lycée post-réforme vs collège

DH a écrit:Pour rien au monde je ne retournerais au lycée.  Pourtant je l'ai aimé,  j'ai aimé les 18 ans que jai passés à  y enseigner. J'ai  fui avec la réforme.  Je suis au collège . J'ai une vie zen, sans pression, je peux enfin  lire pour le plaisir, sans penser aux cours que je pourrais faire. Je lis entre 40 et 60 livres par an, je fais de la danse, du théâtre,  j'ai pu écrire  un petit livre, je peux tout cuisiner maison.  Quelle qualité  de vie j'ai  gagné.  Les copies me prennent entre 20 min et une heure. Je pleurerais de retourner au lycée.

Tu corriges un paquet de rédactions en une heure ?

Tiens, bonne question.
Vous mettez combien de temps?
Il me faut, pour 28 copies, un minimum de 3 h, sachant que je bénis les 1 ou2 inévitables copies blanches et que déchiffrer les plus mauvaises me prend un temps fou.

En lettres, je ne corrige jamais en 20 minutes. Les seules corrections rapides, ce sont les QCM. Sinon, ça me prend au moins 2h30 par classe et ne parlons pas des sujets de brevet, 4h30 pour une vingtaine de copies en allant vite…
J’ai déjà enseigné au lycée et c’est vrai que j’avais beaucoup de travail de préparation.

Mais je suis en poste fixe dans un petit collège à 10 minutes de chez moi depuis 2011 et je peux vous dire que je travaille en moyenne 10h par jour. Et c’est de pire en pire. Pourtant, j’ai de l’expérience, je suis dynamique et je travaille vite. Mais on croule sous les missions en tout genre et les réunions se sont multipliées depuis la réforme de 2016.

J’aime beaucoup le collège parce que j’aime cette tranche d’âge, je trouve que c’est plus vivant qu’au lycée. J’aime aussi l’aspect créatif que je peux donner à mes cours et la littérature jeunesse. Mais je vais chercher à lever le pied.

Au collège, je mets entre 20 mn (petit test de mémorisation) à 3h (brevet blanc) à corriger, avec une moyenne de 1H30-2h pour mes paquets (mais je fais des pauses sur ces 1h30-2h).

loulou.pl a écrit:- beaucoup moins de discipline
- moins de fatigue nerveuse
- des élèves plus matures [...]
MAIS
- la seule fois de ma carrière où j'ai galéré devant une classe, et toute l'année, c'était avec une STMG

Cela va dépendre sans doute des élèves du lycée en question.
Je n'ai jamais enseigné au collège. En revanche, au lycée, j'ai rencontré et je rencontre ces problèmes : bien trop de discipline, une fatigue nerveuse excessive à cause des "mauvaises" classes ou des perturbateurs en général, des élèves que je trouve pour certains de moins en moins matures dans les classes problématiques, de gros problèmes en STMG qui se répercutent sur le reste. Mais je n'ai pas eu de chance en général, à part à partir de cette année puisque j'ai une seconde agréable - enfin ! Justement, c'est l'une des secondes à options : le niveau global des élèves est au-dessus de celui des autres classes et il n'y a pas de problème de discipline. En contrepartie, ma 1re STMG* pose des problèmes à tout le monde, on n'avance pas, ce qui cause une anxiété supplémentaire pour moi et c'est très compliqué. Je précise que je parle d'un lycée de banlieue en Île-de-France. Les collègues qui enseignent en première générale se plaignent à raison des contraintes excessives du bac de français qui rendent l'affaire insatisfaisante en général, mais selon le cas ça peut aussi se répercuter en seconde selon l'approche choisie par l'enseignant.

loulou.pl a écrit:ne plus supporter les téléphones en classe

Le problème semble s'aggraver d'année en année, mais je trouve que ça concerne les élèves qui présentent aussi d'autres problèmes en général.

* Autant la STMG a été renforcée en tant que filière, autant on subit le problème de son rôle systémique (par ricochet) comme "voie par défaut" pour les élèves qui ne vont pas en générale (dans mon établissement en tout cas) et qui aspire donc une part des élèves qui n'auraient déjà pas dû aller en première mais échappent au redoublement. À mes yeux, le problème de l'inadéquation au niveau provoqué par la belle idée de faire redoubler le moins possible est responsable de pas mal de problèmes en général.

