- valleExpert spécialisé
Je pense que @beaverforever pensait juste au besoin de prendre en ccompte le contexte, même dans un système "objectif" capable de mesurer ce au'un professeur a "apporté" à une classe.henriette a écrit:Si je suis ton raisonnement, comme Mme Bidule, contrairement à M. Machin, arrive tout de même à faire quelque chose avec les classes de 4e les plus difficiles (c'est très éprouvant mais elle a heureusement aussi des 6e tranquilles pour équilibrer), on mettra M. Machin en priorité sur les 6e tranquilles, oû il s'en sort mieux, et Mme Bidule héritera des 4e de la mort qui tue ?beaverforever a écrit:Certes, mais il n'est pas impuissant non plus.A Tuin a écrit:Comme tu l'indiques, certaines classes sont remarquablement scolaires et d'autres sont infectes et peuplées d'enfants peu désireux de bien faire, qui font un peu mais viennent surtout en classe pour voir leurs camarades et socialiser comme ils disent... Si l'objectif commun est d'avancer c'est bien, mais si le professeur tire dans un sens alors que les élèves tirent dans l'autre, mesurer une progression et en tirer l'idée que c'est dû au professeur semble illusoire. Le professeur ne peut pas tout.
Bien sûr que chaque classe est différente et que l'interaction entre une classe et un professeur est unique. Une classe qui fonctionne bien avec le reste de l'équipe peut fonctionner moins bien ou mal avec un ou deux collègues. Cela crée du bruit. Un bruit structurel qui limite la qualité de la mesure de l'efficacité professionnelle : M Machin peut être un enseignant globalement très efficace, mais moins avec certains types de classe. S'il a la malchance de tomber une année sur trois classes difficiles pour lui, l'efficacité mesurée sera plus faible. Mais si on dispose des données passées sur les interactions classe x M Machin, alors on pourra corriger/affiner les résultats.
C'est comme mesurer la vitesse de deux coureurs sur des terrains différents : on ne peut pas se contenter des km/h pour comparer.
Mais, comme @beatforever même le dit, il n'existe mas de mesure de ce type (on n'a ni d'outil de mesure ni de magnitude à mesurer bien définie).
- JennyMédiateur
+1 avec Vieux Mongol.
J’ai eu une fois une inspection que je jugeais sur le moment catastrophique, le cours s’est mal déroulé, les élèves ont été plus infects encore que d’habitude (insultes, table renversée, refus de travailler…). Au final, le chargé de mission a trouvé que j’avais plutôt bien géré, que l’heure n’avait pas été complètement perdue et a plutôt pointé les défaillances de l’établissement en me disant de ne surtout pas culpabiliser. J’ai gardé cette remarque en mémoire : quand l’établissement dysfonctionne, vous ne pouvez pas faire le métier de tout ceux qui ne font pas leur travail. Le rapport mentionne mes qualités en gestion de classe face à une classe difficile, dans un établissement difficile.
En une journée, il avait bien vu les défaillances de l’établissement et que les élèves y étaient particulièrement difficiles.
J’ai eu une fois une inspection que je jugeais sur le moment catastrophique, le cours s’est mal déroulé, les élèves ont été plus infects encore que d’habitude (insultes, table renversée, refus de travailler…). Au final, le chargé de mission a trouvé que j’avais plutôt bien géré, que l’heure n’avait pas été complètement perdue et a plutôt pointé les défaillances de l’établissement en me disant de ne surtout pas culpabiliser. J’ai gardé cette remarque en mémoire : quand l’établissement dysfonctionne, vous ne pouvez pas faire le métier de tout ceux qui ne font pas leur travail. Le rapport mentionne mes qualités en gestion de classe face à une classe difficile, dans un établissement difficile.
En une journée, il avait bien vu les défaillances de l’établissement et que les élèves y étaient particulièrement difficiles.
- beaverforeverNeoprof expérimenté
Oh là là, non.henriette a écrit:Si je suis ton raisonnement, comme Mme Bidule, contrairement à M. Machin, arrive tout de même à faire quelque chose avec les classes de 4e les plus difficiles (c'est très éprouvant mais elle a heureusement aussi des 6e tranquilles pour équilibrer), on mettra M. Machin en priorité sur les 6e tranquilles, où il s'en sort mieux, et Mme Bidule héritera des 4e de la mort qui tue ?
Mon raisonnement ne va pas jusque là. Je cherchais à répondre à la question : peut-on évaluer l'efficacité professionnelle des enseignants ? Ta remarque cherche plutôt à répondre : pourquoi évaluer l'efficacité professionnelle des enseignants ?
Ma position est que les outils d'évaluation professionnelle de l'EN sont biaisés, bruités et injustes. On pourrait imaginer un outil de mesure plus précis et plus juste, mais il serait particulièrement difficile à mettre en œuvre, car le résultat du travail enseignant est structurellement bruité, multifactoriel.
Maintenant, si l'on a une mesure pertinente du travail enseignant, à quoi cela pourrait-il servir ? Pourquoi évaluer les enseignants ? Je pense que la question est tout aussi difficile.
Il y a toutes sortes d'idées qui surgissent :
- payer les enseignants au mérite pour inciter les moins efficaces à changer de pratiques professionnelles (certains ont déjà essayé : ça ne marche pas);
- faire de la différenciation inversée : adapter la difficulté de la classe à l'efficacité de l'enseignant, comme la cour des comptes qui veut envoyer des enseignants expérimentés en REP+ et non des néotitulaires;
- observer les enseignants efficaces pour identifier les pratiques à diffuser : il y a des centaines de publications sur le sujet et c'est compliqué;
- donner le pouvoir aux enseignants efficaces pour qu'ils améliorent le système, cela me semble naïf et douteux;
- etc.
Mon point de vue est qu'il est très intéressant de mesurer l'efficacité des enseignants pour des raisons scientifiques, pour réfléchir aux facteurs individuels de l'efficacité professionnelle, pour chaque enseignant puisse réfléchir à sa pratique. (Beaucoup d'enseignants font bien progresser les élèves, mais ne s'en rendent pas compte, ils sont persuadés d'être inefficaces et que leurs élèves stagnent même lorsque la progression est soutenue.) Par contre, cette mesure n'est qu'un élément parmi d'autres dans le fonctionnement du système éducatif, et je pense qu'il faut méditer avant de l'utiliser comme un indicateur pour diriger le système, même si c'est très tentant.
