[SONDAGE] grève du jeudi 13 janvier

Sissi d'Autriche a écrit:Je ne serai pas gréviste car je ne vois pas ce que l'EN peut faire de plus en ce qui concerne la crise sanitaire. Mes élèves portent des masques en classe et dans la cour, reçoivent du gel hydro-alcoolique à chaque heure de la journée, entrent au self par groupes limités, les salles sont aérées en ouvrant les fenêtres, les agents désinfectent les tables. Je suis la première à pester contre l'EN en général, mais là, franchement je ne vois pas pourquoi je m'énerverais. Le seul petit hic, c'est que je paye moi-même mes masques chirurgicaux. Ok, c'est un peu de l'abus, mais à part ça je ne vois pas...

Ce qui, en revanche, exigerait une grève massive, c'est la revalorisation du métier et du traitement...

Enaeco a écrit:

EdithW a écrit:À ce sujet, on hésite à mettre notre collégienne de 13 ans. Appel clair à ne pas mettre les enfants en classe du principal (vie sco totalement en grève), quelques profs aussi (c’est moins clair). Mon conjoint, prof dans ce collège le sera probablement mais sa théorie est qu’on dessert le mouvement en ne mettant pas les enfants en classe, ce qui oblige l’établissement à les gérer, voire à fermer si la sécurité n’est pas assurée. Les garder, c’est comme remplacer en interne un AED par l’adjoint-gestionnaire, ça dépanne mais ça masque le problème de fond. Qu’en pensez-vous ?

Je pense à peu près comme Baldred à ce sujet.

Concrètement, tous les élèves qui n'ont pas cours et qui restent à attendre dans l'établissement vont finir dans la cour avec un semblant de surveillance.
Plus facile à gérer qu'une fermeture d'établissement.

Prévois un bon manteau pour ta fille.

Clecle78 a écrit:L'article reflète bien notre état d'esprit

Clecle78 a écrit:Pour répondre encore une foi à AldoM concernant  l'ASA,  justement les règles sont odieuses pour tous les fragiles et encore plus quand on est dans une classe avec 36 élèves. Donc mauvaise gestion, voire gestion criminelle du gouvernement qui envoie sciemment des personnes vulnérables se faire contaminer. D'autre part c'est un peu pénible l'argument ressassé du restaurateur ou de la caissière. D'ailleurs c'est l'argument favori des antiprofs  que je connais (est-ce un signe?) Ils ne sont pas confinés avec les mêmes personnes dans un petit espace mal aéré et pendant plusieurs heures. D'ailleurs caissières et serveurs ont tous des masques corrects et parfois des plexiglas. Et puis  ce n'est pas un argument tout simplement que de nous citer des catégories maltraitées en nous culpabilisant et nous demandant de nous aligner  vers le bas tandis que les gratte papier sont tranquillement en télétravail.. J'imagine qu'en bon macroniste tu justifierais de même la réforme des retraites parce que c'est pas juste touts les avantages des fonctionnaires ....

ee a écrit:1) Nous sommes la seule administration publique à n'avoir jamais été dotée de masques chirurgicaux (2/personne et par jour de travail n'importe où ailleurs, de radio France à la sncf, en passant par les préfectures ou les agents d'accueil à la secu). Quant aux masques transparents pour les petites classes ou les élèves sourds, je doute qu'il y en ait eu ailleurs que dans les promesses ministérielles

2) Le pari inavouable jusqu'à récemment, pari dont l'enjeu se compte en milliers de morts, de laisser circuler le virus s'est fait via les établissements scolaires (enfants, enseignants, leurs familles et contacts) sous le masque de "écoles ouvertes"

3) De la dotation en équipement informatique des enseignants/élèves à la distribution de manuels gratuits aux élèves, RIEN n'a jamais été mis en place nationalement pour un distanciel autre que bricolé

4) Les moyens exceptionnels en termes de sanitaires, de fenêtres qui s'ouvrent, de barnums pour accueillir en respectant des jauges, on les attend toujours...

5) Rien n'a été financé ou même anticipé en termes de remplacements.

6) le pilotage à vue, avec décisions contradictoires prises sans concertation, au dernier moment, pour des durées aléatoires généralement très courtes, est devenu la règle. Tu as à peine fini ta lecture d'un protocole absurde qu'il est modifié.