Ascagne a écrit: Je n'ai jamais enseigné au collège. En revanche, au lycée, j'ai rencontré et je rencontre ces problèmes : bien trop de discipline, une fatigue nerveuse excessive à cause des "mauvaises" classes ou des perturbateurs en général, des élèves que je trouve pour certains de moins en moins matures dans les classes problématiques, de gros problèmes en STMG qui se répercutent sur le reste. Mais je n'ai pas eu de chance en général, à part à partir de cette année puisque j'ai une seconde agréable - enfin ! Justement, c'est l'une des secondes à options : le niveau global des élèves est au-dessus de celui des autres classes et il n'y a pas de problème de discipline. En contrepartie, ma 1re STMG* pose des problèmes à tout le monde, on n'avance pas, ce qui cause une anxiété supplémentaire pour moi et c'est très compliqué. Je précise que je parle d'un lycée de banlieue en Île-de-France. Les collègues qui enseignent en première générale se plaignent à raison des contraintes excessives du bac de français qui rendent l'affaire insatisfaisante en général, mais selon le cas ça peut aussi se répercuter en seconde selon l'approche choisie par l'enseignant.

Autant la STMG a été renforcée en tant que filière, autant on subit le problème de son rôle systémique (par ricochet) comme "voie par défaut" pour les élèves qui ne vont pas en générale (dans mon établissement en tout cas) et qui aspire donc une part des élèves qui n'auraient déjà pas dû aller en première mais échappent au redoublement. À mes yeux, le problème de l'inadéquation au niveau provoqué par la belle idée de faire redoubler le moins possible est responsable de pas mal de problèmes en général.

En tant qu'enseignant détaché à l'étranger dans un établissement privé à faibles effectifs, j'ai la chance d'avoir de meilleures conditions de travail. Il n'en demeure pas moins que je rencontre aussi des difficultés. Par conséquent, je me retrouve facilement dans tes propos. Cela dit, je fais un gros travail sur moi pour ne pas me laisser gagner par l'anxiété que tu décris. Je ne parviens pas à avancer correctement avec telle classe ? Eh bien, tant pis ! Ladite classe a un examen à la fin de l'année ? Cela ne change rien à l'affaire. Je prends mon travail au sérieux et je fais de mon mieux pour que les élèves réussissent, mais je refuse de me pourrir la vie et de mettre ma santé en danger pour mon travail. Ce n'est pas de ma faute si notre hiérarchie a des exigences irréalistes qui nous condamnent presque automatiquement à l'échec, et ce n'est pas non plus de ma faute si une classe refuse de me laisser faire mon travail correctement parce les élèves n'ont pas l'âge mental qu'ils devraient avoir ni le niveau scolaire qu'ils devraient avoir. Je le répète car il s'agit d'une vérité : je prends mon travail au sérieux et je fais de mon mieux pour que mes élèves réussissent. Cependant, je refuse de rejoindre les cohortes d'enseignants malades à cause du travail.

Attends de voir la réforme du collège 2024, on va sombrer encore plus...

kai002 a écrit:Attends de voir la réforme du collège 2024, on va sombrer encore plus...

Bof, après celle du collège, il y aura re-re-re celle du lycée...

Blague à part, entre le temps personnel qui m'est particulièrement cher, et les témoignages des emplois du temps de mes collègues du lycée, plus tout ce que ce racontent les néos sur les notes de Parcoursup, les réclamations des élèves et des parents et tous les autres soucis qui gravitent autour, au collège je suis, au collège je reste.

sand a écrit:

DH a écrit:Pour rien au monde je ne retournerais au lycée.  Pourtant je l'ai aimé,  j'ai aimé les 18 ans que jai passés à  y enseigner. J'ai  fui avec la réforme.  Je suis au collège . J'ai une vie zen, sans pression, je peux enfin  lire pour le plaisir, sans penser aux cours que je pourrais faire. Je lis entre 40 et 60 livres par an, je fais de la danse, du théâtre,  j'ai pu écrire  un petit livre, je peux tout cuisiner maison.  Quelle qualité  de vie j'ai  gagné.  Les copies me prennent entre 20 min et une heure. Je pleurerais de retourner au lycée.

Tu corriges un paquet de rédactions en une heure ?

Oui, j'exagère. 1h30-2h. Le ressenti est d'une heure comparé aux commentaires de première. C'est si court ! Je fais en amont une grille d'évaluation tres précise. J'entoure toutes les fautes en même temps que je lis. Je ne remets plus sur 20 car pronotes le fait. Franchement, je trouve que ca va vite.