- JennyMédiateur
beaverforever a écrit:
- payer les enseignants au mérite pour inciter les moins efficaces à changer de pratiques professionnelles (certains ont déjà essayé : ça ne marche pas);
- faire de la différenciation inversée : adapter la difficulté de la classe à l'efficacité de l'enseignant, comme la cour des comptes qui veut envoyer des enseignants expérimentés en REP+ et non des néotitulaires;
- observer les enseignants efficaces pour identifier les pratiques à diffuser : il y a des centaines de publications sur le sujet et c'est compliqué;
- donner le pouvoir aux enseignants efficaces pour qu'ils améliorent le système, cela me semble naïf et douteux;
- etc.
J’ai testé cette année le service entièrement composé de classes difficiles (le profil de classe pour lequel on fait un CD par mois, où il faut aller porter plainte et où le PP reçoit par moment plusieurs rapports par heure de cours, sur chaque heure de la journée). Bizarrement, le termine l’année sur les genoux, j’ai eu plusieurs fois envie de plaquer mon boulot dans l’année et j’ai moins bien géré mes classes… Je me suis parfois ennuyée comme rarement. Évidemment, faire de la gestion de classe sur 80 % du temps, ne pas pouvoir approfondir grand chose en classe, c’est frustrant. Avoir 1, 2, 3 classes très difficiles ne m’a jamais posé de souci. Mais là, j’ai pris plaisir à faire cours avec une classe sur 7 (et c’était aussi une classe difficile).
Il faut faire attention à ne pas dégoûter des profs plutôt épanouis en classe avec ce genre d’idées. Avec l’âge, on est aussi plus fatigués.
- valleExpert spécialisé
Pas moi ^-^.Jenny a écrit:+1 avec Vieux Mongol.
Oui, en principe un inspecteur sait faire la part des choses, mais dans les faits il y a un tel dogmatisme et des dérives tellement incompréhensibles qu'il est impossible de savoir ce qu'un inspecteur évaluera.
Si un cours ne se passe pas spécialement bien, notamment, bien des inspecteurs auront tendance à regarder si le professeur (par sa préparation, son langage, etc.) suit la tendance prôné.
- JennyMédiateur
Vieux Mongol a précisé « un inspecteur qui fait bien son travail ».
Parfois, c’est le cas, d’autres fois beaucoup moins.
Parfois, c’est le cas, d’autres fois beaucoup moins.
- valleExpert spécialisé
Je ne sais plus trop quellle est la mission de l'inspection. Je dirais qu'elle est de plus en plus démoraliser, discréditer et mettre au pas les enseignants :-)Jenny a écrit:Vieux Mongol a précisé « un inspecteur qui fait bien son travail ».
Parfois, c’est le cas, d’autres fois beaucoup moins.
Tu parles des inspecteurs qui font leur travail "comme nous pensons qu'ils devraient le faire".
- beaverforeverNeoprof expérimenté
Je ne mets pas en doute la probité et l'honnêteté des inspecteurs et des chargés d'inspection. C'est juste que le dispositif contient un bruit structurel qui crée des injustices. Cela a bien été étudié pour les juges : alors qu'ils sont persuadés d'être justes et de prendre en compte les situations individuelles, leurs décisions sont très divergentes pour des cas similaires. Imagine qu'on présente à une centaine d'IPR et de CMI une dizaine de rapports d'inspection et qu'on leur demande de classer les enseignants (à renforcer, satisfaisant, très satisfaisant, excellent) selon la grille du PPCR : penses-tu que toutes les évaluations seront convergentes ? On peut au contraire s'attendre à une grande dispersion des réponses. Cela n'est pas dû à une défaillance des IPR ou des CMI, mais à la structure du dispositif d'évaluation.Vieux_Mongol a écrit:Voila un joli débat en perspective.
Juste une remarque. L'inspection classique contient tout un tas de possibilités d'injustice. Néanmoins un inspecteur qui fait bien son travail sait bien que toutes les classes ne se valent pas et lors d'une visite dans une classe difficile il évalue sur le dispositif initialement prévu et sur l'analyse que le collège est capable de faire sur la séance. Il est en principe parfaitement capable de faire la part des choses. Et l'idée du PPCR est quand même d'étendre le regard au-delà de la séance.
Par les notes, cela ne fonctionne pas (sauf organisation très particulière des évaluations). Ce qu'il faut, c'est un test externe de mesure de l'apprentissage. (Test qui n'existe pour l'instant que dans mon monde imaginaire.)Tenter d'objectiver par la progression des notes est sans doute louable mais les biais n'en sont pas moins nombreux lors d'une application en condition réelle.
Cela serait vrai uniquement si le bruit de l'évaluation par l'inspection est nul ou négligeable, ce qui est très très douteux. Dans une progression à l'ancienneté, tout le monde subi la même injustice (le même biais) et le niveau global d'injustice est plus faible (puisqu'il n'y a plus de bruit).La progression au même rythme est plus simple mais n'amène pas plus de justice.
Sans réflexion pour rendre l'évaluation équitable, c'est probable en effet.L'évaluation par les pairs sera une catastrophe pour les rapports sociaux dans l'établissement avec pas plus d'équité.
- JennyMédiateur
valle a écrit:Je ne sais plus trop quel est la mission de l'inspection. Je dirais qu'elle est de plus en plus démoraliser, discréditer et mettre au pas les enseignants :-)Jenny a écrit:Vieux Mongol a précisé « un inspecteur qui fait bien son travail ».
Parfois, c’est le cas, d’autres fois beaucoup moins.
Tu parles des inspecteurs qui font leur travail "comme nous pensons qu'ils devraient le faire".
Certes, mais parfois c’est plutôt le cas. J’ai le souvenir d’une inspection où l’IPR avait clairement dépassé les bornes. Même quand c’est mauvais (et j’ai plutôt tendance à me dévaloriser que l’inverse), on ne parle pas comme ça aux gens. Une violence verbale inacceptable. Mais je dois admettre que mes autres inspections ne se sont pas déroulées comme ça.
- BaldredSage
beaverforever a écrit:
Je ne mets pas en doute la probité et l'honnêteté des inspecteurs et des chargés d'inspection. C'est juste que le dispositif contient un bruit structurel qui crée des injustices. Cela a bien été étudié pour les juges : alors qu'ils sont persuadés d'être justes et de prendre en compte les situations individuelles, leurs décisions sont très divergentes pour des cas similaires. Imagine qu'on présente à une centaine d'IPR et de CMI une dizaine de rapports d'inspection et qu'on leur demande de classer les enseignants (à renforcer, satisfaisant, très satisfaisant, excellent) selon la grille du PPCR : penses-tu que toutes les évaluations seront convergentes ? On peut au contraire s'attendre à une grande dispersion des réponses. Cela n'est pas dû à une défaillance des IPR ou des CMI, mais à la structure du dispositif d'évaluation.
