Re: Idées d'oeuvres moins sombres à étudier en seconde

Tangleding a écrit:

Taillevent a écrit:

Caspar a écrit:

sinan a écrit:Un inspecteur qui conseille de ne jamais faire d'humour en classe... On comprend pourquoi il n'est plus professeur... Quelle tristesse... Comme si les élèves n'étaient pas capables de faire la part des choses ...

Oui, notre métier serait bien triste...

J'ai eu un formateur en gestion de classe à l'école pédagogique qui tenait le même discours. Je n'avais pas pu m’empêcher de lui répondre que ça devait être parce qu'il ne savait pas y faire.
(Remarquons que c'est le même qui s'était senti obligé de signaler qu'il ne fallait jamais utiliser la confrontation physique avec les élèves. Le gars était une armoire à glace et bossait au primaire. Après un temps pour saisir que non, il ne blaguait pas, je lui avais fait l'observation que je bossais avec de grands ados, plus grands et costaux que la brindille à mobilité réduite que je suis et que, en conséquence, pour moi ça n'était qu'une question de survie : en cas de confrontation physique, je risquais la dérouillée. Manquant effectivement d'humour, il n'avait pas ri...)

Quelle est cette diablerie ???

Spoiler:

Les joies de la formation des enseignants en Suisse Wink

(Le titre officiel du cours est plutôt "relation pédagogique" je crois, mais le terme "gestion de classe" est parfaitement officiel.) Sincèrement, malgré mes moqueries d'un intervenant très premier degré, il y avait du bon dans les contenus. (Et aussi beaucoup de bêtises...)

Le simple fait que cela existe est une offense (presque une insulte) à la conformation théorique de l'approche du métier sous nos latitudes... La variabilité du contenu n'est sans doute pas spécifique à cet enseignement. Wink

En collège l'humour est à double tranchant. Ça dépend de la relation établie avec le groupe classe. Dans certaines de mes classes la moindre plaisanterie est prétexte, pour quelques imbéciles malheureusement suivis, à simuler un rire idiot et le plus bruyant possible. Chaque heure de cours s'aborde comme un combat parfaitement inéquitable contre la bêtise adolescente (et essentiellement masculine, pour ne pas dire masculiniste) et les mauvais instincts grégaires.

Pour les textes littéraires il y a aussi l’écart entre ce qui réjouit le professeur et ce que ressentent les élèves ( faire sourire avec Flaubert ou Stendhal est devenu de plus en plus difficile au cours des ans…) la conception populaire de ce qu’est l’humour aujourd’hui n’aide pas….

Il y a aussi un problème de maturité, certaines élèves filles ont apprécié Madame Bovary, il y a quelques années, en lecture autonome.

J'ai lu ce roman seul dans mon coin à 15/16 ans mais je n'avais pas le quart de maturité affective pour en retirer quoi que ce fût, bien que je fusse un littéraire.

Pourtant la situation de mes parents aurait dû m'initier.

Iphigénie a écrit:Pour les textes littéraires il y a aussi l’écart entre ce qui réjouit le professeur et ce que ressentent les élèves ( faire sourire avec Flaubert ou Stendhal est devenu de plus en plus difficile au cours des ans…) la conception populaire de ce qu’est l’humour aujourd’hui n’aide pas….

Alors je dois dire que ni Flaubert, ni Stendhal ne m'ont jamais fait rire Smile

Dommage alors! Pourtant…!

Flaubert c'est à crever de rire. L'éducation sentimentale est particulièrement hilarante.

Stendhal ne m'a pas spécialement amusé mais je n'ai lu que le Rouge et le Noir, il faudra que je me lance dans la Chartreuse de Parme qui est peut-être plus drôle.

Bah dans le Rouge: l’évêque devant son miroir ( cf Genet!) ou l’œuf à la coque du séminaire ou « le malheur de ne pouvoir fermer sa porte » en prison pour ne citer que quelques moments ….parmi bien d’autres…

DesolationRow a écrit:

Iphigénie a écrit:Pour les textes littéraires il y a aussi l’écart entre ce qui réjouit le professeur et ce que ressentent les élèves ( faire sourire avec Flaubert ou Stendhal est devenu de plus en plus difficile au cours des ans…) la conception populaire de ce qu’est l’humour aujourd’hui n’aide pas….