Depuis l'année dernière, j'utilise un curseur (donné par un neo) pour les commentaires, dissertations et ça me facilite beaucoup la correction en la rendant plus juste. Le problème, c'est surtout le nombre. Quand on en a fait 20, il en reste 16 ou 17, c'est un puits sans fond.

mimi a écrit:Tiens, bonne question.
Vous mettez combien de temps?
Il me faut, pour 28 copies, un minimum de 3 h, sachant que je bénis les 1 ou2 inévitables copies blanches et que déchiffrer les plus mauvaises me prend un temps fou.

En rédaction en collège, je mets un quart d'heure par copie (pour noter mais aussi souligner les fautes, mettre des commentaires et une appréciation). Donc pour une classe de 24 élèves, 6 heures.

miss sophie a écrit:

mimi a écrit:Tiens, bonne question.
Vous mettez combien de temps?
Il me faut, pour 28 copies, un minimum de 3 h, sachant que je bénis les 1 ou2 inévitables copies blanches et que déchiffrer les plus mauvaises me prend un temps fou.

En rédaction en collège, je mets un quart d'heure par copie (pour noter mais aussi souligner les fautes, mettre des commentaires et une appréciation). Donc pour une classe de 24 élèves, 6 heures.

Ton témoignage me rassure, car même si j'ai conscience de ne pas être très rapide, ça me semble totalement inconcevable de corriger un tas de rédactions en 3 h. Je suis dans ces eaux-là (15-20 minutes par copie) et si les autres corrections ne me pèsent pas trop (moins chronophages et demandant moins de concentration), les rédactions, pour moi, c'est vraiment une plaie. (Je suis tout à fait consciente que je ne gagnerais pas au change avec de commentaires ou des dissertations de lycée, ceci-dit.)

J'ai dit " un minimum ".
Je corrige vite ,avec pas mal de remarques ,laisse passer, j'en suis consciente, nombre  de fautes d'orthographe. Mais, clairement, je ne mets pas globalement un quart d'heure par copie.
Je ne vois pas comment passer ce temps sur les plus mauvaises, qui font rarement plus de 10 lignes???( et j'en ai facilement 7 ou 8 de cet acabit).
Les bonnes se lisent vite et avec delectation.
C'est le ventre mou qui prend du temps. Mais le ventre mou,ça ne fait pas 28 copies.

mimi a écrit:
Je ne vois pas comment passer ce temps sur les plus mauvaises, qui font rarement plus de 10 lignes???( et j'en ai facilement 7 ou 8 de cet acabit).

Tu as de la chance ! Aucun de mes élèves n'écrit moins d'une page. Et une à deux pages de charabia, avec une faute à chaque mot, c'est très long à corriger.

clélia a écrit:

mimi a écrit:
Je ne vois pas comment passer ce temps sur les plus mauvaises, qui font rarement plus de 10 lignes???( et j'en ai facilement 7 ou 8 de cet acabit).

Tu as de la chance ! Aucun de mes élèves n'écrit moins d'une page. Et une à deux pages de charabia, avec une faute à chaque mot, c'est très long à corriger.

Pareil ! Pour un qui va effectivement peu "produire", j'en ai tout un lot qui sont très fiers de m'annoncer qu'ils ont écrit plus de 40 lignes, et je pleure d'avance...

Ha oui. Là, c'est l'enfer.

roxanne a écrit:Depuis l'année dernière, j'utilise un curseur (donné par un neo) pour les commentaires, dissertations et ça me facilite beaucoup la correction en la rendant plus juste. Le problème, c'est surtout le nombre. Quand on en a fait 20, il en reste 16 ou 17, c'est un puits sans fond.

Qu'est-ce ? Je suis curieuse.

Je te le retrouve demain.

Mon temps de correction se rapproche de celui de Miss Sophie, je ne sais pas comment vous faites pour mettre 2 ou 3 heures pour corriger un paquet. Et j'ai 28 à 30 copies par classe.

miss sophie a écrit:

clélia a écrit:

mimi a écrit:
Je ne vois pas comment passer ce temps sur les plus mauvaises, qui font rarement plus de 10 lignes???( et j'en ai facilement 7 ou 8 de cet acabit).

Tu as de la chance ! Aucun de mes élèves n'écrit moins d'une page. Et une à deux pages de charabia, avec une faute à chaque mot, c'est très long à corriger.