Lors du tout 1er confinement, l'inorganisation était normale. Depuis, en revanche, elle témoigne au mieux d'une cécité indifférente, au pire d'un profond mépris.

Dame Jouanne a écrit:L'exemple du restaurateur, bof. Ils sont censés n'accepter que des clients avec pass sanitaire et ce sont eux qui disposent les tables et l'écartement.

jeromebr a écrit:Non gréviste demain pour être en accord avec mes idées sur l'évolution du protocole.
Bon courage aux vies scolaires.

Compte parodique:

Sissi d'Autriche a écrit:Je ne serai pas gréviste car je ne vois pas ce que l'EN peut faire de plus en ce qui concerne la crise sanitaire. Mes élèves portent des masques en classe et dans la cour, reçoivent du gel hydro-alcoolique à chaque heure de la journée, entrent au self par groupes limités, les salles sont aérées en ouvrant les fenêtres, les agents désinfectent les tables. Je suis la première à pester contre l'EN en général, mais là, franchement je ne vois pas pourquoi je m'énerverais. Le seul petit hic, c'est que je paye moi-même mes masques chirurgicaux. Ok, c'est un peu de l'abus, mais à part ça je ne vois pas...

Ce qui, en revanche, exigerait une grève massive, c'est la revalorisation du métier et du traitement...

Demain la rue est à nous. Demain, au-delà de nos classiques divergences, nous irons battre le pavé pour dire notre suffocation. Car la gestion sanitaire n’est qu'une étincelle dans l'affaire. Les braises sont là depuis longtemps. Nous ne protesterons pas seulement contre la succession ubuesque des protocoles sanitaires récents car nous avons beaucoup plus à clamer.

D’abord le mépris, marque de fabrique de ce ministère, mépris de nos compétences professionnelles et de notre liberté pédagogique ; mépris d’un métier caporalisé, mis sous surveillance automatique, contrôlé comme au temps de « la punition des rouges », ces instituteurs et institutrices communistes harcelées par l’administration et la police dans les années 1930.

Un métier sous la pression d'une communication permanente qui, à coups de formules subventionnées « nation apprenante », « vacances apprenantes », « école ouverte », fabrique son propre récit alternatif tandis que la réalité n’est que classes surchargées, rideaux délabrés, salles inondées, fenêtres cassées, et chauffages en panne.

Une réalité matérielle que quelques deniers auraient pu compenser si, là haut on n'avait pas préféré reverser 75 millions d'euros Bercy et passer pour le meilleur élève du monde de l’austérité. Et que dire de cette façon systématique de s’adresser aux enseignants par voie médiatique, tandis qu’eux restent soumis à la voie hiérarchique ?

Au fond, sommes-nous autre chose pour ce ministère que des paillassons ?

Demain donc nous lèverons nos poings en direction du ciel, vers notre collègue Christine Renon, qui s’est donnée la mort dans sa petite école maternelle de Pantin, paraphant ses adieux d’une formule insupportable : « directrice épuisée ».

Nous défilerons en l’honneur de nos collègues poursuivis pour leurs activités syndicales et de celles et ceux, atteints d’une souffrance et d’un découragement tels qu’ils n’ont plus la force de se battre.

Nous chanterons pour nos élèves maltraités, soumis à des évaluations permanentes, triés, cantonnés à leur destin social par une politique éducative qui ne cherche qu’à favoriser les plus « méritants » d’entre eux.

Nous penserons aux étudiantes et étudiants en détresse, à celles et ceux qui ne mangent pas à leur faim.

Nous réclamerons la fin des cadeaux à l’école privée, de l’invasion de l’ « Ed Tech » qui détruit les liens entre les enseignants et leurs élèves, du fétichisme béat des sciences cognitives qui masque les déterminismes sociaux derrière des théories scientistes fumeuses.

Nous aurons peut-être aussi l’occasion de réclamer justice pour nous avoir privés du deuil de notre collègue Samuel Paty et avoir jeté sur nous le soupçon d’ « islamogauchisme », puis de « wokisme » alors que nous pleurions encore l’un des nôtres.

L’inventaire des colères est lourd, et personne ne sait combien de temps durera cette opportunité qui nous est enfin offerte d’en exprimer quelques unes. Mais demain peut durer une éternité, car demain, la rue est à nous.