Alors je dois dire que ni Flaubert, ni Stendhal ne m'ont jamais fait rire

Moi non plus. Voltaire me fait rire mais pas les réalistes et les romantiques (ou alors d'eux).

Iphigénie a écrit:Bah dans le Rouge: l’évêque devant son miroir ( cf Genet!) ou l’œuf à la coque du séminaire ou « le malheur de ne pouvoir fermer sa porte » en prison pour ne citer que quelques moments ….parmi bien d’autres…

Ma lecture commence à dater. Je distingue les livres drôles par moments et les livres foncièrement drôles, le plus souvent par leur cruauté.

Balzac est parfois drôle, alors que Flaubert est foncièrement drôle.

Dans mon souvenir, peut-être éronné, Stendhal est plutôt si premier camp.

Je ne pense pas: son regard sur ses personnages est assez drôle souvent (et souvent proche de Kundera je trouve) .

C'est noté, merci, je tenterai avec la Chartreuse, je ne relis que contraint et forcé. Et encore... Idées d'oeuvres moins sombres à étudier en seconde - Page 3 2790680366

Idées d'oeuvres moins sombres à étudier en seconde - Page 3 2790680366

J'aime beaucoup Flaubert, mais l'Education sentimentale ne me fait jamais rire. C'est l'un des romans les plus désespérants que je connaisse. Je n'aime pas énormément Madame Bovary, mais ma lecture commence à remonter assez loin. La Chartreuse est un roman merveilleux, mais même l'ouverture qui est censée être drôle (j'ai dû l'expliquer à l'oral d'Ulm, il y a bien longtemps Smile

), ne me fait pas rire.

La Chartreuse est un peu moins drôle peut-être : Lucien Leuwen plus!

De Stendhal ou Flaubert, je n'ai relu sur le tard que Mme Bovary. En plus, je l'ai relu pour faire cours dessus ; donc, je l'ai étudié. Et là, je me suis vraiment bidonné. La rupture aux abricots de Rodolphe, les descentes de la côte de Bonsecours vers Rouen Babylone, les mollets d'Emma qui se découpent sous les yeux avides de Léon.... devant un poulet qui rôtit...
Tout cela est vraiment réjouissant. Alors je me dis que si je relisais L'éducation Sentimentale, ce serait un peu pareil.

Ouais, mais c'est triste tout ça... C'est génial, évidemment, mais c'est triste.

Ah j'ai lu Lucien Leuwen, mais je m'étais ennuyé et j'avais abandonné avant la fin sous prétexte que c'est inachevé. J'étais encore un peu jeune, intellectuellement.

Étonnant je ne pensais pas qu'on pût ne pas rire en lisant Flaubert. C'est mystérieux tout ça.

@nlm76 : je te recommande chaudement la relecture de l'Education sentimentale, tu vas te poiler. La scène de soulèvement initiale est vraiment hilarante.

Lucien Leuwen je l’ai découvert en hypo avec un prof génial, ça aide Wink

Pour Flaubert, peut-être en effet faut-il un peu de maturité pour en sourire: et c’est vrai que l’Éducation est peut-être plus sérieuse ? Faudrait aussi que je la relise….

Dis donc je ne sais même plus si je l'ai lu Very Happy

C’est ça d’être trop cultivé Very Happy

C'est une manière aimable de présenter cette probable lacune Very Happy

Plus sérieusement, on en a tous! Wink

.
( et heureusement!
La chair est triste j’ai lu tous les livres: ça fait pas envie). Smile

Je soutiens à mes élèves et à leurs parents qu'il vaut mieux regarder les nuages ou le feuillage des arbres que de perdre du temps à lire de mauvais livres

J'avoue que ce n'est pas une position très consensuelle, ni dans la profession ni dans mon entourage...

Flaubert ne me fait pas rire non plus. Pourtant je lis avec grand plaisir ses oeuvres, mais je les trouves d'une noirceur absolue. Et puis Emma Bovary, c'est moi (parfois. Pas tout le temps non plus, car je digère assez mal l'arsenic).

Mais ce qui est étonnant c'est que Flaubert se bidonnait en écrivant/gueulant. Cela dépend de l'identification, si l'on s'identifie plutôt aux personnages ou au créateur.

Quand j’étais élève j’avais bien aimé “Jacques Le Fataliste et son Maître”, j’avais trouvé ça plutôt drôle.