Pareil ! Pour un qui va effectivement peu "produire", j'en ai tout un lot qui sont très fiers de m'annoncer qu'ils ont écrit plus de 40 lignes, et je pleure d'avance...

Maintenant je limite les rédactions en terme de lignes, je donne un nombre de lignes maximum si c'est dépassé, je sanctionne. Je morcelle et ne fais plus écrire de rédaction entière, sauf en 3e. Exemple en 6e, écrire le début d'un conte uniquement situation initiale + évènement perturbateur, 15 lignes. En 4e, écrire un bout de portrait, 20 lignes. Je ne peux pas inventer les heures que je n'ai pas et le fait que les élèves ne savent plus rien écrire. Ils ne pratiquent presque plus les rédactions en primaire dans mon secteur et donc tout est à mettre en place. J'évite ainsi de passer des heures et des heures sur des copies ineptes sachant que je termine chaque cours de littérature par un travail d'écriture, lu et corrigé à l'oral, et que la rédaction faite en classe est préparée en amont avec vocabulaire + syntaxe, avec accès au classeur + outils durant le temps de la rédaction.

J'interviens pour signaler que du temps que j'étais en prépa, le prof de lettres nous interdisait de dépasser les deux copies doubles pour un devoir en 4h et idem pour un devoir maison. Au-delà, il ne lisait même pas et considérait donc le devoir comme inachevé (donc avec une note extrêmement proche de zéro). Bref on avait intérêt à être dense... Il avait adopté ce système quelques années plus tôt, laminé par les copies de 40 pages que certains pouvaient lui pondre en devoir maison. Donc, pas de culpabilité à limiter la taille des copies !!

(je dis ça, moi, mes terminales, ils chouinent quand je leur dis qu'il serait tout de même souhaitable d'écrire plus d'une copie double en deux heures à leur niveau, donc je ne suis pas trop concernée).

Bonjour !
Je m'incruste dans ce fil pour poursuivre le débat : c'est mieux d'enseigner en collège ou lycée en lettres ?

Après trois premières années (deux comme TZR) jai vu tous les niveaux du secondaire (de la sixième au BTS, mais je n'ai pas fait la 3eme). J'ai fait toutes sortes de publics : le collège rep+, le lycée de banlieue, le lycée bourgeois -milieu favorisé.

J'avoue que j'ai envie de pouvoir m'appuyer sur mon expérience et souffler un peu, vivre davantage tranquille. car je n'ai jamais , en trois ans, eu deux fois le même niveau. Dilemme, donc : collège ou lycée ?

Je crois avoir vu les avantages des deux (collège moins de travail ; mais lycée plus de calme. Littérature mon amour au lycée ; mais moins de pression sur les exams au collège). Mais aussi les inconvénients des deux (copies au lycée, fatigue nerveuse au collège et dépression aussi quand le collège est vraiment trop dur...)

Je crois qu'au final on travaille autant dans l'un que dans l'autre. Au collège pour moi le travail est émotionnel/relationnel (d'autant plus là où je vis car peu de collèges non rep//rep+) et au lycée davantage "intellectuel "(ou littéraire ?).


Bref ! Vos retours me sont précieux. Où vous poseriez vous ?

Au delà du travail et de l'intérêt qu'on peut y trouver, il y a surtout sa personnalité. A titre personnel, je me sens bien mieux avec des plus grands, ça me convient mieux au niveau relationnel. Mais, on peut aussi tout à fait se plaire a collège.

Le travail en collège est aussi très intellectuel et littéraire. Même s'il est vrai que le poids de l'affectif est malheureusement très fort (ce qui me convient peu).

Je trouve beaucoup plus reposant nerveusement d'enseigner en lycée, malgré des effectifs que je trouve indignes.

Mais enseigner en collège est plus gratifiant de mon point de vue, surtout en 6e et 5e : on a alors le privilège de faire découvrir à de très jeunes esprits la richesse insoupçonnée des textes littéraires.

Tangleding a écrit:Je trouve beaucoup plus reposant nerveusement d'enseigner en lycée, malgré des effectifs que je trouve indignes.

Hier pendant la manif, j'étais de SO au carré de tête, avec des camarades du SO CGT à nos côtés. Je discute avec mon voisin qui est bien du SO CGT, et dans la conversation je lui dis que je suis prof en collège. Et là il me dit qu'il ne pourrait pas faire cela. Le type qui doit envoyer régulièrement des patates à des excités. Mais une horde de v collégiens, sans façon.