Par les notes, cela ne fonctionne pas (sauf organisation très particulière des évaluations). Ce qu'il faut, c'est un test externe de mesure de l'apprentissage. (Test qui n'existe pour l'instant que dans mon monde imaginaire.)Tenter d'objectiver par la progression des notes est sans doute louable mais les biais n'en sont pas moins nombreux lors d'une application en condition réelle.
Cela serait vrai uniquement si le bruit de l'évaluation par l'inspection est nul ou négligeable, ce qui est très très douteux. Dans une progression à l'ancienneté, tout le monde subi la même injustice (le même biais) et le niveau global d'injustice est plus faible (puisqu'il n'y a plus de bruit).La progression au même rythme est plus simple mais n'amène pas plus de justice.
Sans réflexion pour rendre l'évaluation équitable, c'est probable en effet.L'évaluation par les pairs sera une catastrophe pour les rapports sociaux dans l'établissement avec pas plus d'équité.
@beaverforever,
Pour ce que j'ai graissé, tu as tout à fait raison, nous, profs, sommes d'ailleurs très bien placés pour le savoir. Selon les matières, et paraît-il dans les matières scientifiques encore plus qu'en sciences humaines ( il faudrait quand même vérifier cette info que nous, profs de Lettres, sommes tout à fait capable d'avoir inventée ) une même copie peut recevoir des notes très dispersées. Je suis presque certain qu'il y a plein de bruits dans mes évaluations. Nous ne sommes pourtant pas moins que les juges persuadés d'être justes et équitables.
Je suis très rétif à l'idée qu'on m'évalue, je n'aime pas. Je crois savoir que les élèves non plus. Ma meilleure élève (19,80 de moyenne) ne dort pas la veille d'une évaluation. Moi non plus la veille d'une inspection.
Alors je suis preneur de toute création de ton monde imaginaire pour que ça n'arrive plus jamais. Juste ou injuste.
mais je veux bien qu'on me distingue de l'autre fainéant ( ne me demandez pas comment j'évalue sa fainéantise, je le sais, je le sens) et gagner plus que lui.
@beaverforever trouve quelque chose !
- valleExpert spécialisé
Petit joueur ! Moi, je veux gagner plus que le collègue tout et étant (moi) le fainéant du service, c'est ça qu'il faut inventer.Baldred a écrit:beaverforever a écrit:
Je ne mets pas en doute la probité et l'honnêteté des inspecteurs et des chargés d'inspection. C'est juste que le dispositif contient un bruit structurel qui crée des injustices. Cela a bien été étudié pour les juges : alors qu'ils sont persuadés d'être justes et de prendre en compte les situations individuelles, leurs décisions sont très divergentes pour des cas similaires. Imagine qu'on présente à une centaine d'IPR et de CMI une dizaine de rapports d'inspection et qu'on leur demande de classer les enseignants (à renforcer, satisfaisant, très satisfaisant, excellent) selon la grille du PPCR : penses-tu que toutes les évaluations seront convergentes ? On peut au contraire s'attendre à une grande dispersion des réponses. Cela n'est pas dû à une défaillance des IPR ou des CMI, mais à la structure du dispositif d'évaluation.
Par les notes, cela ne fonctionne pas (sauf organisation très particulière des évaluations). Ce qu'il faut, c'est un test externe de mesure de l'apprentissage. (Test qui n'existe pour l'instant que dans mon monde imaginaire.)Tenter d'objectiver par la progression des notes est sans doute louable mais les biais n'en sont pas moins nombreux lors d'une application en condition réelle.
Cela serait vrai uniquement si le bruit de l'évaluation par l'inspection est nul ou négligeable, ce qui est très très douteux. Dans une progression à l'ancienneté, tout le monde subi la même injustice (le même biais) et le niveau global d'injustice est plus faible (puisqu'il n'y a plus de bruit).La progression au même rythme est plus simple mais n'amène pas plus de justice.
Sans réflexion pour rendre l'évaluation équitable, c'est probable en effet.L'évaluation par les pairs sera une catastrophe pour les rapports sociaux dans l'établissement avec pas plus d'équité.
@beaverforever,
Pour ce que j'ai graissé, tu as tout à fait raison, nous, profs, sommes d'ailleurs très bien placés pour le savoir. Selon les matières, et paraît-il dans les matières scientifiques encore plus qu'en sciences humaines ( il faudrait quand même vérifier cette info que nous, profs de Lettres, sommes tout à fait capable d'avoir inventée ) une même copie peut recevoir des notes très dispersées. Je suis presque certain qu'il y a plein de bruits dans mes évaluations. Nous ne sommes pourtant pas moins que les juges persuadés d'être justes et équitables.
Je suis très rétif à l'idée qu'on m'évalue, je n'aime pas. Je crois savoir que les élèves non plus. Ma meilleure élève (19,80 de moyenne) ne dort pas la veille d'une évaluation. Moi non plus la veille d'une inspection.
Alors je suis preneur de toute création de ton monde imaginaire pour que ça n'arrive plus jamais. Juste ou injuste.
mais je veux bien qu'on me distingue de l'autre fainéant ( ne me demandez pas comment j'évalue sa fainéantise, je le sais, je le sens) et gagner plus que lui.
@beaverforever trouve quelque chose !
- BaldredSage
valle a écrit:Petit joueur ! Moi, je veux gagner plus que le collègue tout et étant (moi) le fainéant du service, c'est ça qu'il faut inventer.Baldred a écrit:beaverforever a écrit:
Je ne mets pas en doute la probité et l'honnêteté des inspecteurs et des chargés d'inspection. C'est juste que le dispositif contient un bruit structurel qui crée des injustices. Cela a bien été étudié pour les juges : alors qu'ils sont persuadés d'être justes et de prendre en compte les situations individuelles, leurs décisions sont très divergentes pour des cas similaires. Imagine qu'on présente à une centaine d'IPR et de CMI une dizaine de rapports d'inspection et qu'on leur demande de classer les enseignants (à renforcer, satisfaisant, très satisfaisant, excellent) selon la grille du PPCR : penses-tu que toutes les évaluations seront convergentes ? On peut au contraire s'attendre à une grande dispersion des réponses. Cela n'est pas dû à une défaillance des IPR ou des CMI, mais à la structure du dispositif d'évaluation.
Par les notes, cela ne fonctionne pas (sauf organisation très particulière des évaluations). Ce qu'il faut, c'est un test externe de mesure de l'apprentissage. (Test qui n'existe pour l'instant que dans mon monde imaginaire.)Tenter d'objectiver par la progression des notes est sans doute louable mais les biais n'en sont pas moins nombreux lors d'une application en condition réelle.
