récit m'a sonnée.

C'était la prochaine lecture que j'envisageais. Je vais peut-être y réfléchir à deux fois.

Ah, mais je pense vraiment qu'il mérite ton intérêt!

Je n'en doute pas. Et puis, je l'ai acheté, donc je le lirai. Reste à savoir quand.

16. Histoire qui se passe à la montée des périls: Pour rien au monde, Ken Follett

La montée des périls désigne normalement l'entre-deux guerres, mais Follett précisément ayant lu sur la période se rend compte que le même scénario pourrait se jouer de nos jours.
Il imagine donc un enchaînement de circonstances menant à une 3e guerre mondiale et donc une guerre nucléaire, que des personnages essaient d'éviter. On trouve la présidente Green des Etats-Unis, 1ere femme élue présidente, et ancienne gymnaste à la volonté de fer, qui va tout tenter pour éviter le conflit. Pendant ce temps, au Tchad, Tamara et Tab, espions américains et français, essaient d'empêcher la guerre entre le Tchad et le Soudan tout en suivant la piste des terroristes islamistes de l'EIGS. Un autre espion, Abdul, cherche la cachette du chef de l'EIGS, al Farabi, sous la couverture d'un vendeur de cigarettes. Il croise une belle veuve Tchadienne, Kiah, qui tente de rejoindre la France suite à la mort de son mari et à l'assèchement du lac Tchad.
Enfin, Kai est un jeune et important chef du renseignement chinois, qui s'oppose aux "faucons" qui veulent la guerre avec les USA, dont son propre père...
Chaque personnage aura son rôle dans le déroulé des événements, c'est un livre de plus de 900 pages qui se lit facilement. Pour moi on est bien dans le sujet de la montée des périls puisqu'il s'agit d'éviter la 3e guerre mondiale. Un bon page turner efficace.

34 Enfance atypique: L'arabe du futur T1 Riad Sattouf

Une très bonne BD, devenue culte. Les dictatures d'Afrique du Nord et du Moyen Orient vues au travers du regard d'un enfant. Sattouf est le fils d'une Française et d'un Syrien, ayant obtenu son doctorat en France. Son père obtient alors un poste à l'université de Tripoli, sous Khadafi. La famille rejoint ensuite la famille paternelle près de Homs, en Syrie. A la fois drôle et cruel, le point de vue est acéré. Comme la vérité qui sort de la bouche des enfants, rien n'est caché de l'absurdité de certaines mesures (les maisons mises à disposition de tous par le guide de la révolution et qui ne ferment pas, donc vite occupées), de la saleté (odeurs, détritus, rats...), des supersititions (on peut dire "N... ta mère mais pas "N... ton Dieu"), de l'antisémitisme (le petit Riad, blond, se fait régulièrement insulter de juif). La figure du père est ambivalente: à la fois admiré pour sa force (il peut lancer une balle par dessus un immeuble), son savoir (il a réussi son doctorat en France), et son engagement politique (il veut le progrès et l'éducation pour les peuples arabes), il devient vite plein de préjugés dès qu'il revient en Syrie (il faut manger un truc immangeable parce que "c'est syrien", il ne voit aucun problème à voir tuer un chiot, les chiens étant mal vus dans les pays musulmans).
A mettre en perspective avec Persepolis, très bonne BD.