Cela serait vrai uniquement si le bruit de l'évaluation par l'inspection est nul ou négligeable, ce qui est très très douteux. Dans une progression à l'ancienneté, tout le monde subi la même injustice (le même biais) et le niveau global d'injustice est plus faible (puisqu'il n'y a plus de bruit).La progression au même rythme est plus simple mais n'amène pas plus de justice.
Sans réflexion pour rendre l'évaluation équitable, c'est probable en effet.L'évaluation par les pairs sera une catastrophe pour les rapports sociaux dans l'établissement avec pas plus d'équité.
@beaverforever,
Pour ce que j'ai graissé, tu as tout à fait raison, nous, profs, sommes d'ailleurs très bien placés pour le savoir. Selon les matières, et paraît-il dans les matières scientifiques encore plus qu'en sciences humaines ( il faudrait quand même vérifier cette info que nous, profs de Lettres, sommes tout à fait capable d'avoir inventée ) une même copie peut recevoir des notes très dispersées. Je suis presque certain qu'il y a plein de bruits dans mes évaluations. Nous ne sommes pourtant pas moins que les juges persuadés d'être justes et équitables.
Je suis très rétif à l'idée qu'on m'évalue, je n'aime pas. Je crois savoir que les élèves non plus. Ma meilleure élève (19,80 de moyenne) ne dort pas la veille d'une évaluation. Moi non plus la veille d'une inspection.
Alors je suis preneur de toute création de ton monde imaginaire pour que ça n'arrive plus jamais. Juste ou injuste.
mais je veux bien qu'on me distingue de l'autre fainéant ( ne me demandez pas comment j'évalue sa fainéantise, je le sais, je le sens) et gagner plus que lui.
@beaverforever trouve quelque chose !
Mmmmh que tu sois plus fainéant que moi reste à évaluer objectivement...
- Ramanujan974Érudit
Jenny a écrit:Vieux Mongol a précisé « un inspecteur qui fait bien son travail ».
Comme l'implication "A => B" est vraie si A est fausse, toute assertion commençant par "un inspecteur qui fait bien son travail" est vraie.
- LagomorpheFidèle du forum
Baldred a écrit: nous, profs, sommes d'ailleurs très bien placés pour le savoir. Selon les matières, et paraît-il dans les matières scientifiques encore plus qu'en sciences humaines ( il faudrait quand même vérifier cette info que nous, profs de Lettres, sommes tout à fait capable d'avoir inventée ) une même copie peut recevoir des notes très dispersées. Je suis presque certain qu'il y a plein de bruits dans mes évaluations. Nous ne sommes pourtant pas moins que les juges persuadés d'être justes et équitables.
Je suis toujours dubitatif quand on se lance dans une comparaison entre notre notation des élèves et l'évaluation des enseignants. Sans compter que l'intention sous-jacente est souvent d'amener "vous évaluez les élèves, donc vous êtes obligés de croire à la nécessité et à la justesse d'une évaluation de votre travail" (j'ai bien noté que ce n'est pas du tout ce que tu dis hein @Baldred, je remarque juste que le parallèle est fait). Il y a quand même des différences essentielles entre une note d'élève et une "note" d'inspection :
1) La multiplicité des évaluations:
- un élève doit recevoir, disons 3-4 notes par matière x10 et par trimestre, grosso modo 100 notes par an ou pas loin. Alors oui, il y a du "bruit", un certain degré d'incertitude, mais le bruit se moyenne avec la multiplication des évaluations.
Je me souviens avoir eu un piètre 7/20 en HG au bac, un sujet de commentaire de texte sur une période que je maîtrisais hyper bien; ça m'avait fait râler à l'époque: ai-je été sacqué ? Les connaissances étaient là, probablement pas la méthode, aurais-je pu avoir 14 avec un autre correcteur ? Je n'ai rien contesté évidemment. D'abord ça ne s'envisageait pas à l'époque, et ensuite, bah au pire le correcteur d'HG m'a sacqué, mais j'ai peut-être eu de la chance avec celui de PC, et l'un dans l'autre à la fin j'ai mon bac avec la mention que je pouvais raisonnablement espérer. Le bruit s'est moyenné.
Même constat quand j'ai corrigé la spé de SVT cette année : on pouvait suivre en temps réel les moyennes par exo. Même en m'efforçant de respecté archi-mécaniquement le barème fourni et discutaillé en commission, j'avais des écarts, la moyenne d'un échantillon n'étant jamais pile égale à la moyenne de la population. Je notais plus généreusement l'exo 1, moins l'exo 2, et au final moins de 0,1 point d'écart à la moyenne acad. C'est probablement pareil pour tous les correcteurs dans toutes les disciplines, et en bilan l'évaluation est solide parce qu'elle est multiple.
- chez nous c'est un IPR (avec ses préjugés, ses dogmes et sa parole divine persos) qui vient 4 fois dans une carrière de 40 ans (titularisation + 3xPPCR), pas de quoi rattraper la vacherie d'IPR1 par la générosité d'IPR2, sans compter que la vacherie d'IPR1, si elle tombe au mauvais moment (possibilité d'avancement) a des conséquences irréversibles sur l'avancement. Et sans compter qu'IPR2 s'inspire du rapport d'IPR1, qu'il a lu, et qu'ils ont rarement les cojones de se contredire l'un l'autre.
2) La présence ou l'absence de recours efficace possible:
- certes "les jurys de bac sont souverains", mais il y a quand même un jury qui peut remonter certaines notes, notamment lorsqu'une note très basse et incohérente avec le livret est susceptible de porter préjudice. On transforme un 9,7 de moyenne et 10 est hop c'est bon. Même dans notre évaluation courante, certes on a la main, mais si je m'amusais à sous-noter systématiquement un élève manifestement excellent, on finirait d'une manière ou d'une autre par me demander des comptes. En passant par le CDE, l'IPR, le recteur, les parents qui veulent râler savent le faire: ma notation n'est pas si souveraine que ça.
- inversement, que risque un IPR à descendre un collègue ? A part demander une autre inspection par un clone, voire faire appel à un clone-en-chef aka l'IG, ce qui ne donnera probablement rien de satisfaisant et encore plus d'ennuis, que peut la victime ? Virtuellement rien, et un IPR injuste - pas intentionnellement, juste imbu de ses propres convictions hors-sol - évalue dans l'impunité absolue, tant qu'il ne pousse pas le bouchon jusqu'à laisser derrière lui une traînée de démission, de dépression, ou pire. Et encore, pas sûr que ça suffise pour faire réagir une hiérarchie dans l'autodéfense systématique.
3) La gravité des conséquences d'une évaluation mauvaise:
- il m'est arrivé d'avoir un message furax des parents sur une évaluation...à faible coefficient, paumée au milieu d'un trimestre, pour une sous-matière (une composant de l'enseignement scientifique destinée à voir ses notes fusionnées avec les composantes PC et maths). Je n'ai guère eu de difficulté à faire comprendre aux parents la vacuité de leur requête: franchement, qui tient compte de ça dans un dossier parcoursup ? Une mauvaise note, ça arrive, ça sera compensé par le reste, prétendre que ça ruine un avenir est absurde. C'est l'ensemble du dossier (donc la moyenne de dizaines de notes, les choix de spécialité, les appréciations) qui détermine les voies ouvertes et fermées.
- quand un IPR vous pourrit, c'est pour la vie, le rapport reste comme une tache indélébile dans le dossier. Il conditionne les rapports suivants, il compte pour l'avancement, et la hiérarchie ne se privera pas pour l'éplucher au moindre problème avec vous. PPCR ou ancien système, je n'ai pas fait le calcul - certains l'ont fait probablement - mais entre l'avancement accéléré systématique et l'éternelle ancienneté, cumulé sur une carrière, on doit bien arriver à la centaine de milliers d'euros de différence...dont un seul et unique jugement d'un seul et unique IPR peut être à l'origine.
Bref, à ceux qui disent qu'on doit être évalués parce qu'on évalue bien les élèves: oui on les évalue, mais pas tout seuls loin de là, de nombreuses fois sur leur scolarité, de manière pas totalement arbitraire ni sans recours possible, et avec des conséquences plus que légères sur l'avenir de chacun. On ne peut pas utiliser cet argument pour justifier l'évaluation systématique des enseignants tout au long de leur carrière, ce n'est pas comparable du tout, surtout vu la forme actuelle de cette évaluation. Et comme il a été très justement écrit il y a quelques pages, je n'ai pas le souvenir qu'on ait demandé à mon médecin de repasser des évaluations une fois son doctorat en poche, ni à mon boulanger de repasser son CAP au bout de dix ans de pétrissage.
- epekeina.tes.ousiasModérateur
La réussite croissante dans les résultats du bac devrait suffire à augmenter massivement les enseignants.
_________________
Si tu vales valeo.
- LagomorpheFidèle du forum
epekeina.tes.ousias a écrit:La réussite croissante dans les résultats du bac devrait suffire à augmenter massivement les enseignants.
Exactement. Pourquoi se prendre la tête avec des modalités d'évaluations bancales quand on dispose d'un indicateur qui témoigne objectivement et concrètement de la qualité du travail collectif de tous les enseignants de la maternelle à la terminale ? Ce serait justifié, robuste et cohérent.
- IshkarNiveau 6
Mathador a écrit:Ishkar a écrit:Mathador a écrit:Donc ta proposition est de négocier le poids des chaînes face à une hiérarchie maltraitante ?Ishkar a écrit:Le fait est que demain et les années suivantes, les dirigeants ainsi que la population auront toujours dans l'idée d'évaluer les profs une autre fois qu'à leur première année de carrière avant les 40 suivantes, et que notre rôle, aussi, est de pouvoir penser au meilleur système pour à la fois nous protéger et à la fois vraiment rendre cette contrainte d'évolution formatrice pour nous, car on n'y échappera pas.
Cela me fait penser à certains « syndicats »…
Ma proposition, c'est qu'on m'explique les alternatives. Encore une fois, je ne dis pas être dans le vrai, mais dans ce cas, je suis curieux de savoir ton propre avis sur la question. Je commence à comprendre que je suis dans l'erreur, mais ça fait encore deux messages, après mon dernier, où l'on me critique sans alternative.
Mon avis est que la question est mal posée. En particulier, ce que tu dis, selon les messages, semble empreint du mélange des genres qui fait des dégâts, notamment depuis l'instauration de la notation par pavés lors du PPCR: un mélange entre évaluation formative (ce qui se défend) et évaluation pour des questions de carrière (promotions d'échelon et de grade contingentées).Ishkar a écrit:Si j'interprète correctement ton positionnement, qu'est-ce qui fait que tout principe d'évaluation de nos pratiques est néfaste ? Dans le cas de figure que je propose, à savoir envisager des décharges possibles et des visites entre collègues pour évaluer les pratiques et réciproquement se conseiller, qu'est-ce qui est négatif ?
Quand on se met à mieux (enfin, moins mal) payer les collègues en fonction d'un indicateur, cela incitera un certain nombre d'entre eux à optimiser cet indicateur plutôt que les apprentissages des élèves eux-mêmes.
En ce moment l'indicateur semble être la conformité idéologique à la marotte du moment telle qu'elle est interprétée par l'inspecteur du coin.
Mais je ne vois pas de modalité d'évaluation influant sur la carrière qui me semble acceptable dans le contexte de la malveillance hiérarchique qui sévit aujourd'hui. J'ai quitté l'EN pour une administration qui pratique les postes profilés à 100%, les entretiens annuels… des pratiques qui constitueraient des casus belli dans l'EN, mais là-bas la hiérarchie n'est pas forcément un ennemi, et pourrait de toute façon difficilement imposer du travail supplémentaire gratuit comme à l'EN, puisque presque tout le monde pointe.
Depuis le début, je défends une évaluation qui n'a pas d'influence sur la carrière. Mais je pense que pour être acceptée du plus grand nombre (je ne parle pas d'enseignants mais d'opinion publique, conduisant à tel ou tel gars élu et tel ou tel ministre de l'EN), il faudrait une évaluation formative régulière permettant de dire "Nous, en tant que profs, on compare très régulièrement nos pratiques au sein même d'un établissement que l'on connait et avec des élèves que l'on connait, donc l'avis du CE ou de l'inspecteur une fois tous les 5 ans dans un cours ne correspondant pas vraiment à nos pratiques et à nos difficultés éventuelles, ça ne sert à rien".
Désolé si ce n'était pas clair, mais je ne voulais aucunement dire que les profs doivent se noter entre eux de manière à progresser ou non dans leur carrière.
Petite précision aussi : ma seule visite d'un inspecteur a entrainé des remarques avant tout disciplinaires (et des reproches débiles inventés pour me démolir) mais aucunement sur la gestion de classe, le rythme d'une séance et finalement pas mal de problématiques que l'on peut avoir. J'ai eu l'impression, par cette inspection, d'avoir une vérification principale de mon savoir alors qu'entre collègues, on aborde bien plus souvent la manière de mettre en activité, de construire une séquence dans son rapport avec la classe et de la gestion de classe tout court. C'est pour ça que, depuis le début, je défends plutôt l'idée d'un système d'évaluations plus formatives permettant avant tout de partager les pratiques tout en pouvant dire "On analyse ce que l'on fait".
Je sais, c'est naïf.
- JennyMédiateur
Ishkar : tu n’as été inspecté qu’une fois, ce sera sans doute différent la prochaine fois.
Parfois, il y a aussi peu de choses à dire sur la gestion de classe et c’est plutôt bon signe.
ETO : on va donc être super riches !
Parfois, il y a aussi peu de choses à dire sur la gestion de classe et c’est plutôt bon signe.
ETO : on va donc être super riches !
- IshkarNiveau 6
valle a écrit:Je n'esquive rien, je n'ai jamais annoncé que j'allais donner ici des pistes d'évaluation.Ishkar a écrit:
Mais comme je le répète depuis plusieurs messages sans avoir de réponse, je suis ouvert à lire d'autres propositions, notamment les tiennes, que tu esquives encore.
En tout cas, ma proposition est évidemment d'empêcher que ton regard sur mes cours, auxquels tu assistes potentiellement pour échapper d'une classe particulièrement pénible, fasse partie de mon dossier administratif (et qu'il soit éventuellement pris en compte pour des progressions de carrière, postes à profil, etc.).
S'il ne s'agit pas d'une vraie évaluation dans le cadre du PPCR, mais d'un simple avis oral, ça n'est pas impossible, comme il a été dit, mais ce n'est pas évident non plus : ce n'est pas parce que mon heure de cours coïncide avec ta classe pénible que j'ai forcément un interêt particulier à entendre précisement ton avis. Tu n'as aucune qualification particulière pour évaluer des enseigants.
S'il s'agit d'une formation entre pairs (cas dans lequel je te prie encore une fois de préciser les démarches d'évaluation que tu annonces, et de ne pas éviter de le faire en parlant d'évaluation), il faut partir du principe que la formation par des pairs ne consiste pas du tout à ce que chacun énonce ce qu'il pense du travail des autres.
Disons alors qu'il me semble paradoxal de venir ici me reprocher quasiment tout ce que je peux soulever tout en ne proposant rien de ton côté. Après, comme je l'ai dit, si le jeu est de dire "Les autres idées sont mauvaises", aucun souci, c'est toujours intéressant de lire en quoi j'aurais tort. Ceci dit, il ne faudra pas se plaindre ensuite d'être mangé avec une sauce encore moins ragoutante.
Si tu préfères fermer ta porte de cours et être évalué par un CE (puisque c'était l'idée évoquée par le premier message), libre à toi.
Je ne sais pas si cette discussion aura de toute façon beaucoup de sens. Tu pars du principe que si je vais visiter le cours d'un autre collègue, c'est pour échapper d'une classe pénible ; tu pars du principe initial que chaque enseignant a des compétences à l'image de ma collègue Mario Kart mais tu n'aurais aucun intérêt particulier à entendre l'avis d'un collègue sur ce que tu fais car il n'a aucune qualification particulière pour évaluer les enseignants - je suppose que tu adores dans ce cas les inspecteurs qualifiés - ; quant à la formation entre pairs dont je devrais préciser les démarches d'évaluation, désolé, initialement, mon but était de réagir à ce que je lisais ici et à ce que je préférerais plutôt qu'être évalué par un CE, et non de préparer des fiches complètes de la manière d'évaluer un collègue.
En passant, toujours en me fiant à la seule inspection que j'ai eue, à aucun moment j'ai eu l'impression que ça correspond à une fiche pré-établie mais plutôt à une analyse de la séance, de ce que je dis, éventuellement de ma posture, etc. Bref, ce qu'on fait au quotidien en évaluant nos propres pratiques et le succès ou non, de ce que l'on fait.
C'est ça que je trouve extrêmement paradoxal dans ta posture : que tu aies passé autant de temps à me répéter qu'en fait, je n'avais aucune qualification pour évaluer le travail d'un autre collègue, en partant ainsi du principe qu'un CE est plus formé, ou qu'un inspecteur venant tous les 5 ans et ne connaissant aucunement les élèves que l'on a et nos problématiques locales le sera mieux sur tous les plans. Du moment qu'on admets que ce n'est pas le cas, je préfère réfléchir à un système d'entraide entre collègues, ce qui existe déjà mais n'est pas formalisé dans l'emploi du temps et surtout a l'inconvénient de ne se faire, comme je l'avais dit, qu'à partir du propre récit que l'on fait de nos pratiques, oubliant donc tout ce qui échappe à notre regard et qui regroupe les habites que l'on ne questionne plus.
- IshkarNiveau 6
Jenny a écrit:Ishkar : tu n’as été inspecté qu’une fois, ce sera sans doute différent la prochaine fois.
Parfois, il y a aussi peu de choses à dire sur la gestion de classe et c’est plutôt bon signe.
ETO : on va donc être super riches !
Ou alors il y avait tant à dire sur mes savoirs manquants que l'inspecteur n'avait pas le temps d'aborder le reste sur l'heure
Plus sérieusement, c'était dans un lycée ayant des collèges REP + sur toute la commune. S'il y avait bien un truc sur lequel j'aurais aimé des retours, c'est la gestion de classe et la mise en activité, et on m'a au contraire ce jour là reproché de ne pas assez intellectualiser les choses (en très gros) alors que j'avais réussi à accrocher même les élèves extrêmement compliqués (notamment un que j'ai en tête qui s'est fait d'ailleurs exclure pendant l'année).
J'ai trouvé assez incroyable que dans une classe avec 4 exclusions définitives sur l'année, on ne me conseille aucunement là-dessus et qu'on ne tienne aucunement compte du contexte. Un bon inspecteur ou un CE l'aurait sûrement fait, et des collègues encore plus, car ils ont les mêmes profils d'élèves.
Après, je ne suis peut-être pas tombé sur l'inspecteur le plus parlant. J'ai déjà eu une formation quand j'avais passé une année à Paris (mais bon, c'était une formation) qui portait bien plus sur la réalité de la classe et non les savoirs.
- IshkarNiveau 6
beaverforever a écrit:Certes, mais il n'est pas impuissant non plus.A Tuin a écrit:Comme tu l'indiques, certaines classes sont remarquablement scolaires et d'autres sont infectes et peuplées d'enfants peu désireux de bien faire, qui font un peu mais viennent surtout en classe pour voir leurs camarades et socialiser comme ils disent... Si l'objectif commun est d'avancer c'est bien, mais si le professeur tire dans un sens alors que les élèves tirent dans l'autre, mesurer une progression et en tirer l'idée que c'est dû au professeur semble illusoire. Le professeur ne peut pas tout.
Bien sûr que chaque classe est différente et que l'interaction entre une classe et un professeur est unique. Une classe qui fonctionne bien avec le reste de l'équipe peut fonctionner moins bien ou mal avec un ou deux collègues. Cela crée du bruit. Un bruit structurel qui limite la qualité de la mesure de l'efficacité professionnelle : M Machin peut être un enseignant globalement très efficace, mais moins avec certains types de classe. S'il a la malchance de tomber une année sur trois classes difficiles pour lui, l'efficacité mesurée sera plus faible. Mais si on dispose des données passées sur les interactions classe x M Machin, alors on pourra corriger/affiner les résultats.
Je quote ça mais j'aurais pu faire le reste : je suis parfaitement d'accord avec ce que tu dis sur les "bruits" et l’injustice d'un avancement qui serait lié à ces évaluations. A partir de là, ma réflexion était plutôt basée sur l'idée de chercher avant tout des évaluations formatives.
Je rebondis aussi sur ce que tu dis en évoquant les enseignants ou même les élèves qui vont être plus ou moins à l'aise dans tel ou tel contexte : mon idée d'évaluation formative entre pairs est justement liée à ce constat qu'on apprend tout au long de notre carrière des postures plus ou moins bonnes dans tel ou tel contexte et qu'une difficulté est de mettre le curseur au bon endroit, si je peux utiliser la métaphore. Un partage de pratiques plus formalisées, par une évaluation de "Toi tu fais ça, moi je fais ça, j'estime que ça a tel ou tel avantage" permettrait de gommer un peu ça.
Sinon, autre élément auquel ton message me fait penser : dans les établissements plutôt huppés que j'ai pu faire, une partie des collègues un peu fatigués psychologiquement et qui semblaient pas mal se plaindre de leurs conditions étaient plutôt âgés et, pour avoir discuté avec eux, présents depuis un moment. Une limite réelle à ce que je propose, c'est que, par exemple, je pense que le plus formateur pour un prof de lycée serait parfois de faire un tour au collège, et réciproquement.
En tout cas c'est plaisant de voir des pistes d'analyse, même si je vois bien que mon idée initiale ne soulève pas les foules
- IshkarNiveau 6
A Tuin a écrit:Je ne sais pas, c'est très compliqué d'évaluer ces critères là je pense.
Quelqu'un évoquait les choses de base : la présence de cours dans le cahier ou classeur, quoi qu'on en dise les classeurs des bons élèves sont de bons témoins, le cahier de texte en particulier les devoirs donnés et la communication aux élèves et familles. Les types d'évaluation donnés, la quantité notamment. J'évalue beaucoup, à ma grande peine car il faut suivre pour corriger ensuite. Mais cela permet aux élèves de garder une tension dans le travail. Certaines matières ne comptabilisent parfois qu'une note sur un trimestre ou semestre. Clairement cela me semble insuffisant. En tant que parent on peut estimer cela insuffisant aussi. Comment évaluer une progression dans ce cas ? C'est déjà la base d'avoir des éléments de comparaison et de pouvoir effectuer une moyenne dans une matière donnée.
Concernant la progression de l'élève, comment la mesurer concrètement ? Peut-être qu'un bon élève dans une classe de REP+ ne serait pas le même bon élève dans une classe d'un établissement privé, ou d'un établissement public ne disposant pas du label REP+. Il 'y a rien d'évident. Peut-être par voie de conséquence,.la réussite à un examen comme le brevet n'aura pas la même valeur selon le type d'établissement, au regard du poids que revêt.le contrôle.xontinu dans le résultat final. Des inégalités même se créent peut être ainsi.
Je pense aussi qu'un enseignant pourra être meilleur dans ce qu'il fait s'il a de mêmes classes d'une année sur l'autre. Progressivement il va mettre au point la meilleure approche, la meilleure façon. S'il doit changer de classe chaque année comme disent les administrations, pour évoluer et "ne pas s'encrasser", il aura dans l'objectif déjà de construire ses cours, l'objectif comment faire réussir au mieux les élèves passera après cet objectif premier, après le recul d'une année ou deux sur le niveau. C'est peu évident de faire tout au la fois, les gens ne sont pas robotisés.
Je pense qu'il est impossible de parfaitement évaluer. Les conditions d'évaluation sont toujours biaisés et on ne peut pas mettre un barème pertinent. Chacun a des méthodes qui présenteront des avantages et des inconvénients. Par contre, je pense que chacun a aussi sa petite marotte en tant qu'enseignant, quelque-chose auquel il est particulièrement sensible, et quand je pensais à un échange de pratiques, c'est notamment lié au fait qu'on pourrait probablement plus facilement se passer des conseils ou observations autour de choses auxquelles justement on est sensibles.
Exemple très théorique : le prof Y est avant tout préoccupé par la participation orale et réfléchit énormément à l'optimisation de celle-ci et proposera donc pas mal de pistes ; le prof X est plus préoccupé par la trace écrite laissé aux élèves et proposera des pistes autour de ça. Chaque prof, par contre, s'il reste dans son coin - ce qui n'est jamais totalement vrai car on discute entre nous de nos pratiques-, va moins progresser sur ses lacunes.
- CasparProphète
Jenny a écrit:Ishkar : tu n’as été inspecté qu’une fois, ce sera sans doute différent la prochaine fois.
Parfois, il y a aussi peu de choses à dire sur la gestion de classe et c’est plutôt bon signe.
ETO : on va donc être super riches !
Oui, quand il n'y a rien à dire de particulier...Dans mon dernier rapport j'ai eu "les élèves s'installent dans le calme" et pas d'autres remarques sur la gestion de classe (élèves gentils et qui savaient que j'étais inspecté ce jour-là).
@Ishkar: je vais me répéter et répéter ce que d'autres collègues ont écrit sur ce que tu proposes: ok de manière ponctuelle et sur la base du volontariat, pas ok si ça devient un système, même si ça n'a pas d'incidence sur la carrière (on entend déjà bien assez de "tu te rends compte Untel fait comme ci, Unetelle ne fait pas comme ça..."), ça aboutirait forcément à une forme de flicage plus ou moins insidieux.
- epekeina.tes.ousiasModérateur
Jenny a écrit:ETO : on va donc être super riches !
Ou alors, ce serait que la question de “l'évaluation” a une toute autre signification que celle dont les autorités ministérielles nous rebattent les oreilles, à savoir “le bon prof fait réussir ses élèves”? Je n'ose le croire, car enfin, où a-t-on jamais vu un gouvernement qui ne dirait pas la vérité. Or, comme non seulement le pourcentage de bacheliers dans une classe d'âge mais encore la réussite à l'examen progressent massivement, il s'ensuit logiquement que les profs font réussir les élèves et donc sont très généralement bons. De quoi je déduis que:
et
Et si tel n'était pas le cas, ça ne pourrait être dû qu'à une circonstance accidentelle et imprévisible.
_________________
Si tu vales valeo.
- valleExpert spécialisé
J'ai désormais compris que tu ne proposes pas un système d'évaluation, mais de formation continue. Je suppose donc que tu es OK avec l'évaluation actuelle de l'IPR et du CDE, puisque tu ne souhaites changer que la formation des enseignants et non leur évaluation...Ishkar a écrit:
Disons alors qu'il me semble paradoxal de venir ici me reprocher quasiment tout ce que je peux soulever tout en ne proposant rien de ton côté. Après, comme je l'ai dit, si le jeu est de dire "Les autres idées sont mauvaises", aucun souci, c'est toujours intéressant de lire en quoi j'aurais tort. Ceci dit, il ne faudra pas se plaindre ensuite d'être mangé avec une sauce encore moins ragoutante.
Quant à ton évaluation continue, le fait que le système que tu proposes me paraisse contreproductif ne m'enlève en rien la possibilité de me plaindre ensuite, à mon avis, merci de ne pas dire ce dont je peux me plaindre ou non...
Il y a eu un malentendu. Tu parles de "fermer ma porte" : ce n'est pas le cas, ne physiquement ni métaphoriquement. Ce que j'ai dit c'est que je ne veux pas forcément entendre ton avis -- le tien, pas celui d'autres collègues.Ishkar a écrit:
Si tu préfères fermer ta porte de cours et être évalué par un CE (puisque c'était l'idée évoquée par le premier message), libre à toi.
Je ne sais pas si cette discussion aura de toute façon beaucoup de sens. Tu pars du principe que si je vais visiter le cours d'un autre collègue, c'est pour échapper d'une classe pénible ; tu pars du principe initial que chaque enseignant a des compétences à l'image de ma collègue Mario Kart mais tu n'aurais aucun intérêt particulier à entendre l'avis d'un collègue sur ce que tu fais car il n'a aucune qualification particulière pour évaluer les enseignants [...]
Il ne s'agit pas de préciser les "démarches d'évaluation" (d'évaluation de quoi ? je ne suis pas sûr de comprendre le sens que tu donnes à ce mot, tu veux dire le déroulé de cette formation entre pairs ou bien l'évaluation du dispositif ?). Il s'agit du fait que la formation entre pairs ne consiste pas, pour l'essentiel, à discuter entre camarades, mais à ce que chacun apporte à l'équipe quelque chose qu'il maîtrise peut-être mieux que les autres...Ishkar a écrit:
- je suppose que tu adores dans ce cas les inspecteurs qualifiés - ; quant à la formation entre pairs dont je devrais préciser les démarches d'évaluation, désolé, initialement, mon but était de réagir à ce que je lisais ici et à ce que je préférerais plutôt qu'être évalué par un CE, et non de préparer des fiches complètes de la manière d'évaluer un collègue.
En passant, toujours en me fiant à la seule inspection que j'ai eue, à aucun moment j'ai eu l'impression que ça correspond à une fiche pré-établie mais plutôt à une analyse de la séance, de ce que je dis, éventuellement de ma posture, etc. Bref, ce qu'on fait au quotidien en évaluant nos propres pratiques et le succès ou non, de ce que l'on fait.
Quant à l'inspection, si je me trompe pas, tu es contractuel, ton inspection n'a en effet pas suivi la grille du PPCR.
Tu continues à mélanger "évaluation" et "formation", je ne sais plus de quoi tu parles. Tu proposes remplacer une évaluation par une formation obligatoire ? Je n'ai pas trop bien compris.Ishkar a écrit:
C'est ça que je trouve extrêmement paradoxal dans ta posture : que tu aies passé autant de temps à me répéter qu'en fait, je n'avais aucune qualification pour évaluer le travail d'un autre collègue, en partant ainsi du principe qu'un CE est plus formé, ou qu'un inspecteur venant tous les 5 ans et ne connaissant aucunement les élèves que l'on a et nos problématiques locales le sera mieux sur tous les plans.
Concrètement, tu proposes être payé (régulièrement) pour enlever des heures de cours et assister à leur place au cours d'un collègue de ton choix et que ce collègue soit après payé pour écouter ce que tu voudras bien lui dire ?
Ishkar a écrit:
Du moment qu'on admets que ce n'est pas le cas, je préfère réfléchir à un système d'entraide entre collègues, ce qui existe déjà mais n'est pas formalisé dans l'emploi du temps et surtout a l'inconvénient de ne se faire, comme je l'avais dit, qu'à partir du propre récit que l'on fait de nos pratiques, oubliant donc tout ce qui échappe à notre regard et qui regroupe les habites que l'on ne questionne plus.
On repart sur des éléments sur lesquels je me suis déjà exprimé :
- Aller visiter des cours des collègues n'est pas la seule forme de formation continue. Tu lui donnes une grande importance, on l'a compris, mais c'est tout ; ce ne sera pas pareil pour tout le monde, pas à tout moment de l'année ou de la carrière d'un enseignant, etc.
- Tu sembles partir du principe que les enseignants ne sont pas formés, qu'ils doivent devenir compétents. Ce n'est pas le but de la formation continue.
- beaverforeverNeoprof expérimenté
J'ai parlé d'une évaluation idéale qui mesurerait l'efficacité professionnelle des enseignants, mais je doute que l'administration soit intéressée par cet outil.epekeina.tes.ousias a écrit:
Ou alors, ce serait que la question de “l'évaluation” a une toute autre signification que celle dont les autorités ministérielles nous rebattent les oreilles, à savoir “le bon prof fait réussir ses élèves”? Je n'ose le croire, car enfin, où a-t-on jamais vu un gouvernement qui ne dirait pas la vérité. Or, comme non seulement le pourcentage de bacheliers dans une classe d'âge mais encore la réussite à l'examen progressent massivement, il s'ensuit logiquement que les profs font réussir les élèves et donc sont très généralement bons.
L'évaluation actuelle classe (mal) les collègues pour répartir les quelques miettes qui restent à distribuer.
Si l'on mesurait objectivement l'efficacité professionnelle des enseignants et que l'on se rendait compte que 60% sont très efficaces, comment ferait-on pour n'en promouvoir que 30% ?
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